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MAGAZINE DE LA POLICE INTÉGRÉE

Le havre de Mariemont

EU-TOP,

Prix de l’or et vols de bijoux : ensemble crescendo

top security

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“LES DÉFIS SONT NOMBREUX. RÉPONDONS-Y SEREINEMENT.” L’Inforevue est une publication de la Direction des relations internes (DSI) de la police fédérale

Rédacteur en chef: Benoît Dupuis Rédaction: Stefan Debroux, Renato Guion, Gwendoline Hendrick, Tine Hollevoet, Saskia Van Puyvelde Lay-out et photographie: Ruben Accou, Jocelyn Balcaen, Caroline Chaidron, Emmanuelle Glibert, Karolien Snyers, Lavinia Wouters Dessins: Didier Castenholz , Ruben Accou Traductions: Service traduction du DSEK Service de communication interne Imprimerie: Goekint Graphics 059 51 43 43 Editeur responsable: Eric Cobut - rue Fritz Toussaint 8 1050 Bruxelles Relations publiques et abonnement: Harry De Clerck, Laurence Slachmuylders, rue Fritz Toussaint, 8 - 1050 Bruxelles Tél. 02 642 65 32 - Fax 02 642 60 97 Tarif d’abonnement: Belgique et autres pays: 10 euros Facture justificative: 1,25 euro pour frais d’administration et d’envoi. Un abonnement à Inforevue, le magazine de la police intégrée, donne droit à quatre numéros et est automatiquement prolongé sauf avis contraire avant le quatrième numéro. Tous droits réservés. Dit magazine verschijnt ook in het Nederlands. Contactez la rédaction au 02 642 61 39 Teamware: _DGS/INFOREVUE E-mail: inforevue@police.be ISSN: 1780-7638 La rubrique ‘Bib’ est réalisée par le Centre de documentation et de connaissances policières (DGS/DSEK).

Depuis le 17 décembre 2012, suite aux départs à la pension de Paul Van Thielen et de Valère De Cloet, j’ai été désigné directeur général ad interim de la police judiciaire fédérale et ai quitté ma fonction de directeur judiciaire de Mons, jusqu’à la nomination du nouveau directeur général de la DGJ. Celle-ci devrait avoir lieu dans le courant de 2013. L’appel aux candidatures a d’ailleurs été diffusé il y a quelques jours.

Pendant cette période d’intérim, je souhaite assurer la continuité du service et du fonctionnement de la DGJ, tout en répondant aux impératifs imposés par l’actualité. Cette volonté s’est d’ailleurs concrétisée lors de la journée d’étude consacrée à la mise en œuvre du plan national de sécurité (PNS, lire en page 48). A cette occasion, nos dossiers programmes ont été présentés aux directeurs judiciaires et coordinateurs, dans une optique intégrée. Je souhaitais assurer une assise large à nos projets en impliquant, dès le départ, tous les partenaires, dont les directeurs coordinateurs, spécifiquement chargés de la coordination de la mise en œuvre de l’approche intégrée du PNS. Il s’agissait aussi de permettre une interaction importante entre les directions centrales et déconcentrées, qui a eu lieu lors des workshops. Personnellement, cette journée m’a donné l’occasion de rencontrer de nombreux acteurs qui sont impliqués dans l’étude, le suivi des phénomènes criminels et la mise en œuvre concrète des plans d’actions, mais aussi de mettre l’accent sur l’importance d’une collaboration intégrée et dynamique. Cette communication sur les dossiers programmes va être suivie par une phase plus stratégique, celle du cycle de politique, au cours de laquelle le bilan de notre fonctionnement lors du précédent PNS sera dressé et les plans de politique des directions de la DGJ seront déterminés. A côté de l’analyse de la politique et de la stratégie, je pense qu’il est important de se consacrer à l’évolution et à l’amélioration du fonctionnement de notre organisation. Le contexte de déficit de capacité et l’exercice d’optimalisation en cours sont des problématiques qui sont suivies activement par la DGJ. Un travail avec les directions centrales, en association avec les directions déconcentrées, a lieu actuellement et vise à réaliser le diagnostic du fonctionnement du niveau central en identifiant ses forces et faiblesses. Nous apportons de cette manière notre contribution à la réflexion sur l’optimalisation du fonctionnement au sein de la police fédérale. C’est effectivement en impliquant ses collaborateurs et ses directions que la DGJ pourra améliorer son fonctionnement et faire face à la réforme de la justice. Je suis conscient que les défis sont nombreux et c’est sereinement que nous y répondrons, en prenant toujours en compte l’intérêt de l’ensemble des membres de la DGJ et de nos partenaires.

François Farcy Directeur général a.i. de la police judiciaire fédérale

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sommaire

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SOMMET EUROPÉEN “Se montrer créatif et tenir compte des particularités de la ville”

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INFRASTRUCTURE Le havre de Mariemont

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FACE TO FACE Faut-il encourager les citoyens à collaborer avec la police ?

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COMMUNAUTÉ GAY À LIÈGE “Le milieu homo est un milieu très attachant”

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VOL DE CÂBLES Le fléau du réseau ferroviaire

EN APPRENTISSAGE À LA POLICE ”Heureuse de ne pas avoir besoin de Lego”

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ENQUÊTE SUR LES DÉLAIS D’ATTENTE Un préposé à l’accueil aimable et serviable

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VOLS DE BIJOUX ET RECEL L’or fond dans les moindres recoins

DU BLEU DANS LES RUES VillaDaily : la tendance inversée ?

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EXPOSITION Images à conviction

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TISPOL 28 délégations européennes sur la E17 à Rekkem EGALITÉ ET DIVERSITÉ Question de genre...

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rubriques

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Lego, futur chien d’aveugle en ‘stage’ à la police

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Radar...2

Eurêka !...34

Casus...22

Feedback...53

Historia...7

Out of office...17

Le monde policier...44

Les affaires en court...46

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81 L A POLICE EN CHIFFRES

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La Cellule personnes disparues de la police fédérale compte à ce jour 81 cadavres non identifiés malgré un beau pourcentage d’élucidation. Depuis sa création en septembre 1995, la Cellule a identifié 768 cadavres.

R ADAR

QUOTE

Il y a trop d’itinérants qui s’installent dans les grandes villes sans qu’il n’y ait de vigilance et de contrôle social. Ils ne sont inscrits dans aucun registre.” Le commissaire divisionnaire Eddy De Raedt, directeur de la lutte contre la criminalité contre les biens (PJF/DJB), Le Soir Magazine, 6 février 2013.

BIB

L’ENFANT EXPOSÉ À LA VIOLENCE CONJUGALE Les violences faites aux femmes sont multiples. Les réseaux de soutien s’activent chaque jour davantage pour les protéger. Les auteurs de cette violence intime commencent eux aussi à être pris en charge. Mais les enfants ? Sont-ils préservés ? Nous voudrions le croire mais la réalité nous prouve le contraire. Ils souffrent réellement de vivre auprès d’un père qui exerce une violence sur leur mère. Qu’éprouvent-ils ? Avec quelles conséquences identitaires ? Ces enfants vont développer des schémas de défense. Leur devenir adulte en sera marqué, parfois terriblement, souvent profondément. S’appuyant sur une longue pratique thérapeutique et sur de nombreux exemples ou témoignages, l’auteur clarifie les expériences fondamentales qu’un enfant pris dans la tourmente conjugale peut rencontrer. Il tente de dégager du sens de tous ces cas de figure, d’en comprendre les impacts, très variables d’un enfant à l’autre, et d’approcher au plus près la réalité intime de “ces enfants du passé dans les adultes d’aujourd’hui”. INFO L’enfant exposé à la violence conjugale Jean-Luc Tournier, Bruxelles : De Boeck, 2012.- 222 pp.

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R ADAR

tweetwall @Jobpol_F Créez votre propre compte #Jobpol sur http://bit. ly/WYHIKs et restez par mail au courant des places vacantes et #évènements à la #Police!

@RainbowCops

La Belgique va lutter contre l’homophobie http:// bit.ly/XaDrE1 W E B WAT C H

JOBPOL NEW LOOK Début 2013, Jobpol, le site web du service de recrutement et de la sélection de la police, a fait peau neuve ! Le site fournit non seulement des informations sur les places vacantes externes, les différents types d’emploi au sein de la police et les épreuves de sélection mais offre aussi désormais un espace interactif. Les visiteurs ont entre autres la possibilité de consulter la liste des points de contact de recrutement, de s’inscrire pour les évènements de recrutement, de se préparer pour les tests cognitifs et de se confronter à des situations policières. Le site permet également d’accéder aux médias sociaux sur lesquels Jobpol est actif depuis peu. INFO http://www.jobpol.be

@ZP5327

Opération de sécurisation des transports en commun et de lutte contre les stupéfiants : http:// www.policeboraine.be/pages/actualite/communiques/20130117_securisation_tec.html …

@Polsupport_F

Recrutement et sélection: 2418 nouveaux membres du personnel en 2012 - http://ow.ly/1RgF2w #jobpol.be #GPI#infonouvelles

@PoliceMonsquevy

Petit décrassage matinal pour les aspirants agents de police et/ou inspecteur en formation à l’académie de police... http://fb.me/2auvSVlVY

@recherche_bel

Accident mortel avec délit de fuite à #HOLSBEEK est résolu ! merci pour votre collaboration !!!

@ZPOrneThyle

Pic de pollution http://fb.me/1Ppi0U6Ng

@PoliceWokra SUR LE VIF

Police Ransomware! Victime ? Contacter le 02 743 72 00

@presse_polfed

Patrick Hannaert travaille au Service horeca de la police depuis près de 25 ans. Militaire à l’origine, il intègre le service des mess et cantines de la gendarmerie en 1989. “J’ai connu l’époque des cuisines mobiles sur les plaines de manoeuvre de Bourg-Léopold”, se souvient Patrick qui renchérit “J’aime toujours beaucoup ce métier car il est varié et me permet de pouvoir bouger. Chaque jour, c’est un peu la course en cuisine car il faut impérativement être prêt à 11h30. On doit souvent se serrer les coudes, mais la bonne ambiance entre cuisiniers fait vite oublier le stress.”

Plus de 3000 euros de perception immédiate lors d’un contrôle de camionnettes. http:// www.polfed-fedpol.be/presse/presse_detail_ fr.php?recordID2=2315 …

@DCANAMUR

Pré-alerte de crue pour certains cours d’eau en Wallonie http://t.co/e05u38dN. Que faire en cas d’ #inondation? : http://t.co/f2rCso4U

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TISPOL à Rekkem Le 21 février 2013, la police fédérale de la route a organisé une vaste opération de contrôle le long de la E17 à hauteur du passage frontière de Rekkem. Des policiers issus de 28 pays européens étaient présents dans le cadre d’un projet d’échange de TISPOL, le réseau des polices de la route européennes (lire aussi en pp. 40-41).

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DANS LES TRANSPORTS EN COMMUN

575 OBJETS À EXAMINER 6 février 2013. Une bande de voleurs chiliens provenant d’Anvers a été arrêtée. Lors de perquisitions, 575 objets dont principalement des bijoux et des appareils électroniques ont été découverts. La police judiciaire fédérale (PJF) de Gand lance un appel aux victimes de cambriolages afin de procéder à la reconnaissance du butin retrouvé. Les victimes peuvent consulter le site Internet de la police fédérale et de la PJF de Gand.

28 février 2013. Une opération de contrôle de grande envergure s’est tenue dans l’agglomération bruxelloise. Cette action était coordonnée par la Direction de coordination et d’appui de la police fédérale de Bruxelles. Au total, 18 363 personnes ont été contrôlées. 28 personnes ont été arrêtées, dont 16 étaient en séjour illégal. Avec l’appui des autorités judiciaires et administratives, 160 policiers des polices locale et fédérale étaient engagés. Ils étaient également assistés de 93 membres des services de sécurité des sociétés de transports de la STIB, des TEC, De Lijn et de la SNCB.

4 VOLEURS ARRÊTÉS 25 janvier 2013. La police intégrée de l’arrondissement de Namur a réalisé la deuxième opération FIPA (action de police intégrée) de l’année 2013 ciblant la problématique des vols dans les habitations. Lors de cette opération, 56 personnes ont fait l’objet d’un contrôle et 4 personnes transportant dans leur véhicule le produit de vols ont été arrêtées.

AMOK À DOEL 21 février 2013. La police et les services d’urgence se sont entraînés, à la centrale nucléaire de Doel à faire face à une situation AMOK, durant laquelle un tireur fou doit être neutralisé le plus rapidement possible. “Nous avons simulé la pénétration sur le site de Doel d’un travailleur armé”, a expliqué la société propriétaire du site. “La police a alors reçu l’ordre de neutraliser le suspect le plus rapidement possible. Il s’agissait d’un exercice à petite échelle, mais tout s’est très bien déroulé”, selon la société.

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HISTORIA Réalisée par le Service historique de la police, la rubrique Historia nous fait découvrir ou nous remémorer un événement, un personnage, une pièce d’équipement ou une unité des anciens corps de police.

QUI VA RACONTER L’HISTOIRE DE LA POLICE ? TEXTE Benoît Mihail - Service historique

BRUXELLES – Il n’est pas facile d’orienter quelqu’un qui souhaite connaître l’histoire de la police en Belgique. D’abord, le sujet est très vaste : le résultat sera très différent selon qu’on s’intéresse à son organisation, aux hommes qui la composent ou bien à la criminalité que ceux-ci combattent. Ensuite, il existe très peu d’ouvrages sur la police belge. Le contraste est frappant avec les pays voisins, et notamment les Pays-Bas où une série d’études historiques ont vu le jour à la fin des années 2000 grâce au soutien financier de l’Etat et des institutions policières.

Le coordinateur de ce projet, Cyrille Fijnaut, a lui-même rédigé la synthèse De Geschiedenis van de Nederlandse Politie (éditée en néerlandais et en anglais). Ancien policier devenu criminologue, il privilégie l’étude des institutions. Les méandres des réorganisations successives ne sont pas toujours faciles à suivre pour le lecteur profane, mais le propos est égayé par les nombreuses illustrations, avec notamment la photo d’un service d’ordre lors d’un concert des Rolling Stones en 1964 ! On découvre les coulisses de la lutte, dès le début du XIXe siècle, entre les partisans d’un système décentra-

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lisé et ceux d’une unification des divers services de police du pays : police rurale (Rijksveldwacht), police communale (Gemeentepolitie) et maréchaussée royale (Koninklijke Marechaussee). Autant d’institutions qui entretiennent un lien hiérarchique complexe avec les ministères (Intérieur et surtout Justice) et avec le pouvoir local. Finalement, ce sont les réformes imposées d’une main de fer par l’occupant militaire allemand en 1940-45 qui servent de matrice à la réorganisation du système policier hollandais. On apprend au passage que les nazis ont choqué l’opinion en tentant de substituer au nom de ‘Marechaussee’ celui de ‘gendarmerie’, apparemment peu apprécié !

Après la guerre, l’idée d’une Rijkspolitie composée d’entités régionales et de services centraux s’impose d’elle-même – la Marechaussee demeurant une institution à part. Les ajustements qui suivent ne suffisent cependant pas à régler tous les problèmes liés à l’évolution de la criminalité. L’auteur aborde à ce propos la question du manque de moyens de la police, au travers d’épisodes choisis de l’histoire sociale ou par l’analyse du combat syndical en faveur d’un meilleur statut pour le personnel.

Désormais pensionné, le professeur Fijnaut a confié une partie de sa documentation au musée de la police des Pays-Bas. Actuellement fermé au public dans l’attente d’une réouverture sous forme d’un musée de la sécurité nationale, celui-ci a pu bénéficier des moyens nécessaires pour rassembler, identifier et conserver dans les meilleures conditions les objets et les archives liées à l’histoire policière hollandaise. On voit donc se dessiner un lien entre ceux qui étudient le passé et ceux qui tâchent d’en préserver les traces. Ce lien n’existe pas en Belgique, peut-être à cause de l’absence de projet de grande envergure sur l’histoire de la police.

Garde d’un camp de réfugiés belges par la Rijksveldwacht pendant la Grande Guerre.

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SOMMET EUROPÉEN

“Se montrer créatif et tenir compte des particularités de la ville”

“Mission accomplie”, conclut-on le soir du vendredi 8 février 2013. À l’issue de longues négociations, les chefs d’État et de gouvernement des pays de l’Union européenne sont parvenus à un accord concernant le cadre financier pluriannuel (CFP) pour les sept prochaines années, soit un budget de 959 milliards d’euros1 … L’organisation de la securité d’un sommet européen est confiée aux bons soins de la zone de police Bruxelles-Capitale/Ixelles qui doit, en collaboration avec de nombreux partenaires, veiller également à la qualité de la vie aux alentours du bâtiment Justus Lipsius, situé dans le quartier européen. 8

TEXTE Saskia Van Puyvelde PHOTOGRAPHIE Lavinia Wouters

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BRUXELLES – Pour les habitants du quartier européen et de ses environs, pas moyen d’y échapper : les dirigeants européens se réunissent pendant deux jours dans le bâtiment Justus Lipsius à peu près une fois par mois. Le quartier est alors hermétiquement bouclé et toute personne ne disposant pas du laissez-passer adéquat est refoulée. “Ce sommet est une priorité pour l’État belge”, déclare la commissaire Dominique Franz de la zone de police de Bruxelles-Capitale/ Ixelles. “Nous devons mettre tout en œuvre pour que ces réunions puissent avoir lieu.” Cela implique que le chef de corps de la zone de police concernée, c’est-à-dire le gold com-

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L’OCAM, qui travaille selon quatre niveaux de menace, annonce que pour ce sommet européen, le niveau général de la menace est placé à 2. En ce qui concerne l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France, le niveau général de la menace s’élève à 3 pour les VIP et leurs délégations. Concrètement, cela signifie que les unités spéciales organisent une close protection pour l’Allemagne et que la Sûreté de l’État 24-01-2013 – 10h00 – Centre de crise se charge des deux autres pays. Six pays Intérieur. Un briefing est donné par le se voient attribuer un niveau de menace directeur Alain Lefèvre. Les représentants 2 et tous les autres un niveau 1. Outre la de tous les partenaires impliqués sont close protection, ces niveaux de menace réunis autour de la table, à savoir la zone influencent également les escortes, la surveillance des hôtels dans lesquels les déléde police Bruxelles-Capitale/Ixelles, la gations séjournent, la route aérienne de police des chemins de fer (SPC), la police l’hélicoptère de la police et sur les snipers de la navigation (LPA), la police de la qui doivent se tenir prêts sur le toit. route (WPR), les unités spéciales (CGSU), le directeur coordonnateur (DirCo) de En matière d’ordre public, le gold commanBruxelles, la police judiciaire fédérale, la der doit tenir compte de deux manifestaDirection des opérations en matière de tions prévues également le 7 février et qui police administrative (DAO), la Sûreté pourraient avoir un impact sur l’organisade l’État, l’Organe de coordination pour tion de la journée. Il s’agit d’une part, d’une l’analyse de la menace (OCAM), le Conseil de l’Union européenne, le SPF Intérieur, la manifestation nationale de la fonction publique fédérale et d’autre part, de la Défense, les pompiers, le gouverneur de venue dans le centre d’une – petite – délégaBruxelles, etc. Le déroulement des deux tion d’agriculteurs lituaniens. En outre, les journées (7 et 8 février) ainsi que toutes gardiens de prisons ont prévu de débrayer les missions spécifiques sont parcourus dans tous les établissements pénitentiaires en détail. de Belgique et par conséquent, la police va Sont attendus : 28 chefs d’État et de probablement devoir les y remplacer. gouvernement, Herman Van Rompuy, Le bien-être du personnel n’est pas négligé. président du Conseil européen, Martin En effet, des accords sont pris pour les Schulz, président du Parlement européen, José Manuel Barroso, président de repas et pour l’accès au Résidence Palace la Commission européenne et Catherine situé à proximité. Les membres du personnel des unités spéciales, de la Sûreté Ashton, Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de l’État et les responsables des escortes peuvent s’y reposer. de sécurité.

7-02-2013 –10h00 – Police de la route Brabant. Il règne ici une agréable animation. Des membres de la police de la route de tout le pays entrent et sortent, tandis que d’autres accomplissent leurs escortes. Nous restons dans le sillage de l’inspecteur principal Serge Nijs et le suivons à l’aéroport, où les premiers VIP ont atterri. Pour Serge, le sommet européen d’aujourd’hui est le 53e : “120 motards de la police de la route sont mobilisés pour assurer les deux jours du sommet. Ils escortent les VIP en collaboration avec les 35 motards de la zone de police de Bruxelles-Capitale/ Ixelles. Nous recevons à cet effet un renfort considérable des provinces et nous essayons que les mêmes délégations soient escortées à chaque fois par les mêmes équipes. Cette façon de procéder améliore le fonctionnement et facilite les contacts avec les délégations. Nous avons décidé d’amorcer le dispositif hiver. Au vu des conditions météorologiques, les escortes seront effectuées en voiture et non pas à moto.” La plupart des VIP voyagent dans leur avion privé ou dans un avion de leur gouvernement et atterrissent à Abelag, où nous arrivons vers 11h00. Cette société privée s’occupe de la gestion des vols privés à l’aéroport de Zaventem. Avant d’y parvenir, nous sommes amenés dans un dispositif impliquant un contrôle scrupuleux du véhicule et des accréditations au moyen de petits miroirs et de chiens détecteurs d’explosifs. Nous rencontrons le commissaire Geert Lemmens dans un local de réunion mobile appelé ‘staffcar’ et situé juste à côté du bâtiment d’Abelag. Geert Lemmens dépend de la police de la navigation (LPA) de l’aéroport de Bruxelles National : “Le dispositif de sécurité se com-

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mander dans le jargon policier, doit faire appel à de nombreux partenaires issus de la police locale et de la police fédérale, mais aussi à des partenaires externes. Nous vous invitons à jeter un œil en coulisses, mais sachez qu’à côté des personnes qui sont citées dans l’article, beaucoup d’autres se démènent pour assurer le bon fonctionnement du sommet européen.

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SOMMET EUROPÉEN

11h50 – Tarmac. L’avion grec et l’avion finlandais ont atterri et s’arrêtent juste devant nous. Les deux délégations sont accueillies par une colonne de six voitures. C’est la police de la route qui roule en tête et qui emmènera les arrivants à leur hôtel ou directement au bâtiment Justus Lipsius.

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pose de trois zones. Des agents de la LPA règlent la circulation dans le périmètre jaune. Dans le périmètre orange, tous les véhicules qui roulent sur le tarmac doivent être soumis à un contrôle minutieux. Enfin, dans le périmètre rouge, cinq équipes de la LPA s’occupent de la sécurité sur le tarmac dans un large périmètre entourant les aprons d’Abelag, c’est-à-dire les aires de stationnement des avions.” De l’endroit où nous nous trouvons, nous pouvons suivre les événements qui sont coordonnés avec plusieurs services et unités de la police intégrée, Security Airport, etc. Le passage doit absolument être laissé libre et des alternatives sont prévues.

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13h00 – Justus Lipsius. L’événement est coordonné dans son ensemble depuis le poste de commandement. Les écrans accrochés aux murs nous permettent de suivre scrupuleusement les allées et venues dans le bâtiment et autour de celui-ci. Des responsables du Conseil européen, de la zone de police de Bruxelles-Capitale/Ixelles, de la police de la route (dont Serge Nijs), des unités spéciales, de la Sûreté de l’État, du gouverneur de Bruxelles, des pompiers, etc. sont tous réunis et assurent le lien entre leur service et ce qui se passe ici. Si des problèmes devaient se poser, le gold commander et le Centre de crise prendraient les décisions les plus importantes depuis le ‘bunker’, au Heysel. À 14h30, nous sortons du bâtiment et nous assistons à l’arrivée de François Hollande (France) et de David Cameron (Angleterre). Ils sont suivis de Mariano Rajoy Brey d’Espagne, d’Antonis Samaras de Grèce et d’Angela Merkel d’Allemagne. L’arrivée de cette dernière ne passe pas inaperçue ; l’hélicoptère de la police assure sa sécurité depuis les airs pendant que CGSU veille à ce que personne ne l’approche. Nous nous

rendons dans le quartier européen pour y recueillir l’atmosphère. Les agriculteurs lituaniens y manifestent pacifiquement en chantant et en dansant. Les membres de la police intégrée sont partout pour garantir la sécurité. Skip, le chien policier, les assiste et cherche des explosifs. Vers 15h00, nous regagnons le poste de commandement où l’inspecteur principal Patrick R., membre des unités spéciales, nous fournit davantage d’explications quant à la mise en œuvre de CGSU lors d’un sommet européen. Cela fait près de dix ans qu’il fait office de point de contact, de lien, entre le Conseil et son unité. “Cette nuit, les endroits les plus importants du bâtiment ont déjà fait l’objet d’un sweeping avec des chiens détecteurs d’explosifs et avec l’aide des collègues étrangers, conformément à l’accord Benelux. Des tireurs d'elite sont placés sur le toit et assurent la protection rapprochée d’Angela Merkel. Enfin, une équipe de négociateurs et des membres de l’intervention se tiennent prêts à intervenir en cas de problèmes. Au total, une quarantaine de membres de CGSU sont mobilisés lors d’un sommet européen.” 16h00 : Nous grimpons sur le toit du bâtiment avec les snipers de CGSU qui sont postés à différents endroits où systématiquement, un observateur et un tireur se tiennent prêts… Jusqu’à présent, ils n’ont jamais dû ouvrir le feu lors d’un sommet européen, mais ils restent sur leurs gardes ! 18h00 : interview avec la commissaire Dominique Franz, qui

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SOMMET EUROPÉEN

bénéficie de dix ans d’expérience des sommets européens. Elle est officier de liaison pour la zone de police Bruxelles-Capitale/ Ixelles, qui se compose de trois districts. Chaque district est à son tour subdivisé en plusieurs divisions. “Le quartier européen se situe dans la 5e division du district 1 qui est responsable de l’hospitalité, de l’accueil pourrait-on dire, aux différents barrages. Un sommet européen implique un service d’ordre spécifique qui doit être intégré dans le quotidien et lors duquel les nuisances doivent être réduites au minimum pour la population2. Étant donné que les institutions européennes sont installées dans la ville, le défi n’est pas toujours simple à relever, mais nous devons nous montrer créatifs et tenir compte des particularités de la ville. Notre mission et nos compétences s’arrêtent aux portes du bâtiment Justus Lipsius. Dans le bâtiment proprement dit, d’autres règles sont en vigueur car un genre d’extraterritorialité y est de mise. Pour que le sommet se déroule sans encombre et en toute sécurité, la zone de police a délimité plusieurs périmètres et autant de dispositifs. Ils sont surveillés, entre autres, par des membres du service d’intervention et de la brigade anti-agression (BAA)3, ainsi que par des membres HyCap4 issus de l’arrondissement. Comme déjà dit précédemment, nous faisons également appel, via le directeur coordinateur de la police fédérale, à de nombreux partenaires soit présents sur le terrain, soit en stand-by dans les environs. De tels sommets euro-

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péens ont lieu régulièrement et ils sont préparés dans les moindres détails, ce qui laisse peu de place aux surprises. Tout le monde connaît son rôle. “Vers 20h30, nous nous heurtons presque à Elio Di Rupo. Il arrive quasi en même temps que le premier ministre irlandais – qui assure la présidence actuellement – et que le président chypriote. Après la photo de famille prise à 21h30, tous les VIP prennent enfin place à la table des négociations. Ils débattront toute la nuit, se reposeront quelques heures le matin pour se rassembler à nouveau dans l’après-midi du 8 février. En début de soirée, la fumée blanche sort du bâtiment Justus Lipsius : les négociateurs sont parvenus à un accord ! Un petit mot pour terminer : au total, au moins 400 membres du personnel de la police intégrée étaient à pied d’œuvre.

Nous avons pu découvrir par nousmêmes leur professionnalisme et leur flexibilité. Nombreux sont ceux qui ont travaillé toute la nuit, comme les VIP ! Un nouveau sommet s’est tenu les 14 et 15 mars. Davantage d’informations sont disponibles sur le site web de la police de Bruxelles (www.polbru.be/eurotop). Nous remercions toutes les personnes, au sein de la police et en dehors de celle-ci, qui nous ont permis de réaliser ce reportage. f 1

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Davantage d’explications et de données chiffrées sur www.consilium.europa.eu, le site web du Conseil de l’Union européenne. Lire également Policing Events 2010, édité par l’École nationale pour officiers. Lire également Les yeux et les oreilles de la recherche locale dans l’Inforevue 3/2011, p. 4-7. Capacité hypothéquée.

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INFR ASTRUCTURE

Le havre de Mariemont Depuis novembre 2012, à l’exception des inspecteurs de proximité, l’ensemble des services opérationnels et administratifs, soit pas moins de 150 personnes, de la zone de police Mariemont (Chapelle-lez Herlaimont/Manage/Morlanwelz/Seneffe) ont emménagé dans le nouvel hôtel de police. Un bâtiment spacieux, moderne, économique et fonctionnel où rien n’a été laissé au hasard. "Nous avons réalisé 95% de nos desiderata", déclare le commissaire Leterme. Le coût total ? Quelque 9 millions d’euros. Visite guidée en images. TEXTE Benoît Dupuis PHOTOGRAPHIE Jos Balcaen

Dès l’accueil, la discrétion est assurée pour l’écoute du citoyen. Le hall est insonorisé et des haut-parleurs assurent une bonne communication avec les responsables de l’accueil. Dans tout le bâtiment, la luminosité a été calculée pour être apaisante. Elle peut ainsi être modulée et tamisée. A quelques exceptions près, tout l’éclairage est automatisé avec détecteurs de présence. “Le surcoût sera amorti en huit ans”, assure Gabriel Leterme. L’hôtel de police est, par ailleurs, complètement accessible aux personnes handicapées.

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Dans tout le bâtiment, les collaborateurs disposent d’un espace de travail confortable. Dans le local du service intervention, chacun dispose d’une penderie, avec cadenas à code, permettant d’y ranger le sac d’intervention, le gilet pare-balles et les équipements de terrain (parka, blouson,...). Le travail d’écriture se réalise dans un vaste ‘open space’, principe généralisé à presque tous les services. L’hôtel de police compte cinq cellules et un local de surveillance. L’ensemble est sous surveillance caméras. Des armoires individuelles sont prévues pour les personnes arrêtées et les avocats. Un accès aux cellules est possible depuis les véhicules via un garage (sas d’accréditation). Le transfert de personnes arrêtées est ainsi complètement sécurisé. Un accès direct est aussi prévu avec le local ‘line up’ à vitre sans tain. Victimes et suspects ne se croisent donc jamais.

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Le nouvel hôtel de police a été construit à l’endroit même de l’ancienne brigade de gendarmerie de Manage. Dans un esprit de conservation de la mémoire, les façades monumentales des bâtiments ont été conservées. L’ensemble a été rénové de fond en comble en y adjoignant une extension opérationnelle. Les travaux ont duré deux ans (cinq ans avec l’étude complète), sous l’oeil méticuleux du commissaire Gabriel Leterme. Il est composé d’un rez-de-chaussée, d’un étage et d’un sous-sol. Tous les services opérationnels occupent le même niveau.

Le bien-être du personnel fut une préoccupation permanente des concepteurs. Le collège et le conseil de police se réunissent à l’hôtel de police. Dans cette salle de conférence, pouvant contenir 100 places assises, trône une citation de Clémenceau sur la Garde nationale qui ‘colle’ encore parfaitement à la police d’aujourd’hui. Cette citation rappelle à chacun la grandeur de la profession.

Le Service d’assistance policière aux victimes dispose de son propre accès pour éviter un traumatisme supplémentaire aux personnes qui s’y rendent. S’y trouvent les locaux des assistantes sociales, une infirmerie et un local d’audition vidéo-filmée (photo ci-dessus). La salle d’attente de cet espace a été baptisée ‘Salle Anne Cavyn’, en mémoire d’une jeune inspectrice de la zone décédée dans un tragique accident de la route.

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14 salles d’audition spacieuses sont disponibles. Un témoin lumineux indique ‘occupée – libre’.

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COM MU N AU T É G AY À L IÈGE

“Le milieu homo est un milieu très attachant” En 2012, deux meurtres à caractère homophobe ont été perpétrés en région liégeoise. La police locale de Liège n'a pourtant pas attendu la médiatisation de ces événements sordides pour s'intéresser à la communauté homosexuelle. Deux inspecteurs de la section mœurs et proxénétisme cotoient le milieu homo depuis plusieurs années déjà… TEXTE Gwendoline Hendrick PHOTOGRAPHIE Jos Balcaen

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LIEGE – En avril 2012, le corps sans vie d’Ihsane Jarfi, porté disparu depuis plusieurs jours, était découvert à proximité de Nandrin. Ce dernier avait été abandonné dans un fossé après avoir été roué de coups. Le jeune trentenaire fut la première victime (officielle) d’un meurtre qualifié d' ‘homophobe’ en Belgique. Quelques mois plus tard, un homosexuel était assassiné dans le parc d’Avroy à Liège. Ces deux affaires ont suscité l’émoi et ont amené la question de l’homophobie au devant de la scène. Au sein de la zone de police de Liège, Josiane Mestdagh et JeanMarie Monseur, deux inspecteurs de la section mœurs et proxénétisme, appartenant à la Direction judiciaire, s’intéressent à la communauté homosexuelle, et cela, depuis plusieurs années déjà. Ce travail ne représente qu’une mince partie des activités de la section qui s’occupe, principalement, d’agressions sexuelles sur majeur et de faits de prostitution et de proxénétisme. En réalité, c’est un dossier en particulier qui se trouve

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L’inspectrice Josiane Mestdagh

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Au centre, Jean-Marie Monseur et Josiane Mestdagh

à l’origine de la démarche des deux inspecteurs. Tout a débuté avec l’envoi d’une lettre anonyme au parquet. Celle-ci portait sur des faits de harcèlement et dénonçait, notamment, la présence de mineurs au sein d’un club homosexuel sadomasochiste. L’affaire parvint à la section mœurs qui décida de convoquer le patron de l’établissement visé, lequel détenait tous les documents et autorisations nécessaires à l’exploitation de son ‘commerce’.

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“Nous avons alors demandé à voir ce club dont nous ignorions, jusque là, l’existence. L’enquête a rapidement permis de déterminer que l’auteur de la lettre n’était pas une victime et que ce dernier harcelait le tenancier du club”, explique Josiane Mestdagh. “Bref, nous avons gardé des contacts avec le patron du bar et la toile s’est tissée peu à peu. Depuis lors, nous nous sommes également rendus sur les ‘points drague’ (lieux où se retrouvent les homosexuels à

la recherche d’un partenaire) afin d’entrer en contact avec eux. Nous les avons alors mis en garde sur les potentiels dangers dans ce genre de situation. Nous avons fait cela une fois, puis deux, puis dix et, pour finir, ce sont eux qui venaient spontanément vers nous. Le milieu homo est vraiment un milieu très attachant.”

UN ÉNORME CHIFFRE NOIR

Les deux inspecteurs ne jouent pas uniquement un rôle préventif

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C O M M U N AU T É G AY À L I È G E

puisqu’ils sont également les personnes de référence pour des faits plus graves liés à la communauté homosexuelle. “Nous sommes référents ‘homosexuel’ mais pas homophobie”, précise Jean-Marie Monseur. L’équipe ne s’occupe donc pas de dossiers d’homophobie ou de discrimination.

Les contacts privilégiés des policiers avec la communauté gay se sont déjà révélés être un atout. “Des homosexuels souhaitaient manifester durant la reconstitution organisée dans le cadre de l’assassinat du parc d’Avroy. Grâce à nos contacts, nous avons obtenu qu’ils manifestent quelques jours plus tard”, se souvient l’inspectrice. Bref, au fil du temps, Josiane et Jean-Marie sont parvenus à créer un véritable climat de confiance, ce qui leur a aussi permis de pouvoir entrer dans des établissements pour homosexuels. “Lorsque nous descendons dans les clubs, nous n’annonçons jamais notre présence mais nous ne nous cachons pas. Au contraire, nous nous présentons et expliquons la raison de notre visite. Nos coordonnées

LUTTER CONTRE L’HOMOPHOBIE Peu après le meurtre d’Ihsane Jarfi, la ministre de l’Egalité des chances et ministre de l’Intérieur, Joëlle Milquet, avait pris l’initiative d’élaborer un plan d’action interfédéral contre les violences homophobes et transphobes1. Ce plan, réalisé en collaboration avec les différents niveaux de pouvoir et plusieurs organismes et associations, et approuvé au cours d'une conférence interministérielle, a été lancé en janvier dernier. Il s’articule autour des six priorités suivantes : échanger et stimuler les connaissances scientifiques, améliorer la législation et la réglementation, améliorer la prévention, continuer à renforcer la sensibilisation, étendre l’aide aux victimes et veiller à une politique de suivi et de poursuites efficiente. Il est prévu, à l’avenir, que ce plan d’action soit étendu à la problématique de la discrimination sur base de l’orientation sexuelle, de l’identité ou de l’expression du genre.

sont d’ailleurs affichées sur les murs des établissements”, expose-t-elle. Tous les mois, un thé dansant ‘homo’ est organisé au Palais des Congrès de Liège. “Cet événement rassemble

entre 400 et 600 personnes”, précise Jean-Marie. “Et personne n’en était informé alors qu’il existe des implications importantes en matière de sécurité par exemple”. Depuis leur venue, les policiers ont sensibilisé les organisateurs à l’obligation de déclarer l’événement, ont imposé l’interdiction de fumer dans la salle et ont veillé à rendre les sorties de secours accessibles.

Même si la Belgique est l’un des pays les plus avancés dans le domaine de l’égalité des chances, l’orientation sexuelle reste encore un tabou important. “Il y a certainement un énorme chiffre noir. Faire la démarche de porter plainte est encore très difficile”, conclut l’inspectrice. f

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A l'intérieur du club, cette affichette mentionne explicitement Jean-Marie Monseur et Josianne Mestdagh comme personnes référentes pour le milieur 'homo'.

L’homophobie désigne toutes les manifestations de rejets (mépris, insultes, coups…) à l’égard des homosexuels. La transphobie est la peur irrationnelle pour une personne parce qu’elle se définit par une autre identité de genre ou rôle dans la société que celui qui lui a été donné à la naissance.

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OUT OF OFFICE Dans la rubrique Out of Office, nous quittons la sphère professionnelle pour vous présenter la passion, le hobby ou une activité originale d’un membre du personnel.

PLAISIR DIVIN Arôme, cépage, tanin, millésime, … voici un vocabulaire que maîtrise très bien Maud Van Gysel, policière au sein de la zone de police de Bruxelles-Capitale/Ixelles. Et pour cause : cette dernière est une véritable passionnée d’œnologie … TEXTE Gwendoline Hendrick PHOTOGRAPHIE Jos Balcaen

Maud Van Gysel

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BRUXELLES – Sortie de l’ERIP, l’Ecole régionale et intercommunale de police, en 2004, Maud Van Gysel a ensuite rejoint la zone de police de Bruxelles-Capitale/ Ixelles et a travaillé au sein de différents commissariats de quartier mais aussi à l’intervention ou encore à la garde. Elle suit actuellement la formation d’inspecteur principal, et, en dehors du travail, apprécie le bon vin … “Mes parents buvaient un verre de vin en mangeant et lorsque j’ai été en âge de le faire, j’ai demandé à en goûter. Un jour, j’ai eu un vrai coup de cœur pour un Châteauneuf-du-Pape, j’avais environ 18 ans”, se souvient Maud. C’est à la suite de cette découverte qu’elle a commencé à lire sur le sujet. Mais ce n’est qu’il y a trois ans qu’elle a débuté des cours d’œnologie organisés par une asbl bruxelloise. “Comme je n’en avais pas encore assez, j’ai décidé de suivre des cours au Cefor (centre de formation), à Namur, à raison d’une fois par semaine. Ce qui m’intéresse particulièrement, c’est d’obtenir le brevet de sommelier à la clef des quatre années de formation”, ajoute-t-elle. Souhaiteraitelle faire de sa passion un métier ? “C’est peut-être un petit rêve. Mais une activité comme celle-là n’est pas compatible avec un emploi à la police ! Ce qui me plairait également, c’est de suivre un cours à l’université du vin à Bordeaux.” Les vins rouges français font d’ailleurs partie de ses préférences avec un intérêt marqué pour les vins de Bordeaux et les vins du Sud. “Je ne

suis pas une collectionneuse, par contre, je commence une cave mais cela coûte excessivement cher et c’est assez contraignant : il ne faut pas trop d’humidité, ni de vibration et de lumière …”

UN BON CRU

Certains éléments permettent d’indiquer si l’on a affaire à un bon cru ou non. “Concernant les vins rouges, il faut un bon compromis entre l’acidité et le tanin. En fonction de la qualité des raisins, les vignerons peuvent dire si l’année sera bonne ou pas.” Mais le meilleur moyen d’apprécier un vin, est évidemment de le goûter. “La première étape consiste à observer sa couleur, sa viscosité (ses ‘larmes’) et son intensité. On fait ensuite tourner le verre pour dégager et apprécier les arômes et enfin, on le déguste.” Par ailleurs, il ne faut pas forcément débourser beaucoup d’argent pour une bonne bouteille. Certains vins se marientils plus facilement que d’autres ? Maud : “En rouge, les Côtes du Rhône peuvent s’apprécier plus facilement. Ce sont des vins plus chaleureux, moins boisés et moins dans les tanins. Au niveau des blancs, les vins d’Alsace plaisent beaucoup. Mais cela reste toujours une question de goût évidemment. De plus, accorder un vin, n’est pas toujours évident. Les grands établissements choisissent d’ailleurs d’abord le vin et déterminent ensuite le plat qu’ils serviront pour l’accompagner”. Enfin, Maud Van Gysel ne se contente pas de déguster le vin, elle contribue aussi un peu à son élaboration. Chaque année, elle participe aux vendanges chez un vigneron situé dans la région du Languedoc.

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VOLS DE C ÂBLES

Le fléau du réseau ferroviaire La problématique des vols de câbles n’est pas nouvelle et ne touche pas uniquement la Belgique. Cependant, le nombre de cas recensés chez nous entre 2011 et 2012 a plus que doublé. La police fédérale des chemins de fer, Infrabel, le gestionnaire de l’infrastructure ferroviaire belge et Securail poursuivent tous trois d’importants efforts afin de faire face à ce fléau. TEXTE Gwendoline Hendrick PHOTOGRAPHIE Jos balcaen

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CHARLEROI/BRUXELLES – Toutes les semaines, des vols de métaux sont commis sur le réseau ferroviaire belge, domaine d’action de la police des chemins de fer de la police fédérale (DGA-SPC). Charleroi est l’une des régions les plus concernées par cette problématique des vols de câbles comme en témoigne Julien Boulanger, technicien principal chez Infrabel : “La ligne 132 CharleroiCouvin est particulièrement touchée. Elle se trouve en pleine campagne et il faut emprunter des petits chemins pour y accéder. A côté de cela, nous avons aussi eu des vols à Charleroi même où plusieurs kilomètres de câbles ont été dérobés”. C’est d’ailleurs sur cette ligne 132 que Julien et ses collègues sont tombés pratiquement nez à nez avec une bande de voleurs en action. “Début décembre, j’étais de garde et suis intervenu, avec des collègues, pour une suspicion de vol de câbles”, se souvient-il. “Les indications que nous recevons en cas de problème concernent un tronçon et non un point précis. Nous

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sommes donc partis pour voir où se situait exactement le souci. Lorsque nous sommes arrivés à hauteur du passage à niveau, un véhicule se trouvait face à nous. Un homme était en train d’y charger du câble. En nous apercevant, il est remonté à bord de son auto et a foncé vers notre camionnette pendant que d’autres hommes présents nous lançaient du ballast”. Fin de l’année passée, les techniciens de Charleroi sont intervenus, en moyenne, trois fois par semaine pour un vol de câbles. Mais depuis l’arrestation de plusieurs personnes prises en flagrant délit, la situation semble s’être considérablement améliorée. “Les auteurs interpellés étaient bien connus de la police et faisaient l’objet d’investigation depuis quelque temps déjà”, nous apprend le commissaire Edwin Verhelle, chef de poste de la police des chemins de fer de Charleroi. De manière générale, les vols de câbles figurent dans le ‘top 3’ des causes d’interventions les plus fréquentes pour les policiers. “Les vols de

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câbles, les pickpockets en gare et les agressions constituent la grande majorité de nos interventions”, confirme Francis Horala, inspecteur principal à la SPC Charleroi. Vu la fréquence des faits de vol de câbles, l’inspecteur Christophe Lardinois, appartenant également au poste de la SPC Charleroi, s’étonne quant à lui du nombre peu important d’accidents. De tels vols ne sont naturellement pas sans risques !

Casse-Croûtes ou bandes ORGANISÉES ?

De manière générale, ces vols de câbles sont perpétrés soit par des voleurs ‘casse-croûtes’, c’est-à-dire des particuliers ou riverains qui tentent d’arrondir leur fin de mois

MOINS DE CUIVRE ET PLUS D’ALU ? Les vols de câbles ont de nombreuses conséquences : risques en matière de sécurité, mobilisation importante de personnel (Infrabel, Securail, police des chemins de fer…), problème de ponctualité des trains… Infrabel et ses partenaires réfléchissent donc à la mise en œuvre de mesures visant à décourager les voleurs de métaux qui œuvrent sur le réseau. Différentes pistes existent, comme le remplacement du cuivre par de l’aluminium ayant une valeur marchande beaucoup moins importante (environ 1,5 euros le kilo contre environ 6,5 euros le kilo de cuivre). D’autres moyens sont également envisagés : la possibilité d’attacher les câbles, le placement de caméras, la mise en place d’un système de traçabilité des câbles… En attendant les résultats des différents tests et études, des actions concrètes sont déjà entreprises comme, par exemple, le placement de clôtures le long des voies de chemin de fer.

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VOL S DE C ÂBLES

en volant quelques mètres de câbles, soit par des bandes itinérantes très bien organisées et qui dérobent souvent des métrages bien plus conséquents. Tous recherchent le cuivre présent dans ces câbles. Les vols casse-croûtes concernent davantage les câbles de terre tandis que les bandes se concentrent, quant à elles, plus sur les câbles sous tension qui alimentent la signalisation. Lorsque l’un de ces câbles d’alimentation est sectionné, le signaleur d’Infrabel est averti par un système d’alarme mais ne connaît pas encore la nature exacte du problème. Ce dernier doit alors suivre une procédure afin de prévenir les différents acteurs concernés. Il s’agit, entre autres, des techniciens d’Infrabel et du Security operations center (SOC) lequel contacte alors Securail (lire encadré), la police des chemins de fer et le Centre d’information et de communication (CIC) compétent. Les

SECU(RITÉ SUR LE)RAIL

Le Corporate Security Service (CSS) de la SNCB Holding, et plus particulièrement Securail, sont également directement impliqués dans la gestion de la problématique des vols de câbles. “Ce phénomène met à mal notre processus de production”, relate Hendrik Vanderkimpen, responsable du CSS et donc de l’approche sécuritaire au niveau du groupe SNCB et de ses filiales. “En 2012, cela a engendré 66 440 minutes de retard et un préjudice estimé à 8 millions d’euros, et cela sans compter les coûts liés à la maind’œuvre (environ 70 techniciens temps plein) et à la prévention”, ajoutet-il. A côté des mesures techniques envisagées pour lutter contre le phénomène (voir encadré), une approche opérationnelle est également mise en place avec un suivi quotidien des vols de câbles. “Tous les lundis, les responsables locaux de Securail se réunissent afin de faire le point sur les événements survenus la semaine précédente et, en fonction de ces informations, orientent les patrouilles de prévention (Securail et Securitas)”, explique à son tour Gauthier Baijot, responsable Securail pour la Wallonie. Ce schéma de patrouilles est également communiqué à la police des chemins de fer. Grâce au travail des équipes sur le terrain, Securail récolte des informations (par exemple, une équipe qui a remarqué quelque chose de suspect) et les transmet vers la police des chemins de fer. Ces équipes Securail effectuent des missions de prévention mais peuvent, en outre, constater les infractions à la législation ferroviaire, retenir quelqu’un qui a commis un délit, effectuer des palpations, etc., comme le prévoit la loi sur la sécurité privée et particulière. Enfin, Hendrik Vanderkimpen rappelle que “si la répression est importante, il faut également miser sur la prévention. Les synergies qui existent déjà peuvent encore être renforcées, notamment avec la police locale mais aussi le citoyen et cela certainement dans le cadre des vols de câbles”.

Olvier Clara (Infrabel), Christophe Lardinois et Francis Horala

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partenaires concernés travaillent actuellement à l’optimalisation de cette procédure. “Plus vite, la police des chemins de fer dispose des informations nécessaires, plus vite elle peut se rendre sur les lieux évidemment”, souligne le commissaire Pascal Delcroix, en charge de la coordination opérationnelle au niveau de la direction SPC.

LE SYSTÈME MAP IN SUR LES RAILS

Si le phénomène des vols de câbles a été davantage médiatisé ces derniers mois, il n’est cependant pas nouveau et fait déjà l’objet de plans d’actions depuis 2011. Le travail, aussi bien policier que techno-préventif, doit être orienté sur base de l’information disponible. Pour cela, la police des chemins de fer bénéficie de l’aide du système Map In d’Infrabel. “Il s’agit d’un programme de cartographie auquel nous avons accès depuis peu”, explique Pascal Delcroix. Les constatations réalisées par la police sont encodées dans ce système qui permet ensuite de visualiser (via Google Map) les endroits de passage des voleurs, les voies d’accès… “Cette application nous permet de mieux analyser les lieux à risques (quelles sont les caches potentielles du butin, les voies de fuite…), d’orienter les patrouilles et de se rendre plus rapidement sur les lieux grâce à l’utilisation des données GPS”, se réjouit le commissaire divisionnaire Pascal Wautelet, chef de service de la police des chemins de fer. C’est également grâce à ce système que l’analyste stratégique de la SPC, Gregory Vandenbulcke-Plasschaert, a pu créer un baromètre des vols de métaux pour la Belgique selon la ligne de train, le type de câbles dérobés, la commune… L’analyse est automatiquement mise à jour à l’aide des données encodées par les différents postes de la SPC. Grâce à ce programme toujours, des équipes de

Julien Boulanger

NOUS AVONS AUSSI CONNU DES VOLS À CHARLEROI MÊME, OÙ PLUSIEURS KILOMÈTRES DE CÂBLES ONT ÉTÉ DÉROBÉS.

la SPC ont pu emprunter un chemin qu’elles ne connaissaient pas, ce qui a mené à une arrestation. “Il s’agit là d’un bel exemple du concept de la fonction de police guidée par l’information”, souligne Pascal Wautelet.

Enfin, la police des chemins de fer dispose également de plusieurs réseaux d’experts ; l’un d’entre eux s’intéresse aux vols de métaux. Au sein de chaque poste de la police des chemins de fer, deux personnes volontaires suivent plus particulièrement le phénomène. Pour combattre celui-ci, la SPC bénéficie d’une bonne collaboration interne tant au niveau de ses postes en province qu’au niveau des zones de police locale et autres partenaires de la police fédérale. La Direction de la lutte contre la criminalité contre les biens (DGJ/ DJB) de la police judiciaire fédérale

s’intéresse également aux vols de métaux et travaille, notamment, sur l’analyse des groupes d’auteurs, sur les mesures législatives envisageables… Enfin, des actions ciblées sont également régulièrement organisées au niveau arrondissemental, national et international. Fin janvier, les polices des chemins de fer française et belge ont d’ailleurs organisé des opérations s’inscrivant dans ce cadre. Six voleurs de métaux ont ainsi été interpellés par la SPC à Bruxelles, Anvers et Marchienneau-Pont (Charleroi) ! f

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CASUS Dans cette rubrique, le Service juridique de la police fédérale (DGS/DSJ) aborde des questions ou des procédures juridiques traitant de pratiques policières courantes. Il est cette fois question de la requalification de faits de violence envers la police.

VIOLENCE ENVERS LA POLICE TEXTE DGS/DSJ/AJO

BRUXELLES – Lorsqu’une personne s’oppose à l’intervention de fonctionnaires de police, l’attitude de cette dernière peut être qualifiée de rébellion au sens de l’article 269 du Code pénal. La violence à laquelle les fonctionnaires de police sont confrontés est parfois d’une gravité telle que l’on peut se demander si une qualification ‘plus lourde’ ne s’impose pas. La rébellion dans les circonstances visées dans le jugement examiné ci-dessous fait l’objet d’une peine d’emprisonnement d’au maximum dix ans (article 272, alinéa premier, du Code pénal). En application des articles 51, 52, 80, 2°, 392 et 393 du Code pénal, une peine de 15 à 20 ans de réclusion est prévue pour la tentative de meurtre. Dans un jugement du 16 janvier 2013 du tribunal de première instance de Bruges, cette question de la qualification a été analysée.

FAITS

Lors d’une surveillance et d’une observation dans le cadre d’une mission confiée par le magistrat de référence en matière de traite/trafic d’êtres humains sur un parking de la E40 et à proximité de celui-ci, des fonctionnaires de police remarquent des agissements suspects. Deux

hommes flânent entre des camions stationnés sur le parking et font passer en fraude plusieurs passagers vers ce parking. Lors du retour des deux intéressés, les policiers décident de les intercepter, en justifiant de leur qualité, leur demandent de s’arrêter et dégainent leur arme de service. Les intéressés n’obtempèrent toutefois pas. Au contraire, le véhicule des intéressés recule brusquement et l’un des policiers présents, un inspecteur principal, manque d’être écrasé entre le véhicule de service bloquant la route et la voiture des hommes prenant la fuite. Le conducteur fait ensuite une manœuvre vers l’avant afin de prendre la fuite en direction du parking. Les fonctionnaires de police se trouvant de ce côté du parking ne parviennent pas non plus à arrêter les intéressés. En raison de plusieurs impacts de balles, la voiture tombe finalement en panne, les deux intéressés devant poursuivre leur fuite à pied. Ils seront interceptés par la police française.

REQUALIFICATION

Dans le cadre de ce jugement, il est intéressant d’examiner la requalification des faits demandée par les fonctionnaires de police concernés en

leur qualité de partie civile, à savoir la requalification d’une rébellion armée en une tentative de meurtre. Le tribunal estime que cette requalification est justifiée pour les faits commis à l’encontre de l’inspecteur principal qui s’est retrouvé dans une situation critique en raison de la brusque marche arrière effectuée par l’un des prévenus dans le cadre de sa tentative de fuite. Le fait que le prévenu ait commis un tel acte en vue de se soustraire à l’interception par les services de police ne porte pas atteinte à l’intention requise pour pouvoir parler de meurtre (ce qui peut être décrit, en vertu de l’article 393 du Code pénal, comme l’homicide commis avec intention de donner la mort). Le prévenu a, a priori, accepté la possibilité de l’issue fatale pour le fonctionnaire de police. L’issue potentiellement mortelle n’est pas une conséquence improbable de l’acte du prévenu car le fonctionnaire de police n’avait plus la possibilité de s’écarter. Le fait que le prévenu connaisse les conséquences possibles de son acte est suffisant. Pour accepter la qualification de tentative de meurtre, il n’est pas requis que l’auteur souhaite aussi réellement ces conséquences.

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L’or fond dans les moindres recoins

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VOLS DE BIJOU X ET RECEL

Le prix de l’or s’envole et engendre un effet pervers : le vol de bijoux suit cette tendance et est en augmentation. “Nous devons rendre moins attrayant le vol et le recel de ce métal noble, entre autres en liquidant les circuits de recel et le commerce clandestin.” Voilà la vision du commissaire divisionnaire Eddy De Raedt, le directeur de la lutte contre la criminalité contre les biens (police fédérale, PJF/DJB) et du commissaire judiciaire Jean-Claude Hinque, qui se jette dans la bataille avec ses (presque) 40 ans d’expérience. TEXTE Stefan Debroux PHOTOGRAPHIE Jos Balcaen

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VOL S DE BIJOUX ET RECEL

BRUXELLES – Nous rencontrons Eddy De Raedt et Jean-Claude Hinque dans le complexe Géruzet, le port d’attache de la PJF/DJB. Cette direction centrale de la police judiciaire fédérale joue un rôle d’appui au profit des enquêteurs des PJF et des services de recherche locaux. Ces derniers peuvent s’adresser à elle afin d’obtenir une image de certains phénomènes criminels et des avis (stratégiques). Par ailleurs, le niveau central a conclu des partenariats englobant notamment des associations professionnelles. f

VOLER DES BIJOUX EN OR EST UNE CHOSE, MAIS MONNAYER CE BUTIN EN EST UNE AUTRE.

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Eddy De Raedt : “La lutte contre les circuits de recel et le commerce clandestin n’est pas l’affaire de la police uniquement. Elle requiert une approche en chaîne, c.-à-d. des ‘partenariats’, entre autres avec les services d’inspection des services publics fédéraux (SPF) Économie et Finances (en l’occurrence la Monnaie royale de Belgique). En regroupant nos forces et expertises, nous sommes en mesure d’intervenir plus efficacement. En tant que service de police, nous devons veiller à contrôler le recel et le blanchiment d’argent. C’est pourquoi les registres identifiant les vendeurs constituent à nos yeux une source d’information importante. Par contre, les services d’inspection épluchent la comptabilité et vérifient la conformité par rapport à la réglementation économique. De plus, le Service métrologie contrôle les balances, etc. En agissant ensemble, nous augmentons notre force de frappe.”

PRIX DE L’OR ET VOLS DE BIJOUX : LE PARALLÈLE

Eddy De Raedt : “Que les vols de bijoux augmentent parallèlement au prix de l’or n’est pas le fruit du hasard. Ces dernières années, ce prix a atteint des records, ce qui incite davantage les voleurs de bijoux et d’or ainsi que les blanchisseurs à ‘investir’ dans cette branche. En 2010, un kilo d’or valait 25 000 euros, mais en 2012, ce prix s’élevait déjà à plus de 42 500 euros. Les statistiques des vols de bijoux reflètent cette évolution : de presque 20 000 vols en 2008, on est passé à plus de 26 600 en 2011. Les chiffres de 2012 sont du même ordre. En même temps, nous constatons une évolution similaire en ce qui concerne les cambriolages dans les habitations. Les bijoux sont un butin fort convoité. Il en va de même pour les vols à main armée : ils sont généralement en baisse, sauf auprès des bijoutiers, dont la popularité augmente en tant que cible. Enfin, il faut s'inquiéter que des bijoutiers ont été victimes à plusieurs reprises de (tentatives de) tigerkidnappings l’an dernier.”

Eddy De Raedt

IDENTITÉ VERSUS RECEL

Eddy De Raedt : “Voler des bijoux en or est une chose, mais monnayer ce butin en est une autre. Et c’est précisément ce que nous voulons empêcher à tout prix. En vue de dissuader le recel, nous devons pouvoir disposer d’un arsenal de moyens légaux, tels que l’identification obligatoire d’une personne désireuse de vendre de l’or. Depuis peu, le législateur a apporté une solution. Tout individu proposant un métal précieux (or, argent ou platine) à un négociant en or ou un bijoutier doit en principe présenter sa carte d’identité et faire l’objet d’un enregistrement. Chez nos voisins, les mesures sont même encore plus strictes. En France, par exemple, les vendeurs d’or ne reçoivent plus d’argent liquide. Le paiement est effectué obligatoirement par virement. Ces opérations peuvent être tracées ! Cette mesure sera également appliquée en Belgique à l’avenir, mais seulement à partir d’un montant déterminé. Si ce montant excède 5000 euros, seulement 10 pourcent pourront être payés en espèces.”

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AFFAIRES EN OR (DOUTEUSES)

FONDRE DES BIJOUX EN OR, CE N’EST HÉLAS PAS SORCIER. Jean-Claude Hinque

UNE DEMI-HEURE EST UN MONDE DE DIFFÉRENCE

Jean-Claude Hinque : “Un petit voleur arrache quelque part en ville un collier avant de le filer une demi-heure plus tard à un vendeur d’or de l’autre côté de la ville. Et que fait ce dernier ? Il fond le collier qui se transforme en une pépite d’or afin de pouvoir le proposer à un des fondeurs professionnels agréés en Belgique (capable de distinguer les divers mélanges de métaux). Tout a alors disparu : les inscriptions, le nom... En l’espace d’une demi-heure, le butin a été rendu méconnaissable, peut-être avant même que la police ait pu enregistrer ce vol. Que reste-t-il de ces preuves matérielles ? Plus rien, tout a fondu comme neige au soleil... Cette pratique complique fortement les recherches orientées vers le butin en cas de vol de bijoux. Les ornements qui sont le fruit d’un savoir-faire créatif constituent peut-être une exception. Quoi qu’il en soit, l’interdiction de fonte – en limitant cette pratique aux fondeurs professionnels et aux bijoutiers créant eux-mêmes des bijoux – offrirait davantage de perspectives aux enquêteurs.”

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VOL S DE BIJOUX ET RECEL

Jean-Claude Hinque : “En raison d’un prix du marché élevé, l’or est devenu un investissement attrayant. Mais la vente est tout aussi intéressante : elle permet de réaliser des bénéfices considérables. Cette donnée rend le marché vulnérable, non seulement pour le blanchiment, mais aussi pour le recel. Ce qui complexifie les choses à notre niveau, c’est que ce marché ne se limite pas aux bijoutiers et aux négociants en or officiels. De nombreux circuits de vente alternatifs émergent, tels que des bourses dans des hôtels (en principe interdites), le commerce ambulant et, plus récemment (n’en déplaise à certains), l’internet avec des sites de vente aux enchères en ligne, etc. Le commerce sur Internet est plus volatil et n’est que peu ou pas contrôlé. En résumé, ces circuits alternatifs ‘cachés’ ne jouent pas vraiment en faveur des services de police et d’inspection.”

PAS DE CHASSE AUX SORCIÈRES

Jean-Claude Hinque : “Nous avons rédigé un manuel pratique destiné au contrôle de bijoutiers, d’acheteurs d’or et de fonderies. Ce fil conducteur est à disposition de tous les policiers sur Portal. Enfin, notre lutte contre le recel et les circuits illégaux n’implique pas que nous mettions tous les acteurs du secteur dans le même panier. Les commerçants et les bijoutiers de bonne foi applaudissent les contrôles et la transparence. D’ailleurs, nous concertons le secteur. Les personnes qui n’ont rien à se reprocher n’ont rien à cacher.”

Un petit ‘four’ pour la fonte de l’or qui permet de transformer des bijoux en pépites. C’est facile à installer et ça ne prend pas de place

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FXAXC X E XTXOX F XAXCXE

Faut-il encourager les citoyens à collaborer avec la police ? D’une manière générale, les citoyens remarquent rapidement des choses anormales ou des agissements suspects dans leur quartier. La police peutelle faire appel à ces personnes afin de dissuader les auteurs potentiels de commettre leurs méfaits ? La police peut-elle légalement assurer un suivi actif des récidivistes connus jusqu’à leur porte d’entrée ? Marcel Staelen, chef de corps de la zone boraine, et Paul Neefs, directeur coordonnateur (DirCo) de la police fédérale d’Anvers, qui a essuyé une série de critiques lors du lancement d’une expérience avec la zone de police ZARA (Zandhoven/Ranst), nous donnent leur point de vue. TEXTE Saskia Van Puyvelde & ZP Boraine PHOTOGRAPHIE Ruben Accou & Jos Balcaen

“La question de savoir où commence la collaboration avec le citoyen et la limite à ne pas franchir vers la délation est un réel sujet de société. A l’heure où en un simple clic, nous pouvons dénoncer nos voisins, j’ai pu constater que sur notre zone de police, les citoyens ne sont pas encore prêts à ce genre de pratique. En effet, il y a un peu plus de sept ans, nous lancions notamment notre numéro vert (0800 35 101), gratuit et complètement anonyme. Les habitants de la zone étaient invités à laisser des messages informatifs relatifs à des infractions commises. Cette ligne Infocrime est inspirée d’une bonne pratique québécoise que j’ai pu ramener dans mes valises suite à un voyage là-bas. Cette ligne n’a jamais réellement fonctionné chez nous. Résultat éloquent ! Pour ma part, au vu de l’expérience qui précède, je préfère clairement miser sur les concepts de participation et de responsabilisation plutôt que de délation. La prévention et

l’information du citoyen sont capitales, sans oublier sa responsabilisation et le fait de le conscientiser sur des thématiques particulières. Il apprend ainsi à se prémunir luimême de certaines situations inquiétantes. L’exemple le plus marquant concerne les vols à la ruse. La population est fréquemment informée par le biais de communiqués de presse et de campagnes de prévention. Les inspecteurs de proximité veillent aussi à en parler de manière proactive avec les concitoyens. Ce système a permis de déjouer plusieurs tentatives de vol grâce à la vigilance des ‘victimes potentielles’. Sans se substituer à la police, la population apprend à être attentive à des signes d’agissements suspects et, à ce moment-là, à en informer nos services. Les différents partenaires se complètent. Rassembler nos forces et nos spécificités nous permet d’être plus forts. Nous pouvons ensemble apporter des réponses adéquates tant à l’insécurité objective que subjective.” f

MARCEL STAELEN

CHEF DE CORPS DE LA ZONE BORAINE 26

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Dans la rubrique Face to face, deux membres de la police intégrée expriment leur opinion personnelle sur une thématique donnée. Ces avis peuvent être concordants, divergents, complémentaires ou encore nuancés…

“En dépit des nombreux efforts déployés dans notre arrondissement, le phénomène des vols dans les habitations demeure difficile à maîtriser. Les Pays-Bas, eux, ont décidé de jouer la carte de la créativité et obtiennent à présent des résultats spectaculaires, à savoir une diminution de 30 à 50 pour cent des cambriolages. Leur méthode alternative, que nous allons tester chez nous, offre un angle d’approche différent : au lieu de viser une augmentation du degré d’élucidation des affaires, il s’agit plutôt de faire diminuer, drastiquement et à court terme, le nombre de cambriolages dans les habitations. Nous voulons atteindre cet objectif en agissant de manière préventive et en créant un sentiment d’insécurité chez les auteurs potentiels. Nous allons les sortir de leur anonymat, les déranger avant même qu’ils aient frappé, leur signifier et leur faire comprendre clairement que nous les tenons à l’œil. Ce qui est très embêtant pour eux. Pour désigner ce projet, nous utilisons également le terme ‘VIP’, pour ‘very irritating police’1. Mais la police ne peut faire ceci toute seule, c’est pourquoi nous sollicitons l’aide de partenaires. Et l’un de ces partenaires est le citoyen, que nous irons chercher notamment dans les partenariats locaux de prévention (PLP, anciennement ‘réseaux d’information de quartier’), si du moins cela s’avère nécessaire, car de nombreux volontaires nous ont déjà proposé leur aide spontanément. Nous menons également des campagnes de sensibilisation : nous nous rendons chez les gens pour leur expliquer que leurs voisins ont été cambriolés, que l’auteur se déplace, par exemple, à vélo et qu’il s’est introduit dans l’habitation en se hissant par la fenêtre.

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VOL S D XFX EAXCBX EI J XTO XOU XX F AXECXTEXR E C E L

Ce faisant, nous essayons également de susciter une plus grande implication. Nous allons proposer une formation à nos partenaires. Comment reconnaître un cambrioleur ? Que faut-il considérer comme suspect ? Comment s’adresser à un suspect présumé ? Dans quels cas est-il préférable de téléphoner à la police ? Notre slogan est ‘Entendre, voir et signaler’. Grâce à cette approche, nous entendons améliorer la qualité des signalements. Mais nos policiers ont d’abord suivi une formation adaptée. Il faut provoquer chez eux une espèce d’empowerment. L’accent est mis sur la responsabilité de chacun dans la réalisation de l’objectif. Nous leur fournissons une série d’outils pratiques, comme une introduction au profilage. Nous appliquons le modèle de l’intelligence led policing et, dans ce cadre, tentons de déterminer quels sont les moments sensibles… Nous recourons à des informations douces et les échangeons. À l’issue de cette phase, le projet proprement dit démarrera dans la zone ZARA. Il sera ensuite évalué et adapté si nécessaire. Le respect des règles de notre société démocratique et des droits de l’homme est un élément-clé de cette approche. Il n’y a en effet pas assez de capacité en personnel. Mais c’est précisément pour cela que nous voulons impliquer d’autres acteurs ! Le procureur d’Anvers nous soutient pleinement, tout comme les bourgmestres de Ranst et de Zandhoven. Le gouverneur de la province d’Anvers appuie également notre démarche.” f 1 Voir également Projet VIP. Du travail sur mesure dans l’Inforevue 2/2012, p. 28-31.

PAUL NEEFS

DIRECTEUR COORDONNATEUR DE LA POLICE FÉDÉRALE D’ANVERS 27

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EN APPRENTISSAGE À L A POLICE

C’EST SUPER DE POUVOIR FAIRE UNE TELLE CHOSE À LA POLICE. SA PRÉSENCE A PERMIS TANT DE CHOSES POSITIVES.

“Heureuse de ne pas avoir besoin de Lego” Depuis le mois d’octobre dernier, la police de Brasschaat accueille un adorable golden retriever blanc baptisé Lego. L’inspectrice principale Femke Corstiaensen emmène ce chiot au bureau deux à trois fois par semaine pour lui faire découvrir son quotidien. Quand il aura un an, Lego suivra une formation poussée afin d’assister une amie de jeunesse de Femke qui est malvoyante. TEXTE Saskia Van Puyvelde PHOTOGRAPHIE Lavinia Wouters

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BRASSCHAAT – Lego avait dix semaines quand il a fait ses premiers pas au bureau de police. Initialement, il venait une fois par semaine et à présent, deux à trois fois. “Je suis chargée de la socialisation de Lego. L’objectif est d’en faire un chien stable, sociable, sain et équilibré”, nous explique l’inspectrice principale Femke Corstiaensen, coordinatrice des agents de quartier. “Je l’emmène partout : à la plaine de jeux, en weekend en Ardennes, à la fête de Noël, au zoo et donc, ici aussi, où il reste le plus souvent couché sur le sol. Au début, des collègues pensaient qu’il était malade, tellement il était calme”, se souvient-elle en riant. “Le chien d’assistance de mon amie d’enfance et voisine Kathleen, un golden retriever blanc également, a dix ans et doit être remplacé. Comme elle souhaite avoir des enfants, son futur chien

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Le gilet rouge signifie qu’on est au travail. On l'enlève à la maison.

Femke Corstiaensen (en uniforme) et Karen Vermeren.

doit s’habituer jeune à l’agitation. C’est ainsi que nous sommes devenus la famille d’accueil de Lego et, chez nous, il peut s’habituer à deux jeunes enfants et aux trois autres chiens que nous avons…”

DES RÉACTIONS UNANIMEMENT POSITIVES

“Au départ, mon emploi à temps plein à la police et le fait que mon mari travaille à pauses semblaient constituer une difficulté pour ‘Vrienden der blinden’, le centre de formation pour chiens guides d’aveugles de Coxyde, qui est responsable de Lego. Il risquait de rester trop souvent seul à la maison. Comme je rêvais de l’emmener au bureau, j’ai soumis la question au réseau diversité, dont je fais partie.” Avant que le chiot ne soit admis au bureau de police, il fallait examiner le cadre juridique et organiser une visite du service de la médecine du

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travail. Le chef de corps a, lui aussi, mar- elle. L’objectif est qu’il reste à son serqué son accord. “Je peux donc faire d’une vice durant environ huit ans.” pierre deux coups. Lego apprend à rester calme toute la journée et a de nombreux “C’est super de pouvoir faire une contacts sociaux : dans les transports en telle chose à la police”, conclut Femke commun, avec les écoliers qui viennent Corstiaensen. “Sa présence a permis en visite, les collègues, etc.” tant de choses positives. Quand je suis à l’extérieur avec lui, les gens m’interQuand l’inspectrice principale pellent plus facilement, le contact avec Corstiaensen doit sortir, c’est Karen la police est plus facile. Les collègues Vermeren qui s’occupe de Lego. Elle tra- viennent le chercher pour le sortir un vaille au service circulation de la zone peu et, le matin, ils passent le voir avant de police mais son bureau est proche même de me saluer… Je me réjouis de de celui de Femke. Elle s’est à présent pouvoir aider une amie de cette façon attachée, elle aussi, au quadrupède : et, surtout, de ne pas avoir besoin moi“Ce sera effectivement difficile quand même de Lego.” il devra quitter notre bureau dans six mois environ pour partir en stage à N’hésitez pas à visiter le site www.vriendenderblinden.be, où vous Coxyde. Il y restera de six à huit mois pourrez trouver toutes sortes d’inforen ‘internat’ et suivra une formation mations sur l’association, mais égalepoussée. Ensuite, il y aura encore deux ment le journal de Lego. f semaines de formation avec Kathleen qui, s’il réussit, pourra l’emmener chez

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EURÊKA!

De nos jours, le travail de la police technique et scientifique fait partie intégrante de l’enquête judiciaire. Bien que muettes, les traces matérielles sont souvent les seuls témoins d’un crime ou d’un délit. Elles peuvent se révéler prépondérantes pour l’identification des auteurs et du modus operandi. L’arsenal des possibilités dans lequel les enquêteurs et les experts peuvent puiser constitue la source d’inspiration de cette rubrique.

LE PAPIER PEUT PARLER... Le laboratoire de Marche-en-Famenne, l’un des plus petits du pays de par son effectif, nous accueille pour nous présenter une méthode de révélation des traces papillaires sur papier. La mise en œuvre de cette technique, relativement rapide, nécessite cependant certaines conditions afin de produire de bons résultats. TEXTE Gwendoline Hendrick PHOTOGRAPHIE Jos Balcaen

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MARCHE-EN-FAMENNE – La création du laboratoire de Marche-en-Famenne remonte à 1993. Auparavant, c’est le laboratoire de Liège qui couvrait les arrondissements de Marche et de Huy. Depuis la mise sur pied de leur laboratoire respectif, les laborantins des deux régions ont toujours travaillé en partenariat et se partagent les rôles de garde durant les nuits et les week-ends. Au niveau francophone, le laboratoire de Marche a été l’un des premiers à mettre en œuvre la technique de révélation des empreintes sur papier à l’aide de la fluorescence. Pour être tout à fait précis : “il s’agit d’une méthode de révélation sur supports poreux non humidifiés au moyen de l’1,2 indanedione, c’est-à-dire un composé chimique mis en solution”, indique le commissaire Pierre Simon, chef de laboratoire. La réalisation de ce procédé est relativement rapide. Le papier ayant été manipulé par un auteur est immergé dans la solution (1). “Celle-ci est composée d’indanedione pure diluée dans des solvants”, précise Cédric Evrard, consultant au sein du laboratoire. Après évaporation de ces solvants, le produit réagit en fait avec les acides aminés présents dans la transpiration. Une fois cette première étape accomplie, le papier est placé dans une étuve ‘humide’ durant environ 15 minutes (2). Passé cette opération, la trace n’est cependant pas encore (ou peu) visible à la lumière naturelle(3). “Nous utilisons alors une source lumineuse ‘monochromatique’ et travaillons

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sur base de la fluorescence émise afin de faire apparaître la trace”, explique Pierre Simon (4). Il ne reste ensuite plus qu’à photographier la trace à l’aide d’un appareil numérique équipé d’un filtre d’arrêt orange (5). Enfin, les traces ainsi obtenues permettront d’alimenter la base de données APFIS (Automated Palm and Fingerprint Identi�ication System) utilisée par le Service d’identification judiciaire (SIJ) de la Direction de la police technique et scientifique (DGJ/DJT).

LES CONDITIONS PRÉALABLES

Naturellement, ce procédé de révélation des traces papillaires sur le papier n’est pas systématiquement mis en œuvre. Afin d’obtenir de bons résultats, certaines conditions doivent être remplies. L’auteur doit évidemment avoir manipulé le support à mains nues, et cela en ayant exercé une pression assez forte sur le papier. “Prenons un document déchiré ou une lettre anonyme par exemple, on Cédric Evrard

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peut penser qu’il y a eu une préhension suffisamment longue et intense …”, expose le commissaire. Le support doit également contenir une quantité de transpiration suffisante. Certains ‘candidats’ sont en effet de meilleurs ‘donneurs’ que d’autres ! Autre préalable : le support doit être poreux mais pas trop. Enfin, le papier ne peut pas avoir été humidifié après la production des traces. Les acides aminés (présents dans notre transpiration) sont en effet solubles dans l’eau et seraient dès lors dilués. Dans ce cas précis, l’utilisation d’une autre technique (réagissant sur des acides gras) pourrait alors être envisagée.

L’indanedione a progressivement remplacé la ninydrine précédemment utilisée et permet d’apporter un meilleur contraste entre la trace et le support grâce à la fluorescence. Au laboratoire de Marche-en-Famenne, l’utilisation de la technique a eu un rôle déterminant dans plusieurs affaires. Dans le cadre d’un dossier d’escroquerie, l’analyse de tickets d’autoroute (français) a permis de confirmer l’identification des auteurs. L’auteur de lettres anonymes envoyées dans une administration communale de l’arrondissement de Marche-en-Famenne a également été identifié après l’utilisation de la technique de révélation des traces papillaires sur support poreux. Enfin, le commissaire rappelle l’importance d’envisager les possibilités de la police technique et scientifique dans leur ensemble : “parfois, plusieurs techniques peuvent être utilisées pour un même support, dans un ordre déterminé. Les techniques s’intègrent donc dans un cadre plus large à ne pas négliger”.

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POUR ALLER PLUS LOIN :

Manuel de l’enquête Forensique, les possibilités de l’enquête forensique, P. Boel, G. De Boeck, V. De Cloet, J. De Kinder, M. Mons delle Roche, Politea, pp 123-124.

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Un préposé à l’accueil aimable et serviable

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Les zones de police d’Anvers et de Beveren ont pris part, avec neuf autres organisations, à une enquête de grande envergure sur les délais d’attente. Réalisée par la société MÖBIUS, celle-ci visait essentiellement à mesurer avec précision l’impact des délais d’attente et du ressenti des clients en la matière sur l’image des services offerts. Les résultats sont surprenants. TEXTE Saskia Van Puyvelde PHOTOGRAPHIE Lavinia Wouters

ANVERS – La police de la cité portuaire s’emploie, depuis quelques années déjà, à rénover ses bureaux et ses espaces d’accueil1. L’une des sept missions de base qu’elle doit mener à bien – à l’instar de toutes les autres zones de police locale – consiste en effet à organiser un accueil2. L’accord de gestion précédent mettait l’accent sur la réfection des commissariats et sur la nécessité de doter l’infrastructure d’une identité propre, reconnaissable. Le bureau de police de la Handelstraat a été le premier à bénéficier de ces mesures ; depuis lors, quatre autres commissariats ont été ‘relookés’ et deux autres encore suivront cette année. Certains espaces d’accueil, comme celui de la rue Oudaan, en plein centre-ville, n’ont subi qu’un léger lifting. La ville d’Anvers compte au total 17 points d’accueil, disséminés sur tout son territoire. “L’accord de gestion actuel met l’accent sur d’autres aspects”, explique Corinne Scoyer, collaboratrice et responsable de projet dans le cadre de l’enquête menée à la police d’Anvers. “Cela s’explique notamment par les résultats de l’enquête.”

délais d’attente et du ressenti des clients dans ce domaine sur l’image des services offerts et a voulu vérifier dans quelle mesure le niveau de satisfaction des clients augmentait lorsque l’on consent des investissements visant à rendre les espaces d’accueil agréables. Puisque les clients surestiment systématiquement les délais d’attente auxquels ils sont confrontés, l’enquête a également tenté de déterminer si le fait de prendre certaines mesures dans les espaces d’attente pouvait contribuer à faire paraître ces délais plus courts et à rendre l’attente plus agréable. Les conclusions générales de l’étude sont à tout le moins étonnantes. Il apparaît ainsi que l’on surestime l’importance de l’attente et que la durée réelle des délais d’attente n’a pas d’impact sur la satisfaction des clients. Et Corinne Scoyer de préciser : “L’enquête sur les délais d’attente confirme ce que nous pensions depuis longtemps déjà : la satisfaction

PERCEPTION DU SERVICE

L’enquête en question s’est appuyée sur la participation de onze partenaires : quatre organisations commerciales et sept organisations non commerciales. Pour mener à bien ses investigations, la société MÖBIUS s’est rendue sur le terrain partout en Belgique. Elle a ainsi visité 26 implantations situées en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles. MÖBIUS a donc étudié l’impact des

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Corinne Scoyer

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en matière d’accueil ne dépend pas tant des délais d’attente ou de l’environnement physique, mais plutôt de l’attitude du préposé à l’accueil, en l’occurrence son empathie, son amabilité, sa serviabilité, etc.” Un constat dressé alors que la police anversoise est en pleine rénovation de ses bureaux et espaces d’accueil … “Ce n’est évidemment pas de l’argent jeté par les fenêtres. Nous partons du principe qu’un espace d’accueil agréable contribue de toute manière à l’efficacité du service, à la satisfaction générale de la clientèle et à l’image de la police. D’une manière générale, nous avons fait les bons choix pour nos rénovations : nos nouveaux espaces d’attente laissent entrer beaucoup de lumière, ils sont ouverts et équipés d’un système de tickets, trois facteurs qui, apparemment, influent positivement sur la perception des clients.”

INVESTISSEMENTS

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Comme nous l’avons écrit ci-dessus, l’amabilité et la serviabilité sont deux aspects qui, combinés l’un à l’autre, s’avèrent cruciaux dans la perception du service par les clients. Cependant, le niveau de satisfaction est également influencé par la qualité de la prestation de services. En d’autres termes, il convient de se demander si le client a obtenu ce qu’il désirait. “L’accord de

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gestion actuel met l’accent sur le préposé à l’accueil et sur la politique de perception”, poursuit Corinne Scoyer. “Nous faisons en sorte de sélectionner et de recruter les bonnes personnes et de leur dispenser une formation de base, mais également des formations continuées. Celles-ci doivent réserver une place de choix au savoir-être, à posséder les aptitudes personnelles, émotionnelles et sociales telles que la négociation, l’empathie, l’écoute active, etc. En ce qui concerne la politique de perception, il faut que nous consentions encore des efforts sur le plan de la communication. À titre d’exemple, nous devons expliquer de façon plus claire à nos clients les cas pour lesquels ils peuvent se rendre à la police et ceux pour lesquels ils peuvent faire certaines démarches depuis leur domicile, comme l’introduction de déclarations par le guichet électronique. Celles et ceux qui viennent nous voir avec de fausses attentes seront déçus. Nous devons veiller, grâce à l’internet, aux réseaux sociaux, aux affiches, etc., à ajuster les attentes des citoyens.” f 1 2

Lire également l’article Relooking des bureaux de police anversois dans l’Inforevue 01/2011, p. 24-25. Les six autres missions de base sont le travail de quartier, l’intervention, l’assistance policière aux victimes, la recherche locale, le maintien de l’ordre public et la sécurité routière. Voir également le Plan national de sécurité 2012-2015.

ET À BEVEREN … La zone de police de Beveren a également participé à l’enquête sur les délais d’attente de la société MÖBIUS, tout comme la commune et le CPAS. “L’occasion s’est présentée et nous l’avons donc saisie”, explique le chef de corps Leo Mares. “Dans deux ou trois ans, tout au plus, ces trois entités emménageront dans un nouveau bâtiment, nous n’allons donc plus investir dans notre infrastructure mais plutôt dans l’être humain. Notre personnel chargé de l’accueil va suivre des formations dans le domaine du service à la clientèle, par exemple.” L’enquête a en effet montré que la lumière du jour, les guichets ouverts et les écrans de télévision incitent à l’indulgence, certes, mais que l’élément-clé, c’est le préposé à l’accueil ! Celles et ceux qui souhaitent de plus amples informations sur l’enquête peuvent prendre contact avec An De Keyser, de la société MÖBIUS, à l’adresse suivante : an.dekeyser@mobius.eu.

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VillaDaily : la tendance inversée ?

Alors qu’au niveau national, les cambriolages dans les habitations atteignent des sommets, une toute autre évolution, certes encore timide, est en cours à Courtrai. Pour la troisième semaine consécutive en 2013, le nombre de cambriolages au sein de l’arrondissement de Courtrai a diminué pour atteindre le nombre de dix par semaine. Durant les onze dernières semaines de 2012, ce nombre oscillait constamment autour des 35 … Cette diminution est une réalité attestée par les chiffres et il est pratiquement certain qu’elle est due au projet Villa. TEXTE Stefan Debroux PHOTOGRAPHIE Lavinia Wouters

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COUTRAI – Ces dernières années, la région frontalière du sud de la Flandre occidentale a souvent fait la une de l’actualité avec des informations inquiétantes sur la criminalité en hausse : caret home-jackings, vols dans les garages, voire une augmentation fulgurante des vols au bélier. Ces faits criminels spectaculaires s’ajoutaient à une vague persistante de cambriolages. Les autorités et la population ont tiré le signal d’alarme et les services de police ont mis tout en œuvre pour inverser cette tendance négative. C’est ainsi qu’un nouveau projet a vu le jour, baptisé Villa, référence au fait que les quartiers chics sont la cible principale des cambrioleurs dans l’arrondissement de Courtrai1. Le commissaire Devid Camerlynck, de la Direction de coordination et d’appui (DCA) de la police fédérale de Courtrai, nous

présente le projet : “Notre objectif est d’améliorer durablement l’approche multidisciplinaire de la criminalité, en l’occurrence des cambriolages. Dans le même temps, nous avons voulu apporter une réponse prompte à la vague de car- et home-jackings, de vols dans les garages et de vols au bélier. Cela nous a amenés à prendre toute une série de mesure en matière de prévention et de dissuasion (par des patrouilles et des actions de contrôle), de recherche proactive, d’uniformité dans les constatations et la recherche de traces, d’intensification de l’échange d’informations, etc.” Comment le projet se traduit-il dans les faits ? Depuis son lancement en janvier 2011, le projet Villa a pris plusieurs formes. Devid Camerlynck : “VillaFront désigne les actions de contrôle à grande échelle, du style FIPA, que nous organisons à la frontière française dans

l’arrondissement de Courtrai. VillaRam cible, quant à lui, spécifiquement les vols au bélier. Dans ce cadre, nous faisons appel aux équipes d’intervention spécialisée (GIS) de Bruxelles, qui effectuent des patrouilles visant à prendre des auteurs en flagrant délit. En fait, VillaRam vise à répondre à la criminalité violente et brutale que nous attribuons aux bandes du Nord de la France. Les cambriolages ‘ordinaires’ sont plutôt l’œuvre de groupes d’auteurs itinérants qui ne recourent (généralement) pas à la violence. Pour lutter contre ce phénomène, Villa a connu une nouvelle évolution depuis décembre 2012 avec la version VillaDaily. L’objectif de ces actions quotidiennes anti-cambriolages est le suivant : obtenir un maximum de résultats sans engager de moyens (humains) supplémentaires.”

FRONT VERSUS VILLA : LA GRANDE ET LA PETITE ÉCHELLE Être rapide sur la balle, tel est l’enjeu du projet VillaDaily. Dans ce cadre, un rôle de premier plan est dévolu à l’analyste stratégique de la DCA (voir encadré cidessous). Il établit une cartographie des cambriolages (et de neuf autres phénomènes criminels) pour la période de référence des deux semaines précédentes. Cela fournit une image détaillée et à jour des ‘hot spots’ (quartiers sensibles en matière de vols) et des moments auxquels les cambrioleurs sont actifs. Cette

PROFESSION : ANALYSTE STRATÉGIQUE

Filip Devriendt & Devid Camerlynck

COURTRAI – VillaDaily contribue largement à définir une image précise des phénomènes criminels. À cet égard, Peter Devaere, l’analyste stratégique de la direction de coordination et d’appui de la police fédérale, joue un rôle capital. Il collecte auprès du carrefour d’informations d’arrondissement toutes les informations relatives aux phénomènes, aux lieux et aux moments. “J’établis alors une synthèse de la criminalité par zone de police en intégrant des données temporelles et en pointant sur une carte l’ensemble des informations. Cette visualisation dans l’espace aide à identifier les hot spots et à orienter les actions”, nous explique Peter Devaere. Les zones de police peuvent approfondir cette image au niveau local grâce aux informations issues de leurs procès-verbaux.

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analyse permet aux services de police locale de l’arrondissement de Courtrai de travailler selon une approche structurée. Chaque jour, ils envoient des équipes se poster de façon ostentatoire à un endroit stratégique sur le terrain, par exemple en plein milieu d’un quartier résidentiel ayant souvent été la cible des cambrioleurs dans un passé récent. Cette nouvelle déclinaison du projet Villa porte ses fruits. “En deux mois, nous avons noté une diminution de 70 % du nombre de cambriolages dans des habitations sur notre arrondissement”, explique Devid Camerlynck. “Nous ne devons pas pour autant renoncer à d’autres types d’actions, car chaque type présente des avantages et des inconvénients. Dans ce cas, il est clair que nous atteignons un bon rapport coût/efficacité. VillaDaily est moins spectaculaire et attire moins l’attention des médias mais, d’autre part, ne requiert pas de capacité supplémentaire et de longs préparatifs. La souplesse et la flexibilité sont des atouts.”

STATIQUE MAIS TRANSFRONTALIER

Le principe de VillaDaily a été testé pour la première fois (et approuvé) au sein de la zone de police Vlas (Courtrai/ Kuurne/Lendelede). Le commissaire Filip Devriendt y coordonne les opérations. “Chaque jour (et nuit), nous déployons plusieurs équipes de deux policiers d’après la norme VillaDaily, à savoir deux heures à un endroit sélectionné stratégiquement. À première vue, le caractère ‘statique’ des actions VillaDaily peut paraître monotone pour notre personnel et assez transparent pour ceux qui veulent nous éviter, mais il a également ses avantages. Les équipes peuvent davantage se focaliser sur les agissements suspects dans un quartier et contrôler de façon plus ciblée les ‘passants occasionnels’ (voir encadré ci-dessus). Pour ceux qui cherchent un butin, cette présence de bleu dans les rues a une fonction dissuasive. En matière de perception auprès du citoyen, nous constatons également un effet favorable. Nous observons que les riverains perçoivent de plus en plus nos policiers dans ‘leur’ quartier comme des interlocuteurs, ce qui peut nous fournir des indications utiles.”

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AGISSEMENTS SUSPECTS ? COURTRAI – Dans le cadre de VillaDaily, la police se concentre principalement sur les ‘agissements suspects’. “Récemment, dans un quartier résidentiel, des collègues ont contrôlé en journée une voiture immatriculée en France avec quatre ‘gens du voyage’ à bord. Ce quartier était dépourvu d’activité économique et les passagers n’y avaient ni parents ni connaissances. En bref, à défaut d’explication sensée, leur présence à cet endroit était suspecte”, nous explique Devid Camerlynck. En matière de criminalité transfrontalière, on pointe souvent un doigt accusateur vers les auteurs du Nord de la France, mais la police ne doit pas pour autant intercepter sans raison tout véhicule portant une plaque d’immatriculation française. Chaque jour, 13 000 travailleurs français franchissent la frontière pour gagner leur vie en Flandre occidentale … Le défi consiste donc à distinguer le bon grain de l’ivraie. C’est dans cette optique qu’au lancement de VillaDaily, le procureur du roi de Courtrai a émis une directive du parquet indiquant des points de repère. Outre l’effet dissuasif, l’enjeu est que les constatations d’agissements suspects (qui, quand, numéro de plaque, etc.) parviennent dans les banques de données policières (BNG) afin de pouvoir être utilisées par la suite pour d’éventuelles enquêtes.

Certes, une patrouille statique ne peut pas changer grand-chose, mais si elles sont vingt-quatre… “En plus des six zones de police de l’arrondissement de Courtrai et de la police de la route de Flandre occidentale, les zones de police voisines du Hainaut, d’Ypres et les services de police du Nord de la France (Douai) ont également rejoint le projet”, nous explique Devid Camerlynck. “En journée, il y a parfois jusqu’à vingt-quatre équipes sur le terrain, et une douzaine la nuit. Cette coopération est unique. Le Centre d’information et de communication (CIC) de Flandre occidentale coordonne la communication radio. Chacun entend

ce que font les autres, ce qui favorise la motivation.”

“C’est exact”, affirme Filip Devriendt. “De plus, la multitude d’actions VillaDaily dans les hot spots de notre région frontalière a un effet dissuasif. Les différentes patrouilles statiques forment en quelque sorte un ‘réseau bleu’ entourant les axes routiers spécifiques ou les voies d’accès. En cas d’incident, les équipes peuvent rapidement se porter assistance. Cela augmente, par exemple, nos chances de barrer la route à des auteurs en fuite.” f 1

Projet Villa : Voir également Gros plan sur le projet villa dans l’Infodoc n° 176 d’août 2011.

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EXPOSITION

Images Ă conviction

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L’exposition ‘Images à conviction – police et photographie’ s’est tenue du 11 janvier au 11 mars au Grand Curtius à Liège. Le Musée de la police de Liège est à la base de cette initiative menée sous la direction artistique du Centre culturel de Liège – Les Chiroux. L’exposition était articulée autour de trois grands thèmes occupant chacun un étage du bâtiment. TEXTE Gwendoline Hendrick PHOTOGRAPHIE Jos Balcaen

LIEGE – La visite débute au troisième niveau consacré à ‘l’image de l’autorité’. On y retrouve, notamment, des portraits de policiers allemands en uniforme, des clichés pris à l’école de Moscou, d’anciens uniformes de la police communale de Liège et de la gendarmerie, une compilation de séquences vidéo de scènes de crime … Quelques armes sont également présentées ainsi que du matériel de maintien d’ordre ou encore un casque pare-balles du peloton anti-banditisme (PAB) de Liège utilisé dans les années 80. Une série de 40 portraits de policiers belges, signée Sébastian Schutyser, est également proposée. L’étage du dessous porte sur ‘l’indice

et la preuve’. A la sortie de l’ascenseur, un panneau rappelle que la photo n’a cessé d’être utilisée dans deux grands domaines policiers que sont l’identification et la preuve. Des images issues des archives (constituées de milliers de plaques photos) de la police fédérale sont exposées. On peut voir des scènes de crime, reconstitutions et autres autopsies. Des clichés réalisés par Corinne May Botz, une artiste américaine, mettent en lumière des scènes de crime miniaturisées reconstituées à partir de faits réels d’homicides, de suicides ou de morts accidentelles. La série ‘Evidence’ réalisée par Angela Strassheim, propose, quant à elle, des

images en noir et blanc prises dans des maisons où des homicides ont eu lieu et sur lesquelles apparaissent des tâches de sang révélées à l’aide de produit chimique (voir photo ci-dessous).

Enfin, ‘jour de police’ est le sujet du premier (et dernier) étage de cette exposition. Ce volet s’intéresse davantage au travail de proximité du policier. Une série intitulée, tout simplement, ‘Police’ est composée, à la fois, de clichés et d’un film alternant images et vidéo. Du troisième au premier, l’exposition a permis d’explorer des univers très variés. f

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TISPOL

28 délégations européennes sur la E17 à Rekkem Le jeudi 21 février 2013, la police fédérale de la route a organisé une vaste opération de contrôle le long de la E17 à hauteur du passage frontière à Rekkem. Au total, 126 poids lourds et 18 véhicules ont été soumis à un contrôle approfondi. La particularité de l’opération : des policiers issus de 28 pays européens étaient présents dans le cadre d’un projet d’échange de TISPOL, le réseau des polices de la route européennes. TEXTE Tine Hollevoet (CGPW) PHOTOGRAPHIE Jos Balcaen

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REKKEM – Quelque 30 policiers belges étaient sur le terrain. Plusieurs collègues français (police nationale et gendarmerie) et néerlandais (KLPD) ont participé activement à l’opération. Ils ont effectué des contrôles de vitesse, sur la conduite sous influence de l’alcool et/ou de la drogue et sur le port de la ceinture de sécurité. Une attention particulière était également accordée aux poids lourds (infractions aux temps de conduite et de repos, arrimage, surcharge, …). L’aspect judiciaire n’a cependant pas été oublié. Des contrôles ont été réalisés sur le trafic d’êtres humains, la drogue, l’immigration illégale et la criminalité transfrontalière en général.

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RÉSEAUX D’EXPERTS Un rôle important est attribué aux différents réseaux d’experts de la police fédérale de la route. Ces réseaux sont composés de membres de la police fédérale de la route (et depuis peu, de la police locale également) qui sont considérés comme des experts en la matière. L’objectif principal de ces réseaux est de rassembler ces spécialistes afin qu’ils puissent échanger leurs connaissances et leurs bonnes pratiques. Des opérations de contrôle ciblées sont également organisées dans l’ensemble du pays. De cette manière, leurs connaissances sont continuellement développées et ils peuvent, entre autres, transmettre celles-ci à leurs collègues dans leurs propres zone et poste. Les réseaux qui participent à l’action TISPOL sont les suivants : arrimage (présidente : Sofie Lenaerts), temps de conduite et de repos (président : Frédéric Martin), ADR (président : Xavier Devisscher), transports exceptionnels (président : Gert Bervoets) et transports de déchets (président : Erwin Verheuge).

Koen Ricour

28 délégations étrangères sont venues à Rekkem pour observer la façon de contrôler dans ces différentes matières en Belgique. Ces visites s’inscrivent dans le cadre d’un projet d’échange de plusieurs jours de TISPOL, le réseau des polices de la route européennes. 27 Etats-membres de l’Union européenne, plus la Norvège et la Suisse se rassemblent régulièrement et s’échangent de bonnes pratiques.

Depuis octobre 2012, le commissaire Koen Ricour, de la police fédérale de la route belge, est le président de TISPOL. Par cette fonction, il préside durant un an la plupart des réunions du réseau et représente TISPOL au sein de tous les organes européens. C’est aussi à lui que revient le rôle d’organiser, en mai 2013, le Road SafetyStrategySeminar. Selon Koen Ricour : “L’objectif est, au niveau européen, de faire diminuer le nombre de morts sur la route de minimum 50 % en 2020 par rapport à 2010. Nous souhaitons également stopper les criminels qui utilisent nos routes. Concernant ces matières, nous pouvons échanger de bonnes pratiques avec nos collègues européens au sein du réseau TISPOL. Tout comme la criminalité, l’insécurité routière ne connaît pas de frontières. Une collaboration européenne est donc plus que conseillée”. f

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RÉSULTATS - Nombre de poids lourds contrôlés : 126 - Nombre de véhicules contrôlés : 18 - 2 poids lourds ont été immobilisés sur le côté pour des infractions aux exigences techniques - Nombre d’infractions en matière de tachygraphe : 7 - Autres infractions : 18 (ADR, environnement, chargement, …) - Nombre de tests haleine : 104 (dont 1 positif) - Nombre d’excès de vitesse : 71 - La plus haute vitesse constatée : 171 km/h

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EGALITÉ ET DIVERSITÉ

Question de genre ...

Stefanie De Greef

Isabelle Diependaele

Un groupe de travail ‘genre’ a récemment vu le jour au sein de la police intégrée sous l’impulsion de Joëlle Milquet, vicepremière et ministre de l’Intérieur et de l’Egalité des chances. L’objectif ? Envisager une série de mesures visant à favoriser la diversité et l’égalité au sein de la police, et, plus particulièrement, à l’égard des femmes, lesquelles sont d’ailleurs encore peu représentées dans des fonctions de dirigeants. TEXTE Gwendoline Hendrick PHOTOGRAPHIE Lavinia Wouters

BRUXELLES – A l’occasion de la journée internationale de la femme, le 8 mars 2012, était organisé, au Sénat, un séminaire sur le thème ‘Les femmes et la police’. Il fut notamment question des atouts et des freins à la présence de femmes dans la police. Plusieurs tables rondes furent également organisées et des policières apportèrent leur témoignage au sujet de leur métier. C’est à l’issue de ce séminaire que la ministre de l’Egalité des chances et ministre de l’Intérieur, Joëlle Milquet, également

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Aujourd’hui, tout le monde peut porter la culotte

e.r.: E. Cobut - Direction

des relations internes

- Police fédérale-

rue Fritz Toussaint,

8 - 1050 Ixelles

présente lors de cette journée, a décidé de mettre sur pied une task force sur le genre. Ce groupe de travail est composé de représentants de la police locale (via la Commission permanente de la police locale) et de la police fédérale (avec, entre autres, la Direction du recrutement et de la sélection (DSR), le Service égalité et diversité (DSID), la Direction du service juridique, du contentieux et des statuts (DSJ) …). Le Centre pour l’égalité des chances, le cabinet de l’Egalité des chances ainsi que le Réseau des femmes policières belges (Womenpol) sont aussi associés aux discussions. “L’objectif de ce groupe est d’envisager, au travers d’un plan d’action, des mesures concrètes dans trois domaines à savoir l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, le soutien à la carrière des femmes (également pour les fonctions à haut potentiel) ainsi que le gender mainstreaming et gender budgeting1”, explique Stefanie De Greef, conseillère au sein du Service égalité et diversité de la Direction des relations internes (DSI) de la police fédérale. Cette notion de gender mainstreaming est définie par l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes comme “une stratégie qui a pour ambition de renforcer l’égalité des femmes et des hommes dans la société, en intégrant la dimension de genre dans le contenu des politiques publiques”. Le gender budgeting est une application de cette approche dans le processus budgétaire. Service égalité et diversité

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8 mars . Journée intern

ationale de la femme

.

02 554 41 32 dgs.d si.diversity@police.b e

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Les FonCtIons dIrIGeanTES PEU ACCESSIBLES AUX FEMMES ? Au sein de la police, la répartition en genre varie en fonction des catégories et des grades de personnel. “Au sein du cadre supérieur, les femmes sont cependant encore peu représentées”, souligne Stefanie.

Le plan d’action transmis à la Ministre de l’Intérieur concerne différents aspects et mesures. Il se veut dynamique et donc susceptible d’évoluer. La commissaire Isabelle Diependaele, chef du Service égalité et diversité nous livre deux exemples de mesures proposées. “La première prévoit que les différentes commissions (de sélection, d’évaluation) soient composées de personnes des deux sexes. La deuxième vise la sensibilisation des membres du

personnel. C’est ainsi qu’à l’occasion de la journée internationale de la femme, le Service égalité et diversité a élaboré une affiche ‘Aujourd’hui, tout le monde peut porter la culotte’. Cette affiche a été intégrée à une exposition de photos qui s’est tenue au complexe des Jardins de la Couronne du 8 au 11 mars 2013.” Cette exposition itinérante est disponible pour les entités de police qui souhaiteraient à leur tour travailler sur la sensibilisation à la diversité. f 1

Plus d’information sur le site de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes http://igvm-iefh.belgium.be

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LE MONDE POLICIER

Bonjour madame. Un e baguette lon gue et croustillante s.v.p.!

PA R I S

Mmm ... Je vois ça !

‘BEST OF’ DES AFFAIRES INSOLITES

Créée en avril 2008, la lettre hebdomadaire de la préfecture de police (PP) de Paris, PPRama, a célébré la nouvelle année en publiant le “best of” de ses histoires les plus insolites. Au rang des “plus dénudés”, deux jeunes touristes danois qui, pris d’une fringale au petit matin après une nuit blanche, quittent leur chambre d’hôtel vêtus de leurs seules chaussures pour se rendre dans une boulangerie avant de déambuler dans le quartier (août 2010). La palme du “plus audacieux” revient à un motard verbalisé pour excès de vitesse. Revenu 20 minutes plus tard sur le point de contrôle, il a, en toute discrétion, volé la souche du PV qui lui avait été dressé. Il a non seulement été arrêté, mais n’en a tiré aucun bénéfice: il s’était emparé d’un carnet de contravention vierge (mars 2009). “Le plus inconscient” aura été un motard circulant sur le périphérique à 190km/h un bras dans le plâtre (avril 2010). Pour la PP, “le plus rancunier” n’est autre que cet automobiliste qui, alors qu’on le verbalise, parvient à crever discrètement les pneus du véhicule des agents et à s’enfuir. Il sera interpellé lorsqu’il viendra récupérer sa voiture à la fourrière (mars 2010). Toujours sur la route, le “plus de points en moins” (en l’espèce 450 points) revient à un automobiliste flashé à 206 reprises au volant de sa voiture de fonction (mars 2010). L’affaire la “plus exotique” concerne le cadavre d’un python de 40 kilos et 3 mètres de long repêché dans la Seine (juillet 2012).

ARNAQUE AUX PÉAGES NARBONNE Une femme de 25 ans a été interpellée après avoir avait décrit ses méthodes dans l’émission télé Envoyé Spécial dans le sud de la France. Comment les services de police sont-ils remontés jusqu’à elle ? Le plus simplement du monde. Ils ont visionné le numéro d’Envoyé Spécial sur France 2, diffusé le 5 juillet 2012, dans lequel elle expliquait sa technique. Grâce aux indices divulgués dans cette émission, la police a en effet pu mettre fin à cette arnaque. Dans le magazine, elle expliquait sa méthode du ‘petit train’ au péage. Celle-ci consiste à passer la barrière sans payer en collant son véhicule à celui de devant. Grâce aux éléments contenus dans le reportage, notamment la marque et la couleur du véhicule, et à une collaboration avec ASF (données informatiques, vidéosurveillance), le véhicule a pu être identifié. La jeune femme et son compagnon, installés près de Narbonne (Aude), ont été interpellés sur l’autoroute A9, à hauteur de Sigean. Placé en garde à vue, le couple, sans emploi, a reconnu les faits. “Il y a 73 infractions constatées entre juillet 2012 et janvier 2013. Ce couple, allocataire du RSA, a expliqué la fraude par le manque de ressources dont il disposait.”

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OSLO

Point de référence BRUXELLES 12:00

NICOSIE

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LE MONDE POLICIER

LA POLICE D’OSLO PRIMÉE POUR SON HUMOUR SUR TWITTER

Preuve que le bras armé de l’Etat peut avoir la main légère, la police d’Oslo a été primée pour son humour sur le réseau social Twitter lors des Social Media Days, le rendez-vous annuel des médias sociaux en Norvège. “Avons été informés d’un tapage nocturne avec cris de femmes. Sur place, constatons fête d’infirmières. Quittons bientôt les lieux”: ces quelques caractères mêlant subtilement malentendus et sous-entendus ont valu à la police d’être distinguée lors de SMD 2013. Le compte Twitter du centre des opérations de la police d’Oslo (@ oslopolitiops) est extrêmement populaire - comptant près de 80 000 abonnés - pour ses messages utiles, informatifs mais aussi souvent légers. Plusieurs tweets ont été abondamment retweetés et commentés l’an dernier. “Un véhicule intercepté sur soupçon de conduite en état d’ébriété. S’est avéré être un Grec conduisant pour la première fois sur les routes hivernales norvégiennes”, écrivent ainsi les policiers le 26 décembre. Relatant les déboires et les nuisances causées par un cortège de mariage roulant au pas sur l’autoroute, ils précisent qu’un des véhicules subit une panne moteur : “Le chauffeur s’agenouille sur une couverture et commence à prier. Pas sûr que ça aide”. Le 5 septembre, la police rapporte aussi des plaintes visant un musicien de rue “qui ne joue qu’une seule chanson” depuis plusieurs mois à Majorstua, un quartier central d’Oslo. “La police sur place lui intime d’élargir son répertoire”. Rebelote trois jours plus tard: “Très calme aujourd’hui. Mais le musicien de Majorstua a remis le couvert. Une patrouille qui s’y connaît entre autres en accordéon dépêchée pour vérifier la qualité”.

AVEC UNE BOMBE AU COMMISSARIAT

Un homme a déclenché une alerte à la bombe dans un commissariat de Chypre en se présentant, sans le savoir, avec un engin explosif artisanal trouvé devant chez lui. Selon la police, l’homme de 33 ans a découvert un objet suspect sur la lunette arrière de sa voiture garée devant son domicile puis a décidé de l’amener dans un commissariat de Nicosie pour qu’il soit examiné par des experts. Il n’a pas fallu longtemps aux policiers pour déterminer qu’il s’agissait d’une bombe artisanale qui n’avait pas explosé et déclencher l’évacuation du bâtiment. “Il ne savait manifestement pas ce que c’était”, a-t-on dit de source policière. La bombe, confectionnée avec de puissants explosifs, a été désamorcée.

Cétait bien un e bombe ! ...

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AFFAIRES EN COURT

DES ANIMAUX SOUS LE KÉPI

75 AN S DE L’E SCOR T E R OYA L E À C H E VA L © Jos Balcaen

Près de

500 chiens

dans la police intégrée f

S A L O N D E L ’A U T O 2 0 1 3

Un village de la

Lancement

sécurité routière

DES FESTIVITÉS

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Félicitations à tous et rendez-vous l’année prochaine. Marc Normand CGPR

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ETTERBEEK – Le mercredi 30 janvier 2013, la commissaire générale de la police fédérale Catherine De Bolle a inauguré officiellement l’exposition ‘Des animaux sous le képi’. Cette exposition pour jeunes et moins jeunes montre la relation entre la police et les animaux. Un petit groupe d’enfants bruxellois a, à cette occasion, pu découvrir le monde des animaux policiers et de la protection animalière et ce, grâce à un jeu de table interactif. L’exposition ‘Des animaux sous le képi’ est organisée jusqu’au 26 juin 2013. Les visites, sur rendez-vous, sont gratuites pour les groupes (02/642.69.29 ou museum@polfed. be). Les visiteurs individuels sont les bienvenus les mercredis entre 9h et 12h et entre 13h et 17h ainsi qu'un dimanche par mois (voir www. policefederale.be). Le catalogue de cette exposition peut être consulté sur www.animauxsouslekepi.be. CGPW

© Jos Balcaen

BRUXELLES – C’est sur le thème du Village de la sécurité routière que le 91e Salon de l’auto, consacré aux véhicules utilitaires légers, aux véhicules de loisirs et aux motos, s'est tenu du 11 au 20 janvier dernier. Sous la bannière ‘La sécurité routière, notre engagement à tous’, la police intégrée, l’Institut belge pour la sécurité routière (IBSR) & le SPF Mobilité y ont abordé différents thèmes sur la sécurité routière. Comme chaque année, la voiture tonneau et le simulateur de conduite défensive à moto ont rencontré un vif succès auprès des visiteurs. Des tests permis de conduire sur ordinateurs ont permis aux participants de passer un ‘véritable’ examen théorique de conduite. Le SPF Mobilité, également partenaire du Village de la sécurité routière, a présenté le permis de conduire électronique et le certificat d’immatriculation à double volet. Quant à l’IBSR, il a présenté sa campagne ‘Go for Zero’, en insistant sur les attitudes et comportements que doivent adopter les citoyens pour améliorer la sécurité de tous. Et ce n’est pas tout… Plus de 3 500 personnes ont participé à un quiz organisé entre les différents partenaires pour gagner des stages de de maîtrise automobile. Quant aux enfants, en participant à un jeu sur la sécurité routière, ils ont pu passer leur premier ‘permis de conduire’ !

ETTERBEEK – Le ‘tea time’ qui a eu lieu le vendredi 1er février au sein du complexe Géruzet à Etterbeek marque le début officiel des festivités prévues à l’occasion du 75e anniversaire de l’Escorte royale à cheval. L’événement était destiné aux membres de la police fédérale à cheval en présence, notamment, de leur chef de service, le commissaire divisionnaire Benoit Van Houtte et du commandant de l’Escorte royale, le commissaire divisionnaire Pierre Jacobs. Ce dernier a dévoilé le programme des différentes activités prévues durant l’année et soutenues par les autorités du Palais royal. Ainsi, le 24 avril prochain, les membres de l’Escorte royale et leur partenaire seront invités à visiter les serres de Laeken en présence du Roi Albert II. L’Escorte royale à cheval sera également mise à l’honneur à l’occasion du 21 juillet. Traditionnellement, elle participe au Te Deum le matin et escorte le Roi et la Reine jusqu’au pied de la tribune royale peu avant le début du défilé l’après-midi. Cette année, les cavaliers de l’Escorte royale auront, en outre, l’occasion de défiler devant le Roi sur la place des Palais. Enfin, plusieurs délégations européennes de police à cheval seront également invitées afin de prendre part aux festivités de ce jour de fête nationale. Et Pierre Jacobs de conclure : “L’année 2013 sera définitivement placée sous le signe des 75 ans de l’Escorte royale à cheval”. G.H.

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AFFAIRES EN COURT

BREVET DE DIRECTION

Une nouvelle AVENTURE f ETTERBEEK – Le jeudi 20 décembre 2012, a eu lieu la cérémonie de remise des brevets de direction dans les locaux du complexe Géruzet à Etterbeek. L’événement s’est déroulé en présence de Joëlle Milquet, ministre de l’Intérieur, Catherine De Bolle, commissaire générale de la police fédérale, Jean-Marie Brabant, président de la Commission permanente de la police locale (CPPL), Jean-Marie Van Branteghem, directeur général de l’appui et de la gestion (DGS) de la police fédérale et des autres membres du Comité de direction élargi, ainsi que des acteurs qui sont intervenus durant tout ce processus. Après les félicitations de rigueur, ces derniers ont tous souligné le travail accompli et l’implication importante des candidats durant cette période intense de près de deux ans de formation au brevet de direction. Ils ont également insisté sur le rôle, les perspectives mais aussi les responsabilités de ces futurs managers de la police intégrée.

Manolo Tersago et Laurence Coppieters reviennent sur le long voyage parcouru jusqu’à l’obtention du brevet de direction.

Au départ, les candidats étaient 400 ; ils sont finalement 70 sur la ligne d’arrivée. Dans leur discours, les commissaires (commissaires divisionnaires en devenir) Laurence Coppieters de la zone de police Bruxelles-Capitale/Ixelles et Manolo Tersago, de la police judiciaire fédérale d’Anvers, deux des lauréats, ont comparé la formation au brevet de direction à un long voyage, à

“LE BREVET N’EST PAS UN SIMPLE DOCUMENT”

“Le brevet n’est pas un simple document”, a rappelé la commissaire générale, “il implique de grandes responsabilités”.

la fois éprouvant et très enrichissant. “Une expérience faite de moments forts, de plaisir, d’enthousiasme mais aussi de questions et de craintes… ”, ont-ils souligné. Leur brevet de direction en poche, les 70 futurs dirigeants sont désormais mieux armés afin de partir à la découverte de nouveaux horizons. Un voyage s’est terminé, une nouvelle aventure commence… G.H.

Remise du brevet de direction par la commissaire générale et le président de la Commission permanente de la police locale.

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AFFAIRES EN COURT

PL A N N AT ION A L DE S É C U R I T É 20122015

JOURNÉE D’ÉTUDE SUR L A CRIMINALITÉ ET LES NUISANCES

Journée d’étude

L’administration armée

à la police judiciaire fédérale f

f

L’approche intégrée passe par une coopération entre différentes autorités (communes, provinces…), la police locale et fédérale, le pouvoir judiciaire et les services spéciaux d’inspection. Tous ces acteurs étaient largement représentés lors de la journée d’étude, qui a attiré 60 participants. Les orateurs invités ont traité de différents aspects de l’administration armée. Une analyse stratégique sur le sujet a, par exemple, été exposée. D’autres interventions ont abordé l’approche des nuisances dans les cafés, magasins de nuits et phone shops dans les zones de police Wetteren/Laarne/Wichelen et Sint-Niklaas. Le procureur du Roi de Termonde s’est exprimé au sujet des ‘sanctions administratives communales’. Autre point au programme : le projet Nero qui, à Lokeren, promeut la restauration de la norme et la responsabilisation face au phénomène des nuisances provoquées par des jeunes. Pour terminer, une approche intégrée de la criminalité organisée aux Pays-Bas a été présentée. Pascal Vincke DCA Termonde

BRUXELLES – Le 21 janvier dernier, la police judiciaire fédérale a organisé une journée d’étude sur l’implémentation du nouveau plan national de sécurité (PNS) au sein de sa direction générale. Cette journée, axée également sur l’approche intégrée, a suscité l’engouement des directeurs judiciaires et de leurs collaborateurs ainsi que des directeurs coordinateurs et des membres de la Commission permanente de la police locale (CPPL), qui ont répondu nombreux à l’invitation. L’exposé de la méthodologie et du processus de développement des programmes en exécution du PNS 2012-2015 a marqué l’ouverture de la journée. A cette partie méthodologique a succédé la présentation des dossiers programmes, documents qui traduisent les priorités PNS de la DGJ en objectifs et en actions à mener. © Jos Balcaen

TERMONDE – Le 26 novembre 2012, la Direction de coordination et d’appui de Termonde a organisé une journée d’étude intitulée Approche administrative de la criminalité (organisée) et des nuisances. Celle-ci avait pour objectif de jeter les bases d’une approche intégrée de ce que l’on appelle ‘l’administration armée’. Cette notion (gewapend bestuur en néerlandais) englobe tout un éventail de moyens, tels que le fait de mener une politique communale de gestion des autorisations, d’effectuer un screening des secteurs économiques, d’appliquer des sanctions administratives communales (SAC) et de faire respecter les règlements de police. L’administration armée permet de dissuader les individus (potentiellement) à l’origine de nuisances ainsi que les criminels (personnes physiques ou morales), et d’agir face aux faits commis.

Ce sont tout d’abord les dossiers programmes dits 'transversaux' qui ont été présentés : les groupes d’auteurs polycriminels, le blanchiment et les techniques de recherche en matière d’utilisation de l’ICT par les criminels. La Direction générale de la police administrative (DGA), une première dans la démarche, a également été invitée à présenter le dossier programme migration développé par ses services. Tout au long des présentations, les managers de programme ont mis l’accent sur leur offre de service, sur les liens entre les dossiers programmes et sur leurs attentes envers leurs partenaires. L’après-midi a été plus interactive. Les participants ont pris connaissance des autres dossiers programmes de la DGJ à travers les workshops, dans une optique d’échange, à la fois entre les directions centrales et déconcentrées de la DGJ, mais également vis-à-vis des autres partenaires de la DGJ. Cette journée, qui a rassemblé plus de 200 personnes, a eu également le mérite de combiner les approches dynamiques et intégrées du PNS. Laurence Hubens DGJ

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AFFAIRES EN COURT

COMMISSION PERMANENTE DE L A POLICE LOCALE

Première réunion des chefs de corps francophones © Jos Balcaen

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NAMUR – Le mardi 19 février dernier, a eu lieu la première réunion des chefs de corps francophones, organisée dans les locaux de la zone de police de Namur. Une soixantaine d’entre eux (sur 72) avait répondu présent à cette invitation lancée par la Commission permanente de la police locale (CPPL). Cet après-

midi fut l’occasion, pour les membres de la CPPL, de présenter l’organisation et son fonctionnement. La Commission permanente ambitionne de devenir un organe représentatif et plus uniquement consultatif, comme l’explique Jean-Michel Joseph, chef de corps de la zone de police de Mouscron et vice-président de

la CPPL pour la Wallonie : "nous voulons donner à la police locale le poids qu’elle mérite dans le paysage policier. Dans ce cadre, la CPPL peut constituer une belle courroie de transmission. Cependant, pour devenir un organe représentatif, et non plus uniquement consultatif, la Commission permanente a besoin de la force de sa base". Elle doit également pouvoir compter sur une structure de communication simple, mais efficace, organisée au niveau des arrondissements judiciaires, là où des plateformes régulières de rencontre entre chefs de corps existent déjà. A l’heure actuelle et en Wallonie, la CPPL ne dispose pas de relais personnalisés dans sept de ces arrondissements. Un des buts de l’événement namurois était donc de combler cette lacune. Jean-Michel Joseph poursuit : "nous annonçons qu’il y aura une vision, une feuille de route et la question que nous posons aujourd’hui aux différents chefs de corps présents est la suivante : peut-on compter sur vous, sur votre soutien ?". Enfin, la CPPL prévoit de réitérer ce type de réunion d’ici la fin de l’année. L’objectif serait donc de réunir les chefs de corps francophones deux fois par an afin d’aborder des préoccupations et sujets concrets liés au travail de la police locale. Les chefs de corps de la Région Flamande devraient initier ce type d’initiative d’ici peu. www.policelocale.be G.H.

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AFFAIRES EN COURT

P OL IC E DE L A N AV IG AT ION

BIENÊTRE ET PRÉVENTION

UNE POLITIQUE INTÉGRALE ALCOOL ET DROGUES SUR LES RAILS f

BRUXELLES – Le 6 février 2013, la Comité de direction de la police fédérale a organisé une journée thématique sur l’approche pratique de la politique intégrale en matière d’alcool et de drogues à la police fédérale, qui est d’application depuis novembre 2012. Une septantaine de directeurs et de chefs de service francophones et néerlandophones de la police fédérale y ont participé. La commissaire générale a assuré l’introduction de cette journée thématique. Les participants ont visionné une vidéo avec le témoignage d’un collègue, ex-alcoolique, et ont reçu des précisions dispensées par un expert externe sur l’alcool et les drogues. Divers orateurs ont ensuite expliqué la manière dont cette politique a été élaborée et les quatre piliers sur lesquels elle repose : les règles, les procédures, l’aide interne et l’information/la sensibilisation. La journée s’est terminée par un débat et un échange de questions-réponses.

Cela ne suggère, en aucun cas, qu’il existe aujourd’hui un usage important d’alcool ou de drogues au sein de l’organisation. Par cette initiative – à laquelle ont été associés les partenaires syndicaux – le comité de direction a surtout pour objectif de responsabiliser les dirigeants et collaborateurs et de prévenir des problèmes au travail. Si ceux-ci devaient surgir, malgré les mesures préventives, la politique prévoit les procédures destinées à aider un collaborateur en difficulté.

f OSTENDE – Depuis des années déjà, la police de la navigation a un contrat avec la société d’armateurs publique DAB Vloot, qui met actuellement à sa disposition trois bateaux de police et leur équipage en vue de missions de patrouille, de contrôle et d’intervention. Deux de ces embarcations, le SPN09 et le SPN15, sont utilisées au littoral. La troisième, le SPN14, est de service sur l’Escaut à Anvers. Ces embarcations sont également souvent utilisées pour mener à bien des opérations de sauvetage à la côte. Aussi, les 42 embarcations de la DAB Vloot ont toutes été équipées de défibrillateurs, et 400 des 470 membres du personnel de la société ont reçu une formation spéciale dans ce cadre. Le 7 janvier 2013, un premier groupe de 15 membres de la police de la navigation a suivi, à Ostende, une formation portant sur la sécurité générale à bord et l’utilisation des défibrillateurs (DEA). Un défibrillateur externe automatique ou DEA est un appareil portatif permettant d’administrer des chocs électriques à une personne présentant des troubles du rythme cardiaque susceptibles d’entraîner la mort. Le DEA analyse le rythme cardiaque de la victime et détermine automatiquement s’il faut lui envoyer un choc électrique. En Belgique, de nombreuses personnes sont chaque jour victimes d’un arrêt cardiaque en dehors de l’hôpital. Seuls 7 % d’entre elles survivent. Or, une victime qui est ranimée dans un délai de 3 à 4 minutes et se voit administrer une décharge électrique au moyen d’un AED a jusqu’à 70 % de chances supplémentaires de s’en sortir. Ce procédé permet donc, d’une part, d’augmenter sensiblement les chances de survie des victimes et, d’autre part, d’accroître le nombre de personnes capables d’apporter des premiers soins. © Jos Balcaen

Le Comité de direction de la police fédérale veut, par le lancement de cette politique, mettre l’accent sur une approche préventive forte. La politique établit, en premier lieu, un cadre général. Elle offre ensuite aux dirigeants un certain nombre d’outils afin de prendre la décision la plus juste possible. C’est ce genre de décision qui doit préserver les collègues des conséquences d’un usage d’alcool ou de drogues dans le cadre du travail.

Une organisation qui a du cœur

Filip Schamp SPN

© Jos Balcaen

David Van den broeck & S.D.

La commissaire générale de la police fédérale, Catherine De Bolle, a assuré l’introduction de cette journée thématique.

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Au Salon des vacances

© CGPR

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ABUS SEXUELS D’ENFANTS SUR INTERNET © Lavinia Wouters

R E L AT ION S P U B L I Q U E S

inforevue 012013

AFFAIRES EN COURT

CONFÉRENCE DE CLÔTURE DU PROJET CIRCAMP f

BRUXELLES – Les portes à peine ouvertes qu’une foule nombreuse déambulait chaque jour dans les allées du Salon des vacances. Sur le stand de la police intégrée mis en place par le Service des relations publiques de la police fédérale, l’intérêt du public ne s’est jamais démenti : la ZP Bruxelles/CapitaleIxelles était enthousiaste de partager son expérience et ses connaissances en matière de prévention contre les intrusions à domicile. La police aéronautique (DGA/LPA) répondait présente elle aussi à ce rendez-vous annuel. Outre une information généreuse liée à son métier de base, la présence d’un maître-chien au cours du week-end était pour la plupart une vraie surprise, tant la docilité et le calme de ce chien policier ont impressionné. Et plus de 700 personnes se sont essayées à un quiz en vue de prolonger leur intérêt pour la police par le gain d’un abonnement annuel à Inforevue ! André Daniel CGPR

LIEGE – Depuis avril 2011, la police fédérale belge assurait la présidence du projet européen CIRCAMP qui lutte contre les abus sexuels d’enfants sur internet. CIRCAMP signifie Cospol Internet Related Child Abusive Material Project. Du 25 au 28 février 2013, les 13 Etats-membres participants, Europol et Interpol se sont réunis à Liège afin de clôturer le projet et d’en présenter les résultats. Le projet a débuté en avril 2011 et se termine en avril 2013. 400 000 euros lui sont consacrés dont 80 % proviennent de la Commission européenne et 20 % de la police fédérale belge. Il est développé dans 27 Etats-membres de l’Union européenne mais, au sein du projet, 13 pays sont impliqués dans l’organisation et la coordination. Europol et Interpol apportent un appui important. Ces 13 pays sont la Belgique (en tant que pilote), le Danemark, la Finlande, la France, l’Allemagne, l’Irlande, l’Italie, Malte, les Pays-Bas, la Norvège, l’Espagne, la Suède et le Royaume-Uni. CIRCAMP vise spécifiquement les ‘high profile users’. Afin d’atteindre ce genre d’utilisateurs, des paramètres ont été mis au point, tel qu’un nombre minimum de chargements et de téléchargements dans un temps défini. De plus, les images doivent concerner avec certitude des mineurs impliqués dans une activité sexuelle. Ce groupe cible

a été choisi afin d’exclure d’éventuels ‘usagers fortuits’. Le projet a suivi 424 ‘high profile’ potentiels. 313 d’entre eux ont été déclarés suspects. 131 personnes ont été arrêtées et certaines d’entre elles condamnées. Actuellement, des enquêtes judiciaires sont encore en cours sur des ‘high profiles’ identifiés comme suspects et, dans un deuxième temps, à l’encontre des contacts de ces suspects. Ces enquêtes sont de nature complexe et les cercles autour des suspects sont souvent très larges. De plus, les enquêteurs sont de plus en plus confrontés à de très grandes quantités d’images qui doivent être analysées. Elles le sont d’abord en tant que preuves matérielles mais elles permettent ensuite, et c’est le plus important, de retrouver d’autres victimes inconnues. Une conclusion importante : "La collaboration policière internationale est une absolue nécessité si nous ne voulons pas perdre la lutte contre ce phénomène", déclare le commissaire Yves Goethals, du Service central traite des êtres humains de la police judiciaire fédérale (DGJ/ DJP/TEH) et président de CIRCAMP. CGPW

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AFFAIRES EN COURT

CONCOURS INFOREVUE

LES GAGNANTS SONT CONNUS ! f

BRUXELLES – Vous avez été 60 à participer au concours annuel lancé dans le dernier numéro de votre Inforevue (04/2012). Au total, 46 abonnés ont répondu correctement aux six questions. Pour avoir l’occasion de remporter un des cadeaux mis en jeu, il fallait envoyer les réponses suivantes :

Question 5 : Quel est le nom de l’asbl qui défend les intérêts du personnel policier LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) ? Rainbow Cops Belgium (à lire dans les affaires en court, Inforevue 01/2012, p. 49)

Question 1 : Quelle est la plus célèbre Body Farm des Etats-Unis ? La ferme de Knoxville (voir l’article sur la collaboration entre le DVI et le monde scientifique dans l’Inforevue 03/12, p. 35)

Question 6 : Que signifie l’abréviation ‘SACEUR’ ? Supreme Allied Commander in EURope (à lire dans l’article sur la police fédérale auprès du Shape dans l’Inforevue 04/12, p. 33).

Question 2 : Avec quel service étranger la PJF d’Anvers a-t-elle collaboré pour ‘faire tomber’ Riccardo Fanchini ? La DEA (Drug Enforcement Administration, voir l’article au sujet de la coopération policière internationale dans l’Inforevue 04/12, p. 9). Question 3 : Replacez ces photos dans leur contexte et dites-nous à quelles occasions elles ont été prises.

1/ Radar- flashé, photo prise lors du Graspop Metal Meeting (Inforevue 03/12, p 5) 2/ Photo prise dans le cadre de l’article sur la criminalité automobile (voir Inforevue 02/12, p. 14). 3/ Radar-flashé, photo prise lors d’un entraînement des unités spéciales de la police fédérale (Inforevue 01/12, p 5) 4/ Photo prise dans le cadre de l’article concernant la police fédérale auprès du Shape (Inforevue 04/12, p. 32). Question 4 : Quelle zone de police assure une permanence une fois par mois sur Twitter ? La zone de police de Malines (voir l’article sur la police et les médias sociaux dans l’Inforevue 02/12, p. 40).

Voici la liste des gagnants : Lucien Halin de Wellin et Marinus Geerts de Turnhout remportent tous les deux un porte-documents en cuir. Les abonnés suivants remportent une clef USB : Johan Van Langenaert d’Audenarde, Daniël De Godt de Dilbeek, Ludovic De Mulder de Geraardsbergen, Joël Filleur de Bruxelles, Sandrine Geoffroy d’Anhée, Dieter Vandenbussche d’Oudenburg, Johan Allaert de Lichtervelde, Charles Deville de Belgrade, Michel Gillardin de St-Léger et Thomas Herens de Bolland. Des bols à soupe sont offerts aux personnes suivantes : Jacques Vanderlinden d’Erpent, Joeri Van Mulders de Baardegem, Jacques Aerts de Montigny-le-Tilleul, Ive Compagnie d’Heist-op-den-Berg, Philippe Durant d’Ath et Robert Linsingh d’Houthalen. Les abonnés suivants recoivent une souris en peluche : Geert Deseyne d’Adinkerke, Philippe Ruht de Verviers, Christian Gremling de Liège, Jean-Paul Vandeville de Mettet, AnneSylvie de Pin et Wendy Blommaert de Belsele. Trois BD ‘Flikken’ sont offertes à : Patrick De Poortere de Ledegem, Laurent Gys de Kieldrecht et Bjarne Broux de Tielt. Enfin, les recueils de nouvelles policières sont remportés par : Thierry Maurer de Nivelles, Pierre Arnould de Forge-Philippe et Jean-Philippe Tresca de Châtelineau. Bravo à tous ! La rédaction

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F E E D B AC K Un retour sur les éditions précédentes d’Inforevue. EN C ADE AU

Un bloc-notes pour les abonnés

Boutefeux ou Fort-Knox ? L’article sur la sécurité des salles d’armes et de sécurité des services de police, publié dans l’Inforevue de décembre dernier suite à un reportage à la zone de police d’Ath, a porté ses fruits. "J’ai été contacté par différentes zones, dont celles de Bruges, de Gaume, du Tournaisis et Flowal. J’ai pu aider certains collègues et conseillers en prévention pour faire changer des choses qui paraissent évidentes, mais auxquelles on ne pense pas forcément, comme sortir systématiquement en service avec une balle dans la chambre de l’arme, par exemple", déclare Olivier Raulier, auteur de l’étude sur ce sujet.

BRUXELLES – Vous l’aurez remarqué en page 54, Pol fait une pause dans ses enquêtes et revient, l’espace d’un numéro, à ses traditionnelles turpitudes. Dès le mois de juin prochain, il sollicitera à nouveau votre vigilance pour l’aider à résoudre une énigme. La suspecte dans la bande dessinée précédente était la demoiselle déguisée en mère Noël. La victime tient en effet en main une partie de la fermeture éclair de son costume.

Vous avez été très nombreux à nous envoyer la bonne réponse. Suite à un tirage au sort, les dix abonnés suivants remportent une veste �luo Inforevue : Pierre Maurer de Nivelles, Didier Gilbert de Gilly, Frank Iacopucci de Heule, Joël Delbart de Jumet, Chris Serlet de Jabbeke, Jean-Paul Vandeville de Mettet, Danny De Vlieger de Lichtervelde, Kristof Celie de Gand, Séverine Doppagne de Micheroux et Sven Verdonck de Geel. inforevue 042012

SALLES DES ARMES ET DE SÉCURITÉ

Boutefeux ou Fort-Knox ? “Nous côtoyons parfois le risque sans nous en rendre compte”, estime le commissaire divisionnaire Frédéric Pettiaux. Raison pour laquelle, en sa qualité de chef de corps de la zone d’Ath et de spécialiste en maîtrise de la violence avec arme à feu, il a soutenu son directeur du personnel et de la logistique, Olivier Raulier, dans l’élaboration d’un travail de fin d’étude sur la sécurisation des salles d’armes et de sécurité des services de police. Résultats : une analyse pointue, un plan d’actions et un outil de travail qui peut être mis à la disposition du plus grand nombre. TEXTE Benoît Dupuis

loppée peut être appliquée partout et adaptée à chaque situation locale.�

Le travail de fin d’études comprend notamment une série de fiches de bonnes pratiques avec de nombreuses illustrations.

vention, d’un inspecteur principal spécialisé en maîtrise de la violence et du directeur des opérations de la zone. Ensemble, ils ont travaillé sur base de la méthode d’analyse du risque Kinney (voir encadré).

Cette méthode associe trois paramètres : la probabilité de survenance d’un événement dangereux (P), la fréquence d’exposition au risque (F) et les conséquences possibles, la gravité (G). La combinaison de ces indices permet d’attribuer une cote indicative du caractère critique du risque (C).

�Au final, obtenir une salle d’arme

Si vous êtes intéressé(e), vous pouvez sécurisée dépend de la volonté de la contacter Olivier Raulier par téléligne hiérarchique, de l‘autodiscipline phone au 068 26 62 66 ou par mail à des membres du personnel, mais aussi l’adresse raulier.o@policeath.be. f de facteurs initiés par les organes de contrôle interne de la police intégrée", conclut le conseiller en prévention. 1 Base de l’armée amécaine qui garda longtemps la réserve d’or des Etats-Unis. �La méthode d’analyse que j’ai déve-

C >400

Risque très important, il faut considérer l’arrêt de l’exploitation

200 < C < 400

Risque important, la correction immédiate s’impose

70 < C < 200

Risque substantiel, une correction s’impose

20 < C < 70

Risque possible, traitement indiqué acceptable

C < 20

Risque peu important, peut être acceptable

En attendant la prochaine énigme, les abonnés reçoivent en cadeau avec ce numéro un petit bloc-notes.

Inforevue étant votre magazine, vos remarques, commentaires ou propositions d’articles sont toujours les bienvenus via inforevue@police.be, la page Facebook http:// www.facebook.com/groups/polsupportfr/ ou le compte Twitter @Polsupport_F.

Caractère criti- Positions à que du risque prendre

QUELS RISQUES ?

La phase d’observation au sein de la police d’Ath a mis en évidence un certain nombre d’éléments à améliorer. Parmi ceux-ci figuraient l’emplacement du cylindre de déchargement des armes, mais aussi l’absence d’ergonomie du poste de travail. Exemples de questions à se poser : la hauteur de la table sur laquelle repose le système de déchargement est-elle suffisante ? Est-ce adapté tant pour un gaucher éclairé ? �La salle des armes a été que pour un droitier ? Est-ce assez réaménagée, en tenant compte des risques potentiels de ricochets si un coup de feu partait accidentellement", explique Olivier Raulier. �Nous avons également pointé la problématique des armes mal fixées au ceinturon. Un pistolet qui tombe sur le sol peut déclencher un tir ou se détériorer. Nous tendons donc vers une standardisation et une modernisation de l’équipement. Nous avons ainsi intégré dans notre plan d’actions des mesures pour que les armes individuelles ne Olivier Raulier puissent se détacher du ceinturon.�

LA MÉTHODE KINNEY

"La méthode Kinney doit être appliquée de manière participative, car elle est subjective. Vous cotez personnellement chaque paramètre. Vous ne pouvez donc vous limiter à l’avis d’une seule personne. C’est la moyenne de tous les scores qui vous donne l’indice final", explique Olivier Raulier.

PHOTOGRAPHIE Jos Balcaen

ATH – � Chaque corps de police dispose d’une salle où sont entreposées les armes collectives et individuelles, les munitions… Mais ces lieux sontils sûrs ? Ce fut le point de départ de ma réflexion�, explique Olivier Raulier, consultant à la zone de police. Il a suivi une formation au CERIA, à Anderlecht, pour obtenir un diplôme de conseiller en prévention. Pour son travail de fin d’études, intitulé La salle des armes et de sécurité des services de police. Boutefeux ou Fort-Knox1 ?, il a analysé avec rigueur la situation au sein de sa zone de police. Le directeur du personnel et de la logistique a, pour cela, mis sur pied un groupe de travail composé d’un conseiller en prévention, du chef de corps, d’un inspecteur principal du service inter-

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Le plan d’actions ‘salle des armes et de sécurité’ va ainsi entraîner une modification du plan global de prévention et du plan d’actions annuel de prévention de la zone de police. Les priorités en la matière seront fixées par le groupe de travail en fonction de la hiérarchisation des risques et des impératifs légaux.

Bonne lecture ! 29

La rédaction

MAGAZINE DE LA POLICE INTÉGRÉE

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