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RENDEZ-VOUS CHEZ
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by feliz16
Champêtre
Ombragée par une treille de vigne, l’entrée affiche un air de campagne. A peine la porte franchie, Marin Montagut expose ses chapeaux de paille.
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MARIN MONTAGUT Sa campagne à Paris
EN DÉCEMBRE DERNIER, LE CRÉATEUR, ILLUSTRATEUR ET CHINEUR PAR TOUS LES VENTS EMMÉNAGEAIT DANS UNE MAISON DE VILLE AU FOND D’UN PASSAGE PLEIN DE CHARME. SON OBJECTIF : DISTILLER UN PARFUM DE CAMPAGNE AU CŒUR DE PARIS.
Il est parfois des heureux hasards. Ainsi, quand Marin Montagut arpente la capitale à la découverte d’échoppes et d’ateliers d’antan pour son dernier livre “Le Paris merveilleux de Marin Montagut”(1) , il s’avance sous un porche situé rue du Faubourg-Saint-Antoine, découvrant un passage pavé recouvert d’une treille de vigne séculaire. Un mirage. « Je suis tombé immédiatement amoureux de l’endroit, raconte-t-il. Le propriétaire de l’impasse étant là, je lui ai demandé si, par chance, un espace était disponible. » Miracle ! Ce dernier l’emmène dans un ancien atelier tout juste libéré. « Il est allé chercher les clefs. En dix jours, c’était réglé ! », s’exclame Marin. Un coup de foudre n’attend pas. L’illustrateur s’attelle vite à enchanter les deux niveaux du bâtiment aux murs blancs, à coups d’aplats u
Au comptoir de la chine
Pour aménager la partie bar/cuisine/salle à manger devant la fenêtre d’atelier, Marin Montagut a chiné un comptoir ancien en chêne (Gribouille, à Honfleur), une table de ferme (desuet.fr), des chaises années 50 en chêne, d’autres en fer début XXe d’origine américaine. Les suspensions « monte et baisse » donnent un côté bistrot tandis que le fauteuil crapaud insuffle un esprit salon. Tabourets aux pieds en bois tourné trouvés sur Le Bon Coin. Sur le mur du fond peint en jaune “Yellow Ground N°218”, le créateur a collé des bandes d’adhésif blanc qui font écho, côté salon, au papier peint à croisillons “Crivelli Treillis”. Peinture des placards en vert “Dyrehaven” (le tout, Farrow & Ball).
De toutes les couleurs
Dans le salon tapissé du papier peint “Closet Stripe” (Farrow & Ball), les meubles et les objets s’assemblent dans un éclectisme harmonieux. Autour du canapé acheté chez Am.Pm il y a quelques années, la table équipée d’une ampoule des années 50 a été chinée aux Puces (Saint-Ouen), tout comme la table basse miroir (Vanves). Les motifs colorés du tapis kilim (brocante de la rue de Bretagne, Paris-3e) s’entrechoquent joyeusement avec ceux du paravent XVIIIe trouvé à Uzès. Suspension en corde d’Audoux & Minnet et applique soleil années 50 (Coco & Co, à Honfleur, la brocante de la mère de Marin). Lampe en cordage doré ancien avec abat-jour en papier marbré signé Marin Montagut.
Des tables, encore des tables !
Avec sa passion de la chine, Marin les multiplie. L’une d’elles a été tapissée de tissu marbré (Marin Montagut). Même chose pour les assises, toutes différentes, qui boostent l’esprit cosy : méridienne en chanvre (Puces de Saint-Ouen) rehaussée d’une couverture tricotée, pouf rayé et fauteuil habillé d’un coussin dessiné par Marin. Lampadaire avec abat-jour en corde chiné à Honfleur. Au-dessus de la cheminée, papillons naturalisés anciens (Deyrolle), une autre des passions de l’illustrateur.
Esprit saint
Sur le mur de la montée d’escalier, peint en deux couleurs (vert “Suffield Green” et artichaut “Drab”, Farrow & Ball), la collection d’ex-voto et de reliquaires anciens de Marin, rapportés de ses voyages au Portugal et en Italie – « Ils m’inspirent pour la création de mes objets », commente-t-il. Derrière la porte, l’entrée couleur terre de Sienne (“Picture Gallery Red”) avec ses tomettes d’origine dans la même tonalité. Cela donne à la pièce « un côté boîte », selon Marin. de peinture et de papiers peints, avec l’aide précieuse des équipes de Farrow & Ball. Une manière de poser les bases de son désir de maison de campagne un brin british à Paris. Il dessine et délimite les espaces de la très grande pièce salon/salle à manger/bar, en déployant des papiers peints jaunes, tantôt à rayures, tantôt à croisillons. « Je passais d’un septième étage à un rez-de-chaussée, il fallait donc une couleur qui donne de la lumière, explique-t-il. Jusqu’alors, le jaune ne m’était pas familier, or cette teinte s’avère douce à vivre, u
car très enveloppante. » Pour peaufiner l’esprit de campagne, il peint même le bas des murs dans une teinte artichaut, donnant une illusion de boiserie. Viennent ensuite les objets : quatre mois de chine dans les brocantes, les Puces, sur les sites en ligne, pour meubler et décorer. On y retrouve toutes ses marottes : sa passion pour les kilims qui « apportent une note graphique et colorée », sa manie d’enlever les portes existantes pour les remplacer par d’autres plus anciennes, son goût pour les plâtres d’atelier, les ex-voto et reliquaires XIXe chinés au Portugal et en Italie, qui décorent ici la montée d’escalier.
« Les objets, je suis tombé dedans quand j’étais petit, raconte ce chineur invétéré qui propose ses trouvailles dans son showroom parisien. Dans ma famille, tout le monde est antiquaire, à commencer par ma mère qui tient une boutique à Honfleur et u
La fenêtre pour échappatoire
Un désordre savamment animé règne dans le bureau où se côtoient allègrement une lampe Hibou de Maison Chaumette (sur Le Bon Coin), une lampe miroir soleil années 50 et un fauteuil Napoléon III (Coco & Co). Suspensions anciennes en verre églomisé. Sur le mur, papier peint “Brockhampton Star” et peinture brun intense “Salon Drab n°290 (le tout Farrow & Ball).
Oh my green !
On adore ce “Duck Green W55” (Farrow & Ball), typiquement british, qui habille tous les placards du dressing. Au fond, dans le bureau atelier de Marin, on aperçoit le bouquet de coquelicots en papier crépon réalisé par Roseus Barbatus. Au sol, tapis de coco (Decorasol).
je n’ai découvert les meubles en kit qu’à 18 ans, en emménageant dans mon premier studio ! » Et de continuer : « Je suis fasciné par l’âme des objets anciens. »
Au premier étage, celui de la chambre, du dressing et du bureau, il recouvre le sol d’un tapis en fibres de coco, imagine un grand couloir accueillant un dressing peint dans un vert typiquement anglais, surjoue les fleurs sur les murs de la chambre et le dessus-de-lit. « J’avais envie d’un espace cocon. Les fleurs s’y prêtaient d’autant mieux qu’en regardant par la fenêtre, on a vue sur la treille de vigne tel un parterre de verdure. » La campagne existe bel et bien à Paris !QRens.p. 176.
(1) Aux éditions Flammarion.
1. De bric et de broc
Une table et une chaise singulière dénichées en Belgique, une vitrine rapportée d’un voyage au Portugal, une maquette de bateau (Les Anges à la Campagne)… Voilà de quoi personnaliser ce coin bureau dans la chambre. Tasse “Chaise du Luxembourg” de Marin Montagut.
2. Flower power
Ambiance florale dans la chambre tapissée du papier peint “Melrose” (Farrow & Ball). Dessus de lit ancien déniché en Provence. Tête de lit en chanvre (Bruno Le Yaouanc au marché Paul Bert Serpette).