Drones et envol technologique
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Face à la crise migratoire
Quads et missions de police
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MAGAZINE DE LA POLICE INTÉGRÉE
LA COMMUNICATION DES SERVICES DE POLICE : MAL NÉCESSAIRE OU ENJEU STRATÉGIQUE ?
L’Inforevue est une publication de la Direction de la communication de la police fédérale
Rédacteur en chef: Benoît Dupuis Rédaction: Stefan Debroux, Philippe Guion, Renato Guion, Laziza Sadik et Saskia Van Puyvelde Lay-out et photographie: Jocelyn Balcaen, Christian Berteaux, Caroline Chaidron, Emmanuelle Glibert, Karolien Snyers et Lavinia Wouters Dessins: Didier Castenholz, Emmanuelle Glibert, Benoit Goesaert Traductions: Service de traduction Direction de la communication Imprimerie: Goekint Graphics 059 51 43 43 Editeur responsable: Géraldine Bomal, Avenue de la Couronne 145A - 1050 Bruxelles Relations publiques et abonnement: Laurence Slachmuylders, Avenue de la Couronne 145A - 1050 Bruxelles Tél. 02 642 65 32 - Fax 02 642 60 97 Tarif d’abonnement: Belgique et autres pays: 10 euros Facture justificative: 1,25 euro pour frais d’administration et d’envoi. Un abonnement à Inforevue, le magazine de la police intégrée, donne droit à quatre numéros et est automatiquement prolongé sauf résiliation deux mois avant son échéance. Tous droits réservés. Dit magazine verschijnt ook in het Nederlands. E-mail: cgc.editorial@police.belgium.eu ISSN: 1780-7638
www.polimagery.be
Certaines organisations et/ou personnes au sein de la police intégrée considèrent encore la communication comme un ‘mal nécessaire’, un ‘gadget’ que l’on développe quand on a un peu de temps. Pour celles-ci, toutes les communications sont directement classées dans la catégorie du “nice to know” et non dans celle du “need to know”. Trop, souvent, j’entends dire “je n’ai pas besoin de connaître cette information”, “je n’ai pas le temps/envie de lire ces bêtises”... D’autres personnes considèrent la communication comme nécessaire mais sont convaincues que “tout le monde sait communiquer” et qu’aucune stratégie et réflexion en la matière ne sont indispensables. Notre collègue chef de la police de Cologne en a subi les conséquences puisqu’il a été suspendu, entre autres à cause de sa communication, suite aux agressions sexuelles dans sa ville au nouvel an. De nombreuses organisations, publiques ou privées, ont néanmoins compris l’importance stratégique de la communication en interne comme en externe (Apple, Coca Cola, Nike, Starbucks, Sodexo, Hôpital Saint Luc …). Il en est de même au sein de notre institution policière où la commissaire générale Catherine De Bolle et un certain nombre de chefs de corps sont conscients de la nécessité d’investir dans une véritable politique de communication globale. A l’heure actuelle, il est essentiel que les parties concernées par la police (autorités, citoyens, collaborateurs, syndicats, partenaires …) comprennent ses rôles dans la société, ses activités et surtout le sens et la plus-value de son travail pour une société démocratique plus sûre avec une bonne qualité de vie. Sans communication efficace, la confiance et les investissements nécessaires ne peuvent-être au rendez-vous !
Est-ce que cela veut dire que la communication de ces entités est pour autant optimale ? Sans doute pas ! La police fédérale est confrontée à de nombreux défis. Les attentes des parties concernées sont nombreuses, illimitées et parfois contradictoires (transparence/secret professionnel, rapidité/qualité de l’information …). Par ailleurs, comme tout le monde le sait, les budgets sont, eux, limités et au niveau des technologies de l’information et de la communication, la police se situe actuellement entre deux mondes, l’ancien et le nouveau. C’est en vue de relever ces défis, d’améliorer cette communication et de consolider ce qui fonctionne déjà que j’ai décidé de postuler la fonction de Directrice de la communication (CGC). Ce ne sera pas une sinécure, je le sais, mais c’est mon ambition et celle de mes collaborateurs, dont je loue le professionnalisme et l’implication.
Une belle opportunité s’offre déjà à nous tous avec le lancement de la campagne de communication du plan national de sécurité 2016-2019, “Allons ensemble à l’essentiel !”, qui guidera le travail des services de police avec leurs partenaires pour les quatre années à venir. Faites nous parvenir vos suggestions afin que ce PNS puisse être bien compris par toutes les parties concernées et qu’il devienne la ‘boussole’ qui nous oriente dans cette société incertaine. La sécurité, le bien-être et la communication sont l’affaire de tous et nous avons besoin de chacun pour y arriver au mieux. En tant que membre du personnel des services de police, vous êtes les premiers ambassadeurs et symboles de la marque ‘Police’.
Géraldine Bomal
Directrice de la communication de la police fédérale
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sommaire
CRISE DES RÉFUGIÉS & TRAFIC D’ÊTRES HUMAINS Haro sur les runners
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MOYENS MATÉRIELS Une logistique au taquet
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MIDLIM SE MODERNISE Des monstres à quatre roues
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PLANIFICATION D’URGENCE Exercice catastrophe dans le tunnel Schuman-Josaphat
FACE TO FACE La zone recrute: pleins feux sur le champ d’expérimentation d’Anvers
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UN VENT NOUVEAU Drones : rêve ou cauchemar ?
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L’INVITÉ Koen Van Overtveldt: “Un choc culturel ? Oui, à chaque passage d’un train”
rubriques
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Au cœur d’un excercise Amok
Radar...2
Out of office...30
Historia...22
Les affaires en court...40
Les Experts...14
Une journée avec...18 Casus...23
Eurêka !...36
Le monde policier...38 Feedback...49
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R ADAR
L A POLICE EN CHIFFRES
40000
Europol dispose d’informations relatives à plus de 40 000 personnes impliquées dans des activités de trafics d’êtres humains. Le chiffre d’affaires total de ce phénomène varierait de 3 à 6 milliards d’euros. Selon Europol, 90 % des réfugiés en Europe entrent d’une manière ou d’une autre en contact avec ce circuit. Fin février, Europol a créé l’European Migrant Smuggling Center (EMSC). L’objectif de ce centre est d’appuyer proactivement les Etats membres de l’Union européenne dans la lutte contre les réseaux criminels qui organisent le trafic d’êtres humains vers l’Europe.
“
QUOTE
La situation la plus banale peut devenir la plus dangereuse” Geert Noë, formateur en maîtrise de la violence de l’ERIP, sur les dangers d’une perquisition, De Morgen, 17 mars 2016
ANS
L’ I N F O G R A P H I E
après son introduction dans le code de la route
LE PRINCIPE DE LA TIRETTE
91% 77% 23%
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des Belges en ont entendu parler des conducteurs savent en quoi cela consiste ne savent pas l’appliquer correctement
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R ADAR
tweetwall @Jobpol_F Vous stressez pour le parcours fonctionnel ?
Découvrez notre schéma de préparation via :
http://bit.ly/1SHRhzo #Jobpol #Sport #préparation
@PoliceMouscron W E B WAT C H
112 Le numéro d’urgence ‘112’ est le seul numéro d’urgence que vous pouvez appeler gratuitement, dans toute l’Europe, si vous avez besoin de l’aide urgente des services d’incendie, d’une équipe médicale ou de la police. Si vous appelez, en Belgique, le numéro d’urgence 112 pour la police, vous serez transféré au numéro d’urgence 101. Vous pouvez, de ce fait, perdre un temps précieux. Si vous avez besoin de l’aide urgente de la police, nous vous conseillons dès lors de former directement le 101. Sur ce site, l’intéressante rubrique ‘Pas de blabla’ vous aide à distinguer un appel urgent d’un appel non-urgent. En Belgique, plus d'un appel sur quatre à un centre d'appels urgents ne constitue pas une urgence. Autant savoir… INFO http://www.112.be/
Contrôles #BOB de ce week-end à #Mouscron :
1 conducteur sur 5 en imprégnation, 13 permis confisqués http://buff.ly/1KmHI0J
@ZP5327
Harcèlement: les dangers des réseaux sociaux –
L'immersion de 7 à la Une http://fb.me/6XJaWWSAa
@zp3vallees
Vous êtes maintenant plus de 2506 à nous suivre! Merci de votre fidélité et surtout n'hésitez pas à partager ... http://fb.me/4CTmb554w
@PoliceMonsquevy
Ouverture #Ikea : 1/3 du parking est actuellement
occupé. Tout se passe pour le mieux au niveau de la mobilité. #mobilité #prévention
@PolFed_presse
Journée internationale de la femme - Merci à tous nos collègues et collaboratrices !
#JourneeDesDroitsDesFemmes http://gph.is/1UPfx2I
@policecomines SUR LE VIF
#PréventionVol faut aussi fermer les fenêtres
oscillo-battantes http://www.dhnet.be/actu/ …
@CrisiscenterBE
De formation, Sophie Govaerts est ingénieur chimiste et des industries agricoles. Après une carrière dans le civil, elle intègre, en 2010, le laboratoire de police judiciaire de Mons, en tant que membre du personnel civil de niveau B. En 2014, elle réussit les épreuves de recrutement pour inspecteur principal spécialisé et accède à la formation de dix-sept mois qu’elle vient juste de terminer brillamment. Sophie, qui travaillera dorénavant au labo de Charleroi, souhaite rester dans le domaine de la police technique et scientifique, car elle y prend réellement plaisir et trouve son job passionnant !
11/2 Journée européenne du 112, pour les appels
urgents seulement #pasdeblabla @CivilSecurityBe #112Day2016
@AWSR_be
Touché par un #AccidentDeLaRoute ? Découvrez notre service d'infos gratuit ! #TousConcernés http://bit.ly/1Ts5ocA
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© Lavinia Wouters
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Identification internationale 15 décembre 2015, à l’Académie de police de Ranst (Vesta), des experts européens en identification des victimes de catastrophe (DVI) procèdent à un exercice commun autour de l’épave d’un avion. Une première, organisée dans le cadre du Collège européen de police (CEPOL). A lire aussi en page 42.
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R A D A R F L A S H É
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PREMIER WEEK-END SANS ALCOOL AU VOLANT
Fin février, quinze passeurs avaient été appréhendés en Flandre occidentale depuis le rétablissement des contrôles à la frontière franco-belge.
Le premier ‘week-end sans alcool au volant’ ou ‘week-end Bob’ s'est déroulé du vendredi 15 janvier 2016 à 18h00 au lundi matin 18 janvier 2016 à 6h00. La police fédérale de la route et 125 zones de polices ont participé à cette action de grande ampleur à travers tout le pays. Résultats : près de 37 000 personnes contrôlées, 97,72 % de conducteurs ‘safe’, 0,82% en ‘alert’ (entre 0,5-0,8 gr par litre de sang) et 1,46% de positifs (imprégnation supérieure à 0,8 gr par litre de sang).
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Durant la nuit du 8 mars, après une course poursuite, deux voleurs de câbles, de nationalité roumaine, sont arrêtés suite à un vol de câbles commis sur un chantier, à Tournai.
LA CHOUETTE EFFRAIE RÉTABLIE Le 28 janvier 2016, une chouette effraie a été retrouvée en bord de chaussée alors qu’une opération de police était en cours à Sombreffe. Prise en charge par des membres du corps d’intervention de Namur, elle a été confiée au service DJSoc Environnement, présent sur les lieux de l’opération. Elle a ensuite a été transférée dans un centre agréé de revalidation situé à Ottignies. Après dix jours de soins et de traitement aux antibiotiques, la chouette effraie, en voie de disparition, a été relâchée et va devoir à présent trouver un congénère et un lieu d’habitat.
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BUZZ
DES CALLTAKERS À LA TÉLÉ Malgré de nombreuses campagnes d’information, le grand public ne sait toujours pas à quoi servent les numéros d’appels d’urgence et quand il est préférable de ne pas utiliser. D’où l’intérêt d’une série télé puisque les images valent mieux qu’un long discours. La concrétisation de cette idée, c’est De Noodcentrale (traduisez La Centrale d’urgence). Cette série a débuté le 1e mars 2016 sur la chaîne één (VRT). Durant sept semaines, l’équipe de réalisation suit onze opérateurs et calltakers de la centrale anversoise d’appels d’urgence 100/112 et 101.
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Le 3 mars, 8 suspects sont interpellés par la PJF de Bruxelles dans le milieu du grand banditisme. Ils sont soupçonnés d’avoir commis une attaque violente de nuit dans une habitation privée à Feluy.
people BEAU BOULOT DE LA ZONE VESDRE ! En ce mois de janvier 2016, le réseau stupéfiants de la zone Vesdre (Verviers/Dison/Pepinster) a démantelé pas moins de trois structures liées à la vente de stupéfiants. Bilan : 10 interpellations, 250 grammes de cocaïne, 2180 plants et 200 kg de cannabis, des produits de coupe, de l’argent liquide, deux véhicules et du matériel saisis.
JÜRGEN DHAENE Après une carrière à la police de la route, Jürgen Dhaene est, depuis janvier dernier, le nouveau chef de corps de la police locale d’Alost. __ PASCAL LIGOT
Le chef de corps de la police locale de Namur, Pascal Ligot, a annoncé qu’il ne briguera pas un deuxième mandat. __
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CRISE DES RÉFUGIÉS & TR AFIC D’ÊTRES HUMAINS
Haro sur les runners Une action nocturne contre des trafiquants d’êtres humains sur un parking d’autoroute à à Jabbeke met la patience et l’organisme des policiers à rude épreuve. Ne pas bouger, rester attentif et concentré, attendre que les runners se montrent … Et quand vient le moment : faire preuve de capacité de coordination, de célérité et de dextérité. TEXTE Stefan Debroux
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PHOTOGRAPHIE Jocelyn Balcaen
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occidentale, nous fait entrer. Chaque année, le commissaire et son équipe interceptent une quarantaine de trafiquants d’êtres humains. Lors d’actions comme celle-ci, ils peuvent compter sur le concours de la police de la route, du corps d’intervention et des zones de police voisines, de même que sur l’appui de RAGO (l’hélicoptère de la police) et d’un maître-chien pisteur. “Voilà quinze ans que nous organisons des actions ‘Hastapark’. Auparavant, notre timing était davantage aléatoire ; à présent, nous nous basons sur des analyses et l’image des analystes du Service d’information et de communication de l’arrondissement (SICAD). Ces dernières semaines, on nous signale très régulièrement la présence de migrants marchant le long de l’autoroute. Des routiers indiquent également que des individus essaient de s’introduire ou se trouvent déjà dans leur semi-remorque.” “La crise des réfugiés est du pain bénit pour les trafiquants d’êtres humains”, explique Luc. “Ils ‘recrutent’ des migrants dans les camps de l’autre côté de la frontière française, en leur promettant de les emmener vers la Terre promise, de l’autre côté de la Manche. Le prix de la traversée oscille entre 1 000 et 8 000 euros. Ils se remplissent les poches en exploitant la précarité de ces gens.”
BRUGES – Action ‘Hastapark’, 25 février 2016
19h30, Zandstraat. L’entrée principale du bâtiment de la police fédérale est fermée. Nous roulons jusqu’à un portail vert, fermé lui aussi. Ironie du sort : juste à côté de celui-ci trône un écriteau sur lequel est écrit Centrum voor asielzoekers (‘Centre pour demandeurs d’asile’). Le commissaire Luc Vanmassenhove, chef de la section Traite et trafic d’êtres humains de la police judiciaire fédérale de Flandre
Dans son bureau, Luc prépare son équipement pour la mission : lampe-torche, radio, arme de service, menottes, spray, matraque télescopique, sans oublier le gilet pare-balles. “Les runners (‘passeurs’ dans le jargon) kurdes sont violents. Pas plus tard que la semaine passée, un routier a eu maille à partir avec certains d’entre eux sur le parking de Jabbeke. Parmi ces runners, on trouve notamment d’anciens soldats et même d’anciens policiers dûment formés. Ces individus connaissent leur affaire. Nous avons même déjà fait l’objet de contre-observations ! Et nous qui pensions que les Albanais étaient des
durs… Les Kurdes, c’est une autre paire de manches. De plus, il semble bien que les organisations kurdes (actives sur les parkings) aient évincé les Albanais.”
20h00, l’heure du briefing. Les participants à l’action – soit au total une trentaine de personnes de la PJF, du corps d’intervention, des zones de police Kouter et Middelkerke, de la police de la route, de l’appui aérien et canin – ont déjà tous vécu cette expérience précédemment. Business as usual, donc ! Il suffit de passer en revue les positions des équipes sur et autour des parkings de Jabbeke et Mannekensvere, et d’insister une fois encore sur les règles de sécurité. ‘N’entrez jamais seul et sans radio dans les bois pour poursuivre quelqu’un. Idem : ne traversez jamais l’autoroute. Et défense formelle de tirer un coup de semonce en l’air !’ N’oubliez pas l’hélicoptère… 21h15, parking de l’E40 à Jabbeke. Nous sommes en voiture avec Danny et Agnieszka, face à la sortie du parking. Danny, le coordinateur de l’action, éteint le moteur. “Et maintenant, il faut attendre.” À quelques jours de la pension, notre accompagnateur participe aujourd’hui à sa dernière action ‘Hastapark’. Membre depuis seize ans du team ‘trafic d’êtres humains’ de la PJF, Dany est un homme d’expérience et une source inépuisable d’anecdotes. “La situation la plus pénible à laquelle j’ai été confronté est un incident de tir avec deux runners albanais, il y a une quinzaine d’années. En tentant de s’échapper, le chauffeur a foncé sur mon collègue et moi en marche arrière. Nous avons eu une peur bleue. Tout est allé extrêmement vite. J’ai tiré dans les pneus pour me défendre. Le passeur a finalement été condamné pour tentative d’homicide. Une autre anecdote marquante est celle du pistolet GP. Quatre runners kurdes avaient monté leur tente sur le talus du parking de Westkerke, qui est fermé depuis lors. En la fouillant, nous y avons trouvé un GP. L’arme en question avait été saisie, il y a des années, par la gendarmerie et
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C rise des réfugiés & trafic d ’ êtres humains
neutralisée par le banc d’épreuve de Liège. Mais des initiés l’avaient entretemps équipé d’un nouveau canon. Pas amusant d’avoir un GP ointé sur soi… Et quand on pense au ‘chemin’ que des armes comme celles-là parcourent parfois…” 22h30. RAGO vient encore d’effectuer un sweeping du parking avant d’aller se ravitailler. mais il n’a rien remarqué de suspect. Danny : “Dans le noir, l’œil de lynx de RAGO est une bénédiction, surtout à Jabbeke, où il y a une forte densité de bois et d’habitations aux abords du parking. L’hélico vole à une altitude de 3 000
pieds au-dessus du parking. Plus bas, on entendrait le bruit et ce serait fichu pour nous”.
PAS DE DEMANDE D’ASILE
Danny et son équipe interceptent peu de clandestins opportunistes lors de telles opérations. Il est presque inconcevable que des migrants trouvent le chemin des parkings sans l’aide de passeurs. Qu’est-ce qui les attire au Royaume-Uni ? Et Danny d’expliquer : “La langue, les liens familiaux et le circuit illégal du travail. Et puis, il y a bien sûr le fait qu’on peut s’y fondre dans la masse. Là-bas, on ne peut pas se faire arrêter pour ‘séjour illégal’
comme chez nous. En France non plus. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les migrants que nous interceptons ne demandent jamais l’asile. S’ils tentent la traversée mais qu’ils se font prendre par la police britannique à la frontière, c’est le retour à la case départ, ils doivent alors regagner le pays de l’Union européenne où ils ont demandé l’asile. C’est ce que prévoit une directive européenne. En fait, une demande d’asile est tout le contraire d’un saufconduit pour celui ou celle qui veut se rendre coûte que coûte en Angleterre.”
AVARIE
23h15. Une Passat pleine à craquer et immatriculée en GrandeBretagne s’engage sur le parking. Le chauffeur y dépose neuf personnes qui s’enfoncent directement dans les bois et poursuit ensuite tranquillement sa route en direction de la France. Danny donne l’ordre aux équipes de la police de la route et aux collègues positionnés un peu plus loin sur le parking de Mannekensvere d’intercepter le runner. En attendant, Danny teste notre imagination. “J’ai une colle pour vous : combien de personnes peuventelles prendre place dans une voiture ? [Il attend un peu.] L’année dernière, nous avons coincé une vieille Berlingo. Pendant la poursuite, le châssis raclait la route, ça faisait des étincelles. Lorsque nous avons ouvert la porte arrière, cinq réfugiés en sont sortis. Il y avait en tout quatorze personnes à bord du véhicule ! Le chauffeur, un runner, a voulu s’enfuir en sautant dans le canal, mais il avait surestimé ses talents de nageur et a coulé. Mon collègue Thibault l’a sauvé1. Il a été condamné à une peine de 7 ans pour trafic d’êtres humains.” Les silences radio alternent avec les comptes rendus d’une poursuite sauvage toutes sirènes hurlantes.
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Un palpitant quart d’heure plus tard (et 35 kilomètres plus loin). Le runner s’est fait coincer à Adinkerke, à un petit kilomètre de la frontière française. La poursuite ne s’est pas passée sans heurts. Sur l’autoroute, l’individu
a tamponné la Volvo de la police de la route. Et il la presque réussi à semer ses poursuivants en prenant subitement la sortie Oostduinkerke à du 210 km/h. Toujours pas effarouché, le fuyard a causé d’autres dégâts encore en heurtant un barrage installé par des collègues de la zone de police Westkust, arrivés à la hâte sur place. Danny : “Dans pareille situation, les équipes spécialisées démontrent toute leur plus-value : les collègues de la police de la route avec leur aptitude à la conduite et l’hélico de l’appui aérien (RAGO) pour garder une vue d’ensemble de la situation. Mais bon, force est de constater que les runners ne reculent devant rien. Celui-ci risque une condamnation pour tentative d’homicide et rébellion armée.”
LE CHAT ET LA SOURIS
Sur le parking de Jabbeke. Les neuf individus débarqués de la Passat se terrent dans les bois, invisibles pour les équipes d’observation. Il y a du mouvement autour des camions en stationnement. Danny : “Ils mijotent quelque chose. Ils cherchent probablement un semi-remorque qui convient. Il est important que nous décrivions aussi précisément que possible leurs faits et gestes. Qui fait quoi exactement ? C’est essentiel pour le procèsverbal. Mais ce que nous voulons avant tout savoir avant d’intervenir, c’est qui sont les runners et qui sont les réfugiés.”
01h03. Le stress devient palpable. Il faut attendre le moment idéal pour intervenir : les réfugiés doivent se trouver à bord d’un conteneur. L’incertitude règne. Voilà une demiheure que le runner au volant de la Passat a été intercepté. Peut-être a-t-il eu le temps d’avertir ses comparses ? Soudain, une équipe remarque qu’un conteneur est ouvert à plusieurs reprises. Deux individus font le guet près du semi-remorque. Des runners. Il est temps d’intervenir. Nous pénétrons sur le parking et les membres des autres équipes, le brassard fluo en évidence autour du bras, sortent de leur véhicule. Tout le monde s’approche des
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C rise des réfugiés & trafic d ’ êtres humains
Luc Vanmassenhove et Danny Blanckaert après le dénouement de l'opération.
targets ; le filet se referme. Danny crie ‘go!’. Les trois passeurs sont immédiatement interceptés. Trois réfugiés s’enfuient dans les bois, mais, grâce au chien pisteur et à RAGO en back-up, leur tentative de s’échapper fait long feu. En deux temps, trois mouvements, l’intervention est terminée.
sans problème le scanner de détection. Mais vous vous souvenez du drame de Wexford ? Huit réfugiés turco-kurdes, dont quatre enfants âgés de 4 à 16 ans, sont alors morts asphyxiés dans un conteneur dans lequel ils s’étaient cachés à Zeebruges. Ils devaient se rendre en Angleterre, mais le navire a fait route vers l’Irlande. Le voyage a duré deux jours de plus que prévu. Ces ASPHYXIE À l’arrière du semi-remorque, Danny conteneurs sont fermés hermétiqueet un collègue regardent les portes ment, il y fait très froid, -2° C. Et quand fermées du conteneur. “Les runners l’air vient à manquer…” arrivent à ouvrir ces portes avec un outil sans briser le scellé d’acier, mais Pas un seul réfugié ne demande pas nous… [rires].” Agniezska réveille l’asile. Et aucun d’entre eux n’osele chauffeur polonais, que le vacarme rait dénoncer les passeurs. Luc autour de son camion n’a pas réussi Vanmassenhove : “Le cas de ces six à extraire de son sommeil. L’homme réfugiés va se régler via une procédure ouvre les portes. Le conteneur déborde administrative à Furnes. Et s’ils ne de chocolat. En haut, dans l’espace d’un demandent pas l’asile, nous ne poudemi-mètre qui sépare le chargement vons guère faire plus que leur offrir un du plafond, trois visages apeurés font repas et une douche. C’est l’Office des leur apparition. Les jeunes hommes étrangers qui décidera de leur sort. Ils semblent comprendre qu’ils viennent recevront très probablement un ordre de manquer leur chance. Leur réaction de quitter le territoire. Par contre, les est empreinte de résignation. Danny : quatre passeurs – un Afghan et trois “La notion de ‘chance’ est relative ici. Irakiens – vont être placés en état Ce n’est pas un hasard si les runners d’arrestation. Ils risquent jusqu’à 8 ans ont jeté leur dévolu sur un transport de prison…” f frigorifique. Ils savent qu’en raison de 1 Voir Inforevue 04/2015, p.46 leur isolation, ces véhicules déjouent L’autorité administrative et l’autorité judiciaire de Flandre occidentale, en l’occurrence le gouverneur Carl Decaluwé et le procureur du Roi Frank Demeester, étaient toutes les deux présentes au briefing afin de témoigner leur reconnaissance aux policiers pour le travail qu’ils effectuent – pas seulement ce soir-là – afin de gérer le flux de migrants. Dans les dossiers de trafic d’êtres humains, le parquet se montre très réactif pour que les passeurs soient condamnés aussi rapidement que possible.
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MIDLIM SE MODERNISE
Des monstres à quatre roues Depuis le mois de septembre 2015, deux quads ont fait leur apparition dans les rues de la zone de police MidLim. Ce moyen de transport alternatif a été accueilli et évalué positivement. D’autres modèles, portant un marquage spécifique ‘police’, vont être commandés. Ils seront peut-être utilisés, à l’avenir, pour des interventions non urgentes. TEXTE Saskia Van Puyvelde
PHOTOGRAPHIE Lavinia Wouters
GENK – Chaque jour, entre 14 et 22 heures, la zone de police MidLim (As/Genk/HouthalenHelchteren/Opglabbeek/Zutendaal) met en route ses deux quads banalisés – avec gyrophare ! –, un cas unique dans notre pays. Les avantages sont nombreux, explique le commissaire Geert Verheyen : “Tout d’abord, c’est un élément positif pour la motivation du personnel. Le team quad est une équipe non permanente composée de volontaires du service d’intervention, qui peuvent ainsi diversifier leurs tâches. Ensuite, grâce à leur caractère ‘ouvert’, les quads renforcent notre accessibilité et nous rapprochent de l’univers des jeunes. Le prix est également très attractif, en particulier si l’on compare le quad aux véhicules classiques utilisés à la police.”
VISIBILITÉ POLICIÈRE EN RUE
Grâce à ces quads utilitaires – ce ne sont pas des quads de cross –, la zone de police peut accomplir 80 % des missions habituellement dévolues aux motos ou aux combis. “À la différence qu’avec un quad, vous êtes beaucoup plus visible et accessible”, ajoute le commissaire. Le quad peut être utilisé pour un large éventail de missions. Son application la plus évidente est de permettre, grâce à ses quatre roues motrices, l’accès à des endroits reculés et difficiles. Les quads sont par ailleurs affectés aux missions suivantes : • surveillance de lieux sujets à des nuisances ; • intervention à l’encontre de cyclomoteurs et
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quads trafiqués ; • participation à des actions anti-nuisances ; • recherches de personnes disparues ; • appui dans le cadre d’événements ; • accompagnement de la circulation et surveillance aux abords des écoles ; • actions ciblant des plantations de cannabis dans des lieux isolés. “Le contrat est clair”, ajoute le commissaire Verheyen. “Le quad est un véhicule alternatif, non destiné aux interceptions et aux poursuites. Nous n’avons déploré aucun accident à ce jour, mais un quad peut être dangereux. C’est un vrai monstre à quatre roues.”
FORMATION
“Les quelque trente candidats pour le team quad ont suivi une formation de deux jours sous la supervision de spécialistes”, poursuit le commissaire. “Le premier jour était consacré à des notions théoriques, comme la place sur la chaussée, etc. Les candidats ont également effectué des parcours d’essai sur différents types de terrains et de sols, des exercices de freinage … Ils ont appris différentes techniques … La deuxième journée de formation a eu lieu sur un circuit de karting. Des moniteurs en maîtrise de la violence ont soumis les candidats à divers scénarios. Ces derniers ont notamment été familiarisés à la manière de contrôler un groupe de jeunes à l’aide d’un quad. Tous les participants se sont montrés satisfaits ; cette formation a apporté une réelle plus-value.” f
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CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES KYMCO MXU 700 Exi Moteur à refroidissement liquide, monocylindre OHC 4 temps Puissance : 45 CV DIN/6 500 Couple : 5,5 kg.m/5 500 Capacité du réservoir : 16,5 l Pneumatiques : 26 – 14 tubeless Longueur : 2 210 mm ; empattement : 1 220 mm ; hauteur de selle : 910 mm Capacité de chargement sur le portebagages avant : 45 kg Capacité de chargement sur le portebagages arrière : 90 kg Poids total : 390 kg Poids de traction treuil : 800 – 1 200 kg Poids de traction boule d’attelage : 150 kg
”TOUT LE MONDE LÈVE LES YEUX”
L’inspecteur Jimmy Buntinx est membre du team quad : "Le quad démontre toute son utilité lorsqu’il s’agit de se rendre dans des zones difficilement accessibles par d’autres moyens, notamment pour rechercher des personnes disparues ou interpeller des jeunes à l’origine de nuisances. Vu que je suis membre de l’équipe nuisances, je sais où trouver ces personnes. Ces jeunes sont d’ailleurs admiratifs et réagissent positivement. En fait, ce constat vaut pour toute la population : nous n’avons pas encore reçu de réactions négatives à ce jour. C’est un moyen incontestable de renforcer la présence policière en rue. Et tout le monde nous voit, le quad attire les regards !"
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Pour surfer tranquille
Face au cyberharcèlement Olivier BOGAERT
C
es derniers mois ont été marqués par le suicide de plusieurs adolescents n’ayant pu faire face aux moqueries ou aux insultes dont ils étaient l’objet, notamment via les réseaux sociaux. Si le phénomène du harcèlement scolaire a toujours existé, il se voit désormais amplifié par les nouveaux outils numériques qui ne laissent plus aucun répit à celle ou celui qui en est victime. S’en ouvrir à un adulte s’avère très souvent difficile. Seuls 5 à 15 % des victimes osent finalement en, parler parce que la honte l’emporte ou tout simplement, parce qu’elles ne savent pas où trouver de l'aide. L’occasion de mettre en avant le rôle que nous pouvons jouer en qualité de policier lors de nos rencontres avec des
parents désemparés ou encore avec des directions d’écoles ou des enseignants. Outre les procédures judiciaires qui pourront être ouvertes sur base de l’art 442bis du code pénal, rappelons l’existence du site stopcyberhate.be qui permet aux parents de trouver informations et conseils et offre à la victime des pistes lui permettant de se faire entendre.
Comment dire …
Migrant ? Emigrant ? Immigré ?
V
ous avez sans doute remarqué que le vocabulaire de la migration est foisonnant et comprend de nombreux termes que l’on risque parfois de confondre ou d’employer à mauvais escient. Abondamment utilisé dans la presse, le terme ‘migrant’ (identique en français, néerlandais et anglais) désigne toute personne se déplaçant volontairement vers un autre pays ou une autre région, le plus souvent pour y chercher une vie meilleure. Ne confondons pas le ‘migrant’ avec le ‘réfugié’ (de vluchteling/ the refugee), qui est contraint de quitter son pays afin d’échapper à un danger et obtient dès lors l’asile
dans État tiers. Proche de ‘migrant’ par la prononciation et le sens, le mot ‘émigrant’ (de emigrant/the emigrant) désigne plus spécifiquement celui qui quitte son pays, et ‘immigrant’ (de immigrant/ the immigrant) celui qui entre dans le pays étranger. Question de point de vue ! Notons qu’en néerlandais et en anglais, le terme immigrant désigne également l’ ‘immigré’, à savoir la personne qui s’est déjà établie dans le pays d’accueil ... Comme nous l’avons déjà observé dans d’autres cas, le contexte sera donc déterminant pour bien comprendre de quoi on parle et utiliser le bon mot !
Olivier LOUYS 14
Sur la route
Conduire un véhicule en mission prioritaire
LES EXPERTS
U
ne partie du stress du métier de policier vient de la gestion de l’urgence, notamment lors des déplacements sur les lieux d’une intervention. Une fois qu’une mission est définie comme prioritaire, le policier qui se retrouve derrière le volant doit trouver, sur tout le trajet, le juste milieu entre la prudence et la rapidité. Et ce n’est pas simple. Rappelons dès lors quelques recommandations qui doivent guider le conducteur de tout véhicule en mission prioritaire : - le principal est avant tout d’arriver à destination, sans quoi la mission ne sera pas remplie. Pire, si vous avez vous-même un accident, vous devenez… la mission d’autres collègues ! Prendre un peu plus de temps sur le trajet au profit de la sécurité de tous est donc à considérer comme un gain, et pas comme une perte ; - davantage encore quand on est pressé, il faut être visible et prévisible, ce qui permet de mieux se faire comprendre des autres usagers ; - souvenez-vous que la sirène et les feux bleus allumés ne sont pas du tout une garantie d’être vu et entendu ;
Olivier QUISQUATER - surtout, abordez tous les carrefours avec la plus grande prudence et en donnant le temps aux autres de vous prendre en compte ; - gare à l’effet tunnel ! La mission ne doit jamais vous faire oublier de chercher tout autour de vous les informations importantes pour la sécurité de votre déplacement ; - rappelez-vous qu’en mission prioritaire, vous êtes une source … de stress pour une partie des usagers qui sont sur votre route. Pour cette raison, ceux-ci ne prendront pas toujours la décision qui vous plaira, c’est une donnée à prendre en compte de manière aussi sereine que possible …
Allo le Concactcenter ?
Fin de carrière, NAPAP et âge de la pension
0800 99 272 federal.contactcenter@police.belgium.eu
PASCAL COLLARD
L
e Contactcenter reçoit énormément d’appels de collègues policiers dont les plans (de fin) de carrière ont été bouleversés par l’arrêt de la Cour constitutionnelle n°103/2014 du 10 juillet 2014 relatif à l’âge de la pension. En effet, s’il est dorénavant clair que beaucoup d’entre eux devront travailler plus longtemps que prévu avant l’arrêt, nombreuses sont les questions relatives à la date à laquelle ils pourront prétendre à la non activité préalable à la pension (en abrégé NAPAP - au plus tôt quatre avant l’âge de la pension anticipée). L’élément essentiel afin de pouvoir répondre à ces questions est la date de la pension anticipée, date qui varie désormais d’un individu à l’autre en fonction de son parcours personnel. Toutefois, n’étant pas en possession de toutes les données
de carrière de l’ensemble des membres du personnel, ni le Contactcenter, ni l’employeur d’ailleurs, peuvent déterminer cette date. Seul le Service des pensions du secteur public (SDP¨SP), est à même de pouvoir le faire. Il revient donc aux membres du personnel concernés de prendre contact avec ce service via : - le site internet www.sdpsp.be ou un point pension de sa province (pour les membres du personnel âgés de plus de 55 ans) ; - le site internet www.mypension.be. C’est donc seulement en possession de la date de pension anticipée que le Contactcenter pourra déterminer la date de demande possible de NAPAP et simuler le montant du traitement d’attente.
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PL A NI F IC AT ION D’ U RGE NCE
Exercice catastrophe dans le tunnel Schuman-Josaphat Le quartier européen a été le théâtre d’une intense activité dans la nuit du 24 au 25 février ! En cause, l’incident dont a été victime un train qui empruntait la nouvelle liaison ferroviaire reliant le pôle Schuman au Nord de Bruxelles. En raison d’un dégagement de fumée, provoquant un freinage d’urgence du convoi, plusieurs dizaines de membres des services de secours bruxellois (pompiers, services médicaux et sociaux, police, Croix-Rouge, …) ont afflué sur les lieux … TEXTE Infrabel et Benoît Dupuis
PHOTOGRAPHIE Christian Berteaux
BRUXELLES – Dès 1h55, soit une dizaine de minutes après le déclenchement de l’alerte, les premiers d’entre eux pénétraient dans le tunnel afin de secourir les voyageurs. Environ 40 passagers, choqués ou blessés, ont dû recevoir une assistance ou des soins avant d’être évacués via les sorties de secours du tunnel. L’opération, incluant notamment la mise en place d’un poste de commandement opérationnel, de périmètres de sécurité, d’un poste médical avancé et d’un centre d’accueil, a duré au total près de deux heures. Bien que très réaliste, grâce notamment à la présence d’environ 150 figurants, les faits de la nuit n’étaient qu’un exercice ; une simulation grandeur nature d’un incident susceptible de se produire après la mise en service de cette nouvelle infrastructure ferroviaire. L’objectif ? Tester la planification d’urgence et les dispositifs de sécurité du tunnel en mobilisant les acteurs de la gestion d’une crise : pompiers, discipline médicale et psychosociale, Croix-Rouge de Belgique, police, com-
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munes concernées, services régionaux, appui logistique et Défense.
Des enseignements plus approfondis seront bien entendu tirés mais, dès la fin de l’exercice, chacun semblait globalement satisfait du bon déroulement de l’exercice. Les dispositifs opérationnels mis en place ont permis de faire face à l’incident et de prendre en charge rapidement les victimes. Les services de secours n’ont eu aucune difficulté à accéder aux infrastructures souterraines. Les sorties de secours et chemins de service - qui balisent le tunnel sur toute sa longueur - ont permis aux voyageurs de regagner la surface en toute sécurité. Au total, une soixantaine de membres des services de police ont participé à l’exercice. Plus d’images ? Surfez sur www.polimagery.be f
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Le débriefing sera important, les experts prennent place. La première équipe investit les lieux.
Les victimes sont escortées afin de les mettre en sécurité. Le tireur est mis hors d’état de nuire.
Les services de secours sont sur place, la collaboration est maximale.
Le labo aura besoin de quinze collaborateurs pour un travail qui durera trois jours.
Pierre Dury
ENQUÊTEUR AU SERVICE D'ENQUÊTE ET DE RECHERCHE (SER) DE LA ZP LA MAZERINE ET SPÉCIALISTE EN MAÎTRISE DE LA VIOLENCE.
PROFESSION :
C’est l’effervescence à au Collège Alix Leclercq de La Hulpe. A l’occasion de cette journée pédagogique, l’école s’est vidée de ses élèves mais les professeurs eux sont bien présents. Un exercice AMOK les attend. Dans la cafétéria de l’établissement, deux militaires maquillent certains enseignants, le directeur et le conseiller en prévention discutent avec le commissaire divisionnaire Alain Rummens, chef de corps de la zone de police La Mazerine. Celle-ci est à l’initiative de cet entraînement grandeur nature. Le directeur judiciaire du Brabant wallon, Laurent Blondiau ainsi que les services de secours les rejoignent. Face à tout ce monde, en tenue de moniteur, Pierre Dury s’apprête à diriger le briefing.
Quasi au même moment, des dizaines de policiers investissent le bâtiment de la maison communale. Les zones de police Braine L’Alleud, Ottignies/Louvain-la-Neuve et Wavre, accompagnées de la police judiciaire fédérale et du Centre d’information et de communication (CIC) du Brabant wallon, se mettent en place. Pour eux aussi, un briefing va commencer, dirigé par l’inspecteur Jonathan Hermand. Les instructions sont différentes afin de favoriser les réactions spontanées et garantir un scénario plus réaliste. Au total, la simulation regroupe plus de 150 participants, pour un exercice intégré de grande ampleur.
Les briefings commencent. Priorité à la sécurité car il s’agit avant tout d’un exercice et non d’un jeu : procéder à l’arrestation des assaillants, évacuer les blessés et sécuriser les lieux. Pour les policiers, les consignes sont claires. Afin de correspondre le plus possible à la réalité, ils n’ont que très peu d’éléments concernant le déroulement. La qualité de leur intervention et la coordination entre les services seront évaluées. “Pourquoi cet exercice ? ”, “Dois-je aider les autres ? ”, sur le site de l’école, le corps enseignant est plus tendu et les questions fusent. Pierre Dury se veut rassurant et répond avec précision, il sait que la réussite de cette simulation dépend également des figurants. De nombreux journalistes sont présents et la conférence de presse peut commencer. Le chef de corps, le directeur judiciaire et le directeur de l’établissement se prêtent au jeu des questions.
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Le dispositif se met en place. A l’intérieur des bâtiments, les figurants sont en position. Dans la cour, des responsables, des moniteurs et des collègues extérieurs à
IDENTITY KIT L'inspecteur principal Pierre Dury et son collègue l'inspecteur Jonathan Hermand, du service intervention de la zone de police La Mazerine (La Hulpe/Rixensart/Lasne), travaillent depuis plusieurs mois pour mettre sur pied l'exercice AMOK1 qui se déroule ce 16 février 2016 à La Hulpe.
UNE JOURNEE AVEC
Initiée suite au drame survenu en 2011 dans une crèche à Termonde, l'approche des situations AMOK (1) et les exercices qui en découlent doivent permettre aux unités de police d'évaluer et de parfaire les interventions contre un tireur de masse. l’exercice forment le groupe des observateurs. Il faut veiller à ce que personne ne gêne la progression de l’intervention. Le chef de corps vient aux dernières nouvelles auprès de l’INPP Pierre Dury. Dans les airs, l’hélicoptère de la police fédérale survole la zone et brise le silence qui s’est installé. L’attaque simulée est imminente. Des coups de feu retentissent, un premier tireur pénètre par l’arrière et progresse dans la cour. A l’avant du bâtiment, des cris, un deuxième tireur marque son arrivée. Très vite, le bruit des sirènes résonne sur le parking. Equipées d’un bouclier, les premières équipes de police arrivent sur les lieux.
Rapidement, les premières victimes sont secourues. La progression des intervenants se poursuit, il faut vider les locaux et localiser les forcenés. Tout va très vite. Il y a des blessés dont un mortellement touché. A l’extérieur , les ambulances arrivent et la police limite l’accès au périmètre. Pierre scrute chaque mouvement et suit les équipes au plus près. Un assaillant s’est retranché dans une classe, il sera ‘abattu’ avant de pouvoir tirer sur l’équipe d’intervention. Son complice sera interpellé cinq minutes plus tard. Grâce à une intervention ferme et maîtrisée, c’est menotté qu’il sera escorté jusqu’au véhicule de police. L’arme de guerre et le fusil de chasse retrouvés devront être analysés.
Les victimes sont rassemblées sur le parking de l’école pour permettre aux ambulances sur place de prendre en charge les blessés. Les personnes plus gravement touchées seront, quant à elles, transportées au poste médical avancé qui se trouve à proximité de l’établissement.
Après une fouille minutieuse et acharnée, les lieux sont sécurisés. Le bilan final fait état de trois tués, deux professeurs et un assaillant. Suite à un rapport complet de la part du directeur des opérations, la police judiciaire fédérale peut à présent intervenir. Le blanc des tenues labo remplace progressivement le bleu des uniformes. Identification des impacts, analyse des traces, les scènes de crime sont nombreuses et l’analyse prendra du temps. “L’exercice s’est bien déroulé et le débriefing permettra d’ajuster les interventions”, Pierre Dury se veut satisfait et optimiste.
Tueur de masse tentant de faire le plus grand nombre possible de victimes, sans chercher à se retrancher ou à prendre des otages.
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MOY E N S M AT ÉR IEL S
Une logistique au taquet La hausse de la menace terroriste et les besoins matériels supplémentaires qu’elle a nécessités ont imprimé l’urgence dans la donne logistique. Et poussé la Direction de la logistique (DRL) de la police fédérale à s’aventurer sur de nouvelles pistes ! Les nouveaux véhicules de patrouilles destinés au corps d’intervention en témoignent. Ils ont été équipés de feux bleus magnétiques avec sirène et haut-parleur intégré en trois jours ... au lieu des dix de rigueur pour une rampe classique. TEXTE Gwenaëlle Maziers
PHOTOGRAPHIE Jos Balcaen
BRUXELLES – Appelée à réagir vite et efficacement au besoin en véhicules supplémentaires du corps d’intervention, la Direction de la logistique a équipé trois berlines break en un minimum de temps. En marge du striping et du blindage classiques, la solution prioritaire choisie ici est une rampe compacte, intégrée et magnétique (certifiée jusqu’à 200km/h) qu’on a fixée de manière permanente au toit du véhicule pour des raisons de sécurité. Le choix de cette version magnétique et toute intégrée
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présente l’avantage de simplifier et d’accélérer la pose et le raccordement de la rampe au système électrique du véhicule. Unique inconvénient du système, le volume sonore de la sirène à l’intérieur du véhicule peut s’avérer trop important en raison du haut-parleur intégré à l’ensemble. Ici encore, la Direction de la logistique planche sur la meilleure façon de limiter, voire d’éliminer cet inconvénient à l’avenir. f
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”NOTRE CONTRIBUTION À L’EFFORT COMMUN” Philippe Lucas, ouvrier qualifié au sein du Service support de la Direction de la logistique : “La menace terroriste a nécessité que nous équipions très rapidement de nouveaux véhicules avec les accessoires prioritaires de base, le feu bleu et la sirène. Dans l’urgence, Daniel Leclercq, consultant au bureau d’étude, nous a proposé de placer une mini rampe qui intégrait les accessoires qui habituellement sont séparés, à savoir l ‘ampli de sirène, le haut-parleur et la commande. Il fallait cependant remplacer la fixation magnétique par un support qui permettrait une installation durable. Avec une prise de toit spécifique et un montage simplifié par une commande directement fixée au pavillon de toit, j’ai réussi à équiper le véhicule prototype en trois jours seulement. Cette demande expresse a permis de tester notre réactivité et notre capacité à innover. Nous avons, de la sorte, aussi contribué à l’effort de l’ensemble de la police fédérale en matière de lutte contre le terrorisme. Une expérience enrichissante !”
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Moyens matériels
HISTORIA
Notre première réforme de la police Les projets de réforme ne datent pas d’hier ; les résistances non plus. Dans notre histoire, la première grande tentative remonte à la fin du XVIIIe siècle, sous le règne de l’empereur d’Autriche Joseph II. Le souhait de notre souverain est simple : moderniser et centraliser un système judiciaire qu’il juge archaïque et éclaté.
I
l commence par Bruxelles où, en 1775, il fait nommer un réformiste comme amman de Bruxelles, c’est-à-dire représentant du prince au sein de la police communale. Mais la ville se montre si hostile envers ses idées qu’il se désintéresse rapidement de sa fonction. En fait, celui-ci, Ferdinand Rapédius de Berg, est un homme de plume peu au courant des réalités de terrain. C’est pourtant lui que choisit à nouveau l’empereur en 1786 pour un poste encore plus important, celui de directeur de la Police générale des Pays-Bas.
La fonction est nouvelle ; elle répond à la volonté inédite de rassembler tous les pouvoirs de police afin de rendre plus efficace la lutte contre le crime. Un seul uniforme, une seule discipline, une seule hiérarchie à la fois pour les polices urbaines et pour la maréchaussée, de tradition militaire et davantage présente dans les campagnes. Même les milices bourgeoises (policiers bénévoles), nombreuses à l’époque, obéiraient aux officiers du nouveau directeur général. Un tel projet s’inscrit en rupture totale avec la tradition très forte de
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décentralisation propre à l’ancien régime où, du reste, aucun souverain n’a les moyens de mettre en œuvre une police unifiée. Cependant, il est aussi très novateur en ce sens qu’il anticipe sur la distinction moderne entre les missions de police. En effet, la police générale se concentre surtout sur le renseignement, en laissant la police judiciaire (répressive) à la Justice et les menues tâches de police administrative au pouvoir local. Comment mettre en œuvre une entreprise aussi ambitieuse ? Dans un premier temps, Rapédius de Berg propose de maintenir la structure des polices existantes et de les placer sous son autorité. Il se montre aussi soucieux de ne pas trop bousculer les coutumes des PaysBas, beaucoup plus libérales qu’en Autriche. Par contre, sur le plan du mode de financement ou de la formation des policiers, un grand flou subsiste. Du coup, les administrations commencent à paniquer et le font savoir. De son côté, l’intransigeant Joseph II n’apprécie guère les concessions que son représentant semble vouloir concéder aux élites locales.
Face aux protestations tous azimuts, le nouveau directeur démissionne en mai 1787 : la nouvelle police ne verra jamais le jour. Deux ans plus tard éclate la Révolution brabançonne –hostile aux réformes dans leur ensemble – qui sera elle-même balayée par la déferlante française. D’autres bouleversements auront lieu, avec cette fois des conséquences durables pour notre futur pays. f
Benoît Mihail
PERQUISITIONNER EN FLAGRANT DÉLIT SUR DÉNONCIATION ?
L
e 13 février 2013, le service 101 de Gand reçoit l’appel d’une femme, ex-compagne de l’inculpé. Elle déclare, en italien, avoir découvert dans le domicile de l’inculpé, où elle a résidé pour une courte durée, une clé USB contenant du matériel pédopornographique. Les services de police décident de se rendre immédiatement au domicile de l’inculpé. Ils y effectuent une perquisition basée sur le flagrant délit. Au cours de celle-ci, le GSM de l’inculpé, un netbook, deux ordinateurs portables, trois clés USB et quatre cartes SD sont saisis. L’inculpé est privé de liberté. Les résultats de l’enquête de la RCCU confirment le caractère pédopornographique des images et films. Au cours des auditions, il reconnait avoir téléchargé les photos et films d’internet mais il nie le caractère pédopornographique des images. La Cour d’appel de Gand (24 novembre 2015) effectue une double analyse : la perquisition était-elle légale, et, en cas de perquisition illégale, les éléments de preuve saisis à l’occasion de celle-ci doivent-ils être écartés des débats ?
QUANT À LA LÉGALITÉ DE LA PERQUISITION La perquisition a été effectuée sur la base du flagrant délit, suite à une dénonciation par téléphone et en l’absence de l’inculpé. La Cour rappelle qu’une perquisition en flagrant délit est conditionnée par la constatation préalable d’un crime ou d’un délit. Or, à l’instar du juge du fond, la Cour estime qu’in casu, la perquisition avait
précisément pour objet de constater l’infraction : aucun élément objectif du dossier pénal ne permet d’établir que les infractions à charge de l’inculpé avaient été constatées au préalable. La perquisition ne pouvait donc reposer sur la procédure du flagrant délit. A défaut de mandat de perquisition et en l’absence du consentement de l’inculpé, non présent lors de la perquisition, la Cour estime que la fouille de l’habitation et la saisie des objets en dehors de tout flagrant délit sont illégales. La circonstance que l’ex-compagne de l’inculpé n’avait résidé que pour une courte durée dans l’habitation excluait par ailleurs qu’elle puisse consentir à la perquisition au titre de personne ayant la jouissance effective des lieux (PAJEL), ou être considérée comme ‘chef de maison’ au sens de l’article 46, 1° du Code d’instruction criminelle, ce qui aurait assimilé sa réquisition à l’hypothèse de flagrant délit. QUANT À L’APPLICATION DE L’ARTICLE 32 DU TITRE PRÉLIMINAIRE DU CODE DE PROCÉDURE PÉNALE L’illégalité de la perquisition n’entraîne pas pour autant la nonrecevabilité de l’action publique, ni l’exclusion systématique des preuves recueillies à cette occasion. L’article 32 du Titre préliminaire du Code de procédure pénale transpose la jurisprudence Antigone en ces termes : “La nullité d’un élément de preuve obtenu irrégulièrement n’est décidée que si : - le respect des conditions formelles concernées est prescrit à peine de nullité, ou
CASUS
- l’irrégularité commise a entaché la fiabilité de la preuve, ou - l’usage de la preuve est contraire au droit à un procès équitable”. Les deux premières hypothèses ne sont pas rencontrées : rien n’indique qu’une disposition prescrite à peine de nullité a été enfreinte, tandis que l’illégalité de la pénétration dans le domicile n’a pas pu entacher la fiabilité de la preuve, à savoir les images découvertes sur les différents supports informatiques. La Cour analyse donc l’admissibilité des preuves obtenues illégalement à la lumière de l’article 6 de la Convention européenne des Droits de l’Homme et estime qu’in casu, la perquisition effectuée a gravement porté atteinte aux intérêts de l’inculpé et à son droit au traitement équitable de son dossier. Tous les éléments de preuve issus de la perquisition ainsi que tous les actes d’enquêtes effectués sur la base de cette perquisition doivent être écartés des débats. La déclaration de l’ex-conjointe, en ce qu’elle constitue le seul élément de preuve valable, ne suffit pas à établir la culpabilité de l’inculpé. La Cour estime par conséquent les préventions non établies à son égard. f Marie-Agnès Langouche DGR.Jur/AJO
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La zone recrute : pleins feux sur le champ d’expérimentation d’Anvers
Marc SNELS COMMISSAIRE DIVISIONNAIRE - DIRECTEUR GRH DE LA POLICE LOCALE D’ANVERS “
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A
u cours des prochaines années, la police locale d’Anvers vivra une réelle vague de départs à la pension. Pas moins de 507 membres du personnel quitteront le corps dans les cinq années à venir. En comptant également les collaborateurs qui feront mobilité au sein de la police intégrée et ceux qui démissionneront, le nombre de départs est estimé à 800. Face à ce risque de pénurie de personnel, il faut en revanche constater que les membres du personnel d’origine allochtone sont sous-représentés au sein du contingent de la police anversoise (7 % de la capacité totale). Ce constat requiert une réaction immédiate. Pour être crédible et efficace, un corps de police locale doit, de préférence, refléter en partie la population qu’il sert. C’est pourquoi la police locale d’Anvers entend attirer, au cours des années à venir, des collaborateurs de qualité,
désireux de relever ensemble les défis d’un corps métropolitain. Fin septembre 2015, il a été décidé de décentraliser le processus de sélection, en partenariat entre la police fédérale et la police locale d’Anvers dans le cadre d’un projet pilote de deux années. Le ministre de l’Intérieur a marqué son accord, tout en exigeant explicitement le respect des standards de qualité fixés par la législation en vigueur. Ces dernières semaines, un investissement considérable a été réalisé pour développer un accord de collaboration durable entre une task force créée spécialement à cet effet au sein de la Direction GRH de la police locale d’Anvers, le Service de sélection et de recrutement de la police fédérale et l’école de police provinciale Campus Vesta. L’objectif principal du projet consiste à mener une campagne de recrutement ciblée dans la région métropolitaine, en vue de générer un afflux important de candidats aux profils variés et pro-
venant d’horizons divers. En outre, nous entendons raccourcir fortement la durée du processus de sélection, de manière à perdre moins de candidats qui optent finalement pour d’autres segments du marché de l’emploi. Enfin, nous souhaitons augmenter le taux de réussite en investissant localement dans des pré-trajets de sélection. Le processus selecting in de candidats (qui vise à attirer de bons inspecteurs potentiels) sera tout aussi important que le selecting out (le refus de candidats ne répondant pas au profil). f
Depuis la réforme des polices, le recrutement et la sélection de candidats inspecteurs relèvent exclusivement de la police
fédérale. Certains corps de police de grandes villes voudraient cependant avoir davantage voix au chapitre, d’une part, parce qu’ils doivent faire face à un déficit et d’autre part, parce qu’ils veulent pouvoir mieux cibler le recrutement. La police locale
d’Anvers s’érige en champ d’expérimentation d’un projet innovant de recrutement. Deux protagonistes racontent leur expé-
FACE TO FACE
rience.
Frank MOONS COMMISSAIRE DIVISIONNAIRE – SERVICE RECRUTEMENT ET SÉLECTION DE LA POLICE FÉDÉRALE “
A
nvers, Groenplaats, 12 août 2015. Un après-midi pas comme les autres. Le message est clair dès le départ : “ Frank, nous allons engager structurellement 112 inspecteurs sur 5 ans ”. Là, on se dit : “ Ok, on va voir où cela nous mène. Cela s’annonce compliqué. ” Le 30 septembre 2015 était une première date importante. Le but de la concertation était de dessiner les contours d’un projet ambitieux de collaboration entre la police fédérale et la police locale d’Anvers. La rencontre s’articulait autour de plusieurs thématiques telles que la diversité, les groupes cibles issus de l’immigration et les normes. Dans un premier temps, ce n’était pas évident de renoncer à nos réflexes habituels dans ce qui était jusqu’alors notre corebusiness et de jouer à fond la carte du renouveau dans ce projet. Mais j’étais motivé car c’est dans ma nature… L’envie a grandi à mesure que
l’on réalisait les possibilités qu’offrait cette opportunité d’utiliser Anvers comme laboratoire de l’innovation et de l’audace. En plus, nous allions peut-être pouvoir créer un modèle de recrutement et de sélection répondant avec rapidité et précision aux besoins d’un corps de police d’une grande ville, avec sa propre réalité sociale au sein d’un ensemble plus vaste. Petit à petit, les pièces du puzzle se sont pourtant mises en place. Marc (Snels) est un collègue avec lequel il est agréable de travailler dans un projet. DRI (la Direction de l’information policière et des moyens ICT) a mis tout en œuvre pour favoriser une collaboration efficace, tant au sein des structures que par-delà les murs (virtuels). L’outil RecSel (que l’on pourrait considérer comme notre “ outil d’intégrité ”) était pour la première fois réellement utilisable ‘en déplacement’ et SharePoint nous a offert un réel soulagement pour notre collaboration.
Anvers a, de son côté aussi, mis des moyens et des collaborateurs de projet à disposition… Tout allait donc pour le mieux. On sent aussi qu’un tel projet ouvre des portes et qu’il fait jouer la fibre professionnelle des collaborateurs. Nous pouvons innover, faire des tests et en cas d’échec, nous en tirons les leçons et repartons de plus belle. 19 janvier 2016. Le projet 'police locale d’Anvers' est considéré comme un cadeau du ciel pour un groupe enthousiaste. Pas de barrières, peu de directives mais beaucoup d’entrain. Les qualités individuelles des collaborateurs ont pu être mises en avant et chacun y a mis du sien pour atteindre un objectif commun. Pour utiliser un terme à la mode, on peut parler de teal management, c’est-à-dire d’équipes autogérées. Tout cela, on l’a ressenti au quotidien, en collaborant sans barrière structurelle, librement.” f
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UN VENT NOUVEAU
Drones : rêve ou cauchemar ? L’arrêté royal réglementant l’exploitation commerciale des drones pourrait entrer en vigueur avant l’été : la police a tout intérêt à bien s’y préparer. Des représentants de la police locale et de la police fédérale collaborent au sein d’un groupe de travail afin d’apporter une réponse aux nombreux défis et questions que posent les drones. Car il ne fait aucun doute qu’ils auront un impact sur notre société, et donc aussi sur le fonctionnement de la police. TEXTE Saskia Van Puyvelde
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BRUXELLES – Le Service d’appui aérien (DAFA) de la police fédérale a officiellement mis en service son premier drone ‘stripé’ à la fin de l’année dernière. “L’appareil sera utilisé pour apprendre à voler, pour la photogrammétrie1 à la police de la route et pour la Cellule personnes disparues”, explique le commissaire divisionnaire Tom Smets, directeur du DAFA. “Cette année, les missions dévolues aux drones seront étendues, et nous allons acheter d’autres appareils. Un drone ne remplacera toutefois jamais l’appui aérien classique, il restera toujours
PHOTOGRAPHIE Lavinia Wouters
complémentaire.” La police locale s’intéresse aussi aux drones. Ainsi, la zone de police MidLim (As/Genk/HouthalenHelchteren/Opglabbeek/Zutendaal) a déjà fait l’acquisition d’un tel engin en 20122 ; la police locale Voorkempen (Brecht/Malle/Schilde/Zoersel) a, quant à elle, annoncé qu’elle avait inscrit l’achat d’un drone à son budget 2016. Celui-ci sera utilisé pour effectuer rapidement et qualitativement des constatations d’accidents sur les routes secondaires ainsi que pour mieux visualiser les flux de trafic. La
zone de police Seraing/Neupré va, elle aussi, recourir à un drone. “Nous avons mis sur pied un groupe de travail (RPAS@Police) composé de représentants de la police locale et de la police fédérale. Car il est un fait que les véhicules aériens sans équipage (RPAS3) ou drones font désormais partie intégrante de notre quotidien. Et puis il fallait apporter une réponse, au sein de la police intégrée, aux nombreux défis et questions que posent les drones”, poursuit le directeur de DAFA. “Forts de notre longue expérience dans le domaine de la navigation aérienne,
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il nous a paru naturel de prendre cette initiative et de faire office de pilote, au sens figuré. Notre ambition est de faire de ce groupe de travail, et de son point de contact permanent au sein de DAFA, un centre de connaissances et d’expertise en matière de drones.” Les activités du groupe de travail s’articulent autour de quatre grands domaines (voir schéma), que nous présentons brièvement ci-dessous.
LÉGISLATION ET APPLICATION DE LA LOI
En tant qu’opérateur public, la police, à l’instar d’autres services de secours tels que les pompiers et la protection civile, est exclue du champ d’application de l’arrêté royal réglementant l’exploitation commerciale des drones. Cela ne veut pas dire que la police n’est pas soumise à la législation aérienne. L’un des objectifs du groupe de travail est de créer un cadre légal spécifique pour l’exploitation des drones par les opérateurs publics.
FORMATION
Le groupe de travail se penche sur l’uniformisation de la formation de tous les pilotes et opérateurs de drones au sein de la police intégrée ainsi que, par extension, au sein des services d’incendie et de la protection civile, car ces services recourent aussi à ces appareils. DAFA, qui coordonnera cette formation dans le futur, a lui-même fait suivre une formation dans le civil à deux de ses membres. À ce stade, le pilote Jan Verbruggen et l’opérateur Luc Stremersch sont les seuls à la police intégrée. “En principe, ils ne devaient pas suivre cette formation”, insiste Tom Smets. “Mais ils ont estimé que c’était nécessaire pour des raisons de sécurité et de crédibilité.” Les deux collègues ont donc été formés mais ils attendent l’arrêté royal pour présenter leur examen. “Nous sommes prêts à passer l’examen théorique et pratique à la Direction générale du transport aérien”, précise Jan Verbruggen. “Il faut également passer un examen médical.
Nous avons été formés dans l’une des trois écoles civiles proposant une formation de pilote de drone. Nous avons suivi une semaine de cours théoriques, puis 16 heures de cours pratiques. Cela ne vous permet toutefois pas de faire voler un drone et d’y accrocher une
caméra. La manipulation de la caméra est la tâche de l’opérateur : c’est lui qui fait tourner la caméra sur 360° pendant que le drone, qui est commandé par le pilote, prend n’importe quelle direction. La manipulation du drone est toujours un travail d’équipe.”
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UN VENT NOUVE AU
RECHERCHE & DÉVELOPPEMENT (R&D)
Jan Verbruggen
SAVIEZ-VOUS QUE … • la police néerlandaise dresse des rapaces afin d’intercepter des drones nuisibles ? • la profession de pilote de drone figure dans le top 10 des métiers d’avenir pour l’année 2016 ? • le drone de DAFA peut voler à la vitesse de 135 km/heure ? • la province du Limbourg va se doter de son propre drone port, entendez par là un ‘aéroport pour drones’ ? • qu’il est interdit d’utiliser un drone à des fins autres que récréatives tant que l’arrêté royal ne sera pas entré en vigueur ?
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Les drones élargissent certes la palette d’outils de la police, mais ils constituent également une menace pour la tranquillité et la sécurité publiques. L’une des questions les plus épineuses auxquelles le groupe de travail tente d’apporter une réponse est de savoir comment la police peut former un drone shield (bouclier antidrones). “Comment se protéger contre ces engins et faire face à la menace qu’ils représentent ?”, questionne Tom Smets. “Comment identifier et, si nécessaire, neutraliser un drone détecté dans une zone précise et dont on ne trouve pas le pilote ? Et ce sans faire de blessés … La réponse n’est pas si simple qu’il n’y paraît.” Pour informer la police intégrée de manière structurée sur la problématique des drones, la Direction des opérations de police administrative (DAO) a élaboré une fiche opérationnelle sur les risques liés à l’utilisation des drones. Destinée aux équipes d’intervention de la police intégrée, cette fiche contient des informations opérationnelles et des conseils
pratiques devant faciliter les interventions dans ce cadre. Et le commissaire Kris Verlaenen de préciser : “L’usage de drones, qui peuvent être équipés d’appareils photo et/ou de caméras vidéo, comporte des risques en termes de sécurité. Certains d’entre eux peuvent transporter un projectile, une arme à feu ou des explosifs ; ils sont généralement programmés à distance. Ils peuvent être utilisés comme dispositif ou arme afin de mettre en danger la sécurité dans des ‘lieux sensibles’ ou lors d’ ‘événements à haut risque’. Utilisés illégalement par les médias, ils peuvent porter atteinte à la vie privée d’individus et compromettre des opérations policières devant rester discrètes. Jusqu’à ce jour, les drones n’ont eu aucun impact sur la sécurité de ‘lieux sensibles’ ou d’ ‘événements à haut risque’, mais la vigilance reste de mise. À l’avenir, le développement d’un drone shield pour la détection, l’identification et la neutralisation des drones illicites se poursuivra de manière coordonnée sous l’autorité des instances compétentes et en collaboration avec d’autres départements publics (comme la Défense).”
Jan Verbruggen, pilote au DAFA, précise que le drone est un projet R&D. “Le drone ne fait pas encore partie de l’offre de services du DAFA. De nombreux aspects sont encore à l’étude au sein du groupe de travail. Nous recevons toutefois régulièrement des demandes. Nous l’avons déjà utilisé quelques fois, notamment lors d’une opération de recherche au port de Gand et au carnaval de Malmedy, mais c’était toujours dans le cadre du projet.”
OPÉRATIONS
Les possibilités offertes par les drones sont très nombreuses : constatations forensiques, recherche de personnes disparues, photogrammétrie …
La police de la route d’Anvers ne possède actuellement pas de drones mais elle pourrait utiliser ceux de partenaires. Le commissaire divisionnaire Wim Redig nous en dit davantage : “Il ne fait aucun doute que le drone de DAFA pourrait nous être
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U n vent nouveau
utile pour la photogrammétrie, mais l’idéal serait que l’appareil reste en permanence à Anvers. Il serait alors directement à notre disposition lorsque nous devons accomplir des missions prioritaires. La protection civile de Brasschaat emploie également un drone depuis le mois de février. On peut l’utiliser principalement en journée. Nous collaborons par ailleurs avec la Région flamande, qui voudrait mettre sur pied un groupe de travail sur l’utilisation des drones dans le cadre de la gestion d’incidents. Nous allons en effet recourir à ces appareils essentiellement pour la photogrammétrie, pour pouvoir réaliser des plans digitaux des lieux d’un accident. À l’heure actuelle, lorsque nous avons affaire à des sites très étendus, nous sollicitons l’appui de l’hélicoptère de la police, mais il n’est pas toujours disponible. Nous gagnerions énormément de temps si nous disposions d’un drone. Tout d’abord, cet appareil est aussi efficace qu’un hélicoptère pour mesurer le site d’un accident. Ensuite, nous sommes en train de passer à la photogrammétrie en 3D, ce qui permet de ne plus attendre l’arrivée du service de dépannage pour tout mesurer. Et s’il ne faut plus attendre RAGO4 non plus, le gain de temps est considérable à plus d’un égard. Nous serions gagnants à la fois sur le plan de la sécurité routière et sur celui de la mobilité ! Le drone
POLICE LOCALE Geert Smet, chef de corps de la zone de police Voorkempen, membre de la Commission permanente de la police locale (CPPL) et par ailleurs co-président du groupe de travail RPAS@police, nous en dit un peu plus sur deux aspects qui captent pour l’instant toute l’attention de la police locale. "Le premier concerne l’usage du drone comme moyen policier (d’appui). À cet égard, le groupe de travail tente de déterminer comment la police locale – aux côtés de la police fédérale ou via un partenariat public-privé5 – peut intégrer ce nouveau moyen dans le fonctionnement régulier. Car les applications sont multiples : photogrammétrie pour des constatations rapides et qualitatives d’accidents de la circulation sur les routes secondaires, enquêtes forensiques, situational awareness dans le cadre de l’ordre public et/ou de la préparation d’opérations de police, appui lors de reconstitutions, recherche d’une personne disparue dans une zone délimitée … Il est toutefois très important de procéder dans un premier temps à une analyse et à une description approfondies de ses besoins avant d’acquérir un RPAS ou d’opter pour une formule de location ou de leasing. Il convient en outre de se pencher d’urgence sur l’aspect ‘législation’. Dès l’entrée en vigueur du nouvel arrêté royal, chaque fonctionnaire de police de première ligne devra en principe connaître cette législation sur le bout des doigts pour pouvoir la faire respecter. Dans cette optique, le groupe de travail met actuellement la dernière main au dossier d’agrément d’une formation consacrée à l’aspect ‘application de la loi’. L’objectif général est qu’au terme de la formation, le participant, lorsqu’il intervient en première ligne, soit à même d’appliquer la réglementation générale et spécifique relative aux RPAS et d’exécuter correctement les missions et les devoirs prescrits, y compris dans le cadre d’une enquête subséquente. En ce qui concerne l’acquisition des connaissances nécessaires dans le domaine législatif, il importera également d’être attentif à la loi sur la protection de la vie privée6 et à la ‘loi caméras’7. Comme vous vous en êtes rendu compte, il y a du pain sur la planche ! Prêt à décoller ?”
pourrait également servir à surveiller la circulation, à visualiser les flux de trafic et à constater certaines infractions au code de la route. Il pourrait également nous être utile lorsqu’un véhicule prend la fuite, pas tant pour la poursuite en soi, mais surtout au moment où le véhicule s’immobilise et les occupants s’enfuient.”
Tom Smets
Pour être tenu au courant des développements dans ce domaine, inscrivez-vous via l’adresse RPAS@ police.belgium.eu et recevez la lettre d’information directement dans votre boîte mail. f
Technique consistant à effectuer des mesures sur la base de photographies aériennes ou de photographies réalisées à l’aide d’un mât. 2 Voir également Prendre de la hauteur dans l’Inforevue 02/2012, pp. 20-21. 3 Remotely Piloted Aircraft System (système d’aéronef télépiloté) 4 RAGO est l’indicatif de l’hélicoptère du DAFA. 5 Defoor, R., Sept. 2015, Édito – Partenariat publicprivé ... ou pas ?, Lead@Pol, Bruxelles 6 Loi du 8 décembre 1992 relative à la protection de la vie privée à l'égard des traitements de données à caractère personnel. 7 Loi du 21 mars 2007 réglant l'installation et l'utilisation de caméras de surveillance. 1
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Š Jos Balcaen
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Gabriel Gubbels
Bleu, rouge …
OUT OF OFFICE
jaune !
“ Au départ, je n’y connaissais vraiment pas grand chose. J’avais regardé l’un ou l’autre épisode
mais je n’avais pas idée de ce qui m’attendait … ”. Pourtant Gabriel Gubbels est l’un des vingt candidats et seul Belge de l’émission télévisée française Koh Lanta1. Inspecteur de la police
aéronautique (LPA) à l’aéroport de Gosselies, c’est souriant et détendu qu’il parle de cette
aventure en Thaïlande. Tantôt chez les rouges tantôt chez les jaunes, jusqu’où ce bleu ira-t-il ?
J’
“
ai toujours voulu relever ce genre de défi et j’ai même tenté ma chance, par le passé, pour l’émission anglaise Escale, mais je n’ai jamais eu de réponse. Cette fois-ci, tout est parti d’un formulaire déposé dans mon casier par une collègue. La sélection des candidats se déroule en plusieurs étapes. J’ai d’abord envoyé un courrier en expliquant mes motivations puis s’en est suivi un contact téléphonique avant d’avoir un premier entretien en face à face. Il y a également eu une présentation devant l’équipe de production avant d’apprendre que j’étais sélectionné. Pour participer à Koh Lanta, chaque candidat doit subir une batterie de tests à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (INSEP), à Paris ”. C’est plein d’humilité que Gabriel raconte cet éprouvant mais néanmoins beau défi.
Sa préparation peut paraître surprenante : “ J’ai fait beaucoup de sport. Je ne m’arrête pas à une seule discipline et je touche à tout. J’ai juste un peu accentué la musculation et l’endurance ”. Au-delà des efforts physiques nécessaires aux épreuves, il fallait aussi apprendre à se débrouiller et à survivre : “ J’ai essayé de faire du feu avec du bambou acheté dans un magasin de bricolage à Namur, mais je n’ai réussi qu’à faire de la fumée. ” “ Arrivés en Thaïlande sur l’île de Phang Nga, nous sommes restés neuf jours sans feu et forcément, nous n’avions pas la possibilité de chauffer ou de cuire d’éventuels aliments. Cela reste ma plus grande difficulté. Je me suis essayé à une autre alimentation, des mollusques dans le style des bulots et même un bernard-l’hermite … Grâce au feu, nous avons enfin pu cuisiner du riz. Hormis le manque de nourriture, je n’arrivais pas à fermer l’œil de la nuit ! En plus d’être affamé, je suis devenu insomniaque. ”
1
Perspicacité et résistance Cette émission de télé-réalité est-elle mise en scène ? La réalité est-elle surjouée ? Gabriel n’hésite pas à préciser : “ Rien n’est chiqué ! On vous laisse sur l’île avec le strict minimum pour se changer et rien de plus, mis à part un spray contre les moustiques et de la crème solaire. Les cameramen se contentent de filmer et n’aident en aucun cas les candidats. On ne mange que ce que l’on trouve et le savon pour se laver peut se gagner durant certaines épreuves dites de ‘confort’. ” Organisé et sportif, Gabriel est un sérieux candidat aux nombreuses épreuves ainsi qu’à la victoire finale : “ Je pense que mon plus grand atout reste mon aptitude à goûter à différents sports. Il y a des épreuves en tout genre et il faut pouvoir nager, courir et sauter. Je pense que cela m’a aidé. De plus je comprends très vite les choses et je suis capable de déterminer qui va faire quoi et comment ”. Perspicace, discret et résistant, il sait trouver sa place en équipe et montrer qu’on peut compter sur lui.
En guise de soutien à sa participation, une vague de photos ‘handpic’ fait son apparition sur les réseaux sociaux. “ Des personnes publient des photos avec la main devant et petit à petit le mouvement est suivi. Je retrouve de nombreuses photos sur ma page facebook Gabriel Koh Lanta ”, nous confie t-il, touché.
Depuis son retour, Gabriel garde bien le secret et personne ne sait à quel moment son parcours s’arrêtera … La saison 15 de Koh Lanta compte 14 épisodes. L’émission est diffusée le vendredi soir sur la chaîne française TF1. f
Laziza Sadik
Vingt candidats répartis en deux équipes (les rouges et les jaunes) doivent apprendre à survivre, sans nourriture ni commodités sur une île inhabitée. A l’issu de chaque épreuve, l’un des candidats de l’équipe qui échoue est éliminé. Au bout de quarante jours, le seul candidat restant remporte la victoire.
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L' I N V I T É
“Un choc culturel ? Oui, à chaque passage d'un train” Afin de pouvoir s'adonner au football de compétition, l'officier frais émoulu Koen Van Overtveldt rejoignit, en 2001, les rangs des financiers de la police fédérale, “car il ne fallait pas y effectuer de services de week-end.” Six ans plus tard, le temps lui sembla venu de passer à autre chose et il jeta son dévolu sur la police des chemins de fer à Bruxelles. “Nombreux sont ceux qui me l'ont déconseillé : agressions, problème des sansabris, un corps de police en totale mutation ... J'allais compromettre ma carrière. Selon plusieurs personnes dignes de confiance, ce choix était toutefois judicieux. Mais ça ne serait pas évident, m'avait-on prévenu. Depuis lors, la situation n'a cessé de s'améliorer.” Notre invité est le commissaire divisionnaire Koen Van Overtveldt, chef de poste adjoint de la police des chemins de fer de Bruxelles. TEXTE Stefan Debroux
PHOTOGRAPHIE Lavinia Wouters
Koen, pendant six ans, vous avez été en charge de budgets et de dossiers budgétaires et d'achat. Vous êtes à présent de l'autre côté de la barrière, là où les moyens sont nécessaires. Voyez-vous à présent la gestion financière d'un autre œil ? “La plupart du temps, les budgets sont disponibles mais trop souvent, on accuse un retard au niveau de la planification. Ça ne date pas d'hier : je me souviens qu'à l'époque, les fins d'année étaient rythmées par les nombreuses heures supplémentaires qu'il nous fallait effectuer pour clôturer certains dossiers. En raison de la lenteur des procédures, l'argent disponible n'était toutefois finalement pas entièrement dépensé. En fait, je n'ai jamais compris pourquoi la police fédérale avait son propre service d'achats. La plupart des marchés publics pourraient tout à fait être gérés par un service public central, à l'exception des dossiers d'achats destinés aux unités spéciales, dont les moyens doivent rester secrets.”
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En tant que membre de la police des chemins de fer, êtes-vous satisfait de la chaîne logistique ? “Oui. Toutes
les pièces d'équipement que j'utilise proviennent de la chaîne logistique. Certains collègues ont des préférences spécifiques et vont chercher ailleurs ce qu'ils souhaitent, mais c'est un choix personnel. En tout cas, c'est nettement mieux qu'avant. Ce qui fait encore défaut selon moi, c'est un concept global pour notre équipement opérationnel, comme c'est le cas dans les pays voisins. Prenons la gaine de jambe, par exemple : de nombreux collègues la réclament depuis des années mais la discussion s'éternise et aucune décision n'est prise. Ce type de situation suscite une certaine irritation.”
dans nos locaux de la gare de BruxellesMidi lorsqu'un train passait ... Bien sûr, il y a des différences culturelles. L'environnement joue un rôle à cet égard, comme c'est le cas pour d'autres entités. Je songe, par exemple, aux anciennes patrouilles de métro, qui travaillaient constamment en sous-sol. Une telle particularité contribue au développement d'une propre culture. La situation actuelle est plus variée : nous patrouillons tant dans les gares que dans les stations de métro.”
En tant que policier, est-ce dangereux de travailler dans le métro ? “Oui et non. Pour ce qui est du travail En 2007, vous êtes passé des finances policier habituel, nos membres du perà la police des chemins de fer (SPC), sonnel ne courent pas plus de risques en tant qu'officier d'intervention. que leurs collègues qui travaillent Était-ce un choc culturel ? Après six en surface. Il y a quand même une ans, j'en avais assez des dossiers finan- spécificité : nos collègues des zones bruxelloises peuvent patrouiller en ciers ; c'était devenu trop routinier. Je voiture alors que nos patrouilles sont voulais travailler dans le domaine de l'ordre public, et pour ça, je n'aurais pas principalement effectuées à pied. S'il se passe quelque chose, on se trouve pu trouver mieux. La police des chemins de fer est associée à presque tous donc tout de suite nez à nez avec la personne concernée. Le facteur ‘enviles événements ayant lieu à Bruxelles ! Mais ai-je ressenti un choc culturel ? Je ronnement’ comporte par ailleurs un me souviens surtout du tremblement danger supplémentaire. Se retrouver
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“Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, essayez la routine … Elle est mortelle !” Paulo Coelho
L’ I N V I T É
OPUS CITATUM
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PERSON OF INTEREST Mens sana in corpore sano. Pour garder un corps sain, vous vous rendez fréquemment au travail à vélo (de Renaix à Bruxelles) et chaque année, vous vous lancez à l'assaut de la haute montagne. Quels sont vos centres d'intérêt sur le plan intellectuel ? “La Deuxième Guerre mondiale m'intrigue énormément. Je veux tout savoir sur cette période trouble. Les mécanismes qui étaient à l'œuvre à l'époque sont encore d'actualité. À cet égard, je recommande vivement la formation Dossin, qui prévoit des exercices de résolution de dilemmes. C'est incroyable la manière dont on peut laver le cerveau des personnes, les manipuler et leur faire faire n'importe quoi.” sur les voies peut en effet être fatal : arrivée d'une rame roulant à toute allure, contact avec un câble sous haute tension ... Afin de garantir la sécurité de notre personnel et des collègues qui nous prêtent parfois assistance, nous insistons toujours sur les procédures de sécurité, telles que la consigne de ne jamais poursuivre une personne sur les voies.” Dans le cadre de la menace terroriste, il a été reproché à la police de pratiquer du profilage ethnique. Est-ce fondé, selon vous ? “Je pense que cela est partiellement inévitable. La question de savoir qui cibler est propre à la mission, à la description de la personne. C'est le cas non seulement lorsqu'on recherche un terroriste présumé, mais aussi lorsqu'on doit repérer des supporters à risque. Ce qui compte toutefois, ce n'est pas l'apparence de la personne, mais la manière dont elle se comporte. En se focalisant sur un ‘profil’ spécifique, on risque en outre de passer à côté de certaines choses. Par exemple, le terroriste qui était prêt à commettre une attaque dans le Thalys ne ressemblait absolument pas à un Taliban barbu.”
OPTIMALISATION
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Le mouvement d'optimalisation actuel a une incidence sur la SPC Bruxelles, à savoir une réduction des effectifs au profit des postes dans les provinces. Cela est-il souhaitable ? “Non, je ne le pense pas, a fortiori vu le contexte de la menace terroriste. Cette réduction des effec-
LE TRADUCTEUR Que signi�ient pour vous les expressions suivantes ? • "Une carrière de dirigeant n'est idéale que si l'on a travaillé à la police fédérale et à la police locale : “Je souscris à cette idée. C'est une source d'enrichissement non seulement pour la personne, mais aussi pour les organisations. Les choix sont toutefois limités. Selon moi, une rotation quinquennale pour les officiers, comme cela était le cas à la gendarmerie, serait une bonne chose. Les forums de concertation et les réseaux constituent également une source importante de compréhension mutuelle.”
• "Je ne crois jamais une statistique à moins de l'avoir moi-même falsi�iée (Winston Churchill) : “La sécurité est-elle une question de chiffres ? Non, toute statistique est fausse. Les statistiques permettent de démontrer tout et son contraire. Je ne crois pas aux chiffres bruts dénués de tout contexte, de toute explication. L'exemple suivant invite à la réflexion : pour passer de 2 à 3, il faut ajouter 50 % ; pour passer de 3 à 2, il faut soustraire 33,3 % ...” • "L’enfer, c’est les autres (Jean-Paul Sartre voulait dire par là que c'est le regard, le jugement des autres qui vous rendent malheureux) : “J'ai appris à ne plus me soucier de ce que les autres pensent de moi. Chacun a le droit d'avoir son opinion, mais ce n'est qu'une opinion. Par contre, je tiens compte des critiques. Je suis partisan du dialogue et tente toujours de comprendre, sans œillères, l'angle de vue et le cadre de référence de mon interlocuteur.” • "Fossé générationnel et diversité : “En matière de diversité, la SPC Bruxelles n'a pas à se plaindre. Nous avons des collègues d'origine étrangère dans presque toutes les composantes. Il est toutefois vrai que les femmes ne représentent ‘que’ 24 % des effectifs. Cela dit, je ne suis pas favorable aux quotas. Nous comptons également un grand nombre de jeunes. Et je constate parmi la jeune génération que les règles ne sont pas toujours scrupuleusement respectées : nonchalance dans la comptabilisation des heures de service, constatations inexactes dans un PV ... Le sens de la norme pourrait être plus élevé.”
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Dans le cadre du débat sur les tâchesclés, il est question d'un transfert de
POUR OU CONTRE • Actions FIPA : “Pour. Une mobilisation d'une telle ampleur demeure un signal fort. Cela signifie une journée d'action, à laquelle chacun participe avec enthousiasme, même s'il est vrai que le niveau de motivation des policiers qui étaient auparavant appelés en renfort était souvent faible. Ils faisaient tout simplement acte de présence. Mais les choses ont changé. Les membres des corps d'intervention sont des collègues ‘à part entière’ qui finalisent eux-mêmes le travail, y compris les tâches administratives.” • Patrouilles unipersonnelles dans le métro : “Contre, vu le contexte actuel. Mais à l'avenir et moyennant un entraînement et des moyens adéquats, tels qu'une bodycam, pourquoi pas ?”
• Chiens de patrouille dans le métro : “Pour ! Nos chiens sont correctement dressés, paisibles et peuvent même être caressés. Pour ce qui est de l'autodéfense, un chien vaut toutefois quatre collègues ! La présence d'un chien calme tout de suite le jeu.” • Vidéosurveillance : “Pour. La SPC Bruxelles ne pourrait plus se passer de RAMCO (centre de commandement où les images sont visionnées). Il est possible d'effectuer des patrouilles virtuelles, d'identifier des auteurs, d'effectuer des poursuites en temps réel ... Je ne crois toutefois pas à l'effet préventif des systèmes de vidéosurveillance. La gare de Bruxelles-Midi compte quelque 300 caméras. Même moi, qui sais que l'on est filmé à tout endroit, je n'y prête pas attention. Non, ces caméras n'effraient pas les auteurs.”
VERY IRRITATING QUESTION Ces dernières années, la police des chemins de fer a fait plusieurs fois la une en raison de faits commis par certains de ses membres à l'encontre de sans-abris. En tant que policier, que vous inspirent ces situations ? “Je me sens blessé dans mon honneur professionnel ... Certains policiers impliqués dans cette affaire ont été condamnés, à juste titre, et j'estime qu'il importe d'être puni pour ses crimes. Six ans après, d'autres personnes ont toutefois été acquittées. Mais ces personnes restent très marquées. Cela prouve une fois de plus qu'il faut une approche différente des fausses accusations. La carrière et la vie de ces policiers sont détruites. De manière générale, je déplore que l'image de l'ensemble de la police soit ternie par les agissements d'une poignée d'individus. On se sent floué.”
L’ I N V I T É
tifs implique peut-être une diminution des patrouilles, y compris dans le métro, ce qui pourrait nous priver du ballon d'oxygène que nous avait procuré l'attribution de 100 policiers supplémentaires, décidée à l'époque par Joëlle Milquet. Mais il s'agit là d'un choix stratégique. Par contre, ce qui est positif, c'est que l'optimalisation met un terme au principe du détachement, qui était un véritable fléau. Celui qui n'avait plus envie de faire ce travail savait qu'il pouvait partir à tout moment. Maintenant que cette échappatoire n'est plus possible, il faudra faire un choix. Selon moi, ça renforcera la cohésion de l'entité ; c'est ce que je constate déjà à la SPC.”
tâches de sécurité à des partenaires (privés). Ceux-ci, par exemple Securail, ont-ils donc besoin de davantage de compétences ? “Je ne pense pas que ce soit nécessaire. Securail apporte une véritable plusvalue car les agents de sécurité peuvent être davantage présents dans les trains. Prenons, par exemple, la gare de Renaix, qui se trouve à l'extrémité du réseau ferroviaire. En cas d'incident entre Audenarde et Renaix, il faut près d'une heure pour que notre personnel arrive sur les lieux depuis Gand. C'est une éternité. C'est donc un argument en faveur non seulement de la présence de Securail dans les trains, mais aussi de la conclusion d'accords avec la police locale afin qu'elle intervienne lorsqu'elle est en mesure d'arriver sur les lieux plus rapidement ou encore, en faveur du renfort des postes SPC dans les provinces ...” f
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"Au rythme de la victime" Les portraitistes de la police fédérale (DGJ/DJT/Labo central) sont appelés dans le
cadre de faits criminels graves : meurtres, faits de mœurs, terrorisme … Armés d’un crayon et d’un bout de papier, ils parcourent le pays tout entier dans un seul but : croquer sur papier le visage des auteurs.
B
RUXELLES – Nous rencontrons les portraitistes Ben Claes et Peter Clauwaert dans leur bureau, qui ressemble davantage à un atelier de bricolage, un magasin de seconde main ou un musée ! Tout ce qui s’y trouve, ce sont eux qui l’ont acheté ou récupéré. Ils exercent leur profession depuis les années 80. Leur matériel est toujours le même, leur manière de travailler également. Eux-mêmes ont malgré tout un peu changé, à l’image de la société d’ailleurs. "On se rend toujours au travail avec le même plaisir", dit Ben Claes. "La motivation est intacte. Notre objectif est de faire arrêter les auteurs et d’aider les victimes ou leurs proches. Sur les quelque 1 200 demandes que nous recevons chaque année, nous en traitons environ 800, ce qui est énorme pour un petit pays comme la Belgique, surtout que nous ne sommes appelés que dans le cadre de la criminalité grave. Nous voyons beaucoup de gens en grande détresse, aux soins intensifs ou victimes de violence gratuite."
UN NEZ NORMAL
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Les quatre portraitistes (deux par régime linguistique) travaillent selon un système de permanence, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Concrètement, ils sont donc de permanence la moitié de l’année. C’est la Direction des opérations de police administrative (DAO) qui traite toutes les demandes d’intervention les concernant. "Les rendez-vous avec les victimes ou les témoins ont lieu un peu partout : chez eux, à l’hôpital, au bureau de police …", poursuit Peter Clauwaert. "En fonction de la victime, l’élaboration d’un portrait-robot peut durer jusqu’à trois heures. On ne suit ni trame fixe, ni structure prédéfinie. Certaines victimes vont, par exemple,
d’abord décrire les cheveux de l’auteur, alors que d’autres vont commencer par ses vêtements ou d’autres détails. Selon le point de départ pris, l’élaboration du croquis sera différente d’une victime à l’autre. Les meilleurs dessins sont réalisés lorsque la victime nous fournit toutes les informations d’elle-même, sans que nous devions poser trop de questions. En effet, en questionnant les victimes, on court le risque de les influencer, ce qu’il faut éviter. Si par exemple l’auteur est moustachu, la victime pourra bien le mentionner elle-même."
"Pour se souvenir du visage de quelqu’un, il faut qu’un effet de choc se produise", continue Ben Claes. "Tant que l’on a pas vécu un tel moment critique, il est impossible de retenir les traits d’une personne. Pour certaines victimes, il est aussi parfois difficile de s’exprimer de manière précise. Par exemple, elles peuvent nous dire que l’auteur a un nez normal, mais qu’est-ce qu’un nez normal, en définitive ? Nous ouvrons alors notre valisette et présentons à la victime une série de nez afin qu’elle fasse un choix. Nous disposons également de fiches avec différents types d’yeux, d’oreilles, de bouches, etc. Le bon type se trouve toujours parmi ceux présentés. Pas mal de victimes ont aussi tendance à extrapoler : si par exemple un auteur possède un long nez, pour la victime, il ne sera jamais assez long sur le dessin. Un visage rond devra être plus rond, de grandes oreilles devront être énormes, etc. Nous effectuons notre croquis au rythme de la victime, en utilisant notre valisette le cas échéant, avant de parachever notre dessin. Nous faisons preuve de beaucoup d’empathie, mais sans aller trop loin non plus. La détresse de ces personnes est très communicative et le besoin de prendre l’air se fait régulièrement sentir. Ceci dit, une seule chose
EURÊKA
© Lavinia Wouters
compte dans notre travail : coucher sur papier le visage de l’auteur. Ce n’est pas une tâche simple", conclut Ben Claes. "Nous sommes en outre de plus en plus confrontés à de fausses déclarations. Mais lorsqu’une personne me ment, je le sens tout de suite. Nous sommes complètement autodidactes et avons toujours veillé à rester à la page dans notre domaine. Je pense que nous pouvons fièrement affirmer être totalement sur la même longueur d’onde que les hommes du FBI. Nous sommes probablement les plus grands self-made-men de la police …"
Pas moins de 80 % du travail de Ben Claes et Peter Clauwaert consistent à établir des portraits-robots. Le reste du temps, ils effectuent également des reconstitutions de crânes ainsi que des reconstitutions en 2D, 3D et post mortem. Vous pouvez les voir à l’œuvre sur www.brusselnieuws.be/fr/video/tvbrussel/commentfaire-un-bon-portrait-robot. f
Saskia Van Puyvelde
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AMERIQUE
EUROPE
PORTSMOUTH
MUNICH
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Quand policier rime avec humanité
Un policier américain s'est montré généreux quand un magasin lui a signalé avoir été victime d'un vol à l'étalage. Au lieu d'arrêter la personne responsable, il a simplement réglé luimême la note. Les produits dérobés étaient en fait une préparation pour gâteau et une boîte de glaçage et la coupable était une mère de famille qui voulait préparer un gâteau d'anniversaire pour sa fille mais n'avait pas les moyens de payer. Touché par sa démarche, l'un des vendeurs de l'enseigne a contacté la presse locale pour raconter l'histoire. Michael Kotsonis, policier dans le New Hampshire, n'a pas souhaité commenter, expliquant ne pas avoir agi de la sorte pour attirer l'attention. Sans excuser la démarche de la mère, il a estimé que l'enfant n'avait pas à subir les conséquences de son comportement. "C'est ça, la police de Portsmouth ! Merci à l'officier Kotsonis d'avoir rendu plus agréable un moment qui se devait d'être difficile pour cette femme. Nous ne pourrions pas être plus fier de ce que vous faites pour notre communauté !", a commenté la police de la ville sur les médias sociaux.
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La police allemande est passée du côté obscur de la force
Il y a probablement des fans de George Lucas dans la police bavaroise. Les nouveaux casques de protection, dévoilés fin 2015, semblent tout droit inspirés de la garde robe de Dark Vador. En réponse aux attentats du 13 novembre à Paris et l'utilisation d'armes de guerre comme les fusils Kalachnikov, les autorités du länder ont décidé d'offrir aux forces de l'ordre une nouvelle tenue de protection de Classe 4. La ressemblance avec le célèbre personnage de Star Wars a été pointée du doigt par la presse allemande mais aussi de nombreux internautes qui s'en amusent sur les réseaux sociaux : @dark_helmet "Je dénonce la copie de mes tenues par la police bavaroise!" 300 nouveaux postes dans la police et les renseignements ont aussi été annoncés par le ministre de l'Intérieur du länder, Joachim Herrmann. "Nous sommes préparés à la recrudescence de menaces terroristes."
inforevue 032015
MONDE POLICIER
ASIE REZE
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Rapaces contre drones
Les forces de l'ordre néerlandaises veulent se prémunir contre les drones malveillants, utilisés à des fins criminelles ou terroristes. Un des plans étudiés par la police serait l'utilisation de rapaces contre les engins volants. La formation des oiseaux de proie par une entreprise spécialisée est en cours. Bien que le projet n'en est encore qu'à sa phase de test, l'utilisation de rapaces est une possibilité plus qu'envisagée, a fait savoir un porte-parole de la police néerlandaise. Les aigles sont ainsi formés à repérer les drones comme des proies, à les saisir et les ramener au sol. "Dans certaines circonstances, les drones ne sont pas autorisés à voler. Cela est la plupart du temps en rapport avec la sécurité", indique Mark Wiebes de la police néerlandaise. "Un hélicoptère des services d'urgence n'a, par exemple, pas pu se poser à cause d'un drone qui volait à proximité." Les rapaces sont l'une des possibilités étudiées. Les autres outils envisagés sont plus ‘hightech’, comme des équipements de détection des drones, des logiciels pour permettre de prendre le contrôle du drone à distance ou encore un drone capable de tirer sur un appareil malveillant.
BOMBAY
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Contraint de manger 40 bananes
La police indienne a employé une technique peu commune pour retrouver une chaîne en or qu’un voleur avait avalée lors de sa course-poursuite avec les policiers. L’homme avait démenti avoir arraché une chaîne que portait une femme dans une rue à Bombay, mais la radio effectuée avait prouvé le contraire. Un lavement avait, dans un premier temps, été effectué sans succès. Les médecins ont alors suggéré une opération, mais la police a estimé que ce serait trop coûteux et opté plutôt pour l’ingestion forcée de quarante bananes en une journée. "La chaîne a finalement été retrouvée. Nous l’avons obligé à la laver et à la désinfecter", a expliqué un haut responsable de la police de Bombay.
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AFFAIRES EN COURT
Du sport dans l'Inforevue, c'est désormais un must ! De brefs comptes-rendus d’événements organisés par la Fédération sportive de la police belge (FSPB) sont publiés, d’une part parce
SPORT
que le sport est bon pour la santé et, d’autre part, parce que la FSPB ne compte pas moins de 3000 membres !
Nous vous recommandons également de consulter, sur Portal, le magazine de la FSPB, Infosport, qui a fait peau neuve, avec l’appui de la Direction de la communication de la police fédérale.
Volley-ball
La ZP Namur championne en 2015, et cette année ?
L
e championnat de Belgique de volley-ball des services de police a été organisé le vendredi 5 juin 2015 au centre sportif De Warande à Wetteren. Au total, 26 équipes issues de tout le pays s’étaient inscrites. À 9 heures précises, tout le monde était sur le pied de guerre car la chaleur était au rendez-vous.
Les zones de police de Bruges et de Namur ont disputé la finale et à l’issue d’un match captivant de haut niveau, Namur a finalement remporté la victoire en battant Bruges deux sets à zéro (25-21 et 25-21).
Le prix du fair-play a été décerné aux membres de l'équipe de la PJF Luxembourg qui, en dépit du fait qu’ils n’étaient que quatre, ont quand même participé au tournoi au lieu de déclarer forfait. Joost Borremans de la ZP Namur et Julie Goemaere de la ZP Vlas ont décroché les prix de meilleur joueur et meilleure joueuse.
Les coupes ont été remises par Kenneth Taylor, bourgmestre de Wichelen et Gerrit-Jan Maes, chef de corps, et le délégué de la Fédération sportive de la police. Les photos de groupe sont disponibles sur la page Facebook du CB de volley-ball des services de police 2015.
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Et en 2016 ?
La police locale de Namur ainsi que les communes de Namur et de Profondeville coorganisent le championnat de Belgique de volley-ball des services de police qui se tiendra le vendredi 3 juin 2016 au complexe sportif La Hulle, à Profondeville. Seules 30 équipes pourront participer. Pour de plus amples informations et pour les inscriptions – avant le 30 avril ! –, vous pouvez vous adresser à l’organisateur, à savoir : Vincent Marchal, au numéro de téléphone : 081 24 99 13 ou par mail : vincent.marchal@polnam.be.
S.V.P.
PA OFLFI A TIR E EISN EDNE CKOI U JK R ETR
SUCCESS SUCCESS STORY STORY
Taux d’élucidation : 100 % En décembre 2015 et au début de cette année, la police fédérale a diffusé dans les médias des images de malfrats issues de caméras de surveillance. Durant quatre semaines d’af�ilée, la diffusion de ces vidéos dans le cadre du programme d’enquête FAROEK a permis de résoudre les différents dossiers.
B
RUXELLES – Le 12 janvier 2016, la police fédérale a diffusé un crime clip à la requête du parquet du Hainaut, division Charleroi. On peut y voir comment, le samedi 26 avril 2014, une jeune femme a été détroussée dans un bureau de la Banque de la Poste situé Place Albert Ier à Charleroi. Ce jour-là, vers 21h30, la cliente entre dans la banque et se dirige directement vers le distributeur de billets. Elle est immédiatement suivie par un homme qui se place derrière elle et la menace en lui plaçant un objet pointu dans la nuque. L’homme exige de l’argent. La victime réagit rapidement et parvient à se dégager de l’emprise de son agresseur. Mais ce dernier n’en reste pas là. Il empêche la jeune femme de partir et insiste pour qu’elle lui donne de l’argent. Il l’agrippe par le bras et la force à se mettre face à l’écran pour taper son code secret. Mais elle refuse et tente le dialogue. L’agresseur devient alors nerveux et brutal, si bien que la victime finit par laisser tomber au sol son portefeuille et ses sacs de courses. L’auteur se saisit du portefeuille et la victime en profite pour s’échapper. L’auteur s’empare alors du contenu du portefeuille avant de prendre la fuite. L’auteur en question est âgé d’envi-
ron 35 ans. De corpulence normale, il mesure à peu près 1m75. Il a les cheveux complètement rasés et s’exprime en français avec un accent arabe. Au moment des faits, il portait une veste noire et un jean bleu. La diffusion des images a permis d’identifier rapidement l’auteur, lequel n’a toutefois été arrêté que plus tard.
Succès hebdomadaire
Les dossiers diffusés précédemment dans les médias ont également été immédiatement résolus. D’autres images d’auteurs criminels ont ainsi été diffusées les 23 et 29 décembre 2015 et le 5 janvier 2016. Le 23 décembre, un vol avec violence était commis à Ostende : les auteurs se sont livrés eux-mêmes à la police après avoir visionné les images ! Le 29 décembre, il s’agissait d’une agression à l’arme blanche à Liège. Quant à l’affaire du 5 janvier, elle concernait des auteurs regardant par-dessus l’épaule d’innocentes victimes dans une banque de La Hulpe, avant de leur
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voler leur carte de banque. Toutes ces affaires ont été résolues relativement rapidement (le jour même pour deux d’entre elles !), une nouvelle fois grâce à la force des images. Saskia Van Puyvelde
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AFFAIRES EN COURT
I DE N T I F IC AT ION DE S V IC T I M E S
Première session de cours pour les DVI européens
© Lavinia Wouters
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RANST – La semaine du 14 décembre 2015 s’est tenu, pour la première fois en Europe, un cours européen DVI (Disaster Victim Identification team) à l’Académie de police de Ranst (Vesta). Des experts en identification de victimes, provenant de différents pays d'Europe ont donné plusieurs modules du cours. Une formation alliant la théorie à la pratique et qui a rassemblé une trentaine de fonctionnaires de police chargés de l’identification de vic-
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times dans leur pays respectif. Le partage de connaissances et d’expériences, au travers de formations communes, constitue une première phase dans cette approche à l’échelle européenne. Lors de la journée du mardi, les participants ont effectué un exercice d'identification de corps qui se trouvent autour de l'épave d'un avion et ont simulé des entretiens avec les familles des victimes dans les locaux didactiques de Ranst. Christian Decobecq, commissaire de police au DVI, se veut satisfait : "L’initiative est belge et c’est une très grande fierté ! Nous avons eu de nombreuses candidatures et les experts sélectionnés étaient particulièrement compétents. Les différents modules ont permis de créer une réelle dynamique de
groupe. Cette première édition a connu un franc succès. Chaque participant a reçu un diplôme et lors de mon discours de clôture j’ai même eu droit aux applaudissements. On peut dire que ce cours est une belle réussite et j’espère le premier d’une longue série." L.S.
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AFFAIRES EN COURT
© Karolien Snyers
S A L O N D E L ’A U T O 2 0 1 6
École - School
J’apprends à tout âge
J’apprends à tout âge, tel était le thème de l’espace police. La Direction de la communication (CGC, police fédérale) a développé un concept graphique comprenant un carnet d’activités orienté famille et une affiche géante mettant en scène, dans un village, les bons et mauvais comportements de sécurité routière. Plus de 4 000 personnes ont été attirées par la présence de la voiture tonneau. Après cette sensibilisation toujours bien utile au port de la ceinture de sécurité, un bon nombre d’entre-elles étaient intriguées par des lunettes étranges que leur présentaient des policiers. Il s’agissait d’experts en alcoolémie et conduite sous influence (Centrex), offrant aux volontaires de porter ces lunettes et de tester sur la vision, les effets de l’alcool.
enregistrer auprès du SPF Mobilité présent sur notre stand. Quant à la nouvelle moto Yamaha de l’Escorte royale motorisée, elle a pu inspirer de nombreux amateurs de selfies.
© Emmanuelle
BRUXELLES – La 94e édition du Salon de l’Auto et de la Moto s’est déroulée du 14 au 24 janvier 2016. Environ 550 000 visiteurs ont déambulé dans les allées de Brussels Expo.
Glibert
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"Les activités proposées ont attiré plus de 7 000 curieux et les messages sont bien passés auprès du public", a déclaré Marc Normand, coordinateur de l’événement. Philippe Guion et le Desk Marketing-PR
Ils furent aussi plus de deux mille, souvent en famille, à découvrir le carnet d’activités. Parmi divers conseils, petits et grands prenaient plaisir à rechercher la bonne réponse aux questions ludiques et instructives. Les aînés étaient heureux de recevoir l’aide de leurs cadets, les sans-faute étaient exceptionnels! L’équipe Marketing-PR saisissait là une belle opportunité de compléter les connaissances du public. Chacun repartait avec un souvenir de son passage : un sac exclusif aux bords réfléchissants, prolongeait le message. Les propriétaires de deux roues pouvaient s’informer sur les nouvelles règles d’immatriculation et, munis de leurs documents, les
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AFFAIRES EN COURT
SÉCURITÉ ROUTIÈRE
Pré-alcootest :
rapide et bon marché
© Lavinia Wouters
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HASSELT – La zone de police Limburg Regio Hoofdstad (LRH) souhaite sensiblement renforcer son arsenal d’appareils de pré-alcootest afin de relancer la lutte contre l’alcool au volant. Chaque policier qui se rend sur le terrain devrait en posséder un. "Les pré-alcootests indiquent plus rapidement si une personne a bu. Qui plus est, ils sont moins chers que les alcootests classiques. Pour l’instant, nous disposons de quatre appareils de pré-alcootest", précise l’inspecteur principal Carlo Vanholst. "Nous les utilisons en toutes circonstances. Dans notre zone de police, tout conducteur à l’arrêt est susceptible de souffler ; c’est la norme. Le test est également systématique en cas de collision !" En cas de résultat positif au pré-alcootest, on soumet alors le conducteur à l’éthylotest officiel. Celui-ci permet aux policiers d’être définitivement fixés. Mais le pré-alcootest est-il tout à fait fiable ? "Jusqu’à présent, aucun appareil n’a connu de défaillance", souligne l’inspecteur principal Bert Piron.
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Un bon nombre d’autres zones de police utilisent à leur grande satisfaction ces pré-alcootests bon marché. Et dans certains pays du nord de l’Europe, le pré-alcootest fait partie de l’équipement de base du policier, au même titre que l’arme de service. S.D.
Pré-alcootest
Alcootest classique
Mesure l’alcool à partir de 0,02 mg/l
Mesure à partir de 0,22 mg/l ou 0,5 pour mille
Prix : 650 euros
Prix : 1 250 euros, plus 1 euro par embout, à remplacer après chaque test
RENFORTS À L A CÔTE
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AFFAIRES EN COURT
Où se trouve la frontière ?
© Lavinia Wouters
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ADINKERKE – Le 10 mars 2016, par une belle journée de semaine. Le dispositif mis en place dans la Duinhoekstraat, au passage frontalier entre la France et la Belgique, est impressionnant. Des policiers contrôlent tous les véhicules faisant route vers notre pays. Les valises sont ouvertes, personne ne passe. Depuis la fermeture de la ‘jungle’, le camp de réfugiés situé à Calais, dans le Nord de la France, les migrants tentent de rallier la Grande-Bretagne par la Belgique. Jan Jambon, le ministre de l’Intérieur, veut à tout prix éviter que pareil camp ne s’établisse en Belgique. Ce sont donc jusqu’à 290 policiers supplémentaires – fédéraux et locaux – qui sont déployés chaque jour à la frontière. Dans la voiture de commandement, nous retrouvons l’inspecteur Franky Coulier et l’inspecteur Stefan Neuser, de la zone de police Westkust (De Panne/Koksijde/Nieuwpoort), responsable du dispositif. "En journée, nous recevons les renforts de quatre sections HyCap1; la nuit, ce sont deux sections qui viennent nous épauler", explique Franky Coulier. Une section compte neuf policiers. "Ces collègues sont déployés ici pour une durée de huit heures. Ils ont pour mission d’empêcher les migrants d’entrer sur le territoire belge. Ces gens veulent se rendre à Bruges et à Zeebruges pour gagner ensuite la Grande-Bretagne. Ils ne veulent l’asile ni en Belgique, ni en France. À présent qu’ils savent que la police organise des contrôles stricts, le nombre de personnes qui traversent la frontière a sensiblement diminué par rapport aux premiers jours. Un autre point de contrôle a été mis en place sur la Duinkerkekeiweg. La police veille également au grain à la sortie Adinkerke sur l’E40, ainsi que dans les environs de la gare, de la plage et des dunes. La procédure administrative en collaboration avec l’Office des étrangers a lieu dans les bâtiments de la police fédérale à Furnes."
Le chat et la souris "Notre mission est claire", explique l’inspecteur Mario Debrouwere, membre de l’équipe d’intervention de
la zone de police Grensleie (Menen/Ledegem/Wevelgem) et d’une section HyCap. "Nous retenons tout le monde à la frontière et tentons d’identifier les personnes qui veulent se rendre illégalement en Belgique." Un bus est arrêté. Une dizaine de migrants en sont extraits, avant d’être retenus à la frontière. Bien entendu, les personnes bloquées réitéreront leur tentative à un autre moment ou par un autre moyen. C’est pour cette raison que des policiers patrouillent également à cheval, dans les dunes et sur la plage. Justement, dans les dunes, nous apercevons deux individus tentant de franchir les barbelés : ils prennent alors leurs jambes à leur cou. Sans doute réessayeront-ils plus tard… S.V.P. HyCap signifie "capacité hypothéquée" : les zones de police locale se prêtent mutuellement renfort pour des missions de police administrative.
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AFFAIRES EN COURT
UN COLLÈGUE INGÉNIEUX
JOURNÉE D’INFO
7000
“Une seule saisie”
visiteurs dans les écoles de police f
f COURTRAI – Depuis près de neuf ans, l’inspecteur principal Luc D’Hulst fait de la programmation au Carrefour d’information d’arrondissement (CIA) de Courtrai. Cet autodidacte a déjà réalisé trois projets visant à faciliter le travail des policiers. Il a tout d'abord créé un flux automatique depuis l’ISLP1 de toutes les zones de police vers une nouvelle banque de données du Service d’information et de communication de l’arrondissement (SICAD) au niveau fédéral. "Cela signifie que l’input de faits ISLP au sein du CIA ne doit pas être effectué à nouveau et qu’une seule saisie suffit", explique Luc D’Hulst. "Sans aucune intervention physique, toutes les données sont prêtes au quotidien à être traitées par le SICAD. Cette automatisation a été réalisée il y a environ trois ans et est désormais appliquée au niveau national." Ensuite, Luc a développé une application permettant de traiter et de consulter les données du flux ISLP2CIA, appelée ‘Infosuite’. "Tous les utilisateurs de cette application peuvent à présent lire le journal CIA en ligne et effectuer des recherches parmi tous les faits ISLP. Cette application a également été diffusée sur le plan national." Enfin, Luc a créé une application web sur la base d’Infosuite pour les collègues travaillant dans le domaine des Foreign Terrorist Fighters (FTF).
S.V.P. 1 2
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Integrated System for Local Police. Organe de coordination pour l'analyse de la menace.
"J’espère que grâce à cette journée et à l’intérêt des médias, le nombre de candidatures pour un job à la police augmentera, tout comme la qualité des candidats", déclare Nathalie Adam, du Service de recrutement et de sélection. "Cet événement fut un succès grâce à l’excellente collaboration du Service de recrutement et de sélection avec divers partenaires internes et externes : les écoles de police, les zones de police locale, les services de la police fédérale, la 7e année de l’enseignement en sécurité intégrale…"
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"Les données relatives à ces personnes sont à présent conservées dans une seule banque de données nationale, de manière à éviter au maximum toute double saisie", poursuit l’inspecteur principal. "Cette application a été présentée au SPF Intérieur et est actuellement utilisée au niveau national. Depuis le 1er janvier de cette année, seuls la police intégrée et l’OCAM2 s’en servent, mais elle sera étendue à douze services différents, dont la Sûreté de l’État."
BRUXELLES – La journée d’information des écoles de police, organisée le 5 mars dernier, a remporté un beau succès puisque pas moins de sept mille personnes ont pris part à l‘événement. Celui a, par ailleurs, bénéficié d’une belle couverture médiatique, d’autant plus que le ministre de l’Intérieur, Jan Jambon, a rendu visite en personne aux écoles de police d’Anvers (Vesta) et de Bruxelles (ERIP).
B.D.
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A F F A I R E S E N C O U R T
CO OPÉ R AT ION I N T E R N AT ION A L E
La gendarmerie française en visite
VISITE MINISTÉRIELLE
Projets techniques et scientifiques f
BRUXELLES – Le vendredi 11 mars 2016, la commissaire générale de la police fédérale, Catherine De Bolle, a reçu en visite des représentants de la Région de gendarmerie du Nord-Pas-de-Calais-Picardie (RGNPCP). Il s’agissait du général de division Jacques Hebrard, récemment affecté au poste de commandant, ainsi que de deux colonels. Une importance toute particulière était portée à la coopération et aux échanges bilatéraux, voire internationaux. A la croisée des chemins entre les Pays-Bas, la Belgique et Paris, voire le sud de la France, la RGNPCP a un rôle primordial à jouer dans la lutte contre la délinquance et la criminalité organisée. Différents échanges ont été menés sur le renseignement au niveau de la criminalité organisée mais aussi du terrorisme et des stupéfiants. Il a également été question de lutte contre l'immigration clandestine, du développement de collaborations techniques ainsi que d'une collaboration opérationnelle directe. Accompagné de ses deux principaux collaborateurs en police judiciaire, le général Jacques Hebrard a pu bénéficier d’une vision d'ensemble sur la nouvelle réorganisation de la police fédérale et, notamment, d’une présentation des services de la Direction générale de la police judiciaire (DGJ) et des différentes structures qui la composent. L.S
BRUXELLES – Le 2 février 2016, Jan Jambon, ministre de la Sécurité et de l’Intérieur, et Koen Geens, ministre de la Justice, ont rendu visite à la Direction centrale de la police technique et scientifique (DJT) pour une réunion de travail. Le but de la DJT était d’informer les ministres sur trois thématiques en particulier : le dossier d’accréditation des activités ADN et dactyloscopiques des laboratoires de la police forensique, le projet ABIS 2020 et l’appui de la DJT dans la lutte contre le terrorisme.
© Lavinia Wouters
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En ce qui concerne le premier dossier, l’objectif est d’accréditer, d’ici juin 2019, les activités ADN et dactyloscopiques intra-muros des laboratoires de police forensique selon la norme ISO 17025 (laboratoires des PJF et centres d’expertises de la
DJT). Pour être reconnus, tous les labos doivent maintenant respecter des référentiels internationaux, imposés par l’Union européenne. Comme l’a déclaré Claude Fontaine, le directeur général de la police judiciaire fédérale : "il est important que les relevés de la police belge soient accrédités selon la norme ISO 17025." Un autre dossier mis sur la table est le système AFIS (une banque de données d’empreintes digitales et palmaires) qui doit évoluer, pour 2020, vers le système ABIS pour Automated Biometric Identification System . Le projet vise à reprendre des éléments biométriques (empreintes digitales, photos, visage, iris, oreilles) en une seule banque de données. L’appui de la DJT, en particulier celui de l’Office central de répression des faux (OCRF) en matière de lutte contre le terrorisme, a également fait l’objet d’une présentation. Comme précisé par le commissaire Laurent Sartorius dans son exposé "un terroriste a besoin de deux choses : d’armes ou d’explosifs et de faux documents." L’objectif de l’OCRF est de mettre son expertise au profit des services de police de première ligne, d’identifier les faux documents et de lutter contre les fraudes à l’identité. Le rôle des sciences du comportement ainsi que du Labo audio-vidéo dans la lutte contre le terrorisme a également été mis en exergue par la commissaire divisionnaire Maria De Sterck. En fin de réunion, les ministres ont visité les locaux du Service des sciences comportementales (GWSC) pour un bref exposé sur la polygraphie (détecteurs de mensonge). Philippe Guion
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AFFAIRES EN COURT
NOS CONCOURS
POLICE FÉDÉR ALE DE LA ROUTE
Les accidents mortels sur autoroutes en baisse La police fédérale de la route (DGA/DAH) a présenté, le 26 mai dernier, ses statistiques d’activités pour l’année 2014. Elles révèlent que 100 personnes ont été tuées sur les autoroutes et routes assimilées1 en 2014, un nombre historiquement bas, même si chaque personne décédée sur la route est bien évidemment une victime de trop. L’évolution positive de ces dernières années relative au nombre de victimes décédées suite à un accident sur autoroute se poursuit.
Et les gagnants sont …
Retour en infographie sur les données marquantes. TEXTE DAH et Service presse
INFOGRAPHIE Emmanuelle Glibert
150 ET 578BLESSÉS u. 139LE541 u. 130 676 u. TUÉS SUR TERRAIN D'ACTION
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155 776 u.
DE LA POLICE DE LA ROUTE
2011 Accident avec lésions corporelles
BRUXELLES – Cinquante-trois abonnés ont répondu correctement aux questions de notre concours annuel. Les bonnes réponses étaient les suivantes : Question 1 : en vingt ans, la Cellule personnes disparues a traité plus de 24 000 disparitions. Question 2 : la zone de police AMOW a créé une page Facebook contre le cyberharcèlement. Question 3 : Image 1 : Inforevue 02/2015, p. 20, statistiques de sécurité routière. Image 2 : Inforevue 01/2015, p. 5, rubrique Flashé. Image 3 : Inforevue 03/2015, p. 20, rubrique Out of Office. Image 4 : Inforevue 04/2015, p. 16, BMW 328i de la police fédérale de la route. 20
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Tués
HEURES PASSÉES SUR LE TERRAIN LORS D’ACTIONS DE CONTRÔLE
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139 541 h
130 676 h
155 776 h
19,2% augmentation de 2013 à 2014
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Chaussées composées de minimum deux bandes de circulation dans chaque sens de circulation, les deux sens de circulation étant séparés par une berme centrale.
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Question 4 : l’asbl Womenpol a fêté ses vingt ans d’existence en 2015. Question 5 : les hackers opéraient depuis la Russie, la Pologne, l’Ukraine et le Kazakhstan. Question 6 : la loi sur la navigation sous influence ne prévoit pas les contrôles en mer. Qui a gagné ? Voici la liste des trente gagnants, tirés au sort parmi les candidats qui ont réalisé le sans-faute. Ils remportent : • une montre : Anne-Sylvie Lahure et Luc Baetens ; • une clé USB : Jean-Claude Vandeville, Johan Van Langeraert, Bjarne Broux, Aristide Denis et Dieter Vandenbussche ; • un portfolio : Patrick De Poortere, Felix Van Den Bergh, Denis Charlier, Nathalie Delchambre et Nicolas Moetwil ; • un stylo : Geert Baele, Linda Delhase, Joël Filleur, Didier Gilbert, Christian Gremling, Lucien Halin, Pierre Claeys, Chris Serlet, Mike De Wambersie et Luc Coussement ; • un porte-cartes de visite : Hervé Biesmans, Vincent Amand, Charles Deville, Jacques Aerts et Paul Lierman ; • une couverture de survie : Eric Laloo, Jean Le Bacq et Françoise Pensis.
Pol spécialiste de l’image ‘bidouillée’ Pour la résolution de sa dernière énigme, l’œil avisé de Pol avait remarqué un détail lui permettant d’affirmer que la photo remise par le suspect avait été falsifiée… Aviez-vous trouvé ? L’ombre sur l’image ne correspondait pas au couvre-chef de Monsieur Steffen. Trente-huit abonnés en sont arrivés à la même conclusion que notre enquêteur. Vingt d’entre eux, également tirés au sort, gagnent : • un porte-gsm : Dominique Delusinne, Merel Heerweg, Constant De Herdt, Chris Serlet et Joseph Doppagne ; • un recueil de nouvelles policières : Gwendoline Goret, André Willem, Pierre Maurer, Pierre Hauglustaine et Jacques Dengis ; • un portfolio : Pieter Jan Depuydt, Henri Maes, Franck Iacopucci, Shirley Vilette et Jacques Boutet ; • un kit médical : Marc Geldof, Patrick Luyckx, Robert Linsingh, Joël Delbart et Pascal Kirchner.
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Dans cette édition, Pol, bien renseigné par un indicateur, vous emmène à la recherche d’un suspect dans un estaminet. Trouverez-vous l’individu en question ? Envoyez-nous vos réponses pour le lundi 18 avril 2016 au plus tard : • soit par mail à cgc@police.belgium.eu • soit par courrier à l’adresse suivante : Jeux concours Inforevue 2015 Police fédérale Direction de la communication (CGC) Avenue de la Couronne, 145A 1050 Bruxelles N’oubliez pas de mentionner vos nom, prénom, adresse et numéro d’abonné. La rédaction
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Mise à jour du Manuel faits de mœurs
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Le 4 mars dernier s’est tenue une journée d’étude sur le thème Stop à la violence. Donnez une voix aux victimes en menant une enquête mœurs de qualité (Code 37). En marge de cet événement, la mise à jour du Manuel faits de moeurs a été présentée. L’importance d’une bonne approche des enquêtes en matière de moeurs a été soulignée dans l’interview de Karen Plasschaert, parue dans l’Inforevue 04/2015. Le manuel est disponible sur le Dailydoc du 4 mars 2016 et sur Poldoc > Phénomènes criminels > Criminalité contre les personnes > Agression > Mœurs > Analyses et études scientifiques
Un retour sur les éditions précédentes d’Inforevue.
L’art récompensé
e : Guion Renato,
av. de la Couronne
145 A, 1050 Bruxelles
Le petit extra pour nos abonnés
Éditeur responsabl
Dans l’Inforevue 04/2015, nous vous annoncions que l’asbl Womenpol organisait, du 15 au 27 novembre derniers, une exposition artistique au Campus Vesta, à Ranst. L’art par et pour les femmes policières était organisée dans le cadre du vingtième anniversaire de l’asbl. Seize artistes ont exposé leurs oeuvres et seuls deux d’entre eux ont été primés. Le prix du jury a été attribué à Jurgen Deré pour son oeuvre 'Jeanne D'Arm', une peinture à l’huile sur toile. Quant au prix du public, il a été décerné à Wendy Van Boom, pour son oeuvre ‘De Bosnimf’ (traduisez, La Nymphe des bois), un bustier en verre présenté sur un mannequin vert de papier mâché. Bravo aux vainqueurs et merci à tous les artistes pour leur créativité et leur participation.
J’apprends à tout âge était le concept développé pour le stand de la police fédérale sur le Salon de l’auto 2016 (lire en page 43). Nous avons rassemblé, dans un carnet de jeux, une série de questions de sécurité routière pour les usagers de 7 à 77 ans ! L’occasion, pour chacun d’entre nous, de rafraîchir sa connaissance du code de la route. 21/12/15 14:16
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Peu de ‘gagnants’ au Win for Life Nous avons présenté, dans l’Inforevue 03/2015, l’initiative de la zone de police d’Ath qui remet un Win for Life aux bons conducteurs après les avoir suivis sur la route et effectué un contrôle approfondi (alcootest, papiers, équipements de sécurité, etc.) Si cette action a été bien médiatisée, elle démontre néanmoins la difficulté de rencontrer le conducteur/la conductrice idéal(e). Sur les cinquante billets de loterie mis ‘en jeu’, seuls sept ont été distribués jusqu’à présent, malgré le nombre d’heures passées sur le terrain (29 sorties effectives de cinq heures depuis juillet 2015). Les conducteurs belges seraient-ils à ce point indisciplinés ? “Ces actions ne sont pas pour autant infructueuses puisque nous sanctionnons les conducteurs en infraction lors de ces sorties, selon la politique fixée et les priorités du parquet”, assure l’inspecteur principal Laurent Dupont, directeur du service circulation de la zone.
Le coin du lecteur Envie de réagir à un article ou de donner un avis ? Envoyez nous un courriel à cgc.editorial@police.belgium.eu.
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