bure au de depot de br ux el les x / p 409212 / Gér aldi ne B om al av enu e de la Cou r onne 145A 1050 b ruxelles
022016
t r im est r iel / A v r il m ai ju in 2016
MAGAZINE DE LA POLICE INTÉGRÉE
22/3 Crime scene investigators et cambriolages Délits de moeurs: face à la complexité
Mozart
PROTÉGER NOTRE LIBERTÉ
L’Inforevue est une publication de la Direction de la communication de la police fédérale
Rédacteur en chef: Benoît Dupuis Rédaction: Stefan Debroux, Céline Delande, Astrid Kaisin, Nicolas Mangon, Gwenaëlle Maziers, Karolien Remels, Laziza Sadik, Saskia Van Puyvelde et Wendy Van Zeebroeck Lay-out et photographie: Ruben Accou, Jocelyn Balcaen, Christian Berteaux, Caroline Chaidron, Emmanuelle Glibert, Régis Kalut, Karolien Snyers et Lavinia Wouters Dessins: Didier Castenholz, Emmanuelle Glibert, Benoit Goesaert Traductions: Service de traduction Direction de la communication Imprimerie: Goekint Graphics 059 51 43 43 Editeur responsable: Géraldine Bomal - Avenue de la Couronne 145A - 1050 Bruxelles Relations publiques et abonnement: Laurence Slachmuylders, Avenue de la Couronne 145A - 1050 Bruxelles Tél. 02 642 65 32 - Fax 02 642 60 97 Tarif d’abonnement: Belgique et autres pays: 10 euros Facture justificative: 1,25 euro pour frais d’administration et d’envoi. Un abonnement à Inforevue, le magazine de la police intégrée, donne droit à quatre numéros et est automatiquement prolongé sauf résiliation deux mois avant son échéance. Tous droits réservés. Dit magazine verschijnt ook in het Nederlands. E-mail: Gestion Abonnements: cgc@police.belgium.eu
Rédaction: cgc.product@police.belgium.eu ISSN: 1780-7638
www.polimagery.be
Il y a quelques jours, j’avais été invité à témoigner devant la Commission d’enquête parlementaire sur les attentats du 22 mars dernier. Au cœur de ce témoignage se trouvaient les victimes, décédées ou blessées, dans leur chair ou dans leur âme, ainsi que leurs proches. Il y avait aussi les services de secours, dont de nombreux policiers, qui ont eu à intervenir dans des conditions extrêmement traumatisantes à Zaventem ou à Maelbeek. Ce témoignage au Parlement a donc été pour moi l’occasion de me remémorer avec quels courage et professionnalisme tous ont agi lors de ces événements dramatiques. Je pense à ceux qui ont été blessés à l’aéroport et à leurs collègues de la police aéronautique. Je pense également à ces deux femmes des SPC, une francophone et une néerlandophone, que j’ai rencontrées à Maelbeek, et qui, ce jour-là, se sont d’abord rendues à Zaventem avant d’être rappelées au métro. Je pense à tant de courageux qui sont descendus sur les scènes de crime pour faire les constatations indispensables dans des conditions apocalyptiques. Il y en a tant d’autres que j’aimerais croiser, avec qui j’aimerais discuter et échanger un jour, spécialement ceux qui se sont occupés de l’accueil des victimes.
En reprenant la voiture après mon passage devant la commission, la radio passait une chanson française posant sur un air de blues une question lancinante : “Il est où le bonheur ? Il est où ?” 1 Après tout cela, beaucoup d’entre nous se sont posé cette question. Car c’est bien à notre bonheur, à notre qualité de vie qu’ont voulu s’attaquer les auteurs des attentats de Paris et de Bruxelles. Faut-il changer notre vie ? Oui ! Sans doute ! Car il y a quelque chose qui ne va pas chez nous. Ce même “chez nous” qui représente le paradis pour des dizaines de milliers de réfugiés qui cherchent justement le bonheur pour ceux qui viendront après eux. Or, au fil des enquêtes, nous avons été forcés de reconnaître que nous n’étions pas confrontés à une plaie qui vient d’ailleurs : il s’agit pour la plupart de gens d’ici ! Depuis l’avènement de Sharia for Belgium, cette question hante notre pays : comment se fait-il qu’au sein de notre société tant de gens, surtout des jeunes, hommes et femmes, ont pu si rapidement embrasser de tels idéaux destructeurs ? Ils font partie de la génération qui aime raconter sa vie sur la toile. Celle du selfie où le Moi avec un grand “M” est au centre et le reste du monde à l’arrière-plan. Une génération où les clefs de la recherche de soi, propre à chaque être humain, ne sont plus nécessairement données par l’entourage, mais souvent via la globalisation virtuelle, cette quatrième dimension où l’information passe plus par le smartphone que par le vieux journal en papier. Autant de métamorphoses que la propagande salafiste de Daesh a bien comprises et qu’elle exploite à merveille en se cachant derrière les barrières que nous avons mises en place pour protéger notre liberté. Or, notre mission à tous, magistrats et policiers, est justement de tout mettre en œuvre pour préserver cette liberté. Car notre bonheur, nous le trouvons justement en protégeant celui des autres. Cette tribune qui m’est offerte est pour moi l’occasion rêvée d’exprimer ma sincère admiration pour tous ceux que j’ai vu travailler sans limites au cours de ces derniers mois pour essayer d’éviter que le pire ne se produise. Il y a peut-être de l’incompréhension, des reproches, du bashing … Il faudra expliquer et s’expliquer, encore et encore … C’est légitime. Mais il ne faut pas oublier non plus tout ce qui a été accompli ! Plusieurs jours après les attentats, en pleine opération, un policier de la DR3 de la PJF de Bruxelles me racontait que sa fille avait demandé à son épouse si papa n’était pas mort dans les attentats. “Oui” - expliquait la petite fille - “je ne l’ai plus vu depuis lors !” Derrière ces mots d’enfants, il y a tous les sacrifices que tant d’entre vous ont fait ces derniers mois, ces dernières semaines … Pour cela, je n’ai qu’un mot par lequel j’aurais d’ailleurs dû commencer : Merci !
Frédéric Van Leeuw Procureur fédéral 1
Christophe Maé, Il est où le bonheur, Warner Music, France.
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sommaire
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22 MARS 2016 United we stand
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SENIOR FOCUS À LA BORAINE Cherchez la boîte jaune dans le frigo
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FACE TO FACE Escroquerie sur le net : enquête de base ou travail de spécialistes ?
POLICE ET MÉDICAMENTS Les dangers du Viagra & co achetés en ligne EURO DE FOOT EN FRANCE Bienvenue - Welkom
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L’INVITÉ Patrick Schumacher : “L’anonymat est l’un des plus grands dangers du web”
rubriques
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Une petite boîte jaune qui peut vous sauver la vie
Radar...2
Casus...31
Une journée avec...28
Feedback...49
Eurêka !...18
Les Experts...20 Historia...30
Le monde policier...38
Les affaires en court...40
1
20
RAD AR
“
L A POLICE EN CHIFFRES
20%
QUOTE
En Europe, plus de 5 000 personnes possédant l'une des nationalités des États membres, se sont radicalisées dans les rangs de l'État islamique et peuvent être des terroristes potentiels.”
Selon une étude de l’Institut belge pour la sécurité routière, le nombre d'accidents corporels: • augmente de 20% avant les matches des Diables Rouges ; • baisse de 50% pendant les matches ; • double dans l'heure qui suit les matches.
Rob Wainwright, directeur d’Europol, l’Echo, 28 mai 2016
L’ I N F O G R A P H I E
5E MARATHON DE LA VITESSE Du 20 au 21 avril 2016
Nombre de policiers -
Radars -
- mobiles -
- fixes -
lieux de contrôle :
PV :
907
véhicules contrôlés :
467 783
126
- de la police fédérale de la route
2
581
- de 115 zones de police locale
4 317
PV et perceptions immédiates :
28 256
Retraits de permis :
158
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RAD A R
tweetwall @zpz_polbru Bientôt en vacances? N'oubliez pas de demander une surveillance en cas d'absence!
@PolicedeLiege #securite la Police de Liège ouvre un numéro vert
W E B WAT C H
"ALLER ENSEMBLE À L'ESSENTIEL" Le plan national de sécurité (PNS) 2016-2019 est paru. Ce document, publié tous les quatre ans par les ministres de la Sécurité et de l'Intérieur et de la Justice, est le fil conducteur du fonctionnement policier. Le PNS fixe notamment 10 phénomènes de sécurité auxquels les services de police et toutes les autres instances concernées vont prêter une attention particulière pendant les quatre prochaines années Sur police.be, vous trouverez le document dans son intégralité, mais aussi une version simplifiée ainsi qu’une synthèse. INFO http://www.police.be/fed/fr/a-propos/police-integree/plan-national-de-securite
080094000
@ZPLesseLhomme Reconstitution historique de la 101ème Airborne à CELLES : Plus de 140 véhicules d'époque escortés pour un... http://fb.me/3qXA2Koyr
@HELI_FEDPOLFED
On a remis aujourd'hui les ailes à notre nouveau
candidat pilote Nathan. #BienvenueNathan Well done!
@ZPNamur Opération judiciaire (planifiée) en cours dans le
centre de #Namur - pas d'inquiétude pour la popu-
lation
@ZP5325 Vu les conditions climatiques, certaines rues sont interdites à la circulation, nous conseillons aux citoyens de limiter leurs déplacements.
@PolFed_presse SUR LE VIF
Wendy Biesmans est diplômée en criminologie de l’Universté de Louvain. Son premier job, elle l’exerce comme conseiller en prévention à HeusdenZolder, dans le Limbourg. En 2001, elle est recrutée par la commune de Zaventem pour mettre sur pied un nouveau service de prévention composé de huit gardiens de la paix. De par sa fonction, elle est régulièrement en contact avec le corps de police locale qu’elle finit par intégrer en 2003. En collaboration étroite avec la direction, elle s’attelle à relever de nouveaux défis. Tout d’abord en tant que conseiller à la politique, et depuis 2010 comme directrice du personnel et de la logistique. Aujourd’hui, elle contribue au développement de la vision du chef de corps, notamment en étudiant les possibilités d’offrir le télétravail pour certaines fonctions de police locale. “C’est certainement une manière de contribuer à la motivation des membres de notre personnel. Les gens qui travaillent dans un environnement où ils se sentent bien sont également plus productifs.”
Demain impossible de voir partir les Diables de
@BrusselsAirport. Épargnez-vous du temps et de
l'essence et des problèmes pour les voyageurs
@SPFMobTransport
1 véhicule sur 6 présenté en retard au contrôle
technique : 1 risque réel pr la #sécuritéroutière
http://ow.ly/Jf6M300PRcC
@Europol @PDWaele Belgian @PolFed_presse on how to handle crisis communications. 'Bring all spokespersons together' #ELEC16
@Gendarmerie #Besançon. Ils braquent un fast-food et tombent... sur les gendarmes du #GIGN ! #ThugLife
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R A D A R G P S
LA POLICE GANTOISE SUR LINKEDIN
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Les 7 et 8 juin, la police de la navigation participe à l’opération de garde côtière ‘Opera’ au large du littoral. 7 navires font l’objet d’un contrôle approfondi.
La police locale de Gand est, avec près de 1 250 membres du personnel, un des plus grands corps de la police belge. Après avoir fait leurs premiers pas sur Twitter, les policiers de Gand ont remis à neuf leur page sur LinkedIn. Il s’agit d’une page d’entreprise qui permet aux citoyens/intéressés de trouver des informations sur des emplois vacants et sur l’offre de services de la zone. Pour consulter leur page sur LinkedIn, rendez-vous sur l’adresse : https://www.linkedin.com/company/politiezonegent
A N T W E R P 1 0 M I L E S : U N E PRESTATION EXCEPTIONNELLE ! Le dimanche 17 avril, l’inspecteur Dave De Bruycker a participé à l’Antwerp 10 Miles avec l’équipe de la police locale d’Anvers. Juste avant l’arrivée, un participant de 65 ans a été pris d’un malaise. L’inspecteur a été le premier coureur à porter secours à la victime et à commencer la réanimation. Son intervention a sauvé la vie de ce coureur. En guise de remerciement, Dave s’est vu décerner la "distinction pour prestation exceptionnelle", une reconnaissance officielle remise par le bourgmestre et le chef de corps.
CINQUIÈME MARATHON DE CONTRÔLES CONTRE LA VITESSE EXCESSIVE Les 20 et 21 avril 2016, la police fédérale a organisé le cinquième "Flash Marathon" en étroite collaboration avec la police locale et les Régions. Au total, 707 policiers de la police fédérale de la route et des zones de police locale y ont participé. Les radars mobiles ont permis de contrôler 467 783 véhicules. Résultat de l’opération : 28 256 PV et 158 retraits de permis de conduire. Le but ultime de ces contrôles est d’améliorer la sécurité routière et de réduire le nombre de victimes. Un tiers des accidents mortels sur nos routes est dû à une vitesse excessive et/ou inadaptée.
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R A D AR G P S
96,91
2e ‘week-end sans alcool au volant’ à l'échelon national (du 10 au 13 juin), 96,91 % des 22 769 conducteurs contrôlés étaient sobres.
BUZZ
POLICE DE LA ROUTE SUR RTL RTL-Tvi a consacré une série de cinq reportages au travail de la police fédérale de la route (WPR Liège et Namur) et de la police locale de Châtelet. Le journaliste-animateur Stéphane Pauwels a accompagné durant plusieurs semaines sur le terrain, avec son équipe de tournage, des collègues de ces services. Ces émissions, diffusées le dimanche soir, ont obtenu des scores d’audience très élevés : entre 460 000 et 540 000 téléspectateurs pour des parts de marché systématiquement supérieures à 30% ! http://www.rtl.be/rtltvi/categorie/police-de-laroute/4864.aspx
5
Fin mai, la PJF de Liège procède à 5 arrestations dans le milieu de la production des drogues de synthèse, après une longue enquête menée en collaboration avec la police et la justice néerlandaises.
people GRENZAG 2016 À AUBANGE Le 11 mai 2016, le service DJSoc Environnement a organisé et coordonné le volet belge de l’opération internationale GrenzAg 2016. Cette action orientée vers les transports de déchets se déroulait simultanément dans plusieurs pays européens, à l’initiative de la Deutche polizeï.
Au niveau belge, les forces étaient engagées sur un seul point de contrôle, le poste frontière d’Aubange, stratégiquement située aux trois frontières (Bel/Lux/Fr). 90 véhicules ont été invités à accéder au dispositif. Tous ont subi différents contrôles spécifiques, 10 ont été verbalisés (11 %).
ROLAND DANTINE Le commissaire divisionnaire Roland Dantine est devenu chef de corps de la zone de police Hesbaye-Ouest. __ VINCENT CORMAN
Le commissaire divisionnaire Vincent Corman est devenu, le 30 mai, chef de corps de la zone Pays de Herve. __
5
22 M ARS 2016
22 mars 2016. 7h58, explosions à l’aéroport national de Zaventem. 9h11, explosion à la station de métro de Maelbeek. Bilan : 32 morts et 340 blessés. A l’aéroport, nos collègues Ine et Ben sont blessés, grièvement pour ce dernier. Une journée d’enfer pour les victimes, leurs proches mais aussi pour tous les membres des services de secours et de sécurité. Au-delà de l’effroi provoqué par une situation sans précédent, il fallait agir, aider, secourir, évacuer, guider, accompagner, soutenir, réconforter, protéger, sécuriser, renforcer, escorter, enquêter, rechercher, annoncer de mauvaises nouvelles, identifier … Vous étiez des centaines, des milliers. Disponibles, sans compter. Dans ce dossier, nous donnons la parole à certain(e)s d’entre vous. S’il est impossible d’être exhaustif, de représenter toutes les entités policières ayant participé aux opérations, nous englobons l’ensemble des intervenants dans un même éloge. Chapeau bas et merci !
Loes Deraedemaeker
La rédaction
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“ Nous en sortirons plus forts” Police aéronautique Bruxelles National, contrôle frontières
“Lorsque j’ai entendu l’appel radio, j’ai tout de suite compris que c’était grave. Quelque chose dans la voix du collègue trahissait son angoisse. Le temps devient alors un étrange concept. Ce ne sont plus les minutes ou les heures qui défilent, mais les personnes et les émotions. Dans l’inquiétude et la peur. Mais au fur et à mesure que le temps passera, les personnes et les émotions resteront mais les tracas et les angoisses s’apaiseront. L’aéroport et toutes les personnes présentes en sortiront plus forts.”
Police aéronautique Bruxelles National, fonction de police
“Je n’étais pas au boulot au moment des deux premières explosions, mais j’ai roulé comme un fou pour rejoindre Zaventem lorsque j’ai entendu ce qu’il s’y passait. Dans le hall des départs, on s’affairait à l’évacuation des victimes ; je me suis alors immédiatement rendu dans mon bureau à l’étage. Là, j’ai été confronté à un spectacle hallucinant. Il y avait du sang partout : dans les couloirs, dans les toilettes, sur les murs, sur les bureaux, sur les sièges ... Mes collègues avaient soigné des victimes un peu partout, certains d’entre eux étaient eux-mêmes blessés. Chacun avait l’air abattu et bouleversé. Lorsqu’il a été question d’une troisième bombe, nous avons établi un périmètre avec les militaires, de façon à ce que le SEDEE puisse faire son travail. La détonation a été terrible. Nous avons vu le toit de l’aéroport se soulever, malgré le fait que nous nous trouvions alors à plus de 200 m de distance. On a ensuite pris conscience d’être passés par le chas de l’aiguille. J’ai alors tourné un bouton dans ma tête
“Les chaînes se forment pour aider" Corps d’intervention (DCA/CIK) de Bruxelles
“Nous avions entendu parler de deux explosions, sans en connaître la cause. Rapidement, la communication a été difficile vu les problèmes du réseau ASTRID. Nous avons quitté le RAC et à 8h15, nous étions à Zaventem. C’était quelque chose qu’on souhaite ne jamais voir. Un grand chaos. Ma section et moi nous sommes mis à disposition des pompiers. Notre première mission fut d’évacuer les victimes en fonction de la gravité de leurs blessures. Lorsque nous avons appris la présence d’une troisième bombe, nous avons dû sécuriser certains endroits du site. Puis vint le temps de faire le tri des personnes qui devaient retourner vers les bus et certains logements organisés. Nous prenions note des identités des gens qui arrivaient et repartaient de Zaventem. L’objectif était de dresser une liste la plus complète possible des personnes présentes à l’aéroport. Notre journée s’est terminée à 23h00. Outre l’horreur de la situation, je garde le souvenir d’une grande spontanéité dans le travail et la collaboration. Peu importe qui dirige : l’intelligence, la connaissance du terrain et la motivation font que les chaînes se forment pour aider.”
et j’ai poursuivi mon travail. Les nouvelles concernant Ben (Bergen) n’arrivaient qu’au compte-gouttes, mais je pensais également à Ine, dont j’ai été le mentor et que j’ai accompagnée durant son (dernier) stage probatoire. Je savais qu’elle avait patrouillé avec Ben. Heureusement, elle n’a été que légèrement blessée. Elle est forte, mais patrouiller dans le hall des départs reste difficile pour elle. Pendant que le DVI, le labo, etc. étaient à l’ouvrage, je suis resté avec les militaires pour sécuriser le périmètre. Je n’ai jamais ressenti une atmosphère aussi tendue ; chacun marchait sur des œufs et à chaque mouvement suspect, c’était la panique. Ce qui m’a frappé, c’est la manière avec laquelle chacun a aidé son prochain, comment chacun prenait soin l’un de l’autre, la cohésion entre collègues. Depuis ce jour, nous sommes beaucoup plus soudés, ce qui nous aide dans le processus d’acceptation. Le Stressteam de la police fédérale était sur place le jour même, ce que j’ai beaucoup apprécié.”
Marlies Van Vooren
Niels De Prijck Michaël Wafllard
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“Je garde en mémoire la cohésion entre les collègues”
“Une journée pleine d’émotions” Agent de quartier à la zone de police de Zaventem, faisait partie des responsables du premier accueil des voyageurs ayant fui les bâtiments de l’aéroport. Elle devait également empêcher que des personnes franchissent le périmètre de sécurité mis en place autour de l’aéroport.
“Les gens autour de ce périmètre étaient gagnés par une multitude d’émotions : la panique chez ceux ayant perdu leurs proches dans le chaos ou n’arrivant plus à joindre leurs collègues en raison de la saturation du réseau, l’incompréhension des voyageurs voulant malgré tout prendre leur vol, la joie des rescapés tombant dans les bras l’un de l’autre … Dans pareils moments, on n’a pas le temps de réfléchir à la gravité de la situation. On est sans arrêt occupé à faire plusieurs choses à la fois : orienter les services de secours arrivant sur les lieux, informer les passagers en rade, accompagner les gens vers le centre d’accueil … Le soir venu, au commissariat, lorsque nous avons vu les images à la télévision entre collègues, nous nous sommes vraiment rendu compte de la situation. L’une des scènes que je retiens est celle d’un infirmier garant spontanément sa voiture sur la berme de l’autoroute pour venir apporter son aide. Cela mérite le respect.”
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“On n’attend pas les ordres, on agit !" Direction de la sécurité publique (DAS/FERES)
Serge Nijs
“Notre section a dû se rassembler rapidement. Par les médias sociaux, nous savions qu’il y avait eu un attentat à Zaventem. A 8h30, nous étions sur place. Nous avons été confrontés à l’horreur en ouvrant la porte du véhicule : une maman et son bébé gisaient en sang à un mètre de nous. Dans ces cas-là, on n’attend pas les ordres, on agit ! Les pompiers nous ont demandé d’évacuer les blessés du hall de l’aéroport vers les ambulances et le centre de premiers soins. Du sang, des brûlures, des enfants blessés. Atroce ! Les pompiers m’ont récemment dit que notre action ce jour-là a contribué à sauver des vies. J’ai été épaté par le sang froid de mes collègues, qui sont restés auprès de blessés au seuil de la mort, en attendant les secours. Une hôtesse de l’air indonésienne hurlait de douleur et l’un de nos policiers est resté, jusqu’à son évacuation, à ses côtés. Dans de telles circonstances, chacun fait ce qu’il a à faire. Au caractère. Chapeau pour ce qui a été accompli en ce triste jour.”
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“Escorter les voyageurs bloqués et les ministres” Motard à la police de la route du Brabant
Tony
Giles Roskam
22 MARS 2016
“Cela continue de me tarauder” Maître-chien explosif à l'Appui canin (DACH)
“Je suis arrivé à l’aéroport une heure et demie après les faits. Une fois toutes les victimes dehors, je suis parti en reconnaissance avec un collègue et les gars du SEDEE, sans mon chien. À ce moment, il n’était pas encore question d’une troisième bombe. Il s’est avéré après coup que nous sommes passés quatre fois devant cette troisième bombe ! Plus tard dans la journée, les unités spéciales ont réquisitionné mon aide et celle de mon chien Denzel pour une perquisition, effectuée suite aux déclarations du chauffeur de taxi. Pour moi, ce fut un réel honneur de travailler une nouvelle fois avec mes anciens collègues. Nous avons trouvé 10 kilos de TATP (de fabrication artisanale), prêts à être utilisés, et un sac avec des détonateurs et d’autres choses. Si le chauffeur de taxi était venu en minibus, comme demandé, il y aurait eu beaucoup plus de victimes. J’ai travaillé durant 29 ans aux unités spéciales, j’ai donc vécu pas mal de choses, mais cette fois ce fut différent, beaucoup plus grave, irréel. Des innocents partent en vacances ou en voyage d’affaires et se retrouvent déchiquetés, mutilés à vie (y compris dans leurs têtes !) ou y laissent la vie. Nous ne sommes que six maîtres-chiens explosifs pour tout le pays. Nous devons donc assurer un nombre invraisemblable de missions. Cela ne nous laisse même pas le temps d’organiser un débriefing entre nous et d’exprimer ce que l’on a sur le cœur. Ces événements me taraudent encore et toujours ; peut-être devrais-je demander l’aide d’un professionnel.”
“Avec les motards de la police locale de Bruxelles-Capitale/Ixelles, nous avons escorté plusieurs autobus : vers le hall omnisports de Zaventem et les Brabanthallen à Louvain pour les voyageurs en transit. Plus tard, trois d’entre nous avons été rappelés afin d’escorter le Premier ministre Charles Michel et le ministre de l’Intérieur Jan Jambon vers les différents sites. Pour ma part, je n’ai été impliqué que de loin ; j’ai seulement été en contact avec des passagers en rade qui se trouvaient dans le hall des départs au moment des explosions. Ces gens étaient complètement perdus et nous les avons encadrés du mieux possible. Tout semblait si irréel.”
Rudi Triki
“Se concentrer sur sa mission” Dispatcher au Centre d'information et de communication (CIC) de Bruxelles
“Au début, lorsqu’il était uniquement question d’un attentat à Zaventem, notre tâche principale consistait à diriger la police de la route du Brabant et à appuyer le CIC du Brabant flamand qui gérait l’événement lors de la phase de réflexe. Nous devions également nous tenir prêts au cas où un événement du même type surviendrait à Bruxelles. Lorsque le centre d’appel nous a communiqué qu’une explosion avait également eu lieu dans la station de métro Maelbeek, nous avons dû gérer à la fois l’appui et notre phase de réflexe. Heureusement, tous les collègues étaient très disciplinés et l’ensemble des tâches, tant au centre d’appel qu’au sein de la cellule opérationnelle, ont été exécutées du mieux possible. Les call-takers ont également été soumis à rude épreuve, surtout lorsque le réseau GSM était encore opérationnel : les appels de témoins
Sylvie Dequenne
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22 MARS 2016
et autres personnes présentes dans le métro ont afflué. Dans ces moments-là, la concentration est à son paroxysme et il faut pouvoir mettre ses émotions de côté. Sur le plan humain, mais également professionnel, le coup est dur à encaisser. Vous entendez que le nombre de morts est en train d’augmenter, que des collègues sont impliqués et blessés, et vous pensez bien sûr aussi à vos proches… Mais il faut se reprendre le plus vite possible et se concentrer avant tout sur sa mission. Rétrospectivement, une chose apparait très clairement : lorsqu’un événement de ce type arrive, il règne toujours une grande solidarité entre collègues ; chacun est prêt à aider l’autre.”
“Des blessures de guerre" Ambulancière au Centre médical provincial de Jumet
“Nous sommes partis en urgence vers l’aéroport de Zaventem. Nous avons pris en charge, sur place, une trentaine de blessés et stabilisé les patients à risques. C’était l’horreur, des blessures que l’on ne voit que dans les zones de guerre. En vingt-cinq ans de carrière, je n’avais jamais vu ça. Je retiens de cette pénible journée la cohésion et la bonne collaboration entre tous les services intervenants, du Nord comme du Sud du pays. Unis face à l’horreur. Et nous avons bien été soutenus, à tous niveaux, notamment par le Stressteam.”
“
22/3 : les policiers ne fuient pas devant le danger. Au contraire, ils incarnent la vraie signification du mot ‘servir’ : risquer sa vie pour les autres. D'autres collègues, en congé ou repos, regagnent spontanément leur unité. À la police, solidarité et engagement ne sont pas de vains mots. Certains récits que j’entends me laissent sans voix, me remplissent de fierté. Mes pensées vont toujours aux nombreuses victimes et à leurs proches, et surtout à Ben, notre collègue le plus gravement blessé. Je veillerai personnellement à ce nous continuions de le soutenir." Catherine De Bolle, commissaire générale de la police fédérale 9
Davy Vonck 10
“Blessé en tant que Bruxellois" Pilote à l’Appui aérien (DAFA)
“Le 22 mars, j’entamais à peine mon troisième jour opérationnel… Après le briefing du matin, les infos sont arrivées au compte-gouttes et l’ampleur de la catastrophe s’est peu à peu précisée. Nous pouvions voir, depuis nos bureaux, la colonne de fumée au-dessus de l’aéroport. J’étais comme un lion en cage : deux hélicoptères étaient prêts à décoller, mais il fallait attendre. À la demande de la police de Bruxelles, nous avons décollé à 10 heures. Nous avons filmé les alentours de la station de métro Maelbeek, les colis suspects, les véhicules suspects… jusque 14 heures. Ensuite, nous avons dû braquer nos caméras sur la perquisition de la rue Max Roos. Un deuxième hélicoptère était réservé pour les unités spéciales. J’ai terminé ma mission à 17 heures, car j’avais atteint ma limite d’heures de vol. À mesure que les informations étaient confirmées, nous avons pris conscience de ce qui s’était passé. Je suis rentré chez moi avec un sentiment d’amertume. On subit les événements sans pouvoir rien faire. J’avais également peur pour ma conjointe : elle travaille à la SPC et a dû intervenir tant à Zaventem qu’à Maelbeek. En tant que Bruxellois, je me suis senti blessé. Sur le plan émotionnel, la journée fut éprouvante.”
“On n’est jamais totalement préparé à ça” ZP Bruxelles-Capitale/Ixelles Patrouillait ce matin-là à Bruxelles
“J’étais sur le terrain en tant qu’OPJ. Ce que nous craignions après avoir appris l’attentat de Zaventem s’est confirmé à la radio : une explosion à Maelbeek. Quand nous sommes arrivés sur place, des blessés sortaient de la station, certains étaient assis contre le mur, hagards. Nous avons mis en place un périmètre afin de maintenir chacun à une certaine distance de sécurité et d’organiser les secours. Puis je suis à mon tour entré à l’intérieur. Ce que j’y ai vu a déclenché en moi toute une série de sentiments, y compris l’angoisse. L’angoisse qu’une nouvelle bombe explose. Ensuite, je suis passé en pilotage automatique, afin d’aider ceux qui pouvaient encore l’être. Des images me reviennent souvent en mémoire : la rame de métro déchiquetée, les blessés, cette odeur pénétrante… Au début, j’ai passé de mauvaises nuits. D’ailleurs, d’autres personnes sont encore sous le choc à l’heure actuelle… Je suis en charge de services d’intervention à Bruxelles depuis 1997. Même en étant conscients qu’une telle chose est susceptible de se produire, on n’y est jamais totalement préparés.”
Guy Roef
Renaud Seffers
22 M ARS 2016
“Témoin d’une grande détresse”
Motard à la zone de police de Bruxelles-Capitale/Ixelles
“Ce jour-là, j’étais en congé, mais je me suis rendu spontanément au travail. Avec les médecins et les ambulanciers, j’ai été témoin d’une immense détresse dans la station de métro Maelbeek. Les gens hurlaient à l’aide et recevaient un autocollant : urgent ou moins urgent. Une fois qu’une personne venait s’occuper d’eux et arrivait un peu les tranquilliser, ils se calmaient. Tout s’est déroulé de manière bien organisée et la coordination entre les différents services de sécurité était fantastique. Personne ne recevait d’ordres ; chacun faisait simplement son travail. Je ne suis toutefois pas resté longtemps à l’intérieur : on avait besoin de moi dehors afin d’escorter les ambulances vers les différents hôpitaux puis de nouveau vers le lieu de la catastrophe. De nombreux ambulanciers ne connaissaient pas Bruxelles et ne trouvaient pas leur chemin. Sur la journée, j’ai parcouru quelque 150 km. En tant que policier, je suis habitué à beaucoup de choses, mais ceci, c’était du jamais vu. Pourvu que cela ne se reproduise plus jamais.”
inforevue 022016
“
Cette triste journée restera toujours dans nos esprits mais aussi malheureusement dans la chair de quelques-uns d'entre nous. Mes pensées vont naturellement aux victimes mais surtout à vous tous qui avez fait preuve d'énormément de professionnalisme, de courage et d'empathie. Lors du 22 mars 2016, mais aussi les jours et les semaines qui ont suivi, vous avez fait honneur à votre profession au service des citoyens. Je vous en félicite mais surtout vous en remercie très chaleureusement."
Olivier Libois, directeur général de la police administrative
“Faire son job et aider les victimes” Jessica, David, Denis et Marijke, membres de la police des chemins de fer de Bruxelles, ont foncé vers la station de métro Maelbeek pour proposer leur aide.
David Janssens : “Nous étions à Brussels Airport lorsque nous avons été appelés à rejoindre Maelbeek, où une bombe avait également explosé. En chemin, nous avons été pris par un fort sentiment de révolte : ‘pas encore un attentat !’ Le chaos dans la station était indescriptible : la rame de métro était éventrée, déchiquetée, et le sol était jonché de restes humains. Avec ces images en tête, le fait de se trouver à présent dans une station réparée et nettoyée est presque irréel.”
Jessica Follon : “Des émotions ? J’ai pris la peine d’appeler mes parents pour leur dire que j’allais bien, puis je suis passée en mode pilote automatique : aider les survivants de toute cette horreur. Un mois plus tard, lors de la cérémonie de commémoration juste avant la réouverture de la station, une victime m’a reconnue. Cette rencontre m’a fait du bien. Je me refuse de regarder les photos des victimes décédées ; ce sont des associations impossibles à faire.”
Marijke De Grauwe : “Il ne passe pas un jour sans que j’y pense. Nous avons vécu un événement difficilement descriptible. J’en retiens aussi quelque chose de positif : les liens solides qui existent entre collègues ; cet événement a encore renforcé notre unité. D’un point de vue purement opérationnel, ce fut instructif.”
Denis Mellaerts : “Ce qui reste surtout ancré en moi, c’est cette odeur pénétrante de matières calcinées. Et la fumée. Tout était noir de suie. Mais on n’a pas le temps de réaliser ; on fait son job, tout simplement. Je me suis également rendu au poste de secours installé dans l’hôtel Thon afin d’identifier des blessés. Beaucoup étaient en profond état de choc. La peur, la panique dans leurs yeux, c’est ce qui me poursuit.” David
Jessica
Denis
22 M ARS 2016
“
Quelle meilleure réponse apporter à la barbarie des crimes commis et à la souffrance des familles si profondément meurtries que de nous engager ensemble, avec encore plus de détermination et de dévouement, dans l’exécution de notre mandat de service public de sécurité, en concertation permanente avec nos partenaires et en parfaite intelligence avec nos autorités, afin de contribuer à rendre à nos concitoyens la qualité de vie qui leur est due."
Claude Fontaine, directeur général de la police judiciaire fédérale
Le soutien des collègues est un véritable réconfort Consultante spécialisée, labo de la PJF de Bruxelles
Simon
“Le 22 mars 2016, j’ai débarqué à Zaventem avec les premières équipes du labo de police technique et scientifique (LPTS). Notre tâche consistait à rechercher des traces. Cela veut dire qu’il fallait notamment fixer sur pellicule le lieu du drame et rechercher des traces, comme par exemple des fragments de la bombe. Pour ce faire, nous avons collaboré avec différents services, comme le SEDEE, mais aussi le DVI et les médecins légistes afin d’identifier les victimes. Finalement, nous avons travaillé à l’aéroport durant trois jours. Je me souviendrai toujours que durant ces journées, il régnait un grand sentiment de solidarité et de collégialité et que chacun a fait bien plus qu’apporter sa pierre à l’édifice. Le soutien que nous avons obtenu des LPTS d’autres arrondissements a été un véritable réconfort.”
"Chacun s'est donné sans compter"
Un inspecteur principal spécialisé, du laboratoire de la PJF Bruxelles
Commissaire de la Direction des opérations de la PJF Bruxelles
“Le jour des attentats, j'ai été chargé de la coordination des renforts envoyés par les autres PJF dans le cadre de l'enquête judiciaire (appui des laboratoires de police technique, saisies, audition des victimes, exploitations de données techniques, ...). Je retiens la motivation qui nous a tous animés. En effet, des collègues des quatre coins du pays qui ne se connaissaient pas ont été amenés à travailler ensemble dans une ambiance collégiale où chacun s'est donné sans compter pour assurer un service de qualité aux victimes et veiller à la sécurité de la population. Je tiens ici à les remercier. Impossible de les nommer tous tant ils étaient nombreux. Ils se reconnaîtront sans aucun doute.”
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"Ne pas confondre vitesse et précipitation"
“Je fus parmi les personnes désignées pour procéder aux constatations dans le métro Maelbeek. L'ambiance était lourde, le stress est monté progressivement car c'était une première. Sans expérience, j'ai improvisé avec des collègues qui ont aussi dû se débrouiller. Heureusement la solidarité s'est vite mise en place, des collègues des labos de toutes les régions nous ont porté soutien. On a fait ce qu'on a pu, avec les moyens du bord. J'ai appris qu’il ne faut pas confondre vitesse et précipitation, nous sommes descendus sur les lieux très vite et avons travaillé sans véritable pause afin d'en terminer avec ce cauchemar. Si une chose est à retenir c'est qu'il faut impérativement se préparer au pire, s'entraîner et prévoir les moyens. Heureusement l'ensemble des collègues et le stressteam étaient là pour nous soutenir moralement.”
"Une énergie tellement intense" Laboratoire Audio-Vidéo (LAV), Direction centrale de la police technique et scientifique (DJT)
“Le 22 mars, l’aspect ‘unité d’appui’ du LAV a pris tout son sens. Jetés sur le terrain par l’urgence du dossier, nous avons collecté aux abords de la station Maelbeek des données vidéos potentiellement utiles pour le reste de l’enquête, pendant qu’au laboratoire, d’autres collègues recevaient, filtraient, amélioraient les premières images des trois auteurs de l’attentat de Zaventem, puis celles de l’homme au chapeau... Les heures devenaient des secondes. Plus tard dans la nuit, mon collègue Xavier et moi sommes descendus dans la station de métro pour assister des collègues luxembourgeois dans la réalisation d’un scanner 3D de la scène de crime. L’impression qui me revient le plus à l’esprit est ce contraste entre l’horreur de la scène, et la bienveillance que nous avions les uns pour les autres. Entre cette mort qui s’étalait partout dans la station et ces hommes et femmes de toutes les équipes intervenantes qui s’activaient avec une énergie tellement intense.”
Karim Bouhaiat
Luce Molitor
"Augmenter notre effi cacité d’intervention"
inforevue 022016
22 M ARS 2016
Un inspecteur principal spécialisé, du laboratoire de la PJF Bruxelles
“Ce 22 mars 2016, j’ai dirigé pour le laboratoire PTS de Bruxelles, aidé par plusieurs collègues du labo d’Anvers, une des nombreuses perquisitions réalisées dans le cadre de l’enquête suite aux attentats de Zaventem et du Métro bruxellois. Il va de soi que la pression des services d’enquête et d’intervention était à son maximum. Nous avons été sollicités de tous les côtés, à chaque nouvelle avancée de l’enquête, pour rechercher, prélever et garantir l’intégrité des pièces à conviction.
Mis à part le côté dramatique et exceptionnel du contexte, je retiens, de ces journées qui ont suivi ces attentats, une grande solidarité des autres laboratoires nationaux. Leur soutien et leur professionnalisme nous ont permis de mener à bien la réalisation des interventions sur le terrain, mais aussi le traitement des nombreuses pièces à conviction, et cela durant plusieurs semaines après ces attentats. Nous, les laboratoires PTS, devons encore améliorer notre collaboration avec les autres services intervenants (SEDEE, DVI, Services d’enquêtes tactiques, INCC) et même entre nous, pour augmenter notre efficacité d’intervention.”
“Un dispositif spécial" Service d’identification judiciaire (SIJ) de la Direction centrale de la police technique et scientifique (DJT)
"Dès le 22 mars 2016, les premières fiches d’empreintes des victimes nous sont parvenues. Nous étions toutes et tous très touchés par ces horribles évènements mais le professionnalisme a très vite repris le dessus. Un dispositif spécial a tout de suite été mis en place avec une permanence au sein même du SIJ 24h/24 afin de donner le meilleur appui possible aux laboratoires de la police technique et scientifique ainsi qu’à la cellule terrorisme de la PJF de Bruxelles. L’objectif était de pouvoir analyser toutes les traces/fiches d’empreintes provenant de Zaventem et Maelbeek mais aussi toutes les traces relevées sur les différents lieux de perquisitions réalisées dans la foulée des attentats et ce, le plus rapidement possible. Le travail était colossal mais a abouti à de très bons résultats avec l’identification de bon nombre de personnes. De mon côté, j’ai fait mon travail du mieux que j’ai pu au sein d’un SIJ hyper motivé, et ce malgré des difficultés.”
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Bruno Gysbertsen 14
"Le trafic réseau a doublé" Responsable du Team Networks & Telecommunications à la Direction de l’information policière et ICT (DRI)
“Notre appui était majoritairement destiné aux enquêteurs de la PJF Bruxelles. A peine arrivé, j’ai directement été contacté par le ‘Commando Room’ afin d’installer en urgence des postes téléphoniques supplémentaires. Peu après, suite à la saturation du réseau Internet FEDMAN au Polis Center, une liaison performante a dû être rootée jusqu’au centre de crise de la PJF. Si le réseau a bien fonctionné ce jour-là, le trafic constaté sur le réseau Hilde était de 50% supérieur à la normale : du jamais vu ! De cette journée, marquée par l’effervescence généralisée, je retiens un excellent travail d’équipe : mon team, organisé en shift, surveillait continuellement de très près le Vidéo Wall (outil de monitoring du trafic en cours sur le réseau opérationnel Hilde de la police intégrée) et se tenait prêt à intervenir au moindre souci détecté sur l’un des quatre écrans de mesures.”
"Le silence de l’a éroport" Chauffeur au sein de la Section magasin et distribution de la Direction de la logistique
“Les 22, 23 et 24 mars derniers, j’ai coordonné depuis l’aéroport l’équipe de chauffeurs, placée sous la direction du commissaire Luc Nijs de la PJF Termonde, qui était chargée d’évacuer les bagages et effets personnels abandonnés dans le hall des départs par les voyageurs et le personnel de Bruxelles-National après l’attentat. Après qu’ils aient été examinés pour y détecter toute trace d’explosif puis étiquetés et recensés, nous avons chargé ces bagages dans nos camions pour les ramener à Uccle où ceux-ci ont été scellés et entreposés durant deux semaines, jusqu’à ce que nous les ramenions aux services des douanes de l’aéroport. Pendant ces trois jours, c’est d’abord le silence qui régnait dans l’aéroport qui nous a marqués ; le premier avion qui a décollé nous a fait sursauter. Les bagages d’enfants que nous avons dû transporter nous ont également beaucoup émus. Enfin, nous avons tous apprécié la bienveillance dont les membres opérationnels de la PJF Termonde ont fait preuve à l’égard de notre équipe formée de civils, ainsi que notre intégration complète à l’équipe au service des victimes de l’attentat. Dans ces conditions difficiles, ils ont constamment veillé à notre bien-être.”
Peter De Waele
Wim Vanluchene
22 M ARS 2016
"Il faut communiquer, sinon d’autres se chargent de la faire avec de fausses informations” Porte-parole de la police fédérale
“Ce jour-là, j’ai quitté la maison un peu plus tard que d’habitude… Durant le trajet entre mon domicile et Bruxelles (45 km), j’avais déjà reçu environ 50 appels en absence de journalistes belges et étrangers. J’ai directement filé au Centre de crise du gouvernement, où tous les porte-parole se réunissent au sein de la cellule de communication. L’un des premiers messages reçus concernait le décès éventuel d’un collègue. Cette nouvelle fut comme un coup de poignard en plein cœur. Il est donc important de contrôler toutes les informations deux fois plutôt qu’une et de ne pas tout prendre au pied de la lettre. La communication de crise est un exercice périlleux, mais il faut le faire sinon d’autres le font à votre place en colportant de fausses informations. Il est en tout cas inutile que les gens commencent à paniquer. Entre les différents porteparole, il règne une grande solidarité. Ensemble, nous avons convenu de la stratégie à suivre avec maturité et ouverture d’esprit. Dans pareilles circonstances, on pense non seulement aux victimes et à leurs proches, mais aussi aux collègues sur le terrain. On voudrait bien leur venir en aide, mais ce n’est bien entendu pas notre rôle sur le moment même. J’ai été pris dans un tel tourbillon que c’est seulement le soir que j’ai réellement pris conscience de l’ampleur du mal.”
Psychologue au Stressteam
Wivine Paquay
“Nous nous sommes très rapidement mobilisées et organisées pour identifier les différents intervenants policiers et leur apporter notre soutien. Il s’agissait, dans un premier temps, d’aider les collègues afin qu’ils puissent poursuivre leurs missions malgré l’horreur à laquelle ils ont été confrontés. Il était impressionnant d’observer la volonté partagée par tous d’aller au bout des choses. Ensuite est venu le temps pour certains de panser les plaies psychiques, de faire en sorte que la vie puisse reprendre son cours. C’est aussi dans ces moments particuliers que l’on reprend la mesure de l’engagement et du dévouement des différents corps de police de notre pays.”
" Impuissantes face au manque d'information "
Gabriella Torres et Benny Baeyens
Joan Devroey
inforevue 022016
" La volonté partagée par tous d’aller au bout des choses "
" Un réflexe patriotique ” SSDGPI/Horeca
Gabriella Torres et Benny Baeyens ont spontanément offert leurs services lorsqu’ils ont entendu parler des attentats. Très vite ils ont compris qu’il faudrait soutenir les policiers sur le terrain en leur offrant de quoi manger et boire. C’est logiquement donc qu’ils se sont mis à préparer des sandwiches, du potage et des thermos de café. “La première commande de sandwiches est arrivée vers 10 heures et avec toute notre équipe de volontaires, nous n’avons plus cessé d’en préparer. Plus de 2000 sandwiches garnis, des dizaines de litres de soupe et des centaines de litres de café et boissons fraîches seront ainsi acheminés sur les lieux des attentats, pour offrir un peu de réconfort aux collègues de première ligne.” “Le mess est aussi resté ouvert non-stop pendant 48 heures, et les mots de satisfaction et de gratitude des collègues fatigués qui ont pu prendre un bon repas chaud, même au beau milieu de la nuit, nous ont vraiment touchés. Avec nos petits moyens, à notre manière, nous avons soutenu l’effort des policiers sur le terrain dans des circonstances particulièrement difficiles. Pour nous ce fut un réflexe patriotique et nous en sommes fiers !”
Service d'assistance policière aux victimes, DCA Bruxelles
“Nous cherchions à obtenir des informations, pour savoir où nous pourrions être les plus utiles. Nous sommes enfin réquisitionnées pour soutenir les pompiers du Siamu rentrant de Zaventem et de Maelbeek. Nous sommes là pour les écouter, les soutenir, les laisser décharger leur colère face aux actes terroristes, leur impuissance face au manque de matériel, à la frustration de n'avoir pu sauver toutes les victimes, leurs émotions, leur besoin de décrire les images d'horreur, les blessures de guerre. Ensuite, nous sommes allées au centre de Crise de Diegem où étaient rassemblées les familles qui étaient en attente de retrouver leurs proches, dont ils n'avaient aucune nouvelle, d'autres n'avaient qu'un souhait, quitter ce pays au plus vite. Nous nous sentions impuissantes face au manque d'information, face à leur détresse. Depuis le 22 mars, nous rencontrons trois à quatre victime, proches, impliqués par jour. Nous les écoutons, les soutenons, nous les aidons dans leurs démarches administratives (assurance,...) et juridiques, nous leur restituons leurs effets personnels retrouvés sur les lieux des attentats. Nous sommes sans arrêt plongés dans l'horreur de leur récit, dans les images insoutenables de leurs blessures physiques et morales. Mais nous continuons le combat à leur côté pour tenter de leur mettre un peu du baume au cœur. Bamako, Sous, Paris me semblaient loin, pourtant l'horreur était à nos portes. Maintenant, j'espère de tout cœur que tout doucement toutes les personnes impliquées pourront retrouver des sensations, des émotions, des petits bonheurs qui leur feront non pas oublier, mais qui les aideront à vivre avec ce qu'il s'est passé.”
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22 MARS 2016
“
Même s’il est extrêmement délicat d’en tirer des enseignements positifs, les attentats de Bruxelles ont démontré l’engagement remarquable de nos policiers. C’est dans de pareils moments que l’on se rend compte à quel point on peut s’appuyer les uns sur les autres et que l’on ressent la force de l’organisation quand il s’agit de rendre service aux citoyens et de gérer la crise. Bravo à tout notre personnel.”
Régis Kalut
Paul Putteman, directeur général de la gestion des ressources et de l’information
" Seuls les GSM abandonnés sonnaient " DGJ/DJSOC et membre du DVI
“Vers 8h00, je me trouvais par hasard dans un train sous l’aéroport de Zaventem lorsque les explosions s’y sont produites. Le personnel de bord SNCB ne nous a pas laissé en descendre et le train a continué jusqu’à la gare de Bruxelles-Nord. Etant membre occasionnel du DVI (Pool), spécialisé dans la récupération des victimes en milieu difficile, dès mon arrivée au RAC, je me suis mis à la disposition du DVI. Nous sommes rapidement partis à deux vers Zaventem avec comme objectif d'y effectuer une reconnaissance. En arrivant sur place, nous avons évalué la gravité des évènements et avons procédé, en priorité, à la récupération de plusieurs victimes décédées sur la voie publique. Les deux terminaux n'étant pas sécurisés, les premières heures ont été dévolues à la récolte des données, à constituer une équipe ‘recovery’, à nouer des contacts opérationnels et décisionnels et enfin, à rassembler le matériel utile à la mission. Privés de tout moyen de communication (surcharge des réseaux), rien n'était facile mais l'expérience et la persévérance de Patricia Vanderlinden, désignée coordinatrice DVI pour Zaventem, eurent raison de ces soucis. Entre le mardi et le jeudi, les corps de douze victimes innocentes, deux auteurs et plus de 650 fragments de corps, disséminés autour des deux lieux d'explosion, ont été récupérés. Nous avons donné le maximum de nous-mêmes et nous sommes souciés de la bonne collaboration avec les autres services (laboratoires, services d’enquête, médecins légistes…). Nous avons eu la chance de pouvoir compter sur le dévouement des collègues de la police aéronautique, des pompiers et sur l'accueil confortable d’un grand hôtel, ce qui contrastait singulièrement avec le milieu de travail, très pénible. Nous y étions partis en reconnaissance pour une heure, nous y sommes restés non-stop quatre jours. Ce que je retiens, c'est cette vision de scène de guerre, cet aéroport déserté lorsque nous y sommes entrés. Toute trace de vie en était absente et seuls les GSM abandonnés sonnaient au quatre coins du terminal, jusqu’à ce que les batteries s’épuisent. Et puis surtout, aujourd’hui et pour longtemps, je pense à toutes ces malheureuses personnes que nous avons récupérées et aux blessés, qui n'ont pas eu de chance d'être à cet endroit au mauvais moment. J'ai de la peine pour toutes les familles endeuillées, victimes de la bêtise aveugle.”
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Portraitiste à la Direction centrale de la police technique et scientifique (DJT) :
“Le 22 mars, Benny Claes et moi-même nous proposons de prêter main forte au DVI déjà en intervention à l’aéroport de Zaventem et de nous rendre à la station Métro Maelbeek. Notre tâche : réaliser des photos d'identification des victimes et du ou des kamikazes. Nous avons patienté de nombreuses heures avant de pouvoir exécuter notre mission pour ne pas empiéter sur le travail minutieux des collègues du labo et de la descente du parquet sur les lieux de l'attentat. Ma seule crainte ce jour-là était l'idée que parmi les victimes ne soit présent un proche, une connaissance.”
" Professionnalisme et disponibilité " Office central de la répression des faux, Direction centrale de la police technique et scientifique (DJT)
“Personnellement, c’est à partir du 23 mars que j’ai apporté mon aide aux membres du DVI, principalement par un appui logistique consistant à des transferts de matériel ou de collègues à destination des morgues de l’Hôpital Militaire de NederOver-Heembeek et de la KUL à Louvain. Au cours des différentes missions, j’ai pu constater le professionnalisme et la disponibilité de tous les intervenants, et ce qu’ils soient de la police fédérale, de la police locale, de l’armée ou du corps médical. Devant une telle tragédie, le premier sentiment demeure la colère face à la ‘stupidité humaine’. Dans un second temps, c’est la tristesse pour les victimes et leurs familles. Ces victimes innocentes méritent le plus grand respect et c’est d’ailleurs le sentiment qui transparaissait du travail d’équipes effectué durant de longues heures dans le but d’identifier le plus rapidement possible les victimes et répondre aux incertitudes des familles.”
Luc De Clerck
Juan Da Silva Lucas Pascal Roland
" Main forte au DVI "
inforevue 022016
22 MARS 2016
" Profonde tristesse " PJF/CIA Hal-Vilvorde et membre du pool de volontaires du DVI (ante-mortem)
“Ce jour-là, ma mission antemortem a débuté à l’hôtel Crowne Plaza de Diegem, une ‘zone de confort’ en comparaison avec les scènes qui se déroulaient à quelques centaines de mètres de là, à l’aéroport. Lorsque des parents et des proches de victimes venaient se présenter, inquiets, le silence se faisait pesant. Aucune hystérie, juste un sens des réalités leur faisant craindre le pire. A-t-il/elle survécu ? Une question pressante, dont la réponse se fait bien trop longtemps attendre, dans une atmosphère irréelle. L’incertitude a fait place à l’espoir pour certains, et à une épreuve presque inhumaine pour d’autres… Dans l’intervalle, les dossiers ante-mortem étaient préparés. Beaucoup de questions sur l’être cher, sur lequel on se penche avec énormément de force et de courage… Il est effarant de voir à quel point aucun détail ne leur échappe. Un peu plus tard dans la semaine, j’ai revu ces gens pour effectuer l’annonce de la mauvaise nouvelle et organiser le dernier hommage à la morgue de l’hôpital universitaire de Gasthuisberg. Chagrin immense, émotions profondes… qui restent ancrés en vous…”
Les proches des victimes ont pu venir se recueillir à l'aéroport, encadrés par les membres du DVI.
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Les nouveaux défis du DVI Le DisasterVictim Identification Team (DVI) de la police fédérale a terminé le pénible
travail d’identification des 32 victimes des attentats du 22 mars 2016, mais aussi des… trois terroristes. Après l’action, prenons le temps de la réflexion pour aborder avec le
commissaire Christian Decobecq, chef de service du DVI, les défis futurs de son entité
si particulière. Monologue d’un passionné par son dur mais ô combien précieux métier. “
B
RUXELLES – Notre grand défi, c’est de pouvoir nous structurer pour faire face à une catastrophe de grande ampleur. Comme beaucoup d’entités de la police fédérale, le DVI est confronté à un déficit en personnel. Nous ne sommes que sept membres full time au DVI. Le reste du pool, soit 80 personnes, travaille hors-missions d’identification de victimes dans d’autres entités. A titre de comparaison, l’unité DVI suisse ne compte pas moins de 210 membres du personnel mobilisables. Devons-nous voir plus grand ? Cela me semble nécessaire si nous sommes un jour appelés à gérer une catastrophe comme le crash du vol MH17, abattu par un missile au-dessus de l’Ukraine en 2014. Nos collègues néerlandais ont alors dû procéder à l’identification de 276 personnes, dont 189 de leurs compatriotes, et de quelque 7 000 fragments humains, à Hilversum.” “Dans ce cadre, l’un de mes autres grands challenges est de former davantage de coordinateurs en identification des victimes. Nous allons investir en ce sens dans un cours du Collège européen de police (CEPOL). Un membre du pool du DVI belge va y prendre part et formera à son tour des coordinateurs belges, selon le principe du Train the Trainers. En fonction du poste DVI qu’il occupe, le coordinateur distribue les missions, veille au respect des procédés et assure un contrôle de qualité du travail fourni tout en veillant au bien-être du personnel dont il a la charge.”
DES CHAÎNES D’IDENTIFICATION
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“Sur le plan logistique, une entité comme le DVI a besoin d’espace pour s’installer et bien travailler en toute sécurité. Je cherche donc des casernes susceptibles de nous accueillir en cas de catastrophe. Ou, pourquoi pas, à l‘hôpital militaire ? Pour notre part, nous n’assurons que le travail purement policier avec nos collègues des labos. Nous sommes
assistés par des médecins légistes, des anthropologues, des odontologues, des généticiens pour le travail scientifique. L’idéal serait de pouvoir installer une à deux chaînes d’identification, avec un nombre de tables d’autopsie en suffisance pour la récolte des informations post-mortem1. Une chaîne d’identification compte quatre étapes. La première sert à la prise d’empreintes digitales. A la deuxième, on déshabille, on lave le corps, les vêtements, on recense les cicatrices, les tatouages et on prend les photos nécessaires. Un prélèvement ADN est ensuite réalisé sur la troisième table. Le processus se termine sur la quatrième table où l’odontologue analyse les dents de la victime. L’acquisition de ces tables est prévue au budget.”
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FIN 2016, LE DVI FÊTERA SES TRENTE ANS D’EXISTENCE
NUMÉROTATION DES CORPS “Pour certains, le DVI est resté une entité de police administrative. Lors des attentats de Bruxelles, nous sommes forcément intervenus dans un contexte criminel, donc judiciaire. J’ai ainsi remarqué que le système de numérotation des corps, utilisé par les membres des labos, ne correspondait pas à celui du DVI, qui a lui été développé par Interpol. Une harmonisation s’imposait donc. On a ouvert des voies. Fin mai, nous avons organisé, au Campus Vesta à Ranst, un exercice commun de récupération de corps au cours duquel la numérotation Interpol a été utilisée. Nos partenaires du labo n’ont rencontré aucun
© Lavinia Wouters
EUREKA
ATTENTATS DE BRUXELLES : "UNE PREMIÈRE DANS NOTRE HISTOIRE"
Christian Decobecq
Christian : "En novembre dernier, je m’étais rendu à Paris, après la tuerie du Bataclan. Nous nous préparions à un attentat commis sur notre territoire. Mais deux simultanément… Nous étions deux au bureau. Malgré les difficultés – des membres du DVI sont aussi enquêteurs de PJF -, la mobilisation a été exceptionnelle et très rapidement, trente membres du DVI étaient sur le terrain. Nous avons aussi immédiatement pu compter sur l'appui administratif et logistique de nos collègues directs de la Direction centrale de la police technique et scientifique (DJT). J'ai également fait appel à Interpol qui a facilité les échanges internationaux... La solidarité a joué. Mon homologue britannique est venu spontanément me proposer ses services pour faciliter la coordination des comparaisons ante- et post-mortem. Le contexte judiciaire dans lequel nous avons évolué a parfois créé des tensions, mais j’ai insisté pour que nos méthodes de travail soient respectées ! Les attentats de Bruxelles ont marqué une première dans l’histoire de notre entité : nous avons également identifié formellement les auteurs. Quoi qu’on en pense, leurs familles sont aussi des victimes…"
problème à la mettre en oeuvre. Ils se proposent de l’appliquer en cas de futurs événements calamiteux.”
“Enfin, la cohésion et la collaboration au niveau européen restent mon cheval de bataille. La coopération internationale fonctionne bien, grâce à Interpol, mais j’aimerais développer un réseau similaire à Atlas, celui des unités spéciales européennes. Mettre nos ressources en commun, acheter du matériel complémentaire que l’on pourrait se prêter en fonction des nécessités... Les volontés existent, il reste à officialiser ces nouveaux modes de coopération.”
“Vous savez, ces projets n’ont qu’un seul objectif : améliorer et accélérer le processus d’identification des victimes. Le souci du DVI, c’est d’abord les vivants ! Pour chaque famille en attente d’une certitude, chaque seconde dure une éternité. Notre devoir est et reste de leur apporter une réponse le plus rapidement possible.” 1
L’identification de victimes repose sur la comparaison de données ante-mortem (ex : opérations subies, radios dentaires, ADN de proches, etc.) et des données récoltées post-mortem. Toutes ces données sont encodées et comparées grâce à un logiciel danois. En cas de concordance, l’identification est considérée comme officielle.
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Pour surfer tranquille
Vous vendez votre smartphone ? Attention ! Olivier BOGAERT
S
ouhaitant démontrer l’imprudence de leurs anciens propriétaires, un éditeur de solutions de sécurité s’est procuré, dans des magasins d’occasion, des smartphones tournant sous Android. Sur les 20 smartphones achetés, deux présentaient la particularité d’avoir leur compte Gmail toujours actif. Les anciens propriétaires avaient donc simplement éteint leur téléphone avant de le mettre en vente. Et pour les autres, qui avaient pris soin de réinitialiser le téléphone via la fonction prévue à cet effet, les chercheurs ont utilisé un logiciel de récupération de données. La pêche fut bonne. Dans les smartphones testés, ils ont récupéré quelques 4000 photos dont 1 500 photos de famille sur lesquelles figuraient des enfants, plus de 750 photos de dames plus ou moins habillées, plus de 250 selfies montrant l'ancien propriétaire du téléphone, 750 emails et SMS, 250
contacts et bien d’autres choses encore. Si donc vous décidez de vous séparer d’un téléphone ou d’une tablette tournant sous Android, le conseil sera de chiffrer le contenu de votre appareil avec la fonction que vous trouverez dans le menu de paramétrage sous la rubrique Sécurité. Opération longue durant laquelle vous veillerez à le brancher sur une source d’énergie externe. Vous pourrez ensuite lancer la phase de réinitialisation également prévue dans ce menu.
Comment dire …
Handhaving, plus d’une difficulté
L
a traduction des mots néerlandais handhaving (nom) et handhaven (verbe) comporte plus d’une difficulté. Handhaving peut revêtir le sens de maintien, conservation. Ainsi, de handhaving van het recht op een pensioen signifie le maintien du droit à une pension ; België wenst deze wet te handhaven veut dire La Belgique souhaite conserver/maintenir cette loi. En revanche, dans une expression telle que de politie moet de wet handhaven, l’idée exprimée est que la police doit faire respecter/appliquer la loi. La police, la douane, les autorités judiciaires, etc. sont des handhavingsorganen, des instances chargées de l’application des lois (law enforcement bodies en anglais). Dans ce contexte,
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l’emploi de maintien de/maintenir la loi serait bien entendu ambigu, voire erroné.
Notons qu’il est parfois malaisé en français de traduire handhaving par un nom. Dans notre dernier exemple, il serait en réalité plus clair de parler d’instances chargées de faire appliquer les lois. Si la concision n’est pas un critère, le recours à des verbes sera donc très utile. Terminons par quelques exemples illustrant ce principe : het belang van wetshandhaving : l’importance de faire respecter la loi ; informatie die nodig is voor de handhaving van de immigratiewetgeving : des informations nécessaires pour faire appliquer la législation en matière d’immigration…
Olivier LOUYS
Sur la route
Plus on reçoit de droits, plus on en veut !
LES EXPERTS
P
ar une belle journée de mai, aux alentours de Bruxelles, j’ai pu observer, sur mon trajet du matin et du soir, le comportement très différent de quelques motards belges et étrangers. Et je n’ai pu m’empêcher de me rappeler une maxime que me disait déjà ma mère : si tu donnes ta main, on te prendra tout le bras. Voici les faits. Ce matin-là, je remonte vers Bruxelles alors que la circulation n’est pas encore à l’arrêt, mais circule aux environs de 80-90km/h. A cette vitesse-là, bien que notre législation ultra-progressiste ne l’autorise pas, j’ai été dépassé à quatre ou cinq reprises par des motards belges qui zigzaguaient entre la 2e et la 3e bande. Pour rappel, en aucun cas, un motard ne peut passer entre des files de véhicules qui roulent à plus de 50 km/h, et encore, à condition également de respecter un différentiel de maximum 20 km/h avec les véhicules ainsi dépassés. Le soir, en revenant, je me suis retrouvé sur le Ring de Bruxelles dans un file qui avançait à 20 ou 30 km/h maximum, et j’ai alors aperçu deux motards hollandais qui
Olivier QUISQUATER roulaient sagement … rangés dans une file de voitures. Ils auraient pu passer entre les files, mais comme ils viennent d’un pays où il est tout simplement interdit de remonter entre les files, comme à peu près partout en Europe d’ailleurs, ils n’osaient pas le faire. Quel contraste avec mes motards belges du matin !
Tout comme vous peut-être, je n’ai pu m’empêcher de penser que ceux qui ont peu, s’en contentent, alors que ceux qui ont reçu davantage, en veulent toujours plus…Ou que plus on a de droits, moins on pense à ses devoirs !
Allo le contactcenter ? 0800 99 272 federal.contactcenter@police.belgium.eu
En cas de grève des transports en commun
Pascal COLLARD
C
ette fin de printemps et la rentrée sociale qui suivra les congés d’été s’annonçant chahutées, rappelons les règles de comptabilisation des prestations en cas de grève des transports en commun. Pour ce faire, il y a lieu de distinguer deux cas :
1. La grève inopinée (non-annoncée) : si le membre du personnel a mis tout en œuvre pour arriver sur son lieu de travail, et qu’il y arrive en retard, les heures normalement prévues au cahier de service seront comptabilisées.
En outre, si malgré ses efforts, il se trouvait dans l’impossibilité absolue de rejoindre son lieu de travail, et sur
présentation d’une pièce justificative (SNCB, TEC, De Lijn,…), il se verra également comptabiliser les heures prévues au cahier de service.
En ce qui concerne la personne qui ne s’est pas présentée à son service et qui ne peut justifier son absence par une attestation, ses heures de prestations ne seront pas comptabilisées.
2. La grève annoncée : dans ce cas, le membre du personnel est censé avoir pris ses dispositions pour assurer le service prévu, ou en prenant congé ou repos. Ce principe est également applicable à partir du deuxième jour d’une grève inopinée.
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SENIOR FOCUS À LA BOR AINE
Cherchez la boîte jaune dans le frigo Et si votre frigo vous sauvait la vie ? Dans la zone boraine, c’est là que les premiers intervenants trouveront, dans une boîte de couleur vive, des informations utiles en cas de malaise ou de disparition d’une personne âgée. Le projet Senior Focus, lancé en mars dernier, rencontre un beau succès. A un point tel qu’il est appelé à s’étendre. TEXTE Benoît Dupuis
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PHOTOGRAPHIE Jos Balcaen
COLFONTAINE – L’idée est venue lors d’un voyage d’étude du chef de corps de la zone de police boraine (Boussu/Colfontaine/Frameries/ Quaregnon, Saint-Ghislain), Marcel Staelen, au Québec : “En cas de disparition ou de malaise d’une personne, la recherche rapide d’informations est primordiale. Si le citoyen vit seul, il est d’autant plus difficile de rassembler les premiers renseignements nécessaires. L’entourage n’est parfois pas en mesure de communiquer l’ensemble des éléments utiles, par méconnaissance ou submergé par l’émotion. D’où l’idée d’élaborer un questionnaire détaillé, conservé dans une boîte hermétique de couleur jaune fluo dans la porte du frigo.” Pourquoi le frigo ? “C’est un appareil électroménager que tout le monde détient. Il faut de la cohérence au niveau de l’endroit afin de faciliter le travail des services de secours ou d’intervention. Ils sont prévenus de la présence de la boîte grâce à un autocollant placé sur ou à proximité du frigo”, ajoute Marcel Staelen. Le questionnaire a été créé dans le but de lister des informations précises et claires : identité, photos, signes distinctifs, liste des maladies, allergies et médicaments, opérations subies, coordonnées du médecin traitant, per-
ILLUSTRATION Benoit Goesaert
sonnes de contact, modes de transport et habitudes de la personne, etc. En cas de veuvage, le cimetière où repose le conjoint défunt est aussi mentionné. Cela permet, parfois, d’élucider rapidement une disparition. Ce document est disponible dans les commissariats, mais aussi les communes, les hôpitaux ou encore les CPAS. “Le questionnaire a été élaboré par nos soins, en collaboration avec les services de secours. Nous avons tenu compte de leurs conseils pratiques”, explique Marie Vannuffelle, pilote du projet.
SAUVER DES VIES
La zone de police boraine a fait l’acquisition de pas moins de 25 600 boîtes. 7500 d’entre elles ont déjà été distribuées depuis le début du projet. “Cela demande un bon suivi”, explique Marie Vannuffelle. “Les boîtes sont en principe réservées aux plus de 65 ans mais des personnes plus jeunes, malades ou handicapées, peuvent aussi en bénéficier. Nos agents de quartier en assurent la distribution. Ils connaissent leur population, même si les aides familiales et les services du CPAS nous ont également renseignés. Nous procéderons à une première évaluation en octobre prochain.” Senior Focus est un projet marqué
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SENIOR FOCUS ? LABEL DÉPOSÉ ! Si le projet est lancé dans d’autres régions du pays, il conservera son appellation d’origine. La zone de police boraine a en effet déposé le label. Pour une question de cohérence, mais aussi pour éviter des démarches commerciales et mercantiles. " Senior Focus était à peine sur les rails que nous recevions déjà des appels de sociétés privées intéressées par le concept", affirme le chef de corps.
par un fort partenariat. Outre les services précités, les maisons de repos, les Conseils consultatifs des aînés, la Ligue Alzheimer et la Cellule personnes disparues de la police fédérale ont également été impliqués. “Nous travaillons ensemble pour sauver des vies !”, se réjouit Marcel Staelen. L’initiative de la zone boraine pourrait faire tache d’huile dans les prochains mois. Plusieurs autres corps de police locale ont déjà fait part de leur intérêt, ainsi que le gouverneur de la Province du Luxembourg. f
AMBASSADEURS L’inspecteur Marc Miceli est agent de proximité à Saint-Ghislain : "Autant de boîtes à distribuer, cela représente une charge de travail qui nous craignions ne pouvoir assumer. Mais ce n’est qu’une question d’organisation. J’y consacre une journée par semaine. Je me rends chez nos seniors et leur présente le concept. La plupart d’entre eux répondent favorablement et saluent l’initiative. Je n’ai essuyé qu’un seul refus. Je ne les aide cependant pas à remplir le questionnaire, cela me prendrait trop de temps. Ils se font assister par des membres de la famille, des aides familiales ou le CPAS. Un écrivain public1 a même proposé ses services dans le cadre du projet." Marie Vannuffelle se réjouit du travail des agents de quartier : "Ce sont nos ambassadeurs ! Même s’il a fallu vaincre certaines réticences internes, ils ont finalement assuré la distribution plus vite que prévu. Chapeau !"
Personne qui rédige des lettres, des actes, pour ceux qui ne savent pas écrire ou qui maîtrisent mal l'écrit.
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Escroquerie sur le net : enquête de base ou travail de spécialistes ?
Olivier BOGAERT COMMISSAIRE – REGIONAL COMPUTER CRIME UNIT BRUXELLES
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L
e numérique est devenu omniprésent, nous en faisons l’expérience au quotidien. Et les criminels ont aussi compris qu’ils disposaient là d’un outil exceptionnel. Les scénarios utilisant les noms de structures connues qui permettent de mettre en confiance pour des investissements très rémunérateurs, les appels à l’aide ou encore l’intérêt des utilisateurs pour le commerce en ligne sont désormais sources de très nombreuses escroqueries. Toutefois, lorsqu’elles qu’elles souhaitent porter ces faits à la connaissance des autorités, les victimes sont souvent ballotées d’un service à l’autre par méconnaissance ou encore, en raison de la confusion qu’Internet peut entraîner en terme de qualification des faits.
Et donc, même si l’ordinateur ou le smartphone sont les outils qui permettent de finaliser ce que la loi qualifie de ‘fraude informatique’, le législateur considère qu’il s’agit bien d’une escroquerie. Il est donc très clair que c’est à la zone de police du domicile de la victime d’acter la plainte et non aux services spécialisés de la police fédérale, comme les RCCU. Ces derniers seront en première ligne lorsque ce sont des systèmes informatiques qui sont visés, qui sont donc les ‘victimes’, mais n’interviendront qu’en deuxième ligne, dans le cas de la fraude informatique et souvent, pour apporter l’appui technique permettant aux enquêteurs en charge de tenter de localiser les auteurs. Pour éviter ces confusions, la circulation
de l’information, au sujet des modes opératoires dont font usage les arnaqueurs du net, est donc devenue indispensable. Et, comme déjà pratiqué dans certaines zones de police de notre pays, elle peut s’appuyer sur des policiers volontaires qui deviennent alors les référents dans ce domaine.” f
Dans une société en constante évolution, la police est, elle aussi, de plus en plus confrontée à des délits commis sur Internet. Prenons un exemple : une personne achète quelque chose sur eBay, paie et ensuite, le vendeur disparaît dans la nature sans
laisser de trace. La thèse selon laquelle de tels délits doivent être traités par des services spécialisés, en l’occurrence les Computer Crime Units (CCU) de la police fédérale, est-elle toujours d’actualité ?
FACE TO FACE
Steve VANHELMONT CHEF DE SERVICE DE LA RECHERCHE LOCALE - POLICE LOCALE WOKRA (WEZEMBEEK-OPPEM/CRAINHEM)
“
À
mon avis, ces délits relèvent de l’enquête de base, voire souvent du travail de routine. Du point de vue de la gestion d’enquête, je constate aujourd’hui déjà qu’une grande partie du temps est consacrée aux délits commis sur Internet. En fait, le modus operandi est presque partout le même, qu’il s’agisse d’identifier une adresse e-mail (hotmail, telenet, yahoo…) ou encore des médias sociaux comme Facebook. Si la victime reçoit un e-mail (phishing), la page source (header) de l’e-mail est réclamée pour obtenir l’adresse IP. S’il s’agit d’un site de vente, nous demandons simplement l’adresse IP de la personne qui s’est enregistrée sur le site web en question. Par conséquent, il me semble qu’il est dépassé de dire que seules les CCU peu-
vent traiter ce type de délits aujourd’hui. Il n’empêche que nous faisons parfois appel à eux. La FCCU a, par exemple, signé des protocoles d’accord avec certaines entreprises, notamment Apple. Quand nous recevons une réquisition du parquet, c’est la FCCU qui la transmet et nous fournit la réponse. À présent, ‘l’enquête Internet’ fait partie de la formation judiciaire fédérale. Dans certaines provinces, notamment en Flandre orientale, les collègues de première ligne suivent également ce cours. Bien qu’aujourd’hui, l’enquête Internet soit devenue une tâche d’un service de recherche locale, je pense qu’à court terme, tous les policiers pourront non seulement acter ce type de plaintes, mais disposeront des connaissances nécessaires pour se procurer les données permettant une identification.
Comment distinguer alors précisément le rôle respectif du local et du fédéral ? Dans notre arrondissement de HalVilvorde, les zones de police locale actent en principe toutes les plaintes et les traitent. Par contre, les aspects techniques comme l’extraction de données d’un ordinateur, la fouille d’un serveur, etc. relèvent de la compétence de la CCU. Si nécessaire, nous pouvons donc compter sur les collègues de la CCU pour nous conseiller et nous aider. À l’instar de la société, les zones de police doivent évoluer. Si dans les années à venir, d’autres types de délits (Internet) sont commis, nous devrons logiquement nous adapter pour pouvoir y faire face.” f
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POLICE ET MÉDICAMENTS
Les dangers du Viagra & co achetés en ligne À l’heure actuelle, acheter un médicament sur Internet est presque aussi simple que de dénicher un livre en ligne. En quelques clics, n’importe qui, jeunes et moins jeunes, peut se procurer des antibiotiques, des somnifères, des antidépresseurs ou du Viagra et se le faire livrer à domicile. Et sans ordonnance ! Mais il n’y en a pas que pour le Viagra. La toile regorge de produits contrefaits et n’offrant aucune garantie de qualité, avec tous les risques pour la santé que cela implique. La police et l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) tirent la sonnette d’alarme. TEXTE Stefan Debroux
PHOTOGRAPHIE Lavinia Wouters & Jos Balcaen
BRUXELLES – “L’achat de médicaments sur Internet n’est pas illégal en soi”, nous explique Anja Ebraert, inspectrice médicaments à l’AFMPS. “Un pharmacien belge peut très bien se lancer dans l’e-commerce et proposer ainsi des médicaments en ligne, pour autant que ceux-ci puissent être obtenus sans ordonnance. Dans le cas contraire, les pharmaciens belges ne sont pas autorisés à les vendre en ligne. À l’étranger, la réglementation n’est pas aussi stricte partout …”
Mais le world wide web ne connaît pas de frontières. La vente en ligne de médicaments lourds et de contrefaçon se taille un franc succès. L’AFMPS collabore avec la douane pour essayer de brider ce phénomène, en ce qui concerne en tout cas les utilisateurs belges. “La douane sélectionne aléatoirement des paquets provenant principalement d’Inde, de Chine, de Singapour et des États-Unis et les passe au crible”, poursuit Anja. “Chaque semaine, nous récoltons les colis suspects qui ont été mis de côté pour nous. En 2014, nous avons saisi 4 022 paquets et au fil des ans, ce nombre ne fait qu’augmenter.”
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Le commissaire Jan Van den Boeynants dirige la cellule hormones
MADE IN INDIA Qu’est-ce qui pousse les gens à se tourner vers le web pour acheter des médicaments ? L’anonymat ? Le fait d’éviter une consultation chez le médecin ? Parce qu’ils se sont vu refuser une ordonnance ? “Les deux derniers points jouent certainement un rôle pour les médicaments lourds comme les antidépresseurs, les somnifères et de la police judiciaire fédérale et est responsable du suivi du phénomène. Il également pour les produits luttant contre les troubles de l’érection, qui commente ce chiffre : “Ces 4 022 colis représentent environ la moitié des saisis ne représentent que le sommet paquets que nous saisissons”, déclare de l’iceberg. Si l’on considère la masse Anja. “Parfois, la nature des produits de colis qui sont passés en revue par nous permet de distinguer des tenles entreprises de vente par correspondance et les coursiers, il y a de dances. Pendant les périodes d’examen quoi tomber à la renverse. Et donc, le par exemple, nous constatons une augnombre de saisies augmente propormentation des saisies de médicaments tionnellement au nombre de contrôles. ‘stimulants’ comme le Nootropil (traiL’opération Pangea coordonnée chaque tement contre l’alzheimer) ou encore année par Interpol, et qui consiste à le Modafinil (contre la narcolepsie). effectuer des contrôles intensifs dans On trouve aussi des produits plus clasplus de 100 pays pendant une semaine, siques en quantités astronomiques, en est la preuve. L’action menée l’antels que des remèdes et des pseudocompléments alimentaires comportant née passée a permis de saisir dans le monde entier 20,7 millions de médica- des androgènes, des anabolisants et ments illégaux ou contrefaits, soit une des stéroïdes pour les culturistes.” valeur estimée de 81 millions de dollars, et de mettre hors ligne 2 414 sites “Le prix des médicaments made in India est évidemment attirant. Le web. Quoi qu’il en soit, tant que l’offre Kamagra, la variante indienne nonne sera pas réfrénée durablement, ce autorisée du Viagra est en effet très type d’action ne reviendra qu’à placer bon marché. Le revers de la médaille un emplâtre sur une jambe de bois.”
"L’appât du gain est incontestablement la motivation principale des fabriquants et des trafiquants véreux”, ajoute Jan de son point de vue d’enquêteur. “ll suffit de calculer : vous commandez 1 000 comprimés de Sildenafil (la substance active du Viagra) pour 20 euros et vous les faites venir d’Inde par avion. Ensuite, vous les revendez ici à 2 euros pièce. La marge bénéficiaire est énorme ! Même scénario
pour les produits dopants à usage humain : des matières premières bon marché, des formules de préparations simples et des bénéfices démesurés. Par ailleurs, nous surveillons aussi le commerce en ligne de médicaments à usage vétérinaire. Ce commerce est interdit en Belgique mais il n’empêche qu’aujourd’hui, la demande de tels produits en ligne s’accroît parce qu’ils y sont jusqu’à 70 % moins chers. Ils peuvent de plus être obtenus sans ordonnance, avec tous les risques pour la santé que cela implique.”
DES AMENDES POUR LES FAUTIFS ?
L’AFMPS joue la carte de la dissuasion. “En général, on tombe sur de petites quantités destinées à un
usage personnel. Les personnes reçoivent alors un avertissement. Parfois, on cherche à établir le contact pour comprendre le comment et le pourquoi de leurs démarches sur Internet. On les met en garde contre les risques que ces produits représentent pour la santé. En effet, tout le monde n’est pas conscient des dangers de consommer des médicaments contrefaits ou non-autorisés, voire des médicaments lourds. En ce qui concerne les récidivistes et les trafiquants, nous pouvons par contre recourir à notre arsenal de mesures administratives. L’amende minimum s’élève à 300 euros. Et si nécessaire, nous transférons le dossier au parquet pour y donner une suite judiciaire.” f
inforevue 022016
est le manque de contrôle de qualité. Dans certains ‘médicaments’, nous avons déjà retrouvé des substances dangereuses comme l’insuline ou la phénolphtaléine. Attention danger donc ! Les gens doivent être conscients qu’ils mettent leur santé en jeu en consommant de tels produits.”
• Anja Ebraert • Vétérinaire de formation • Inspectrice auprès de l’Unité spéciale d’enquête • Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) medicrime@fagg.be
"Notre objectif principal est la lutte contre la fraude aux médicaments (à usage humain et vétérinaire), plus particulièrement la diffusion illégale (sans permis) et la contrefaçon, sans oublier l’information sur les risques pour la santé. Toutefois, l’usage de ces produits sort de notre rayon d’action. Actuellement, nous concentrons notre action sur les colis postaux. Les services de police qui tombent sur des médicaments ou des compléments alimentaires suspects peuvent faire appel à notre expertise."
• Jan Van den Boeynants • Commissaire • Chef de service Hormones/Dopage • Direction centrale de la lutte contre la criminalité grave et organisée (DJSOC) • Police judiciaire fédérale djsoc.horm@police.belgium.eu
"DJSOC est chargée de créer une image du phénomène et offre un appui aux enquêtes relatives au trafic d’hormones, à l’engraissement illégal et à la fraude aux médicaments. Nous suivons également les partenariats avec les agences fédérales et régionales. Nous collaborons aussi avec l’Agence flamande qui lutte contre le dopage et nous effectuons ensemble des contrôles, notamment dans les centres de fitness. À tous les coups, on gagne ! Alors qu’auparavant, on visait surtout les hormones et l’engraissement illégal, aujourd’hui, on consacre 95 % de notre travail au dopage humain et au trafic des produits afférents."
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Pascal Badts
CALL-TAKER AU SICAD1 DE FLANDRE OCCIDENTALE
PROFESSION :
SICAD est l’acronyme de service d’information et de communication de l’arrondissement.
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IDENTITY KITPascal Badts (50) travaille depuis huit ans déjà en tant que call-taker. Les quatre premières années, il répondait aux appels d’urgence au sein du CIC de Flandre orientale (Gand), avant de déménager à Bruges. Dépendant du SPF Intérieur, il ne fait pas partie du personnel policier. En 2009, Pascal était à son poste de travail lorsque Kim De Gelder provoquait un bain de sang dans une crèche de Termonde. Vingt-cinq années d’expérience à la Force aérienne comme sous-officier électronique et télécommunications l’ont petit à petit amené à rejoindre une centrale d’urgence. Des shifts de douze heures rythment ses journées : le jour, la nuit, la semaine et le week-end. Avec un rythme biologique changeant constamment, il vit sa vie en fonction de son travail. Pour rester en forme, Pascal veille à bien dormir la nuit, à beaucoup bouger et à manger sainement.
UN JOUR AVEC
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HISTORIA
Les médecins légistes, pionniers de la lutte contre le crime Tôt dans le XIXe siècle, la magistrature attire l’attention sur l’importance pour les officiers de police judiciaire de connaître des rudiments d’anatomie, et d’être capable de comprendre les rapports d’expertise médicale. La tâche n’est pas simple, à une époque où il n’existe aucune école de police.
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RUXELLES - A l’inverse, les médecins légistes ont un fameux défi à relever. “Le rôle de la médecine légale judicaire considérée sous le rapport du droit criminel”, explique un manuel de 1882, “consiste à donner des éclaircissements et renseignements propres à diriger l’autorité dans les recherches faites par elle, pour parvenir à découvrir les coupables, et à la seconder dans l’application de la législation criminelle”.
Pour y parvenir, l’homme de science ne peut se contenter de rester enfermé dans ses livres. Un exemple souvent cité est celui de l’illustre docteur Lacassagne à Lyon, qui résout en 1889 l’affaire dite de la ‘Malle sanglante de Millery’ (ou ‘Malle à Gouffé’, du nom de la victime). Sur base de restes humains putréfiés et d’une malle ensanglantée, il parvient à fournir une explication menant à l’identification de la victime et des coupables, dépassant ainsi largement son simple rôle d’expert médical. Chez nous, la première affaire célèbre, résolue grâce à un rapport d’autopsie, est le meurtre commis en 1851 par le vicomte Visart de Bocarmé sur la personne de son beau-frère. Le docteur Jean-Servais Stas, profes-
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seur à l’Ecole militaire, découvre en effet du poison dans les viscères de la victime, et son assassin finit à l’échafaud.
Il n’y a cependant aucune tradition médico-légale solide avant la fin du siècle et la création de vrais laboratoires de médecine légale, le premier à Gand en 1885 (docteur De Visscher). La ville de Liège joue également un rôle pionnier de par sa proximité avec l’Allemagne, où enseignent les meilleurs spécialistes. Formé à Berlin, Gabriel Corin milite beaucoup en faveur de la reconnaissance de la profession de médecin légiste, tandis que son élève Eugène Stockis instruit de nombreux enquêteurs de la police après la Première Guerre mondiale.
A Bruxelles, le docteur Fernand Héger-Gilbert tente, en 1907, de créer un laboratoire de recherches médicolégales au sein du Palais de Justice. Il échoue, mais il parvient à y établir un musée de médecine légale dont il devient conservateur. C’est l’embryon de l’Ecole de criminologie, instituée
après la guerre sous la direction d’un autre médecin légiste important : Gustave De Rechter. Pour se préparer à sa nouvelle fonction, ce dernier visite les écoles de police scientifique les plus réputées : celles de Paris, Lyon et Lausanne1. Le rapport qu’il publie ensuite est une des meilleures synthèses sur l’âge héroïque des pionniers de la lutte contre le crime grâce à la science.
Notre musée de la police a la chance de posséder un témoignage très précieux de cette époque : son coffret personnel de matériel dactyloscopique. f
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Voir Inforevue 03/2014 pp.32-33
Benoît Mihail
L’impact de nouvelles lois en matière de lutte contre le terrorisme
CASUS
Dans cet article, le Service juridique de la police fédérale vous présente
quelques modifications récemment introduites par la loi du 21 avril 2016
portant des dispositions diverses Intérieur - Police intégrée1 et par la loi du 27
avril 2016 relative à des mesures complémentaires en matière de lutte contre le terrorisme2, et qui présentent un grand intérêt pour la pratique policière.
L
oi dispositions diverses
1.1. La possibilité pour les services de police, sur la base de constatations effectuées sur le terrain et à l’initiative du fonctionnaire de police chargé de la direction opérationnelle du service d’ordre, de décider eux-mêmes de disperser les attroupements, et ce sans en avoir préalablement reçu l’ordre explicite de l’autorité de police administrative. 1.2. Extension des possibilités de procéder à une saisie administrative. La saisie administrative est possible lorsque l’ordre public l’exige et lorsque les objets ou les animaux présentent un danger pour la vie ou l’intégrité physique des personnes ou la sécurité des biens. Dans ce dernier cas, le maintien de la sécurité publique et la protection des personnes est en jeu, et non plus seulement l’ordre public au sens strict. 1.3. La possibilité pour les services de police de contrôler l’identité d’une personne qui a commis un fait passible d’une sanction administrative. 1.4. Clarification de la possibilité pour les agents de police d’exécuter des fouilles. La loi confirme que dans le cadre de l’assistance qu’ils prêtent aux fonctionnaires de police, les agents de police peuvent exécuter des fouilles, sur ordre et sous la responsabilité d’un officier de police administrative ou judiciaire.
1.5. Protection de l’anonymat des membres du personnel du cadre opérationnel. Pour certaines interventions, la plaquette nominative peut être remplacée par un numéro d’intervention. 1.6. La possibilité de communiquer des informations policières opérationnelles à l’administration surveillance, contrôle et constatation (SCC) de l’Administration générale des douanes et accises.
Loi terrorisme 1.7. La possibilité de procéder à des perquisitions 24 heures sur 24. Il n’était possible de procéder à des perquisitions 24 heures sur 24 que lorsqu’une disposition légale particulière autorisait la perquisition pendant la nuit, en cas de flagrant délit, en cas de réquisition ou de consentement de la personne qui a la jouissance effective du lieu, en cas d’appel venant de ce lieu et en cas d’incendie ou d’inondation. La loi prévoit désormais toutefois qu’une perquisition avec mandat peut également être effectuée 24 heures sur 24 lorsque celle-ci concerne des infractions terroristes3 ou des infractions impliquant une association de malfaiteurs ou une organisation criminelle, lorsqu’il existe des indices sérieux qu’ils disposent d’armes à feu, d’explosifs ou de substances dangereuses4.
1.8. La révision de la législation relative aux méthodes particulières de recherche, afin d’étendre le recours aux méthodes particulières de recherche, en particulier en vue de lutter contre le trafic illégal d’armes. 1.9. La création de banques de données communes. Afin de prévenir et de combattre efficacement des phénomènes graves tels que le terrorisme et l’extrémisme pouvant mener au terrorisme, qui risquent d’affecter gravement la protection des personnes, de la sécurité ou de la santé publiques, il est primordial que les différents services soient guidés dans leurs actions quotidiennes et dans leurs prises de décisions, non seulement par les données à caractère personnel et les informations dont chacun d’eux dispose dans son propre système d’informations, mais également par celles issues de la mise en commun de plusieurs informations issues de différents services. f
Nadège Van Hecke, DGR.Jur.AJO@police.belgium.eu Ci-après dénommée ‘loi dispositions diverses’. Ci-après dénommée ‘loi terrorisme’. 3 Telles que visées au Livre II, titre Iter, du Code pénal. 4 Telles que visées au Livre II, titre VI, Chapitre Ier, du Code pénal. 1 2
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EURO DE FOOT EN FR ANCE
Bienvenue - Welkom Depuis la Coupe du Monde de football de 1998 en France, il est d’usage que le pays organisateur fasse appel aux services de police des pays participants afin d’encadrer les supporters en déplacement. Il y a deux ans, la police belge avait ainsi envoyé une délégation au Brésil, dans le sillage de nos Diables Rouges. Il en est de même cette année pour l’Euro français. Business as usual ? TEXTE Stefan Debroux
PHOTOGRAPHIE Jocelyn Balcaen
noir-jaune-rouge ; les déplacements de fans britanniques et allemands via la Belgique seront également passés au crible. Nous devons y être très attentifs.”
BRUXELLES – Depuis le 6 juin, huit1 “spotters” belges séjournent en France – leur retour est prévu deux jours après celui des Diables – afin que la ‘fête du foot’ se déroule dans les meilleures conditions pour nos compatriotes. Comme il y a deux ans, c’est le commissaire Guy Theyskens qui a pris les rênes de l’organisation. “Notre mission est similaire à celle qui nous fut assignée au Brésil : nous rendre disponibles pour les supporters belges et encadrer ces derniers. Cette fois encore, nous ne nous attendons pas à ce qu’il y ait du grabuge. Les 14 000 supporters belges en possession d’un ticket (avec identification obligatoire, ndlr) ont du reste été ‘screenés’. Cela dit, il est impossible d’exclure tout risque. Le trajet entre Bruxelles et Paris, voire entre notre capitale et Nice, ne prend que quelques heures. Il est difficile d’empêcher une personne de descendre dans une ville française pour y faire la fête et finalement y semer la pagaille. Mais nous suivons tout cela de très près, en particulier les supporters à risque connus de nos services.”
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“C’est pourquoi, au moment de composer notre délégation, nous avons essentiellement tenu compte de l’expérience des spotters vis-à-vis des supporters à risque. Pour le Brésil, d’autres critères étaient entrés en ligne de compte, comme par exemple les compétences linguistiques. À présent, c’est avant tout la connaissance des hordes de supporters à risque qui est déterminante”, précise Guy. “Au Brésil, j’étais chef de délégation. Cette fois, cet honneur revient à Stéphane Pelet. Stéphane dispose d’une expérience incommensurable en matière de maintien de l’ordre et de gestion d’événements. Quant à moi, je serai chargé, en tant qu’officier de liaison basé à Paris, de faciliter les échange d’informations entre les polices belge et française. Ces informations ne seront du reste pas limitées aux faits et gestes de nos supporters
INTERPRÈTES CULTURELS
L’accueil et la communication sont les principales fonctions des policiers belges présents en France. La plupart des spotters travaillent en uniforme, afin d’être les plus reconnaissables et accessibles possible. Contrairement à ce qui s’est fait au Brésil, ils sont armés mais toujours accompagnés d’agents français. En fonction de l’analyse de risques locale et du type de mission, certains d’entre eux peuvent assurer une présence plus discrète. Si la langue de Voltaire ne constitue bien sûr pas une barrière pour de nombreux Belges, il existe tout de même des différences, notamment culturelles, avec nos voisins français. Guy : “Dans le domaine de la ‘gestion négociée de l’espace public’, la police française peut appliquer d’autres principes que les nôtres. En résumé, les seuils de tolérance et la place accordée au dialogue ne sont pas nécessairement les mêmes qu’en Belgique. Notre rôle est de conseiller les policiers français, en leur expliquant par exemple que les chants de nos supporters font partie du jeu et n’ont aucune vocation agressive en soi. D’autre part, nous faisons clairement comprendre aux Belges qu’ils ont tout intérêt à respecter les directives de la police française. Nous voulons éviter tout malentendu. Avec la menace terroriste en toile de fond, la police et les organisateurs français sont particulièrement vigilants et ne laissent rien au hasard afin de garantir la sécurité. Tant que cela reste une fête, tout devrait bien se passer…” f
À la demande des autorités françaises, la Belgique envoie sur place onze policiers, dont huit spotters. Hormis ces derniers, deux collègues épauleront la gendarmerie de Bordeaux, où se trouve le camp de base des Diables Rouges. Le onzième collègue fournira un appui aux aéroports de Bordeaux et de Nice.
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Commissaire & spotter au RSC Anderlecht - Zone de police Midi
inforevue 022016
Patrick Crabbe “Depuis le temps, je suis devenu un habitué (rires) ! L’Euro français est le cinquième tournoi auquel je participe en tant que spotter. Depuis la Coupe du Monde de 1998, énormément de choses ont évolué. Avant, chacun travaillait à sa façon. À présent, les différentes polices travaillent de manière plus uniforme.”
Guy Theyskens
Werner De Grim
Thierry Grandy
Eric Bogaert
Dirk Brasseur Commissaire - Responsable en gestion d’événements -
Zone de police de Louvain
“Il s’agit d’une occasion exceptionnelle de fréquenter de près le gratin du football européen, car avec l’OH Louvain, ce n’est pas pour demain (rires). Mon rôle d’officier de liaison peut être comparé à un entonnoir ou un sablier : au sein de l’information hub de Paris, je centralise toutes les infos venues de Belgique concernant des supporters à risque et je les transmets à nos spotters et à la police française.”
Patrick Maeckelbergh
Stéphane Pelet Commissaire - Responsable en gestion d’événements - Zone de police de Liège “Je me réjouis d’apporter ma pierre à l’édifice en servant de ‘tampon’ entre les autorités françaises et les supporters belges. Et j’ai hâte de voir comment se dérouleront les échanges avec les collègues étrangers. À Liège, je dirige le service d’ordre lors des matchs du Standard, mais un tel événement international revêt tout de même une dimension supplémentaire. L’expérience ne peut être qu’enrichissante.”
Inspecteur principal & spotter au Club de Bruges - Zone de police de Bruges “Le travail est différent de celui que nous connaissons ici. À Bruges, je connais mes ‘clients’, tandis qu’en France, les choses sont naturellement différentes. Il ne règne aucune tension ou rivalité, ou alors très peu, parmi les fans des Diables Rouges. L’atmosphère est d’office positive. Mais il faut également composer avec l’approche des Français, différente de la nôtre. Il faut voir jusqu’où nous pourrons aller dans la médiation.”
AUSSI À L'IMAGE : Guy Theyskens: Commissaire - Chef du Point national d’information ‘Football’ - Direction des opérations de police administrative (DGA/DAO)
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https://youtu.be/6DWu9HW62YM
Werner De Grim: inspecteur (ZP Anvers), Eric Bogaert: inspecteur principal (ZP Charleroi), Thierry Grandry: inspecteur principal (ZP Liège)
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L’ I N V I T É Dans cette rubrique, Inforevue invite un membre du personnel de la police à un entretien portant sur des thèmes liés tant à sa fonction qu'au monde policier au sens large.
“L’anonymat est l’un des plus grands dangers du web” C’est en bord de Vesdre, dans la petite ville verdoyante d’Eupen, que nous attend notre invité du jour. L’inspecteur principal Danny Loos est responsable, avec son collègue Patrick Schumacher, de la Computer Crime Unit régionale (RCCU). Cet ancien gendarme à la carrière déjà bien étoffée a attrapé le virus de l’informatique au début des années 90. Il s’occupe à présent, entre bien d’autres choses, d’alarmer ses concitoyens de la Communauté germanophone sur les dangers du net, par le biais du projet Klick sicher !. Entretien. TEXTE Nicolas Mangon
PHOTOGRAPHIE Jos Balcaen
EUPEN – Sorti de l’école de gendarmerie en 1986, vous êtes notamment passé par le 4e Groupe mobile et le poste frontière de Lichtenbusch avant de vous installer dans les locaux de la zone de police WeserGöhl à Eupen. Comment avez-vous intégré la RCCU ? “J’ai commencé à m’intéresser à l’informatique dans le cadre des enquêtes lorsque je faisais partie de l’équipe judiciaire de la brigade de gendarmerie de Raeren, au début des années 90. En fait, l’informatique a toujours été un loisir. En 2000, j’ai réussi les examens pour devenir gestionnaire système à DST mais, suite à la ‘calogisation’, j’ai dû quitter ce poste et j’ai alors postulé un emploi de gestionnaire fonctionnel à la ZP Weser-Göhl, où j’étais principalement chargé de la gestion de l’ISLP (Integrated System for the Local Police) et de la Banque de données nationale générale. C’est à la fin de l’année 2007 que j’ai finalement intégré la RCCU d’Eupen.” Comment le projet Klick sicher ! est-il né ?
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“Klick sicher ! est inspiré de la rubrique Surfons tranquille d’Olivier Bogaert, dont la popularité est désormais bien établie auprès du public francophone. Le projet, qui vise également à informer la population sur les risques liés à Internet, a vu le jour en 2012, sur les ondes de la BRF1, la radio publique de la Communauté germanophone. Une capsule d’environ trois minutes y est diffusée tous les jeudis. Nous avons également créé une page Facebook en décembre 2014. Par rapport à la radio, dont la portée est plus éphémère, celle-ci présente l’avantage de toucher davantage de monde, à tout moment. Par ailleurs, nous publions de temps à autre des articles dans le Wochenspiegel, un journal local bien connu des Eupenois.” Quel est le retour du public face à ce projet ? Concernant l’émission de radio, je ne dispose pas des chiffres d’audience officiels, mais le public répond généralement présent. Nous recevons régulièrement des coups de fil d’auditeurs après l’émission. Les gens veulent nous parler directement des
problèmes qu’ils rencontrent. Parfois, certains n’hésitent pas à venir ici, dans nos locaux, pour me rencontrer. Les interactions avec le public sont plutôt bonnes. Je commence à être connu à Eupen, même si je ne cherche pas la médiatisation ! La page Facebook compte, quant à elle, 163 abonnés. Cela ne semble pas énorme, c’est vrai, mais certains sujets publiés suscitent parfois plus d’un millier de réactions ou de partages ! C’est donc globalement positif.”
Comment choisissez-vous les thèmes à traiter ?
“D’abord en me basant sur l’actualité, en consultant différents médias, en surfant sur Internet… Je reste également attentif à ce qu’Olivier Bogaert propose dans sa rubrique Surfons tranquille. Avec Olivier, nous sommes régulièrement en contact, au moins une à deux fois par mois. Il arrive également que je sélectionne un sujet sur la base de PV de plaintes que nous recevons ou que nous lisons ici à la RCCU. Par ailleurs, les deux zones de police de l’arrondissement gèrent un bureau de prévention de la criminalité. Celui-ci nous suggère
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VERY IRRITATING QUESTION En matière de cybercriminalité, on a l’impression que les criminels ont toujours une longueur d’avance sur la police. Les policiers sont-ils suffisamment formés en la matière ? "C’est malheureusement vrai. Il faut souvent courir après les événements. En matière de formation, il reste des choses à faire, même si l’on note malgré tout une amélioration. Il faut savoir que jusqu’à cette année, la criminalité informatique était absente du programme de formation des jeunes recrues. Cette lacune est désormais comblée. J’assure moi-même un cours portant sur la criminalité informatique au sens large à l’école provinciale de Seraing. Il s’agit d’un module de quatre heures, avec des exercices pratiques. À cet égard, un concept à développer dans le futur est, selon moi, celui de l’open source intelligence. Cela désigne les activités d’analyse et de collecte d’informations issues de sources ouvertes, les méthodes permettant d’effectuer des recherches pertinentes sur le net, de comparer les informations recueillies avec les bases de données policières, etc. Maîtriser tous ces paramètres est à mon avis très important, car ce qui compte avant tout dans une enquête, c’est de ne pas perdre de temps." de temps à autre des sujets à aborder. Ceci dit, tous les thèmes traités ne sont pas neufs ; pour certains sujets, une petite piqûre de rappel s’avère de temps en temps nécessaire, tandis que d’autres doivent parfois être réactualisés, car la criminalité informatique est malheureusement un domaine en perpétuelle évolution...” Quel est le thème le plus hype du moment ? “Les thématiques sont nombreuses ! Par exemple, une des dernières tendances est le recours à des trojans (chevaux de Troie) par les cybercriminels, qui cryptent les données et les fichiers présents sur votre disque dur. Il est ensuite impossible d’avoir accès à vos données ! Le cybercriminel procède ensuite à du chantage informatique, vous demandant de payer une certaine somme pour qu’il vous livre le code de décryptage qui vous permettra de recouvrer vos données. Pour être à peu près sûrs que la somme leur sera bien versée, les malfaiteurs fixent un montant relativement ‘acceptable’ (de l’ordre de 500 €). En général, les victimes s’exécutent. C’est finalement ce qu’elles devraient payer pour l’intervention d’un informaticien…” Un autre thème d’actualité évoqué récemment dans Klick sicher ! est
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le cyberharcèlement touchant des enfants et des adolescents, dont l’issue peut s’avérer dramatique. Quels conseils donneriez-vous à ces jeunes ? Vous arrive-t-il de vous rendre dans des écoles pour parler de ce problème ? “Non, ce n’est pas directement notre rôle. Et quand bien même nous voudrions le faire, le temps nous manquerait car nous ne sommes que deux. Nos collègues de la police locale, et plus particulièrement ceux du bureau de prévention de la zone, sont davantage à même de remplir ce genre de mission auprès des jeunes et dans les écoles. Nous avons déjà établi des contacts en ce sens. Quant aux conseils à prodiguer, la chose la plus importante à faire lorsque l’on est victime (ou témoin) de harcèlement sur les réseaux sociaux, c’est d’en parler, de signaler le problème à une personne de confiance, un enseignant, un parent, même si c’est parfois difficile… Et ne pas tout partager, tout le temps. La police vient justement de collaborer à une action de sensibilisation sur le sujet1.”
Outre Klick sicher !, en quoi consiste essentiellement le travail d’un membre d’une RCCU ? “Notre véritable core business, c’est le travail d’appui, l’analyse de supports
numériques fournis par les enquêteurs, ce que l’on appelle ‘l’informatique forensique’. Nous analysons des PC, des GSM ou des smartphones appartenant à des suspects, à la recherche de preuves ou d’indices. Vous voyez que le travail ne manque pas ! (un local entier est consacré à l’entreposage des ordinateurs et GSM saisis, ndlr) Nous répondons également à des demandes d’enquête, en procédant à des recherches sur Internet.
PERSON OF INTEREST Nous l’avons bien compris : l’informatique représente une grande part de votre vie ! Vous reste-t-il d’autres centres d’intérêt ? "J’adore le sport d’endurance. Je fais d’ailleurs partie d’un comité sportif de la police qui organise chaque année le Run&Bike Eupen. Je participe également à des activités sportives avec d’autres collègues locaux et fédéraux, comme par exemple le Fisherman’s Friend Strongman Run, une course d’obstacles organisée à Anvers…"
• Les voitures connectées : "Pour moi, ce n’est pas vraiment indispensable. Disons que cela permet aux constructeurs automobiles de vendre davantage de voitures. Tous ces gadgets constituent du reste une source de distraction supplémentaire. Savez-vous que 10 % des accidents de la route sont imputables à l’usage du smartphone au volant ? Ceci dit, je viens d’acheter un nouveau véhicule, et il sera de toute façon équipé des toutes dernières technologies ! Cela reste très tentant pour le consommateur…"
• Les achats en ligne : "Je suis pour, mais avec modération et en prenant beaucoup de précautions, car de nombreux pièges existent. Mais c’est une tendance lourde : près de 80 % des Belges ont déjà fait leurs emplettes sur Internet. Il faut bien admettre que c’est pratique."
• La limite d’âge de 13 ans pour s’inscrire sur Facebook : "Cela ne sert strictement à rien ! Il n’y a pas de contrôle, n’importe quel individu peut se faire passer pour qui il veut, dans l’anonymat le plus complet. L’anonymat, c’est vraiment l’un des plus grands dangers du web ; il facilite toutes sortes de crimes et d’arnaques…"
• Le WiFi illimité/partout : "C’est forcément pratique, mais cela va également faciliter la vie des personnes mal intentionnées, qui pourront se connecter partout pour commettre leurs arnaques, harcèlements, etc. On en revient toujours au même problème : l’anonymat."
Nous exécutons également des apostilles qui nous sont adressées, puis nous suggérons les démarches à effectuer et remettons les dossiers à qui de droit… Avec notre étiquette d’experts en informatique, il nous arrive même de répondre aux sollicitations de certains collègues qui nous demandent de résoudre leurs petits problèmes de PC. Mais bon, nous avons d’autres choses à faire, ça doit rester exceptionnel !” (rires).
Eupen n’est qu’à quelques kilomètres de l’Allemagne. Vous arrive-t-il de collaborer avec certains services d’outre-Rhin ?
“Bien sûr. Nous travaillons régulièrement en collaboration avec la police judiciaire d’Aix-la-Chapelle, voire même avec le BKA (l’office fédéral de police criminelle, ndlr) et les LKA (au niveau des Länder). Eupen faisant partie de l’Euregio Meuse-Rhin, nous échangeons de temps en temps des infos avec certains services des Pays-Bas, proches également. Une fois par an, nos services respectifs se réunissent pour faire le point et évoquer diverses problématiques. Ces échanges sont toujours intéressants, même s’ils mettent parfois en lumière certaines différences de mentalité et les moyens autrement plus consé-
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POUR OU CONTRE
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LE TRADUCTEUR Comment interprétez-vous les citations suivantes ? • J’ai toujours eu la conviction que les virus informatiques ou biologiques finiraient par détruire la quasi-totalité de l’espèce humaine (Franck Thilliez, écrivain) : "Cela me fait penser à certains films catastrophe ou de sciencefiction ! Même si l’on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve, j’ai tout de même bon espoir que l’être humain finira toujours par maîtriser l’outil informatique." • Il faut repenser Internet et les réseaux numériques de communication comme un véritable territoire à sécuriser (Éric Freyssinet, lieutenant-colonel de gendarmerie française) : "Absolument. Je suis 100 % d’accord !" • Le principe de l’évolution est beaucoup plus rapide en informatique que chez le bipède (Jean Dion, journaliste) : "En effet. J’ai 49 ans, j’ai donc encore connu une époque sans ordinateur et sans Internet. De nos jours, tout le monde est connecté, y compris les enfants. Tout va tellement vite ! Les nouvelles générations sont nées avec l’informatique, elles vivent davantage dans le monde virtuel et sont même littéralement attirées par celuici. Il suffit d’observer les jeunes à la sortie d’une école. Tout le monde pianote sur son GSM ! Cela n’est pas sans conséquences, souvent négatives…"
• Il n’y a rien de plus con qu’un ordinateur (Louis Schuffenecker, professeur d’université) : "Ce n’est pas faux. J’estime que l’homme sera en principe toujours supérieur à la machine. Mais avec le développement de l’intelligence artificielle, les rôles seront peut-être inversés un jour…" quents dont disposent nos collègues allemands et néerlandais. Ce qui est parfois frustrant…”
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#NoHateNetwork – Le téléphone de Louise, www.letelephonedelouise.com, voir p. 44
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AMERIQUE
EUROPE
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Drôle de différend familial
Un ‘arroseur en série’ recherché
Un Ontarien a eu des ennuis avec la police après avoir passé la soirée à la maison avec son perroquet de compagnie. La police de Brighton, une ville située entre Toronto et Kingston, affirme avoir reçu des plaintes pour des menaces et des hurlements en provenance d'une résidence et a envoyé des agents sur place, qui s'attendaient à trouver un couple en train de se disputer violemment.
La police londonienne a lancé un appel pour retrouver un individu circulant dans un 4x4 Toyota qui prend un plaisir pervers à foncer dans les flaques d'eau pour arroser les passants.
Au lieu de cela, les policiers ont trouvé l'homme seul chez lui en train de crier sur son oiseau. Ils disent que l'homme a accusé le perroquet de “répliquer” quand il lui parlait. Ils soulignent que l'alcool a joué un rôle dans cet incident…
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A chaque averse, un événement quasi quotidien dans la capitale britannique, l'individu patrouille dans les rues à bord de son 4x4 jusqu'à ce qu'il trouve une flaque d'eau à proximité d'un trottoir, et fonce pour éclabousser les passants. Il a commis une erreur récemment : passer deux fois sur la même flaque, après avoir fait demi-tour pour venir éclabousser à nouveau le même groupe d'usagers attendant un bus. Il a ainsi pu être filmé par une passante qui a transmis la vidéo à la police, précise le Times. Mais le véhicule, un 4x4 Toyota noir, n'était ni enregistré, ni assuré et la police de Camden a appelé la population à coopérer pour arrêter l'arroseur en série, qui sévirait depuis janvier.
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E uro de foot en F rance
MONDE POLICIER
ASIE
OCEANIE
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Les forces de police de la capitale de l'Etat indien de l'Uttar Pradesh, envisagent d'armer leurs nouveaux drones de gaz poivre pour disperser les foules incontrôlables, selon la BBC.
Ils avaient tenu à distance les voitures de police pendant plus d'une heure sur les routes de Nouvelle-Zélande. Mais quatre fuyards ont finalement pu être arrêtés grâce à l'intervention providentielle d'un troupeau de moutons.
Des drones pour doucher les émeutiers ?
“Nous envisageons d'utiliser ces drones pour contrôler les foules indisciplinées en les douchant avec du gaz poivre”, a expliqué le commissaire Yashasvi Yadav, cité par The Indian Express. “Ce serait moins rude que les charges à la matraque ('lathi') et nous espérons que ce sera plus efficace”, a-t-il ajouté. Après avoir loué des drones qui ont fait leurs preuves pour des tâches de surveillance, la police de Lucknow a désormais décidé d'en acheter. Les engins seront utilisés au quotidien pour maintenir l'ordre mais aussi pour identifier les auteurs d'infractions au code de la route, une première dans le pays.
La BBC lance cependant la question de l'efficacité du procédé, les drones pouvant devenir des cibles faciles s'ils doivent voler suffisamment bas pour larguer le produit, susceptible par ailleurs de toucher accidentellement de simples passants.
Renforts inattendus
La course poursuite s'était engagée dans la matinée lors du démarrage en trombe d'une voiture qui venait d'être arrêtée pour excès de vitesse et sans plaques d'immatriculation, a indiqué un porte-parole de la police. Plusieurs véhicules de police ont été mobilisés pour tenter d'intercepter les fuyards sur les routes de la région d'Otago, dans l'île du Sud. Mais en vain.
La cavale a finalement pris fin quand la voiture en fuite n'a eu d'autre choix que de piler devant un troupeau de plus d'une centaine de moutons qui était en train de rejoindre un nouveau pâturage près de la ville touristique de Queenstown. Les quatre fuyards ont été arrêtés. Le troupeau, lui, appartenait à… un policier du coin.
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AFFAIRES EN COURT
CÉRÉMONIE D’HOMMAGE
“TOUT LE PAYS AVAIT BESOIN DE VOUS” f © Christian Berteaux © Jos Balcaen
MELSBROEK – Des larmes ont coulé, le 21 juin, lors de la cérémonie d’hommage à celles et ceux qui sont intervenus le 22 mars dernier, jour des attentats de Zaventem et Maelbeek. Entre la satisfaction du pénible devoir accompli, le souvenir de ceux qui ne sont plus là et la reconnaissance des autorités, l’ambiance était chargée d’émotion. Un bon millier de membres de la police, des pompiers, de l’armée, de la Croix-Rouge, de services d’urgence et d’aide aux victimes se sont retrouvés à Melsbroek. “Je m’adresse aujourd’hui à près de mille femmes et hommes de caractère. Vous avez répondu présents le jour où tout le pays avait besoin de vous”, a déclaré le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Jan Jambon. “Vous avez effectué un travail remarquable dans des circonstances inimaginables ! Nous vous soutenons, faisons bloc avec vous, et vous sommes reconnaissants.” Le Premier Ministre Charles Michel a ajouté : “Vous avez été confrontés à la mort, à l’angoisse. Je suis soulagé que tant de gens, grâce à vous, aient survécu au chaos. Je vous exprime mon admiration pour la vitesse et le professionnalisme de vos interventions. On savait qu’on pouvait compter sur vous. Mes plus sincères et chaleureux remerciements.”
Après une profonde minute de silence et une photo de groupe sous un ciel en berne lui aussi, les sourires sont réapparus sur les visages. Car comme l’ont mentionné les membres du gouvernement dans leurs allocutions, malgré l’horreur des faits et la menace, “nous allons continuer à vivre normalement.” B.D.
Plus d’images ?
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www.polimagery.be
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http://bit.ly/28OpEWv
A PR È S L E S AT T E N TAT S
IN MEMORIAM
On se bouge pour Ben !
Hommage à Patrick Ducarme
BRUXELLES – A la police, on a toujours un cœur ‘gros comme ça’ ! Les graves blessures encourues à Zaventem par notre collègue de la police aéronautique, Ben Bergen, ont engendré un grand élan de solidarité1. Ainsi, le 4 mai dernier, la zone de police Bruxelles-Capitale/Ixelles organisait une rencontre sportive au Stade Roi Baudouin. Au programme : course-relais, tir à la corde, kicker géant et deathride. 37 équipes ont part à ce Benefit@Solidarity2 qui a rapporté quelque 7000 euros. © Christian Berteaux
Un t-shirt, orné du logo United We Stand, a aussi été mis en vente, par la police aéronautique (DGA/LPA), en collaboration avec les initiateurs de cette action de solidarité au sein de la police des chemins de fer (DGA/ SPC). L’objectif est de vendre au moins un millier de t-shirts dans toute la Belgique. Après un appel interne, pas moins de soixante points de vente ont été mis en place dans tout le pays. Mi-juin, environ 700 t-shirts avaient trouvé acquéreurs, pour un montant – encore provisoire – de 9700 euros. “Une nouvelle commande est en cours, tant l'action a rencontré du succès”, explique Thierry Meinguet, l’un des organisateurs. “L'élan de générosité s'est aussi manifesté par des dons ou par la location du logo. En effet, une zone de police a demandé à pouvoir l’apposer sur son t-shirt de course et a tenu à faire un don en guise de location”.
f © WPR Brabant
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AFFAIRES EN COURT
B.D Voyez l’Infonouvelles 2395 du 12 mai 2016. 2 Toutes les photos de l’événement sont disponibles sur www.polimagery.be 1
MAZEE – La police fédérale de la route a, de nouveau, été durement frappée par le destin. Le 26 mai dernier, un grave accident s’est produit sur la RN99 à Mazée. Deux policiers étaient de sortie dans le cadre de leur formation moto, accompagnés par un formateur de l'Académie nationale de police. Ce dernier, Patrick Cobbaert, est indemne. L'inspecteur André Wery, membre de la WPR Liège/Poste de circulation de Malmedy, a été grièvement blessé. L'inspecteur Patrick Ducarme, membre de la WPR Brabant/Poste de circulation d’Auderghem est malheureusement décédé sur le coup. Il avait 51 ans et était entré à la police voici trois ans. Lors de ses funérailles, ses collègues directs lui ont rendu hommage : “Nous avons eu le plaisir d'apprécier ta détermination lors de ta formation. Et nous avons eu la joie d'être les témoins de ton enthousiasme pendant nos patrouilles. Tu aimais ce que tu faisais et tu ne t’en cachais pas. Tu avais choisi une nouvelle vie. Avec nous. En fait, tu avais décidé de réaliser ton rêve …” “Tu étais l’ancien, celui qui nous soutenait lors de nos petits coups de mou, celui qui nous motivait lorsque nous en avions besoin. Le groupe soudé que nous formons aujourd’hui, c’est aussi à toi que nous le devons. La fin de la formation arrive avec le brevet tant attendu, mais celui-ci aura un goût amer sans toi à nos côtés pour le partager”, ont témoigné les membres du groupe qui suivaient la même formation que lui. L’équipe d’Inforevue présente ses condoléances émues à son épouse, à ses deux enfants, aux proches et collègues de Patrick Ducarme. Nos pensées vont également à André, à qui nous souhaitons un prompt rétablissement, et à leur formateur, Patrick. La rédaction
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AFFAIRES EN COURT
© Lavinia Wouters
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Exceptionnel et sur mesure f SINT-NIKLAAS – Le nouvel Iveco Daily de la zone de police de Sint-Niklaas est un vrai petit bijou. Il est équipé des derniers gadgets pour rendre les déplacements du personnel le plus confortable possible. Les trajets effectués dans le cadre des missions HyCap1 n’ont jamais été aussi agréables ! Depuis mars de cette année, la zone de police dispose d’un véhicule fait sur mesure pour le transport des troupes. En plus du chauffeur, huit personnes peuvent prendre place à bord : deux à l’avant donc et sept à l’arrière. “Chaque année, nous effectuons près de 30 missions d’appui HyCap”, nous explique le commissaire Danny Piessens. “Pour l’instant, on en compte en moyenne deux à trois par semaine, en raison des opérations Médusa à la côte2 et des missions de surveillance à l’aéroport de Zaventem.” “Notre ancienne Fiat Ducato était devenue beaucoup trop petite et n’était plus adaptée aux besoins actuels”, commente Dirk Lisaerde, chef du service Facilités. “L’aménagement de l’Iveco tel qu’il est aujourd’hui a demandé beaucoup d’étude et de collaboration entre le constructeur et nous. Nous devions en effet rencontrer les besoins du personnel, mais aussi respecter les normes strictes. D’importantes transformations ont dû être effectuées, car la structure du véhicule a été adaptée. Avec ses près de sept mètres de long, l’Iveco est quasi un mètre plus long que les véhicules fédéraux.”
pourvu d’un feuil de sécurité de 300 microns, à savoir le degré de protection le plus élevé, mais aussi d’une protection contre les balles aux endroits cruciaux. Le réservoir de diesel et le carter d’huile sont sécurisés eux aussi.” “Cet équipement n’est en rien démesuré”, conclut le commissaire Piessens. “Nos collègues doivent parfois passer 12 heures, voire plus dans ce véhicule. Il y va de leur bien-être.” Chacun aura l’occasion de découvrir l’Iveco Daily 3.0 le 21 juillet, car il fera partie du groupe des véhicules qui défilera en l’honneur de la fête nationale. S.V. P. HyCap signifie capacité hypothéquée. Il s’agit d’un système de solidarité entre les zones de police mis au point dans le cadre des missions de police administrative. 2 Les opérations lors desquelles les transmigrants se voient refuser l’accès au territoire belge. Voir Inforevue 01/2016, p. 45 1
Besoins du personnel “Nous avons tenu compte le plus possible des souhaits de notre personnel”, poursuit Dirk Lisaerde. “L’Iveco offre suffisamment d’espace en largeur, mais aussi en hauteur pour pouvoir y caser le matériel et tous les éléments de protection. Tout ce matériel est également à portée de main en permanence. Les sièges à l’arrière sont placés en quinconce, ce qui laisse davantage d’espace pour les jambes.” L’Iveco est équipé de l’air conditionné, d’éléments chauffants complémentaires, d’un éclairage de nuit, d’un frigo, de chargeurs de GSM, de ports USB, d’un GPS, de caméras de recul et d’un système d’isolation comme dans les avions. Le confort des membres du personnel était certes important, mais leur sécurité a également été prise en compte. Dirk : “Le vitrage est
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“Bien plus agréable” Inspecteur Ludwig Van Duysen : “Lors des déplacements, tout le matériel est à portée de main, votre repas reste bien frais dans le frigo et les strapontins permettent un passage aisé. Des porte-gobelets et des patères ont récemment été ajoutés. Les véhicules continuent à évoluer pour devenir de plus en plus confortables.”
LUT TE CONTRE LE TERRORISME
F L A N DR E O CC I DE N TA L E
Visite du Roi à la PJF de Bruxelles
Transmigration, au-delà de la frontière ?
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A F F A I R E S E N C O U R T
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BRUXELLES – Sa Majesté le Roi Philippe a rendu visite le mercredi 16 mars à la cellule antiterrorisme (DR3) de la police judiciaire fédérale de Bruxelles. Il était accompagné du Premier Ministre, Charles Michel, et des ministres de l’Intérieur et de la Justice, Jan Jambon et Koen Geens. Le mardi 15 mars, lors d’une perquisition à Forest dans un dossier de terrorisme, quatre enquêteurs de la DR3 et deux collègues français avaient été pris pour cible par plusieurs suspects. Trois policiers ont été légèrement blessés, ainsi qu’un collègue de la Direction des unités spéciales (DSU) dans l’opération qui s’en est suivie. Informé de ces faits, le souverain a insisté pour rendre visite aux enquêteurs. Le Roi a pris le temps d’écouter leur récit, a posé de nombreuses questions et s’est déclaré impressionné, notamment par le sang froid des policiers dans ces situations extrêmes. Il a apporté tout son soutien aux enquêteurs, ainsi qu’à tous les policiers et membres de services d’appui du pays, engagés dans la lutte quotidienne menée contre le terrorisme.
© Ruben Accou
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BRUGES - La transmigration est un thème d’actualité brûlant en Flandre occidentale : chaque jour, des réfugiés tentent de rejoindre la GrandeBretagne en passant par la région côtière. C’est dans cet esprit que la police fédérale, en collaboration avec la Province de Flandre occidentale, a organisé le 17 mai une journée d’étude ayant pour thème, Transmigration, au-delà de la frontière ? “Un plaidoyer pour ne pas fuir par peur de l’autre et ne pas s’enfoncer dans un récit eux/nous”, a déclaré le gouverneur de province Carl Decaluwe, en ouverture de cette journée. L’immigration a toujours existé. A la fin du 19e siècle, quelque deux millions de personnes ont quitté nos contrées en direction des Etats-Unis. De nos jours, les images d’embarcations de fortune remplies de réfugiés et les conflits au Moyen-Orient ne quittent plus les émissions d’information. L’Europe est le nouvel Eldorado : environ 1,8 millions de réfugiés ont franchi les frontières européennes en 2015. Pour nombre d’entre eux, le Royaume Uni s’apparente à la Terre promise. Et Zeebruges est un point de rassemblement vu les nombreux ferries qui font la traversée tous les jours.
© Vanessa Roos
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Un large panel d’orateurs a mis en lumière la problématique des réfugiés sous différents angles. Pour la police de la navigation, par exemple, les illégaux représentent une préoccupation quotidienne. Les enquêteurs de la police judiciaire fédérale sont, eux, confrontés à des trafiquants d’êtres humains de plus en plus inventifs. L’analyste stratégique Joke Van Gelder – tout comme d’autres – a insisté sur l’importance de la collaboration entre les services de police, ainsi qu’avec la justice. Ce n’est qu’ainsi que le phénomène pourra être maîtrisé. Les raisons qui poussent les réfugiés à quitter leur pays ont aussi été abordées, grâce au correspondant de guerre Rudi Vranckx. “D’où viennent les réfugiés ? Pourquoi fuient-ils ? Dans quelle situation précaire se trouvent-ils, tant dans leur pays que sur la route de l’exode ?” Dans son discours de clôture, Alain De Laender, directeur coordinateur de la police fédérale de Flandre occidentale, a mis l’accent sur le lien avec la politique de diversité de la police intégrée. Il espère que cette journée, au cours de laquelle les aspects humains de la transmigration ont été abordés, aura amené une part de sensibilisation dans la lutte quotidienne contre le racisme et la discrimination au travail. Lien Verheye & Evelien Van Gelder
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AFFAIRES EN COURT
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Le téléphone de Louise
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Ethias Prevention Award pour la zone boraine
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BRUXELLES – Attention, information d’utilité publique ! La police intégrée et l’opérateur francophone de télévision Voo ont lancé le 13 avril une campagne de sensibilisation contre le cyberharcèlement. Elle est basée sur le drame vécu par Louise, 16 ans, qui s’est suicidée en septembre 2014 après avoir subi un déferlement de violence verbale sur son smartphone et les réseaux sociaux. Le père de Louise a participé activement au lancement et au soutien de cette action. Baptisée #No hate network, elle vise à promouvoir une utilisation plus responsable du médium internet. Et à expliquer aux internautes ce que peut être l’enfer du cyberharcèlement Le site www.letelephonedelouise.com vous plonge dans une pièce virtuelle sombre remplie de ballons sur lesquels sont inscrits les messages de haine adressés à Louise. Ces ballons représentent les bulles de messageries (sms, whatsapp, facebook…) fréquemment utilisées par les jeunes. Le parcours se termine au centre de la pièce où l’on trouve le téléphone de Louise. Une fois le manifeste signé, votre nom apparaît sur un grand mur parmi toutes les personnes qui ont, elles aussi, participé à l’opération #No hate network. Pas encore signé ? Alors n’hésitez pas : www.letelephonedelouise.com ! B.D.
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La zone de police boraine était, tout comme les zones des Fagnes et de GrâceHollogne, nominée dans la catégorie des services d’assistance1. Au final, c’est le projet de la zone hainuyère qui l’a emporté. Depuis près de huit ans, les policiers de la zone de police boraine vont à la rencontre des classes de sixième année primaire afin d’aborder différents thèmes, tels que le harcèlement, le cyberharcèlement, le décrochage scolaire, la traversée des voies de chemin de fer, l’environnement ou la sécurité routière. “Cette année, pas moins de 1040 élèves y ont pris part”, explique le chef de corps Marcel Staelen. “Nous souhaitons aider ces adultes de demain à devenir des citoyens responsables et à forger un lien de confiance entre les forces de l’ordre et la jeunesse. Ce projet mobilise nos policiers qui s’investissent activement à chacune de ses étapes. Par leur constant dévouement, ils ont permis de transporter le parrainage des enfants au niveau national.” © Jos Balcaen
© Ruben Accou
Olivier Bogaert et Claude Fontaine (DGJ)
COLFONTAINE – La police boraine (Boussu/Colfontaine/Frameries/Quaregnon/Saint-Ghislain) n’est pas peu fière ! Le 11 mai, elle a reçu un Ethias Prevention Award pour son projet de parrainage des enfants. La thématique de cette troisième édition était ‘La mobilité et les déplacements’. Plus de cent organisations ont pris part au concours.
Depuis 2013, Ethias organise les Ethias Prevention Awards dans le but d’encourager les initiatives prises par les collectivités ou les organisations sans but lucratif afin d’améliorer la sécurité de leur personnel ou de leurs usagers. B.D. 1
Découvrez les vidéos de présentation des projets des trois zones de police sur http://www.preventionawards.be/fr/finalistes-2016.html
BRUXELLES – L’objectif de l’asbl PHARE (Personne Handicapée Autonomie Recherchée) est de soutenir les personnes en situation de handicap au niveau de leur carrière et dans leur recherche d’emploi. L’association a organisé un Duo Day pour la deuxième fois. Pendant cette journée, ces personnes peuvent participer aux activités d’une entreprise ou d’une organisation de leur choix. C’est dans ce contexte que le 3 mai dernier, Christophe Douxchamps a passé la journée au call center de la Direction du recrutement et de la sélection de la police fédérale. Nancy Lauwers, qui l’a accompagné, nous explique : “Christophe (36 ans) souffre d’un léger handicap mental, mais c’était à peine perceptible. Chez nous, il a répondu au téléphone, à des mails et à des messages Facebook. Il a même développé un message publicitaire pour Facebook et Twitter. Étant donné qu’il s’agissait d’un ‘stage de découverte’, nous lui avons également fait visiter les écuries, la maréchalerie et les vestiaires de L’Escorte royale. Christophe a eu l’occasion également de s’installer dans une arroseuse et a manifesté beaucoup d’intérêt pour tous les aspects qu’offre une carrière à la police. Christophe travaille à mi-temps dans une société à Louvain-la-Neuve et porte dès lors un autre regard sur le call center. L’expérience a été enrichissante pour lui, mais pour moi aussi, car j’ai appris à connaître d’autres services de notre organisation.” S.V.P.
inforevue 022016
AFFAIRES EN COURT
R A DIO COM M U N IC AT ION I N T E R N AT ION A L E
Demo
ISITEP f
La coopération policière transfrontalière sur le terrain requiert des communications radio efficaces. De nos jours, la fonctionnalité de roaming des réseaux cellulaires commerciaux n’est pas possible entre les réseaux de radio nationaux des services de sécurité. Une brève démonstration a été donnée le 14 avril dernier pour prouver l’utilité d’une Inter System Interface. Une démonstration complète aura lieu en septembre avec encore plus de réseaux radio. BRUXELLES – Notre pays dispose du réseau ASTRID, le Luxembourg travaille avec Renita et les Pays-Bas avec C2000. La radiocommunication entre ces pays est jusqu’à présent impossible, alors que la criminalité ne connaît, quant à elle, pas de frontières. Une Inter System Interface (ISI) a été développée pour remédier à ce problème. Il s’agit d’un module qui permet le roaming entre les différents réseaux. Son fonctionnement a été détaillé lors de la démonstration du 14 avril à Bruxelles et ses alentours. Le commissaire Etienne Lezaack, de la Direction de l’information policière et des moyens ICT (DGR/DRI), nous donne un mot d’explication : “La démonstration était ce que l’on appelle un Field Training Exercise, à savoir un exercice sur le terrain. Pour pouvoir le réaliser, deux réseaux radio tests ont été installés (dont ASTRID), l’un avec un pylône sur le palais de justice et l’autre sur le parlement européen. Plusieurs scénarios réels ont été joués et à chaque fois, une frontière fictive a été tracée. Grâce à l’ISI, la radiocommunication a tout simplement pu se poursuivre.”
Rester en contact L’un des scénarios consistait en une poursuite qui franchissait une frontière fictive sur l’autoroute. Le commissaire Lezaack : “Grâce à l’ISI, les policiers à bord du véhicule de poursuite pouvaient rester en contact avec leurs collègues, mais aussi avec ceux du pays dont ils avaient franchi la ‘frontière’. Un deuxième exercice reposait sur une observation dans le centre de Bruxelles. La visite d’une délégation étrangère pour un sommet européen était le thème d’un troisième scénario. L’utilité de l’ISI a pu être démontrée dans toutes les situations.” “La journée s’est déroulée en deux phases”, ajoute le commissaire. “L’aprèsmidi, les participants ont reçu des explications sur la démonstration, sur le fonctionnement des radios, sur le roaming, etc. En outre, des radios ont été distribuées pour que les participants puissent s’exercer à effectuer eux-mêmes les manipulations spécifiques. Le premier exercice a débuté immédiatement après le lunch, avec l’atterrissage (fictif) d’un avion transportant une délégation étran-
gère. Les délégations ont pu entrer en contact avec leurs escortes via un groupe de discussion international et il a été possible également de communiquer les uns avec les autres. La salle ASTRID a été aménagée spécialement pour l’occasion afin de pouvoir suivre les exercices sur le terrain. Les images filmées en direct depuis la voiture de poursuite et la projection de cartes ont permis aux participants de voir quel réseau radio était actif et à quel moment précis on passait à un autre. Ainsi, le public pouvait se faire une idée claire de ce qui se déroulait sur le terrain. À l’issue de l’exercice, tous les acteurs se sont réunis et ont pu échanger leurs expériences.”
Et à l’avenir ? Pour le commissaire, les perspectives de l’ISI au niveau européen demeurent une énigme. D’après lui, la Norvège et la Suède mettront certainement l’interface en œuvre cette année. “Les gens de terrain comprennent tout de suite l’utilité de l’ISI”, conclut Etienne Lezaack. “De tels scénarios ne se présentent certes pas tous les jours. La radiocommunication internationale se révélerait également pratique dans l’approche du terrorisme et de la migration. Aujourd’hui, le moment semble bien choisi pour lancer une analyse coût-efficacité circonstanciée en vue de rendre trois ISI opérationnelles au sein du Benelux, puisque le renouvellement des réseaux radio belges, néerlandais et luxembourgeois vient d’être décidé.” Une nouvelle démonstration complète sera donnée fin septembre. Le nombre de réseaux tests utilisés sera encore plus élevé et les directions et services participants, même étrangers, y seront davantage encore représentés. S.V. P.
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A F F A I R E S E N C O U R T
Dans ce numéro, nous avons choisi de ne pas publier de résultats de compétition sportive ni d’annoncer de nouveaux événements, mais plutôt de mettre à l’honneur deux policières qui ont récemment (à nouveau) réalisé une belle performance. Il s’agit des inspecteurs Delfine
Persoon et Sofie Lenaerts, deux ‘sacrés bouts de femmes’ qui ont fait la une des journaux la
SPORT
même semaine.
Des femmes au sommet
Delfine (POLICE DES CHEMINS DE FER FLANDRE © Lavinia Wouters
OCCIDENTALE)
Le samedi 4 juin en soirée, Delfine a conservé son titre de championne du monde WBC des poids légers à Roulers, sa ville d’origine. Elle a battu la Dominicaine Christina Linardatou, alias Black Mamba, qui a dû s’incliner après dix rounds. Delfine a unanimement remporté la victoire aux points, en dépit d’une plaie béante à la tête dès le quatrième round. La championne n’a plus rien à prouver au monde de la boxe. Que ce soit au niveau européen ou mondial, il n’y a pas un titre qu’elle n’a pas remporté. “Il ne me manque qu’un titre olympique”, a déclaré Delfine dans plusieurs articles de presse. Le Comité international olympique (CIO) a décidé d’autoriser les boxeurs professionnels masculins à Rio, mais pour les femmes, rien n’a encore été décidé. Delfine espère ardemment avoir une chance de défendre les couleurs de notre pays au Brésil, même si cela pourrait signifier qu’elle doive renoncer à son titre WBC. “J’échangerais volontiers un seul titre de championne du monde contre une médaille d’or aux Jeux olympiques”, a-t-elle ajouté. La sportive de l’année 2015 continue à combiner la boxe avec son travail à la police des chemins de fer, mais admet qu’il devient de plus en plus compliqué de mener ses deux carrières de front.
Plus d’infos ? Consultez le site www.boxingdelfine.be (Delfine) et www.belgianeverestclimb.org (Sofie).
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Sofie (POLICE DE LA ROUTE BRABANT)
Sofie Lenaerts a attrapé le virus de l’alpinisme1, ce n’est pas un scoop. En mai, elle a escaladé le Mont Everest avec, qui plus est, une côte cassée en raison de quintes de toux. Elle est devenue, à cette occasion, la troisième femme belge à avoir gravi la plus haute montagne du monde (8 848 m). C’était la première fois que Sofie escaladait l’Everest et elle s’y était bien préparée. Il lui a fallu un mois pour arriver au sommet et revenir à son point de départ. Le 1e juin 2016, elle est passée dans l’émission De Afspraak sur la chaîne Canvas et y a raconté son expérience : “En fait, nous avons escaladé le sommet par le côté tibétain. La sensation d’être sur le toit du monde est tellement exceptionnelle qu’il m’est difficile de la décrire, mais j’en ai eu les larmes aux yeux. C’est vraiment extraordinaire de se trouver là et une chance qui n’est pas donnée à tout le monde. Bref, le summum ! On y aspire pendant si longtemps et on y travaille avec tant d’énergie que quand le rêve se réalise, l’émotion est indescriptible.” 1
Lire aussi Hors des sentiers battus, dans Inforevue 4/2011, p. 37.
Nos plus vives félicitations à toutes les deux ! S.V.P.
PA OFLFI A TIR E EISN EDNE CKOI U JK R ETR
SUCCESS STORY
Colis suspect Le 24 février 2016, le programme d’enquêtes FAROEK diffusait, à l’instar d’autres médias, les images d’un homme déposant un colis suspect en face d’une mosquée à Malines. Grâce à ces images, l’homme en question a rapidement pu être identifié.
M
Le programme est complété par une interview du porte-parole du parquet et est également mis en ligne. La chaîne de télévision régionale RTV diffuse le reportage. Un bref avis de recherche est également lancé sur la VRT. Le téléspectateur peut y voir le suspect déposer calmement un paquet devant la porte de la mosquée Al Buraq, vers 9h30 du matin. Peu après onze heures, l’homme est de nouveau filmé par les caméras de surveillance. Il vient voir si le paquet se trouve toujours aux portes de la mosquée. L’homme est ensuite aperçu dans une artère commerçante de la ville. Il porte une veste en cuir brune, un pantalon en jeans et des chaussures marron.
Étrange source d’inspiration
Suite à la diffusion des images dans l’émission, les enquêteurs ont recueilli plusieurs indices intéressants, lesquels ont finalement mené à l’identification du suspect. Il s’agit d’un homme âgé de 57 ans, originaire de Malines et présentant un casier judiciaire vierge. L’homme a été arrêté et entendu par les enquêteurs. Ce sont les événements de Paris et la menace permanente d’attentats qui lui
ont inspiré cet acte inconsidéré. Dès le début, il ne faisait aucun doute pour les enquêteurs que le suspect n’avait pas de réelle intention de nuire et regrettait déjà son geste. Le parquet d’Anvers, section Malines, a dès lors décidé de le relâcher après son audition. L’homme fera néanmoins l’objet d’un suivi. La police et le parquet remercient toutes les personnes ayant collaboré à la recherche de ce suspect.
S.V.P.
Illustration: Benoit Goesaert
ALINES – Dimanche 27 décembre 2015. À 12h15, la police locale de Mechelen-Willebroek reçoit un message signalant un colis suspect à proximité de la mosquée Al Buraq, située dans la Generaal De Ceuninckstraat. Il s’agit d’une boîte contenant un appareil électronique, une batterie et des câbles. Après une première vérification par la police, immédiatement après l’appel, il s’avère que le colis ne présente aucun danger. Le parquet d’Anvers, section Malines, ainsi que les enquêteurs de la police de Mechelen-Willebroek prennent néanmoins cette menace au sérieux et ouvrent une enquête. L’ensemble des images exploitables des caméras de surveillance sont visionnées et un suspect de sexe masculin est rapidement mis en cause. Les enquêteurs ne parviennent toutefois pas à retrouver son identité. En concertation avec le parquet, les enquêteurs se tournent vers les médias et le programme télévisé FAROEK. Un reportage est réalisé pour l’émission en question, alternant images des caméras de surveillance et photos.
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AFFAIRES EN COURT
S E N S I B I L I S AT ION
GR ÂCE À L’HÉLICOPT ÈR E
Rainbow Cops Belgium rencontre des aspirants
Visite inattendue à DAFA
f BRUXELLES – L’asbl Rainbow Cops Belgium (RCB) a vu le jour en 2012, à l’initiative de policiers qui estimaient qu’une organisation comme celle-là était nécessaire au sein de la police. D’une part, pour prendre en compte et défendre les intérêts des policiers/policières LBGT, et d’autre part, pour aider les policiers/policières confronté(e)s à des situations difficiles avec les membres de cette communauté. En matière de sensibilisation, RCB organise, en collaboration avec les écoles de police, des sessions d’information dans le cadre du cluster 12 ‘Contexte sociétal’ de la formation d’inspecteur. Les aspirants y reçoivent toute l’information utile à une meilleure compréhension de l’histoire et du monde des ‘Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres’ (LGBT) et de ses particularités. Durant ces exposés, ils entendent des témoignages. L’objectif est de faciliter la communication avec les personnes LBGT lors de leurs missions sur le terrain. Vu l’enthousiasme suscité par cette initiative à Liège puis à Namur, tant auprès des aspirants que des formateurs, l’école de police de Bruxelles (ERIP) leur a emboîté le pas en janvier 2016. Voici quelques réactions des aspirants francophones de la PROM 45 : - “Une découverte ! Tant l’existence de cette asbl que les actions qu’elle entreprend.” - “Une présentation intéressante, vivante, dynamique et interactive.” - “Les orateurs étaient motivés, impliqués et enthousiastes.” - “Leur partage d’expérience est très réaliste et crédible.” - “Une plus-value !” Pour plus d’informations sur les activités des RCB ou pour toute nouvelle proposition de collaboration, surfez sur www.rainbow-cops-belgium.be ou envoyez un courriel à rainbow.cops.belgium@gmail.com. S.V.P.
© Christian Berteaux
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© Lavinia Wouters
MELSBROEK – Le 20 avril dernier, la petite Maélyne (3 ans), accompagnée par sa maman et sa sœur, a rendu visite à ses sauveurs du Service d’appui aérien de la police fédérale (DAFA). Une semaine auparavant, la fillette était portée disparue alors qu’elle se trouvait dans un manège à Flémalle. Après trois heures de recherches ayant mobilisé des agents au sol et un chien pisteur, la caméra thermique de l’hélicoptère de la police a finalement permis de la repérer. “Vu son âge, la disparition de Maélyne avait immédiatement été jugée inquiétante”, nous confie David Rimaux de la Cellule personnes disparues. “La petite avait disparu sans laisser la moindre trace, si ce n’est son manteau, retrouvé derrière les écuries. La soirée était déjà bien avancée, il faisait donc nuit et, pardessus le marché, un orage se préparait alors qu’elle se trouvait dans un bois, à proximité d’un bassin dans une zone très difficile d’accès.” En dépit des mauvaises conditions climatiques, Dirk De Bie, pilote à DAFA, a toutefois décidé de décoller. L’observateur aérien Dimitri Buelens l’accompagnait dans l’appareil. L’histoire s’est heureusement bien terminée ! La maman de Maélyne a donc tenu à remercier les deux hommes. Pour Dirk et Dimitri, la visite de la fillette a été une surprise totale, remplie d’émotions. Dirk : “J’ai déjà vécu pas mal de choses, mais quand une si petite fille est concernée, c’est différent. C’est également la première fois que nous recevons de la visite après un sauvetage. Malgré ma longue carrière, cela me touche beaucoup.” S.V.P.
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Gabriel, 3e à Koh-Lanta
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A F F A I R E S E N C O U R T
F E E D B AC K Un retour sur les éditions précédentes d'Inforevue.
CONCOURS
Quand un glaçon trahit le coupable
Le jeu télévisé Koh-Lanta s’est achevé le vendredi 27 mai sur TF1. Le candidat belge Gabriel Gubbels, membre de la police aéronautique (voir Inforevue 01/2016, pp. 30-31), a terminé troisième. “J’aimerais participer à une nouvelle édition de l’émission. Si on me le proposait, je repartirais dès aujourd’hui. J’ai ainsi déjà posé ma candidature pour Le choc des héros où s’affrontent d’anciens aventuriers. Je n’aurai qu’une ambition : devenir le grand vainqueur”, a-t-il confié aux quotidiens du Groupe Sud Presse.
BRUXELLES – Aviez-vous trouvé qui est Freddo Rossini, dit ‘le Pavé’, dans la dernière énigme de Pol ? Il s’agissait du petit personnage à lunette qui prétendait être présent au bistrot “depuis deux heures”, alors qu’un glaçon était toujours bien dur et visible dans son verre. Parmi les bonnes réponses qui nous sont parvenues, une main innocente a désigné les vainqueurs qui reçoivent : • un port folio : Gwendoline Goret, Pierre Hauglustaine et Patrick Luyckx ; • un porte-gsm : Aristide Denis et David Peirlinck ; • un recueil de nouvelles policières : Valence Collart, Etienne Adam et Guy Delcourt ; • un kit médical : Pierre Maurer, Pieter Jan Depuydt et Tim Vervaet. En dernière page, Pol soumet une nouvelle enquête à votre sagacité. Elle porte sur un vol de tableaux. Vous êtes abonné et vous avez la solution ? Envoyez-nous vos réponses pour le mardi 16 août au plus tard : • soit par mail à cgc@police.belgium.eu • soit par courrier à l’adresse suivante : Jeux concours Inforevue 2015 Police fédérale Direction de la communication (CGC) Avenue de la Couronne, 145A 1050 Bruxelles Mentionnez vos nom, prénom, adresse et numéro d’abonné. Nous vous souhaitons de belles vacances ensoleillées et en toute sécurité ! La rédaction
Avis à nos lecteurs La réalisation du dossier sur les attentats du 22 mars à Bruxelles a entraîné une réorientation de notre pagination. Les rubriques ‘Flashé’ et ‘Out of Office’ n’ont pas été reprises dans cette édition, mais elles seront de retour dès septembre prochain. Il y a aussi du changement dans nos adresses mail :
• pour la gestion de votre abonnement ou pour participer à un concours : cgc@police.belgium.eu • pour contacter la rédaction : cgc.product@police.belgium.eu
ATTENTION : le groupe “Polsupport fr“ a été rebaptisé “Belgian Police Community fr“. Ce nouveau nom caractérise davantage 18/03/16 l’aspect intégré 15:23du groupe et met l’accent sur notre communauté. Le statut du groupe a également évolué vers un groupe secret. Nous souhaitons ainsi protéger davantage votre profil personnel et éviter que des personnes qui ne sont pas membres de la police aient accès au groupe. Vous étiez membre du groupe Polsupport ? Dans ce cas, vous êtes automatiquement devenu membre du groupe Belgian Police Community. Si vous n’êtes pas encore membre du groupe, il vous suffit d’envoyer votre demande d’adhésion avec vos nom complet, matricule et pseudo Facebook à CGC/Digital via l’adresse cgc.digital@police.belgium.eu.
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