Inforevue 3/2017 Fr

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bure au de depot de br ux el les x / p 409212 / Gér aldi ne B om al av enu e de la Cou r onne 145A 1050 b ruxelles

— L’invité: Monsieur 21 juillet —

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CASUALTY EXTRACTION TEAM S’entraîner pour sauver des vies

CROSS-BORDER TRAFFIC Un traitement plus fluide des amendes

UN JOUR AVEC la Silver Commander pour Rock Werchter

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t r im est r iel / Ju il l et A oû t Sept em br e 2017

MAGAZINE DE LA POLICE INTÉGRÉE


L’Inforevue est une publication de la Direction de la communication de la Police Fédérale

Rédacteur en chef: Benoît Dupuis Coordination éditoriale: Stefan Debroux Rédaction: Françoise Forthomme, Nicolas Mangon et Saskia Van Puyvelde Lay-out et photographie: Ruben Accou, Jocelyn Balcaen, Christian Berteaux, Caroline Chaidron, Emmanuelle Glibert, Karolien Snyers et Lavinia Wouters Dessins: Ruben Accou, Emmanuelle Glibert et Benoit Goesaert Traductions: Desk Translation Direction de la communication Imprimerie: Goekint Graphics 059 51 43 43 Editeur responsable: Géraldine Bomal - Avenue de la Couronne 145A - 1050 Bruxelles Relations publiques et abonnement: Laurence Slachmuylders, Avenue de la Couronne 145A - 1050 Bruxelles Tél. 02 642 65 32 - Fax 02 642 60 97 Tarif d’abonnement: Belgique et autres pays: 10 euros Facture justificative: 1,25 euro pour frais d’administration et d’envoi. Un abonnement à Inforevue, le magazine de la police intégrée, donne droit à quatre numéros et est automatiquement prolongé sauf résiliation deux mois avant son échéance. Tous droits réservés. Dit magazine verschijnt ook in het Nederlands. E-mail: Gestion Abonnements: cgc@police.belgium.eu

Rédaction: cgc.product@police.belgium.eu ISSN: 1780-7638

Un vent nouveau souffle sur l’Inspection générale

J’ai prêté serment en date du 1er septembre dernier en qualité d’Inspecteur général de la police fédérale et de la police locale. Cette désignation met fin à un très long intérim pour lequel nous devons souligner le sens du devoir du CDP François Adam. Dans le même élan, une commission de sélection procède en ce moment aux dernières étapes de la procédure visant à la désignation de l’Inspecteur général adjoint. On peut espérer que d’ici la fin de l’année, l’équipe de mandataires sera complète. Ces deux procédures démontrent la volonté du gouvernement de dynamiser le fonctionnement d’un de leurs services ministériels et gageons qu’il ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Pour bien faire ce travail, il faut évidemment disposer d’une équipe suffisante de collaborateurs et collaboratrices chevronnés et motivés. Je m’attacherai à réunir autour de moi une équipe professionnelle, en phase avec la culture policière ambiante, évoluant avec aisance dans notre société de plus en plus digitalisée et empreinte de nos valeurs fondamentales. L’objectif primaire de l’Inspection générale n’est pas le contrôle pour le contrôle, mais bien une volonté de garantir aux citoyens l’exercice des missions de police dans le respect de l’Etat de droit, des libertés individuelles et des droits fondamentaux. L’Inspection générale participe en permanence à l’optimisation du fonctionnement des services de police au travers de ses diverses missions. Pour rappel, on peut répartir ces missions en trois domaines, sans nier leurs interconnexions dans la pratique quotidienne. Dans le domaine statutaire, on retrouve de multiples commissions de sélection, d’évaluation, d’appel ou autres organes créés par le statut policier, les matières disciplinaires et la déontologie. Dans le domaine de l’inspection et de l’audit, comme l’indique l’intitulé, on y procède à des inspections et à des missions d’audit. Les inspections visent à vérifier le respect de règles ou d’obligations tout autant qu’une mission générale de recueil d’informations relatives au fonctionnement et à l’organisation de la police. L’audit permet de rédiger des recommandations de nature à améliorer le fonctionnement d’un service ou d’un corps de police tout entier. Il doit aussi permettre de jauger l’état de maîtrise d’une organisation et de la manière dont l’exécution des missions est sous contrôle ou non. In fine, il y a aussi le domaine des enquêtes qui regroupe les enquêtes judiciaires, administratives et la médiation, dont beaucoup ignorent qu’elle permet d’éviter des procédures disciplinaires ou administratives. On peut y ajouter des missions spécifiques en matière de politique d’éloignement ou en matière de formation policière. Ce n’est donc pas le travail qui me manquera ! Je vous souhaite une bonne lecture de la présente édition et vous incite tous à faire partager vos expériences policières par la voie d’articles ou de contribution similaire.

Thierry Gillis Commissaire divisionnaire Inspecteur général

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POLICE TECHNIQUE ET SCIENTIFIQUE Connaissez-vous le FIC ?

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CASUALTY EXTRACTION TEAM S’entraîner pour sauver des vies

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CROSS-BORDER TRAFFIC Pour un traitement plus fluide des amendes de roulage

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UNE ENQUÊTE INNOVANTE Drogue et bitcoins : 1,8 million dans les caisses de l’État

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PÉDOPORNOGRAPHIE “Je n’ai jamais identifié un pédophile grâce à son sexe”

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FACE TO FACE Le short au bureau : une tenue de travail approprié ?

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ANIMAUX ET INTERVENTIONS Autoroute : interdite aux animaux !

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rubriques

L’INVITÉ “Le James Bond de service”

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Radar... 2

Les Experts...12 Historia...11

SuperCop...25

Un jour avec...30 Out of office... 36

Le Monde policier... 38 Casus...40

Les affaires en court... 41

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POLIZEI PIZZA

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R ADAR

SUR LE VIF

FRÉDERIC VERBAUWHEDE C’est avec un diplôme en marketing que Frédéric Verbauwhede intègre le monde du travail au début des années 2000. Après un bref passage par le secteur privé, il postule un emploi de secrétaire à la Direction de la formation de la Police Fédérale.

Pour Frédéric, un secrétariat doit être un point central capable de répondre à pratiquement toutes les attentes. La notion de service est, pour lui, primordiale et il se fait une fierté d’aider ou d’orienter ceux qui s’adressent à lui.

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L A POLICE EN CHIFFRES

309 191

Au cours de la campagne BOB d’été du 9 juin au 4 septembre 2017, 319 006 conducteurs ont été soumis à un contrôle et la majorité de ceuxci (309 191 conducteurs) ne roulait pas sous influence. Même si le pourcentage de conducteurs en infraction diminue légèrement d’année en année, une attention toute particulière continue d’être portée à la sécurité routière. Les résultats de la campagne BOB d’été sont disponibles sur : www.statistiquescirculation.policefederale.be.

Pour améliorer sa qualité de vie, il a récemment obtenu sa mobilité pour le campus de Jumet où il continuera d’exercer sa fonction actuelle, toujours avec la même motivation !

FACEBOOK

LA FÉDÉRATION SPORTIVE EN LIGNE

QUOTE

Nos policiers ont d’autres choses à faire que de servir de punching-ball. C’est intolérable !

Christian Beaupère, chef de corps de la ZP Liège, après les incidents survenus au terme du match Standard-Charleroi, dans La Dernière Heure, 12 septembre 2017.

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Depuis mi-août, la page Facebook de l’aile francophone de la Fédération sportive de la police belge (FSPB) est en ligne. Son objectif est de faire connaître la FSPB et de promouvoir les activités sportives qu’elle organise. La page est gérée par Nicole Kudelski, agent de police à la zone de Namur et vice-présidente de la FSPB : “Actuellement, nous somme en mode public. Au vu du succès ou non de cette page, nous en ferons un groupe fermé.” INFO

https://www.facebook.com/nikkylienic/


L’ I N F O G R A P H I E

tweetwall

App 112/101 BE Besoin d'une aide urgente en Belgique ? Désormais, vous pouvez aussi contacter les centres d’appel urgents via app.

1 app, 3 services de secours

Localisation

Dans l'app, vous pouvez sélectionner aisément le service de secours dont vous avez besoin.

Les centres d'appels urgents peuvent voir où vous êtes.

Informations supplémentaires

+

App

Les centres d'appels urgents savent directement si vous êtes, par exemple, sourd, atteint d'une pathologie cardiaque ou allergique à certains médicaments.

Chat

Coordonnées Les centres d'appels urgents savent où vous habitez et qui ils doivent contacter en cas d'urgence.

Alarme Si vous êtes tombé et inconscient et que les services de secours ne vous trouvent pas, les centres d'appels urgents peuvent faire sonner votre GSM.

....

Si vous êtes incapable de parler ou d'entendre, les centres d'appels urgents activent la possibilité d'envoyer de petits messages.

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R ADAR

Gratuitement L'application est gratuite, comme les numéros d'urgence.

@policecomines Le numéro d’urgence 1722 pour les intempéries est activé depuis hier 22h.

@PoliceCharleroi

Bilan policier très positif de ce WE de festivités à Charleroi ! +- 10 000 personnes pour 3 arrestations administratives #PoliceCharleroi

@BelPoliceEvent

Merci collègues et partenaires pour la bonne collaboration #BelgianGP. Vous aussi vous méritez la 1ère place du podium ! 

@policefederale

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Tout notre soutien aux militaires agressés hier à Bruxelles #UnitedWeStand @BelgiumDefence

Télécharger Rendez-vous dans l'AppStore ou le PlayStore et cherchez " 112/101 BE ". Téléchargez et installez l'application sur votre écran d'accueil.

@ZPNamur 2 arrestations judiciaires à #Namur - La @ZPNamur poursuivra ses actions contre le trafic de stupéfiants http://bit.ly/2vI9hRU

@Police_Niv_Gen  Prénom  Nom

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 Date de naissance  Numéro de téléphone  Adresse  Qui pouvons-nous contacter en cas d’urgence ?

 Je suis sourd, malentendant

ou j’ai un trouble de la parole.

S'enregistrer Complétez votre nom, vos coordonnées et informations supplémentaires.

Nos pensées vont vers les victimes des attentats en Espagne, aux policiers qui cherchent les auteurs et aux services de secours #barcelona

@zp3vallees

Prévention : A votre avis combien de temps faut-il à un cambrioleur pour effectuer son larcin ? http://fb.me/BQpXDHwh

@AWSR_be

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Appeler Utilisez l'app si vous avez besoin d'urgence de l'aide des pompiers, d'une ambulance ou de la police, en Belgique.

Mourir pour un message : vous likez ?  Nouvelle campagne de #securiteroutiere de l’@awsr #tousconcernés #itcanwait #donttextanddrive

@Gendarmerie #SaintMartin #Irma La gendarmerie pleinement mobilisée aux côtés des populations sinistrées #Secours #Sécurité #GendarmerieEnOpération

@Europol

www.112.be

These are #EU #MostWanted Fugitives of France, Hungary & Italy : https://eumostwanted.eu/ summercampaign If U see them this summer, tell us! #PoliceWantUBack

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© Christian Berteaux

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F L A S H É

Action au Village policier ! Atmosphère quasi apocalyptique sur cette photo de l’incountournable démonstration organisée lors des festivités du 21 juillet : exercice de maintien de l’ordre avec casque, bouclier et matraque. L’arroseuse de la Police Fédérale et le Palais de justice parachèvent le décor sur la Place Poelaert.


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G P S

GP Spa-Francorchamps : affluence record La limite de 100 000 spectateurs fixée par les autorités pour raisons de sécurité était atteinte. Plus de 1000 policiers – guidés par la Police Fédérale de Liège – ont contribué à la sécurité et au bon déroulement de l’événement. Aucun incident majeur n’est à signaler. Remarquable : seul un fait de vol de portefeuille a été constaté, ‘malgré’ ou notamment ‘grâce’ à la présence d’équipes policières spécialisées dans la lutte contre les pickpockets. Parmi les rares incidents, il y a la saisie de deux drones utilisés illégalement depuis les campings.

#vintagefriday

Instagram: policefederale

Tomorrowland 2017: une édition réussie L’objectif des services de sécurité était clair : permettre aux 200 000 festivaliers venus chaque week-end des quatre coins du monde de vivre cet événement festif dans les meilleures conditions possibles. Tout le monde s’accorde à dire que cette édition s’est déroulée quasiment sans incident. Remercions le public, les services des polices locale et fédérale, qui ont collaboré efficacement sous la houlette de la Police Fédérale d’Anvers, le parquet, les pompiers, les services médicaux, les communes et l’organisateur.

20 Il n’y a pas que les lames qui doivent être affûtées, le verbe également.

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personnes signalées capturées pendant une action Plan Canal. Pour la troisième fois cette année, une Full Integrated Police Action (FIPA) a été organisée dans le courant de la soirée et de la nuit des 12 et 13 septembre 2017 dans la Région de Bruxelles-Capitale. Quatre zones de police bruxelloises (Bruxelles Capitale Ixelles, Uccle/Watermael-Boitsfort/Auderghem, Bruxelles-Ouest et Montgomery) y ont pris part dans le cadre du Plan Canal. Au total, 406 personnes et 489 véhicules ont été contrôlés. Nos collègues ont parallèlement effectué 1 356 contrôles ANPR (Automatic Number Plate Recognition).


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#innovatie2020ovl La Police Judiciaire Fédérale de la Flandre orientale, en partenariat avec la zone de police Waasland-Noord a organisé ce 21 septembre une journée d’inspiration autour du thème de l’innovation. Afin de promouvoir cet événement les initiateurs avaient préparé un teaser créatif.

Des cartes postales pour les criminels les plus recherchés Europol a lancé une action estivale par laquelle la police s’adresse aux criminels en fuite les plus recherchés en leur envoyant une carte postale portant le message : “Cher fugitif, la police veut que tu rentres à la maison cet été !” Europol sollicite l’aide des citoyens dans cette action. Il est en effet prouvé que les criminels en fuite se réfugient souvent dans des lieux de vacances. On compte également un Belge parmi les Most Wanted répertoriés.

https://youtu.be/wACYwxKW430

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www.eumostwanted.eu/ summercampaign

Journée des porte-paroles de la police intégrée !

Avis à tous nos collègues porte-paroles, attachés de presse et responsables relations presse !

46 Le 10 septembre dernier, la Police Fédérale de la route a organisé une action de contrôle des transports de personnes en collaboration avec la douane et les services d’inspection, le long de la E40 à Bertem. La Police Fédérale de la route a contrôlé 46 autocars immatriculés dans 8 pays différents. Quelque 26 perceptions immédiates ont été payées pour d’autres contraventions relatives aux temps de conduite et de repos et pour des manquements dans la manière de compléter la feuille de route. Après un premier passage du chien drogues, les passagers de 8 autocars ont été fouillés et leurs bagages ont été scannés à l’aide d’un scanner mobile de la douane. Au total, 180 bagages ont été contrôlés.

Avez-vous déjà remarqué combien les termes “press” et “impress” sont proches ? Vous êtes curieux et souhaitez compléter votre boîte à outils pour gérer vos relations avec les médias ?

Alors cochez dans votre agenda la première édition de la Journée des porte-paroles de la police intégrée, qui aura lieu le 30 novembre 2017 à Bruxelles. Les places sont limitées ! Réservez au plus vite votre place à cette journée ! Pour ce faire, il vous suffit d’envoyer un email à federal.press@police. belgium.eu en mentionnant vos données : nom, fonction, zone et numéro de contact que nous pouvons ajouter à la liste que chaque participant recevra.

Rendez-vous dès à présent sur le groupe Yammer “IMPressOfficer – Police intégrée” pour entamer la discussion !

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POLICE TECHNIQUE ET SCIENTIFIQUE

Connaissez-vous le FIC ?

• La Police Fédérale a formé trente Forensic Incident Commanders (FIC). Trente autres suivront d’ici fin 2018. • Leur mission : coordonner le travail forensique lors d’un incident de grande ampleur. • C’est la concrétisation d’une des recommandations du débriefing des attentats du 22 mars 2016. TEXTE Benoît Dupuis DESSIN Ruben Accou

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BRUXELLES – Les interventions menées à l’aéroport de Zaventem et à la station de métro Maelbeek, le 22 mars 2016, ont démontré l’importance d’élaborer un plan forensique global pour les incidents de grande ampleur. Harmonisation des méthodes de travail entre laboratoires (dont la numérotation des traces), meilleur quadrillage des zones, renforcement des moyens logistiques, meilleure collaboration avec le DVI, les membres du


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Amélie Langlais • Inspecteur principal spécialisé • Laboratoire de police technique et scientifique de la PJF Charleroi • Avec 29 autres collègues, a suivi et terminé le 19 mai la première formation FIC

”FAIRE CONNAÎTRE LE RÔLE DU FIC” “Nous étions tous conscients, au sein des labos, de l’importance de mettre sur pied cette formation. Le feedback des collègues bruxellois intervenus à Zaventem a été très précieux. Nous nous sommes rendus compte que nous n’étions pas préparés à faire face à un attentat d’une telle ampleur, ni en terme de coordination, ni en terme de moyens. La collaboration avec le SEDEE s’est révélée particulièrement intéressante, et même indispensable. Ces spécialistes nous ont, par exemple, appris à bien identifier les éléments composant une bombe artisanale : piles manipulées, câbles, petits interrupteurs... Tout cela peut former un engin potentiellement mortel. Ils nous ont aussi bien informés sur les produits chimiques, les odeurs auxquelles il faut prêter attention lors de perquisitions, par exemple. Tout aussi enrichissants étaient les exposés de nos confrères anglais. C’était génial de voir comment ils bossent mais... nous ne disposons pas de tels moyens en personnel ni en matériel. Exemples ? De petites caméras pour aller inspecter les véhicules, des kits de miroirs gigantesques, etc. Sommes-nous prêts, à l’issue de la formation, à endosser cette fonction de Forensic Incident Commander ? Oui, mes trois collègues de Charleroi et moi-même sommes aptes à faire face à un incident de grande ampleur. Mais il importe désormais de bien faire connaître le rôle du FIC auprès des enquêteurs, médecins légistes et membres du DVI pour éviter tout malentendu.”

Service d’enlèvement et de destruction des engins explosifs (SEDEE) de l’armée, répartition des rôles et tâches... constituent autant de points d’amélioration qui ont fait l’objet d’une analyse. Valérie Zeimetz du labo central de la Direction de la police technique et scientifique (DJT/LABO) : “L’un des enseignements principaux est aussi qu’il importe de renforcer le lien entre les deux composantes de l’enquête

policière, à savoir l’enquête tactique et l’enquête forensique. Il est notamment important, pour les membres des labos, de disposer d’informations sur les attentes des enquêteurs en matière de preuves à relever pour faire progresser l’enquête.”

Un groupe de travail, composé des chefs des cinq laboratoires de PJF des arrondissements ‘Terro’1 et du service coordination de la DJT/LABO,

a préparé ce plan forensique. L’une de ses mesures est la désignation d’un Forensic Incident Commander (FIC) sur les lieux d’un incident de grande ampleur, comme un attentat. Ce FIC est le responsable de l’enquête technique et scientifique. Sur place, il doit être identifié et reconnu comme tel par tous les autres partenaires impliqués dans la gestion de la crise.

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Anvers, Bruxelles, Gand, Liège et Charleroi.

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POLICE TECHNIQUE ET SCIENTIFIQUE

UNE FORMATION EN 3 MODULES Le groupe de travail “Formation FIC” a travaillé ardemment pour, en quelques mois, élaborer cette formation. Elle se compose de trois modules :

Le module 1 (2 jours) est dispensé à tous les membres des laboratoires de police technique et scientifique afin de faire connaître précisément à chacun le plan forensique et les prérogatives du FIC.

Le module 2 (3 jours) est spécifiquement destinés aux futurs FIC.

Le(s) module(s) 3 (4 jours) relatif(s) à des situations spécifiques. Dispensé en 2017 et 2018, ce module spécialisé appelé ‘Post-blast examination’ consiste en une série d’exposés et d’exercices sur la gestion des situations après explosion. Des membres de la Metropolitan Police londonienne et du SEDEE y ont partagé leurs expériences avec les participants.

BAREND COCHEZ • Inspecteur principal & officier de police judiciaire • A coordonné l’analyse des traces à Brussels Airport après l’attentat du 22 mars 2016. • Labo de police technique et scientifique – PJF Bruxelles

bonne coordination entre le FIC, le bomb scene manager de la PJF Bruxelles, le manager du lieu du délit, le gestionnaire des saisies, le SEDEE et d’autres partenaires.

”UN BON PAS EN AVANT” “Je me souviens de la scène de crime de Brussels Airport comme si c’était hier. Pour la première fois, nous avons dû intervenir alors que les services de secours étaient encore en train de porter assistance aux victimes. De plus, la menace liée à la présence potentielle des auteurs et à une nouvelle explosion faisait peser une pression énorme. Les conditions de travail dans cette zone de guerre étaient effroyables. Je l’affirme : c’est bien dans une ‘zone de guerre’ que nous avons été amenés à travailler. Une zone de guerre ‘isolée’. La communication avec nos responsables opérationnels était out. Nous étions en grande partie livrés à nous-mêmes. Il a fallu des heures avant que le chaos ne soit quelque peu ordonné et structuré. Ce chaos, les décombres et les nombreux bagages

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épars ont vraiment compliqué l’analyse des traces. Les difficultés que nous avons alors rencontrées ont mis en évidence le besoin criant d’un plan forensique. Après un tel incident de grande ampleur, il est essentiel d’avoir une bonne structure d’organisation pour mener l’enquête sur le terrain. Le Forensic Incident Commander (FIC) est un maillon important dans cet ensemble car, surtout face à un acte terroriste, la chasse se fait après l’incident. Nous devons récolter les traces aussi vite que possible et de façon optimale pour permettre aux enquêteurs de faire leur travail. C’est ce que nous appelons les urgent traces. Celles-ci doivent quitter le lieu du délit au plus vite. Cela n’est possible que moyennant une

C’était la première fois que nous organisions la formation. Nous avons travaillé en collaboration avec le service de déminage SEDEE et des collègues du Royaume Uni (le SO15 de Scotland Yard a d’ailleurs été notre principale source d’inspiration). Le grand avantage d’un plan forensique et d’une approche structurée (et, dès lors, la plus-value du rôle d’un FIC) réside en le fait qu’il peut être utilisé lors de chaque incident à grande échelle. L’attentat manqué à la Gare centrale nous a permis de réaliser un test grandeur nature. Il s’est avéré que nous avons fait un bon pas en avant. La formation a clairement porté ses fruits. Même si j’espère que ce triste scénario ne se répétera pas, j’ai la conviction que nous sommes mieux armés que jamais auparavant.”


“La patrie est comme la famille, on n’en sent bien le prix Gustave Flaubert que lorsqu’on n’en a plus”

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HISTORIA

Tombé pour la patrie RENAIX – Même si les commémorations se concentrent actuellement surtout sur le centenaire de la Première Guerre mondiale, la rubrique Historia rend hommage, dans cette édition, à un jeune gendarme qui a donné sa vie pour la patrie en septembre 1944.

ché dans une maison voisine. Il fut transféré à l’hôpital Sainte Elisabeth, où il mourut le 13 septembre 1944.

Hermes Charles Alexandre Marie De Vierman reçut la décoration de Résistant armé à titre posthume pour la période du 1er février 1943 au 14 septembre 1944.

Hermes Charles Alexandre Marie De Vierman est né à Renaix le 14 novembre 1914. Il a appartenu au 1er régiment d’aviation belge en 1935 avant de rejoindre la Gendarmerie en 1940. Prisonnier de guerre durant une courte période, il reprit ses fonctions normales le 28 mai 1940.

Un monument commémoratif fut érigé dans la caserne de Malines en l’honneur des gendarmes tombés durant la Seconde Guerre mondiale. Lors de la réaffectation du bâtiment, la stèle a été transférée au Musée de la police intégrée, où elle est toujours exposée aujourd’hui.

Le 30 juin 1943, il fut promu brigadier.

Avec d’autres gendarmes, il fut désigné le 4 septembre 1944 pour assurer la protection de la caserne de gendarmerie située avenue Tinnel à Malines.

Drapeau belge en mains, le jeune brigadier alla à la rencontre des chars alliés.

Après le passage de la première colonne de soldats anglais en direction de Lier, il fut touché devant la caserne par une balle de mitrailleuse tirée par un tireur retran-

Astrid Vierendeels

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LES EXPERTS

Pour surfer tranquille

Mieux vaut ‘snapchatter’ en mode fantôme Olivier BOGAERT Nos enfants sont des utilisateurs passionnés de Snapchat, cette application qui permet l’envoi de photos ou de vidéos éphémères. D’après les chiffres disponibles, 71 % des utilisateurs ont moins de 25 ans. Et, parmi ceux-ci, 70 millions seraient des mineurs. L’occasion d’attirer l’attention sur une nouvelle fonctionnalité de géolocalisation que Snapchat a mis à disposition et qui a été baptisée Snap Map. Un service qui permet à l’utilisateur de localiser tous ses amis avec une grande précision. Le problème lié à cette fonctionnalité, c’est qu’un grand nombre des utilisateurs de Snapchat ne vont pas se limiter à accepter comme amis des gens qu’ils connaissent mais qu’ils sont aussi très nombreux à répondre positivement à des demandes émanant de personnes qu’ils n’ont jamais rencontrées. Avec Snap Map, il devient possible, pour des personnes mal intentionnées, de les localiser avec précision. Il est donc important de les

informer au sujet des risques liés à cette option. En vous rendant dans les réglages de Snapchat, vous pourrez vérifier que le mode ‘fantôme’ est bien activé. L’utilisateur ne sera ainsi pas visible de ses contacts. Comme l’envie de savoir où sont ses amis peut l’emporter et “puisque je n’ai rien à cacher, maman !”, il faudra inviter le jeune utilisateur à veiller à ce que la fonction ne soit associée qu’à des amis de confiance. Là aussi, les réglages permettront d’effectuer cette sélection.

Allo le contactcenter ? 0800 99 272 federal.contactcenter@police.belgium.eu

Accidents de travail, exemptions partielles et inconvénients Pascal COLLARD A la suite d’un accident de travail, j’ai repris le service sous le régime de travail à temps partiel pour raisons médicales (50, 60 ou 80 %), mais je ne suis pas apte à assurer tout ou partie de mes prestations de nuit ou de week-end. Quelles sont les conséquences pécuniaires ? Reprendre le travail de façon précoce peut en effet avoir des conséquences financières négatives, vu qu’il est possible que l’intéressé ne puisse prester autant d’heures de week-end et de nuit (aussi appelées ‘inconvénients’)

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qu’auparavant. Afin de ne pas pénaliser le membre du personnel, la circulaire ministérielle GPI 36 Ter prévoit, dans ce cas de figure, un mécanisme de compensation visant à calculer et payer un forfait sur une base identique à celle qui est d’application lors de l’exemption totale suite à un accident du travail. On calcule alors la moyenne des prestations irrégulières effectuées durant les 12 mois précédant l’accident du travail. L’impact financier est ainsi moindre pour la victime d’un accident de travail.


Sur la route

”Je n’en ai que pour deux minutes”

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LES EXPERTS

Olivier QUISQUATER “Je n’en ai que pour deux minutes” est l’excuse la plus souvent évoquée par tous les conducteurs qui se garent à un endroit où l’arrêt est interdit. Le code de la route considère qu’il y a un certain nombre d’endroits où le fait de se garer, ne fut-ce que quelques instants, crée immédiatement une gêne ou un danger inacceptables pour d’autres usagers. C’est le cas, par exemple, des trottoirs, des pistes cyclables ou encore des passages pour piétons et cyclistes. Mais ce sont pourtant des endroits régulièrement utilisés par les conducteurs pour se garer, en pensant que le fait de ne pas s’y mettre longtemps rend la chose acceptable. Peut-on fermer les yeux sur ces arrêts non autorisés ? Absolument pas. En tant que policier, si on laisse des conducteurs se garer ’pour deux minutes’ là où c’est interdit, particulièrement près de lieux qui attirent du monde en

continu (boulangerie, librairie, épicerie, etc.), les arrêts non autorisés deviendront tellement nombreux que les usagers censés être protégés par la règle de l’interdiction d’arrêt seront en permanence mis en danger. Une fois encore, l’intérêt de la collectivité doit passer avant les convenances personnelles …

Comment dire …

”Do you speak français ?” Les anglicismes se sont incrustés dans de nombreuses langues, dont le français. Certains sont entrés il y a très longtemps déjà dans l’usage archi-courant, comme football ou week-end. D’autres, plus récents, se sont plus ou moins imposés et figurent d’ailleurs, pour la plupart, au dictionnaire : mail, streaming, smartphone, faire le buzz … Force est de constater que les équivalents recommandés par les instances officielles, – p. ex. courriel pour mail – ont eu du mal à résister à la pression de l’anglais. Certains substituts – ordiphone pour smartphone ou faire la rumeur pour faire le buzz – sont carrément inconnus, voire prêtent à sourire. Quant à la diffusion en continu en lieu et place de streaming, elle manque de concision et risque en outre de ne pas être comprise faute d’être utilisée ... Enfin, d’autres anglicismes semblent dictés par

un certain effet de mode ou par les médias, même si certains, il est vrai, relèvent presque d’un jargon. Ils sont critiqués car parfaitement remplaçables … En voici quelques exemples suivis d’une proposition de traduction : deadline : date butoir/dernier délai ; bashing : dénigrement/acharnement ; outsourcing : externalisation ; donner son go : donner son feu vert/accord ; guidelines : directives ; best practice : bonne pratique ; le kick-off (d’un événement …) : le lancement/coup d’envoi … Que retirer de tout ceci ? Peut-être que le fait de nommer en anglais ce qui n’a pas encore de nom français constitue un enrichissement de la langue. Dans les autres cas, c’est plutôt un appauvrissement. Chacun jugera …

Olivier LOUYS

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C A S UA LT Y E X T R AC T IO N T E A M

S’entraîner pour sauver des vies

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Dans les situations d’urgence, la police et les pompiers doivent collaborer, parler la même langue et agir de concert. C’est la raison pour laquelle des Casualty Extraction Teams (CET) sont en cours de formation. Ces équipes interviennent dans des situations exceptionnelles et dangereuses et sont capables d’évacuer les victimes de façon rapide et sure. Elles augmentent ainsi leurs chances de survie. TEXTE Saskia Van Puyvelde PHOTOGRAPHIE Ruben Accou

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BRUXELLES – Fin juin 2017, 14 pompiers et 10 policiers étaient réunis dans les casernes de Bruxelles pour deux jours de formation CET. “Vu les récents événements survenus dans notre pays, l’Intérieur demande aux différentes disciplines de mieux collaborer”, explique l’inspecteur Stéphan Syska de l’Académie nationale de police (ANPA). “C’est pourquoi la discipline 1 (pompiers) et la discipline 3 (police) s’entraînent pour pouvoir évacuer un maximum de victimes de la zone à risque en cas d’attentat terroriste. Des unités spécialisées issues de la police locale et de la Police Fédérale s’affairent au sein de cette ‘zone rouge’ pour sécuriser les lieux et maîtriser d’éventuels tireurs. Le fait que les pompiers puissent entrer

dans cette zone sous la protection de la police pour s’occuper des victimes permet de sauver des vies.”

DES SCÉNARIOS RÉALISTES

L’ANPA forme la première CET belge en partenariat avec le Centre de connaissances pour la sécurité civile.

“Nous nous sommes inspirés de la France et du Royaume Uni, où des équipes semblables existent déjà”, poursuit l’inspecteur. “Nous nous occupons d’abord de Bruxelles et les zones de secours des autres grandes villes auront ensuite l’opportunité de mettre en place leurs CET et de s’entraîner avec les unités de police spécialisées. La formation comprend deux journées et mêle la théorie et la pra-

tique. Elle complète deux formations détaillées que tous les membres des services incendie auront la possibilité de suivre en 2017 : Terror Awareness et Tactical Emergency Casualty Care. Cette dernière permet par exemple d’apprendre à soigner des blessures de guerre et à poser un garrot.”

Durant les deux jours de formation CET, policiers et pompiers s’entraînent à l’aide d’exercices pratiques. En simulant des scénarios réalistes, les équipes CET apprennent à coordonner leur manière d’agir avec celle des unités spécialisées de la police. Elles apprennent ainsi à se faire davantage confiance et à interagir pour le bon déroulement de l’intervention.


inforevue 032017

UN TRAVAIL MULTIDISCIPLINAIRE “Depuis les attentats qu’a connus notre pays, on observe que la tendance est au travail multidisciplinaire”, explique Mattias David, du SPF Intérieur. “Si vous vous rappelez les images du 22 mars 2016 à l’aéroport et aux environs de celui-ci, vous remarquerez que toutes les disciplines (au total cinq) travaillent de concert. Il serait vraiment idéal que tout le monde suive la même formation et utilise le même matériel.”

LE SAVIEZ-VOUS ? Leurs réactions sont d’ores et déjà positives.

“La formation est intéressante, surtout vu l’actualité.”

“Ces scénarios réalistes constituent certainement un avantage pour l’avenir. Il s’agit d’un début, d’un coup d’envoi.”

“Le contexte est différent à chaque fois. Il est absolument indispensable d’accorder nos violons.” “De tels exercices gagneraient à se multiplier, car rien ne remplace la pratique.”

• La première CET de Belgique a organisé un exercice pratique à l’intention des médias le 4 juillet 2017. Le ministre de l’Intérieur était présent en personne et a pu se rendre compte du bon déroulement de l’entraînement. • Pour les pompiers, cette formation est une spécialisation (volontaire). Ils doivent pour cela passer une sélection, car seules les personnes présentant le profil adéquat sont retenues. • Pour la police, cette formation est considérée comme une formation continuée dans le cadre de la circulaire GPI 81 (assistance spéciale au sein de la police locale). • Les pompiers de Bruxelles ont l’intention de faire suivre la formation CET à 4 équipes de 20 personnes. • Cette formation pourrait ensuite être étendue l’ensemble des policiers.

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CROSS-BORDER TR AFFIC

Pour un traitement plus fluide des amendes de roulage

POST SEP.

08

re nbor ande M V onck s V Rue Bruxelle 1000

re or nb de ck an on l V V sse M aat Bru str 00 10 P. SE

08

PO

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Les personnes commettant une infraction de roulage et écopant ainsi d’une perception immédiate (PI) reçoivent deux courriers : l’un de la police (copie de cette PI) et l’un de Bpost (invitation à payer). Les choses vont changer dès le mois de décembre. De plus, les ressortissants de pays membres de l’UE sont prévenus : une directive européenne facilite désormais l’échange des données d’immatriculation. L’époque où l’on pouvait échapper aux amendes est révolue. TEXTE Saskia Van Puyvelde INFOGRAPHIE Emmanuelle Glibert PHOTOGRAPHIE Lavinia Wouters

Perceptions immédiates (PI) Actuellement

En décembre

le contrevenant reçoit deux courriers : f l’un de la police, constatant l’infraction (avec copie de la PI)

Le contrevenant reçoit un courrier de Bpost

POST

Federale Politie Police Fédérale

SEP. 08

M Vandenborre Rue Vonck 1000 Bruxelles

“Tout a commencé en octobre 2011”, explique le commissaire Jean-Pierre Blocken, du centre de connaissances et d’expertise Centrex Circulation routière. “C’est cette année-là qu’est parue la première directive CBE. L’abréviation CBE signifie Cross-border Exchange. Cette directive européenne facilite l’échange transfrontalier d’informations sur les infractions de roulage ayant trait à la sécurité routière. Depuis le 11 mars 2015, une nouvelle directive remplace celle de 2011. Une nouvelle procédure de suivi des perceptions immédiates a donc été mise en place : Cross-border Traffic. f

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f l’un de Bpost (avec l’invitation à payer)

POST SEP. 08

M Vandenborre Rue Vonck 1000 Bruxelles

POST

SEP. 08

M Vandenborre Rue Vonck 1000 Bruxelles

le parquet intervient si : f un contrevenant belge ne paie pas

f il s’agit d’un contrevenant étranger

f le parquet sous-traite l’administration à Bpost

f Bpost prend en charge tout le

traitement : PI (+ rappel éventuel), transaction (PI + 33 %) et ordre de paiement (amende + 35 %)


inforevue 032017

Phases du projet Cross-border Traffic Phase 2: décembre 2017

f Fin du double envoi

POST SEP. 08

M Vandenborre Vonck straat Federale Politie Police Fédérale Brussel 1000

POST SEP. 08

M Vandenborre Rue Vonck 1000 Bruxelles

f Bpost envoie aux contrevenants étrangers un e borr den ck Van Von ssel at Bru stra 0 100

M Vandenborre straat Vonck 1000 Brussel SEP.

SEP.

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Federale Politie Police Fédérale

Politie Fédérale Federale Police

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Politie Fédérale Federale Police

POST

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M Vandenborr e straat Vonck rre 1000 Brussel M Vandenbo Vonck straat Brussel 1000 SEP. 08

Politie Federale Fédérale Police le Politie Fédéra

M

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POST

POST SEP. 08

Federale Police Politie Fédérale

le

M stra Van 100 at den 0 Von borr Bru ck e ssel

Federa Police

SEP. 08

M Vandenborre straat Vonck 1000 Brussel

POST

En trois mois, le callcenter a déjà reçu 26 000 appels.

f Modèles adaptés pour les procès-verbaux

M POST SEP.

le

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f Calcenter quadrilingue : 02 278 55 60.

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08 SEP.

le Politie Fédéra

le Politie Fédéra

SEP.

Federale Politie Police Fédérale

POST

POST

le Federa Police

Federa Police

POST

courrier (reprenant des données standard telles que le lieu de l’infraction) dans leur langue, avec un lien vers le site web.

M

Lancement d’un site web sur lequel le contrevenant peut consulter son dossier et payer l’amende, avec notamment une rubrique FAQ en 4 langues : www.verkeersboeten.be (néerlandais) www.amandesroutieres.be (français) www.trafficfines.be (anglais) www.verkehrsstrafen.be (allemand)

Politiele Fédéra

f

le

Federa Police

Phase 1: juillet 2017

f Charge de travail administrative allégée pour la police, le parquet et les tribunaux

02 278 55 60

Jean-Pierre Blocken

“Il ne manque plus que la signature électronique pour que le processus des PI soit entièrement paperless. C’est ce que j’appelle la phase 3. L’objectif est d’évoluer vers un processus administratif souple et logique.

• Vincent Floré • Conseiller à la politique • Secrétariat administratif et technique (SAT) Justice “Je demande au SAT Justice de s’attaquer au phénomène de la récidive et d’assurer une meilleure poursuite des contrevenants étrangers en matière de roulage.” Telle était la demande du ministre de la Justice. Nous avons alors examiné comment nous pouvions intégrer les contrevenants étrangers dans le ‘flux’ des perceptions immédiates. Après analyse, il s’est avéré que l’ancien processus de traitement ne permettait pas cette intégration. Il a donc rapidement été décidé de revoir le processus

INFRACTIONS

en concertation avec les acteurs concernés. Nous cherchons à réduire au maximum la charge de travail administrative, compte tenu de la mission principale de chaque partenaire. Les contrevenants étrangers entrent désormais dans le flux des PI et nous pouvons identifier plus rapidement les récidivistes pour réagir de manière adéquate. Enfin, il a fallu réduire autant que possible les coûts. La seule suppression du double envoi va faire économiser 4 millions d’euros à l’État belge.”

La directive s’applique aux infractions de roulage suivantes dans l’ensemble des États membres de l’UE : • excès de vitesse • défaut de port de la ceinture de sécurité • franchissement d’un feu rouge • conduite en état d’ébriété • conduite sous l’influence de stupéfiants • défaut de port du casque • circulation sur une voie interdite • usage illicite d’un téléphone portable ou de tout autre appareil de communication en conduisant un véhicule. Notre pays a conclu des accords bilatéraux avec la France et les Pays-Bas, de sorte que TOUTES les infractions de roulage peuvent faire l’objet d’une verbalisation.

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U N E E N Q U Ê T E I N N O VA N T E

Drogue et bitcoins : 1,8 million dans les caisses de l’État Une peine d’emprisonnement de 40 mois pour le suspect principal dans une affaire de drogue. Des peines de travail de 150 à 200 heures pour les autres protagonistes. En 2017, voilà un jugement qui peut paraître banal, mais rien n’est moins vrai … En effet, le juge ouest-flandrien en charge de l’affaire a également prononcé la confiscation de 942 bitcoins. Une première. TEXTE Kris Depovere & Stefan Debroux

PHOTOGRAPHIE Kris Depovere

JABBEKE – Tout le monde ou presque sait que les bitcoins sont une monnaie virtuelle ; en revanche, peu nombreux sont ceux qui savent que les bitcoins sont également utilisés comme moyen de paiement dans le milieu criminel. Lorsqu’ils ont ouvert ce dossier, les enquêteurs de la zone de police de Kouter (Gistel/Ichtegem/ Jabbeke/Oudenburg/Torhout) se sont posé bien des questions. Au début de l’enquête (en 2014), rien ne laissait penser qu’ils seraient confrontés à un système de paiement d’une telle ingéniosité. Tout a commencé avec une série d’enveloppes suspectes, dans une entreprise à Gistel. Dans ces enveloppes, point de grains de café, comme indiqué sur la facture, mais des stupéfiants. Quelques recherches criminalistiques plus tard, un premier suspect était identifié, grâce notamment à une empreinte digitale. Au fil de leurs investigations, les enquêteurs sont remontés jusqu’à un habitant de Gistel. Figure centrale de cette affaire, celui-ci se livrait avec des amis à un juteux trafic de stupéfiants. Xavier Proot : “Ils vendaient

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leur marchandise sur le darknet, l’internet des criminels. Tout le monde pouvait passer commande sur un marketplace et avait le choix entre de la cocaïne, du speed, de l’héroïne, du hasch, etc. On ne peut pas dire que les suspects manquaient d’ambition : leurs activités s’étendaient jusqu’aux quatre coins du monde. Ils se faisaient systématiquement payer en bitcoins.”

Tandis que ses complices s’occupaient principalement des aspects logistiques – le conditionnement et l’expédition de la drogue – et recevaient du speed en contrepartie, le suspect principal édifiait un véritable empire financier grâce à de la monnaie virtuelle.

UN TRAVAIL DE BÉNÉDICTIN

Comment les enquêteurs ont-ils découvert l’existence de ces bitcoins ? En fait, le juge d’instruction en charge du dossier avait ordonné des perquisitions en différents endroits. L’une d’entre elles – effectuée en collaboration avec la Computer Crime Unit de la Police Fédérale1 – a débouché sur la découverte de drogue, mais aussi d’ordinateurs et d’autres pièces à conviction.

Faisant montre d’une patience à toute épreuve, les enquêteurs ont mis au jour une série de commandes et de paiements. Toutefois, aucun membre de l’équipe n’avait encore jamais mené d’enquête sur des bitcoins. Quelques-uns se sont alors plongés dans l’univers de la monnaie virtuelle ; peu à peu, les connaissances qu’ils acquirent sur le sujet leur permirent d’assembler toutes les pièces du puzzle. Xavier Proot : “Pour brouiller encore davantage les pistes, les auteurs recouraient à un système de ‘mixeurs’ afin de dissimuler la provenance et la destination des transactions. Après ce travail de bénédictin, nous avons comparé nos constatations avec les résultats des analyses des ordinateurs saisis. Nous avons finalement mis la main sur plus de 900 bitcoins, que nous avons enfermés dans un coffre au commissariat.”

CONFISQUER DES BITCOINS ?

Les sommes d’argent saisies par les services de police et/ou confisquées par le tribunal doivent simplement être transférées à l’Organe central pour la saisie et la confiscation (OCSC). Mais pour les bitcoins, aucune procédure n’était prévue … Xavier


inforevue 032017

Proot : “À la suite de ce dossier, un groupe de travail a été créé avec le ministère public afin de déterminer ce que la police et le parquet doivent faire des bitcoins découverts dans les milieux criminels ou lors d’une perquisition. Soulignons que notre dossier est désormais considéré comme une ‘bonne pratique’. Depuis lors, XY et moi-même sommes régulièrement invités à des réunions sur la cybercriminalité liée à la drogue afin de témoigner de notre expérience.” Il y a peu, les bitcoins ont été convertis en euros et la somme de 1 795 000 euros a été transférée à l’OCSC. Ainsi s’achève cette passionnante et instructive affaire traitée par la zone de police de Kouter. f Inspecteur principal Jack De Waele, Computer Crime Unit Flandre occidentale : “Les bitcoins sont principalement utilisés dans des affaires d’extorsion avec ransomware : les cybercriminels exigent une rançon en bitcoins pour débloquer un PC infecté.”

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LES BITCOINS POUR LES NULS

Un bitcoin, c’est quoi ? • Une monnaie virtuelle. • Chaque bitcoin est unique et ne peut être copié.

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La valeur d’un bitcoin ? • Dépend de l’offre et de la demande. • Peut fluctuer sensiblement.

L’inspecteur principal Vincent Lebacq, enquêteur dans l’affaire des bitcoins, et le commissaire Xavier Proot, chef de la recherche locale.

Achteter des bitcoins ? • Tout le monde peut acheter des bitcoins, totalement anonyme ! • Ils se conservent dans un portemonnaie digital, online ou offline (pc, smartphone, stick usb etc.).

Payer avec des bitcoins ? • En ligne, crypté en anonyme. • Les transactions sont enrégistrées dans un registre public.

Convertir des bitcoins en devises fortes ? • En ligne via un bureau de change virtuel (1,5% de commission). • L’équivalent en euros ou en dollars est versé sur votre compte en banque.

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PÉDOPORNOGR APHIE

“Je n’ai jamais identifié un pédophile grâce à son sexe” • Les enquêteurs de la cellule Pédopornographie ont la tâche peu enviable d’analyser des images d’abus sexuels sur mineurs. • Leur mission : identifier les auteurs et/ou les victimes. • La technologie aide mais l’identification reste un travail humain. TEXTE Stefan Debroux PHOTOGRAPHIE Lavinia Wouters

BRUXELLES – Nous sommes des ‘zoomers’. Monja est l’une des enquêteurs qui examinent les images d’abus sexuels sur mineurs. “Je ne me concentre pas sur l’abus sexuel en tant que tel. Je n’ai jamais identifié un pédophile grâce à son sexe. Lorsque j’analyse des images, je recherche des éléments à recouper, qui disent quelque chose sur la victime, l’auteur ou le lieu où les images ont été prises : un meuble, un vêtement, la vue par une fenêtre, une peluche1 … Je zoome constamment sur des détails. Chaque élément nous permettant de restreindre notre champ de recherche est bon à prendre. Il nous permet de faire des liens.”

“Souvent, c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Il arrive par exemple qu’on ait la chance de pouvoir relier un élément visuel à un endroit spécifique. L’auteur nous facilite assez souvent la tâche.” Yves Goethals témoigne : “Comme la fois où un pédophile avait affiché l’itinéraire vers son domicile dans une chatroom avec sa webcam. Il n’a pas reçu la visite qu’il espérait… Mais de tels coups de chance sont exceptionnels.”

IINTERNET : DIFFICULTÉS ET OPPORTUNITÉS 22

Internet est un terrain de chasse rêvé

pour les pédophiles. Ils se cachent derrière de faux profils pour chatter avec des victimes potentielles. De même, ils peuvent partager des images (leur ‘trophées’) avec des homologues du monde entier sur des forums cryptés. “Je ne considère pas pour autant Internet comme l’unique cause du phénomène ; ce n’est pas Internet qui commet les abus”, explique Yves Goethals. “Autrefois, les pédophiles s’échangeaient déjà des images, mais ils développaient leurs photos et se les envoyaient sous enveloppe.” Le web a cependant fait exploser le volume d’images. Le travail de recherche prend donc énormément de temps. Dans le même temps, le monde numérique offre de nouvelles opportunités pour rechercher les pédophiles et mettre au jour les réseaux.”

UNE LONGUEUR D’AVANCE GRÂCE À LA TECHNOLOGIE ? Logiciels de reconnaissance faciale, recherches paramétrables dans des banques de données, tracking d’adresses IP et autres exploitations de données digitales… “Certains pensent qu’on identifie un auteur rien qu’en poussant sur un bouton, mais rien n’est moins vrai. L’identification reste un travail humain”, souligne Yves Goethals. “À ce jour, nous n’avons pas encore réussi à expliquer

à un ordinateur ce qu’est un abus sexuel sur mineur. Il n’en demeure pas moins que la technologie nous aide sérieusement.”

“Un travail humain collectif ”, précise Monja. “Étant donné le volume de matériel pédopornographique présent sur Internet et la dimension internationale des réseaux pédophiles, nous sommes forcément amenés à collaborer avec des collègues étrangers. Il y a non seulement des enquêteurs mais aussi des experts en informatique, des inspecteurs de quartier, etc. It takes a strong network to beat a network.” f

Europol a lancé un appel au public pour reconnaître des objets figurant à l’arrière-plan d’images à caractère explicitement pédopornographique. L’organisation entend ainsi identifier les victimes et démasquer les pédophiles. La banque de données d’objets est disponible en ligne sur https:// www.europol.europa.eu/stopchildabuse.

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inforevue 022017

LA PÉDOPORNOGRAPHIE, UN DOMAINE DES PLUS DÉLICATS POUR LES ENQUÊTEURS La confrontation quasi quotidienne avec des images de viols d’enfants ne laisse évidemment pas indifférent. Les quatre enquêteurs de la cellule Pédopornographie, parmi lesquels trois policières, ont chacun leur ‘carapace’. Yves Goethals : “J’arrive à faire un switch dans mon esprit et à mettre de côté un dossier pour aller parler budget à une réunion. C’est une question d’habitude. Inconsciemment, on arrive à bloquer son indignation. Toutefois, j’estime positif que nous soyons obligés d’effectuer une visite annuelle chez un psychologue du Stressteam. Un tel contrôle sous forme d’une discussion libre avec

une personne extérieure s’avère bénéfique. Au sein de l’équipe, l’humour est un mécanisme qui nous permet d’entretenir notre résistance mentale.” Monja : “Ces images me révoltent, et c’est justement ce qui me motive. De même, je trouve important de pouvoir en parler avec mes collègues et mon conjoint (qui est également policier, ndlr). Il faut aussi savoir s’arrêter à temps. Analyser des images d’abus sexuels n’est pas un métier à temps plein. Il faut de temps en temps se détendre nerveusement. Alors je passe mon temps à ennuyer mon patron (rires).”

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PÉDOPORNOGR APHIE

“Certains pensent qu’on identifie un auteur rien qu’en poussant sur un bouton, mais rien n’est moins vrai. L’identification reste un travail humain”

Dans le cadre de dossiers importants (c-à-d en cas de saisie d’une multitude d’images), les enquêteurs en pédopornographie “scannent” parfois des milliers d’images en une journée, à la recherche de pistes.

Yves Goethals • Le commissaire Goethals dirige la cellule Pédopornographie depuis 16 ans. • Depuis 2009, son équipe a identifié 123 victimes belges et 79 auteurs belges. • Direction Serious Organised Crime (DJSOC) – Police Fédérale

CAS D’ÉCOLE : UNE AFFAIRE REMONTANT À 2007

Chaque année, Interpol transmet à la cellule Pédopornographie quelque 200 dossiers, des affaires où il est présumé que l’auteur ou la victime sont de nationalité belge. En 2007, six vidéos montrant des images d’abus sur mineurs saisies par la police australienne ont été transmises à Yves Goethals et son équipe. Les noms de l’auteur et de la victime étaient inconnus, mais les collègues anglo-saxons avaient cru repérer un dialecte germanique. Yves a reconnu le patois de sa région : West-Vloanderen (la Flandre occidentale, avec l’accent). Et c’est comme cela que tout s’est enchaîné. Ce dossier reste en mémoire comme un cas d’école en ce qui concerne le sens des responsabilités, la coopération internationale et l’échange de données. Yves a envoyé un rapport d’information avec une photo de la jeune victime aux zones de police de Flandre occidentale. Un inspecteur de quartier sur le point d’être pensionné a reconnu la jeune fille. Lorsque la police s’est présentée à son domicile, elle y est également tombée sur l’auteur, à savoir son père. Pour Yves, cela n’était pas une surprise : “Dans 99 % de cas, lorsque nous parvenons à identifier une victime, le pédophile (ou vice versa) n’est pas très loin.” Au bout du compte, l’accent ouest-flandrien dans la vidéo a permis d’identifier 200 pédophiles partout dans le monde et de mener 2500 perquisitions. Le personnage central, un caméraman italien, a pu être traduit en justice. “Je sais qu’une seule arrestation ne change pas la face du monde”, conclut Yves. “Mais j’éprouve quand même de la satisfaction à l’idée qu’il y a un pédophile de moins dans la nature.”

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05/01/2017

20h30

Alost

Jona De Smedt I

Instinct Risquant sa vie, Jona tente d’éteindre l’incendie lorsque, soudain, un amas de’nuages’ lui tombe sur la tête. “Je suffoquais, je ne voyais plus rien et j’étais complètement désorienté. J’ignorais qu’un nuage de fumée pouvait retomber ainsi. Je ne savais pas non plus qu’on pouvait perdre sa capacité à réfléchir de manière rationnelle. J’ai agi d’instinct, mais je me rends compte à présent que j’aurais pu y rester. Tout le monde avait déjà été emmené en lieu sûr : pourquoi ne suis-je pas également resté dehors ? Je me le demande encore aujourd’hui.”

R

Remerciements “Le propriétaire de la maison m’a remercié presque immédiatement ; quant à la mère des deux enfants, je n’ai plus jamais eu de ses nouvelles. Une société carnavalesque m’a offert la somme de 400 euros, mais je les ai reversés à une dame qui a perdu sa maison dans un incendie.” Au mois de mai de cette année, Jona s’est vu décerner une médaille par le Carnegie Hero Fund pour son acte

héroïque. Et une lettre de félicitations a été versée à son dossier personnel.

A

Au péril de sa vie Jona a courageusement combattu le feu, risquant sa propre vie. “Ce n’est que lorsque le nuage de fumée est retombé que la situation est réellement devenue dangereuse. Je suis sorti à tâtons, en longeant un mur. Si les faits s’étaient produits dans une maison, je ne serais certainement plus là.”

P

Pulsations cardiaques “Lorsqu’on m’a emmené en ambulance, j’ai senti mon pouls battre comme un tambour dans ma gorge. Ce n’était pas du tout normal. Et qu’estce que je toussais !

Heureusement, je n’en ai pas gardé de séquelles.”

A

Acte héroïque “Je n’ai pas du tout le sentiment d’être un héros. Tout le monde aurait fait pareil, non ? Je n’ai pas réfléchi, j’ai foncé.“

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SUPERCOP

Il fait un froid de canard lorsque l’inspecteur Jona De Smedt finit son service. Membre du service d’intervention de quartier de la Police Locale d’Alost, il doit encore repasser au bureau principal afin d’y déposer son arme. Alors qu’il se dirige vers le Varkensmarkt à bicyclette, Jona entend soudain un cri : ”chef, chef, il y a le feu”. Mais il ne remarque rien dans un premier temps… avant de constater qu’un incendie s’est déclaré au deuxième étage d’un appartement de la Molendries. Une énorme boule de feu est en train d’y embraser le plafond. Jona prévient les services de secours et n’hésite pas une seconde : il sonne à toutes les portes. La dame du premier étage le fait entrer et l’accompagne jusqu’aux deux autres étages. Il la charge de s’occuper du troisième, puis se rend au second. En ouvrant la porte, Jona doit faire face à une chaleur suffocante : la cuisine tout entière est dévorée par le feu. Sans perdre de temps, il demande à la dame s’il y a encore d’autres personnes dans l’immeuble. Deux enfants en train de jouer dans une chambre sont évacués ; la mère, hystérique, doit être emmenée plus ou moins de force. À ce moment-là, il n’y a que des flammes, pas encore de fumée. À l’aide de deux extincteurs qu’il trouve sur place, Jona s’attaque au foyer de l’incendie, en visant la base des flammes. Ce faisant, il sauve la vie d’une mère et de ses deux enfants, mais il empêche également la destruction d’un immeuble tout entier. Saskia Van Puyvelde

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FACE TO FACE

Porter un short au travail : tendance ou exclu ? Maria De Sterck

COMMISSAIRE DIVISIONNAIRE – CHEF DE CORPS DE LA ZONE DE POLICE HAMME/WAASMUNSTER

D

ans notre zone de police, le port du short est permis. Que les collègues de la recherche portent un short ne pose, à mon avis, aucun problème, et cela vaut également pour les membres du personnel civil de ce service. Je parle bien ici d’un short habillé, pas de bermudas hawaïens. Les membres de notre brigade vélo travaillent en uniforme, mais portent néanmoins un short. Je les y autorise. L’arrêté royal du 14 juillet 2006 relatif à l’équipement et décrivant la tenue de base des policiers devrait néanmoins être adapté. Ce qui est bizarre, c’est que la législation prévoit une jupe-culotte pour les femmes, mais pas de short pour les hommes. Pour le reste, l’arrêté royal ne prévoit que le pantalon classique et le pantalon de police. Il y est bien question de tenue de fonction, mais seulement pour les motards, pour les maîtres-chiens et pour les collègues assurant le maintien de l’ordre public. Rien pour les brigades vélo. Il y a quelques années, notre zone avait demandé à la Commission permanente de la police locale de reconnaître officiellement la ‘tenue vélo’ étant donné que tous les corps de police disposent d’une

brigade vélo. Notre demande est restée lettre morte, avec pour conséquence que chaque corps agit à sa mode …

Pourtant, il ne serait pas superflu d’ajouter le short à la liste de l’équipement de base officiel. Les météorologues pronostiquent des étés plus chauds et la garde-robe de nos policiers doit donc être adaptée en fonction. Par ailleurs, ‘uniformiser’ le short offrirait un avantage incontestable : ne perdons pas de vue que le short doit être reconnaissable et reconnu en tant que tenue de police. Le port du short est toutefois soumis à des restrictions, notamment en matière de sécurité. Pas question bien entendu de porter un short à moto.

Quoi qu’il en soit, pour moi, le plus important est la manière dont une intervention est menée et pas la tenue qui est portée à ce moment-là.


Qu’en est-il des dress codes pour les hommes sur le lieu de travail et des normes vestimentaires ? En 2017, le short est-il toujours synonyme de tenue de loisirs ? Dans quelle mesure le short est-il compatible avec le port de l’uniforme ?

Hugues Tasiaux

COMMISSAIRE DE POLICE – DIRECTION SERIOUS ORGANISED CRIME (DJSOC/OCRC) – POLICE FÉDÉRALE

J

e n’aurai pas la prétention d’apporter ici LA réponse. J’espère néanmoins, par ces quelques lignes, faire pencher la balance vers le oui.

Le port du short au sein de l’institution ‘police’ est dans certains cas déjà parfaitement compatible avec le code vestimentaire uniformisé. J’en prends pour preuve les deux collègues VTTistes que j’ai croisé ce midi dans le restaurant du Polis Center (anciennement le RAC). Si pour eux, il n’y a rien à en redire, quid du policier fédéral lambda travaillant, parfois seul, dans son bureau ? Je vois encore le regard du directeur, il y a quelques semaines lorsqu’il m’a vu rentrer dans son bureau. Je dis regard car il ne m’a rien dit sur le moment. Plusieurs jours se sont passés avant qu’il ne m’en fasse la remarque.

Rassurez-vous, je ne portais pas un short maillot aux motifs hawaïen mais un bermuda en lin que je trouvais sobre et parfaitement en adéquation avec la chaleur étouffante que nous connaissions en juin de cette année. Pour moi, comme dans la vie courante, tout est dans la nuance. Il est parfaitement compréhensible qu’un employeur impose une tenue particulière ou, à contrario, qu’il interdise de porter tel ou tel autre vêtement. Dans tous ces cas, il ne peut cependant pas le faire de manière arbitraire.

Mais alors qu’en est-il chez nous ? Pour y répondre, je n’ai pas envie d’aller chercher le ou les textes qui évoquent la chose. J’en appelle simplement au bon sens.

Question de bon sens, une anecdote me revient à l’esprit. Elle se situe à l’époque de mon incorporation, fin des années 80. A cette époque, pas question de rentrer au quartier sans costume ni cravate. Quel agacement pour moi de voir l’aspirant X passer la barrière alors qu’il portait son costume de premier communiant, trop court, en chaussettes blanches et avec pour cravate, un vieux tricot lui arrivant à hauteur du nombril. Au même moment, je me voyais refouler, par un gradé zélé, car je portais un pantalon en toile avec un blazer sur un pull col roulé … Depuis cette époque, les habitudes vestimentaires et d’apparence ont évolué. Il est courant par exemples, de croiser des collègues, des deux sexes, arborant boucle d’oreille, piercing et ou encore l’un au l’autre tatouage …

Dans tous les cas, on se doit de respecter l’image de notre organisation, tant en interne que vers l’externe. Notre tenue doit être décente et non négligée. Si le port du short répond à ces différents critères, pour ma part, je ne vois pas ce qui poserait problème.

inforevue 032017

FACE TO FACE


ANIMAUX ET INTERVENTIONS

Autoroute : interdite aux animaux ! Gérer les animaux errants qui perturbent la circulation et les conséquences, c’est quasiment du quotidien dans les interventions de la police de la route. Accident à la clef avec quelques fois des conséquences graves pour les automobilistes, des animaux morts, une circulation perturbée, ... Mais l’histoire ne se termine pas toujours aussi mal. TEXTE Françoise Forthomme

DAUSSOULX – Les policiers de la route essaient toujours d’abord de chasser l’animal vers le bas-côté pour sécuriser la circulation, puis ils tentent de le capturer. Il arrive aussi que l’animal ne se laisse pas faire et continue de constituer un danger. Pour la sécurité des automobilistes, les policiers sont alors contraints de l’abattre. Ils disposent de différentes laisses lassos pour essayer d’attraper les animaux errants. Mais il faut quelques fois imaginer d’autres ruses originales…

COCHON SPORTIF

John Ganseman se souvient d’une dame qui avait signalé un petit

cochon sur l’autoroute : “Il courrait partout, complètement apeuré, on a utilisé une veste fluo pour l’attraper. La dame qui l’avait signalé avait un sac de sport dans son coffre, on a mis le cochon dedans et elle a proposé de l’emmener car elle avait une petite ferme.”

UNE GAMELLE DE CROQUETTES TOUJOURS PRÊTE

chenil dans lequel une gamelle de croquettes est toujours prête ! Quand on récupère un chien lors d’une intervention, on peut facilement le garder quelques heures ou jours. S’il est pucé, on recherche le propriétaire grâce au lecteur de puce. S’il ne l’est pas, on contacte l’ASBL Sans Collier qui le prend en charge. ” f

Une fois l’animal attrapé – il s’agit rarement de ‘cochon sportif’ mais bien souvent de chiens – se pose la question que faire ? Au refuge ? John explique les démarches que lui et ses collègues entreprennent : “A Daussoulx, nous avons construit un

ACCIDENT AVEC HAPPY END John Ganseman • Inspecteur à la police de la route de la Police Fédérale • ”Il y a quelques années, on est appelé pour un accident à proximité de Gembloux. Une dame avait perdu le contrôle de son véhicule à cause d’un chien errant. On a réussi à attraper le chien. C’était un border collie, il était couvert de boue. Après l’intervention, je l’ai ramené au poste. Il n’était pas pucé ; impossible de tracer le propriétaire. Comme nous venions de perdre notre chien à la maison, nous l’avons adopté.” 28


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”Jamais plus sans la police” Une fourche lancée rageusement par un fermier à travers la vitre du véhicule, des menaces de mort proférées par une dame furibonde... Suite à de telles réactions agressives survenues lors de la saisie d’animaux (de compagnie), un inspecteur vétérinaire limbourgeois n’ose plus intervenir sans la police.

HASSELT – La policière Katleen Telemans n’est pas étonnée par les mésaventures de ce vétérinaire  : “Les gens deviennent hystériques lorsqu’il s’agit de leurs animaux. Une amende de roulage ? Ils préfèrent en rire ! Mais lorsqu’on s’en prend à leur animal, ils perdent tout leur sang-froid. Et pourtant, lorsque intervention il y a, c’est généralement pour des cas de négligence ou de maltraitance. L’inspecteur principal Katleen Telemans coordonne le travail de quartier au sein de la zone de police Limburg Regio Hoofdstad. Son dada  ? Le bien-être animal. “Je n’aime toutefois pas le terme de ‘police des animaux’. Quésaco ? Les signalements de maltraitance ou de négligence doivent être traités de toute façon, même si le ‘bien-être animal’ ne fait pas partie des fonctionnalités de la zone de police.

Bien-être animal et saisies Tant la police que l’inspecteur vétérinaire peuvent décider, sur la base de l’article 42, §1er de la loi sur le bien-être animal, de procéder à la saisie d’un animal. “On nous signale régulièrement des faits de maltraitance de chiens et de chats ou de négligence envers des chevaux et des bovidés”, nous informe Katleen. “Pour la saisie proprement dite d’un animal, nous faisons appel à un refuge. À cet égard, la zone de police a conclu des accords avec des refuges pour chiens, chevaux, animaux exotiques, etc. Ils sont disponibles 24h/24, 7j/7.” Le Service d’inspection ‘Bien-être animal’ de l’administration flamande décide ensuite du sort qui sera réservé à l’animal. Carinne, inspectrice vétérinaire : “Il est dès lors très important d’obtenir le plus

rapidement possible une copie du procès-verbal, avec une description détaillée (et idéalement des photos) de l’infraction et des conditions de vie de l’animal, ainsi qu’une copie de l’audition de son propriétaire. Nous devons prendre une décision dans les deux mois : retour au propriétaire, hébergement au refuge ou vente publique.” “Tout le monde veut un chien, mais peu de gens savent comment l’élever”, conclut Katleen Telemans. “Les chevaux rencontrent également beaucoup de succès. Entretenir un cheval ? Oh, une petite prairie suffit ! Mais le foin, la paille, un box qu’il faudra nettoyer ... les gens n’y réfléchissent guère. Et c’est alors que les ennuis commencent ...” Stefan Debroux

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La Silver Commander Anke Jacobs est présente toute la journée sur le terrain. La Police Fédérale a placé des blocs de beton sur les voies d’accès.

S’asseoir un peu, le temps d’un briefing. Conseil en or pour les festivaliers: prenez les transports en commun.

Le chien drogue silencieux a mérité sa récompense.

Du centre de commandement, on a une vue d’hélicoptère sur l’événement.


Anke Jacobs PROFESSION :

SILVER COMMANDER À ROCK WERCHTER

Jeudi 29 juin, 10 heures. Quelques heures avant l’ouverture de Rock Werchter, nous avons rendez-vous avec l’inspecteur Robby Mellemans au secrétariat Opérations de la direction de coordination et d’appui. Tout au long de la préparation du festival, ce service est le centre névralgique policier où se met sur pied l’intégralité du service d’ordre. Robby et ses collègues Kristof Vanbrabant et Belgin Dincer recherchent notamment les ‘forces’ nécessaires pour assurer tout l’éventail des missions policières. “Sur quatre jours d’événement, la capacité nécessaire ne doit pas être sousestimé. Nous ne pourrions pas mener à bien un service d’ordre d’une telle ampleur sans recourir à des collègues extérieurs.” Une heure plus tard, nous voilà sur la scène principale de Rock Werchter. La Silver Terrain Anke Jacobs s’active alors sur et aux alentours de la plaine du festival depuis plus de quatre heures. Nous attendons les maîtres-chiens ‘explosifs’ qui vont effectuer un sweeping de la scène. Au terme de celui-ci, ils ne quittent pas le site de festival afin de pouvoir réagir rapidement en cas de découverte d’un colis suspect. C’est l’une des mesures prises dans le cadre du niveau de menace 3.

Des blocs de béton. Étant donné le niveau de menace 3, une vigilance accrue est d’application, ce qui se traduit par une présence policière renforcée lors d’événements tels que Rock Werchter. “Nous nous basons sur les analyses de l’OCAM et les recommandations du Centre de crise du gouvernement. Nous devons réagir aux techniques utilisées lors d’attentats à l’étranger, par exemple un véhicule qui fonce sur la foule. Pour la première fois, nous avons bloqué les voies d’accès au site du festival à l’aide de blocs de béton. Nous avons pour cela fait appel à la Direction de la sécurité publique (DAS) de la Police Fédérale.”

Relève de la garde. La commissaire Jacobs briefe le peloton Charlie concernant ses missions de maintien de l’ordre. Cellesci consistent essentiellement à assurer une surveillance et des patrouilles sur les voies d’accès et au niveau de l’entrée. Alors que les policiers se positionnaient jadis de manière discrète et en retrait, il s’agit depuis l’année dernière d’avoir une présence visible. Tout le dispositif n’est cependant pas identifiable : il y a également des policiers en civils, appelés ‘teams India’ qui peuvent ainsi intervenir rapidement en cas de bagarres ou d’autres incidents. Les équipes en service pour l’ouverture le jeudi ne doivent pas s’attendre à des difficultés particulières. Les choses évoluent au fur et à mesure que la foule s’épaissit, que l’alcool coule à flots et que les nuits raccourcissent.

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U N J O U R AV E C

IDENTITY KITLa commissaire Anke Jacobs a rejoint le Direction de coordination et d’appui (DCA) de la Police Fédérale à Louvain en 2015. En tant qu’officier opérationnel (elle est la seule au sein de la DCA, hormis le directeur coordonnateur), elle combine plusieurs fonctions dont celle de cheffe du service Opérations. C’est en cette qualité qu’elle a été impliquée dans les préparatifs de la saison des festivals (TW Classic, Rock Werchter et Werchter Boutique). Lors de Rock Werchter, elle a assuré en alternance les rôles de Gold et Silver Commander. Le Silver Terrain est les yeux et les oreilles du commandement au sein du périmètre du festival. Il (en l’occurrence, elle) assure le briefing des policiers sur le terrain, intervient en cas d’incident et veille à la bonne exécution des missions policières.

La gestion de la circulation constitue à chaque fois un défi. Il est conseillé aux festivaliers d’emprunter les transports en commun pour se rendre au festival. Cette année, un arrêt de bus supplémentaire a été prévu : Hoogland. Le peloton Delta veille à ce que les arrivées de bus, de vélos et de piétons aient lieu sans encombre. Au moment de notre visite, tout semble bien se dérouler. Un grand classique : le chien drogues silencieux. Depuis une plate-forme surplombant l’espace entre le contrôle de sécurité et le contrôle des tickets, nous observons un policier qui mène son chien entre les visiteurs. En quelques instants, le flair du canidé fait mouche à trois reprises. Des collègues en uniforme accompagnent les ‘heureux élus’ dans un commissariat improvisé. Si la fouille s’avère positive (au vu des produits saisis, il s’agit essentiellement de quantités de cannabis destinées à la consommation personnelle), un procès-verbal est dressé et les contrevenants se voient proposer une transaction.

En début de soirée, nous revenons à Louvain pour achever notre mission, plus précisément, au CIC Brabant flamand , qui abrite le centre de commandement. C’est là qu’est basé le Gold Commander, qui peut avoir d’ici une vue d’ensemble de l’événement. Anke Jacobs : “Au centre de commandement, je peux littéralement suivre depuis mon fauteuil tout ce qui se passe sur le site du festival et aux alentours. Ne vous méprenez toutefois pas : la pression et le stress sont parfois à leur comble ici aussi. Est-ce que je préfère être Gold ou Silver ? Lorsqu’on prépare un service d’ordre, il est avantageux de savoir comment tout fonctionne sur le terrain ; c’est justement la combinaison des deux aspects que je trouve intéressante.”

Stefan Debroux

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L’ I N V I T É Dans cette rubrique, Inforevue invite un membre du personnel de la police à un entretien portant sur des thèmes liés tant à sa fonction qu’au monde policier au sens large.

“Le James Bond de service” Freddy Tarara, c’est “monsieur 21 juillet”, le doyen des commandants de détachement qui, chaque année, tient fièrement les rênes du défilé. Jeune recrue, son rêve était de rejoindre les rangs de la police de la route. Mais les choses ont pris une tournure différente. Quoique… L’année dernière, Freddy a fait l’acquisition d’une moto pour se déplacer entre son domicile et son lieu de travail. Car Freddy travaille encore – “jusqu’à l’âge de 65 ans”, précise-t-il. Certains pensent en effet qu’il est à la retraite depuis quelque temps et qu’il est réquisitionné chaque année pour orchestrer le défilé du 21 juillet. TEXTE Saskia Van Puyvelde PHOTOGRAPHIE Lavinia Wouters

BRUXELLES – Le bureau de Gottfried Tarara – son vrai nom – respire l’amour et la passion pour la police. Une vitrine déborde de vieux képis, de maquettes de voitures de la gendarmerie et de la police, ainsi que d’autres souvenirs que Freddy collectionne depuis son entrée en fonction à la gendarmerie en 1974. Membre de l’Académie nationale de police (ANPA), Freddy coordonne et donne des formations en matière de police administrative et de sécurité publique, mais il organise également le défilé annuel de l’escadron de policiers à pied lors de la fête nationale.

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Son histoire commence en 1974. Freddy Tarara débute sa carrière en tant que candidat officier à Wilrijk. Au cours des années qui suivent, il sera successivement maréchal des logis, maréchal des logis chef et premier maréchal des logis chef. À l’époque, la gendarmerie est encore militarisée, si bien qu’à la fin des années 80, Freddy a la possibilité de partir pour quatre ans en Allemagne, où il rejoint le détachement de la prévôté à Neheim. Déjà actif au sein de la Croix-Rouge en Belgique, il profite de son séjour outre-Rhin pour devenir moniteur en secourisme. Il y

apprend également à monter à cheval, “pour le plaisir”, dans les immenses étendues boisées d’Arnsberg. “C’était assez intensif, mais cette sensation de liberté que procure l’équitation est incomparable. Nous montions même en hiver.” En 1991, la prévôté est dissoute. Freddy revient en Belgique et entame alors sa formation d’officier. En 1992, la démilitarisation de la gendarmerie marque la fin des missions de guerre des groupes mobiles. Seules les missions d’ordre public subsistent. (Freddy nous emmène à la découverte de la structure de la gendarmerie, avec ses groupes mobiles, régions, groupes territoriaux, escadrons, districts et brigades.) “C’était une structure fortement hiérarchisée mais elle intégrait une réserve suffisante pour faire face aux événements ou incidents imprévus. La création des corps d’intervention après la réforme des polices a changé la donne ; il est devenu plus difficile de mobiliser rapidement un grand nombre de policiers. Alors que nous restions parfois plusieurs semaines loin de chez nous, les nouvelles recrues, elles, surveillent l’heure de près. L’esprit de corps n’est plus le même ; cela dit, d’un point de vue individuel, les personnes que nous

formons sont tout à fait compétentes.” Freddy devient ensuite sous-lieutenant, lieutenant, puis capitaine. Le 1er avril 2001, il obtient le nouveau grade de commissaire. “Pour moi comme pour beaucoup d’autres, la réforme des polices a été une période mouvementée. En tant que commandant de division/commissaire, j’ai opté pour la stratégie du sous-marin. Je me suis dit ceci  : laissons faire la mer, scrutons l’horizon et remontons à la surface lorsque l’occasion se présentera. En attendant, restons ici au calme.”

Sauvés par l’HyCap ? Depuis la réforme des polices, la ‘capacité hypothéquée’, mieux connue sous le nom de ‘HyCap’1, est son ‘bébé’. “Nul doute que notre système de maintien de l’ordre est efficace, c’est un des meilleurs d’Europe occidentale. Mais nous devons nous entraîner davantage. Le Corps d’intervention (CIK) devrait être formé pour pouvoir faire face à des situations de violence extrême. Lors des manifestations, nos collègues se font parfois bombarder de roulements à billes … Nous devons pouvoir simuler des services d’ordre du début à la fin, et non de manière fragmentée comme


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L’INVITÉ

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L’ I N V I T É

VERY IRRITATING QUESTION

Les policiers étaient-ils plus motivés autrefois ? “Certains devraient s’interroger sur leur motivation et se demander pourquoi ils travaillent à la police. Je vais décevoir ceux qui espèrent trouver ici un salaire plantureux et un horaire pépère : ils vont déchanter. Le statut précise d’ailleurs qu’il faut être disponible en permanence ; à mon avis, peu ont lu ce passage attentivement. L’esprit de service, la disponibilité, la disposition à prendre des risques … : il faut avoir cela dans le sang. C’est mon cas : on m’appelle le James Bond de service.”

c’est le cas maintenant. Gaz lacrymogènes, que le projet sera accepté avant la fin de feu, cocktails Molotov, barricades … nous ma carrière et que nous disposerons ainsi devons pouvoir réunir tous ces éléments. d’un terrain d’exercice adapté pour le Les jeunes qui sont confrontés à de telles maintien de l’ordre public. Nous pourrons situations sur le terrain n’en croient pas alors proposer à la police intégrée dans leurs yeux ! Nous devons les y préparer. son ensemble une formation et un entraînement uniformes, de qualité. Et je pourrai Je me réfèrerai ici au modèle EFQM2. On y trouve deux catégories de coûts : les coûts enfin partir à la retraite …” d’échec et les coûts de prévention. La formation est un exemple de coûts de préven- Quel a été l’impact de l’optimalisation tion. Elle ne résout pas tous les problèmes, mais elle joue un rôle important. Si on parvient à éviter de graves brûlures à deux policiers, alors le coût de l’entraînement est vite amorti. “Books are expensive, training is expensive, but being Savez-vous combien coûte la stupid is still more expensive.” rééducation de ces personnes ? Et c’est sans parler de la souffrance humaine, y compris celle de la famille ! Le travail policier préventif n’est pas pour vous ? “Ma fonction a disparu avec mesurable, mais nous devons entamer l’optimalisation. De ‘dirigeant’, mon statut une réflexion approfondie sur les coûts est passé à celui de ‘formateur’. L’année de prévention. L’investissement serait dernière, j’ai même été obligé de suivre la payant. C’est pourquoi je défends avec formation de formateur ! J’étais le papy de ardeur l’idée du village d’entraînement de la classe ! J’aime donner cours et je le fais Goetsenhoven ; la proposition a été soumise pour approbation au cabinet. J’espère depuis toujours : premiers soins, tir, maîtrise de la violence, éducation physique et sport … Mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée d’aller voir dans l’assiette des autres. Lorsqu’il y a des restructurations dans le privé, on vous met dehors. Nous n’avons pas dû passer par là. De plus, personne n’a vu son salaire diminuer. Certes, le travail de policier peut être pénible sur le plan

OPUS CITATUM

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psychologique. Nous sommes sans cesse confrontés à la face obscure de la société, au mauvais côté de l’homme. Mais nous avons la sécurité de l’emploi, et c’est un luxe incroyable !”

Était-ce mieux avant ? “Auparavant, j’étais très à cheval sur les principes. À 62 ans, j’ai compris qu’il y a plus de cinquante nuances de gris. Rien n’est noir ou blanc. En tout cas, c’était différent, c’est sûr. C’était une autre époque, il est difficile de comparer. Pour moi, il y a eu un avant et un après Dutroux. Cet individu a fait bouger pas mal de choses. Mais fallait-il pour autant redessiner tout le paysage policier ? De nombreux changements s’imposaient en tout cas. Les signalements, par exemple : autrefois, la police communale, la police judiciaire et la gendarmerie géraient chacune leurs dossiers. Personne ne pouvait faire le lien, c’était tout bonnement impossible. Le contexte a changé. Malheureusement, il y a eu des drames, et ceux-ci ont mis au jour de nombreux dysfonctionnements. Les policiers doivent pouvoir mettre leur égo de côté. Ce sont des ‘chasseurs’ : avant Dutroux, ils chassaient chacun de leur côté. Mais les choses se sont accélérées, ce qui est tout bénéfice pour le citoyen. Les programmes informatiques, les PC … À présent, les liens s’établissent automatiquement et rapidement, ce qui était impensable autrefois. Les mentalités ont complètement changé. L’approche du travail policier a également évolué. À la gendarmerie, c’était un peu ‘nous contre eux’, et puis c’était une ‘force de police’. Maintenant, nous sommes un ‘service de police’, nous sommes au service des autorités et des citoyens. Il n’y a rien de mal à cela. Mais prenons l’exemple de


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LE TRADUCTEUR.

QUE SIGNIFIENT POUR LES EXPRESSIONS SUIVANTES ?

L’INVITÉ

• Pour apprendre à connaître le caractère d’un homme, donnez-lui du pouvoir (Abraham Lincoln) : “Un dirigeant ne peut se faire respecter que s’il se montre lui-même respectueux ; il est en outre aussi fort que son maillon le plus faible. Traitez tout le monde avec le même respect, jugez les autres à l’aune de vos propres expériences, et non des rumeurs. Appliquez les trois filtres (Ce que je vais dire est-il exact ? Est-ce bien ? Est-ce utile ?), sinon taisez-vous. Je dis toujours : ‘Ne parlez pas de vous, car d’autres le feront de toute façon quand vous aurez le dos tourné’. Je ne supporte pas les menteurs ou les gens qui lèchent les bottes de leurs supérieurs et méprisent leurs subalternes.”

- L’innovation, c’est ce qui distingue le leader du suiveur (Steve Jobs) : “Mais le leader doit avoir d’autres cordes à son arc. L’innovation suffit pour améliorer les choses, mais pas pour entrer dans les livres d’histoire. Optimaliser, c’est aussi innover, mais il est temps de s’arrêter, à présent. Les gens ont à nouveau besoin de stabilité.” - Je crois que la meilleure définition que l’on puisse donner de l’homme est la suivante : un chien ingrat. (Dostoïevski). “Un chien n’est pas ingrat. C’est le cas de Jack, mon chien drogue à la retraite que j’ai malheureusement dû faire euthanasier en juillet de l’année passée : c’était un collègue, il m’accompagnait partout. C’était une crème de chien, il n’y avait pas plus brave.”

la défense des droits d’un suspect : depuis Salduz, c’est devenu un vrai casse-tête. Souvent, on n’ose plus intervenir de peur de faire des erreurs de procédure. Il y a un grave déséquilibre entre les droits des policiers et les droits de la défense. Les policiers font respecter la loi mais ceux qui sont de l’autre côté ne connaissent ni lois, ni limites !”

Système de solidarité entre les zones de police locales en vertu duquel celles-ci se prêtent appui pour l’exécution de missions de police administrative. 2 European Foundation for Quality Management. 1

POUR OU CONTRE

• Un uniforme se porte avec fierté. “Je suis absolument ‘pour’ : un uniforme peut/doit forcer le respect. Mais difficile de ressentir de la fierté avec cet uniforme. Prenez le pantalon d’intervention : il fait si négligé. Et c’est sans parler de l’apparence de certains policiers … Parfois, ils ressemblent davantage à des gangsters armés.”

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© Jos Balcaen


L’écusson, fusion de passions

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OUT OF OFFICE

Souvenez-vous, au lendemain des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles, l’écusson “United we stand” avait fait son apparition pour soutenir le policier blessé dans les attentats. La vente sera – et est encore – un vif succès. L’espoir était d’en écouler entre 500 et 1 000 et, actuellement, environ 20 000 écussons ont été vendus !

A

U SERVICE DE LA BONNE CAUSE

L’idée, on la doit à Maxime Van der Wilt, inspecteur depuis 2009 au sein de la Brigade Territoriale d’Intervention (BTI) de la zone Bruxelles Capitale-Ixelles : “Suite aux attentats de Paris quelques mois plus tôt, un écusson ‘Je suis Charlie’ avait été créé. Etant collectionneur d’écussons depuis 2010, j’ai trouvé que c’était une belle démarche de soutien. J’ai élaboré le concept en imaginant chaque élément – l’Atomium, le Manneken-Pis, la bombe, etc. – et c’est un ami français qui l’a dessiné et fabriqué. Il a été vendu dans 14 pays différents et même jusqu’en Australie.” Le succès de la vente de cet écusson a conduit Maxime en août 2016 à créer l’ASBL Belgian Blue Line qui a pour but de venir en aide aux policiers blessés dans l’exercice de leurs fonctions.

LA FUSION DE PLUSIEURS PASSIONS

“Je suis passionné par les Etats-Unis et les voyages. En 2010, lors d’un voyage à New-York, je reçois mon premier écusson d’un policier new-yorkais”

C’est le début d’une nouvelle passion. Maxime compte actuellement environ 300 écussons dans sa collection. Ce sont exclusivement des écussons de services de police du monde entier et principalement des Etats-Unis, de France et de Belgique. “Les écussons, ce sont surtout des souvenirs d’où je suis passé lors de voyages. Cela crée énormément de liens sociaux, les écussons sont à la base de nombreuses amitiés partout dans le monde.” Maxime garde souvent des contacts et retourne parfois voir ses amis scutelliphiles (collectionneurs d’écussons). “Un policier américain que j’avais rencontré pour un échange et avec qui j’ai gardé d’excellents contacts, a même fait le déplacement pour assister à mon mariage l’année suivante.” Maxime enrichit essentiellement sa collection lors de ses voyages. “Le principe qui m’intéresse est l’échange. J’en achète aussi un peu via les sites Internet et les pages Facebook spécialisés, surtout pour avoir un fond à échanger.” Mais Maxime préfère voir dans chacun de ses écussons le symbole d’un voyage et d’une rencontre.

Françoise Forthomme

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MONDE POLICIER

ZEI

POLI

POLIZEI PIZZA

Service pizzas

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Les policiers, eux aussi, ont le droit d’être de grands enfants. Appelés par le voisinage pour faire stopper le bruit dans la rue, deux policiers de la ville de Asheville, en Caroline du Nord, ont finalement décidé de ne verbaliser personne, malgré les bâches posées sur le sol en guise de toboggan aquatique. Mieux: les deux policiers ont même préféré se joindre aux fêtards pour profiter de l’attraction improvisée avec eux. L’homme et la femme ont tour à tour demandé un sac plastique sur lequel glisser. Pour le plus grand plaisir des enfants.

ASHEVILLE

Europe

Amérique

De grands enfants

La police allemande a terminé la livraison d’une pizza à des clients en attente après que le livreur eut été impliqué dans un accident de la route. Les faits ont eu lieu dans le village de Gaggenau, à environ 100 kilomètres à l’ouest de Stuttgart, dans l’Etat de Bade-Wurtemberg (sud-ouest). Le livreur a fait un refus de priorité à un véhicule transportant du matériel médical et les deux voitures sont entrées en collision, blessant sérieusement les deux conducteurs. Un feu de signalisation et un réverbère ont également été endommagés dans l’accident. La police est parvenue à récupérer la nourriture à livrer dans le véhicule endommagé. “Les pizzas étaient encore chaudes et elles n’étaient plus très loin de là où elles devaient terminer leur route, donc nous avons simplement terminé la livraison”, a expliqué un porte-parole des forces de l’ordre.

GAGGENAU


Robotisation en vue

Un homme soupçonné de plusieurs vols d’automobiles et de s’être transformé en chèvre pour échapper à ses crimes a été remis entre les mains des autorités du Nigeria , par un groupe de citoyens. C’est donc l’animal qui a été détenu sous le prétexte de la sorcellerie. Les réformistes du système policier dans le pays ont immédiatement blâmé l’arrestation qui, selon eux, est une preuve flagrante du manque d’éducation de certains officiers en service. L’animal a même été promené dans la capitale Ilorin devant une foule de curieux, fait dénié par les autorités. Le lendemain, des journalistes se sont présentés au poste afin d’obtenir des commentaires auprès du porte-parole de la police, Emmanuel Ojukwu. “Bien entendu, les chèvres ne peuvent commettre un crime”.

Après les patrouilles en bolides de sport de type Lamborghini ou Ferrari, la police de Dubaï a mis en service un officier robot appelé à représenter le quart de ses effectifs d’ici 2030. Habillé en policier, le robot est doté d’un ordinateur au niveau de la poitrine qui sert à informer la police sur des crimes éventuels ou fournir des informations sur les contraventions routières. Le robot est également équipé d’une caméra qui transmet des images en direct à la salle des opérations de la police et est capable d’identifier des personnes recherchées par la police. Les robots seront déployés principalement dans les zones touristiques, mais ils ne pourront pas se substituer aux policiers quand il s’agit d’effectuer des arrestations.

ILORIN

Asie

Afrique

Lui a-t-on passé les menottes ?

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MONDE POLICIER

DUBAï

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CASUS

Des caméras dans les locaux de fouille La protection de la vie privée n’est pas un vain mot et elle s’applique aussi dans les locaux de fouille. Le respect de l’intégrité physique des acteurs concernés doit par ailleurs être pris en compte dans ce contexte. Les caméras - dont la place en rue n’est plus remise en question - peuvent contribuer à trouver un équilibre.

FAITS Une personne arrêtée est détenue dans une cellule. Avant de procéder à la détention, les policiers doivent effectuer une fouille, conformément à l’article 28, §3 de la loi sur la fonction de police. Plusieurs commissariats disposent à cette fin d’un ou plusieurs locaux de fouille tel que le décrit l’article 1, 7° de l’arrêté royal du 14 septembre 2007 relatif aux normes minimales, à l’implantation et à l’usage des lieux de détention utilisés par les services de police (ci-après “AR Cellules”). De nombreux corps de police souhaitent placer des caméras dans ces locaux afin de garantir que les droits du détenu (protection contre les atteintes à l’intégrité physique par exemple) mais aussi du policier (protection contre de fausses accusations par exemple) soient préservés pendant ces fouilles.

INSTALLATION DE CAMÉRAS DANS UN LOCAL DE FOUILLE : POINT DE VUE JURIDIQUE

Actuellement, l’article 10 de l’AR Cellules prévoit uniquement que des caméras puissent aider à assurer la surveillance dans des lieux de détention à condition

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que les personnes privées de leur liberté bénéficient d’un minimum d’intimité lors de l’utilisation des toilettes.

On entend par “lieu de détention” : une cellule de police, une cellule d’attente, une cellule collective, un complexe de cellules et un local de surveillance. Les espaces de fouille ne sont cependant pas inclus dans le concept de “lieu de détention”, tel que le stipule l’article 10 de l’AR précité.

La Commission de protection de la vie privée partage cette vision des choses1. Elle est d’avis que, à défaut d’une base réglementaire explicite, l’installation et l’utilisation d’une caméra de surveillance dans des lieux de fouille contreviendraient aujourd’hui aux règles en vigueur. Nous devons nous rallier à cette interprétation. Compte tenu de la recommandation de la Commission de protection de la vie privée et afin de respecter l’esprit de l’AR Cellules, nous devons opter pour des lieux discrets dépourvus de caméra lorsque le complexe cellulaire ne dispose pas d’espace isolé réservé à la fouille. Et ce, dans le but de respecter la vie privée, l’intégrité physique et la dignité humaine.

PERSPECTIVES D’AVENIR Un projet d’AR a été rédigé pour fixer le cadre réglementaire requis pour la surveillance caméra dans les lieux de fouille et pour réagir aux recommandations de la Commission de protection de la vie privée.

Néanmoins, les activités relatives à cet AR ont été suspendues car une loi modifiant la loi caméra2 est en préparation3.

On ignore cependant encore quand de nouvelles dispositions légales entreront en vigueur, avec pour conséquence l’absence de base légale pour l’installation de caméras, à moins que la fouille ait lieu dans la cellule. Espérons que l’avenir sera porteur de bonnes nouvelles.

Sven Verbeiren & Alain Liners

Recommandation n° 06/2011 du 6 juillet 2011 sur l’installation et l’utilisation de caméras de surveillance dans les lieux de détention (cellules et locaux des prévenus) et dans d’autres lieux du commissariat (CO-AR-2010-04)

1

Loi du 21 mars 2007 réglant l’installation et l’utilisation de caméras de surveillance http://www.ejustice.just.fgov.be/wet/wet.htm. 2

Rapport annuel 2016 du Comité permanent de contrôle des services de police.

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Affaires en court Sport : Quand la course à pieds devient un besoin

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FÊTE NATIONALE Fiers de cette magnifique journée !

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VIDÉOCLIP Lutte contre le sextorsion

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SUCCESS STORY Le crime-clip à la belge s’exporte !

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SPORT

Vers le marathon d’Amsterdam

Quand la course à pieds devient un besoin • Vincent Mottoul, 39 ans, marié, père de deux filles.

• Conseiller à la Police Fédérale depuis 2002, actuellement à l’Académie nationale de police (ANPA). • Termine à la 15e place des 20km de Bruxelles en 2016.

BRUXELLES – Courir 20km en 1h07’43’’, ce n’est pas une performance qui s’improvise du jour au lendemain.

LES ENTRAINEMENTS ?

JOGGING-ADDICT ?

Vincent s’entraîne six fois par semaine, des séances qui durent entre 35 minutes et 1 heure 15 minutes. Plusieurs fois par semaine, il quitte la caserne d’Etterbeek à midi pour un petit entraînement vers le Bois de la Cambre ou le Parc du Cinquantenaire. Les plus gros entraînements sont plutôt pour le week-end – avec son club de Huy – ou en soirée.

Adolescent, Vincent courait de plus courtes distances : entre 800 et 3000 mètres. Il a arrêté quasi complètement vers 20 ans car les entraînements d’athlétisme étaient difficilement compatibles avec la vie estudiantine à Louvain-la-Neuve. “Vers 30 ans, le goût est progressivement revenu. Au début, je faisais de mauvaises performances, donc ça me motivait car je me suis vite rendu compte que mes résultats s’amélioraient immédiatement avec de l’entraînement. Aujourd’hui, c’est clair, c’est un besoin.”

LES COMPÉTITIONS ?

“C’est variable, en fonction des opportunités, j’essaie de ne pas en faire deux week-ends d’affilée. Je cours surtout des joggings entre 10km et 20km ou des semi-marathons. De temps en temps, je m’aventure dans des trails-courses natures surtout pour le plaisir et la beauté des parcours. Plus rarement, je cours aussi un marathon. Le prochain en projet est celui d’Amsterdam, le 15 octobre 2017.” Comme beaucoup de coureurs, Vincent ambitionne aussi de faire un jour celui de New-York.

LES OBJECTIFS ?

Vincent ne participe pas à une course pour faire de la figuration : “Les places, c’est relatif car ça dépend évidemment de la concurrence. Mon objectif, c’est plutôt le chrono, j’essaie de faire le meilleur possible. Dans les joggings régionaux, ça m’amène souvent dans les trois premières places.”

UN RÉGIME PARTICULIER ?

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un gros objectif comme le marathon approche, je suis plus strict pendant les deux semaines précédentes.”

“Je fais attention à ce que je mange mais pas dans l’extrême. J’en profite aussi quand il y a une occasion. Et quand

F.F.


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AFFAIRES EN COURT

Un mémento pour la zone

Klapper version 1.0

Commémoration

La Bataille de Snaeskerke GISTEL – Une cérémonie commémorative a été organisée le vendredi 25 août au pont de Kalsijde de Gistel (Snaeskerke), en l’honneur de cinq gendarmes tombés pour la patrie il y a 103 ans, suite à un affrontement avec les Allemands. Au petit matin du 25 août 1914, un escadron de cuirassiers allemands fut arrêté à hauteur de ce pont, alors qu’il se dirigeait vers Ostende pour vérifier si des troupes anglaises avaient débarqué.

Cette bataille est commémorée chaque année depuis 2015.

Roger Rondelez

“Monsieur le garde champêtre” L’auteur de cet ouvrage s’est entretenu du temps jadis avec une trentaine de gardes champêtres flamands.

Le livre rend hommage aux représentants de cette profession, disponibles jour et nuit pour préserver le bienêtre des campagnards. Grâce à une écoute attentive, une discussion constructive ou un avertissement verbal ferme et décidé, le garde champêtre avait le don de régler à l’amiable bon nombre de problèmes.

Meneer de champetter dépeint les 50 dernières années d’existence de la police rurale, jusqu’à la création de la police intégrée en 2001, à coups de récits piquants et d’anecdotes amusantes sortis tout droit de la mémoire d’anciens gardes champêtres.

S.D.

Le Klapper est un recueil de fiches rabattables contenant des renseignements utiles pour aider les inspecteurs à mener à bien leurs mission sur le terrain et au bureau. Il est imprimé sur du papier solide et résistant à l’eau de manière à pouvoir être utilisé lorsqu’il pleut. © David Bulens

En dépit de la menace allemande, le pont put à nouveau être traversé, déclenchant ainsi ladite “Bataille de Snaeskerke”. Des gendarmes issus de différentes brigades de Flandre occidentale et aidés par des collègues hennuyers, appelés le “Groupe Mons”, se lancèrent dans la bataille contre les Allemands. Des tirs furent échangés entre le pont et le quartier “Kromme Elleboog” pendant une heure. Les gendarmes belges réussirent à empêcher l’unité allemande de poursuivre sa reconnaissance jusqu’à Ostende, mais le bilan de la confrontation se révéla assez lourd. Dans le camp belge, on déplora cinq victimes alors que du côté allemand, un seul soldat perdit la vie.

Histoire

BRAKEL – À la zone de police Brakel/ Horebeke/Zwalm/Maarkedal, chaque membre du personnel dispose depuis peu de son Klapper. Il s’agit d’un recueil de fiches d’information dédiées à la structure ainsi qu’au fonctionnement de la zone de police et de ses partenaires. Un outil particulièrement pratique pour trouver rapidement quelque chose ou quelqu’un. “Au départ, cet ouvrage a été conçu comme une brochure d’accueil pour les nouveaux”, explique l’inspecteur David Bulens, l’une des initiateurs de ce projet. Cette initiative s’inscrit dans un plan plus large visant à promouvoir la diversité au travail. Le Klapper a été imaginé, développé et réalisé de A à Z par un petit groupe de collègues. “Cette approche résulte également d’un choix délibéré”, précise Tom Broekaert, chef de corps de la zone de police. “Notre plan de diversité a notamment pour objectif d’encourager les membres du personnel à développer leurs aptitudes. Si vous êtes bon photographe, par exemple, vous pouvez mettre ce talent au service du corps. Cela ne peut être que positif pour l’ambiance et stimuler l’envie de travailler.”

S.D.

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SUCCESSSTORY

Le crime-clip à la belge s’exporte !

GENEVE – Le 13 mars 2017, à Genève, trois voleurs s’en prennent à un diamantaire et lui dérobent plusieurs diamants, pour un butin estimé entre 15 et 20 millions d’euros. L’enquête piétinant, la police suisse lance, fin juin dernier, un appel à témoins sous forme de vidéo. Une première dans ce pays. Basé sur les images des caméras de surveillance, il montre, durant deux minutes trente, l’action bien préparée et déterminée des malfrats.

Pour le réaliser, la justice suisse a transmis une demande d’entraide judiciaire à la France et à la Belgique pour la diffusion de cet appel à témoins. Le Service Avis de recherche de la Direction des opérations judiciaires de la Police Judiciaire Fédérale (DJO/OAR) s’est empressé d’y répondre favorablement. "Forts de notre expertise, nous avons proposé notre aide aux collègues suisses en réalisant un crime-clip avec leurs images de caméras de surveillance. Ils sont enchantés du résultat, approuvé par les autorités suisses", explique le commissaire Alain Martens, chef du service OAR.

"Il s’agit d’une première vidéo d’appel à témoins réalisée pour un pays tiers, à destination de l’Europe francophone", ajoute l’inspecteur-principal Jean-François de Clippele, du même service et artisan des crime-clips. Celui-ci ajoute : "Vu le lieu du délit et la langue utilisée par les auteurs, il y a de fortes chances que ceux-ci proviennent d’un de ces pays. L’enquête a également pu déterminer que les auteurs se déplaçaient à bord d’une Citroën C4 bleu foncé immatriculée en France".

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Le commissaire Martens reprend : "Au-delà des chances de résultat, toujours très difficiles à évaluer, il s’agit d’un bon exemple de collaboration internationale qui cadre avec la mission de la Police Fédérale."

Fin août, le crime-clip avait été visionné plus de 80 000 fois. Même si les voleurs n’ont pas encore été arrêtés, la police genevoise pourrait désormais utiliser des crime-clips pour dynamiser ses appels à témoins.

B.D.


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AFFAIRES EN COURT

© Europol

Diversité

Rainbow Cops: Pink Brand of the Year! ANVERS/BRUXELLES – Fin mai, les Rainbow Cops Belgium demandaient à leurs sympathisants de participer à un vote afin de les soutenir dans le cadre du Pink Brand Of The Year, une organisation qui récompense les entreprises qui s’investissent dans la diversité. La cérémonie de remise des prix s’est tenue le 6 juin dernier à Anvers.

Ils ont ainsi non seulement obtenu la 3e place dans la catégorie 'Diversity Ambassador' mais également la 3ème place dans la catégorie'LGBT Friendly Company'!

Collaborant depuis leur création en 2012 avec les Rainbow Cops Belgium dans le domaine de la sensibilisation et de la formation à la diversité, cela nous conforte dans l’idée que ce que nous accomplissons avec nos partenaires a un sens et se concrétise ici par l’obtention de ces deux trophées.

La Cellule Diversité – Police Fédérale

http://pinkbrandoftheyear.com/

Vidéoclip

Lutte contre le sextorsion BRUXELLES – Qui a déjà entendu parler de sextorsion ? Personne ? Pourtant, il s’agit d’un fléau de plus en plus présent sur la toile. Vu la multiplication des réseaux sociaux et de leur utilisation intensive par les jeunes, on constate une augmentation du nombre de mineurs victimes de racket sexuel online, appelé plus communément sextorsion. Le principe : mis en confiance par son interlocuteur, le jeune se dévoile, envoie des photos ou vidéos compromettantes. Il se voit menacé par la suite (envoi massif à sa liste de contacts ou demande de vidéos/photos allant encore plus loin) et il lui est demandé de verser une rançon à ce qui s’avère en fait être une organisation criminelle afin de récupérer ses vidéos et/ou photos sensibles. On se doute aisément de l’escalade de demandes de paiement que cela engendre. Pour contrer ce phénomène criminel, Europol a élaboré un clip vidéo en collaboration avec la Guardia civil espagnole. La section Child Abuse de la Direction de la lutte contre la criminalité grave et organisée (DGJ/DJSOC) a également oeuvré à sa réalisation. Le but ? Prévenir les jeunes des dangers de la toile et surtout leur faire savoir qu’ils ne sont pas seuls. Il y a des gens (dont la police) prêts à les aider ! La vidéo est visible sur Youtube dans toutes les langues des pays de l’Union européenne et via le site de la Police Fédérale. Un bon exemple de collaboration européenne, à mettre sous les yeux de tous, adolescents comme adultes.

Concours international de photographie

Non pas un, mais deux prix pour la photographe fédérale ! LA HAYE – Europol, l’Office européen de police, organise chaque année un concours international de photographie. Lors de l’édition 2016, parmi les 350 clichés envoyés par 112 photographes de talent, le jury a plébiscité la photo d’un policier belge et d’un militaire en train d’assurer la sécurité à l’aéroport de Bruxelles, après la réouverture de ce dernier suite à l’attentat de mars 2016. Le cliché sur la deuxième place du podium est également made in Belgium et illustre un exercice commun d’équipes européennes de Disaster Victim Identification (DVI) sur les lieux d’un crash aérien. Ces deux photographies sont l’œuvre de Lavinia Wouters, photographe à la Police Fédérale. La troisième place a été décrochée par le policier australien Gavin Odell. Les deux lauréats ont été invités cet été au quartier général d’Europol à La Haye afin d’y recevoir leurs prix.

S.D.

Amélie Spiltoir DJSOC

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AFFAIRES EN COURT

Fête nationale

Fiers de cette magnifique journée ! Du soleil, des visages radieux, un défilé impeccable, un Village policier plus populaire que jamais, des démonstrations spectaculaires applaudies par un public nombreux : pas de doute, la fête nationale fut un grand succès pour la police intégrée. La fierté de servir, thème de cette édition 2017, a rayonné tout au long de cette belle journée. En voici un aperçu en images.

Défilé

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Activités

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AFFAIRES EN COURT

© Christian Berteaux

Démonstrations

Village policier

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www.polimagery.be

z

Belgian Federal Police > Playlists > #2107

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FEEDBACK

Un retour

sur les éditions précédentes

Initié en Flandre orientale, le projet SOFiA relatif à l’approche structurée de la fraude au domicile a suscité beaucoup d’intérêt, y compris en province du Luxembourg. Un inspecteur de quartier de la zone de police Famenne Ardenne eut l’attention attirée en lisant l’article SOFiA montre le chemin (Inforevue 04/2016). Il contacta alors rapidement la commissaire Delphine Schelpe de la zone de police Brakel afin de faire connaître ce projet auprès des différentes zones de police luxembourgeoises.

Dans la précédente édition d’Inforevue, vous pouviez découvrir un article traitant de la cellule Personnes disparues (pp. 22-23) et de la possibilité d’identifier des corps à l’aide de l’ADN. Nous annoncions que la nouvelle banque de données ADN ‘personnes disparues’ verrait le jour cette année encore. C’est à présent chose faite, puisque cette banque de données est en service depuis le 1er juillet. Elle sera d’une grande aide pour les services de police locaux ou fédéraux confrontés à une disparition inquiétante.

Les 7 erreurs au Village policier

© Christian Berteaux

La banque de données ADN est devenue réalité

© Lavinia Wouters

Le projet SOFiA franchit la frontière linguistique

LES GAGNANTS SONT .... Bravo à nos abonnés qui ont remporté un des vingt prix en jeu :

• UNE MONTRE HOMME : Mike Van Der Veen, Frank Iacopucci, Ronny Decuyper • UNE MONTRE DAME : Nathalie Delchambre, Véronique Vander Straeten • UN CADRE PHOTO : Robert Linsingh, Albert Servais • CLÉ USB : Eric Laloo, Jeroen Somers, Philippe Nys, Aristide Denis, Vincent Ignoti • UN SAC A DOS : Jean-Pierre Bau, Henri Godelet, Charles Deville, Hubert Vanmassenhove • UNE COUVERTURE DE SURVIE : Nicolas Moetwil, Bernard De Meyer, Patrick Luycx, Geert Baelen

Envie de réagir à un article ou de donner votre avis ? Envoyez nous un courriel à cgc.product@police.belgium.eu

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L’Inforevue est également disponible sur Yammer


MEURTRE La police se trouve face à une énigme : un corps sans vie dans une maison en désordre. Quelques indices mettent toutefois la puce à l’oreille. Quatre suspects sont arrêtés - Sylvie, Tom, Kate et Robert - mais seuls l’un d’entre eux est le coupable. Selon, qui a le meurtre sur la conscience ?

Sylvie

Tom

Kate

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JEU

Robert

VOUS AVEZ TROUVÉ LE SUSPECT ? Si oui, envoyez-le par mail à cgc@police.belgium.eu ou par courrier à : Police Fédérale Direction de la Communication Jeu Inforevue 145 A avenue de la Couronne 1050 Bruxelles La date limite de participation est le vendredi 17 novembre 2017. Il y aura de beaux prix à gagner !

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