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MAGAZINE DE LA POLICE INTÉGRÉE
Cold case : l’ADN pour une perpétuité Qui est le premier ‘Invité’ ?
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les voleurs visent le luxe 17/03/14 14:41
L’Inforevue est une publication de la Direction des relations internes (DSI) de la police fédérale
Rédacteur en chef: Benoît Dupuis Rédaction: Julie Caby, Stefan Debroux, Renato Guion, Gwendoline Hendrick, Saskia Van Puyvelde Lay-out et photographie: Jocelyn Balcaen, Caroline Chaidron, Emmanuelle Glibert, Karolien Snyers, Lavinia Wouters Dessins: Didier Castenholz , Ruben Accou Traductions: Service traduction du DSEK Service de communication interne Imprimerie: Goekint Graphics 059 51 43 43 Editeur responsable: Eric Cobut - Avenue de la Couronne 145A 1050 Bruxelles Relations publiques et abonnement: Laurence Slachmuylders, Avenue de la Couronne 145A - 1050 Bruxelles Tél. 02 642 65 32 - Fax 02 642 60 97 Tarif d’abonnement: Belgique et autres pays: 10 euros Facture justificative: 1,25 euro pour frais d’administration et d’envoi. Un abonnement à Inforevue, le magazine de la police intégrée, donne droit à quatre numéros et est automatiquement prolongé sauf avis contraire avant le quatrième numéro. Tous droits réservés. Dit magazine verschijnt ook in het Nederlands. Teamware: _DGS/INFOREVUE E-mail: inforevue@police.be ISSN: 1780-7638 La rubrique ‘Bib’ est réalisée par le Centre de documentation et de connaissances policières (DGS/DSEK).
www.polimagery.be
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Pour la Caserne Dossin – mémorial, musée et centre de documentation sur l’Holocauste et les Droits de l’Homme –, pouvoir participer à la formation des policiers est un privilège. Voilà une collaboration qui peut paraître étrange : n’est-il pas excessif d’associer une telle formation à un musée dédié à l’extermination de six millions de Juifs ? En réalité, les Droits de l’Homme tels qu’ils y sont abordés peuvent s’intégrer dans la formation policière. En effet, ce musée s’intéresse non seulement à l’Holocauste en Belgique, mais aussi à la pression du groupe et à la violence de masse. Or, nos policiers ne sont-ils pas confrontés à ces deux phénomènes, que ce soit au contact des tensions présentes dans la société, ou au sein même de l’organisation ? C’est là tout l’objet de la partie de la formation organisée avec la Caserne Dossin. La police se caractérise par une hiérarchie interne et un degré élevé de discipline. Au nom de l’État, elle peut recourir légalement à la force lorsque c’est nécessaire. Le policier est donc doté d’une arme de service et d’une matraque, mais aussi d’un uniforme et d’un matricule, si bien que son individualité est formellement et visiblement subordonnée à sa fonction. Si l’habit fait l’homme, qu’en est-il de l’uniforme ? Un corps armé se doit d’agir avec prudence. La police exerce en effet un pouvoir sur des personnes qui, seules ou en groupes, se trouvent dans une situation difficile et peuvent se montrer agressives. De plus, la société elle-même est mise sous pression en raison de facteurs tels que la pauvreté, la migration et le multiculturalisme. La police doit donc faire face à une tension entre ‘nous’ et ‘eux’. Dès lors, elle doit veiller à ne pas tomber dans une polarisation croissante et dans une habitude de la violence. Cette dérive est toutefois insidieuse. Il s’agit en outre d’un phénomène de groupe qui dépasse le niveau de l’individu et est, de ce fait, difficilement détectable en tant que tel. Mieux comprendre des phénomènes tels que la pression du groupe et la violence est nécessaire pour prendre conscience du fait qu’en tant que corps, on doit parfois corriger le tir et rester vigilant. À Dossin, nous nous intéressons à la participation de policiers aux rafles de 1942. Il est toutefois important de comprendre pourquoi ces policiers, qui étaient la plupart du temps des citoyens normaux et bien-pensants, ont franchi ce cap. Si la violence exercée était exceptionnelle, les mécanismes qui ont amené ces individus à commettre de tels actes l’étaient beaucoup moins. On les retrouve dans d’autres contextes ; ils varient en intensité mais suivent un même modèle. En même temps, on voit très bien la marge dont ils disposaient pour dire ‘non’ pour tenter de contrer cette violence. Et ce, même en temps de guerre. Une meilleure compréhension de ces mécanismes conduit à une plus grande vigilance. Elle permet d’intervenir et de réagir à un moment où le comportement inadapté paraît encore ‘innocent’. Cette démarche contribuera en outre à ‘affiner’ la culture policière et aidera le corps de police à rester un serviteur de la démocratie et des Droits de l’Homme, quelle que soit la difficulté des défis à relever. En effet, contrairement à ce que l’on a pu observer durant la Deuxième Guerre mondiale, ces deux principes jouent, sur le plan idéologique, un rôle fondamental dans le fonctionnement de la police belge.
Prof. Dr. Herman Van Goethem (Université d’Anvers) Conservateur du musée de la Caserne Dossin
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sommaire
HOLOCAUSTE, POLICE ET DROITS DE L’HOMME “Faire retentir la sonnette d’alarme!” COLD CASE ET SUCCESS STORY L’ADN a parlé
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ARDENNES BRABANÇONNES Entre basse énergie et Feng Shui DES PRIX À PROFUSION La qualité en bleu
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IMMIGRATION Eurosur: visualisation des flux migratoires
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FACE TO FACE Faut-il généraliser l’usage des bodycams ? CRIMINALITÉ AUTOMOBILE En…quête d’identification
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L’INVITÉ Dites-nous, Thierry Dierick… GESTION DES ÉVÉNEMENTS À LA ZP SEMOIS ET LESSE La prévention annonce la couleur
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rubriques
34 Nouvelle rubrique: l’Invité
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Radar...2
Eurêka !...32
Out of office...31
Feedback...53
Historia...7 Casus...25
Le monde policier...40
Les affaires en court...42
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10 L A POLICE EN CHIFFRES
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En 2013, 810 vols de câbles de cuivre ont été constatés sur le domaine ferroviaire belge pour 1 362 vols en 2012. Cette diminution importante (-40,5 %) est le résultat de différentes opérations ciblées organisées dans le cadre du plan d’action national contre les vols de câbles.
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Le vrai blason d’un policier se trouve sur son visage. Son sourire, sa motivation et son envie d’aider doivent le représenter avant tout!” Marcel Staelen, chef de corps de la zone boraine, la Dernière Heure, 23 janvier 2014
BIB
E-RÉPUTATION : STRATÉGIES D’INFLUENCE SUR INTERNET Internet est devenu le lieu par excellence de la fabrication de l’opinion publique. Politiques, entreprises, acteurs de la société civile et particuliers s’y pressent pour faire valoir leurs positions. Cette bataille pour accéder à la visibilité est au coeur des stratégies d’influence sur Internet. Cet ouvrage présente les stratégies et les techniques de l’E-Réputation. Veille d‘image ? Référencement ? Community Management ? Stratégie de présence Facebook, Twitter, Wikipedia ? Indicateurs de pilotage ? 26 cas d’écoles illustrent concrètement les mécanismes de l’influence digitale, notamment : SNCF, Greenpeace, GDF Suez, Starbucks, Obama, Wikileaks, l’affaire Kerviel, H&M … INFO E-réputation : stratégies d'influence sur Internet / FILLIAS, Edouard, Auteur; VILLENEUVE, Alexandre, Auteur; KOSCIUSKO-MORIZET, Pierre, Auteur. Paris : Ellipses, 2013. - 325 p.
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tweetwall @PoliceCharleroi La police locale de Charleroi est dès à présent sur Twitter. A très bientôt. #policecharleroi
@DCANAMUR
W E B WAT C H
La Ville de #Namur, la police locale et l’HORECA s’engagent à collaborer pour une animation nocturne de qualité http://www.namurbynight.be
@policecomines
STATISTIQUES CRIMINELLES Depuis le début de cette année, les statistiques de criminalité peuvent être visionnées, sur le site de la police fédérale, à l’aide d’un nouvel outil dynamique, interactif et professionnel. Grâce à une série de tableaux, de cartes, de graphiques, les visiteurs peuvent consulter les données relatives à certains phénomènes (vols de voiture, cambriolages, vols de vélos, violence intrafamiliale, etc.). Il est, par exemple, possible de constater sur une ligne graphique l’évolution d’un phénomène sur plusieurs mois ou années. INFO www.stat.policefederale.be
76 % des conducteurs sont stressés au volant. Quelques conseils pour une conduite détendue (ESP) http://ow.ly/t24Ew
@Polsupport_F
[PolNews] Formation Supra dispatching à la DCA Charleroi - http://youtu.be/ehREHkeDC9k avec @PoliceMariemont #radio #D3
@ZPLesseLhomme
Attention : des faux policiers sévissent actuellement dans la région de Rochefort. La vigilance s'impose ! http://www.zp5313.be/nos-reponses-a...
@HELI_FEDPOLFED
Mouscron : les policiers ont démantelé un trafic de drogue à l'aide d'un hélicoptère (+ vidéo) http://tinyurl.com/pg2cnbj
@PoliceMariemont
SUR LE VIF
Entré comme agent à la police communale en 1995, Philippe Scheirlinckx a, petit à petit, gravi les échelons de la hiérarchie. Après un passage à la recherche locale, il devient commissaire, et endosse les responsabilités de chef de poste au commissariat de Charleroi centre. Plus récemment, Philippe a été promu à la fonction de directeur des opérations de la zone de Charleroi. Convaincu que la motivation est essentielle dans le travail policier, il connaît bien les spécificités de nombreuses fonctions pour les avoir lui-même exercées par le passé. Philippe apprécie particulièrement son poste actuel qui lui permet d’être à la fois manager et homme de terrain.
Arnaque au SMS : attention, les Wangiri sont de retour et peuvent vous coûter cher http://fb.me/2PdAAT2RO
@ZP5327
La somnolence tue sur la route : quand faut-il s'arrêter ? http://fb.me/17eHT6JQW
@CEPOL_BELGIUM
AEPC Calendar 2014 has been published : https://www.dropbox.com/s/59340isvj3ea … For more info: international.training@police.ac.be
@Europol_EU
Europol and FBI discuss cooperation on countering international organized #crime and #terrorism https://www.europol.europa.eu/content/ europo...
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Après Bob Une action de contrôle a été organisée sur le parking d'autoroute E411, à Hingeon, dans la nuit du 4 au 5 février 2014. L’occasion de démontrer que les contrôles routiers ont lieu toute l’année, et pas seulement lors de la campagne Bob. Au cours de celle-ci, qui s’est étalée sur huit semaines (du 29/11/2013 au 27/1/2014), 342 547 personnes ont dû souffler. 3,2 % des conducteurs étaient positifs, soit une légère augmentation par rapport à l’an dernier (2,94 %).
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RAPPORT ANNUEL DURABLE Le 3 décembre 2013, l’Institut belge des réviseurs d’entreprises (IRE) décerne le quinzième prix du Best Belgian Sustainability Report. La police locale de Sint-Pieters-Leeuw remporte le prix pour son rapport (annuel) socialement responsable. Vous pouvez consulter le rapport annuel sur www.lokalepolitie.be/ sint-pieters-leeuw.
UN DRONE POUR LE CARNAVAL Du 2 au 4 mars, la zone de police de Binche-Anderlues utilise un drone pour "couvrir l'événement et les champs de vision qui ne sont pas couverts par les caméras urbaines", selon Thierry Meunier, chef de corps. Le jour du Mardi Gras, l’événement attire 100 000 personnes dans la cité hennuyère. En plus du drone, 430 policiers assurent la sécurité de l’événement.
BO, CHIEN DROGUE ACTIF Le 17 février, la zone de police d’Anvers présente Bo, son nouveau chien drogue âgé de dix-neuf mois. Bo, et son maître Kris, sont désormais opérationnels. En tant que chien drogue actif, le flair de Bo sera mis à contribution pour la recherche de stupéfiants dans des bâtiments, des véhicules et sur des terrains.
PATROUILLES À CHEVAL Le 18 février 2014, à Rochefort, la zone de police Lesse et Lhomme signe un protocole d'accord avec la police fédérale, concernant la mise à disposition de patrouilles de policiers à cheval au profit de la zone de police. Composées de deux cavaliers, elles seront présentes tout au long de l'année, avec une prédilection pour les périodes touristiques.
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HISTORIA Réalisée par le Musée de la police intégrée, la rubrique Historia nous fait découvrir ou nous remémorer un événement, un personnage, une pièce d’équipement ou une unité des anciens corps de police.
La police en (grande) guerre TEXTE Benoît Mihail - Musée de la police intégrée
BRUXELLES – En cette année de centenaire du début de la Première Guerre mondiale, les commémorations sont nombreuses et justifiées, en espérant que leur abondance ne provoquera pas un sentiment de trop-plein auprès du grand public. Ce serait dommage, notamment pour la police, dont l’histoire durant cette période est si intéressante. Mal préparée sur le plan militaire, la Belgique n’a rien prévu non plus pour l’encadrement des populations civiles livrées à elles-mêmes face à l’envahisseur allemand. Les policiers communaux, les gardes civiques (voir Inforevue 2005/02, p.43) et les gardes champêtres font ce qu’ils peuvent, sous les ordres des bourgmestres, pour limiter les exactions. Quant aux gendarmes, ils sont tout à coup tenus de prendre à plein temps leur rôle de soldats. Pendant la période dite de la ‘guerre de mouvement’ (du 4 août au 28 septembre 1914), les voilà tour à tour combattants, espions, protecteurs des citoyens quand ils en ont le temps, et enfin, bien sûr, policiers militaires.
PHOTOGRAPHIE Musée de l’Armée
C’est ce rôle qu’ils tiendront exclusivement après la stabilisation du front et jusqu’à l’offensive alliée victorieuse de septembre 1918. Certains suivront le gouvernement en France ou passeront en Angleterre ; d’autres resteront aux côtés du roi Albert pour faire la ‘garde de l’Yser’. Les missions de ces derniers seront nombreuses mais pas toujours bien perçues par les soldats : surveillance des carrefours, accompagnement des soldats vers les lignes de combat, … et bien entendu répression de la criminalité en milieu militaire.
Bruxelles étant devenue une plaque tournante de la prostitution. En dehors des villes, la criminalité devient galopante à cause du manque d’effectifs policiers.
Après la guerre, les autorités sauront tirer des événements certaines leçons en matière de sécurité, tant sur le plan du matériel que sur l’organisation proprement dite des services de police. Nous reviendrons là-dessus tout au long de l’année dans d’autres articles.
Le territoire occupé par les Allemands est, pour sa part, coupé en deux. Une large bande autour de Gand est la zone d’étapes ; l’armée y prend rapidement le contrôle de la police belge qui perd toute marge de manœuvre. Au-delà, notre police fonctionne tant bien que mal en évitant trop de compromissions avec l’ennemi qui crée aussi ses propres structures : outre la Feldgendarmerie (dont l’autorité se limite en principe aux militaires allemands), la police secrète et la police des mœurs –
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H O L O C A U S T E , P O L I C E E T D R O I T S D E L’ H O M M E
“Faire retentir la sonnette d’alarme !” Le projet Droits de l’Homme de la Caserne Dossin et de la police a été officiellement lancé le 27 janvier 2014, 69 ans jour pour jour après la libération d’Auschwitz. Grâce à cet accord de coopération, tous les membres du personnel de la police intégrée pourront s’inscrire, à partir du mois d’avril, à la formation d’un jour Holocauste, police et Droits de l’Homme (HPD). Les aspirants suivant la formation de base pourront également se rendre à la Caserne Dossin. TEXTE Saskia Van Puyvelde
PHOTOGRAPHIE Lavinia Wouters
MALINES – Plus que toute autre profession, la police rencontre de nombreux dilemmes liés aux Droits de l’Homme, comme en témoigne la manière dont des policiers belges ordinaires ont été mobilisés durant l’occupation nazie pour procéder à des rafles souvent violentes sur les Juifs. La Belgique, et Anvers en particulier, recèle des archives extrêmement intéressantes à ce sujet. Celles-ci révèlent qu’une foule de stratégies utilisées à l’époque pour contourner des dilemmes éthiques sont reconnaissables aujourd’hui également. Mais elles indiquent également qu’il existait une marge pour la résistance. Il s’avère donc très éclairant d’aborder cet épisode historique de violence collective dans le cadre de la formation policière. Savoir comment un groupe peut glisser vers la violence permet de mieux y résister et de la combattre.
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LA FORMATION La police fédérale souhaite intégrer une visite de ce musée dans la formation de base afin de remplacer certaines heures de cours consacrées aux Droits de l’Homme. La Commission permanente de la police locale (CPPL) n’entend pas limiter cette initiative aux aspirants mais souhaite l’étendre à l’ensemble des membres de la police intégrée. Plusieurs possibilités sont envisagées : non seulement la formation de base, mais également la formation continuée et barémique. Dans le cadre de la ‘Charte de la diversité de la police fédérale’, cette initiative peut également représenter un appel fort à l’engagement en faveur de l’égalité des chances et de la diversité au sein de la police fédérale. Le projet éducatif s’inscrit en outre dans le droit fil des valeurs portées par la
police fédérale, à savoir l’intégrité et le respect. Ce dernier constitue également une notion essentielle dans le cadre de l’éducation à la mémoire, dont l’objectif est le ‘respect’, une notion qui va plus loin que la ‘tolérance’ ou l’ ‘indulgence’.
“En partenariat avec l’équipe éducative de la Caserne Dossin, une équipe de membres de la police fédérale et de la police locale a formé 36 chargés de cours (voir l’encadré p.10)”, explique le commissaire Marc Van Gestel, coordinateur du projet HPD. “Ces 18 néerlandophones et 18 francophones accompagneront les candidats durant cette journée de formation. Dans un premier temps, les candidats seront guidés de manière interactive par ces coaches policiers dans l’espace d’exposition. Ils participeront ensuite à un atelier axé sur les >>>
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DOSSIN La Caserne Dossin est indissociablement liée à l’histoire de la Shoah en Belgique. Entre 1942 et 1944, les nazis utilisèrent la caserne comme camp pour rassembler un maximum de Juifs et de Tziganes. 25 484 Juifs et 352 Tziganes furent déportés de ce camp vers Auschwitz-Birkenau. Seuls 1 200 d’entre eux en revinrent ... Les autres déportés moururent de privations ou furent exterminés dans une chambre à gaz, puis incinérés, immédiatement après leur arrivée. Une telle situation fut possible parce que l’occupant allemand put compter sur certains services de police belges pour effectuer des rafles durant lesquelles des centaines de Juifs furent arrêtés en vue de leur transfert vers Dossin. La caserne est à présent devenue un musée dont l’objectif est non seulement de restituer l’histoire, mais aussi de rendre le visiteur attentif aux mécanismes intemporels de violence de masse par le biais de l’éducation à la mémoire.
La contribution au développement démocratique de la société (LFP, art. 1) est un fondement de notre police qui doit toujours s’ériger en organisation digne de confiance. MARC VAN GESTEL
Celle-ci vise à développer une attitude de respect actif dans la société actuelle sur la base du souvenir collectif de la souffrance humaine causée par les comportements humains tels que la guerre, l’intolérance ou l’exploitation, souffrance qui ne doit pas tomber dans l’oubli. Dans le cadre de l’éducation à la mémoire, l’accent est mis sur le temps présent. Le but n’est pas de comparer le présent et le passé, ni de juger le passé sur la base de critères actuels. C’est impossible et inutile. En revanche, on se penche sur des mécanismes intemporels tels que la soif de pouvoir, la violence, les préjugés, la propagande, la xénophobie, l’exclusion, la bureaucratie, la déshumanisation ... Généralement, ces mécanismes ont été et sont encore sources de souffrance. Comment fonctionnent-ils ? Quelles stratégies permettent de les déceler ces mécanismes et d’éviter la dérive ? “Ce musée aura atteint son objectif s’il parvient à faire comprendre, de manière marquante, aux membres de la police intégrée le phénomène de la discrimination et de l’exclusion, la puissance de la masse, les possibilités d’action d’un individu lors d’une agression de groupe, sous quelque forme que ce soit. Le but de la Caserne Dossin est de faire prendre conscience que, face à la masse en action, il faut toujours chercher à dire ‘non’”, selon Herman Van Goethem, conservateur du musée de la Caserne Dossin (lire également l’édito à la page 2). www.kazernedossin.eu
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HOLOC AUST E , POLICE ET DROI T S DE L’HOMME
>>> Droits de l’Homme. À l’aide d’études de cas, d’une discussion de groupe et d’exercices liés à des dilemmes, on incitera les participants à analyser des événements et des comportements de manière autonome et critique, et à agir en fonction de leurs propres convictions.” f
Les Droits de l’Homme s’imposent dès la naissance. Peu importe le lieu où l’on naît, c’est parce que l’on vient au monde. Même sans passeport, visa ou permis de séjour, un être humain reste un être humain. MORTEN KJAER, DIRECTEUR VAN HET EUROPEAN UNION AGENCY FOR FUNDAMENTAL RIGHTS (FRA)
“UN TOURNANT’ La commissaire Ingrid Vangeel, de la zone de police WOKra (Kraainem/Wezembeek - Oppem), n’en a pas cru ses yeux lors de la publication de l’offre de formation – formation continuée d’accompagnateur1 - Holocauste, police et Droits de l’Homme. “Je n’en revenais pas! Ce concept est génial. Il s’agit là d’un tournant dans l’évolution positive de la formation policière. Il y a dix ans, cela aurait été inconcevable. Autre fait unique, la police coopère, pour ce projet, avec un partenaire externe, et pas des moindres, puisqu’il s’agit du premier musée consacré aux Droits de l’Homme dans le monde !” Au moment de notre entretien, la commissaire Vangeel a suivi deux des cinq journées de formation, au terme desquelles elle sera ‘accompagnatrice’. “Si elles ont été particulièrement intenses et fatigantes, ces deux premières journées ont été vraiment captivantes. Le fait que le groupe se compose de personnes motivées ayant différents angles de vue, rend la formation encore plus intéressante. Les similitudes entre le passé et le présent sont frappantes. Je pense, par exemple, aux circulaires, aux procès-verbaux de renseignement, au La commissaire générale, Catherine mandat d’amener, à la séparation entre la police administrative et la police judiciaire ... Ces éléments De Bolle et Herman furent habilement utilisés par des responsables politiques, judiciaires et policiers pour favoriser la colVan Goethem. laboration de manière officielle.” “Le lien entre la police et les Droits de l’Homme est évident”, poursuit-elle. “Nous avons le pouvoir de priver les citoyens de leur bien le plus précieux : leur liberté. Nous avons également le monopole de la violence. Heureusement, les Droits universels de l’Homme figurent, par exemple, dans la loi sur la fonction de police (LFP). Le respect des Droits et des Libertés de l’Homme doit constituer le fil rouge de cette formation et de notre carrière. Il importe également que l’on fasse preuve de compréhension et d’empathie par rapport à la complexité du travail policier. Il convient aussi de s’attaquer à la violence croissante à l’encontre de la police. Cette formation nous apprend que nous pouvons, en tant que fonctionnaires de police, déceler à temps ces mécanismes intemporels, auxquels nous sommes si sensibles, qu’une sonnette d’alarme peut retentir en nous. C’est la raison pour laquelle l’analyse du profil d’auteur a été aussi captivante : la plupart des individus qui ont commis ces atrocités sont des personnes comme vous et moi, et non des psychopathes. Le fait que l’on puisse passer de la lumière au côté obscur m’intrigue. Cette transition diabolique, comme l’appelle Christoph Busch2, s’opère très progressivement. Nous, a fortiori les policiers, sommes Ingrid Vangeel des êtres sociaux, voulons faire partie du groupe, sommes dociles et avons le sens du devoir ... Il s’agit là de mécanismes pouvant également jouer un rôle à cet égard.” La coopération entre la police et la Caserne Dossin suscite ça et là de nombreuses critiques et est parfois délicate. Et la commissaire de conclure : “Je préfère une réaction et le scepticisme à l’indifférence. Ce qui serait bien plus grave, c’est que ce genre de formation laisse les participants indifférents”. 1
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Cette formation donne droit à une dispense pour formation barémique pour le cadre opérationnel. Directeur administratif de la Caserne Dossin.
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COLD CASE ET SUCCESS STORY
L’ADN a parlé
Voici le portrait-robot du complice de Lamine Balti, un homme âgé d’une petite vingtaine d’années en 1996 et dont on ignore toujours l’identité. L’individu avait été vu à proximité des faits en train de fouiller le véhicule de la victime.
Décembre 1996 : un chef d’entreprise est retrouvé agonisant à Watermael-Boitsfort ; il décèdera de ses blessures peu de temps après. Le vol est le mobile de cette agression particulièrement violente. L’enquête menée à l’époque ne permettra pas d’arrêter l’auteur des faits. Décembre 2013 : la vérité judiciaire est (enfin) établie grâce au travail de la cellule Cold case1 de la police judiciaire fédérale (PJF) de Bruxelles et à un nouvel élément de taille : l’ADN. Retour sur ce dossier que l’on pourrait qualifier de success story. TEXTE Gwendoline Hendrick
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PHOTOGRAPHIE Jos Balcaen et Lisa Van Damme
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COLD CASE ET SUCCESS STORY
BRUXELLES – La réclusion à perpétuité, tel a été le verdict rendu en décembre dernier à l’encontre de Lamine Balti, reconnu coupable de meurtre pour faciliter le vol dans le cadre d’une affaire vieille de 17 ans !
Plusieurs éléments déterminants, dont des relevés d’ADN du suspect, ont permis d’aboutir à cette condamnation. Inforevue vous présente l’évolution du dossier ‘Nisard’ en quelques dates-clés.
16 décembre 1996
: alors qu’il transportait de l’argent provenant de ses recettes, un grossiste en alimentation, âgé de 52 ans et père de famille, est agressé par deux hommes à WatermaelBoitsfort. Le véhicule de l’entrepreneur est volé. Victime de plusieurs coups de feu, il est retrouvé agonisant à hauteur de la rue Nisard, déchaussé et avec les mains menottées. Il ne survivra pas à ses multiples blessures.
2008-2009
: la section Cold case de la PJF de Bruxelles procède à la relecture du dossier et demande l’analyse d’une pièce à conviction (un morceau de tissu) qui avait été saisie dans le véhicule mais qui n’avait, jusqu’alors pas, été examinée. L’ADN relevé sur cet élément a également été retrouvé sur les lieux d’une agression particulièrement violente perpétrée chez un couple d’antiquaires dans la région de Mons en 2006.
Quelques jours plus tard
: le véhicule dérobé est retrouvé sur le parking d’un supermarché à Waterloo. Les analyses de certaines pièces à conviction et des traces relevées dans l’automobile ainsi que le travail des policiers ne permettent pas de faire aboutir l’enquête.
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2011
: l’un des auteurs est identifié. Son ADN correspond à celui de Lamine Balti, se faisant surnommer ‘Mike’, déjà condamné dans le cadre d’une affaire commise en 2008 à Anvers. Lamine Balti est localisé en Allemagne. L’ADN du sexagénaire est en effet retrouvé en Bavière sur les lieux d’un braquage. Des perquisitions sont menées à son domicile et des pièces à conviction sont saisies (notamment des morceaux de tissu similaires à celui retrouvé dans la voiture en 1996).
Lire à ce sujet l’article PJF de Bruxelles. Des cold cases sur le feu, dans l’Inforevue 02/2013, pp 36-38.
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”NOUS NE JUGEONS PAS LE TRAVAIL ACCOMPLI”
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COLD CASE ET SUCCESS STORY
18 décembre 2013
: 17 ans pratiquement jour pour jour après les faits, la cour d’assises de Bruxelles condamne Lamine Balti à la réclusion à perpétuité, soit la peine maximale encourue pour le crime commis. Ce dernier, décrit comme dangereux et extrêmement froid, accuse un lourd passé criminel. Avant sa première incarcération en Belgique, l’homme avait également fait l’objet d’une condamnation pour un double assassinat perpétré en France dans les années 80.
2014
: à ce jour, l’identité du second agresseur (un homme de 20 à 25 ans au moment des faits) aperçu par un témoin, et dont l’ADN avait été relevé dans la voiture, reste inconnue.
Guy Lust, Philippe Vanhorenbeke, Michaël De Beul et Jean-Michel Le Moine
Dans le cadre du dossier ‘Nisard’, l’essentiel du travail des enquêteurs de la cellule Cold case a été d’établir que le suspect, Lamine Balti, se trouvait bien sur les lieux de l’agression mortelle en 1996. Cette tâche les a menés en Belgique, en France, en Allemagne, mais aussi dans des pays nordiques où l’auteur a résidé ou a voyagé. “Notre mission consiste précisément à vérifier tout ce qui a été fait auparavant”, explique le commissaire Jean-Michel Le Moine, le patron de la section homicide au sein de la PJF de Bruxelles. “Mais nous ne sommes pas là pour juger le travail qui a été accompli à l’époque”, ajoute-t-il. La relecture d’un dossier peut apporter une autre vue sur celui-ci, comme l’explique l’inspecteur principal spécialisé Michaël De Beul : “Nous avons tous une manière différente d’aborder les dossiers, ce qui constitue un enrichissement”. Le temps qui passe peut s’avérer être un ennemi de taille : mauvaise conservation voire destruction de preuves ou d’archives, souvenirs anciens … Mais il peut aussi, dans certains cas, constituer un atout grâce au recul qu’il permet d’avoir ou encore grâce à l’évolution des procédés de la police technique et scientifique. “Dans tous les dossiers cold case ouverts pour l’instant, nous avons des pistes et nous avançons”, confie Michaël De Beul. L’espoir est donc toujours permis …
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ARDENNES BR ABANÇONNES
Entre basse énergie et Feng Shui En janvier 2013, une soixantaine de membres du personnel de la zone de police Ardennes brabançonnes (Beauvechain/ChaumontGistoux/Grez-Doiceau/Incourt) ont investi un poste de police flambant neuf à Grez-Doiceau1. Venant de trois implantations différentes, ils n’ont pu qu’apprécier le côté à la fois fonctionnel et chaleureux de leur nouvel hôtel de police. “Tout le monde revit ici”, déclare Christian Deprez, directeur du personnel et de la logistique. Pas étonnant quand on sait que les locaux de leurs bâtiments précédents étaient exigus et mal insonorisés … Ici, tout a été pensé minutieusement afin de garantir le bien-être du personnel, de l’orientation générale du bâtiment à la couleur des murs. TEXTE Julie Caby
PHOTOGRAPHIE Jos Balcaen
> Le chef de corps voulait un commissariat accueillant, chaleureux et convivial. Les couleurs des murs ont été spécialement choisies par une consultante en Feng Shui2. “J’ai observé la luminosité”, explique la consultante Annabel Deneyer, “et en fonction des différents départements et de la description des personnes qui allaient occuper les locaux, j’ai choisi les couleurs pour jouer sur les aspects psychologiques.” “Tout au long de la réalisation des travaux, l’amélioration du quotidien des employés a fait office de fil rouge”, souligne Léon Walry,
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> “L’objectif principal était de construire un bâtiment compact, avec le moins de surfaces de façade possible par rapport à l’espace intérieur”, explique Michel Verhaeghe, l’architecte ayant conçu les plans de l’hôtel de police.“Le deuxième objectif était de rendre la construction performante au niveau énergétique.” Grâce à une bonne isolation et à un apport maximal de lumière naturelle, le commissariat est effectivement un bâtiment basse énergie.
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Une toiture dite ‘verte’ recouvre le toit de la salle de réunion. “Cette toiture est composée de substrats de lave et de végétaux”, précise Michel Verhaeghe. “Elle garantit une bonne isolation et sert à limiter l’évacuation d’eau.”
le président de la zone. Et l’objectif semble atteint ; lorsque ceux-ci ont aperçu leur nouveau lieu de travail, ils l’ont unanimement apprécié. “J’aime les volumes rencontrés, la luminosité, l’aspect opérationnel du bâtiment”, déclare Vincent Borlon, responsable de la cellule de circulation. “Je trouve aussi que les couleurs ont un impact positif sur le bien-être et l’efficacité.” Pour Anne Devroye, du service informatique, l’utilisation de ces couleurs est pleine de bon sens. “Dans la nature, il y a d’innombrables couleurs. Pourquoi n’y en aurait-il pas ici aussi ?”
> L’un des murs du local du Service d’assistance aux victimes a été peint en framboise. Selon la consultante en Feng Shui, ce coloris est “rassurant, donne de l’ouverture de coeur aux personnes qui écoutent les victimes et met ces dernières en confiance.”
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Pour l’accueil, la couleur orange a été choisie, car elle est tonique, dynamisante et exprime aussi le changement, le mouvement.
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Le bâtiment est également pourvu de grilles de ventilation naturelle, qui permettent d’aérer sans que la sécurité du lieu ne soit mise à mal. Grâce à ce système, seuls la salle 1 de réunion et le local de gestion informatique ont dû être équipés de l’air conditionné.
Voyez aussi le reportage Polnews sur Youtube. Entrez ‘Couleurs Feng Shui en Ardennes brabançonnes’ dans le moteur de recherches. Le Feng Shui est un art de vivre chinois. Il a pour but d’optimiser la circulation de l’énergie par l’aménagement de l’environnement.
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DES PRIX À PROFUSION
La qualité en bleu Plusieurs zones de police locale ont été nominées ou ont remporté récemment différents prix décernés par des associations externes. Coups de projecteurs sur ces corps bien ancrés dans la société et qui mènent des projets novateurs et de qualité.
CHARLEROI
‘Policier, bouge pour ta santé !’ Le 11 décembre, la zone de police de Charleroi a reçu l’Ethias Prevention Award 2013, dans la catégorie Prevention plan of the year, pour son programme de promotion de la santé physique et psychique de son personnel. Le concours était ouvert à toutes les organisations publiques qui font de la prévention leur métier. Une soixantaine d’institutions avaient déposé un dossier de candidature. TEXTE Benoît Dupuis
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PHOTOGRAPHIE Jos Balcaen
CHARLEROI – ‘Charleroi, ville sportive’, l’image vaut aussi pour la zone de police ! La police locale est, avec quelque 1200 membres du personnel, l’un des plus grands corps du pays. Pour favoriser le bien-être du personnel et réduire le taux d’absentéisme, elle a mis en œuvre un programme interne de promotion de la santé. “Chez nous, Mens sana in corpore sano n’est pas qu’un adage. Un crédit d’une heure par semaine est en effet accordé à chaque membre du personnel pour pratiquer différents sports comme le jogging, la natation, le tai chi ou s’adonner à la sophrologie … Cela aide chacun à se sentir bien dans sa peau”, explique le chef de corps Philippe Stratsaert. Une autre initiative particulièrement innovante dans le cadre de ce programme est le développement d’une application de gestion des risques, permettant une meilleure collaboration entre la médecine du travail et le
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service des ressources humaines de la zone. Plusieurs actions de sensibilisation sont par ailleurs menées par la hiérarchie et, chaque année, une journée, placée sous le thème ‘Policier, bouge pour ta santé !’ est organisée au Centre de délassement de Marcinelle. Résultat : une augmentation du bienêtre au travail et une réduction de l’absentéisme (jours de maladie et accidents de travail) de 82 289 heures (soit l’équivalent de 51,14 équivalents temps plein -ETP) en 2010 à 36 754 heures (soit 24,18 ETP) en 2012. Le jury a souligné l’efficacité d’un “programme d’action large et composé d’initiatives sur plusieurs chantiers qui visent toutes à réduire le nombre d’accidents de travail, à renforcer le bien-être et donc le
service au public. Il intègre la volonté exprimée et l’engagement réel du management aussi bien que de la ligne hiérarchique et du personnel. Il prévoit des solutions originales, du monitoring dans son système informatique de gestion ainsi que des actions correctrices. Les solutions font effet d’exemples ou sont partagées, comme c’est le cas de l’application informatique.” f
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VESDRE
Police et population s’unissent La zone de police Vesdre (Verviers/Dison/Pepinster) a également remporté un Ethias Prevention Award dans la catégorie Damage protection pour sa campagne PopPol veillent. Il s’agit d’un projet unissant la population et la police dans le cadre de la sécurisation des habitations. TEXTE Gwendoline Hendrick
PHOTOGRAPHIE Jos Balcaen
VERVIERS – PopPol veillent, signifiant ‘Police et Population veillent’, est le nom donné à la démarche de prévention menée par la zone de police Vesdre. Le principal objectif de ce projet est d’assurer une sécurité et une qualité de vie aux citoyens en diminuant le nombre, les conséquences et l’impact des cambriolages. En la matière, l’implication de la population est un élémentclé afin d’améliorer la prévention. La plupart des zones de police du pays organisent, sur demande, la surveillance des habitations inoccupées durant plusieurs jours (par exemple lors des périodes de vacances ou à l’occasion d’une hospitalisation du propriétaire/locataire). En plus de ce service gratuit et des conseils dispensés en matière de techno-prévention, la zone de police Vesdre encourage également les citoyens à identifier une série de personnes de confiance (habitants du quartier, membres du Partenariat local de prévention -PLP1 …) afin de mettre en place un réseau de surveillance personnel qui contribuera à assurer la sécurité de leur habitation. La plus-value du projet réside donc bel et bien dans l’action conjointe de la police
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et de la population, et dans l’implication des citoyens par rapport à leur propre sécurité et celle de leur quartier. L’initiative a dès lors été saluée à l’occasion de la remise des Ethias Prevention Awards le 11 décembre dernier à Bruxelles. La zone Vesdre a en effet été primée dans la catégorie Damage protection qui couvre la protection des biens contre les dommages et pour laquelle deux autres organisations étaient nominées. D’après le commissaire divisionnaire Marcel Simonis, chef de corps de la zone : “PopPol pourrait être le petit frère de BOB mais dans le domaine de la sécurisation contre les vols dans les habitations”. Enfin, cette démarche s’inscrit dans un contexte plus large de partenariat entre la police et la population, qui se marque notamment au niveau de la zone Vesdre (pionnière en la matière) par l’existence de 9 PLP, et dans la philosophie de police de proximité. Sans vouloir établir de liens automatiques entre ces PLP, PopPol veillent et l’impact en termes de chiffres de criminalité, la zone Vesdre enregistre une diminution des vols
dans les habitations de 23 % sur le 1e trimestre 2013 par rapport au 1e trimestre 2012, contre une hausse de 4 % au niveau de la Région wallonne et une baisse de 1 % au niveau national. f 1
Il s’agit d’un accord de collaboration axé sur la prévention, notamment des vols dans habitation, entre des citoyens (dont un coordinateur) d’un quartier déterminé et la police locale.
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AT H
Attention aux genoux ! La zone de police d’Ath était, pour sa part, nominée aux Ethias Prevention Awards dans la catégorie Best Training Program. Face à une forte concurrence, elle n’a pas remporté de prix, mais son projet intitulé la GPI 48 dans une optique de risk-management, mérite une mention car en moins de deux ans, les accidents de travail enregistrés suite à des rébellions contre les policiers ont été réduits de … 90 % ! TEXTE Benoît Dupuis
ATH – Au départ du projet, un constat : une rébellion donnait presque systématiquement lieu à un accident de travail. Afin de lutter contre ce phénomène, la zone de police a décidé d’établir un système dynamique de gestion des risques au travers de la circulaire ministérielle GPI 48 en impliquant le chef de corps, le conseiller en prévention et les spécialistes en maîtrise de la violence. “Un système d’entraînement modulé a été mis en place en tenant compte des capacités physiques de chaque membre du personnel”, déclare le commissaire divisionnaire Frédéric Pettiaux, chef de corps. “Le matériel a été uniformisé et les lieux d’entraînement ont été mieux adaptés. Un des principes consiste à analyser des cas de rébellion et à reproduire les situations rencontrées lors des entraînements. Certains accidents de travail se produisaient,
PHOTOGRAPHIE Jos Balcaen
par exemple, alors que la personne était menottée et maîtrisée au sol. A ce moment-là, l’attention des policiers se relâchait et l’individu interpellé en profitait pour porter des coups de pied au niveau des genoux des policiers. Lors des exercices, nous avons réintroduit de petits jeux de rôles très dynamiques pour réapprendre à nos policiers à rester attentifs jusqu’au moment où la personne arrêtée est relevée et placée dans le combi.” Selon le directeur du personnel, Olivier Raulier : “Les résultats sont encourageants : huit accidents de travail sur dix avaient lieu suite à une rébellion contre le policier. Depuis le lancement de ce projet en 2011, nous avons pu diminuer de 90 % ce type d’accident de travail.” “Grâce à cette initiative, les compétences d’encadrement des inter-
ventions de nos policiers ont été renforcées ce qui nous permet, in fine, de rendre un meilleur service aux citoyens. Cette ‘bonne pratique’ constitue aussi une forme de réponse aux violences à l’encontre des policiers, dont l’arme principale reste certainement le dialogue”, conclut le chef de corps. La zone de police d’Ath est disposée à partager ce procédé avec d’autres entités. Intéressé(e) ? Envoyez alors un mail à pettiaux@policeath.be ou raulier.o@policeath.be f
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HET HOUTSCHE
Théorie de l’évolution : du podomètre à l’appareil de mesure GPS “Nous sommes heureux que la roue ait été inventée en 3 500 avant J.-C., mais le temps est venu d’adopter des systèmes plus modernes.” Par ‘la roue’, l’inspecteur Marnix Snauwaert entend la traditionnelle roue de mesure (podomètre) et la manière dont les accidents de circulation étaient (sont) constatés, mesurés et esquissés. La zone de police Het Houtsche (Beernem, Oostkamp, Zedelgem) a entretemps relégué le podomètre au grenier. Fin 2013, cette alternative a valu à cette zone de Flandre occidentale l’AGIV Award pour les services de secours. TEXTE Stefan Debroux
PHOTOGRAPHIE Zone de police Het Houtsche
OOSTKAMP – AGIV est l’acronyme d’Agentschap voor Geografische Informatie Vlaanderen. La zone de police a remporté ce prix dans la catégorie des services de secours avec son projet Mesures dirigées par GPS et traitement digital des croquis. Le jury a salué le caractère novateur du projet en raison de l’utilisation de techniques modernes en combinaison avec des informations géographiques fournies par les autorités flamandes.
D’après Marnix Snauwaert, les facteurs vitesse, sécurité et précision constituent autant de bonnes raisons pour lesquelles le podomètre a dû céder la place au GPS et aux croquis numériques. “Procéder à des mesures à l’aide d’un podomètre et dessiner des croquis sur papier prenaient beaucoup
de temps. Plus l’accident est complexe ou grave, plus le nombre d’éléments à prendre en compte est important. En outre, vous courrez en permanence des risques lorsque vous devez effectuer des mesures en plein trafic. Dresser un tel état des lieux requiert par ailleurs une certaine technicité qui n’est pas donnée à tout le monde. Si en plus la météo est défavorable, il n’est absolument pas aisé de manier le stylo ou le crayon et le papier dans une main et le podomètre dans l‘autre pour dresser un état des lieux correct et précis. En bref, une raison de plus pour chercher une alternative au podomètre. Nous l’avons trouvée grâce à une collaboration public-privé : Orbit a développé un appareil de mesure doté d’une technologie GPS intégrée et un logiciel permettant de produire des croquis numériques, tandis que l’agence flamande AGIV a fourni des cartes aériennes, satellites et GRB.”
EN AVANCE GRÂCE À LA TECHNIQUE
Une simple pression sur un bouton de l’appareil de mesure GPS permet l’enregistrement numérique des points de mesure d’un accident. Ce petit bijou est fixé à
une canne robuste et peut être utilisé dans toutes les conditions météorologiques. Marnix Snauwaert : “La manipulation se fait par le biais d’un écran tactile. La prise de mesure s’opère trois fois plus rapidement qu’auparavant et est bien plus précise, à deux centimètres près. Dès le retour de l’inspecteur de police à son bureau, il peut tout simplement synchroniser l’appareil de mesure avec un ordinateur connecté au réseau policier (ISLP). Le logiciel d’Orbit se base sur toutes les mesures pour dresser un croquis qui peut être joint tel quel au procès-verbal.” La zone de police Het Houtsche dispose de trois appareils de mesure GPS. Les équipes d’intervention, qui ont été formées en interne à l’utilisation de cette technologie, emportent ces appareils lors de leurs patrouilles. Hormis pour la constatation d’accidents, ces appareils peuvent également servir à accomplir d’autres tâches telles que l’enregistrement du lieu et de l’impact d’une pollution ou d’une trace dans le cadre d’une enquête. L’AGIV Award consiste en un trophée et un chèque d’une valeur de 2 500 euros. f
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A I S E AU PR E S L E S/C H ÂT E L E T/ FA RC I E N N E S
Sur l’échelle de l’Excellence Et un deuxième échelon de franchi pour la zone de police AiseauPresles/Châtelet/Farciennes ! Le 27 novembre 2013, au Château du Lac de Genval, ses responsables ont reçu le Prix wallon de la qualité dans la catégorie Implication dans l’excellence, ainsi qu’une mention spéciale du jury pour la mise en œuvre d’une procédure de géo-localisation des accidents de roulage. Il y a deux ans, le corps avait déjà été primé et avait alors considéré cette récompense comme “une étape constitutive d’une démarche d’amélioration continue”. Ou comment joindre les actes à la parole … TEXTE Benoît Dupuis
PHOTOGRAPHIE ZP Aiseau-Presles/Châtelet/Farciennes
CHATELET – Depuis 2005, le Prix wallon de la qualité est remis tous les deux ans. Il couvre quatre niveaux, à savoir l’Eveil à l’excellence, l’Implication dans l’excellence, En route vers l’excellence et … l’Excellence. En 2011, la zone de police avait déjà remporté le Prix dans la première catégorie. Elle avait aussi obtenu un Prix spécial pour sa ‘démarche qualité la plus originale’ dans le domaine du bien-être du personnel. Pour cette nouvelle étape, cinq facteurs, à savoir le leadership, la stratégie, le personnel, le partenariat/ les ressources et les processus ont été passés au crible par le jury du Mouvement wallon de la qualité. Avec
succès, donc. La zone a par ailleurs obtenu un Prix spécial du jury pour la mise en œuvre d’une procédure de géo-localisation des accidents de roulage dans le cadre du plan d’action en matière de sécurité routière. Ce dispositif permet d’analyser, de manière très pointue, les accidents de la route et d’orienter précisément les activités policières, tant dans le domaine préventif que répressif. De plus, le conseiller en mobilité de la zone étudie également le phénomène pour, si nécessaire, suggérer des modifications à l’infrastructure routière aux gestionnaires de voirie. Depuis l’obtention de ces prix, la zone de police reçoit des demandes émanant d’autres services de police et d’institutions publiques intéressés par la démarche ‘qualité’, mais également par les principes de fonctionnement et structures en place au sein du corps. Récemment, le Service public Wallonie (SPW) ainsi que le Centrex
circulation routière et un représentant de la Région flamande ont sollicité la zone de police pour obtenir un exposé sur l’outil de géolocalisation mis en place. Une belle reconnaissance pour l’équipe stratégique composée du chef de corps, Eric Paulus, des commissaires Eric De Brabander et Philippe Painblanc, mais aussi de la conseillère et analyste stratégique Stéphanie Detandt qui, ensemble, ont porté le dossier de candidature. Comme l’a souligné le chef de corps, “le but de cette quête, c’est de s’améliorer et pour cela, il faut être perfectible et en être conscient. Ce regard extérieur posé sur l’organisation par les assesseurs et évaluateurs ouvre les yeux sur des éléments du quotidien que la routine peut faire perdre de vue.” Fin de l’histoire ? Certainement pas. “Il y a quatre phases dans ce prix et on veut aller au bout des choses. On sera encore là dans deux ans”, assure le commissaire divisionnaire Paulus. f
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NIVELLESGENAPPE
Premier échelon La zone de police de Nivelles-Genappe s’inscrit dans une démarche de fond de gestion de la qualité depuis quelques années déjà. Plus récemment, le processus a été renforcé et a d’ailleurs permis à la zone de remporter, le 27 novembre dernier à Genval, le Prix wallon de la qualité dans la catégorie Eveil à l’excellence. Une belle reconnaissance du travail accompli par le corps de police qui n’en espérait pas tant. TEXTE Gwendoline Hendrick
NIVELLES – Si la zone de police de NivellesGenappe ne s’attendait pas à recevoir une telle récompense, elle n’en est pas moins satisfaite. “Dans le cadre de notre participation au Prix wallon de la qualité (PWQ), nous avons présenté un fonctionnement global orienté vers la qualité et la proximité”, explique le chef de corps Pascal Neyman. La zone mène en effet ses missions en appliquant la philosophie ‘PROCHE’ (Prévention Orientée vers le Civisme, l’Humain et l’Environnement) qui s’intègre dans sa vision, sa mission et ses valeurs. Quatre candidats, dont une entreprise privée, concourraient dans la catégorie Eveil à l’excellence qui correspond au premier seuil1 de la démarche de gestion de la qualité et s’intéresse essentiellement au leadership et à la stratégie de l’organisation. “Nous nous sommes inscrits dans une telle approche afin d’avoir un avis neutre sur notre fonctionnement et d’obtenir des recommandations concrètes
PHOTOGRAPHIE Jos Balcaen
dans un but d’amélioration continue. Notre zone de police n’est pas meilleure qu’une autre. Cependant, l’obtention de ce prix est une reconnaissance externe du travail effectué en interne”, ajoute le commissaire divisionnaire. La zone ne souhaite par ailleurs pas en rester là comme l’explique le commissaire Vincent Mathy. Ce dernier est directeur de la qualité et a porté le projet au sein du corps de police. “Les quatre évaluateurs du Prix wallon de la qualité venus sur place ont formulé, au travers de leur rapport, une série de recommandations. Certains de ces éléments figurent déjà dans différents plans d’action en matière de bien-être, de qualité et de responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE). D’autres initiatives doivent à présent être menées et, notamment, la formulation des processus primaires tels que
l’accueil, par exemple. Cet exercice de description des processus est d’ailleurs l’occasion de faire le point sur ce qui fonctionne bien ou pas.” La zone de police de Nivelles-Genappe souhaite donc encore progresser en matière de qualité et envisage de s’inscrire à une prochaine édition du PWQ afin d’atteindre le deuxième niveau, à savoir l’Implication dans l’excellence. f 1
Pour plus d’infos sur les différents niveaux, lisez l’article ci-contre ZP Aiseau-Presles/Châtelet/ Farciennes. Sur l’échelle de l’Excellence.
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IMMIGR AT ION
Eurosur : visualisation des flux migratoires Début octobre 2013, plus de 350 réfugiés originaires de Somalie et d’Érythrée ont péri dans le naufrage du 'navire' – un bateau de pêche vétuste – qui devait les amener d’Afrique en Europe. La tragédie de Lampedusa n’est malheureusement pas un fait isolé. En Méditerranée, les drames de ce genre ne sont pas rares et font de nombreuses victimes. La parade trouvée par les autorités européennes s’appelle Eurosur, pour European Border Surveillance System. À partir du 1e décembre 2014, ce 'système européen de surveillance des frontières' sera également opérationnel en Belgique. Au sein de la police fédérale, ce sera au commissaire Jan Garcet, de la police de la navigation, que reviendra l’honneur de tenir les rênes du projet. TEXTE Stefan Debroux
PHOTOGRAPHIE Frontex & Lavinia Wouters
Jan Garcet
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Selon certains, Eurosur ne ferait que consolider la 'forteresse Europe'. Est-ce la finalité de ce projet ? Jan Garcet: “Je ne dirais pas cela. L’objectif premier d’Eurosur est de visualiser les flux migratoires aux frontières extérieures – maritimes et terrestres – de l’Union (plus exactement de l’espace Schengen). Si l’on veut faire des choix stratégiques et tactiques qui permettent de maîtriser les flux migratoires illégaux, il est indispensable de surveiller et de ‘cartographier’ la situation. Prenons l’exemple de ces réfugiés qui tentent à tout prix de gagner l’Europe par la mer. En règle générale, ces personnes entreprennent la traversée dans des conditions inhumaines, extrêmement dangereuses, et font naufrage. Si l’on surveillait la situation au moyen d’images satellite et radar – des Centres nationaux de coordination (CNC) vont d’ailleurs être créés à cette fin dans chaque État membre de l’Union –, la police ou une autre autorité pourrait réagir plus rapidement. Par exemple, en envoyant des patrouilles sur place et en mettant sur pied des centres d’accueil. L’enjeu ici est donc de sauver des vies ! Par ailleurs, Eurosur doit également permettre de lutter plus efficacement contre la criminalité transfrontalière.
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La 'visualisation des flux migratoires' signifie notamment que les franchissements irréguliers de frontières sont littéralement cartographiés au centre de coordination national d'Eurosur.
Je pense évidemment au trafic d’êtres humains, mais aussi au trafic de drogue. ”
Le système Eurosur a été lancé le 2 décembre 2013 dans 19 pays ; en Belgique, il ne le sera qu’à partir du 1e décembre 2014. Avons-nous raté le coche ? “Absolument pas. Les États européens ont été répartis en deux groupes selon qu’ils sont des pays ‘à faible impact’ ou à ‘impact élevé’. Les pays tels que l’Espagne, l’Italie, la Grèce et d’autres États membres dont les frontières extérieures Schengen sont particulièrement étendues, appartiennent au premier groupe. Ils sont confrontés de façon quasi permanente à un afflux massif de réfugiés en situation très précaire. Ces situations débouchent sur une forte pression migratoire. La nécessité de mettre en place une
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surveillance est dès lors plus grande dans ces pays qu’en Belgique, qui appartient à la seconde catégorie. Nous n’avons qu’une ‘petite’ frontière extérieure Schengen. En outre, en raison de notre situation géographique en Europe, la probabilité de voir s’échouer sur notre littoral un bateau de réfugiés est relativement faible. Développer le dispositif Eurosur est donc moins urgent pour nous.”
Vous avez visité le Centre national de coordination espagnol, qui surveille notamment les frontières extérieures maritimes Schengen. Ce centre a coûté 19 millions d’euros. La police fédérale peut-elle se permettre un tel investissement ? “Les choses seront différentes pour la Belgique. Comme je l’ai déjà dit, la Belgique est un pays ‘à faible impact’. Comparé à l’Espagne, sa frontière extérieure Schengen – à savoir le littoral et le tunnel de l’Eurostar – est beaucoup Un pays confronté à une imporplus petite. Nous n’avons pas besoin tante pression migratoire peut d’un Centre national de coordination tirer la sonnette d’alarme via le comme celui des Espagnols. Les frais système Eurosur et demander logistiques et informatiques sont pris l’aide d’un autre État membre de l’Union. La Belgique ne participe-t- en charge par l’Europe et Frontex. En toute logique, le centre belge devrait elle déjà pas à ce mécanisme ? être intégré dans le Point de contact “C’est exact. Dans le cadre de l’agence national. Par ailleurs, il semble évident Frontex, des policiers fédéraux sont affectés à des missions de surveillance qu’il collaborera avec le Carrefour des frontières en Grèce, en Italie, dans d’information maritime de Zeebruges pour ce qui est de la surveillance des les États baltes et en Bulgarie. La raison est évidente : nous avons constaté images radar et des systèmes de notification des navires. Par la suite, le que la Grèce, par exemple, est un dispositif sera progressivement étendu pays de transit pour les illégaux qui à la police de la navigation et à la police arrivent d’Asie en Belgique. De plus, aéronautique, qui sont également Eurosur et Frontex travaillent main dans la main. Frontex met ses moyens chargées du contrôle des frontières. informatiques à la disposition d’Euro- Donc, pour ce qui est du coût, il s’agira essentiellement de savoir si le disposisur. C’est logique : les informations tif implique ou non une capacité supgénérées par chaque État membre de plémentaire pour le Point de contact l’UE sont collectées par Frontex et national.” analysées dans le cadre de l’UE. ”
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I M M IG R AT ION
Nous associons généralement l’immigration illégale aux trafiquants d’êtres humains sur les parkings d’autoroute, aux safehouses, où les réfugiés sont hébergés dans des conditions épouvantables, à la prostitution et aux mariages de complaisance. Ces problématiques relèvent-elles également du champ d’action d’Eurosur ? “Non. Elles relèvent de l’agence Frontex, qui est uniquement compétente pour les incidents se produisant aux frontières extérieures Schengen. Cependant, pour la ‘cartographie’, le dispositif Eurosur comporte plusieurs niveaux. Le niveau supérieur est celui des incidents survenant aux frontières extérieures. Ces informations sont destinées à Frontex. Il faut ensuite distinguer différents sousniveaux, opérationnels et analytiques, pour approfondir les faits. Chaque pays peut développer cet aspect comme il l’entend. Imaginez la situation suivante : la police de la navigation appréhende un réfugié dans un conteneur destiné au Royaume-Uni. Il s’agit d’un incident. Ces informations doivent être communiquées à Frontex. Mais derrière cet incident, il y a une histoire, avec des faits et des personnes présentant des liens entre eux, des modes opératoires propres au trafic d’êtres humains, à l’immigration illégale, etc. C’est à ce niveau que se situe la plus-value d’Eurosur pour la police ou pour l’Office des étrangers. Nous ne devons d’ailleurs pas nous limiter aux incidents survenant à la côte. Un projet comme Avia, qui est axé sur la criminalité transfrontalière dans les petits aéroports, peut lui aussi être intégré, en
ce qui concerne la surveillance et la ‘cartographie’, dans le dispositif Eurosur. De plus, Eurosur offre, pour la première fois, une occasion unique de rassembler et de visualiser au sein d’une même plateforme toutes les informations utiles concernant un phénomène lié aux frontières ! À l’heure actuelle, ces informations sont généralement dispersées dans différents carrefours d’information d’arrondissements (CIA) et unités.”
Quel sera l’impact d’Eurosur sur les services de police de première ligne qui sont confrontés à l’immigration (illégale) ou sur celles et ceux qui enquêtent sur ce phénomène ? “Si vous faites allusion à la charge de travail, l’impact sur celle-ci sera pratiquement nul. De nombreuses personnes contribueront même à la surveillance et à la ‘cartographie’ sans le savoir. En fait, Eurosur ne changera rien au déroulement classique du cycle d’informations. Il appartiendra aux gestionnaires de dossier Eurosur au sein du Point de contact national et, bientôt, au sein des antennes Eurosur des unités frontalières, de recueillir, d’analyser et de transmettre les informations pertinentes.” Dernière question : comment, lorsqu’on est commissaire de la
LEXIQUE
Le centre de coordination d’Eurosur en Espagne est en service depuis le 2 décembre 2013.
police de la navigation d’Ostende, se retrouve-t-on impliqué dans pareil projet ? “Le dispositif Eurosur consiste essentiellement à recueillir et partager des informations. Or, c’est mon dada. J’ai toujours souhaité que l’on développe le concept de fonction de police guidée par l’information au niveau de la police de la navigation. Eurosur s’inscrit parfaitement dans cette démarche. D’autant plus qu’au début, le champ d’action d’Eurosur était limité aux frontières maritimes. Ce n’est que plus tard qu’il a été étendu aux frontières terrestres. Voilà pourquoi j’ai des affinités avec ce projet.” f
• Frontex: Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne. Frontex est active depuis le 1e mai 2005 et a son siège à Varsovie. L’agence joue un rôle de coordination et organise des actions de police conjointes au niveau de l’UE. • Avia: Le projet Avia s’intéresse à l’aviation légère ; il vise à détecter et empêcher les activités illégales menées par le biais de cette dernière. Il trouve sa justification dans le fait que les 103 aéroports et héliports qui ne sont pas des points de passage Schengen – mais qui possèdent néanmoins un code OCAI et sont agréés par l’Organisation de l'aviation civile internationale – et où les contrôles policiers sont donc très limités, voire inexistants, peuvent également être utilisés par les criminels à des fins de trafic. Pour de plus amples informations au sujet du projet Avia, voir l’Inforevue 3/2011.
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Dans cette rubrique, le Service juridique de la police fédérale débat de questions ou de procédures juridiques traitant de pratiques policières courantes. Il s’agit cette fois d’une décision du Tribunal correctionnel de Gand du 11 décembre 2012 concernant la pose de menottes et la prévention de rébellion.
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C AI MSMUI GSR A T I O N
PUIS-JE RESISTER A UNE CONTRAINTE QUE J’ESTIME DISPROPORTIONNEE ? TEXTE Samantha Ganotakis DGS/DSJ/AJO
Des fonctionnaires de police, chargés d’interpeller un homme se trouvant dans un débit de boisson, le découvrent en état d’ébriété, à moitié nu, derrière le comptoir. L’individu dirige sa canne en direction des policiers et n’obtempère pas à l’injonction de la baisser. Se sentant menacés, les policiers menottent l’intéressé et l’emmènent de force au commissariat. Lors du transfert, l’individu oppose une certaine résistance. En effet, il effectue des mouvements avec ses jambes et touche à cette occasion un policier sans le blesser et, tandis que les fonctionnaires de police tentent de le maîtriser, sa tête heurte la table située dans le véhicule de police. A l’arrivée au commissariat, il oppose à nouveau de la résistance. Après avoir passé quelques heures en cellule, l’intéressé se plaint, lors de son audition, du caractère excessif de la contrainte utilisée à son égard. Il comparaît devant le tribunal correctionnel pour rébellion.
LA DÉCISION DU TRIBUNAL Le tribunal se prononce sur deux aspects : la pose des menottes et la prévention de rébellion. Quant à la pose des menottes Le tribunal correctionnel rappelle les principes énumérés aux articles 37 et 37bis de la loi sur la fonction de police :
l’usage des menottes est un moyen de contrainte qui doit répondre aux conditions de légalité, de subsidiarité et de proportionnalité. Il doit être appliqué strictement et seulement dans les cas prévus à l’article 37bis LFP, à savoir notamment lors de la surveillance d’une personne arrêtée administrativement, pour autant que cet usage soit rendu nécessaire par les circonstances. Le tribunal relève qu’il ressort du procès-verbal que les fonctionnaires de police ont menotté l’intéressé en vue de ‘garantir leur sécurité’ et que l’intéressé aurait donc présenté un danger pour les trois fonctionnaires de police. A cet égard, le tribunal estime qu’il est manifestement clair que les fonctionnaires de police ont décidé du recours aux menottes ‘sans aucun sens de la proportionnalité’. Il considère en effet qu’un homme manifestement ivre, chancelant, nu et en possession d’une canne ne pouvait pas constituer une menace réelle pour trois policiers. Le tribunal estime que la confrontation absurde entre cet homme ivre, à moitié nu, et les trois fonctionnaires de police aurait dû se résoudre avec patience et persuasion. Il conclut que ces circonstances ne peuvent dès lors pas justifier de menotter l’intéressé. Quant à la rébellion Aux termes de l’article 269 C.P., la rébellion est toute attaque, toute
résistance avec violences ou menaces envers notamment les officiers ou agents de la police administrative ou judiciaire, agissant pour l’exécution des lois, des ordres ou ordonnances de l’autorité publique, des mandats de justice ou jugements. Le tribunal considère, qu’à partir du moment où la contrainte utilisée à son égard était manifestement disproportionnée, l’accusé pouvait s’y opposer. Ce faisant, il ne se rend pas coupable de rébellion, et ce tant que l’opposition, par des comportements défensifs, ne dépasse pas les limites du strict nécessaire. In casu, le juge qualifie la résistance opposée par l’individu de voies de faits non constitutives de réelle contrainte physique à l’égard des policiers. Le tribunal acquitte par conséquent l’intéressé de la prévention de rébellion. Ce jugement souligne l’importance pour tout policier de détailler avec précision et clarté dans le procès-verbal les circonstances qui entourent le recours à la contrainte afin d’en établir le caractère légal, subsidiaire et proportionnel. Le procès-verbal constitue en effet l’un des éléments essentiels sur lequel le juge se base pour évaluer l’adéquation de l’intervention policière aux critères précités.
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Faut-il généraliser l’usage des bodycams ? Le port de caméras corporelles (bodycams) par des policiers en intervention fait débat. Certaines initiatives sont prises, d’autres sont à l’étude, mais à quelles fins ? Pour quelle plus-value ? S’agit-il d’un moyen de se protéger contre les plaintes infondées de citoyens ? Ou de caméras supplémentaires utilisées en appui de missions de police administrative ou judiciaire ? Et dans quelles circonstances les utiliser, épisodiquement ou en permanence ? Les images sont-elles vraiment exploitables ? La législation actuelle permet-elle cette forme d’innovation ? Beaucoup de questions subsistent encore et les avis sur le sujet sont partagés. TEXTE ZP Charleroi/Saskia Van Puyvelde
“Tendre vers l’excellence dans la fonction de police c’est, entre autres choses, tout mettre en oeuvre pour rechercher le maximum d’efficience. Bon nombre de zones de police traduisent cette dynamique à travers des systèmes d’aide au management policier et les caméras y contribuent indéniablement. Pensons au système ANPR (Automatic number plate recognition), à l’utilisation des dashboards cameras ou encore aux body cameras. Ces systèmes permettent d’offrir une plus-value dans le quotidien de nos policiers, tant au niveau opérationnel qu’au niveau de la sécurité professionnelle, à l’instar des systèmes de géo-localisation qui ont déjà permis de donner raison aux policiers grâce à l’exploitation des données enregistrées (vitesse, freinage, utilisation avertisseur sonore spécial, ...). La body caméra apporterait donc une sécurité supplémentaire pour le policier surtout à l’heure où nous connaissons davantage de rébellions et d’interventions délicates. Elle renforcerait incontestablement la position du policier devant la justice.
PHOTOGRAPHIE Jos Balcaen/Lavinia Wouters
Charleroi n’a cependant pas franchi le cap de l’utilisation de ces systèmes (ANPR, dashboard caméra ou encore body caméra) et ne le fera pas dans l’état actuel de la législation, malgré les initiatives prises par certaines zones de police. Ces systèmes sont soumis tantôt à la loi caméras, tantôt à législation sur la vie privée en fonction de la finalité poursuivie. De lege lata, les textes législatifs ne sont pas assez précis. La direction de la zone de police de Charleroi est d’avis que la body caméra s’apparente à une caméra mobile au sens de la loi caméra. Or cette loi, depuis la modification de 2009, ne permet le recours à ce type de dispositif que dans le cas des manifestations (gestion négociée de l’espace public). De lege ferenda, il conviendrait donc de disposer d’une base légale permettant l’utilisation explicite de ce type de caméra tout en précisant, comme c’est déjà le cas pour les caméras fixes, les modalités d’utilisation (gestionnaire, durée de conservation, utilisation en justice, …). Nous sommes évidemment demandeurs d’une révision de certains aspects de la loi caméra.” f
PHILIPPE STRATSAERT 20 26
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CHEF DE CORPS DE LA ZONE DE POLICE DE CHARLEROI
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Dans la rubrique Face to face, deux membres de la police intégrée expriment leur opinion personnelle sur une thématique donnée. Ces avis peuvent être concordants, divergents ou complémentaires.
“Il y a environ trois ans, notre zone de police a commencé à utiliser, avec l’accord du parquet, des bodycams lors de matches de foot ; tous les spotters en ont été équipés. Pour les services réguliers de surveillance et d’intervention, la bodycam a été introduite il y a deux ans. S’il pouvait être utilisé par tout le monde, le dispositif a surtout été mis en œuvre dans le cadre de services spécifiques, comme ceux des équipes en charge des nuisances et de la circulation. C’est en effet pendant ceux-ci que survenaient la plupart des incidents ou des plaintes sur le comportement de la police. L’équipe ‘nuisances’ travaille en appui des agents de quartier. Pour certains évènements ou lorsque nous travaillons dans certains quartiers, nous recevons également l’appui des équipes de preuves de la police fédérale (DGA/GIS). La politique de notre zone a toujours été très claire : les enregistrements réalisés à l’aide de la bodycam doivent étayer nos constatations, et non constituer un moyen de contrôle supplémentaire. Chacun en a immédiatement vu l’intérêt ; il n’y eut aucune réticence. Lorsque nous avons le sentiment, par exemple
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lors d’un contrôle individuel, que la situation dégénère, nous mettons la caméra en marche et en informons l’intéressé, ce que nous filmons également afin d’éviter toute contestation par la suite. Fair-play, donc, vis-à-vis de notre personnel mais aussi du citoyen. Celui qui était sous l’influence de la boisson ou de la drogue et qui ne se souvient plus des faits, fait vite profil bas lorsqu’il est confronté aux images. De même, les parents qui soutiennent que leur enfant est incapable d’avoir un tel comportement s’excusent bien vite en visionnant le film.
Je n’ai que des expériences positives avec la bodycam et j’en suis donc un partisan absolu, mais dans les circonstances que je viens d’évoquer. Je ne voudrais pas l’avoir sur moi en permanence. Pour le moment, nous ne l’utilisons même presque plus. Nous sommes souvent confrontés aux mêmes fauteurs de troubles et ils ont compris depuis longtemps que nous allumons la caméra si nécessaire. Les images sont ce qu’elles sont : impossible de les nier.” f
LUC VAN DEN BROEK
INSPECTEUR PRINCIPAL – CHEF DE L’ÉQUIPE ‘NUISANCES’ ZONE DE POLICE MALINES
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CRIMINALITÉ AUTOMOBILE
En … quête d’identification Ne dites plus 'Autocrim' mais bien Identification car team. Ce service central de la Direction de la lutte contre la criminalité contre les biens (DGJ/DJB/Vol) a subi une importante réorganisation. Si les effectifs sont réduits, l’expertise des policiers du service n’en demeure pas moins importante. Ceux-ci font le point sur les dernières tendances en matière de criminalité automobile. TEXTE Gwendoline Hendrick
PHOTOGRAPHIE Jos Balcaen
BRUXELLES – L’Identification car team a officiellement vu le jour en janvier 2013. Cette équipe n’est en réalité pas neuve puisqu’il s’agit d’une nouvelle forme du service central Autocrim1 de la Direction de la lutte contre la criminalité contre les biens de la police fédérale (DGJ/ DJB/Vol). Comme son nom l’indique, l’équipe, composée des inspecteurs principaux Nicolas Branicki et Patrick Dubart, est compétente pour l’identification de véhicules (automobiles, camions, motos, engins de chantier ...). Baignant dans la matière depuis de nombreuses années, les deux hommes ont accumulé pas mal de connaissances et ont lié des contacts étroits avec les importateurs ou constructeurs de certaines marques de voitures vers lesquels ils centralisent les demandes d’information. “Nous avons établi avec eux une relation de confiance. Il faut savoir que tous les constructeurs ne sont pas prêts à fournir des renseigne-
ments jugés confidentiels”, souligne Nicolas Branicki, qui est, par ailleurs, mécanicien automobile de formation.
En première instance, les policiers doivent s’adresser à la police judiciaire fédérale (PJF) de leur arrondissement. Si celle-ci ne peut pas les aider pour diverses raisons (car elle ne traite pas la criminalité automobile par exemple), l’Identification car team peut alors être sollicitée. “Les unités peuvent faire appel à nous pour expertiser toutes sortes de pièces de véhicules mais aussi pour des demandes d’identifications ou de renseignements par rapport aux véhicules ou aux papiers de véhicules”, ajoute Nicolas Branicki. “Nous travaillons également pour les laboratoires de police technique et scientifique”, précise encore Patrick Dubart. Récemment, les deux hommes ont d’ailleurs permis d’identifier une voiture malgré que celleci ait été incendiée. Leurs bonnes
connaissances de la structure des véhicules peuvent aussi être mises à profit dans le cadre de la recherche de drogues parfois très bien dissimulées …
LUXE ET NOUVEAUTÉ : PROIES DES VOLEURS
Le nombre de véhicules volés (environ 15 000 par an) reste élevé même si les chiffres sont en légère diminution par rapport à ceux des années précédentes. A l’heure actuelle, les auteurs de vols s’intéressent davantage aux véhicules chers et récents, c’est-à-dire aux voitures de luxe de moins de quatre ans. Auparavant, les voleurs se focalisaient plus sur des véhicules plus vieux car ils étaient plus faciles à dérober. Mais les auteurs disposent à présent de moyens technologiques leur permettant de contourner les protections électroniques des véhicules. “Ils utilisent divers moyens (drive box, appareil de diagnostic à brancher
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dans la prise On Board Diagnostic OBD) afin de neutraliser l’ordinateur de bord et démarrer facilement le véhicule”, expose Patrick Dubart. “Les auteurs provenant des pays de l’Est maîtrisent très bien l’utilisation de ce type d’appareillage et sont très friands de véhicules de marques allemandes telles que VW, AUDI … ”, indique à son tour Nicolas Branicki. Les véhicules français volés sont, quant à eux, souvent appelés à rejoindre l’Hexagone. Les 4X4 ont pour destination l’Afrique du Nord et centrale tandis que les camions volés sont plutôt destinés aux Pays Baltes et à l’Afrique. D’après l’inspecteur principal Dubart, il est également courant que des véhicules soient désossés pour la revente de pièces.
Enfin, les deux policiers bénéficient d’un accord officiel en matière d’échange d’informations avec le Bundeskriminalamt (BKA), une unité de la police allemande. Très actifs >>>
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CRIMINALI T É AU TOMOBILE
ENFIN UN CERTIFICAT D’IMMATRICULATION ‘SÉCURISÉ’ Les vols de documents de bord restent un phénomène préoccupant. Ceuxci servent à ‘maquiller’ des véhicules. Une fois en possession d’un certificat d’immatriculation dérobé, les voleurs s’en servent pour inscrire un véhicule semblable (même marque, modèle …) ailleurs. Ce modus operandi est d’ailleurs très répandu en France où il n’y a pas de contrôle technique des véhicules de moins de quatre ans. Cette pratique dite des ‘doublettes’ peut avoir comme conséquence que deux véhicules circulent en Europe avec un seul et même numéro de châssis. Les papiers peuvent également servir à immatriculer fictivement un véhicule, lequel peut ensuite être déclaré volé dans le cadre d’une escroquerie à l’assurance. Imaginons que le propriétaire légitime du véhicule (dont les papiers ont été dérobés) soit arrêté dans le pays où le véhicule a été (prétendument) signalé volé … et les ennuis commencent … Comment alors se protéger contre ce type de vol ? Patrick Dubart : “On peut conseiller de cacher les documents originaux dans le véhicule, l’utilisation de photocopie n’étant pas légale”.
Lorsqu'il y a suspicion de falsification, les enquêteurs passent un chiffon imbibé d'acétone sur le numéro de châssis. Si la peinture s'enlève facilement, c'est qu'elle n'est plus d'origine. La fraude est alors vite révélée.
L’arrivée du certificat d’immatriculation (CIM) sécurisé permet également de se prémunir contre le vol des documents de bord. Depuis novembre dernier, le CIM, devenu plus difficile à falsifier, comporte deux volets détachables : l’un destiné à être placé dans le véhicule et l’autre pouvant être conservé en lieu sûr, à la maison par exemple. Un volet suffit lors de la présentation de votre véhicule au contrôle technique. Les deux parties du document sont cependant nécessaires en cas de revente du véhicule. L’arrivée de ce nouveau CIM représente une petite victoire pour les acteurs du secteur qui l’attendaient depuis de nombreuses années.
>>> dans le domaine de la lutte contre la criminalité automobile, ses membres ont mis sur pied un CD-ROM (numéroté) destiné aux spécialistes automobiles ainsi qu’aux policiers qui travaillent dans la matière. Chaque pays européen participant au projet y contribue et alimente la base de données en fournissant des informations. f 1
Lire à ce sujet l’article Criminalité automobile. La technologie : amie ou ennemie? dans l’Inforevue 02/2012 pp 14-16.
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OUT OF OFFICE
Dans la rubrique Out of Office, nous quittons la sphère professionnelle pour vous présenter la passion, le hobby ou une activité originale d’un membre du personnel.
Oh oh oh, ‘jolies’ poupees Certains collectionnent les trèfles à quatre feuilles, les voitures miniatures ou encore les autographes. L’inspecteur Aymeric Dandois possède, pour sa part, plusieurs modèles de parfaites répliques de poupées provenant tout droit de films d’horreur … TEXTE Gwendoline Hendrick
PHOTOGRAPHIE Jos Balcaen
FONTAINE-L’ÉVÊQUE – L’inspecteur Aymeric Dandois travaille à la police depuis 2009 et à la zone de police Des Trieux (Courcelles/Fontaine-l'Évêque) depuis trois ans. Lorsqu’il n’est pas sur le terrain, il apprécie les bons films en général et le registre de l’horreur en particulier. “J’ai toujours beaucoup aimé le cinéma et les films d’horreur pour les émotions qu’ils procurent”, explique-t-il. Sa collection de ‘poupées’ a débuté il y a environ un an : “Je voulais avoir l’icône d’un film qui m’avait particulièrement plu. J’ai alors fait des recherches sur internet et j’ai repéré une entreprise américaine qui commercialise des répliques de poupées de films d’horreur”. Le prix élevé des modèles et une certaine méfiance par rapport à une société qu’il ne connaissait pas ont quelque peu freiné l’inspecteur. Mais après avoir pris contact avec le fabriquant et s’être assuré de son sérieux, Aymeric a franchi le pas. Sa première acquisition, à plus de 1000 euros, fut ‘Billy’, reproduit en 250 exemplaires uniquement.
Chaque réplique de poupée (à l’échelle 1/1) est fabriquée, assemblée et peinte à la main, ce qui explique le prix élevé et le caractère limité de la production. Le corps est réalisé en PVC et est articulé par des
chaînes qui relient les différents éléments entre eux. Le visage et les autres parties visibles (mains, bras …) sont quant à eux réalisés à partir de résine.
Le premier achat de l’inspecteur reste son coup de cœur même s’il apprécie la qualité de la réalisation et des détails de la poupée Annabelle. Par ailleurs, deux de ses ‘protégés’ sont dédicacés par des acteurs du film correspondant. A titre d’exemple, la poupée sur le vélo (qui s’appelle également Billy) a été signée dans la nuque par Danny Glover, l’un des comédiens de Saw, également connu pour avoir joué notamment dans l’Arme fatale … L’inspecteur Dandois prévoit, à présent, de compléter sa collection avec le célèbre personnage de la poupée Chucky, si la société avec laquelle il traite décide de sortir le modèle. A sa connaissance, il est le seul à avoir une telle collection en Belgique. Mais d’autres fans de ces personnages singuliers sont répartis aux quatre coins du monde : Japon, Australie, Russie, Espagne … “On me prend parfois pour un fou ; certains aiment et d’autres pas. C’est vrai que c’est une passion un peu spéciale mais il faut prendre cela au second degré”, conclut avec humour le policier. Aymeric Dandois entouré par : (de gauche à droite) Billy, Pennywise, Billy et Annabelle.
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EURÊKA! De nos jours, le travail de la police technique et scientifique fait partie intégrante de l’instruction judiciaire. Bien que muettes, les traces matérielles sont souvent les seuls témoins d’un délit. Elles peuvent se révéler prépondérantes dans la recherche de l’auteur et de preuves. L’arsenal des possibilités dans lequel les enquêteurs et les experts peuvent puiser constitue la source d’inspiration de cette rubrique.
PRIERE DE NE PAS VOUS ESSUYER LES PIEDS ! Les experts du labo d’Ypres nous éclairent sur la technique du transfert électrostatique ou dustlifting, qui permet de prélever les traces de chaussures. TEXTE Stefan Debroux
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PHOTOGRAPHIE Lavinia Wouters
YPRES – Les traces habituellement recherchées par les acteurs de la série Les Experts sur le lieu d’un crime sont les traces dactyloscopiques et les traces d’ADN (sang, cheveux, etc.). Il y a également les traces d’oreilles laissées par les cambrioleurs sur les portes lorsqu’ils tentent d’écouter ce qu’il se passe de l’autre côté. Ces traces sont ‘corporelles’ et peuvent donc être associées directement à une personne. On distingue également les traces ‘matérielles’, comme celles d’un pied-de-biche, d’un gant ou d’une chaussure. “Il existe deux types de traces de chaussures”, explique le commissaire Stefaan Harteel, chef de service du laboratoire de police technique et scientifique de la police judiciaire fédérale d’Ypres. “Il y a les traces en creux et les traces en deux dimensions.” Tout le monde a déjà vu des traces de chaussures boueuses ou des empreintes de chaussures dans de la boue. Plus délicate en revanche est la marque laissée par une semelle de chaussure sur un sol ou n’importe quel autre objet – une porte, un t-shirt … – et résultant du transfert de la poussière provenant de la semelle sur la surface du matériau avec laquelle cette dernière a été en contact. Plus la semelle est sale, plus la trace est facile à voir à l’œil nu. Mais cela n’est pas indispensable. La technique du transfert électrostatique est très efficace pour détecter les traces de chaussures. Elle consiste à aspirer sur une feuille, grâce à une bobine haute tension, les particules de poussière présentes sur le sol. Comme par magie, la trace de chaussure est alors reproduite de façon
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très visible sur la feuille. Elle est ensuite photographiée, et les enquêteurs peuvent commencer leur travail.”
DES PIÈCES DE PUZZLE
En 2013, le laboratoire d’Ypres a prélevé 1 116 traces de chaussure dans le cadre de 230 faits, des cambriolages pour la plupart. “Cela nous permet essentiellement de procéder à des comparaisons”, explique Stefaan Harteel. “Il est rare qu’une trace de chaussure permette d’identifier directement un auteur. L’avantage de la démarche réside plutôt dans la possibilité d’établir des liens. Nous comparons systématiquement toutes les traces : les nouvelles et les anciennes, celles relevées en un endroit A et celles relevées en un endroit B ... Nous cherchons des correspondances. Une fois que vous savez, grâce aux traces de chaussures, que le cambriolage X et le cambriolage Y ont été commis par la même personne, vous pouvez mettre en œuvre de façon plus ciblée d’autres techniques de recherche, comme les enquêtes de téléphonie. Il n’est bien sûr pas toujours possible de coincer un auteur, puisqu’il peut se débarrasser de ses chaussures. Cependant, il ne faut pas négliger ce type de traces, sous peine de passer à côté d’une opportunité. Tout élément, aussi infime soitil, peut contribuer à élucider une affaire. En réalité, ces traces et indications sont les pièces d’un puzzle très compliqué. Mais lorsque vous parvenez à les assembler, les choses deviennent beaucoup plus claires.”
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Empreinte d’un cambrioleur : visible sur le sol ou presque invisible sur un t-shirt.
Prélèvement de traces par transfert électrostatique. L’expert du labo place d’abord une feuille (côté noir vers le bas) sur la trace. La feuille conductrice ou dustlifting film est ensuite mise sous haute tension afin d’être chargée. Les particules de poussière se collent ainsi sur la feuille grâce au courant électrostatique.
Une fois déchargée et retournée, la feuille laisse apparaître clairement la trace.
Photographie métrique au labo : l’expert photographie la trace de chaussure en taille réelle. Certains labos choisissent plutôt de scanner la trace.
DES DÉGRADATIONS COMME PREUVES Les traces de chaussures ne sont pas aussi impersonnelles qu’on pourrait le penser. Certes, elles ne sont pas uniques, comme l’ADN, les traces d’oreilles, les empreintes digitales ou les traces biométriques, mais elles peuvent avoir force probante devant le tribunal en vue de l’identification d’un individu. Qu’est-ce qui rend une trace de chaussure unique dans ce cas ? Stefaan Harteel nous éclaire : “L’usure et les dégradations. Chacun a sa propre façon de marcher, si bien que deux semelles de chaussures, même si elles sont de la même marque et du même type, ne s’useront jamais de la même manière. Il faut également ajouter à cela les dégradations liées au port de la chaussure, que l’on appelle les ‘typica’. Ce sont ces traces d’usure et ces ‘typica’ qui font qu’une semelle ne ressemble à aucune autre.” Enfin, précisons que si certains cambrioleurs portent des gants, d’autres enfilent des bas par-dessus leurs chaussures …
L’image est stockée en ligne, au format numérique, dans une banque de données centrale dédiée aux traces de chaussures.
Le labo de la PJF d’Ypres conserve en outre les traces de chaussures dans un classeur afin de pouvoir procéder à des comparaisons manuelles. Destiné avant tout à un usage interne, cet outil est également régulièrement utilisé par les laboratoires de Flandre occidentale et de Flandre orientale.
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L’ I N V I T É Dans cette rubrique, Inforevue accueille un membre de la police pour une discussion à bâtons rompus sur des thèmes d’actualité, tant en rapport avec ses fonctions qu’avec le monde policier au sens large.
Dites-nous, Thierry Dierick ... Le commissaire Thierry Dierick est le premier à prendre place dans le siège d’Inforevue. Entré il y a 27 ans comme sous-officier à la gendarmerie, il a gravi les échelons et est aujourd’hui directeur de l’Académie de police de la Province de Hainaut (APPEV). Depuis février 2013, il est aussi coordinateur général de l’ensemble de l’Institut provincial du Hainaut. TEXTE Benoît Dupuis
PHOTOGRAPHIE Jos Balcaen
Thierry Dierick, l’harmonisation de la formation policière : réalité ou vœu pieux ? "Nous devons tendre vers plus d’harmonisation, un programme pédagogique commun pour un même seuil de compétences à atteindre pour tous les aspirants, mais les disparités dans la mise en œuvre doivent pouvoir subsister. Les moyens au niveau de l’infrastructure et de l’encadrement diffèrent d’une école à l’autre et les attentes de nos bénéficiaires sont diverses. Les besoins d’une zone de police comme celle de Charleroi ne sont pas les mêmes que ceux de la zone de CominesWarneton. Sur la même journée, j’ai reçu deux critiques de chefs de corps : l’un trouvait nos aspirants trop axés sur le volet répressif, l’autre déplorait l’enseignement d’une vision trop sociale du métier de policier (sourire). Ce qui importe, c’est d’atteindre l’objectif final, un même seuil de compétences pour tous."
La commissaire générale encourage les écoles provinciales à intégrer dans leur fonctionnement les recommandations formulées dans le rapport de visite du Comité d’experts de l’organisation apprenante. Qu’entreprend l’APPEV à cette fin ? "Nous avons analysé ce rapport et les points d’amélioration attendus font l’objet d’actions concrètes reprises dans nos plans d’action annuels. Afin de renforcer les capacités pédagogiques de nos chargés de cours, nous avons, par exemple, développé une plate-forme numérique e-campus sur laquelle sont disponibles les supports de cours, un chat de discussion et toutes les informations pratiques sur les formations. Nous avions constaté qu’un dialogue s’engageait parfois entre chargés de cours et aspirants sur les médias sociaux, avec les risques que cela comportait, notamment en matière d’échanges publics sur le contenu des cours. Autres exemples : nous avons mis sur pied des réunions de coordination
avec les chargés de cours et inséré, dans chaque Bulletin du corps professoral, un focus sur une méthode pédagogique innovante."
Le plan national de sécurité recommande que l’approche de la fonction de police orientée vers la communauté (FPOC) se retrouve dès la formation de base. Comment cela se traduit-il à votre niveau ? "C’est une philosophie que l’on veut transversale et notre projet pédagogique repose sur les cinq piliers1 de la FPOC. Nos formateurs et chargés de cours doivent faire le lien entre ce qu’ils enseignent et ces principes. Du reste, ces chargés de cours sont issus du terrain et reflètent donc la culture de leur corps de police, c’est le meilleur moyen de l’implémenter. Exemple concret : nous travaillons beaucoup sur le discernement de nos aspirants pour qu’ils acquièrent de l’autonomie, ce qui favorise l’orientation externe, la capacité à résoudre les problèmes et l’ouverture au partenariat."
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Ma citation préférée est :
"Le savoir est la seule ressource qui prend de la valeur en la partageant." Jean-François Ballay, l’un des pionniers français de la gestion des connaissances
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L’ I N V I T É
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L’ I N V I T É ELDORADO OU LOCH NESS ? Comment vous préparez-vous à la réforme de la formation de base inspecteur, qui verra, notamment, les aspirants effectuer six mois de stage en unité ? "En attendant la signature des textes, nous nous y préparons activement. L’analyse des programmes, la répartition des cours et chargés de cours, la révision des supports pédagogiques, la communication avec les parties prenantes tels que les mentors sur le terrain… Tout cela va être initié très prochainement et constitue un gros défi pour les écoles de police, la Direction de la formation mais aussi les zones de police puisqu’une partie de l’apprentissage s’effectuera désormais sur le lieu de travail. Nous ferons le maximum pour être prêt."
La police collabore avec la Caserne Dossin dans un projet de sensibilisation aux Droits de l’Homme (voir pages 8 à 10). En tant que directeur d’académie, qu’en pensez-vous ? "C’est une bonne initiative qui devrait apporter une plusvalue à l’apprentissage. Reste à voir la mise en œuvre. J’ai déjà évoqué l’importance que nous accordons à la capacité de discernement de nos aspirants. Dans ce cadre, il est intéressant qu’ils puissent identifier les mécanismes qui représentent une menace pour les Droits de l’Homme et qu’ils soient armés pour faire face à des dilemmes d’ordre éthique. Le projet Dossin peut les y aider." Dans la lutte contre la violence à l’égard des policiers, quelle contribution peut apporter la formation ?
"Dans les formations de base et continuées en maîtrise de la violence, nous mettons l’accent sur le développement des aptitudes communicationnelles des policiers afin d’éviter une escalade. Nos formateurs attirent également l’attention sur une donnée essentielle : la majeure partie des interventions se passe bien. Il y a trois ans, à l’initiative de la zone de police
PRO/CONTRA • Le taser : "pour, avec un usage très réglementé." • Les bodycams : "contre, car c’est un moyen disproportionné." • Les volontaires à la police : "joker. A tester."
• Les patrouilles unipersonnelles : "pour, à usage restreint."
• Le Very Irritating Police : "pour, vis-àvis de groupes cibles spécifiques et une bonne communication du projet."
LE TRADUCTEUR • La police travaille ensemble : "développement de l’esprit de solidarité. Management participatif. Partenariat dans la chaîne de sécurité." • La police apporte une plus-value : "la formation contribue à la performance policière qui ellemême contribue à la qualité de vie de la population."
• La police responsabilise : "responsabilisation des aspirants face aux actes qu’ils peuvent poser et dans la prise en main de leur apprentissage."
• La police est proactive : "prévention de la commission des délits. Anticiper avant de constater."
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La question perso : vous suivez actuellement la formation du brevet de direction. Qu’en avez-vous déjà retiré ? "D’abord, la difficulté de combiner les contraintes de cette formation avec celle de la fonction exercée. Ensuite, une indéniable plus-value grâce à la formation d’un réseau avec les membres de la promotion et tous les intervenants sollicités, couplée à une grande ouverture d’esprit qui nous sort de notre cadre de référence."
de Mouscron, nous avons par ailleurs lancé une formation continuée sur la gestion de l’agressivité dans l’approche du contrevenant, avec l’aide du Service d’appui psychologique aux intervenants de la Province de Hainaut. Nous la dispensons de manière décentralisée, dans les corps de police. Les évaluations sont positives et elle figure au catalogue de nos formations."
L’e-learning, nouvel Eldorado ou monstre du Loch Ness de la formation ? "D’ici trois à quatre ans, une partie de nos formations s’effectuera à distance, en ligne. Nous avions tenté une première initiative avec un cours sur le développement des capacités pour la rédaction de procès-verbaux (orthographe, syntaxe, grammaire…). A l’analyse, si cela a engendré certaines retombées positives, nous avons aussi identifié un obstacle important, à savoir le manque de pc reliés à internet sur le lieu de travail. Et si les apprenants suivaient cette formation au départ de chez eux, ils n’étaient pas autorisés à comptabiliser leurs heures… De meilleurs moyens informatiques et un changement de mentalité s’imposent donc si on veut avancer dans l’e-learning. Mais je suis davantage partisan du blended learning2. La formation uniquement à distance accuse des limites. J’estime en effet que l’interaction avec les chargés de cours et d’autres apprenants est importante."
les erreurs qu’il a détectées. Cela donne du sens à l’apprentissage."
Depuis 2008, vous êtes aussi vice-président Europe de Francopol. Quelle bonne pratique étrangère aimeriez-vous voir implémentée au sein de la police belge ? "Le commissariat-école de l’Ecole nationale de police du Québec. Durant les seize semaines de stage, la vie opérationnelle réelle est reproduite avec pas moins de quarante comédiens à disposition. Les aspirants sont placés en condition ‘de laboratoire’ et éprouvent toutes les situations qu’ils seront amenés à rencontrer dans la vie opérationnelle : intervention, rédaction, contact avec le magistrat, etc. Mais cela demande des moyens conséquents dont nous ne disposons pas."
VERY IRRITATING QUESTION Pourquoi l’APPEV n’est-elle pas encore présente sur les médias sociaux ? @ThierryDierick :"Parce que son directeur l’est (rires). Pour l’heure, je ne vois pas de plus-value directe, hormis la visibilité de nos activités. Les médias sociaux, c’est pour interagir, mais sur quoi dans le cas présent ? Nos messages risqueraient d’être des plus redondants par rapport à d’autres partenaires. Une réflexion en la matière est en cours au sein de notre organisation."
Quel est votre profil idéal du ‘formateur du futur’ ?
"Le formateur ne peut plus, de nos jours, se contenter d’être un expert de contenu doublé d’un transmetteur de savoir. Il doit désormais aussi accompagner, guider, questionner pour développer l’autonomie chez nos aspirants. Nous nous situons de plus en plus dans des démarches individuelles de formation car on apprend durant toute la vie. Aujourd’hui et encore davantage dans le futur, l’apprentissage expérientiel sera de mise. Qu’est-ce que cela signifie ? On part d’acquis, et on développe la compétence au départ de l’exécution d’une tâche en profitant de ses erreurs. Exemple concret, après un jeu de rôle, pas de débriefing immédiat avec les autres participants et le formateur. L’apprenant repart avec la vidéo, débriefe seul chez lui, et expose ensuite à l’ensemble du groupe ses observations,
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L’ I N V I T É
PERSON OF INTEREST
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L’orientation externe, le travail orienté vers la résolution de problèmes, le partenariat, la justification et l’implication capable. Apprentissage en partie présentiel et en partie à distance.
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GESTION DES ÉVÉNEMENTS À LA ZP SEMOIS ET LESSE
La prévention annonce la couleur La zone de police Semois et Lesse accorde une attention toute particulière à la bonne gestion des événements. Elle a d’ailleurs réalisé un vade-mecum à ce sujet et s’attaque principalement à la problématique des assuétudes chez les jeunes. Depuis début 2013, la zone de police locale a mis sur pied un système de bracelets de couleur qui indiquent le type de boissons alcoolisées pouvant être consommées ou non lors d’événements festifs. TEXTE Gwendoline Hendrick
PHOTOGRAPHIE Jos Balcaen
BERTRIX – La zone de police Semois et Lesse (Bertrix/Bouillon/ Daverdisse/Herbeumont/Libin/ Paliseul/Saint-Hubert/Tellin/Wellin) s’est inspirée d’un document réalisé par la police locale Famenne-Ardenne pour élaborer son propre vademecum en matière d’organisation d’événements. Celui-ci rassemble toutes les obligations et les modalités pratiques à destination des organisateurs d’événements tels que soirées dansantes, concerts …
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NOUS CIBLONS PLUS PARTICULIÈREMENT LA CONSOMMATION DE TABAC ET D’ALCOOL CHEZ LES JEUNES
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Outre l’autorisation et la déclaration, le document aborde, entre autres, les questions liées à la sécurité, à la tranquillité publique et la propreté, à la consommation d’alcool et de drogues, à l’interdiction de fumer ou encore aux contrôles effectués. Un formulaire unique de déclaration simplifiée est annexé au vade-mecum. Un mois avant la tenue de l’événement, ce document doit être complété et introduit auprès du bourgmestre qui autorisera ou non la manifestation. Pour ce faire, ce dernier peut se baser sur l’avis fourni par la zone de police, et plus particulièrement, par son chef de corps qui a décidé de s’attaquer à la problématique des assuétudes. “Nous ciblons plus particulièrement la consommation de tabac et d’alcool chez les jeunes principalement”, explique le commissaire divisionnaire et chef de corps Vincent Léonard. “La consommation d’alcool contribue à faire tomber les barrières inhibitives des jeunes. Cela peut les mener à commettre des actes de vandalisme, à conduire en état d’ivresse, à troubler l’ordre public … Les risques sont d’autant plus grands lors de manifestations festives avec une forte concentration de jeunes et une importante consommation d’alcool”, ajoute-t-il. Face à ces constats, le chef de corps a souhaité agir avec, dans un premier temps, un renforcement de la présence policière à l’entrée des soirées. Il a ensuite complété cette mesure par l’introduction d’un système de bracelets de couleur pour les participants.
UNE COULEUR POUR CHAQUE ‘CONSOMMATEUR’
civil pouvant discrètement contrôler ce qu’il se passe à l’intérieur. L’ensemble de ces mesures semble Sur base de la présentation de la d’ores et déjà porter ses fruits. “ J’ai carte d’identité, un bracelet de couconstaté, entre 2012 et 2013, une leur est remis par les organisateurs diminution du nombre de faits de aux personnes prenant part à l’évécoups et blessures (passés de 291 nement. Il sera de couleur rouge à 251) et d’actes de vandalisme et pour les jeunes de moins de 16 ans de dégradation (passant de 405 à (interdiction de servir des boissons alcoolisées), de couleur jaune pour les 332). Est-ce la cause principale ou jeunes de 16 à 18 ans (autorisation de un paramètre qui entre en ligne de consommer uniquement des boissons compte ? Je l’ignore, mais la prévenfermentées et donc non distillées). tion a vraisemblablement un impact Les bracelets de couleur verte sont positif. Maintenant, nous n’avons pas destinés aux jeunes de plus de 18 ans réglé le problème de l’alcool dans son (autorisation pour consommer toute ensemble mais tout ceci constitue un boisson alcoolisée) tandis que les moyen pour pouvoir y parvenir.” bracelets bleus sont remis aux ‘BOB’, c’est-à-dire aux personnes s’engaUn tel encadrement des événements geant à ne pas consommer d’alcool. nécessite évidemment un investisCes différents bracelets sont fournis sement en matière de personnel et gratuitement aux organisateurs par donc, un coût important. Pour l’année la zone de police qui effectue égale2013, il a représenté un total de 5 500 ment des contrôles aléatoires lors heures et devrait atteindre les 6 000 de manifestations conséquentes. heures pour 2014, ce qui correspond “Cet encadrement mobilise alors au travail de quatre inspecteurs de une équipe de trois policiers postés police, soit un budget de 240 000 à l’entrée et pouvant être appuyés euros par an. Un investissement par deux contrôleurs du SPF Santé certes important mais qui peut prépublique”, précise le chef de corps. Le senter des retours intéressants. Les non-respect de la législation concerinfractions ainsi évitées sont autant d’interventions, de rédaction de pronant la consommation cès-verbaux, de suites d’enquête … d’alcool et l’interdiction de fumer peut donner lieu qui ne doivent pas être effectuées. Enfin, si la zone de police Semois et à des amendes allant de 143 à 1650 euros à charge Lesse souhaite appliquer strictement de l’organisateur et/ou du les directives en matière de gestion d’événements et de consommation consommateur en foncd’alcool, son chef de corps insiste : tion des circonstances. “je suis tout à fait favorable à ce que Enfin, Vincent Léonard la jeunesse s’amuse … mais en toute prévoit également de sécurité afin de ne pas aboutir à des renforcer ce dispositif situations dramatiques et irréveren intégrant un (faux) sibles”. CQFD … f couple de policiers en
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ROSENBERG
2 MINUTES DE FOOTBALL
Le sergent Ariel Solturade de la Rosenberg Police Department patrouillait dans un quartier résidentiel lorsqu’il a aperçu un enfant. D’autres jeunes jouaient ensemble, mais celui-ci se tenait à l’écart, un ballon à la main, et semblait triste. Ariel est alors descendu de son véhicule et s’est approché du jeune garçon. “Je suis sorti et j’ai fait le geste universellement compris de tous qui consiste à mettre ses mains en triangle pour qu’il me lance le ballon”, a-t-il expliqué à ABC News. Le petit garçon, nommé Jermaine Ford et âgé de 10 ans, s’est d’abord demandé ce que le policier lui voulait. “Je ne m’attendais pas à cela. Je croyais avoir commis quelque chose de mal.” Mais il a rapidement compris que l’officier lui proposait de jouer avec lui et lui a alors lancé le ballon. Un petit geste de la part du policier, mais qui aura eu toute son importance auprès du petit garçon. La scène a été filmée par la dashcam de la voiture de police. Et comme l’explique le département de police en tweetant la vidéo - qui a fait le buzz - : “Parfois 2 minutes de football ne veulent rien dire pour certains et veulent tout dire pour d’autres.”
W E ST YOR KSHIR E
COCO ET LA BONNE CONDUITE
Une automobiliste en conduite accompagnée a été interceptée par la police alors qu’elle commettait un excès de vitesse. Cela s’est passé sur l’autoroute M62, au nord de l’Angleterre. Plus grave encore, selon la police du West Yorkshire, la femme de 55 ans se trouvait seule dans le véhicule, avec un perroquet à ses côtés. “Comme les perroquets ne sont pas autorisés à superviser des personnes en conduite accompagnée, nous avons confisqué son véhicule”, a déclaré la police sur son compte Twitter en accompagnant ses propos d’une photo de l’oiseau gris dans l’habitacle de la voiture. “Les conducteurs qui suivent la formation en conduite accompagnée ne sont autorisés à conduire qu’accompagnés d’un chauffeur qualifié et ne sont pas censés conduire sur l’autoroute”, a affirmé la police.
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DUBAÏ
Point de référence BRUXELLES 12:00
KINSHASA
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LA ‘CLASSE’ SUPPLÉE L’EFFICIENCE
Une chose est certaine, les policiers dubaïotes ne s’ennuient pas. Il suffit de pousser la porte de leur garage pour s’en rendre compte. Leur nouvelle Mc Laren MP4-12C, acquise à Noël, y voisine une flamboyante Lamborghini Aventador. Leur écurie compte également des Chevrolet Camaro, des Ferrari FF, des Mercedes SLS, des Bentley GTR, des Ford Mustang et des Audi R8. De quoi faire tourner bien des têtes … Comme l’émirat de Dubaï est un des pays les plus riches du monde, et que par conséquent, la plupart de ses habitants possèdent des voitures ultra-rapides, on pourrait croire que les officiers de police sont dotés de voitures semblables afin d’avoir une chance de rattraper les délinquants. Ce que Khamis Matter Al-Muzaina, directeur de la police locale, dément. “Le rôle des voitures n’est pas d’arrêter les criminels”, explique-t-il sur le site de TF1, “mais de montrer la classe de Dubaï.” Et de la classe, c’est indéniable, la police dubaïote n’en manque pas.
DES ROBOTS POLICIERS
Un petit air futuriste flotte dans les rues de la capitale congolaise. Deux robots, placés à des carrefours stratégiques, régulent la circulation. Ces machines, conçues par une société privée, mesurent 2,50 m de haut et sont munies de diodes clignotants. Elles sont capables de parler, sont équipées d’un système de détection - pour repérer les piétons voulant traverser- et de caméras pour filmer la circulation. Les images capturées par le robot sont ensuite envoyées à un centre de stockage des données. Pour l’instant, ces informations ne sont pas utilisées, mais lorsque les robots seront remis à la police, elles permettront de poursuivre les personnes ayant commis des infractions. Les robots disposent d’un panneau solaire qui leur confère leur autonomie. “C’est un plus en matière de sécurité routière”, déclare Val Manga, président de la Commission nationale de prévention routière congolaise. “Il faut multiplier ces robots roulage intelligents.” Ces créatures électroniques sont les bienvenues dans une ville où la circulation est chaotique et où les policiers du roulage sont souvent accusés de rançonner les automobilistes.
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AFFAIRES EN COURT
HÉROÏQUES
Ni une ni deux
Réanimé avec succès
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NEERPELT – 12 décembre 2013. Les inspecteurs Sabrina Quets et Rob Dreesen de la zone de police HANO (HamontAchel/Neerpelt/Overpelt) sont en service d’intervention de 14 à 22 heures. Peu avant 17 heures, ils sont appelés pour localiser une dame de 75 ans qui a disparu. Après un bref entretien avec son mari et quelques voisins, les deux policiers retrouvent la dame dans l’eau glacée de l’ancien canal, à hauteur du pont de Grote Heide. Sans hésiter, l’inspectrice Quets se jette à l’eau pour la secourir. Avec l’aide de quelques passants, la dame est hissée sur la berge. C’est à la rapidité de cette intervention qu’elle doit la vie !
ANVERS – Le 24 janvier 2014, les membres de l’équipe spéciale d’assistance (BBT pour Bijzondere Bijstandsteam) de la police d’Anvers se rendent compte que quelque chose ne tourne pas rond dans une voiture arrêtée au carrefour Schijnpoort. Les passagers sont manifestement dans tous leurs états et en panique totale. Les policiers décident d’aller voir ce qu’il s’y passe et découvrent dans le véhicule un homme sans connaissance, probablement victime d’un arrêt cardiaque. Les autres occupants n’ont pas encore averti les secours et pensent que leur ami est déjà décédé, car ils savent qu’il a récemment subi une opération au cœur. Pour ne pas perdre de temps, la voiture où se trouve toujours la victime est accompagnée dans la circulation par deux véhicules de police en direction de l’hôpital Stuivenberg, situé à proximité. Sans attendre, l’un des policiers tente de réanimer la victime, avant de passer le relais au personnel des urgences. La victime, un homme de 64 ans, a effectivement été frappée par une crise cardiaque. Grâce à l’intervention rapide de la BBT, l’homme est toujours en vie et son état est à présent stabilisé.
© ZP HANO
Stephan van Liempt / S.V.P.
Fons Bastiaenssens / S.V.P.
© Lavinia Wouters
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AFFAIRES EN COURT
Mise en déroute d’un serial carjacker f
Des inspecteurs élus Bruxellois de l’année f
© ZP Beloeil/Leuze
SAINT-GHISLAIN – Le 7 décembre 2013, le commissaire divisionnaire David Deladrier, chef de corps de la zone de police Beloeil/Leuze, s’est rendu sur une aire d’autoroute à proximité de Saint-Ghislain pour y chercher sa fille revenant de voyage. Il était loin d’imaginer ce qui l’attendait. Il a en effet été confronté à un individu, qui a essayé de voler un taxi en frappant son malheureux propriétaire. Lorsque le commissaire divisionnaire l’a vu agresser le taximen, il est intervenu et l’a empêché de poursuivre son méfait : “J’ai hésité car mon fils de 7 ans était dans la voiture avec moi, mais je ne pouvais pas laisser cette personne se faire
agresser comme ça.” Après avoir été intimidé et bousculé par le policier en civil, l’homme a pris la fuite en direction de la station-service équipant ce parking. Poursuivi par David Deladrier, l’individu s’est alors retourné, a fait mine de sortir une arme à feu et l’a menacé en criant : “Si t’avances encore, je te descends.” Il a ensuite vainement tenté de s’emparer de deux autres véhicules à l’arrêt et a cassé la vitre de l’un deux, sous les yeux du policier. Comprenant qu’il risquait sa vie, ce dernier a rejoint sa voiture et son fils. Il a appelé le Centre d’information et de communication de Mons en expliquant la situation et celui-ci a envoyé une équipe de la police fédérale de la route sur les lieux.
Le geste en question, c’était le sauvetage d’un homme qui était en train de se noyer. Le 8 septembre 2013, en fin d’après-midi, des policiers patrouillaient le long du canal Bruxelles-Charleroi. Ils ont aperçu un homme dans le canal et ont alors requis l’assistance d’autres patrouilles. Les inspecteurs Cédric Roex et Aurélien Hustin sont arrivés sur place. Ils ont vu qu’une corde avait déjà été lancée à la personne en difficulté, mais que celle-ci n’avait plus la force de l’agripper. Ils n’ont pas hésité, et, malgré les dangers, ils ont sauté dans l’eau. “Nous n’avions qu’une pensée en tête”, explique l’inspecteur Cédric Roex, “il fallait la sauver.” Les médias bruxellois La Capitale, Vlan et Viva Bruxelles, organisateurs de cette soirée, n’ont donc pas oublié cet acte héroïque : “C’est une fierté pour nous et pour les autres collègues, une reconnaissance de la profession”, déclare Aurélien Hustin. “Ça fait plaisir de voir qu’il y a des gens qui croient encore en la police.” Julie Caby © Julie Mampuy
Entretemps, l’individu tentait de carjacker toutes les voitures qui passaient et effrayait les clients de la station-service. Afin de ne perdre aucun détail sur les faits en cours, David Deladrier a approché sa voiture de l’homme. Ne reconnaissant pas le policier, le malfaiteur a tenté de lui voler sa voiture. Heurté par le véhicule, il est tombé au sol. Il s’est ensuite enfui, laissant derrière lui un grand nombre de personnes sous le choc, dont les passagers d’un autocar qu’il avait également tenté de carjacker. Il court toujours et la police judiciaire fédérale de Mons est en charge de l’enquête. De son côté, David Deladrier est en ordre avec sa conscience. “J’ai réagi comme tout citoyen devrait le faire, ni plus, ni moins.”
IXELLES– Le 11 février, se tenait la soirée des Bruxellois de l’année. Les inspecteurs Cédric Roex et Aurélien Hustin, de la zone de police BruxellesOuest ont été élus dans la catégorie ‘société’. Ils ont donc reçu une statuette représentant le Manneken-Pis, au même titre que des célébrités comme Vincent Kompany et Stromae. “C’était assez impressionnant de se retrouver là”, avoue Cédric Roex, “je ne m’attendais pas à ce que mon geste ait de telles conséquences.”
Julie Caby
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AFFAIRES EN COURT
Légion d’Honneur pour Paul Van Thielen
© Jos Balcaen
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BRUXELLES – L’ambassadeur de France en Belgique, Bernard Valero, a remis, le jeudi 9 janvier 2014, les insignes de chevalier dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur à Paul Van Thielen, ancien directeur général de la police judiciaire fédérale et ancien commissaire général a.i de la police fédérale.
Dans l’hommage rendu, l’ambassadeur de France a souligné l’importance et les enjeux de la coopération franco-belge sur le terrain de la police et a réaffirmé l’engagement des autorités françaises à poursuivre ce remarquable travail en commun. B.D.
Félicitations françaises
Caméras néerlandaises pour véhicules volés belges
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f BRUXELLES – La police belge peut désormais faire appel aux officiers de liaison de la police néerlandaise à l’étranger et vice-versa. Un accord de coopération avait déjà été signé en 2011 par les ministres compétents. Après une période d’essai et quelques résultats marquants, la commissaire générale de la police fédérale, Catherine De Bolle, et le chef de corps Gerard Bouman (PB) sont parvenus à un accord de répartition du travail. Cet accord a été signé, le jeudi 16 janvier 2014, au secrétariat général Benelux. Par ailleurs, la Belgique et les Pays-Bas échangeront dorénavant chaque jour ouvrable des listes de véhicules et de plaques d’immatriculation volés et ce, pour l’utilisation des caméras d’identification de plaques d’immatriculation (ANPR). CGPW
© Jos Balcaen
"Par cette distinction, la France entend rendre hommage à un acteur important de la coopération franco-belge en matière de sécurité et de police qui mérite la reconnaissance et la gratitude de la France", selon l’ambassade de France en Belgique.
FAST
BENELUX
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DISTINCTION
BRUXELLES/PARIS – Le FAST de la police fédérale a arrêté, dans le centre de Bruxelles, le 23 janvier 2014, le criminel français Mohammed B. (34 ans). Le 18 novembre 2008, il avait été libéré de la gendarmerie française d’une manière spectaculaire par un commando armé de mitrailleuses. Les policiers et le gangster étaient en route vers le tribunal pour un interrogatoire avec le juge d’instruction de Beauvais. Les membres de ce commando avaient rapidement été arrêtés après les faits en Allemagne mais Mohammed B. avait réussi à s’échapper. Il était signalé par la France au niveau international et était, depuis 2008, activement recherché par tous les services de police français. Le FAST a pu le localiser dans le centre de Bruxelles où il avait loué un appartement pour un mois sous une fausse identité. Lors de son arrestation, il était en possession de faux documents français. Il a été mis à la disposition du juge d’instruction à Bruxelles dans le but de le livrer à la justice française. Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, a tenu à "féliciter les policiers de la police fédérale belge et les militaires de la gendarmerie nationale qui ont permis cette arrestation. Grâce à l'exploitation rapide d'un renseignement permettant de le localiser et d’une coopération exemplaire entre les autorités française et belge, il a pu être interpellé, et sera donc déféré devant la Justice." B.D. avec CGPW
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AFFAIRES EN COURT
CO OPÉ R AT ION AV E C L E S E DE E
“UN GAIN DE TEMPS CONSIDÉRABLE ” f OUD-HEVERLEE – Depuis de nombreuses années déjà, les aspirants de l'École fédérale (DSEF) suivent une journée de cours auprès du Service d'enlèvement et de destruction d'engins explosifs (SEDEE) de la Défense. Grâce à ces cours, les fonctionnaires de police sont mieux préparés pour le terrain et sont capables de prendre toute une série de mesures utiles dans l'attente de l'arrivée du SEDEE. Le mardi 25 février 2014, un groupe d'étudiants se trouve dans la salle de classe du SEDEE. Ces aspirants commissaires et aspirants inspecteurs principaux de police spécialisés se préparent à des situations dans lesquelles le SEDEE doit intervenir. L'adjudant Patrick Van De Mergel est le chargé de cours de service : “Ces cours représentent pour nous un gain de temps considérable, que ce soit en cas d'EOD (Explosive Ordnance Disposal) ou d'IED (Improvised Explosive Device). Avant, la police attendait simplement notre arrivée. À présent, elle sait précisément ce qu'il convient de faire et prend déjà toute une série de mesures. Pour la police, notre savoir-faire technique constitue un outil supplémentaire, qui permet une meilleure coordination et communication sur le terrain, et, in fine, un gain sur le plan économique.”
tions avec des explosifs. “Nous pouvons nous-mêmes voir l'impact, par exemple, de l'explosion de 10 grammes d'un produit déterminé”, déclare Laury Lambot, inspectrice principale spécialisée. Au programme figure également une description des différents EOD, tels que des bombes et des grenades des deux guerres mondiales, et les explosifs artisanaux (IED), utilisés entre autres par les terroristes. Dernier point à l'ordre du jour, les procédures : comment effectuer correctement une fouille, par exemple, d'un bâtiment (sweep), comment procéder à une évacuation (clear), que faire en cas de découverte d'un objet ou engin suspect ... “Il est toujours intéressant de voir comment nos partenaires travaillent”, ajoute Laury Lambot. “Non seulement les partenaires internes, mais également les partenaires externes tels que la Défense, les services d'incendie ... Qu'attendent-ils de nous ? Comment les procédures se déroulent-elles ?” Et l'adjudant Van De Mergel de conclure : “La coopération permet de démystifier notre manière de travailler.” www.mil.be S.V.P.
Programme
Après une courte présentation du SEDEE, les aspirants se rendent à l'extérieur afin d'assister à plusieurs démonstra-
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AFFAIRES EN COURT
FILM ANTIDROGUE
“Un signal des services de secours” f © Lavinia Wouters
TURNHOUT – Un clip vidéo contenant des images et des témoignages saisissants sur les ravages causés par le GHB, telle est l'arme conçue par la zone de police Regio Turnhout et d'autres services de secours pour convaincre les jeunes de ne pas consommer cette party drug. Ce clip devrait être montré dans toutes les écoles juste avant l'été, la haute saison, durant laquelle les jeunes ont tendance à donner libre cours à leurs envies. L'été dernier, trois jeunes sont presque simultanément tombés dans le coma sur la Grand-Place de Turnhout et six autres jeunes de la région ont été admis aux urgences. “C'était impressionnant”, déclare le commissaire divisionnaire Bart Raeymaekers, de la zone de police Regio Turnhout. “Le problème lié au GHB, un produit dangereux, avait été résolu il y a quelques années,
mais il a subitement refait surface. Le GBL, qui est vendu sous la forme d'une boisson incolore, est l'une des matières premières du GHB. Ce produit n'est pas fiable, est vraiment bon marché et entraîne une grande accoutumance. Les risques pour la santé sont majeurs, surtout si l'on y ajoute un déboucheur ou un nettoyant pour jantes. Il arrive donc souvent que l'on tombe dans le coma ou que des jeunes s'étouffent dans leur vomissure. Si l'on ne porte pas secours rapidement, l'issue peut être fatale.” La zone de police Regio Turnhout a réagi de manière draconienne. “Chaque semaine, nous avons mené des actions antidrogue très ciblées, qui ont eu l'effet escompté. Grâce, entre autres, au concours du Service intervention spécialisée (GIS) de la police fédérale, un grand nombre de dealers ont pu être arrêtés. Ces actions ont également permis d'empêcher la criminalité marginale.”
Un petit film porteur d'un message “Outre le volet répressif, les bourgmestres souhaitaient s'attaquer au problème de manière plus large et mener une action préventive de concert avec la zone de police Noorderkempen et les services d'urgence de la région”, poursuit le commissaire divisionnaire et chef de projet Bart Raeymaekers. “En tant que services de secours, nous souhaitons donner un signal, tenter de résoudre ce problème car, en fin de compte, nous sommes ceux qui sont confrontés aux conséquences de la consommation de drogue. Nous nous sommes concertés avec un grand nombre de partenaires : médecins urgentistes, directions d'école, parquets, zones de police, comédiens ... Nous avons décidé de réaliser un © ZP Regio Turnhout
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F U G U E S E T D I S PA R I T I O N S
Réfléchir avant d’agir
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AFFAIRES EN COURT
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petit film afin de tenter de convaincre les jeunes qu'ils ne sont pas 'cools' au moment où nous les trouvons (par exemple, dans leur vomissure) et que les dealers ne sont pas leurs amis. Le film dure une vingtaine de minutes et comporte trois parties. Dans la première partie, une personne est admise aux urgences et une explication scientifique est donnée. Le rôle de la police est ici aussi démystifié : nous sommes là pour assister d'autres services de secours. La deuxième partie montre le témoignage poignant d'un consommateur/dealer et de sa mère. Enfin, un comédien connu tente de convaincre les jeunes de ne pas consommer de GHB. Ce n'est pas tant un film de prévention, les images sont un peu trop percutantes pour cela, qu'un signal des services de secours indiquant qu'il faut d'urgence faire quelque chose.” Il ne reste plus qu'à espérer que le message soit reçu par les jeunes, les services de prévention, mais aussi les niveaux de pouvoir. “Les jeunes reçoivent des autorités des messages encore trop souvent contradictoires en ce qui concerne les drogues et ne sont pas toujours informés de manière cohérente et correcte”, conclut le chef de projet. “Un certain nombre d'initiatives, telles que des modifications législatives concernant la détention de certains produits, pourraient par ailleurs être prises.” Après avoir été projeté dans les écoles, le film sera diffusé le 23 avril. Il pourra également être vu via les médias sociaux et sur les sites web de la police. À voir donc !
BRUXELLES – Un enfant qui disparaît et c’est la panique qui prend le dessus. Confrontés à cette situation, les parents, affolés, veulent bien faire. Sans se douter qu’ils pourraient faire pire que mieux. Afin de recueillir le plus de témoignages possible et d’avoir une chance de retrouver leur enfant le plus vite possible, certains partagent une photo et une description de celui-ci sur les réseaux sociaux. “Avant tout, nous comprenons très bien l’état d’angoisse des parents”, souligne Alain Remue, de la Cellule personnes disparues de la police fédérale. “Mais on constate qu’ils prennent cette initiative sans réfléchir aux conséquences.” Une fois la photo partie, il est impossible de stopper le processus. Dans un élan de solidarité, les gens partagent l’image, en font des affiches … C’est ainsi que parfois, deux mois après la disparition d’un jeune, des gens téléphonent encore à la police pour dire qu’ils croient l’avoir aperçu. Alors que celui-ci a réintégré le domicile familial depuis longtemps … Plus grave encore, le jeune voyant sa photo diffusée publiquement pourrait en être effrayé et ne plus oser revenir à la maison. Mais que conseiller aux gens ? “Il faut se concerter avec la police avant de faire quoi que soit de façon instinctive”, estime Alain Remue. “Il est également recommandé de passer par des canaux officiels comme Child Focus.” La Cellule personnes disparues prend soin de ne pas aller trop vite. Chaque disparition est différente, le cas est donc examiné avec minutie et les enquêteurs essaient, avec les familles, de parcourir les différentes hypothèses. Est-ce une fugue ? Un enlèvement ? Parfois, la police elle-même utilise les réseaux sociaux pour obtenir des témoignages et des informations, mais cette démarche se fait toujours en concertation avec la famille et le parquet. Mieux vaut donc réfléchir avant d’agir. Les réseaux sociaux ne pourront jamais remplacer la police. Julie Caby
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AFFAIRES EN COURT
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OSER PARLER DU VIOL f
BRUXELLES – Le viol est l’une des pires formes de violence. Bien souvent, les personnes l’ayant subi culpabilisent et choisissent, à tort, de ne pas en parler. C’est pourquoi une campagne de sensibilisation sur les violences sexuelles a été lancée à l’initiative de la Ministre de l’Intérieur et de l’Égalité des chances, Joëlle Milquet. Elle a été réalisée en collaboration avec l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes et la police. Le clip vidéo Viol. Brisez le silence fait partie intégrante de cette action de sensibilisation. Il est avant tout destiné aux victimes d’agression sexuelle et à leurs proches. Ce clip poignant d’1 minute 50 a été réalisé par le Centre audiovisuel de la police fédérale (DSI/CAVC) et le réalisateur Jacques Decrop. “C’était intéressant de travailler avec un réalisateur extérieur”, confie Benoit Goesaert, caméraman du CAVC, “on a découvert de nouvelles méthodes de travail. Je pense qu’esthétiquement, le clip est très réussi.” Cette vidéo brise les mythes qui entourent le viol et vise à encourager les personnes agressées sexuellement à porter plainte et à en parler. Selon le dernier Moniteur de sécurité,
90 % des victimes de viol ne font pas de déposition à la police. Or il est important qu’elles le fassent, pour deux raisons. Premièrement, ces faits non déclarés n’apparaissent pas dans les statistiques criminelles policières, c’est ce qu’on appelle ‘le chiffre noir’. L’ampleur et les caractéristiques du phénomène ne sont donc que partiellement connues. Cela empêche de mener une stratégie adéquate pour prévenir ces agressions sexuelles et lutter contre celles-ci. Deuxièmement, déposer plainte, c’est l’occasion pour la victime de recevoir un accompagnement. Cela donne également une chance à la justice de retrouver l’auteur, afin qu’il ne fasse plus subir le même sort à d’autres et que la victime reçoive réparation. “J’espère que ce clip aidera les personnes dans cette situation et que cela leur permettra d’avoir confiance en la police pour porter plainte”, déclare Isabelle Diependaele, chef du Service égalité-diversité de la police fédérale, qui a participé à la réalisation du clip. Soulignons également la collaboration de membres du personnel du cadre administratif et logistique de la police fédérale. Ceux-ci y ont pris part en tant qu’acteurs. Vous pouvez retrouver ce clip sur le compte Youtube Fedpol Belgium et sur le site www.aideapresviol.be Julie Caby
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KNOWLEDGE MANAGEMENT
Une CoP Analyse criminelle & Forensic
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f BRUXELLES – La Communauté de pratique Analyse criminelle & Forensic (CoP A&F) a officiellement vu le jour le 13 février dernier. Les objectifs multiples de cette CoP ont été présentés à près de 80 participants lors d’une première rencontre organisée dans les locaux de la Direction de la police technique et scientifique (DGJ/DJT). Parmi les personnes présentes se trouvaient des membres de la police intégrée (zones de police, membres de laboratoires …) mais aussi de nombreux représentants de divers partenaires tels que l’Institut national de criminalistique et de criminologie (INCC), Europol, plusieurs universités … Le réseau regroupe les expertises nécessaires à l’appui aux enquêtes policières en termes d’analyse criminelle et d’approche dite 'forensique', c’est-à-dire relevant du domaine de la police technique et scientifique. Concrètement, il peut permettre le partage d’informations et d’expériences entre les personnes versées aux domaines de compétences que couvre la CoP. Celle-ci souhaite, notamment, apporter un appui à ses membres, récolter, promouvoir et diffuser des bonnes pratiques, formuler des avis ou encore identifier des besoins en matière de formation.
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“Ce réseau n’est jamais qu’un outil de communication”, souligne le commissaire Robert Vankan, de la Direction de la police technique et scientifique et personne de contact pour les matières ‘forensic’. “Or, une bonne communication est la clef du succès dans une enquête”. En matière d’analyse criminelle, c’est le commissaire divisionnaire Marc Simon, de la Direction des opérations judiciaires (DGJ/DJO) qui encadre la CoP. “Le rôle de notre communauté sera aussi de mettre à disposition les informations qui expliquent ce qu’est l’analyse criminelle, un domaine spécifique qui constitue un appui à l’enquête et qui se développe en Europe depuis une vingtaine d’années”, expose-t-il. La création de ce réseau est une première étape. A terme, la CoP A & F est appelée à évoluer vers un Centrex, c’est-à-dire un Centre de connaissance et d’expertise qui dispose d’une structure fixe, à l’instar du Centrex circulation routière. Enfin, une fiche descriptive de la Communauté de pratique est disponible sur Poldoc (Navigation par thème > Appui au fonctionnement > Gestion de l’information > Appui > Communautés de pratique) et un Polnews (reportage audiovisuel) a également été réalisé à ce sujet. Il est visible sur le compte YouTube de la police fédérale1. G.H. 1
Le Polnews est également disponible via le groupe Polsupport F sur Facebook (groupe réservé aux membres de la police intégrée).
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10E PROMOTION
“Faire preuve de bon sens”
F OR M AT ION I N T E R N AT ION A L E
TOPSPOC, pour une perspective européenne
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Voyez aussi le Pol news 14-03 sur Youtube Fedpol Belgium avec les témoignages des commissaires Dirk Goossens (DSEO) et Denis Blanchard (zone de police Midi ) et de Sabine Drossart, épouse d’un commissaire récemment diplômé.
© Lavinia Wouters
S.V.P.
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BRUXELLES – Le 24 janvier 2014, les 42 commissaires fraîchement sortis de l’Ecole nationale des officiers (DSEO) ont reçu leur diplôme. Cette 10e promotion se compose de 21 néerlandophones et de 21 francophones, dont quatre Luxembourgeois. Olivier Libois, directeur général de la police administrative, a tenu un discours empli de sagesse devant les futurs commissaires et l’assemblée présente. Il a évoqué l’esprit d’équipe, l’importance du réseau que la promotion formait et l’apprentissage tout au long de la vie. Il a également déclaré qu’il était nécessaire de forger son expérience au sein des deux niveaux de la police et que ces officiers et bien d’autres devaient se dévouer aux citoyens et à la société. Marc Hellinckx, vice-président de la Commission permanente de la police locale (CPPL) a défini un officier comme un moteur de l’aspiration à l’excellence policière, comme une personne qui incarne l’esprit de la police et qui fait preuve de bon sens. Selon lui, est un leader quelqu’un qui pense et travaille de façon intégrée et qui possède une curiosité saine. Cette personne se doit d’être juste, diplomate et capable de prendre ses responsabilités. Pour conclure, il a annoncé que les nouveaux commissaires ne devaient pas nourrir de craintes quant à leur futur et à leur carrière. Et celle-ci vient d’ailleurs de débuter. Nous leur souhaitons beaucoup de succès.
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BRUXELLES – L’année dernière, la police intégrée belge a participé une nouvelle fois à TOPSPOC (Top Senior Police Officers Course), une formation (et opportunité de networking) répartie sur quatre semaines et organisée par CEPOL (European Police College). Les participants belges à cette édition 2013 étaient Kurt Tirez, chef de corps de la zone de police Asse/Merchtem/Opwijk/Wemmel (AMOW), et Marc Vervaenen, directeur adjoint de la Direction de la coopération policière internationale (CGI). Le programme vise à approfondir des aspects liés au leadership dans la fonction policière et à étudier en groupes des thèmes (assignments) ayant trait à la coopération policière au sein de l’Union européenne. Ce dernier point constitue le fil rouge à travers toute la formation et requiert un engagement personnel fort de la part des participants, qui doivent produire un rapport et présenter un exposé lors de la dernière semaine de cours. Cette fois, conformément au Programme de Stockholm, certains objectifs ont été traités en particulier, à savoir les Droits de l’Homme et la formation policière, le cycle de politique européen en matière de sécurité intérieure, la sécurité et la formation intégrées, les dimensions externes de la sécurité intérieure de l’UE et la coopération avec les ‘pays tiers’ et, pour finir, la responsabilité sociale des entreprises (Corporate Social Responsibility). Les participants issus des États membres de l’UE étaient répartis en petits groupes de six personnes, pour traiter ensemble l’un de ces thèmes. Les conclusions des différents groupes de travail sont compilées dans un manuel disponible à la bibliothèque de la police fédérale (DSEK). TOPSPOC repose sur un concept solide. De plus, l’accompagnement permanent de deux coaches permet de maintenir la concentration et l’attention. Le fait de travailler à quatre endroits encourage les participants à respecter l’engagement de produire des résultats concrets. Pouvoir débattre et échanger ses points de vue, visions et expériences avec des collègues des services de police de l’Union européenne et de quelques pays associés demeure un concept intéressant, a fortiori en ces temps de restrictions budgétaires. Kurt Tirez & Marc Vervaenen
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COM M U N IC AT ION "
"Osez les médias sociaux !"
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S A L O N D E L ’A U T O
Stand intégré et animé f BRUXELLES – Du 16 au 26 janvier 2014, le Heysel s’est métamorphosé en un immense showroom. Le 92th European Motor Show Brussels 2014 a célébré, comme chaque année, la reine automobile, même si de nombreuses marques de motos étaient également représentées. Dans un palais 1 rempli de deux-roues et de bolides rutilants, le visiteur pouvait aussi s’arrêter au stand de la police intégrée, organisé et coordonné par le Service relations publiques et protocole (CGPR) de la police fédérale. Marc Normand nous en dit davantage : "Pour mener à bien un tel événement, nous avons fait appel à différentes unités de la police fédérale et de la police locale. À notre stand, le public pouvait participer à un quiz sur les ‘killers’1, avec un prix à la clé. La Cellule éducation et prévention (CEP) de la police fédérale de la route était également présente avec sa désormais célèbre voiture tonneau, ainsi qu’un simulateur de conduite défensive à moto." La Direction du recrutement et de la sélection (DSR) était aussi de la partie, afin de fournir aux éventuels candidats des renseignements quant aux possibilités de carrière à la police. Selon Nancy Lauwers de DSR, "il est important que notre direction soit présente à ce type d’événement, étant donné qu’elle engage chaque année environ 2 000 personnes." La police locale était, quant à elle, représentée par la zone de Bruxelles-Capitale/Ixelles. Cette dernière avait prévu des PC pour permettre aux visiteurs d’effectuer des tests au permis de conduire. S.V.P. 1
Les ‘killers’ sont des facteurs jouant un rôle important dans la plupart des accidents de la route. Les trois principaux killers sont la vitesse, la conduite sous influence et le non-port de la ceinture de sécurité.
#ComPAan est un 'groupe de collègues' formé pour et par des responsables de la communication des zones de police de la province d’Anvers. Les personnes à l’origine de cette initiative sont : Veerle De Vries (ZP Anvers), Magalie Derboven (ZP Lierre), CarolienRoofthooft (ZP Voorkempen), Tim De Boeck (ZP Minos), Leen Deelen (ZP Noord) et Katrien De Koninck (ZP Berlaar-Nijlen).
LIERRE – Apprentissage, innovation et inspiration : tels étaient les maîtres-mots de la journée organisée le 6 février sur le thème des médias sociaux. Les zones de police ne doivent en effet plus se demander si elles doivent utiliser les médias sociaux, mais plutôt comment elles vont les utiliser. Divers éléments de réponse ont été apportés à cette question. Magalie Derboven (@83MD), de la police locale de Lierre (@PolitieLier), a ouvert le bal en partageant avec l’assistance ses trucs et astuces pour intéresser les membres d’un corps aux médias sociaux. Une première étape cruciale lorsqu’on se lance dans cette aventure. Mais, au fait, comment fonctionnent Twitter et Facebook ? Anneleen Nys (@Anneleen_Nys), de la police de la route d’Anvers(@Wegpolitie_ANT), y est allée de ses conseils : twittez comme si le message vous était destiné ! Utilisez de temps à autre un trait d’esprit, faites un peu d’humour et ne parlez pas comme un flic ... Le policier moralisateur n’a pas sa place sur Twitter. Bien souvent, les zones éprouvent encore de l’aversion pour les réseaux sociaux, par peur des réactions négatives. Steven Degelaen, online conversation manager chez Telenet, s’est voulu rassurant : dans un exposé captivant, il a expliqué comment retirer du positif des tweets négatifs. Dans leur fonctionnement quotidien, de nombreuses zones de police peuvent tirer avantage des médias sociaux. Stephanie Gille (@StephanieGille), de la zone de police de Louvain (@PolitieLeuven), a expliqué que cette dernière les utilisait dans le cadre d’événements ou de troubles de l’ordre public. En étant présente sur les médias sociaux, une zone de police peut en effet mieux se préparer à ce qui l’attend. La zone Geel-Laakdal-Meerhout (@pzglm) s’est inscrite sur Twitter afin de rendre ses agents de quartier plus accessibles. Cette démarche, expliquée en détail par Liesbet Trimpeneers (@L_Trimpeneers), est une parfaite illustration de la manière dont un moyen de communication moderne peut être intégré dans un pilier traditionnel du fonctionnement policier. Katrien De Koninck
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CONCOURS
LE BUTIN DES ‘NAINS’ BRAQUEURS f BRUXELLES – Avez-vous sorti votre calculette pour résoudre l’énigme de Pol et le partage du braquage commis par trois ‘nains’ célèbres ? Voici la solution … Le butin est de 70 000 €. Un policier complice prend un quart du butin, soit 17 500 €. Il reste 52 500 €. Un quart de cette somme est perdue en chemin et récupérée par les enquêteurs, soit 13 125 €. Les malfrats doivent donc se partager 39 375 €. Simplet prend 12 375 €. Il reste 27 000 € pour Atchoum et Timide. Atchoum a 5 000€ de plus que Timide. Soit, 27 000 – 5 000 = 22 000 € à diviser par deux, 11 000 €. Timide prend donc 11 000 euros. Atchoum reçoit 11 000 + 5000, soit 16 000 euros. Voici la liste des gagnants Une montre : Nathalie Delchambre. ■ Un porte-documents : Frank Iacopucci. ■ Deux vestes fluo : Robert Linsingh et Els Packolet. ■ Un bol à soupe : Etienne Adam. ■ Cinq recueils de nouvelles policières : Charles Deville, Joël Delbart, Jean-Paul Vandeville, Eugène Dehut et Marc Delplace. ■ Un lot livrets de jeux avec crayons de couleur et magnet : Paul D’Hondt, Tim Vervaet, Pierre Maurer, Geert Baele, Thierry Maurer, Jeroen Somers, Aristide Denis, Vincent Amand, Jacques Delhaye et Johan Van Langerhaert. ■ Un lot bic-crayons-magnet : Xavier Duyck, David Peirlinck, Linda Delhase, Jacques Vanderlinden, Philippe Ruhl, Chris Serlet, Pascal Bonjean, Pierre Blocteur, Charles Reuliau et Patrick Luycx. ■
Merci aux participants et bravo aux gagnants. Envie d’aider notre mascotte à déterminer ce qu’une kleptomane va voler lors d’une soirée ? Rendez-vous en page 54. Envoyez vos réponses pour le 5 mai au plus tard soit par mail à inforevue@police.be, soit par courrier à l’adresse Inforevue, les énigmes de Pol, DGS/DSI, avenue de la Couronne, 145A, à 1050 Bruxelles. N’oubliez pas de mentionner votre numéro d’abonné. CONCOURS ANNUEL Une soixantaine d’abonnés ont par ailleurs participé au concours annuel. Voici les réponses aux questions posées.
Question 2 : Combien valait un kilo d’or en 2012 ? Plus de 42 500 euros (Inforevue 1/2013, p. 24) Question 3 : Replacez ces photos dans leur contexte et ditesnous à quelles occasions elles ont été prises.
Photo 1 : Inforevue 01/2013, cover, sécurité d’un sommet européen. Photo 2 : Inforevue 03/2013, p.15, chasuble et parka de circulation. Photo 3 : Inforevue 04/2013, p. 20, équipe de traces de la ZP Anvers. Photo 4 : Inforevue 02/2013, Flashé, p. 4 Question 4 : Quelle zone de police fait appel à des volontaires, dont des handicapés, pour diverses tâches ? La zone de police Regio Rhode & Schelde (Inforevue 03/2103, p. 8) Question 5 : Dans quelle ville belge a été signé un accord franco-belge de coopération transfrontalière en matière de police et douane ? Tournai (Inforevue 02/2013, p. 49) Question 6 : Qu’est-ce que le projet CIRCAMP ? Un projet européen qui lutte contre les abus sexuels d’enfants sur internet (Inforevue 01/2013, p.51) Et la liste des gagnants ■ Une montre : Ive Compagnie et Sandrine Geoffroy ■ Un porte-document : Daniël Desloovere ■ Un bol à soupe : David Peirlinck, Alexandre Pertoldi, Guy Delcourt, Marc Vandenbussche, Félix Van den Bergh ■ Une veste fluo : Patrick Luyckx, Willy Roekens, Geert Baele, Johan Van Langeraert, Jacques Aerts, Alain Brantegem, Geert Deseyne, Helga Boom. ■ Un recueil de nouvelles policières : Sébastien Neyens, Jacques Delhaye, Maurice Genon, Pierre Arnould, André Willem. ■ Un lot livrets de jeux avec crayons de couleur et magnet : Patrick De Poortere, Pierre Claeys, Jean-Philippe Tresca, Dieter Vandenbussche,Ludovic De Mulder, Joël Filleur, Didier Gilbert, Bauduin Solheid, Daniël De Godt et Mélanie Cassano. Bravo à toutes et tous.
Question 1 : Dans quel pays s’est déroulée l’enquête du dossier LEMA ? En Equateur (Inforevue 04/2013, p. 8)
La rédaction
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Victoire par KO !
F E E D B AC K Un retour sur les éditions précédentes d’Inforevue.
C A M B R I OL AG E S DA N S L E S H A B I TAT I O N S
OUT OF OFFICE
Dans la rubrique Out of Office, nous quittons la sphère professionnelle pour vous présenter la passion, le hobby ou une activité originale d’un membre du personnel.
Initiative interprovinciale contre les bandes criminelles de motards La rivalité entre les bandes criminelles de motards gagne en intensité, en particulier dans le Limbourg. Le club Satudarah, celui des Hells Angels et d’autres encore tentent de consolider leur assise en créant de nouveaux chapters, entraînant par là un risque accru de violence. Si nous ne pouvons interdire ces ‘chapitres’, nous pouvons empêcher leurs activités dans le domaine public. Certaines autorités locales de la région frontalière belgo-néerlandaise l’ont d’ailleurs fait avec succès l’été dernier (voir à ce sujet l’article Trouble-fêtes, paru dans l’Inforevue 4/2013). Dans la lignée de ces interdictions, le gouverneur du Limbourg Herman Reynders a mis en place un groupe de travail interprovincial chargé d’harmoniser les mesures et les positions adoptées par les autorités locales concernant ces bandes de motards.
Que les trublions de la gare de Bruges réfléchissent à deux fois avant de jouer avec les pieds de Delfine Persoon. Car mieux vaut mettre des gants (de boxe) face à celle qui est numéro deux au classement mondial de cette discipline. Et ce, même si elle n’a évidemment pas le droit de recourir à sa technique ailleurs que sur un ring. TEXTE Saskia Van Puyvelde
PHOTOGRAPHIE Lommee
BRUGES – Rien dans son apparence n’indique qu’elle pratique la boxe, hormis peut-être son nez légèrement de travers. “C’est un souvenir du seul combat perdu sur les 28 que j’ai livrés”, nous explique en riant Delfine Persoon, 28 ans, inspectrice à la police des chemins de fer (SPC). “Mais mon entraîneur a vite redressé ce qui était plié”. Cette régente en éducation physique et ancienne judoka a découvert la boxe en 2007 durant sa formation à la police. “J’avais besoin d’un nouveau défi et d’un sport qui fasse la part belle à la discipline et au respect”. Depuis lors, Delfine a été championne de sa catégorie (poids légers) chez les élites (les ‘professionnels’) dans trois fédérations de boxe (EBU, IBF et WIBF) et a décroché une deuxième place mondiale. Elle a aussi été championne d’Europe à deux reprises et défendu trois fois son titre mondial. C’est d’ailleurs ce qu’elle a à nouveau fait le 13 décembre. Faute de concurrentes dans sa catégorie au niveau national, Delfine ne peut affronter que des adversaires étrangères.
NI FRITES NI ALCOOL
Delfine s’entraîne quotidiennement. En semaine, elle fait habituellement le matin à la SPC. “Heureusement, mes responsables
tiennent compte de ma carrière de boxeuse et j’ai la possibilité d’économiser mes heures supplémentaires et mes congés pour intensifier mes entraînements, par exemple en préparation d’un championnat. Durant le week-end, je travaille généralement le soir, ce qui permet à mes collègues qui ont des enfants de disposer de leur après-midi.” Pour Delfine, il n’est pas toujours aisé de combiner cette activité avec le travail, d’autant plus qu’elle s’occupe également de l’administration de son club, dont l’organisation des combats. “Mais la boxe me procure une immense satisfaction, ainsi que du repos et de la détente.” À l’approche d’une rencontre, il lui arrive de se priver de frites pendant un mois. Pas question non plus de boire de l’alcool, car son foie et le reste de son corps doivent être au top pour encaisser les coups. “C’est un sport difficile, techniquement et tactiquement. Il faut toujours garder à l’esprit que le but est de prendre le moins de coups possible, pas d’en donner un maximum. Sur le plan physique, la boxe est le sport le plus exigeant que j’aie pratiqué : on se trouve en permanence ‘dans le rouge’.” Pour en savoir davantage sur Delfine (photos, résultats des matches, etc.), vous pouvez surfer sur www.boxingdelfine.be.
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VillaDaily élargi à une vingtaine de zones en Flandre occidentale et orientale
Fin 2012, la zone de police Vlas et la Direction de coordination et d’appui de Courtrai lançaient le projet VillaDaily, une manière ‘différente’ de lutter contre les cambriolages dans les habitations (voir l’Inforevue 1/2013). Dans le cadre de ce projet, des actions anti-cambriolage sont organisées quotidiennement, sans mettre en œuvre des moyens ou du personnel supplémentaires. Sur la base des informations fournies par les analystes stratégiques, les services de police envoient des équipes se poster de façon visible, durant deux heures, à des endroits stratégiques a�in de contrôler les véhicules suspects. Très vite, VillaDaily a permis de diminuer sensiblement le nombre de cambriolages. Motivées par ce résultat, une vingtaine de zones de police de Flandre orientale et occidentale ont décidé de se rallier au projet. Toutes s’engagent à exercer des contrôles supplémentaires de façon régulière et à des endroits Terminé à l’avance ! déterminés. En plus des six zones de police de l’arLa construction du nouveau bâtiment de la rondissement de Courtrai, les zones Brugge, Tielt, zone de police de Charleroi (voir Inforevue Damme/Knokke-Heist, Het Houtsche, Blankenberge/ 01/2012, p. 51) avance bien. L’hiver clément Zuienkerke et Bredene/De Haan ainsi que la police que nous avons connu permet même d’envide la route de Jabbeke prendront part aux actions sager la réception de celui-ci �in août, soit VillaDaily. La zone Kouter et la police judiciaire fédéprès de deux mois avant la date prévue. Le rale les rejoindront certainement. En Flandre oriendéménagement, prévu en neuf phases, d’ici la tale, les zones Aalter, Lowazone, Maldegem, Deinze/ �in de l’année est donc envisagé avec sérénité. Zulte et la police de la route de Flandre orientale sont Les policiers carolos ne cachent désormais également de l’aventure. La coordination sera assuplus leur impatience d’intégrer leurs nouRonald Comers (FBI), Douglas Muldoon (voorzitter FBI NAA internationaal), Europees President Herman rée par la police fédérale. veaux bureaux dans ce qui constituera plusJoos Duchi (voorzitter Vanla Rompuy, European Chapter) en Philippe Beneux (Belgische graduate). grande tour passive d’Europe.
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Nous annoncions, dans l’Inforevue 4/2013, que l’inspecteur Del�ine Persoon allait, le 13 décembre, prendre part à un important combat de boxe. Et oui, elle l’a fait ! A Alost, elle a battu l’Italienne Lucia Morelli et a décroché les titres mondiaux WIBF, WBF et WIBA . Elle est à nouveau n°1 mondial. Le 20 avril, elle affrontera l’Argentine Erica Anabella Farias pour le titre mondial WBC. Suivez ses presta^ tions sur www.boxingPRETE A EN DECOUDRE del�ine.be.
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