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FOCUS SUR LA GUERRE EN UKRAINE ET LA CRISE ÉNERGÉTIQUE

La production va-t-elle revenir ici après la pandémie, la crise logistique, la crise énergétique et la guerre en Ukraine ?

Pendant la crise du coronavirus (2020-2022), il est apparu clairement que la Belgique et, par extension, l’Europe, étaient devenus très dépendantes de l’Extrême-Orient pour un certain nombre de produits stratégiques tels que les masques buccaux et des équipements médicaux spécifiques. Les chaînes d’approvisionnement internationales ont évolué ces dernières décennies au point qu’une certaine forme de redistribution internationale du travail a eu lieu. En Europe, ‘nous’ fabriquons des produits différents de ceux qu’ils fabriquent ‘eux’ en Asie, et les chaînes d’approvisionnement sont extrêmement interconnectées. Nous importons par exemple beaucoup de matières premières, de produits semi-finis et de pièces de l’Extrême-Orient, mais nous exportons par exemple aussi beaucoup de machines, de produits chimiques et d’autres articles de haute qualité.

Mais lorsqu’il y a un pépin, comme lors de la pandémie du coronavirus, un problème majeur d’approvisionnement se présente. Il a donc été suggéré, notamment par nos autorités, de ramener en Europe une partie de la production, notamment de biens stratégiques, et donc de les fabriquer à nouveau ici.

Masques buccaux

La ‘panique’ autour des masques buccaux en est une bonne illustration. Au printemps 2020, les entreprises ont été appelées et encouragées à la hâte à produire ici des masques buccaux et d’autres équipements de protection médicale. Cela n’a pas été évident, mais certaines entreprises ont pourtant franchi le pas et ont produit des masques en tissu et des masques chirurgicaux, ainsi que des couches de base en textile en tant que produits semi-finis. Dans certains cas, cela s’accompagnait de la promesse d’un achat garanti par les gouvernements, pour compléter leurs ‘stocks stratégiques’ avec des produits locaux.

Quelle est la réalité après coup ? Les gouvernements ont rarement tenu ces promesses, et certainement pas pour les quantités espérées. Et la plupart des entreprises ont déjà arrêté leur production parce qu’elles ne pouvaient pas concurrencer les importations asiatiques (principalement chinoises) à bas prix.

Il en va de même pour nos entreprises du textile, du bois et de l’ameublement. Les enquêtes corona de Fedustria ont sondé à plusieurs reprises les entreprises pour savoir s’il n’était pas préférable pour leur approvisionnement de chercher des fournisseurs (de matières premières, matériaux, pièces, …) plus près pour éviter les interruptions logistiques en provenance d’Asie. Les réponses à cette question étaient claires : même pas une entreprise sur dix ayant répondu à l’enquête ne l’a envisagé. Et même si c’était le cas – chercher des fournisseurs plus près –, le succès était rarement au rendez-vous. Une alternative ne pouvait que rarement, voire jamais, être trouvée en Europe ou dans les environs immédiats (par ex. dans l’UE, en Afrique du Nord, en Europe de l’Est en dehors de l’UE, au Moyen-Orient). Parfois, l’intention était présente, mais une solution équivalente ou qualitative ne pouvait être trouvée à proximité.

Souhaits et réalité

Dans l’enquête corona menée par Fedustria en date du 5 mai 2021, une question portait sur l’éventuelle intention des entreprises de rapatrier – le cas échéant – une partie de leur production de l’étranger. A savoir, le reshoring. Premier constat : près de sept entreprises sur dix ne sont pas concernées. En d’autres termes : elles ne produisent pas dans des pays lointains. Donc, la grande majorité des entreprises produisent ici, en Belgique ou en Europe, et non en Asie ou dans des pays lointains.

Parmi les trois autres entreprises sur dix, la moitié (16 % du nombre total d’entreprises) répond par la négative. La pandémie et ses conséquences logistiques douloureuses ne constituent donc pas un motif justifiant le rapatriement de la production. Les 15 % restants se répartissent entre ‘oui’ et ‘je ne sais pas’. Ce ‘oui’ est formulé par 8 % des entreprises. Si ce chiffre n’est pas nul, il ne représente pas non plus une écrasante majorité. De plus, il s’agit de ‘prévisions’. A ce moment-là, cette idée semblait effectivement séduisante pour plusieurs entreprises, compte tenu des problèmes d’approvisionnement. Toutefois, la marge entre la ‘prévision’ et la ‘décision effective’ est encore considérable. Et ce pas sera-t-il véritablement franchi lorsque cette crise logistique sera conjurée ? Il y a peu de signaux concrets indiquant que c’est le cas.

Dual sourcing pour les matières premières et les produits semi-finis

Une image légèrement différente se dessine quand on examine les réponses à la question afférente aux achats plus proches de produits semi-finis, de matières premières ou de composants. Les réponses se répartissent en trois groupes plus ou moins équivalents. Un bon tiers des entreprises (38 %) n’ont encore pris aucune décision ou ne se sont pas encore prononcées. Mais pour un tiers d’entre-elles, la réponse est clairement ‘non’ : elles ne prévoient pas de rapatrier une partie de la chaîne de valeur en amont, à savoir les matières premières et les produits semi-finis. Et/ou elles n’ont pas l’intention de se pencher sur la problématique.

Mais également un (petit) tiers des entreprises (29 %) l’envisagent : elles prévoient de s’approvisionner à proximité ou recherchent même activement des matières premières ou des produits semi-finis qu’elles pourraient se procurer plus près. Cela signifie qu’une entreprise sur trois poursuit une stratégie de dual sourcing : l’approvisionnement actuel en provenance de l’Extrême-Orient, par exemple, ne disparaît pas, mais est complété par un circuit d’approvisionnement alternatif, plus proche du site de production en Belgique ou en Europe. Précisément pour éviter d’être de nouveau confrontées à l’avenir à des problèmes de livraison résultant d’une perturbation de la chaîne logistique internationale. La plupart des opportunités se situent dès lors dans les pays d’Europe centrale et de l’Est, tant au sein de l’UE qu’en dehors de celle-ci.

Crise énergétique / Guerre en Ukraine

La crise énergétique n’a fait qu’aggraver la situation de la production en Europe. Étant donné que la crise énergétique en 2022 est principalement une crise européenne, et que la production ici devient trop coûteuse en raison de la flambée des prix du gaz et de l’électricité, les entreprises ont remis en question leurs activités et leur stratégie. Outre les économies de coûts, l’efficacité énergétique accrue et les réductions de production, les entreprises ont également cherché à s’approvisionner en dehors de l’UE. Dans l’industrie textile, la production en Europe de certains fils synthétiques, par exemple, est devenue trop coûteuse en raison des coûts énergétiques élevés. La production textile propre a été arrêtée dans une entreprise sur quatre (provisoirement, espérons-le) et l’approvisionnement s’est fait davantage en dehors de l’Europe (notamment en Turquie, mais aussi en Asie).

Quel est l’impact de la crise énergétique de 2022 sur les entreprises du textile, du bois et de l’ameublement ?

Fedustria a mené une enquête rapide sur la crise énergétique auprès de ses entreprises membres les 30 et 31 août 2022. Toutes les entreprises ayant participé à l’enquête ont indiqué que la part des coûts énergétiques dans leur chiffre d’affaires a fortement augmenté en une année. En moyenne pour le premier semestre 2022 par rapport au premier semestre 2021, cela représente environ un doublement de la facture d’électricité, et une multiplication par trois de la facture de gaz.

Il existe de très grandes différences, d’une part entre les quatre grands sous-secteurs, et d’autre part entre les entreprises, même au sein d’un même sous-secteur. Il est clair que, parmi les 4 principaux sous-secteurs, les entreprises textiles disposant de leur propre ennoblissement/teinturerie ont été les plus durement touchées, relativement deux fois plus que les autres entreprises textiles et que les entreprises du bois, et même quatre fois plus que les fabricants de meubles

Le fait que l’industrie manufacturière soit devenue non rentable en raison des prix élevés de l’énergie (fin août 2022) a été constaté pour une entreprise sur deux, deux tiers d’entre elles étant des entreprises textiles et un tiers des entreprises du bois et de l’ameublement. En conséquence, une entreprise sur quatre prévoyait de devoir arrêter temporairement des lignes de production avant la fin 2022 (enquête réalisée à la fin août 2022, donc).

La moitié des entreprises (principalement textiles) dépendent du gaz pour le processus de production. Elles n’étaient/ne sont pas préparées à une éventuelle restriction/coupure de l’approvisionnement, à quelques exceptions près. C’est logique : les entreprises ne peuvent pas passer en un claquement de doigts à une autre source d’énergie.

Une partie de la solution réside dans la production de leur propre énergie renouvelable, surtout sous la forme d’énergie solaire et de combustion de leur propre bois. Cela leur permet de réduire leur dépendance énergétique ainsi que le coût de la facture énergétique finale. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire : 20 % des entreprises qui sont dans ce cas, disent qu’elles ne remarquent à peine la différence, voire pas du tout. En outre, les entreprises qui souhaitent produire (davantage) d’énergie renouvelable doivent parfois surmonter des obstacles majeurs (par ex. de longues procédures d’autorisation…).

Non seulement l’industrie manufacturière, mais également l’importante industrie chimique à forte consommation d’énergie fait les mêmes réflexions. BASF, la plus grande entreprise chimique d’Europe, a annoncé qu’elle allait geler ses investissements en Europe, et vise pleinement l’Asie (projet d’investissement en Chine de pas moins de 10 milliards d’euros). Des annonces similaires sont faites chez Solvay, par exemple, qui s’intéresse entre autres aux États-Unis.

La ‘désindustrialisation’ tant redoutée n’est pas du défaitisme, mais devient ainsi peu à peu une réalité. Et puis il ne faut pas minimiser la réaction en chaîne que cela entraîne. Si la chimie de base devait s’éloigner d’ici, par exemple, nos entreprises qui en sont des acheteurs devront s’approvisionner encore plus en dehors de l’Europe. Cela augmente notre dépendance, et le risque de volatilité de l’approvisionnement ainsi que des prix. Les fournisseurs disent déjà qu’ils vendent plus cher ici (au kilo, par ex.) parce que les volumes en Europe sont devenus ‘trop petits’. Nous observons donc qu’il se produit l’inverse de ce qu’on avait espéré : au lieu du reshoring, davantage de risques de délocalisation.

C’est en fait l’histoire de la poule et de l’œuf. Comme l’industrie en Europe diminue par rapport à l’Asie, l’industrie chimique et d’autres activités migrent aussi en partie, ce qui, à son tour, porte préjudice à notre industrie manufacturière ici sous la forme d’une offre plus limitée et de prix plus élevés, ce qui affecte encore plus le tissu industriel. Et cela signifie parfois aussi que l’on nous propose ici des produits semi-finis qui sont moins adaptés au marché européen. Ce qui incite plutôt les entreprises à aller s’approvisionner et/ou produire en Extrême-Orient. Ou en Amérique.

La crise logistique ayant été contenue dans le courant du second semestre de 2022, avec des tarifs de conteneurs substantiellement inférieurs, qui ont retrouvé plus ou moins le niveau d’avant la pandémie, cela a évidemment aussi réduit la nécessité de produire ou s’approvisionner à nouveau en Europe.

La guerre en Europe

La guerre en Ukraine a relancé quelque peu le débat sur les approvisionnements alternatifs, car le commerce avec la Russie n’était et n’est plus possible dans de nombreux cas (pour toutes sortes de raisons). Mais cela n’a pas eu non plus de conséquences substantielles pour le reshoring ou le nearshoring. Les résultats de l’enquête du 1er juin 2022 relative à l’Ukraine montrent également qu’une alternative n’existe pas directement en Europe. Heureusement, cela ne concerne que 10 % des entreprises (mais pour lesquelles le défi est de taille, voir ci-après – extrait de l’enquête de Fedustria du 15 juillet 2022).

Nearshoring – Approvisionnement, production, exportations plus proches ? – Conséquences de la guerre en Ukraine

Nouveaux canaux d’approvisionnement afin de réduire la dépendance vis-à-vis de la Russie, de la Biélorussie ou de l’Ukraine par exemple :

28 % des répondants à l’enquête de Fedustria du 15 juillet 2022 indiquent rechercher activement de nouveaux canaux d’approvisionnement plus proches, afin de réduire leur dépendance vis-à-vis de la Russie, de la Biélorussie ou de l’Ukraine. Mais… seuls 6 % d’entre eux y sont parvenus en grande partie ; 22 % ont déclaré que cela s’avère très difficile et/ou beaucoup plus coûteux. Ces résultats sont comparables à ceux de l’enquête rapide précédente de Fedustria du 19 janvier 2022.

69 % des entreprises participantes ne le font pas, car elles n’en ont pas besoin (63 %), ou car c’est impossible (les matières premières ne sont pas disponibles ailleurs) (4 %), ou car cela ne fonctionne pas, ou n’en vaut pas la peine (2 %). 2 % des entreprises ne sont pas (encore) décidées.

Sont considérées comme des régions d’approvisionnement alternatives, par exemple à la Russie, l’Ukraine ou la Biélorussie : en premier lieu, les pays d’Europe centrale et de l’Est membres de l’UE (61 %), suivis par l’Asie (30 %) et l’Europe de l’Est hors UE (26 %). Ce top 3 diffère de celui de la précédente enquête rapide du 19 janvier 2022 dans la mesure où l’Asie occupe désormais la deuxième place après l’Europe centrale et de l’Est (dans l’UE).

13 % considèrent la Turquie comme une potentielle région d’approvisionnement alternatif. Les importateurs de bois sont également touchés par les sanctions de l'UE à l'encontre de la Russie et de la Biélorussie.

Nouveaux marchés d’exportation afin de réduire la dépendance vis-à-vis de la Russie, de la Biélorussie ou de l’Ukraine par exemple :

21 % des entreprises participantes ont déclaré qu’elles recherchaient activement de nouveaux marchés d’exportation plus proches afin d’être moins dépendantes, par exemple de la Russie, de la Biélorussie ou de l’Ukraine. Mais… seulement 1 % d’entre elles y sont parvenues en grande partie ; 20 % ont déclaré que cela s’avérait très difficile.

77 % des entreprises participantes ne le faisaient pas et ne le font pas, car elles n’en ont pas besoin (70 %), car cela ne fonctionne de toute façon pas, ou n’en vaut pas la peine (5 %), ou car c’est impossible (2 %).

Etaient considérées comme des régions d’exportation alternatives, par exemple à la Russie, l’Ukraine ou la Biélorussie : en premier lieu, les pays d’Europe centrale et de l’Est membres de l’UE (47 %), suivis par l’Europe de l’Est hors UE (35 %) et l’Asie (29 %).

12 % considèrent la Turquie comme une potentielle nouvelle région d’exportation. Sont cités en plus : les Etats-Unis (cités 3x), et ont chaque fois été cités une fois : l’Amérique latine, le Brésil, le Mexique, le Canada, la Chine, certains pays d’outre-mer.

CONCLUSION : Pour la grande majorité des entreprises membres de Fedustria, ni la Russie ni l’Ukraine ne sont des fournisseurs importants ou des marchés majeurs (cela vaut pour environ 90 % des entreprises). Mais pour une entreprise sur dix, c’est exactement le contraire : pour elles, la Russie et/ou l’Ukraine sont tout simplement très importantes en tant que fournisseurs et/ou débouchés. Ces entreprises sont touchées par la guerre et/ou par les sanctions. Il n’est pas évident de trouver des alternatives.

Les coûts salariaux augmentent plus vite en Belgique

Tôt ou tard, cette crise énergétique sera endiguée. Au printemps 2023, les prix du gaz avaient à nouveau baissé de manière spectaculaire à des niveaux plus normaux, même si l’on ne sait toujours pas s’ils retourneront un jour aux niveaux de prix bas de la dernière décennie. Mais l’inflation incontrôlée qui s’en est suivie a entraîné une inflation du coût de la main-d’œuvre qui, en Belgique, en raison du système d’indexation automatique des salaires, a déjà entraîné un désavantage concurrentiel supplémentaire pour les entreprises belges. En deux ans, entre octobre 2021 et octobre 2023, les coûts salariaux dans l’industrie belge du textile, du bois et de l’ameublement augmentent de quelque 17 %.

Le handicap du coût salarial d’environ 10 % que la Belgique avait déjà par rapport à ses trois voisins (Allemagne, France et Pays-Bas) augmente ainsi encore pour atteindre 16 %. Donc en deux ans, le handicap du coût salarial s’est encore creusé de six points de pourcentage. Non seulement parce que dans les pays voisins, il n’existe pas d’indexation automatique des salaires, mais aussi parce que les ajustements salariaux y interviennent beaucoup plus tard, par exemple seulement l’année suivante, et aussi seulement après des négociations sociales entre syndicats et employeurs, qui se terminent toujours par des compromis. Il est déjà clair qu’en Allemagne, ces négociations salariales ne mèneront même pas à une compensation complète de l’augmentation de l’inflation dans ce pays. En France aussi, où l’inflation est restée beaucoup plus basse qu’en Belgique, les coûts salariaux vont augmenter moins vite qu’en Belgique.

Vers une crise de la compétitivité

Il en résulte une grave crise de la compétitivité. De plus en plus d’entreprises manufacturières belges suspendront leurs investissements en Belgique et, si possible, iront s’installer dans des pays où les coûts de l’énergie et/ou de la main-d’œuvre sont nettement inférieurs. Le Portugal, mais aussi des pays d’Europe centrale comme la Pologne, la Slovaquie et la République tchèque sont en lice. Mais ce sont surtout des pays hors UE qui retiendront l’attention d’investisseurs belges. Cela n’est cependant que rarement voire jamais une option pour les nombreuses pme que compte notre pays et qui produisent exclusivement en Belgique. Elles n’ont pas de sites à l’étranger et ne voudront ou ne pourront pas délocaliser. Elles devront donc, par nécessité, s’approvisionner encore davantage dans des pays étrangers bon marché. Par exemple les tissus d’ameublement et les meubles sont des produits pour lesquels la tendance actuelle à acheter des produits à l’étranger sera renforcée.

Renforcer les atouts de notre industrie manufacturière avec une politique industrielle adéquate

La mondialisation a entraîné le recul de l’industrie manufacturière en Belgique et en Europe occidentale. Mais en 2023, quelque 1.600 entreprises du textile, du bois et de l’ameublement sont pourtant encore actives en Belgique. Elles ont prouvé qu’elles pouvaient résister aux crises. Certaines sont même devenues des acteurs mondiaux. En même temps, des victimes tombent encore de temps à autre : en effet, les exigences sont élevées pour réussir ici dans la production industrielle. C’est aussi le paradoxe de l’industrie : globalement les secteurs industriels se réduisent, mais en même temps, il n’y a jamais eu autant d’entreprises prospères.

Di fférents facteurs expliquent ce succès : une qualité élevée et constante, la spécialisation, l’excellence dans la production, l’innovation, le développement de produits et la durabilité, mais par exemple aussi de nouveaux modèles commerciaux (comme le leasing au lieu de la vente directe). Une politique industrielle adéquate doit renforcer les atouts de notre industrie manufacturière dans son ensemble. Cette politique doit être basée sur trois piliers : l’approfondissement du marché intérieur, l’encouragement de l’innovation et de la R&D, et des accords de libre-échange gagnant-gagnant et qui créent donc davantage d’opportunités d’exportation pour nos entreprises européennes. Une telle politique industrielle adéquate doit être menée tant au niveau européen et belge qu’au niveau régional.

Conclusion

Les décideurs politiques parlent souvent et volontiers de la fin de la mondialisation et du retour de la production en Europe ou du moins plus près de chez nous (nearshoring et reshoring). Cependant ces mêmes gouvernements sont incohérents et n’achètent pas ces produits chez nous, mais continuent à s’approvisionner dans des pays étrangers bon marché (par ex. des masques buccaux de Chine). Pire encore, les crises successives ont montré que le reshoring ou le nearshoring n’est souvent pas possible. Au contraire, la crise énergétique, qui est surtout une crise européenne, et la crise de la compétitivité qui en découle font que la production des grandes entreprises en particulier se fera justement davantage en dehors de l’Europe occidentale, et qu’en outre davantage d’entreprises s’approvisionneront dans des pays connaissant des coûts de production nettement plus bas pour l’énergie et la main-d’œuvre, notamment. Plusieurs enquêtes de Fedustria confirment ces résultats. Notre industrie n’est pas vouée à l’échec pour autant : elle possède de nombreux atouts, mais reste vulnérable. Une politique adéquate vis-à-vis de l’industrie, tant au niveau européen et national qu’au niveau régional, doit être la réponse des dirigeants.

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