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HYMNE À LA JOIE

DANS SON NOUVEL APPARTEMENT MILANAIS, JJ MARTIN, CRÉATRICE DE LA MARQUE DE MODE ET DE DÉCORATION LA DOUBLEJ, MET EN SCÈNE COULEURS ET MOTIFS DANS UNE DANSE EUPHORIQUE. UNE ORCHESTRATION SUBTILE ET SÉMILLANTE !

TEXTE AUDREY SCHNEUWLY PHOTOS MATTHIEU SALVAING

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Foyer créatif

« Je travaille bien mieux dans une pièce qui ne ressemble en rien à un bureau ! », raconte JJ Martin qui confesse s’installer dans son salon sur l’un des fauteuils vintage recouverts d’un tissu Prada (réédition Holliday & Brown) pour créer. Deux poufs arborent le tissu “Slinky Rosso” (La DoubleJ). Au mur, série de peintures et de photos, dont une aquarelle de déesse de Ruben Toledo et le collage “Urn” de Claire Johnson. Table basse des années 50 chinée et vase orange de Pierre Cardin.

Elégant et mutin, le rose incarnadin diffuse ses bonnes ondes dans les pièces de vie

L’Américaine JJ Martin a la voix qui pétille. Elle devient même chantante lorsqu’elle s’amuse à glisser quelques mots de français dans la conversation, évoquant avec un plaisir manifeste les souvenirs de sa vie parisienne… A l’époque, étudiante, elle avait débarqué avec peu. L’histoire se répète quelques années plus tard quand, à la veille du confinement, elle emménage les mains presque vides dans cet appartement milanais. Très vite, elle met toute son énergie pour façonner un repaire à son image. En commençant par sa pièce secrète (et donc non visible ici), dédiée à son rituel matinal – yoga et méditation –où elle fait reproduire au plafond les mosaïques byzantines des églises de Ravenne par le peintre américain Jay C. Lohmann. Dans le reste de l’appartement, un espace de 200 m2 pourvu de 4,5 mètres de hauteur sous plafond, elle a conservé les splendeurs d’origine – moulures, sols en terrazzo ou en marqueterie – tout en mixant avec style et allégresse sa passion de la chine et son génie chromatique. « Je suis très sensible à la couleur. J’en ai créé trois spécialement pour ce lieu : un rose poudré pour les pièces à vivre, un vert sauge pour la chambre, un bleu canard pour la salle de bains. Elles sont toutes les trois proches des tonalités du chakra du cœur », explique la décoratrice qui envisage déjà d’approfondir la tonalité de la chambre pour lui apporter plus de profondeur. Un tracas tout relatif pour celle qui a comme mantra : « Being grumpy is démodé », « être grincheux est démodé », en vf. A bon entendeur... QRens.p. 176.

Cousu de fil rose

Un rose poudré spécialement créé pour l’appartement, c’est le choix de JJ Martin pour le salon, la cuisine-salle à manger et le couloir. Sur un tapis en laine chinois du début des années 1900 (Galleria Rosecarpets), des tables basses en verre chinées aux Puces Naviglio Grande de Milan. Autour, un canapé “Cousy” de Vincent Van Duysen (Arflex) recouvert d’un tissu bleu paon, un sofa framboise écrasée des années 50 chiné en Italie, une paire de chaises de Carlo Ratti (Spazio 900 à Milan) et deux fauteuils en cuir des années 70 (Zucca Arte Design). Au mur, une tapisserie du Suisse Karim Noureldin (Von Bartha Gallery, à Bâle), à droite, un canevas seventies dévoile un décor de forêt enchantée (chiné sur Etsy).

Rouge grenat, moulures d’origine et sol en terrazzo confèrent au lieu une note palazzo

All-over

Cette cuisine vintage (Poliform) a été récupérée par l’antiquaire Raimondo Garau chez une de ses clientes. Un bijou des années 90 avec ses façades bordeaux et sa crédence en marbre. Sur la table ronde réalisée sur mesure, de la vaisselle signée La DoubleJ : assiettes à dessert, vase “Pineapple”, verres multicolores et sets en paille. Chaises Thonet retapissées du tissu “Domino” (La DoubleJ).

Horizon lointain

Dans cet immeuble des années 1910 « aux allures de palais gothique », dixit JJ Martin, la teinte rose poudré des murs est parfaitement raccord avec le sol en terrazzo d’origine. Le large couloir a permis l’installation de bibliothèques laquées des années 60 (B&B Italia). Au-dessus d’une chaise en fer des années 40, des miroirs néogothiques en bois des années 1970 font face à des lanternes de la Belle Epoque (le tout chiné chez Raimondo Garau).

Imprimés fleuris d’inspiration balinaise et touches de couleurs enchantent le décor

Célébration de la vie

Création unique et dédiée à la seule salle à manger de JJ Martin, le papier peint “Tree of Life”, dessiné par l’artiste britannique Kirsten Synge Kongsli, est inspiré d’un imprimé balinais. Au centre, un bureau (Molteni) a été détourné en table de salle à manger, entouré d’un mix de chaises en bambou (subito.it) et d’un fauteuil “Emmanuelle” en rotin (chiné chez Penelope Interni, à Milan) peint en bleu. Vaisselle et coussins habillés du tissu “Domino” (le tout La DoubleJ).

Ecrin vert sauge rythmé de motifs bigarrés, la chambre assume ses penchants contrastés

Parade des paons dans la chambre

La décoratrice a créé des rappels en déclinant le tissu brodé “Gerry” (Schumacher) sur la tête de lit, les coussins et le tapis. La tapisserie mettant en scène des paons complète le décor aux accents jaune et vert, tandis que les draps et taies “Wildbird” (La DoubleJ) jouent les trouble-fête avec leurs teintes bleues. Deux chaises boudoir italiennes du XVIIIe, chinées et retapissées d’un tissu géométrique (David Hicks), montent la garde devant le dressing dissimulé de façon théâtrale par deux grands pans de rideaux de velours bleu nuit.

Bow-window à l’italienne

Face au lit, un coin cosy a été installé pour profiter de la vue sur un immeuble typiquement milanais.Entre deux fauteuils “Fiftypop” (Matì) tapissé de tissu “Piccolo Dove” (La DoubleJ) trône une ancienne machine à coudre Singer des années 60 reconvertie en console. Dessus, collection de livres et lampe en céramique des années 80 (antiquaire Il Valore Aggiunto, à Milan). Au mur, aquarelles de Naida Tarakcija.

Éloge de la féminité

JJ Martin a imaginé un mur couleur bleu canard pour mettre en scène sa collection de colliers incluant des pièces Chanel des années 30, Versace des années 80, Miriam Haskell des années 50, Pierre Cardin des années 70, chinés dans toute l’Italie.

Une collection de bijoux et le décor devient précieux

Cabinet de toilette

La salle de bains assume son style rétro avec un sol en damier et un lavabo Art Déco. Au plafond, une suspension des années 60 en laiton et verre (Galerie Moioli) fait écho aux appliques en laiton qui entourent le miroir. Vase en verre de Murano (FontanaArte).

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