Inforevue 1/2017 Fr

Page 1

bure au de depot de br ux el les x / p 409212 / Gér aldi ne B om al av enu e de la Cou r onne 145A 1050 b ruxelles

— Les bikers bruxellois: “tous égaux devant la loi !” — 8

16

24

TEAMS CANINS Formés à flairer les explosifs

CONTRÔLE FRONTALIER Ne loupez pas votre vol !

DRONES L’avenir de la photogrammétrie

012017

t r im est r iel / Jan v ier F év r ier Mar s 2017

MAGAZINE DE LA POLICE INTÉGRÉE


L’Inforevue est une publication de la Direction de la communication de la police fédérale

Rédacteur en chef: Benoît Dupuis Rédaction: Stefan Debroux, Nicolas Mangon, Juliette Saey et Saskia Van Puyvelde Lay-out et photographie: Ruben Accou, Jocelyn Balcaen, Christian Berteaux, Caroline Chaidron, Emmanuelle Glibert, Karolien Snyers et Lavinia Wouters Dessins: Emmanuelle Glibert et Benoit Goesaert Traductions: Service de traduction Direction de la communication Imprimerie: Goekint Graphics 059 51 43 43 Editeur responsable: Géraldine Bomal - Avenue de la Couronne 145A - 1050 Bruxelles Relations publiques et abonnement: Laurence Slachmuylders, Avenue de la Couronne 145A - 1050 Bruxelles Tél. 02 642 65 32 - Fax 02 642 60 97 Tarif d’abonnement: Belgique et autres pays: 10 euros Facture justificative: 1,25 euro pour frais d’administration et d’envoi. Un abonnement à Inforevue, le magazine de la police intégrée, donne droit à quatre numéros et est automatiquement prolongé sauf résiliation deux mois avant son échéance. Tous droits réservés. Dit magazine verschijnt ook in het Nederlands. E-mail: Gestion Abonnements: cgc@police.belgium.eu

Rédaction: cgc.product@police.belgium.eu ISSN: 1780-7638

La technologie au service des analyses

Le 18 janvier dernier, j’ai eu le plaisir de remettre un drone hypermoderne à la Police Fédérale de la route lors d’un point presse qui a drainé énormément de monde au Campus Vesta, à Anvers.

Dès à présent, cinq drones de l’IBSR sont utilisés par la Police Fédérale de la route dans tout le pays à la suite d’accidents survenus sur des autoroutes. Ces drones permettent de dresser un aperçu plus rapide de la situation et, par conséquent, de dégager plus rapidement la voie. Ils permettent, en outre, de résorber plus rapidement les files et d’éviter d’autres accidents dans les deux sens de circulation. Pour nous, le fait que les nouvelles technologies nous aident à rendre le trafic plus sûr est une excellente chose. La police constitue, dans ce contexte, un partenaire important et fiable. Les évolutions technologiques rendent nos véhicules et nos infrastructures toujours plus modernes et plus sûres.

Si nous souhaitons franchir des étapes supplémentaires vers davantage de sécurité, il est grand temps d’investir dans les nouvelles technologies dans le domaine de la gestion d’incidents. Pour bien comprendre comment les accidents se produisent réellement et comment il est possible de les éviter, il est indispensable d’investir dans des analyses poussées. Dans ce contexte, les drones peuvent fournir des informations pertinentes et précises sur la scène d’un accident. Au fil des ans, l’IBSR a accumulé une certaine expertise en matière d’analyses approfondies. La Belgique ne dispose, pour l’instant, d’aucun cadre législatif à ce sujet. L’IBSR espère que cette situation évoluera rapidement, de façon à ce que les données fournies par les drones, entre autres, puissent rapidement permettre la mise en pratique d’analyses approfondies. Ces prochaines années, l’IBSR ne se consacrera pas uniquement à la sécurité routière ; nous étendrons en effet nos activités à la sécurité au sens large. Notre tâche consistera, à nouveau, à changer les comportements. À l’avenir, nous espérons trouver en la police un allié dans ce domaine. Nous pourrons ainsi continuer à remplir notre fonction sociale et à rendre la vie de nos concitoyens plus sûre et plus agréable.

Karin Genoe Administratrice déléguée Institut belge pour la sécurité routière (IBSR)

2


inforevue 012017

8

24

TEAMS CANINS ‘EXPLOSIFS’ Formés à flairer les explosifs

34

8 12

POLICE LOCALE VOORKEMPEN La police s’installe dans une … minoterie hypermoderne

16

RENFORCEMENT DES CONTRÔLES FRONTALIERS Quand un déménagement vous fait rater votre vol ... STATISTIQUES POLICIÈRES DE CRIMINALITÉ Ouverture et transparence ANTI-BANDITISME Valeureux Liégeois

18

22

DRONES POUR PHOTOGRAMMÉTRIE 3D Présenter le site d’un accident au tribunal PRÉVENTION DE LA RADICALISATION CoPPRa : d’Ostende à Arlon

24

30

34

L’INVITÉ Mieux vaut une arrogance sincère qu’une fausse modestie

rubriques

45

Radar... 2

Les Experts...14 Historia...20

SuperCop...21

Out of office... 26

Un jour avec...32

Le Monde policier... 38 Casus...40

Les affaires en court... 41

012017 1


R ADAR

SUR LE VIF

CHRISTOPHE JADOT Christophe Jadot (34) est depuis 15 ans dans la grande famille de la police. Actuellement membre de la Police Judiciaire Fédérale de Liège, il est également passionné de beach volley depuis qu’il est tout petit. Il a d’ailleurs essayé de se qualifier pour les Jeux Olympiques avec son frère. C’est de cette passion que lui est venue l’idée d’intégrer l’équipe de volley créée par la Fédération sportive de la police belge. Il règne au sein de cette équipe une entente excellente et c’est pour lui un exutoire, un moment pour se vider l’esprit que d’y être. Deux de ses motivations sont : garder “un esprit sain dans un corps sain” et surtout “la fierté de pouvoir représenter la police belge.”

QUOTE

Le niveau de menace est toujours à 3, nous demandons à la population de nous signaler les situations suspectes. La commissaire générale Catherine De Bolle, Ter Zake, 8 février 2017

2

4

L A POLICE EN CHIFFRES

450 903 … conducteurs ont été soumis à un contrôle pendant les 9 semaines de la campagne Bob hiver 2016-2017. 2,3 % de ceux-ci roulaient sous l'influence de l'alcool (pour 2,5 % lors de campagne 2015-2016).

FACEBOOK

O U E S T B R A B A N T W A L L O N  :

DU VISUEL ET DE L’HUMOUR

Cette page de la zone de police Ouest Brabant Wallon (Braine-le-Château/ Ittre/Rebecq/Tubize) recueille un succès bien mérité avec pas moins de 17 000 abonnés. Elle surprend régulièrement par une approche dynamique et très visuelle. Actions policières, vie dans la zone de police, avis de recherches, campagnes de certains organismes, prévention, infos routière et animaux trouvés y apportent une grande diversité dans le contenu. Avec, souvent, une bonne touche d’humour. Son plus beau succès est une vidéo de prévention de l’alcool au volant vue par plus de 237 000 personnes. INFO www.facebook.com/www.policeouestbw.be/


L’ I N F O G R A P H I E

La police technique et scientifique en 2016

33 569 documents d’identité ou de voyage de ressortissants UE analysés

inforevue 012017

R ADAR

tweetwall @PoliceCharleroi Qui a des infos sur le vol de +-250 plaques de bronze (40-45) au cimetière de Charleroi Nord entre le 24/2 et le 3/3/17 ? #PoliceCharleroi

@zp3vallees

Les bonnes attitudes à avoir pour prévenir le harcèlement et le dénoncer. http://fb.me/1cIbOrGpr

@PoliceMouscron

147

interventions du Distater Victim Identification Team (DVI)

Vidéosurveillance urbaine à #mouscron : le parc de caméras renouvelé fait ses preuves http://buff.ly/2lHdaVr

@ZPNamur

Campagne de courtoisie au volant @AWSR_be Encourageons les gestes positifs, ils sont contagieux :-)

@policefederale

Même à la Saint-Valentin 100 personnes sont victimes de viol. Parlez-en et portez plainte ! https://www.youtube. com/watch?v=0YN6iIWhE1U … #100parjour

525

@HELI_FEDPOLFED

Cette semaine, deux de nos pilotes partent en formation pour maîtriser le MD520. #ToujoursApprendre

portraits robots réalisés

@ZP5327

Certains d’entre vous la reconnaissent, d’autres pas...#laboitejaune #seniorfocus

@CentreEPol

La journée d’études “Vers une meilleure contribution de la police dans le domaine de la santé mentale” est lancée à Jurbise. #santé #Police

470

@CentrexTraffic

“10 de conduite” chez Centrex Circulation Routière: déjà prêts avec des formations comme peines alternatives.

tests de polygraphie (détecteur de mensonge) réalisés

@AWSR_be

Namur: Le centre Perex en pleine mutation

@INTERPOL_HQ

4458,11

Gb d’images analysées par le laboratoire audio-vidéo

VIDÉO: Il est important de réfléchir avant de publier des photos de nos enfants sur Internet https://youtu.be/ EuG2vwjxltI #SaferInternetDay

@Europol 24 févr. Europol Director @rwainwright67: We have brought together some of the best investigators in Europe in the EMSC to tackle #migrantsmuggling

3


© Lavinia Wouters

R ADAR

4

F L A S H É

BOB et la neige Scènes hivernales à Bierges (Wavre) pour le ‘week-end sans alcool au volant’. De la soirée du vendredi 13 au lundi 16 janvier au matin, 136 zones de police locale et la Police Fédérale ont participé à cette action intégrée. Ce fut un succès (même si ce ne fut pas le cas pour certains chauffeurs).


inforevue 012017

R ADAR

5


R ADAR

G P S

Saisie record 20 février 2016 – Une saisie record d’environ 1 100 kilos d’héroïne est opérée dans le port d’Anvers. La drogue était dissimulée dans deux fours situés dans un container en provenance d’Iran. Six Néerlandais sont arrêtés. Cette enquête est le fruit d’une collaboration entre la douane et la police d’Anvers et la Nederlandse Landelijke Recherche. Le prix de revente des stupéfiants est estimé à quelque 68 millions d’euros.

Dans l’horeca 18 février 2017 – La police locale de Mouscron contrôle 2 établissements HORECA. Lors de cette opération menée avec l’AFSCA et l’ONEM, environ 110 noctambules sont contrôlés et 2 individus recherchés interpellés. Un établissement est mis sous scellé.

#vintagefriday

Instagram: policefederale

61 perquisitions 7 mars 2017 – La Police Judiciaire Fédérale (PJF) de Mons-Tournai procède, avec l’aide d’autres entités de la Police Fédérale, à 61 perquisitions à travers le pays et à l’interpellation de 34 personnes. Cette intervention, coordonnée par le Parquet fédéral, se déroule dans le cadre d’un dossier sur un trafic d’armes lié à la criminalité organisée des bandes criminelles de motards des No Surrender. Plus de 450 policiers sont engagés dans l’opération.

185 L’Escorte Royale accompagne feu le Roi Baudouin pendant sa visite à l’Expo 58, la première Exposition universelle après la 2e Guerre mondiale.

6

personnes contrôlées lors d’une action intégrée dans l’arrondissement de Liège dans la nuit du 10 au 11 février 2017.


inforevue 012017

R ADAR

Enlèvement 27 février 2017 – La zone de police Condroz-Famenne et la Police Judiciaire Fédérale de Namur arrêtent 4 personnes suspectées de l’enlèvement d’un responsable de société cinacien. La victime avait été brutalisée à de nombreuses reprises et finalement libérée par ses ravisseurs.

Bikers 2016 Quelques chiffres de 2016 des bikers bruxellois (p. 26) : 40 882 verbalisations (procès-verbaux et perceptions immédiates) dont 23 164 ou 56,66 % relatifs à la protection des usagers faibles. 33,74 % ou 13 794 verbalisations dans le cadre de la fluidité et de la sécurité dans les transports en commun, ainsi que 3 924 verbalisations pour d’autres infractions telles que le non-port de la ceinture de sécurité, l’utilisation du GSM, le franchissement d’un feu rouge, etc.

No Comment Comment réagir à une attaque au cocktail molotov ?

100

23/9

enfants, femmes et hommes sont quotidiennement victimes de violences sexuelles en Belgique (http://www.violencessexuelles.be).

la Fédération sportive de la police belge organisera à Nevele une action de solidarité baptisée Moving for Solidarity. Elle réunira des policiers marcheurs, coureurs et cyclistes, ainsi que le grand public au profit de la lutte contre le cancer.

https://tinyurl.com/fedpol

7


TEAMS CANINS ‘EXPLOSIFS’

Formés à flairer les explosifs

8


inforevue 012017

• Deux jours après les attentats du 22 mars 2016, la Police Fédérale, et plus spécifiquement la Direction de l’appui canin (DACH), a été chargée d’entraîner les chiens ‘explosifs’ des sociétés privées de gardiennage à détecter le TATP. Une première européenne. • À la Police Fédérale, 11 nouveaux teams canins ‘explosifs’ en formation seront bientôt opérationnels dans les aéroports belges. • DACH n’est plus uniquement un service d’appui (canin) policier mais devient un véritable centre d’expertise et de certification. TEXTE Stefan Debroux PHOTOGRAPHIE Jos Balcaen

Stéphane Wellemans

ZAVENTEM – Quelque 80 teams canins ‘explosifs’ appartenant à des sociétés privées de gardiennage sont déployés dans les aéroports belges pour contrôler le fret. Le flair de ces chiens est mis à contribution entre les containers, dans des hangars et sur le tarmac. Après les terribles attentats du 22 mars, le ministre de l’Intérieur a décidé de lancer au plus vite une formation des chiens ‘explosifs’ à la reconnaissance olfactive du TATP, alors que la substance ne figurait jusqu’alors pas sur la liste des explosifs détectables. Cette mission a été confiée à la Direction de l’appui canin de la Police Fédérale. “Tout a dû aller très vite”, explique Ellen Vankrunkelsven. Ellen a travaillé pendant des années pour une ONG active dans le domaine du déminage en Angola, en Tanzanie, au Cambodge, etc. Cette expérience lui est encore profitable dans sa fonction de formatrice de chiens ‘explosifs’. “Le TATP est une substance très instable et peu odorante, comme par ailleurs la plupart des explosifs. Nous avons pu faire appel aux experts de la Défense. Ils nous ont fabriqué un gramme de TATP, ce qui est suffisant pour la formation

des chiens. Le défi consistait surtout à présenter la substance à 90 chiens de manière ‘pure’, c’est-à-dire sans que leur bave ne souille l’échantillon. De plus, nous avons dû mettre en place un dispositif de test réaliste dans notre centre de formation de Neerhespen. Cela m’a coûté plusieurs nuits d’insomnie mais le 30 mars, huit jours après les attentats, nous avons entamé la formation TATP de 80 chiens appartenant à des sociétés privées de gardiennage.”

OPTIMALISATION

“Même s’il s’agissait d’une mission urgente inspirée par des circonstances exceptionnelles, elle correspondait à ce que l’on est en droit d’attendre de la part de l’appui canin fédéral”, déclare le commissaire divisionnaire Rony Vandaele, directeur de l’appui canin. “Dans

Chien ou machine ?

“Les exigences de sécurité dans les aéroports dépendent de la réglementation nationale, et surtout internationale. L’Europe fixe, ainsi, des normes de qualité pour les teams canins ‘explosifs’. Nous exerçons un contrôle de ces exigences de qualité, par exemple pour vérifier que les teams canins ‘explosifs’ sont en ordre de certification. Même s’il est parfois plus facile de faire confiance à un chien qu’à une machine, le chien n’est pas la solution miracle pour garantir la sécurité. C’est un maillon de la chaîne. Il n’y a pas si longtemps, de nombreuses fouilles étaient encore effectuées manuellement. Nous disposons à présent de scanners à rayons X et d’autres outils. Plus les technologies innovantes s’affinent, plus on peut automatiser de choses. Mais la sécurité sera toujours l’affaire d’une combinaison entre l’humain (et l’animal) et la technologie.” • Aviation Security Inspector • SPF Mobilité et Transports

9


TEAMS CANINS ‘EXPLOSIFS’

le cadre de l’optimalisation et du débat sur les tâches essentielles, une réflexion approfondie a été menée sur le rôle que doit remplir la Direction de l’appui canin. Notre direction s’est vu confier un nouveau fer de lance : garantir le savoir-faire. DACH doit évoluer pour devenir un centre d’expertise et de formation pour les teams canins policiers et les sociétés privées de gardiennage. Nous assurerons le contrôle de qualité dans toutes les branches de l’appui canin, notamment en certifiant les teams canins ‘explosifs’. Jusqu’il y a peu, les sociétés

LES CHIENS ‘EXPLOSIFS’ HIER ET AUJOURD’HUI

Par le passé, les chiens ‘explosifs’ étaient uniquement des bergers allemands. À présent, la police recrute également d’autres races pour ce travail, notamment les bergers malinois, les Border collies et les Springer anglais. Ces derniers sont des chiens de chasse de petite taille et à l’odorat redoutable, l’idéal pour effectuer des recherches dans des véhicules. Les premiers chiens ‘explosifs’ ont rejoint l’Escadron spécial d’intervention de la gendarmerie en 1985. La police des chemins de fer et la police aéronautique ont ensuite également recruté des chiens ‘explosifs’. La formation des chiens est-elle fort différente de ce qu’elle était autrefois ? Max  : “Oui, quand même. Là où la manière forte prévalait par le passé, l’approche est à présent plus positive et axée sur la récompense. Les produits et les odeurs utilisés sont plus nombreux et l’éventail d’outils techniques a considérablement évolué, par exemple avec les caméras que l’on peut attacher sur la tête d’un chien. Étant donné les récents attentats terroristes et les explosifs instables et facilement détonables utilisés, nous avons également revu notre méthode de travail sur le plan tactique, afin de garder davantage de distance.”

10

de gardiennage devaient se rendre en France pour obtenir une telle certification. Elles peuvent désormais s’adresser à nous. La formation TATP constitue donc un bel exemple de partenariat public – privé.”

DAVANTAGE DE TEAMS CANINS

Il y a quelque temps, en marge de l’optimalisation, tous les chiens de police fédéraux et leurs maîtres ont rejoint la Direction de l’appui canin, à une exception près : les chiens d’attaque des unités spéciales. “Nous entendons ainsi garantir un engagement optimal de tous les types de chiens policiers1“, déclare Rony Vandaele. “Pour vous donner une idée : en 2016, nous avons dénombré plus de 1 000 interventions, uniquement pour les six maîtres-

chiens ‘explosifs’ qui étaient alors disponibles. Depuis le démantèlement de la cellule terroriste de Verviers, le nombre d’interventions est allé croissant, avec de nombreuses fouilles préventives et perquisitions dans le cadre de dossiers terroristes. La décision de former onze teams canins ‘explosifs’ supplémentaires n’est donc en aucun cas un luxe et il est envisagé de les déployer principalement dans les cinq plus grands aéroports belges2. Ce renfort apportera certainement un petit peu d’oxygène.” f Outre les chiens ‘explosifs’, il y a également des chiens pisteurs, des chiens ‘drogues’ (y compris quelques chiens détecteurs de billets de banque), des chiens de contrôle de la migration, des chiens détecteurs de foyers d’incendie et des chiens de patrouille. 2 Bruxelles National, Gosselies, Bierset, Deurne et Ostende. 1

UN TRAVAIL D’ÉQUIPE À NEERHESPEN NEERHESPEN – DACH est désormais reconnu comme centre de certification. Dans le domaine de la sécurité aéronautique, il existe six types de certificats pour les teams canins ‘explosifs’ : contrôle du fret, contrôle des véhicules, contrôles des cabines et des soutes à bord des avions, contrôle des bagages à main et des bagages en soute, contrôle des locaux et contrôle des fournitures aéronautiques. Un certificat est toujours décerné à un team  : une combinaison fixe entre un homme et un chien. Pour rester autorisé à travailler dans les aéroports, il est obligatoire de suivre un recyclage tous les quatre mois. C’est-à-dire de passer par le centre de formation de Neerhesepen.


LES MAÎTRES-CHIEN ‘EXPLOSIFS’ LES FORMATEURS

Toon

Jeroen

Luc

“Une montagne de responsabilités’

“Mon boulot reste toujours à mes côtés’

“La persévérance finit par payer’

“Un maître-chien ‘explosifs’ doit faire face à une montagne de responsabilités. Il ne suffit pas de marcher aux côtés de son chien. Une telle conception est réductrice. Et incorrecte. Il faut être constamment à l’affût des moindres réactions de son chien. Si vous ‘libérez’ une pièce ou un autre lieu après une recherche, vous en portez la responsabilité. Après tout, un chien est un animal qui a ses bons et ses mauvais jours. Passer à côté d’un sachet de cannabis n’est pas catastrophique, mais un sachet d’explosifs …”

“Maître-chien n’est pas un métier nine-to-five. On rapporte son boulot chez soi. Un képi se range dans une armoire, mais le chien reste toujours à mes côtés. Pour autant, loin de moi l’idée de me plaindre. Après dix-sept ans à la police, j’ai une occasion en or pour faire de ma passion mon métier, et de mon travail un hobby.”

“À l’aube de la quarantaine et avec dix-huit ans d’intervention à mon actif, j’ai choisi de me spécialiser. Peu de candidats réussissent du premier coup l’épreuve d’admission à la formation de maître-chien. J’ai personnellement dû m’y prendre à deux fois. Cela prouve que la persévérance finit par payer. Tout est question de ténacité.”

• Inspecteur • Compagnon : Omega

• Inspecteur • Compagnon : Jarko

• Inspecteur • Compagnon : Nac

Max

i n f o r e v u e 0 1 2 0 1 72

TEAMS CANINS ‘EXPLOSIFS’

“Jamais de congés’

“Les chiens que nous sélectionnons sont, entre autres, particulièrement énergiques. Cela signifie qu’à tout moment, même en dehors des heures de service, il leur faut une grande attention pour arriver à canaliser cette énergie. On ne peut laisser à un chien policier la même liberté qu’à un chien ordinaire. Pour un maîtrechien qui emporte chez lui son compagnon, cela représente un sérieux engagement souvent sous-estimé. Un chien policier ne prend jamais de congés …”

• 28 ans d’expérience avec des chiens policiers • Formateur

Ellen Vankrunkelsven

“900 heures de formation et une patience de bénédictin’

“La formation des chiens et des maîtres qui doivent comprendre leurs moindres réactions est un travail de longue haleine exigeant une grande patience. Elle commence par un entraînement d’obéissance, indispensable dans toute formation canine, après quoi nous passons à un entraînement en reconnaissance de produits. Nous débutons par les odeurs de base avant d’élargir la gamme. Un point important consiste à apprendre à ‘fixer’, c’est-à-dire acquérir un schéma de recherche et une manière de réagir. Lorsqu’il a détecté une substance explosive, le chien doit réagir de manière passive, par exemple en se couchant. Il s’agit d’un élément crucial pour ne pas faire détoner l’explosif.” • Biologiste et experte en explosifs • Formatrice de chiens (‘explosifs’)

11


POLICE LOC ALE VOORKEMPEN

La police s’installe dans une … minoterie hypermoderne La minoterie de Brecht, située le long du canal, ouvre un nouveau chapitre de sa riche histoire. Ce bâtiment au passé industriel et archéologique remarquable et qui servait également d’entrepôt s’est mué en un complexe de bureaux. Non pas un simple immeuble de bureaux, mais bien un commissariat hypermoderne destiné à la police locale Voorkempen. Les sept sites qui accueillaient les différents services de police avant leur déménagement sont ainsi remplacés par un bureau de police central accessible 24 h sur 24, 7 jours sur 7. TEXTE Stefan Debroux PHOTOGRAPHIE Lavinia Wouters

DE MINOTERIE À COMMISSARIAT MODERNE

Le projet de la zone de police Voorkempen et des autorités locales de faire de l’ancienne minoterie un bureau de police remonte à 2013. Trois années se sont écoulées avant le début des travaux. Le rez-de-chaussée et les premier et deuxième étages du bâtiment ont été adaptés aux besoins de la police : aménagement d’un espace d’accueil, de salles de réunion ouvertes, de bureaux, de cellules, d’équipements nécessaires à l’installation d’un central d’appel, etc. Les 140 membres du personnel responsables de la sécurité à Zoersel, Brecht, Malle et Schilde ont investi les lieux au mois de février dernier. L’inauguration officielle du bâtiment pour le public a eu lieu le 4 mars.

DES AGENTS DE QUARTIER PLUS PROCHES DE LA POPULATION

Malgré la centralisation – trois postes de quartier seront conservés (à Zoersel, Schilde et Malle) – le chef de corps Geert Smet affirme non sans une certaine fierté que les agents de quartier seront désormais plus proches du citoyen. “Nous avons procédé à une nouvelle subdivision des quartiers, en établissant une distinction entre les zones davantage urbanisées ou les quartiers résidentiels et les zones plus étendues où les habitations sont plus éparses. À chaque zone son approche spécifique. Qui plus est, nous avons augmenté le nombre d’agents de quartier, qui passe de 21 à 24. Par ailleurs, les hôpitaux et instituts psychiatriques constituent désormais des ‘quartiers’ à part. Au total, Voorkempen compte à présent 24 quartiers, qui possèdent tous leur propre agent.” www.politievoorkempen.be


inforevue 012017

LA POLICE ANNONCE SON DÉMÉNAGEMENT DANS UN CLIP D’ANIMATION

C’est dans une vidéo postée sur YouTube que la zone de police Voorkempen a communiqué le lancement de son déménagement dans le nouveau commissariat de Brecht. Geert Smet, chef de corps : “Nous avons voulu annoncer ce déménagement de manière ludique. Nous aurions bien sûr pu opter pour la manière classique, mais cela aurait quelque peu manqué de fantaisie.” https://youtu.be/EGYLHd9TNXo

Geert Smet

13


LES EXPERTS

Pour surfer tranquille

Réseaux sociaux et voyeurisme Les réseaux sociaux sont malheureusement aussi utilisés comme outils de vengeance. Il est désormais fréquent qu’un partenaire qui s’estime injustement trompé ou rejeté, publie des images de celle ou celui avec qui il partageait son intimité. L’actualité récente nous a permis de découvrir ce groupe fermé, sur Facebook, dans lequel plus de 52 000 hommes publiaient des photos très privées de leur ex-compagne, en y joignant de commentaires ironiques ou insultants. L’occasion de rappeler l’existence dans notre code pénal de l’article 371/1, publié en février 2016 et qui punit désormais le voyeurisme. Il précise que “quiconque aura observé ou fait observer une personne ou en aura réalisé ou fait réaliser un enregistrement visuel ou audio, directement ou par un moyen technique ou autre, - sans l’autorisation de cette personne ou à son insu, - alors que celle-ci était dénudée ou se livrait à une activité sexuelle explicite,

Olivier BOGAERT

- et alors qu’elle se trouvait dans des circonstances où elle pouvait raisonnablement considérer qu’il ne serait pas porté atteinte à sa vie privée, se rend coupable de voyeurisme.” Les peines encourues sont de 6 mois à 15 ans de prison, en fonction de l’âge de la victime. En outre, l’infraction existe dès qu’il y a commencement d’exécution. Le législateur assimile donc la tentative à l’acte accompli.

Allo, le Contactcenter ?

0800 99 272 federal.contactcenter@police.belgium.eu

Et les allocations familiales ? Pascal COLLARD

Depuis le 1er septembre 2016, la gestion des dossiers d’allocations familiales a été reprise par FAMIFED, l’Agence fédérale pour les allocations familiales. Cette modification s’inscrit dans le cadre de la 6e réforme de l’Etat et du transfert de cette compétence vers les entités fédérées. Concrètement, rien ne change pour vous, il n’y a aucune démarche à entreprendre, seuls vos interlocuteurs ont changé.

14

En tant que bénéficiaire d’allocations, un courrier vous a normalement été adressé. Il mentionne les coordonnées de votre gestionnaire de dossier. Plus d’info ? • Sur internet : www.famifed.be • Par téléphone : 0800 94 434


Sur la route

Etre ‘en état de conduire’ Quand on parle du fait qu’un conducteur doit être en état de conduire pour prendre le volant (voir l’article 8 du code de la route), on pense immédiatement à la conduite en état d’intoxication alcoolique ou sous l’influence d’une drogue interdite. Pour ces deux problématiques importantes, nous disposons heureusement d’outils de mesure. Mais il est bon de se rappeler de temps à autre que la notion d’ ‘être en état de conduire’ concerne aussi d’autres situations que la consommation d’alcool ou de drogues. Voici deux exemples pour lesquels nous ne devons pas oublier de sensibiliser les citoyens dans l’exercice de nos missions. Ainsi, les médicaments : censés nous guérir de mille maux, ils peuvent pourtant avoir un effet très

inforevue 012017

LES EXPERTS

néfaste sur la conduite d’un véhicule. Avant la prise de tout nouveau médicament, il est indispensable de lire attentivement la notice et de demander conseil à son médecin pour connaître les effets de celui-ci sur la conduite. Le médecin pourra vous dire si vous êtes (encore) apte à conduire et, le cas échéant, combien de temps vous devrez laisser la voiture au garage. Une très grande fatigue peut mettre également le conducteur dans un état tel qu’il n’est plus en état de conduire en toute sécurité. Ainsi, une personne qui n’a pas dormi depuis 21 heures subit une baisse des performances de conduite similaire à celle correspondant à une alcoolémie de 0,8 g !

Olivier QUISQUATER

Comment dire …

A propos des déplacements furtifs … Dans le domaine de la circulation routière, le mot néerlandais sluipverkeer ne connaît pas d’équivalent figé en français et n’est donc pas toujours aisé à traduire. Littéralement, il s’agit de circulation (verkeer) qui se déplace furtivement, sans se faire remarquer (sluipen) … Dans la pratique, ce terme désigne le phénomène (indésirable) des conducteurs qui empruntent le réseau routier secondaire afin d’échapper aux encombrements (files, accidents …) sur l’autoroute ou d’autres grands axes, aux contrôles de police, au paiement d’une taxe routière, etc. En français, plusieurs traductions sont envisageables, à condition de les utiliser dans un contexte parfaitement clair, sous peine de ne pas pouvoir les décrypter. Ainsi, on rencontre assez fréquemment les expressions ‘trafic de contournement’, ‘trafic de fuite’ et ‘trafic parasite’, quelle que soit la cause du phénomène. Nous avons par ailleurs entendu récemment, dans l’actualité, une personnalité parler d’un ‘phénomène de déport’ pour dési-

Olivier LOUYS gner les poids lourds qui ‘se déportent’ sur les petites routes non soumises à une redevance kilométrique. Ce choix ne nous semble toutefois pas aller de soi, car l’usage est encore très loin de l’avoir consacré. Notons enfin qu’en néerlandais, le terme sluipweg s’utilise à la fois au sens propre pour désigner le chemin que l’on suit pour éviter les encombrements, mais aussi au sens figuré, signifiant alors ‘voie détournée’, ‘subterfuge’.

15


R ENFORCEMEN T DES CON TRÔLES FRON TA LIER S

Quand un déménagement vous fait rater votre vol... • D’ici peu, les ressortissants des États membres de l’Union européenne qui souhaitent entrer dans l’espace Schengen ou en sortir seront également soumis à des contrôles frontaliers renforcés dans les aéroports. • Les voyageurs feraient bien de s’assurer qu’ils ne font l’objet d’aucun signalement, même pour une peccadille. • Quiconque ‘oublierait’ de signaler un changement de domicile pourrait voir son voyage lui passer sous le nez. TEXTE Stefan Debroux PHOTOGRAPHIE Lavinia Wouters

ZAVENTEM – Nous vous présentons Jef, un père de famille honnête et qui travaille dur. Munis de leurs passeports et de leurs billets d’avion (à destination du Canada), lui et sa petite famille se dirigent vers le poste de contrôle frontalier. Dans la file d’attente, Jef réfléchit à ces dernières semaines : le rush au travail, la préparation du voyage, le déménagement et les innombrables caisses à défaire... C’est alors qu’il se souvient, dans un soupir, du courrier de la police l’invitant à signaler son changement de domicile. Dès qu’il sera de retour du Canada, il fera un bond à la maison communale pour régler les formalités administratives. Mais ce que Jef ne sait pas encore, c’est que cette désinvolture ne sera pas du goût du policier au bout de la file. Lorsque ce dernier recherche son nom dans la banque de données policière, une lampe rouge commence pour ainsi dire à clignoter. “Monsieur, vous êtes signalé. Je vous prie de vous mettre sur le côté. Mon collègue arrive de suite afin de vous amener dans nos bureaux. Nous devons clarifier ce signalement.” Jef est abasourdi. Sa femme et ses deux enfants ont l’air déconfit. Leur avion décolle dans moins de deux heures... Vont-ils manquer leur vol ?

16

“Il est rare qu’une personne rate son vol à cause d’un tel incident, mais cela

est déjà arrivé”, déclare Koen Gielen de la police aéronautique à BruxellesNational. “Nous sommes à présent obligés d’examiner et traiter tout signalement. Cela signifie que nous devons prendre contact avec le parquet ou le service de police à l’origine du signalement.”

ESPACE SCHENGEN Jusqu’il y a peu, le Belge moyen pouvait franchir relativement vite le poste de contrôle frontalier. En général, le contrôleur frontalier faisait trois choses : contrôler la validité et l’authenticité du document d’identité et du billet d’avion, et vérifier que la photo correspond bien à la personne devant lui. “Et c’est toujours ce que nous faisons à l’heure actuelle”, précise Koen Gielen. “Mais une nouvelle disposition de la réglementation Schengen prévoit que nous devons désormais contrôler, dans les banques de données policières, tout voyageur qui entre dans l’espace Schengen ou qui en sort . En cas de ‘hit’, un contrôle approfondi est effectué. Et cela prend du temps...” f Les contrôles frontaliers renforcés s’appliquent non seulement aux voyageurs à Bruxelles-National mais aussi à l’ensemble des voyageurs qui entrent en Belgique ou en sortent par le biais d’une ‘frontière Schengen’, donc également via les aéroports de Bierset, Gosselies, Deurne, Ostende et Wevelgem, l’Eurostar vers ou à destination de Londres et les ports maritimes.

1

TOP 2 DES RAISONS

POUR LESQUELLES DES VOYAGEURS SIGNALÉS RATENT LEUR AVION

1. Le fait de ne pas avoir déclaré un changement de domicile 2. Être déchu du droit de conduire Il s’agit de signalements ‘mineurs’ souvent sans aucun lien avec des faits criminels. Les personnes qui sont signalées parce qu’elles sont suspectées d’avoir commis une infraction et qui doivent être entendues risquent en revanche davantage de rater leur avion.


inforevue 012017

DÉSIGNALEMENT

Les difficultés rencontrées lors du contrôle frontalier ne découlent pas toujours de l’étourderie des voyageurs mêmes. “En effet”, confirme Koen. “Il arrive que des policiers ne soient pas toujours d’une grande rigueur par rapport aux signalements, plus précisément les ‘désignalements’. Ne pas désignaler une personne lui posera des problèmes lors du contrôle frontalier et entraînera une perte de temps inutile car nous ne pouvons pas savoir a priori qu’il s’agit d’un ‘oubli’.”

�Nous préférerions bien entendu que personne ne rate son avion, mais nous prenons chaque signalement au sérieux.�

Koen Gielen • Commissaire – Immigration/contrôle frontalier • Police aéronautique Bruxelles-National

PRIVÉ DU PERMIS DE CONDUIRE ? RÉFLÉCHISSEZ AVANT DE PRENDRE VOTRE VOL !

“Comme il vaut mieux prévenir que ne pas pouvoir partir, Koen Gielen donne quelques conseils afin d’empêcher de tels incidents : “Vous avez reçu un appel de la police – par exemple, afin de restituer à temps votre permis de conduire – ou la police attend une déclaration de votre part ? Il se peut que vous fassiez l’objet d’un signalement. Il est alors préférable de vous rendre au commissariat de votre zone de police ou de prendre contact avec votre agent de quartier. Et si vous avez récemment donné suite à une convocation de la police, il peut être judicieux d’emporter dans vos bagages une attestation de votre visite à la police. Cela peut vous éviter de nombreux désagréments et une perte de temps considérable lors du contrôle à l’aéroport.”

17


S TAT IS T IQU E S POL IC IÈR E S DE CR I MI NA L I T É

Ouverture et transparence • La publication des statistiques policières de criminalité constitue une forme de communication ouverte et transparente sur les infractions enregistrées par les services de police locaux et fédéraux. • Les statitistiques de criminalité sont un indicateur populaire de la criminalité enregistrée en Belgique. • Elles constituent le fondement d’une politique de sécurité basée sur des éléments concrets. Mais les chiffres ne disent pas tout. TEXTE Stefan Debroux et Juliette Saey ILLUSTRATION Emmanuelle Glibert

[1]

La source : le policier/la policière

Les policiers et policières des services de police locaux et fédéraux sont à la source des statistiques de criminalité. Lorsque ceux-ci constatent une infraction – cambriolage, agression, vol de bicyclette, escroquerie, etc. –, ils rédigent un procèsverbal initial. Les tentatives sont également prises en compte.

[2] Le flux : PV – système – statistiques

Les PV sont enregistrés dans un système informatique, puis traités par BIPOL1. Cette équipe d’experts de la Police Fédérale extrait les données (l’infraction, le lieu où elle a été commise, l’âge et le sexe des suspects connus, etc.) des PV et les convertit en statistiques.

[3] L’outil : pour jongler en ligne avec les chiffres

Grâce à l’outil interactif www.stat.policefederale.be, les citoyens, la presse, les policiers et les partenaires de la police dans le domaine de la sécurité peuvent accéder à des tableaux récapitulatifs et des rapports indiquant des tendances. L’outil permet également de générer soi-même des statistiques et d’établir des comparaisons par année, lieu de perpétration ou type d’infraction.

1

18

BIPOL est la Business Unit Police Management Accounting de la Direction de l’information policière et des moyens ICT de la Police Fédérale. Il s’agit concrètement d’une équipe composée d’experts en données et d’analystes stratégiques


© Jos balcaen

inforevue 012017

”Comparer, oui, mais prudemment” • Patrizia Klinckhaemers • Conseillère et experte en données • BIPOL – Police Fédérale

“Les statistiques de criminalité permettent à la police et à ses partenaires dans le domaine de la sécurité de suivre de près les évolutions, de détecter plus rapidement les nouvelles tendances criminelles et, si nécessaire, d’adapter la politique de sécurité. Nous devons toutefois être très prudents. Les statistiques ne disent pas tout. Pour certaines formes de criminalité, il existe un chiffre noir très élevé, ce qui signifie que les faits ne sont pas tous signalés. À titre d’exemple, les victimes de violences sexuelles sont très peu enclines à porter plainte. Par ailleurs, le degré d’attention que la police accorde à un phénomène ou à un type d’infraction a également un impact sur les chiffres. Par exemple, pour les infractions liées à la drogue, le port illégal d’armes ou les séjours illégaux, le nombre de faits dépend fortement des actions entreprises par la police. Cette criminalité, il faut ‘la trouver’ : plus on la recherche, plus on découvre de faits. En revanche, pour d’autres catégories d’infractions, comme les cambriolages, les vols à main armée ou les dégradations, les choses sont différentes, puisqu’on nous ‘amène’ les faits. En effet, une victime ou un témoin signale une infraction à la police et celle-ci dresse procès-verbal.”

”Pousser l’analyse plus loin” © Lavinia Wouters

• Guy De Cock • Commissaire • Carrefour d’information d’arrondissement d’Anvers (SICAD)

”J’analyse avant de transmettre” • Véronique Davaux • Conseillère et responsable du Service d’Analyse Stratégique • Zone de police d’Ottignies/Louvain-la-Neuve

© Jos balcaen

“Parfois, je dis à mes collègues, lorsqu’ils analysent un phénomène en particulier : ‘dis-moi ce que tu veux prouver et je te donnerai les statistiques’. Ce que je veux dire, c’est qu’il y a différentes manières d’examiner les statistiques. Prenons l’exemple du vol de véhicules. Imaginons que la tendance globale soit à la baisse dans tout l’arrondissement. En soi, ce serait une bonne nouvelle, mais en poussant l’analyse plus loin, vous constaterez peut-être que telle ou telle marque est beaucoup plus souvent ciblée. Ce qui peut s’avérer préoccupant. La plusvalue que nous apportons, c’est d’essayer de détecter des tendances et des problèmes sous-jacents que l’on ne pourrait pas directement soupçonner, et encore moins expliquer, en ne considérant que les statistiques globales. Si nous cherchons quelque chose de très spécifique ou de très complexe, nous nous adressons bien sûr à BIPOL, le service central de la Police Fédérale. Et soyez rassuré : je suis un client satisfait, car nous recevons toujours des réponses précises et concrètes, et ce malgré les délais souvent très serrés.”

« Les statistiques policières de criminalité sont un réel atout. En effet, elles viennent consolider les données recensées dans nos bases de données locales. Cela pour assurer le suivi des phénomènes criminels ainsi que la problématique de la circulation routière faisant partie des priorités du Plan Zonal de Sécurité. Ces données, je les analyse avant de les transmettre en interne. Une autre plus-value repose sur la complétude de mes données locales. Ceci, d’une part avec les faits constatés par une autre zone pour des faits commis sur le territoire d’Ottgnies-LLN. Je pense notamment aux coups et blessures volontaires ou les faits de vols avec violence. Et d’autre part, les données de l’arrondissement permettant une vision plus élargie d’un phénomène tel que les cambriolages. A tout moment, je peux compter sur l’équipe de BIPOL de la Police Fédérale qui me fournit tout ce dont j’ai besoin dans des délais très rapides. Dès lors, c’est pour moi un réel partenaire dans mon travail quotidien mais également lors de la présentation du bilan du PZS au Conseil zonal de Sécurité pour la communication externe auprès des citoyens. »

19


HISTORIA

La Volkswagen Coccinelle une voiture de police de légende En 1938, Hitler charge Ferdinand Porsche, ingénieur autrichien, de concevoir la Volkswagen Coccinelle. Il s’agit du premier véhicule construit par le fabricant automobile Volkswagen, dont le nom signifie littéralement “la voiture du peuple”. Sa forme particulière lui vaudra le surnom de Coccinelle ou de Beetle en anglais.

La production de ce modèle reprend en Allemagne immédiatement après la Seconde Guerre mondiale. En 1946, la 10 000e Beetle sort de l’usine et marque un premier tournant dans le succès du modèle. Outre son look particulier (F. Porsche a testé la voiture dans une soufflerie à l’échelle), nombreux sont les automobilistes qui apprécient la technique simple et robuste de la VW Coccinelle. Le moteur à refroidissement par air et à cylindres horizontaux opposés monté à l’arrière en fait une voiture idéale pour l’hiver car le poids repose principalement sur l’axe arrière. Alors que des voitures d’autres marques dérapent, la VW grimpe sans souci les pentes enneigées.

La Beetle sera adaptée à plusieurs reprises au fil des ans : le changement le plus important date des années 70, lorsque la Coccinelle classique est rejointe par les modèles 1302 et 1303, que le fabricant automobile appelle les Superbeetles. La Volkswagen Coccinelle de la police de Crainhem, exposée au ‘Forum de la Police Fédérale’, date de cette période. La plupart des polices communales ont utilisé le célèbre modèle VW jusqu’à la fin des années 70, car il était bon marché à l’achat et à l’entretien. À Bruxelles, il était reconnaissable à sa cou-

20

leur blanche et à sa bande bleue, aux deux sirènes de police placées à hauteur du pare-chocs avant, ses feux clignotants sur les ailes et à son gyrophare sur le toit bien visible la nuit. Les brigades de gendarmerie possédaient également des Coccinelles dans son parc automobile, mais elles ne possédaient pas d’équipements spéciaux.

La Coccinelle a été fabriquée jusqu’en 2003. Avec 20 millions d’exemplaires, elle détient le record du modèle le plus longtemps produit. Plusieurs faits démontrent sa popularité et la nostalgie qu’elle sus-

cite : l’éditeur suisse EDITIONS ATLAS a créé un livret et un modèle réduit de la Coccinelle de police de Crainhem et en ce début d’année, cette dernière trônait dans le hall d’entrée d’Autoworld à l’occasion de l’exposition VW Love bugs Art & Publicity cars.

Astrid Vierendeels


18/01/2017

02h00

Quiévrain

Mickael et Nicolas A

Aide Lorsqu’ils sont arrivés sur les lieux, Mickael et Nicolas se sont demandés ce qu’ils allaient faire de ce jeune homme en quasi hypothermie. C’est à ce moment-là qu’il fallait enfiler la casquette ‘services sociaux’ et venir en aide à cette personne en danger. “On laisse tomber la casquette de policier.”

B

BA/Bonne action “C’est notre BA du jour”, nous confientils. En effet, à chaque pause, nos deux inspecteurs essaient de faire leur BA. Même si le métier de policier est rempli de bonnes actions effectuées au quotidien.

M

P

Passion Être policier n’est pas un métier de tout repos et il requiert un minimum de passion. Nicolas, policier depuis douze ans, a eu envie d’exercer ce métier pour suivre les traces de son parrain. Pour Mickael, policier depuis dix ans, c’est également une histoire familiale. “C’est un virus dans la famille”, nous dit-il. En effet, cinq autres membres de celle-ci font partie de la police.

S

Satisfaction Après cette intervention, c’est un sentiment de satisfaction que ressentent nos deux hommes. Ils ont fait leur devoir et pour eux, c’est quelque chose de tout à fait normal. Ça fait partie de leur métier et sont contents d’avoir pu trouver une place au chaud pour ce jeune homme en difficultés et en danger, et le sortir de la rue.

inforevue 012017

SUPERCOP

Appelés pour du grabuge, Mickael et Nicolas, de la zone de police des HautsPays (Dour/Quiévrain/ Honnelles/ Hensies) sont intervenus aux alentours de deux heures du matin à la rue Royale à Quiévrain. En arrivant sur les lieux, ils se sont vite rendu compte qu’il ne s’agissait pas d’un jeune homme qui voulait mal faire. Cet hiver, nous avons connu de grosses vagues de froid et les températures nocturnes sont très vite tombées sous le zéro. À la rue après avoir été victime de violence intrafamiliale, cette personne, frigorifiée, sonnait aux portes afin de trouver un endroit où se réchauffer. Les policiers ont alors essayé d’en savoir plus sur ce qui lui était arrivé mais l’homme n’était pas très bavard. Afin qu’il ne passe pas la nuit dehors et ne mette pas sa vie en danger, ils l’ont emmenés au CPAS de Mons. Derrière le courage, la force, le sang froid … il faut aussi du cœur pour être policier. Juliette Saey

Merci C’est ce seul mot qu’a adressé le jeune garçon secouru à nos policiers. Rien d’extravagant, pas de grands mots, un simple ‘merci’. Un mot qui marque la reconnaissance et le respect souvent oubliés par nombre de citoyens lors des interventions policières.

21


ANTI-BANDITISME

Valeureux Liégeois Fin 2016, la province de Liège était en proie à une série de tigerkidnappings ciblant des gérants d’agences bancaires et leurs familles. Les auteurs ont pu être interceptés, grâce à la mobilisation intensive de la Police Judiciaire Fédérale de Liège, en partenariat avec plusieurs services. Retour sur une collaboration couronnée de succès. TEXTE Nicolas Mangon PHOTOGRAPHIE Christian Berteaux

22


inforevue 012017

LIÈGE – Les tigerkidnappings, des braquages violents précédés de prises d’otages et de séquestrations, sont des actes au caractère particulièrement éprouvant pour les victimes, entraînant généralement de lourds traumatismes psychologiques. Avant de passer à l’acte, les auteurs effectuent de nombreux repérages, observant patiemment leurs victimes avant de fondre sur elles, comme le tigre sur sa proie. À l’automne dernier, le gérant d’une banque amaytoise (près de Huy) et sa famille ont été la cible de l’une de ces attaques. Quelques semaines plus tard, c’est à Grivegnée, toujours en région liégeoise, que se produisaient des faits du même type. Les véhicules du banquier et de sa compagne avaient été retrouvés incendiés quelques heures plus tard. La PJF de Liège a mené l’enquête, qui a finalement débouché sur l’arrestation de deux auteurs présumés, le 30 décembre dernier. Les malfrats étaient également impliqués dans deux autres tigerkidnappings récents

Philippe Pittier

(dont celui de Huy) et s’apprêtaient visiblement à en commettre d’autres avec l’aide d’un troisième larron, qui a été identifié mais est toujours dans la nature à l’heure actuelle. L’enquête se poursuit. Ce beau succès à mettre à l’actif de la Police Judiciaire Fédérale liégeoise résulte toutefois d’une collaboration intense avec d’autres entités, notamment la police locale, ainsi que de la mise en œuvre d’une série de moyens spéciaux. “Plusieurs méthodes particulières de recherche ont en effet été utilisées”, confirme l’inspecteur principal (INPP) Philippe Pittier, qui a collaboré à l’enquête dans les rangs de la PJF. “Les auteurs étaient connus de nos services. Nous les tenions à l’œil depuis un certain temps. L’un d’entre eux était d’ailleurs en congé pénitentiaire, sous bracelet électronique …” “Un dispositif d’observation a été mis en place avec les unités spéciales (POSA de Liège), ainsi que des surveillances de téléphonie et de connexions Internet, des analyses de balises GPS utilisées par les auteurs sur les véhicules des banquiers, etc.”, poursuit l’INPP Pittier. “Tout ce travail est le fruit d’une collaboration de tous les instants avec nos collègues du peloton POSA qui, au fil de leurs observations, sont parvenus à identi-

fier différents points de chute et habitudes de vie des auteurs. La police locale de Liège a également joué un grand rôle. Je pense essentiellement au Peloton Anti-banditisme, qui a procédé à l’interception des auteurs et s’est montré particulièrement réactif dans cette enquête, notamment en menant toute une série de perquisitions.” Pour le Directeur judiciaire (DirJud) de Liège, Eric Snoeck, cette victoire face au banditisme constitue un exemple supplémentaire de la plusvalue concrète d’une PJF dans la résolution de problèmes de sécurité graves. “Malgré la réorientation d’une dizaine d’enquêteurs vers la division antiterrorisme, c’est un magnifique résultat pour notre division de lutte contre la criminalité contre les biens”, précise le DirJud. “Par ailleurs, cette focalisation sur des faits de criminalité violente tels que les home invasions ou tigerkidnappings nous empêche d’adopter une approche ambitieuse du phénomène des vols dans les habitations, un véritable fléau dans notre arrondissement. Ceci étant dit, ces réorientations n’entament en rien la motivation et le professionnalisme de nos hommes, comme l’a démontré l’opération de décembre dernier.” f

”Tout ce travail est le fruit d’une collaboration de tous les instants avec nos collègues du peloton POSA qui, au fil de leurs observations, sont parvenus à identifier différents points de chute et habitudes de vie des auteurs.” 23


DRONES POUR PHOTOGR AMMÉTRIE 3D

Présenter le site d’un accident au tribunal Pour représenter le site d’un accident, les policiers n’ont qu’une seule chance. Une fois les débris retirés et les véhicules remorqués, toutes les informations essentielles ont disparu. En outre, il convient de libérer l’autoroute au plus vite afin d’éviter d’autres accidents. Les dommages économiques et écologiques causés par de longs temps d’attente nécessitent également une intervention rapide. La photogrammétrie 3D à l’aide de drones offre la solution. TEXTE Saskia Van Puyvelde PHOTOGRAPHIE Lavinia Wouters

IBSR

Depuis janvier 2017, l’Institut belge pour la sécurité routière (IBSR) met deux drones ultramodernes à la disposition de la Police Fédérale de la route. Ces drones permettent de fournir plus rapidement des images plus précises d’une scène d’accident. Les files causées par un accident sont moins longues et il y a moins de risques de nouveaux accidents. Pour bien comprendre les causes des accidents et, surtout, déterminer comment les éviter, l’IBSR veut se servir des données fournies par les drones pour mener des analyses approfondies. Ainsi, l’Institut examinera la cause des accidents en vue de recherches scientifiques. Actuellement, la Belgique connaît encore des lacunes législatives en matière d’“accidentologie”, mais l’IBSR espère un changement rapide. En effet, une analyse approfondie pourra être menée rapidement dans la pratique et des initiatives pourront ensuite être prises en vue d’améliorer la sécurité routière.

LA POLICE FÉDÉRALE DE LA ROUTE DE FLANDRE ORIENTALE

❙ S’est vu attribuer un drone équipé d’une caméra 3D (dont l’autonomie de vol est de 16’), ❙ S’en servira pour la photogrammétrie. ❙ A désigné deux personnes qui suivront bientôt une formation poussée. ❙ Ce duo se compose d’un pilote et d’un assistant.

24

LA POLICE FÉDÉRALE DE LA ROUTE D’ANVERS

❙ Dispose d’un drone équipé d’une caméra 3D (dont l’autonomie de vol est de 11’). ❙ Dispose de deux pilotes de drone formés. ❙ Une équipe ‘Accidents Photogrammétrie’ est à l’œuvre depuis le 1er janvier 2010. Cette équipe spécialisée intervient dans le cadre de la constatation d’accidents graves de la circulation sur le réseau autoroutier au sein de la province d’Anvers, ainsi que, à titre exceptionnel, en dehors de celle-ci. Les membres de cette équipe ont recours à la photogrammétrie 2D et, depuis peu, également à la photogrammétrie 3D.


inforevue 012017

PHOTOGRAMMÉTRIE

❙ Technique de réalisation de mesures sur la base de photos aériennes ou de photos prises à l’aide d’une perche télescopique. ❙ Grâce au drone, la police de la route peut survoler le site de l’accident en quelques minutes, dès son arrivée sur les lieux, et tout enregistrer (de manière numérique) sans devoir procéder à une quelconque mesure.

DE LA 2D À LA 3D

❙ La photogrammétrie 2D ne tient pas compte de la troisième dimension, à savoir la hauteur. ❙ La photogrammétrie 3D ne nécessite plus le marquage et l’évacuation préalables de tous les débris avant de pouvoir prendre des photos et permet également l’enregistrement des traces situées en dehors de la voie de circulation ❙ Par rapport à la photogrammétrie 2D, l’utilisation d’un drone et de la photogrammétrie 3D permet dans de nombreux cas de réduire de plus de moitié le temps nécessaire pour analyser l’ensemble du site de l’accident.

25


26 © Lavinia Wouters


Sport de rue, école de vie

inforevue 012017

OUT OF OFFICE

Ses collègues de la ZP de Bruxelles-Ouest n’en ont peut-être pas tous conscience, mais ils comptent en leurs rangs une véritable star dans son domaine ! Serge Lawson, membre du service trafic depuis un peu plus de trois ans, est aussi et surtout danseur et champion de breakdance. Véritable passionné, ce jeune homme attachant au parcours étonnant continue de pratiquer son sport et de truster les prix.

J

ETTE – Serge Lawson est tombé dans le break durant son adolescence. À 14 ans, ce Bruxellois ayant grandi dans les Marolles adorait observer son grand frère réaliser des postures et des mouvements acrobatiques dans le salon familial. “À cette époque, le clip de La Sonora du groupe de hip-hop Starflam passait en boucle sur toutes les chaînes musicales. On y voyait des jeunes breaker, et cela m’a donné envie de m’essayer à mon tour à cette discipline”, raconte Serge. “Pourtant, les débuts n’ont pas été faciles. Avec des amis du quartier, nous nous retrouvions après l’école dans la Galerie Ravenstein pour y danser. Même si le breakdance est issu de la rue, nous avons été ravis, mes amis et moi, lorsque la Maison de jeunes des Marolles a accepté d’ouvrir pour nous une salle avec des tatamis et tout l’équipement nécessaire. En contrepartie, nous devions organiser des démos. Mais c’était aussi pour nous l’occasion de toucher un autre public et de montrer ce que l’on savait faire.”

Né à New York à la fin des années 70, le breakdance ou b-boying n’a été popularisé chez nous que bien plus tard. Grâce à l’intérêt et au soutien de certains sponsors importants (principalement des grandes marques de boissons énergisantes), les férus de break se sont vus offrir une certaine visibilité et des compétitions (battles) pour se défier – amicalement - et montrer leurs multiples talents. “J’ai pris part à de nombreux événements, et j’en ai remporté quelques-uns”, dit-il modestement. Champion de Belgique, champion du Benelux, vainqueur de la Battle of the Year (une compétition internationale de breakdance) à plusieurs reprises, Serge intègre alors un groupe en France où il décroche un contrat d’un an. À cette époque, il enchaîne showcases, spectacles et une tournée

d’un mois et demi au Royaume-Uni. “Ma meilleure expérience jusqu’à ce jour, incontestablement !” Le break a aussi permis à Serge de se construire en tant qu’homme et l’aide dans son quotidien, y compris dans sa vie professionnelle. “Lorsque j’étais jeune, j’étais très timide et la danse m’a vraiment permis de m’ouvrir, de me connaître, de cibler mes points forts et mes faiblesses. C’est aussi une belle école de vie, qui vous apprend la rigueur, l’organisation, l’hygiène de vie ou encore la gestion de l’échec, qui n’est pas une fin en soi. Ce bagage m’aide aussi dans mon travail d’agent de police, notamment pour approcher les jeunes et désamorcer certaines situations. Le service trafic est un service opérationnel ; nous sommes toujours sur le terrain et amenés à effectuer les tâches les plus diverses (interventions lors d’accidents, auditions, enquêtes, contrôles stupéfiants, etc.), c’est ce qui me plaît le plus …”

Si concilier b-boying et police n’est pas toujours chose aisée, Serge tient malgré tout à s’entraîner trois fois par semaine, en fonction de ses horaires. Âgé d’à peine trente ans, il espère continuer à exercer sa passion le plus longtemps possible. “Je participe désormais à moins de compétitions, mais je reste motivé par les nombreux jeunes qui m’entourent et par l’ampleur internationale que prend le break. Plus tard, mon souhait est d’organiser des événements, d’entraîner des jeunes et de rester dans le milieu du breakdance, qui va d’ailleurs bientôt devenir une discipline olympique.”

Nicolas Mangon

27


PR É V E N T ION DE L A R A DIC A L IS AT ION

CoPPRa : d’Ostende à Arlon • La demande de formations CoPPRa est en hausse. • La prévention commence par la détection précoce des signaux de radicalisation. • CoPPRa est une formation disruptive axée sur les grands problèmes de sécurité auxquels tout un chacun est confronté aujourd’hui.

TEXTE Stefan Debroux PHOTOGRAPHIE Lavinia Wouters

28


inforevue 012017

Le concept CoPPRa tourne autour de la prévention. À quoi faut-il s’attendre lorsque l’on songe à une formation destinée à lutter contre la radicalisation et l’extrémisme ? Luc Van der Taelen : “Pour faire de la prévention, il faut d’abord comprendre ce qui pousse quelqu’un à se radicaliser. Et qu’est-ce qui pousse une personne à se radicaliser et, au final, à recourir à la violence ‘par conviction’ ? Eh bien, c’est un processus très complexe. Actuellement, on parle beaucoup de radicalisation et de l’Etat islamique, mais il y a toujours eu des actes terroristes, y compris du côté de l’extrême gauche et de l’extrême droite, et ce de manière plus visible à certains moments qu’à d’autres. Il est important de pouvoir situer la radicalisation dans le contexte sociétal du moment, en prenant en considération les causes et les conséquences.”

Est-ce qu’on apprend à dresser le profil-type d’un ‘terroriste en puissance’ ? “Si vous alignez une série d’individus et que tout le monde désigne l’homme à la barbe et à la djellaba lorsque vous demandez qui est le terroriste, alors vous avez échoué. Vous tombez dans le piège de la polarisation et de la stigmatisation.1 Il ne faut pas assimiler le musulman pratiquant au terroriste en puissance. Peut-on dire, depuis l’attentat d’Anders Breivik, que tous les Norvégiens blonds sont des néonazis d’extrême droite ?” Quels sont les indicateurs de radicalisation classiques ?

Reconnaître un indicateur et l’interpréter correctement est une chose, mais que faut-il faire ensuite ? “La réponse est double. Tout l’art consiste d’abord à permettre le dialogue. Nous avons remarqué que cela n’allait pas de soi. Poser la bonne question pour amorcer la discussion demande du courage et des aptitudes communicationnelles. Malheureusement, c’est parfois

“Tout d’abord, il faut savoir que le chemin qui mène à la radicalisation ou au terrorisme n’est pas linéaire. La radicalisation est un processus de transformation dans lequel les ‘recruteurs’ et la dynamique de groupe jouent un rôle important. C’est un processus graduel, mais il peut être très rapide. On peut citer différents indicateurs : un changement d’apparence, une tendance à s’isoler de la société et à se rap-

10%

UNE FORMATION N’EST RÉUSSIE QUE SI LES PARTICIPANTS RETIENNENT ET METTENT EN PRATIQUE DIX POUR CENT DE CE QU’ILS ONT APPRIS.

procher d’invidivus partageant les mêmes convictions, la fréquentation de sites web de propagande et à forte valeur symbolique, la rhétorique de la personne, notamment la justification et l’exaltation de la violence, etc. Cela étant, un terroriste ne se promène pas avec une étiquette sur le front ! Par ailleurs, les indicateurs doivent faire l’objet d’une attention permanente. Lors d’une perquisition dans une affaire de drogue, les policiers peuvent rencontrer des éléments en lien avec une éventuelle radicalisation. Mais en se focalisant exclusivement sur la drogue, on risque de passer à côté.”

là que le bât blesse. Prenons un exemple : vous voyez une croix gammée sur le bras de quelqu’un, mais vous vous dites que ce n’est probablement pas important… En fait, les formations CoPPRa devraient réserver une plus grande place aux jeux de rôles et aux exercices pratiques, mais ce n’est pas possible en un jour. La communication est importante, car si vous n’abordez pas quelque chose oralement, il est alors plus difficile de le mettre sur papier par la suite. Et j’en viens au second point : l’attention accrue que vous portez aux indicateurs doit se traduire par une augmentation du

29


PR É V E N T ION DE L A R A DIC A L IS AT ION

Luc Van der Taelen

POUR FAIRE DE LA PRÉVENTION, IL FAUT D’ABORD COMPRENDRE CE QUI POUSSE QUELQU’UN À SE RADICALISER

nombre de rapports d’information (RIR) pouvant être exploités par les policiers, en l’occurrence les enquêteurs Terro. Cette augmentation, on l’observe dans les faits depuis le lancement de la formation CoPPRa, mais elle s’explique aussi en partie par le suivi des Foreign Terrorist Fighters. En tout cas, la qualité des rapports d’information s’est nettement améliorée.”

• Commissaire • Direction judiciaire centrale Serious Organized Crime (DJSOC) - Terrorisme

Une formation n’est réussie que si les participants retiennent et mettent en pratique dix pour cent de ce qu’ils ont appris. Quels

❱ EVALUATION OF THE PROJECT

COPPRA DEPUIS 2010 Strengths

• Commitment of the trainers • Support from the integrated police (local and federal police)

Le projet CoPPRa (Community Policing and Prevention of Radicalisation) a vu le jour à l’issue de la Présidence belge de l’Union européenne en 2010. CoPPRa a été intégré dans le pilier ‘prévention’ du plan d’action de l’UE contre la radicalisation et le recrutement de terroristes. Ce projet fait le lien entre la lutte contre le terrorisme, le community policing et la fonction de police guidée par l’information. Il met l’accent sur une bonne application des principes à la base de la comCONTACT DETAILS munication et des flux d’informations. • Regular communication (trainers network, steering committee, owners) • Network (MoI, Centre for equal opportunities (UNIA), diversity dept…) • Training adapted to the workplace

• Focus on contemporary conflicts and their links with Belgium Effects •

Increased number of relevant data

Improved quality and accuracy of data

Strengthened intelligence position

Awareness raising leading to new insights

Recommendations for the future

• Focus on radicalisation process (Syria, internet, push/pull factors, triggers, resilience) • Training: police at religious premises – cultural differences – intercultural communication • Dilemma training – dealing with signs, social challenges – how to connect…

Coppra BE: CP Luc Van Der Taelen - Luc.VanDerTaelen@police.belgium.eu - tel:+32(0)473.97.80.30 Adv Katelijne Van Nerom - catherina.vannerom@police.belgium.eu - tel:+32(0)2.644.87.46

With the support of the Prevention of and Fight against Crime Programme of the European Union.

Published by: Federal Police, Rue Fritz Toussaint 8, 1050 Brussels Design & Photography: Jocelyn Balcaen, Karolien Snyers Logo design: www.newvisioneurope.be

30

devraient être ces dix pour cent ? “La nécessité de prêter attention à la diversité, de nuancer et de contextualiser. Les problèmes qui se posent à l’échelle mondiale – la guerre et la violence – ont un impact sur nos pratiques policières quotidiennes. L’afflux de réfugiés en est l’exemple le plus évident. Nous devons agir avec respect, sans tomber dans le piège de la polarisation. Nous devons en outre regarder volontairement tout ce qu’il y a autour de nous. Selon les lunettes que vous posez sur votre nez, vous pouvez interpréter une image de différentes manières. Cette attention accrue constitue, dans le cadre de la fonction de police orientée vers la communauté et guidée par l’information, l’une des clés de la détection des signaux de radicalisation.” f L’étude Multiple community policing: hoezo? met, elle aussi, en évidence le risque de polarisation. Selon les auteurs, les policiers ont une vision stéréotypée et sélective des groupes relativement méconnus dans les quartiers multiculturels.

1


Dominique Van Den Eeckhaut

L’IMPLICATION DE CHACUN Le renforcement de notre position d’information implique davantage que de mettre en place un travail de quartier de qualité. Il est très important que tous les membres de notre organisation soient conscients de cette problématique et de leur rôle dans celle-ci. Tant l’inspecteur de quartier que l’enquêteur et l’agent de la circulation peuvent capter des signaux de radicalisation dans leur routine quotidienne. Nous veillons donc au maximum à ce que tout un chacun soit impliqué. Ensuite, il importe de mettre le plus possible et en toute transparence les informations recueillies à la disposition des autorités, de la Police Fédérale et des services de renseignement. Les Task-Forces locales constituent un canal de choix pour se concerter à ce sujet.”

© Jos Balcaen

Christel De Groep & Cindy Wouters

inforevue 012017

PR É V E N T ION DE L A R A DIC A L IS AT ION

• Commissaire – Chef de secteur • Zone de police Vlaamse Ardennen

MIEUX COMPRENDRE LE PROCESSUS DE RADICALISATION L’impact de la progagande terroriste sur Internet est considérable. Nous appuyons les unités dans leurs enquêtes en lien avec Internet. La formation CoPPRa aide à détecter et lutter contre la propagande terroriste et les activités extrémistes violentes sur Internet. Elle nous a permis de mieux comprendre les phases du processus de radicalisation. Par ailleurs, nous reconnaissons plus facilement les indices, les logos, le vocabulaire, les drapeaux, les tatouages et les groupes radicaux.” f

• Recherche sur Internet • Police Judiciaire Fédérale / DJSOC / i2-IRU

31


Un briefing quotidien sous la direction de David. Les 'bikers' se séparent et commencent leur journée dans le 'pentagone'.

Contrôle des permis de conduire. La circulation dans cette rue est réservée aux taxis et aux bus.

Calmer les esprits fait aussi partie du métier

26

Le piétonnier est fermé à la circulation.


David Stevens

CHEF DE SERVICE DE LA BRIGADE CYCLISTE AU SERVICE CIRCULATION DE LA ZONE DE POLICE BRUXELLES-CAPITALE/IXELLES PROFESSION :

IDENTITY KITL’inspecteur principal David Stevens (33 ans) travaille à la police depuis octobre 2003. Lors de la création de la brigade cycliste en juillet 2005, il a été désigné pour occuper l’un des six postes d’agent auxiliaire. Il dirige désormais les onze ‘bikers’ motivés et un collaborateur administratif. Par leur présence sur le terrain et leur visibilité permanente, ils veillent à la mobilité et obtiennent de bons résultats : en 2016, les bikers ont dressé plus de 40 000 procès-verbaux.

David commence sa journée par quelques tâches administratives. Il effectue le contrôle qualité des PV avant de les transmettre au parquet, lit les rapports d’éventuelles interventions de la veille au soir et examine le programme du jour.

Comme chaque matin, cinq membres de la brigade cycliste attendent David sur le parvis de la Bourse pour un rapide briefing. Pas de mission particulière aujourd’hui, business as usual. Autrement dit, à l’intérieur du ‘pentagone’ (autre nom pour le centre de Bruxelles), ils vont se concentrer sur 1) la protection des usagers faibles et 2) la fluidité et la sécurité des transports en commun. Dans le piétonnier autour de la Bourse, ils ont des tâches spécifiques à remplir : ils doivent par exemple veiller au respect des interdictions de stationnement. Chaque mois, ils s’associent à d’autres collègues de la zone de police pour travailler sur un thème spécifique du plan zonal de sécurité. “À côté de nos missions quotidiennes, nous investissons également beaucoup de temps dans la gestion des très nombreux événements qui se déroulent sur le territoire de la zone de police”, explique David. “Nous encadrons entre autres le Marathon de Bruxelles, les Roller Bike Parade, diverses manifestations ... L’année passée, un projet a été lancé à Matonge à la demande des autorités administratives. Nous nous sommes concentrés sur trois rues du quartier pour verbaliser, ce qui a eu un impact positif sur la fluidité et sur la sécurité routière. La diversité de notre équipe a plus que certainement ses avantages. Avoir une équipe ‘multiculturelle’ facilite les contacts dans certains quartiers.” Les bikers se séparent. Nous marchons aux côtés de David dans le piétonnier en cours de réaménagement. “On se croira bientôt sur les Ramblas de Barcelone”, nous dit-il. Il nous explique ensuite que, ces dernières années, ils ont prêté attention à l’avis des citoyens (notamment par le biais des réseaux sociaux) et collaboré efficacement avec les différents acteurs sur le terrain. Ce faisant, il contrôle à droite et à gauche les permis de conduire de quelques chauffeurs de poids lourds, aide des touristes égarés et empêche le conducteur d’une camionnette de passer. En effet, non seulement ce dernier ne peut pas entrer dans la rue (cela lui vaudra 165 euros d’amende), mais en outre, sa vitesse n’est pas adaptée. Des poids lourds et des voitures en stationnement sur le passage piéton, la piste cyclable ou le trottoir … Les amendes pleuvent et donnent le ton. “Seule la répression est efficace”, explique David. “Nous ne pouvons pas fermer les yeux : tout le monde est égal devant la loi.”

Une voiture emprunte la rue des Teinturiers, pourtant réservée aux bus et aux taxis. Le conducteur écope directement d’une amende de 55 euros. D’autres véhicules subiront le même traitement. David souligne l’importance de leur présence quo-

inforevue 012017

U N J O U R AV E C

tidienne : “Nous devons nous concentrer tous les jours sur les mêmes infractions. Si nous ne venons pas pendant une semaine, tout est à refaire.”

Selon des habitants du quartier, un Irlandais manifestement contrarié fait un esclandre depuis une heure sur le boulevard Adolphe Max. Il a des problèmes de passeport avec l’ambassade. David et son équipe calment l’homme et lui apportent leur aide.

Le piétonnier est désormais fermé à toute circulation. Le chargement et le déchargement ne sont autorisés qu’entre 4 heures et 11 heures. Plus personne ne peut y entrer, à moins de disposer d’une autorisation spéciale de la ville. Une fois de plus, certaines voitures veulent passer ... et une fois de plus, la police intervient.

Les membres de la brigade cycliste ne se sentent-ils pas vulnérables sur leurs vélos ? Perçoivent-ils les conséquences du 22 mars 2016 ? David répond : “Ici, nous sommes de toute façon plus rapides à vélo qu’en voiture. Le contact avec les gens est également beaucoup plus facile. Mais c’est vrai, nous sommes bien plus vulnérables vis-à-vis des voitures. Un collègue a déjà été renversé une fois volontairement. Il a dû rester chez lui pendant un an … Une conséquence directe du 22 mars, mais aussi des attentats commis dans les pays voisins, est que les agents de police de mon équipe suivent actuellement à tour de rôle une formation (d’un mois) pour pouvoir porter une arme à feu et une matraque. Ils peuvent ainsi mieux se protéger eux-mêmes, et mieux protéger la population. L’objectif est que tous mes hommes soient armés d’ici la fin de l’année.” Alors qu’il gèle toujours dehors, nous prenons congé de David et de ses hommes. L’après-midi, ils vont à nouveau s’occuper de tâches administratives pendant que d’autres patrouilles cyclistes prendront le relais. “Les bikers sont prêts à protéger encore mieux les Bruxellois et leurs visiteurs en 2017”, conclut David. “Ensemble, nous visons les objectifs suivants : zéro tué sur les routes à Bruxelles et une qualité de vie digne de ce nom.”

Saskia Van Puyvelde

33


L’ I N V I T É Dans cette rubrique, Inforevue invite un membre du personnel de la police à un entretien portant sur des thèmes liés tant à sa fonction qu’au monde policier au sens large.

Mieux vaut une arrogance sincère qu’une fausse modestie “Ça ne vous dirait pas de faire une interview sur notre collègue ? À soixante ans, plutôt que de finir pépère sa carrière, il se lance un nouveau challenge.” Un simple regard sur son CV suffit à nous convaincre. Les expériences d’un ancien agent undercover et gestionnaire des indicateurs frappent évidemment l’imaginaire… On se réjouit déjà de découvrir des histoires hollywoodiennes dignes d’Al Pacino. Cependant, le commissaire judiciaire Ivan Deman détruit d’emblée tous nos espoirs. “Désolé, j’ai perdu la mémoire.” Chassez le naturel, il revient au galop … TEXTE Stefan Debroux PHOTOGRAPHIE Lavinia Wouters

BRUXELLES – En 1981, à l’âge de 24 ans, Ivan Deman a quitté l’armée pour entrer à la gendarmerie. Au terme de sa formation, il a rejoint le complexe Groendreef à Gand, et plus précisément l’unité anti-banditisme, alors également connue sous le nom de ‘Brigade Ford Taunus’. Celle-ci était en quelque sorte une unité POSA1 avant la lettre. Ivan s’y est essayé à différentes techniques d’observation pour prendre des targets en filature. Trois ans plus tard, il est parti à Bruges pour y jouer le ‘gendarme de rue’ (sic) dans le centre-ville. Pendant cette période, il a décroché le brevet lui ouvrant les portes de la Brigade de surveillance et de recherche (BSR). En 1987, il est entré au détachement judiciaire de l’auditeur militaire à Bruxelles. C’est là qu’on lui a demandé s’il voulait partir dans des zones de conflit. Il devrait y enquêter sur les infractions commises par des soldats belges pendant leurs missions à l’étranger. Aventurier dans l’âme, il a mordu à l’hameçon. Réfléchir, il l’a fait… mais comme souvent, après coup.

34

Ivan, pourquoi avez-vous quitté le détachement judiciaire de l’auditorat militaire ? “Après cinq ans, ma femme en a eu assez. Elle a estimé que je devais changer de cap, que j’avais assez donné pour les missions bêtes et dangereuses dans les zones de conflit. Alors je suis devenu agent undercover. “ (rires)

De quels talents doit disposer un agent undercover ? “L’essentiel, c’est la communication : être sociable, ne pas craindre d’interpeller les gens, pouvoir réellement dissimuler sa peur… Ces techniques s’apprennent, ce qui est aussi un exploit en soi. En fin de compte, le vrai talent réside dans la capacité à se démêler des situations les plus diversifiées. Important aussi : côté privé, il nous faut un partenaire qui ne se laisse pas faire. Quelqu’un qui nous sorte de temps en temps de notre rôle d’agent sous couverture et nous ramène un peu sur terre. Quelqu’un qui nous dise : �Il est temps de tondre la pelouse” ou “va réparer la gouttière !” (rires)”

UNDERCOVER Quelle est la situation qui vous a le plus marqué ? “Au début des années 90, une opération de longue haleine en collaboration avec des services secrets américains, dans une affaire d’achat de faux dollars. Je devais gagner la confiance d’une bande de faux-monnayeurs. Au dernier moment, il a aussi été question de trois kilos d’héroïne. Lors du procès, une confrontation a été organisée. Je me suis donc retrouvé là, heureusement lors d’une séance à huis clos, face à face avec les criminels dont je m’étais joué. Ils ont alors proféré toutes sortes de menaces à mon encontre. Mais vous voyez, je suis toujours là. (rires) Enfin, heureusement, nous avons depuis lors pris davantage conscience qu’il vaut mieux éviter au maximum de révéler notre identité face à nos targets.” Existe-t-il une sorte de sous-culture des agents undercover ? “Eh bien, cela tisse tout de même un lien. Je me suis fait des amis pour la vie, ici comme ailleurs.


inforevue 012017

L’INVITÉ

35


L’ I N V I T É

VERY IRRITATING QUESTION

Comment voyez-vous les gens qui pensent toujours en termes de gendarmerie et de PJ ?

“C’est incroyable mais j’ai beaucoup de peine pour ceux qui n’ont toujours pas digéré le changement après seize ans. Ceux qui ne sont pas flexibles n’ont plus leur place à la police. Ils feraient mieux de rester dans leur canapé. En tant qu’organisation et en tant que personne, il faut constamment se renouveler et s’adapter. C’est un processus d’apprentissage continu. Il faut faire preuve de résilience, à l’image d’un roseau qui plie pendant la tempête pour se redresser aussitôt le vent tombé.”

Lors de l’une de mes missions, j’ai fait la connaissance d’une certaine Annie et nous nous sommes liés d’amitié. C’était une collègue américaine qui travaillait à Paris. Un jour, elle nous a invités, moi et mon épouse, chez elle à Washington. Elle nous a fait visiter la Maison Blanche, en ce compris l’aile ouest et le Bureau ovale, normalement interdits aux visiteurs. Comme quoi, le métier réserve son lot de surprises!”

Trois ans après, en 1995, Ivan referme le chapitre ‘agent undercover’… ou presque. Il reste disponible en réserve alors qu’il entame son travail comme chef de l’équipe Drogues à la BSR d’Ostende. En 1997, son aventure d’agent undercover prend un nouveau tournant : Ivan devient coordinateur. Il remplit cette fonction, aussi considérée comme le wellfare officer des agents undercover, pendant six ans. Il nous explique : “J’ai toujours été conscient des dangers possibles et de ce qu’il fallait faire pour

les éviter. C’est ce qui m’a naturellement poussé à devenir coordinateur. Celui-ci est une sorte d’ange gardien, une épaule et un soutien de première ligne, qui s’occupe en même temps de la logistique.”

Son expérience l’a mené en toute logique vers le domaine du recours aux indicateurs. Ivan travaille donc dans ce domaine entre 2003 et 2016, successivement à la police judiciaire fédérale de Bruges puis de Bruxelles. Cette période est entrecoupée

OPUS CITATUM The best way to get ahead is to get started

POUR OU CONTRE

• Rotation d’emploi obligatoire : “Pour. À vrai dire, je ne suis pas la personne la mieux placée pour répondre à cette question parce que j’ai toujours changé de boulot de mon plein gré. Je trouve la routine mortelle. Quand je tombe dans la routine, je deviens insupportable. Dans ma vie privée aussi ! (rires) La section undercover est par ailleurs la seule de la police où la rotation est obligatoire. Je trouve que c’est une bonne chose pour revenir à la réalité du terrain.” • Interdire aux opérateurs GSM de conserver les données de communication de leurs clients, pour des raisons liées au respect de la vie privée : “Contre. La sécurité a un prix. On ne peut pas vouloir cent pour cent de sécurité et en même temps cent pour cent de vie privée. Les gens, surtout les responsables politiques, doivent se rendre compte que ces données peuvent faire la différence entre un attentat et un attentat déjoué. En fait, c’est une question de bon sens.”

36


inforevue 012017

LE TRADUCTEUR Politiquement correct ?

d’interludes durant lesquels il travaille en tant qu’enquêteur, d’une part dans le cadre du terrorisme, et d’autre part au FAST2.

PAS UN PILOTE AUTOMATIQUE, MAIS PLUTÔT UNE VALEUR AJOUTÉE

Vous avez encore environ cinq ans de travail devant vous mais vous ne vouliez pas décompter les jours avant votre pension. Vous avez opté pour un nouveau défi à la direction centrale DJO3. Un choix délibéré ? “Sur les conseils d’un ami, j’ai introduit une demande de mobilité vers cette direction centrale. La conséquence de cette décision est que, avec une probabilité frôlant la certitude, je suis devenu le plus vieux stagiaire de la police ! Malgré toute mon expérience, il n’y a en effet plus qu’un seuil que je dois franchir pour m’octroyer le titre d’officier BTS : obtenir le brevet Techniques Spéciales. Donc je suis là, comme un vieux schnoque (sic) de retour sur les bancs d’école, à faire des stages, écrire des rapports de stage, passer des examens…”

et disponible 24/7 pour tous les services de police du pays qui auraient besoin d’aide dans le domaine des méthodes particulières de recherche (MPR). C’est vrai, je suis un homme d’action, et à partir de cette énergie, j’exécute plutôt (aux yeux des non-initiés) le mouvement inverse : du terrain vers un service central qui s’occupe avant tout de coordonner et de contrôler. Mais je trouve que c’est un défi d’envergure. Je veux apporter une valeur ajoutée ici. Je me refuse absolument à fonctionner en pilote automatique et rester ‘pépère’.” “J’ai toujours eu la chance incroyable de pouvoir collaborer avec des gens très motivés. L’enthousiasme est contagieux, une fois encore. Tout devient plus facile quand on est motivé !” Qu’implique le rôle d’officier de permanence ? “Lors de ce genre de permanences, on se retrouve face aux

L’INVITÉ

“Vous êtes irrévocablement refusé pour raisons médicales. J’ai entendu cette phrase quand je me suis présenté pour la première fois à la gendarmerie. Ces quelques mots, purement arbitraires, m’ont coûté six ans de carrière à la police. Quand j’ai compris que la porte de la gendarmerie resterait fermée, je me suis tourné vers l’armée. Là, j’ai bien réussi les épreuves médicales. On m’a attribué le profil médical “AM1 - Apte para-commando”. Étrange, non ? Quand je suis allé voir le service médical, j’ai eu accès à mon dossier médical ‘secret’, pour constater que j’avais été refusé sur la base de… rien. Six ans plus tard donc, je me suis de nouveau retrouvé devant ces médecins, dans mon costume d’Adam et relativement énervé, mais déterminé à obtenir la suite que vous connaissez. J’aime affronter la tempête. Tout ce que je dis n’est peut-être pas politiquement correct (je serais un piètre diplomate) mais ce que je dis, je le prends à mon compte.”

situations les plus diversifiées. En l’espace d’une semaine, j’ai été confronté à un enlèvement (parental, semblaitil), une prise d’otage et quelques problèmes de capacité pour l’intervention des unités spéciales. En tant qu’officier de permanence à DJO, on est le ‘SPOC’, ou single point of contact pour tout ce qui concerne les enlèvements, prises d’otage et extorsions. Les policiers des deux niveaux, local et fédéral, comptent sur notre appui et notre expertise dans des situations parfois très précaires. Simultanément, l’officier BTS supervise l’application correcte des MPR, les observations, les infiltrations, le recours aux indicateurs et l’intervention des unités spéciales de la Police Fédérale.”

Les POSA sont des unités spéciales de la Police Fédérale au niveau provincial. 2 Le FAST ou Fugitive Actif Search Team recherche des criminels condamnés en fuite. 3 DJO est la direction centrale des opérations de la police judiciaire fédérale. 1

Votre CV en dit long : vous êtes un homme d’action. Pourquoi dès lors choisir un service central ? “On ose parfois prétendre avec mépris que les services centraux n’offrent pas de valeur ajoutée. Je peux vous assurer que ce n’est pas vrai ! À DJO, en plus d’être officier Techniques Spéciales, je suis officier de permanence. Autrement dit, une semaine sur quatre, je suis joignable

37


MONDE POLICIER

DANGEROUS CROSSROADS Un arbre plutôt particulier Un ‘homme-arbre’ s’est planté en plein milieu d’un carrefour routier, obstruant du coup la circulation des voitures. La police a dû intervenir pour embarquer cette drôle de plante. Derrière l’arbre se cachait Asher Woodworth, un artiste de 30 ans, qui s’est rendu sans résistance.

Un calendrier pour les cold cases

38

De son côté, l’homme-arbre confie : “Je n’avais pas l’intention de me donner en spectacle ni de me faire arrêter. Je me suis demandé : ’Pourquoi ne peut-on pas marcher lentement en face d’une voiture ?’” Cette idée lui serait venue après une séance de méditation : “Je crois que ce que je voyais, c’était la rencontre entre des énergies distinctes, celles de l’économie et de la productivité et celles de la lenteur de la magie”.

PORTLAND

Europe

Amérique

Selon Vern Malloch, chef adjoint de la police, l’homme “voulait voir comment les gens allaient réagir à ce qu’il appelle sa ‘performance’ et comment la ‘chorégraphie naturelle des gens’ allait être affectée”.

La police néerlandaise a distribué aux prisonniers des calendriers composés de 52 cold cases (affaires non résolues), un par semaine, cherchant à obtenir ainsi de nouveaux tuyaux de la part des détenus pour faire avancer ces enquêtes vieilles de plusieurs années. Les Pays-Bas comptent environ 1500 crimes non résolus, meurtres ou assassinats pour la plupart, considérés comme des cold cases. D’après une étude, environ 800 personnes aux Pays-Bas, dont des détenus, possèdent des informations sur une affaire non résolue.

AMSTERDAM


inforevue 012017

MONDE POLICIER

Des policiers en talons pour l’égalité des sexes Méthodes gonflées

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’Ouganda est classé 115e sur 152 par le programme des Nations Unies pour le développement en matière d’inégalité des sexes, 97 % des femmes sont excisées avant l’adolescence, 40 % finissent mariées avant 18 ans et d’après le Bureau ougandais des statistiques, 70 % des femmes mariées sont victimes de violences de la part de leur partenaire.

KAMPALA

Entre la chasse aux talibans, l’augmentation du crime et ses faibles ressources, la police de Kaboul a choisi une méthode radicale pour prévenir le vol de voitures : dégonfler les pneus de celles garées dans les rues.

La capitale afghane et ses cinq millions d’habitants, selon les estimations, vit sous la menace constante d’attaques-suicides ou d’attentats perpétrés par les talibans et, depuis quelques mois, de l’État islamique (EI), mettant les forces de police et leurs effectifs sous pression.

Afrique

Afrique

Un geste fort et symbolique, bien qu’un peu chancelant. Des membres de la police nationale ougandaise ont ouvert une marche, récemment organisée à Kampala, pour sensibiliser l’opinion publique aux violences faites aux femmes. Pour cela, ils étaient chaussés de talons hauts. Certains portaient même des sacs à main ou des tenues de femme lors de cette manifestation lancée avec le soutien d’ONU Femmes, l’entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes.

Alors quand il s’agit de lutter contre la petite délinquance, elle pare au plus urgent avec une logique implacable : une voiture à plat ne roulera pas bien loin.

KABOUL

39


CASUS

Peut-on exploiter les données d’un GSM sans l’autorisation d’un juge d’instruction ? La question de l’exploitation de la mémoire d’un système informatique était source d’incertitude juridique depuis un certain nombre d’années. Un arrêt de la Cour de cassation du 11 février 2015 a fait la clarté à ce sujet. Cette jurisprudence a été entérinée par une loi du 25 décembre 20161.

LES FAITS Un individu avait été poursuivi en justice après que la police ait découvert, en consultant les données de son GSM dans le cadre d’une information judiciaire, des messages révélant de nouvelles infractions. L’intéressé avait allégué que cette prise de connaissance avait eu lieu dans le cadre d’une recherche dans un système informatique et que, par conséquent, elle devait répondre aux exigences de l’article 88ter du Code d’instruction criminelle (CICr) et requérait donc l’autorisation du juge d’instruction.

L’ARRÊT DE LA COUR DE CASSATION

La Cour de cassation n’a pas souscrit à ce raisonnement. L’article 35 CICr autorise le procureur du Roi à se saisir de tout ce qui peut servir à la manifestation de la vérité. La Cour a considéré que l’exploration et l’exploitation de la mémoire d’un système informatique par les fonctionnaires de police en charge de l’enquête constituaient des actes d’enquête effectués dans le cadre de l’information judiciaire et découlant d’une mesure de saisie préalable régulière. La police ne peut donc exploiter le contenu d’un téléphone portable que si sa saisie préalable a été réalisée dans les règles. Lorsque la saisie physique de l’appareil n’est pas souhaitable ou possible, les

40

données sont copiées sur un support qui appartient à l’autorité ou à la personne saisie. Ce type de saisie est également valable et donne à un fonctionnaire de police le droit d’effectuer la recherche précitée. Ce fonctionnaire de police doit toutefois veiller à empêcher toute liaison entre l’appareil saisi et un serveur externe pendant l’exploitation. Pour ce faire, il peut par exemple mettre l’appareil en mode avion et en faire mention dans le procès-verbal. Si les services de police désirent malgré tout se connecter à des systèmes externes et, donc, exécuter une recherche dans un système informatique, ils doivent remplir les conditions requises par l’article 88ter CICr.

LE CADRE LÉGISLATIF

Le législateur est intervenu en définissant, à l’article 39bis CICr2 un cadre légal complet concernant la recherche non-secrète. Cet article de loi confirme que la recherche dans un système informatique saisi peut désormais être décidée par un officier de police judiciaire (OPJ) sans autorisation préalable d’un magistrat. Cette disposition confirme que la recherche dans un système informatique saisi peut désormais être décidée par un OPJ sans autorisation préalable d’un magistrat. Cette recherche concerne non seulement les SMS enregistrés, mais aussi les applications installées, dans la limite des données stockées sur

le téléphone même. Leur exploitation se déroule bien entendu toujours dans les limites de l’enquête pénale et sous le contrôle du magistrat qui en est chargé. En plus d’apporter un ancrage légal à cette jurisprudence, le législateur étend les compétences du magistrat du parquet. En vertu de l’article 88ter CICr, le juge d’instruction devait jusqu’à présent donner son autorisation pour l’extension de la recherche dans un système informatique saisi. Dorénavant, l’article 39bis CICr attribue ce rôle au procureur du Roi, qui ne peut toutefois donner son accord que si cette extension est nécessaire pour la manifestation de la vérité et si d’autres mesures seraient inadéquates ou s’il existe un risque que des éléments de preuve soient perdus.

L’autorisation du juge d’instruction est désormais uniquement nécessaire dans le cadre de recherches effectuées après une saisie dans un système informatique, différentes de celles évoquées ci-dessus (article 39bis, §4 CICr).

Elien Verstappen et Marie-Agnès Langouche

Loi du 25 décembre 2016 portant sur l’amélioration des méthodes particulières de recherche et certaines mesures d’enquête concernant internet, les communications électroniques et les télécommunications. 2 L’article 88ter CICr a été intégré dans l’article 39bis CICr. 1


Affaires en court L’ÈRE BABELFED A DÉBUTÉ

44

42

SPORT La finale de volley-ball

45

SIMPLE ET GÉNIAL Une peluche pour un sourire

46

SUCCESS STORY 20 ans d’émissions de recherche à la télévision


SPORT

volley-ball

La finale à portée de mains PROFONDEVILLE – C’est le mercredi 1er février dernier qu’a eu

lieu la première journée de qualifications pour la finale du 10e Championnat européen de police de volley-ball masculin. Celleci a débuté aux alentours de 11h dans une ambiance plutôt décontractée. Les équipes de Finlande et des Pays-Bas étaient aux côtés de notre équipe nationale au sein du groupe A. Après une petite séance photos, vinrent les hymnes nationaux, plusieurs discours de remerciements ainsi que la présentation des joueurs. Vers 13h30 le coup d’envoi a été donné, la Belgique affrontait la Finlande pour un match qui promettait un beau spectacle.

NOIR-JAUNE-ROUGE

LA MARLAGNE

L’organisation des deux journées de qualification à domicile a été confiée à Vincent Marchal, inspecteur à la zone de police locale Namur et manager de l’équipe belge. Et c’est le site du complexe sportif de Profondeville qui a accueilli la compétition. Les trois délégations ont ainsi pu être hébergées dans le magnifique centre de La Marlagne, à Wépion.

42

“Il y a 30 ans que la Belgique n’avait pas participé à ce championnat”, nous explique Vincent Marchal qui reste malgré tout confiant et serein pour ces matchs de qualification. Il ajoute même qu’il faut “avant tout prendre du plaisir”. Après deux jours de compétition, durant lesquels chaque équipe a donné le meilleur d’elle-même, nous sommes fiers de vous annoncer qu’avec un score de 3-1 face à la Finlande et 3-1 également face aux Pays-Bas, notre équipe nationale belge est qualifiée pour la finale. Celle-ci aura lieu à Varna, en Bulgarie, en mai prochain. Félicitations à tous les joueurs de l’équipe, qui n’ont pas hésité à prendre sur leurs jours de congé pour participer au stage résidentiel et/ou pour les matchs de qualifications. Bonne chance pour la suite et pour la finale !

Juliette Saey

© Jos Balcaen

Notre équipe nationale belge de volley masculin est composée de six néerlandophones et de six francophones. Une jeune équipe unie et soudée par l’envie de rendre fiers leurs compatriotes. “On s’entend bien”, nous confie Christophe Jadot, central dans l’équipe, “et c’est cela qui la fait avancer.” L’esprit d’équipe est leur mot d’ordre. Même si entre les joueurs, venus des quatre coins de la Belgique, ça a matché directement, ils ont pu apprendre à se connaître grâce à quelques entraînements et un stage résidentiel. Une équipe avec du potentiel et avec laquelle Joost Borremans, inspecteur à la zone de police locale Zennevallei et capitaine de l’équipe, est convaincu de pouvoir remporter le titre de champion d’Europe cette année.

30 ANS D’ATTENTE


inforevue 012017

© ZP Bruxelles-Capitale/Ixelles

13e promotion

Le diplôme en poche

Bruxellois de l’année •••••

BRUXELLES – Fraîchement diplômés ! Le jeudi 18 janvier a eu lieu la cérémonie de remise des diplômes aux commissaires de la treizième promotion. Celle-ci a débuté par différents discours, notamment de la commissaire générale de la Police Fédérale, Catherine De Bolle, mais aussi du commissaire divisionnaire Marc Garin, représentant de la Commission permanente de la police locale. Ensuite, les vingt-cinq lauréats de la promotion se sont vus remettre leur diplôme, entourés de leurs famille et amis. Parmi les diplômés, nous retrouvons une mixité presque parfaite avec treize femmes et douze hommes, onze néerlandophones et quatorze francophones (dont une collègue burundaise et trois luxembourgeois). La cérémonie s’est clôturée par une petite réception.

J.S.

BRUXELLES – Les services de secours qui sont intervenus lors des attentats du 22 mars 2016 ont reçu, le 21 février dernier, le prix de Bruxellois de l’année organisé par les journaux Le Soir et Vlan Bruxelles en collaboration avec VivaBruxelles et BX1. © Lavinia Wouters

Pour cette 25e édition, les internautes bruxellois ont décidé de rendre hommage à toutes celles et ceux qui ont plongé au coeur de l’horreur le 22 mars après les attentats ayant frappé le métro bruxellois et l’aéroport national. Ce sont autant les urgences médicales que les pompiers, les policiers, les militaires, les agents de la Stib, les membres de la Croix-Rouge et tous les autres services ayant apporté leur aide en ce jour sombre qui sont ainsi mis à l’honneur. Ils ont également reçu le prix pour la catégorie ‘Société’. Une reconnaissance bien méritée !

Fin décembre, les services de secours avaient déjà été classés deuxième au classement du Belge de l’année, organisé par le quotidien Le Soir. Les unités spéciales de la Police Fédérale avaient décroché une dixième place.

B.D. (met Belga)

43 5


AFFAIRES EN COURT

© Christian Berteaux

L’ère Babelfed a débuté •••••

BRUXELLES – “Avec Babelfed, une nouvelle ère s’ouvre pour les traducteurs de la Police Fédérale. Professionnalisation, qualité, efficacité et synergie non seulement au sein de la police mais aussi pour tout le niveau fédéral, tels sont les maîtres-mots”, assure Fabian Roland, pilote du projet au sein de la Direction de la communication de la Police Fédérale (CGC).

44 6

Après une collaboration intense entre différents partenaires internes et externes à la Police Fédérale, les traducteurs de CGC sont devenus utilisateurs à part entière de Babelfed, une interface reposant sur un système de traduction assistée par ordinateur. Babelfed n’a rien à voir avec un système de traduction automatique, tel que Google Translate, dont les résultats prêtent souvent à sourire.

Quels sont les avantages d’un tel système ? D’abord, il permet un meilleur rendement puisque des parties de texte déjà traduites par le passé sont automatiquement retrouvées et insérées dans la traduction. Ensuite, une amélioration de la qualité et une uniformisation terminologique. Il favorise également le réseautage et la mutualisation des coûts, car plusieurs institutions fédérales – institutions publiques de sécurité sociale, SPF Intérieur, Commission pour la protection de la vie privée, SPF Emploi… - partagent un même marché. Il assure enfin la sécurisation des données grâce à des technologies de pointe. Le Desk Translation de la CGC entend jouer un rôle central dans Babelfed, notamment en participant à la mise sur pied et au pilotage d’une Communauté

de pratique (CoP), ainsi qu’en mettant à la disposition des 130 traducteurs fédéraux ‘Babelfediens’ sa mémoire de traduction ‘législative’ (des milliers d’arrêtés royaux, lois, arrêtés ministériels, codes de loi dans les deux langues directement exploitables par le système).

Reste une dernière étape à franchir : l’adhésion d’autres traducteurs de la Police Fédérale à la plateforme en vue d’une professionnalisation des tâches de traduction à l’échelle de notre institution. Les contacts nécessaires seront pris avec les différentes directions concernées au cours des prochains mois.

Carole De Knop


i n f o r e v u e 0 1 2 0 1 72

P OAL FI T FA I EI RI ENS DEENKCIO JK UE RR T

Simple et génial

Une peluche pour un sourire ETTERBEEK – C’est une initiative un peu inhabituelle qu’ont pris Michaël Ledoux et Patrick Gilis, inspecteurs à la Brigade des interventions de la zone Montgomery (Etterbeek/Woluwe-SaintLambert/Woluwe-Saint-Pierre). En effet, ils ont eu l’idée d’apporter du réconfort à des enfants confrontés à une situation stressante, voire traumatisante. “Lorsqu’un jeune enfant est impliqué dans un accident de roulage ou s’il est victime de violence intrafamiliale et qu’il doit être relogé en pleine nuit, le fait de recevoir une peluche lui apporte du réconfort à un moment où il en a besoin”, déclare Michaël.

Cette petite attention est une réelle plus-value pour les enfants rencontrés lors de leurs différentes missions. Leurs collègues du Bureau d’assistance policière aux victimes (le BAV) le confirment : “Un geste qui ne coûte presque rien mais qui apporte beaucoup de réconfort.” C’est en faisant du rangement que Michaël Ledoux s’est retrouvé avec une centaine de peluches qu’il comptait vendre en ligne. Vu le peu de succès rencontré, il a alors décidé de parler à son collègue de l’idée qui lui trottait dans la tête depuis un moment. Vu les nombreux contacts avec des enfants lors de leurs missions, elle fut vite adoptée !

Soutenue par le chef de corps, le commissaire divisionnaire Michaël Jonniaux, l’expérience est en cours depuis cette année et elle fait déjà ses preuves. Celui-ci a d’ailleurs “demandé au BAV de réfléchir à la manière de structurer cette initiative pour l’intégrer dans nos procédures de travail.” Une idée simple et efficace que nos deux inspecteurs aimeraient partager avec leurs collègues de Montgomery et, pourquoi pas, d’autres zones.

J.S.

© Jos Balcaen

Michaël Ledoux et Patrick Gilis

45 7


SUCCESS STORY

20 ans d’émissions de recherche à la télévision

“Les gens s’entraident” De 1997 à 2017: • 350 émissions télévisées et 2 000 dossiers traités • 6 000 messages diffusés • Taux d’élucidation de 30 % • 9 programmes différents consacrés partiellement ou entièrement aux avis de recherche

8 46

BRUXELLES – Le vendredi 24 février 2017, 20 ans jour pour jour après la diffusion de la première émission de recherche à la télévision belge, la Police Fédérale a organisé une rencontre entre les médias, la police et la justice. Les avis de recherche constituent un maillon important de la chaîne de l’enquête judiciaire. “Ils contribuent à l’élucidation de près de 30 % des affaires qui paraissent dans les médias”, précise le commissaire Alain Martens, responsable du service des Avis de recherche (OAR). “Si l’on considère uniquement les avis de disparition, on constate que près de 95 %

des affaires sont résolues très fréquemment grâce aux infos pertinentes des citoyens.”

Outre les figures-clés d’hier et d’aujourd’hui, de nombreuses autorités ont fait, par leur présence, honneur à l’événement. On y a vu le ministre de la Justice, la commissaire générale de la Police Fédérale, le directeur général de la Police Judiciaire Fédérale et le directeur des opérations judiciaires de la Police Fédérale. Les participants ont manifesté leur satisfaction et regardent vers l’avenir avec beaucoup d’espoir. Citons-les.

Jean-François de Clippele

Koen Geens, ministre de la Justice : “Il y a 20 ans, Dame Justice a conclu un accord tripartite avec la police et les médias. Ce contrat a donné naissance à des jumeaux qui ont reçu le nom de : ‘Oproep 2020’ sur VTM et ‘Appel à témoins’ sur la RTBF. D’autres rejetons ont vu le jour plus tard.” (ndlr : 7 au total : ‘Getuigen gezocht’, ‘OOGgetuige’, ‘Koppen justitie’, ‘Affaires non classées’, ‘Telefacts crime’, ‘FAROEK’ et ‘Enquêtes’).

La singularité des évolutions sur une période de 20 ans s’explique par l’émergence de deux phénomènes. Tout d’abord,

des caméras de surveillance offrant des images d’une excellente qualité sont installées un peu partout et ces images sont de plus en plus diffusées. Par ailleurs, le public qui suit la police ne cesse de croître. Outre Twitter et Facebook (voir les chiffres ci-contre), YouTube, www.policefederale.be et la liste de diffusion Addemar aident à toucher beaucoup de monde. S’ajoutent à cela les téléspectateurs des émissions de télévision et les lecteurs de la presse écrite. Le public qui suit la police constate que cette dernière agit, ce qui ne peut qu’augmenter sa confiance en la police et la justice.

S.V.P.


© Lavinia Wouters

Jean-François de Clippele, inspecteur principal

(OAR):

“Le succès des crime clips, c’est au citoyen qu’on le doit. On lui a ‘enfin’ donné le moyen de participer à la capture des criminels.” © Lavinia Wouters

Alain Remue

i n f o r e v u e 0 1 2 0 1 72

POLITIE IN DE KIJKER

ViCLAS: un œil pour les victimes BRUXELLES – En octobre dernier, des experts ViCLAS1 canadiens ont dispensé des formations dans notre pays durant trois semaines.

Nicholas Lataire

Alain Remue, commissaire (Cellule des personnes disparues):

“Nous formons un partenariat pour lutter contre le crime.”

EN 2016: • taux d’élucidation de 95 % pour les avis de recherche liés à une disparition ; • augmentation de 87 % de followers sur le compte Facebook de la police, ceci après les attentats dramatiques perpétrés en mars ; • augmentation du nombre de followers sur Twitter de 243 % en français et 33 % en néerlandais. Info avisderecherche@police.belgium.eu @police_témoin

Nicholas Lataire

(rédacteur en chef de VTM Nieuws):

“Nous en sommes actuellement à la quatrième saison de FAROEK et cette émission restera au programme la saison prochaine (Faroek était dans la salle, ndlr). Lors des trois saisons précédentes, 190 dossiers ont été pris en considération et parmi eux, 81 ont été élucidés.” “Nous devons collaborer plus intensément et stimuler l’interactivité avec la population.”

Le système ViCLAS consiste en une banque de données expert qui permet d’établir des liens entre des délits à caractère sexuel ou violent. L’objectif est d’appuyer les enquêtes et d’orienter les efforts de recherche dans le but d’identifier les auteurs. Ce système a été développé au Canada dans les années 90 et est actuellement utilisé dans plusieurs pays de l’UE. La commissaire Kristien Kanora du Service des sciences du comportement de la Direction de la police technique et scientifique (DJT) a suivi la formation avec une dizaine de collègues, dont deux Irlandais : “Pour travailler avec la banque de données ViCLAS, il faut être détenteur d’un certificat, ce qui n’était pas le cas de chacun d’entre nous. Ce problème est à présent résolu, vu que tout le monde a réussi la formation. En 20162, nous avons reçu 319 dossiers. 301 d’entre eux (= 94 %) ont été sauvegardés dans la banque de données. Les résultats ne mentent pas : sur les 38 ‘series’ créées, nous avons obtenu 26 ‘liens confirmés’, soit 68 %. Ce pourcentage est relativement élevé, étant donné que la moyenne européenne est de 44 %. J’ai ainsi le sentiment de pouvoir être vraiment utile pour les victimes”, conclut la commissaire.

S.V.P. 1

2

ViCLAS est l’acronyme de Violent Crime Linkage Analysis System. Chiffres au 8 décembre 2016.

47 9


JEU

Concours 2016

Entre drone et sécurité sur le web BRUXELLES – De fidèles abonnés répondent toujours présents lors de nos concours annuels. Celui de 2016 n’a pas failli à la tradition : les participants furent nombreux ! Et voici le verdict… Les réponses aux questions étaient les suivantes :

1. Les attentats du 22 mars 2016.

3. Les photos :

2. Le drone de l’appui aérien.

a. Inforevue 02/2016, l’Invité, p. 35

c. Inforevue 01/2016, l’Invité, p.33

b. Inforevue 04/2016, Vlaams Verkeerscentrum, p. 29 d. Inforevue 03/2016, Flashé, p. 5

4. 68% des Belges n’ont pas un comportement sûr sur internet.

6. Peter De Waele, porte-parole de la Police Fédérale.

5. La zone de police Vlas a ouvert un guichet électronique.

Voici les prix et les gagnants, tirés au sort parmi les bonnes réponses :

• Une montre : Geert Baele et Patrick De Poortere.

• Une horloge : Anne-Sylvie Lahure.

• Une clé USB : Mélanie Cassano.

• Un porte-papier de bureau : Gwendoline Goret. • Une souris : Patrick Luyckx et Jacques Boutet.

• Un stylo bille : Daniël De Godt, Jean Le Bacq, Guy Ridelle, Pierre Claeys, Maurice Genon et Frank Iacopucci.

• Un portfolio A4 : Sandrine Geoffroy, Charles Reuliaux et Joël Delbart.

• Une couverture de survie : Jean-Philippe Tresca, Joël Filleur, Didier Gilbert et Luc Coussement.

• Un portfolio A5 : Nathalie Delchambre, Véronique Vander Straeten et Johan Van Langeraert.

ENCORE ENVIE DE JOUER ?

Rendez-vous en page 49 pour trouver le mot mystère ! La rédaction

Envie de réagir à un article ou de donner votre avis ? Envoyez nous un courriel à cgc.product@police.belgium.eu

48

Voyez également la page Facebook Belgian Police Community


POLICE CROISÉE

inforevue 012017

JEU

A vos crayons! Remplissez le mot croisé ci-dessous et trouvez le mot mystère à l’aide des lettres reprises dans les cases colorées.

1.

2.

3. 4.

5. 7.

10.

8.

6.

9.

11.

WANTED: SOLUTIONS

Mot mystère

1. Pour prendre de la hauteur 2. Grade 3. Sous couverture 4. Accord et ville luxembourgeoise 5. Royale, motorisée 6. Appareil photos 7. Collègues de l’Oncle Sam 8. Décollage urgent 9. De croisière ou excessive. 10. Fonctionnalité de base 11. Téléphonique ou active

VOUS AVEZ TROUVÉ LE MOT MYSTÈRE ? Si oui, envoyez-le par mail à cgc@police.belgium.eu ou par courrier à : Police Fédérale Direction de la Communication Jeu Inforevue 145 A avenue de la Couronne 1050 Bruxelles La date limite de participation est le vendredi 12 mai 2017. Il y aura de beaux prix à gagner !

49



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.