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AUTOMNE 2013 N°
BIRMANIE
LES ROHINGYAS À L’ÉPREUVE DE LA SURVIE FRANCE
LES VIGIES DE VILLIERS-LE-BEL RENCONTRE
MARTA VASQUEZ, MÈRE DE LA PLACE DE MAI
PRIX DE VENTE : 6.90 €
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ÉDITO
“A
ux grands hommes, la patrie reconnaissante”, lit-on sur le fronton du Panthéon. Le choix de cette inscription et la décision de faire de ce bâtiment un temple laïc consacré à la mémoire des grands personnages de l’Histoire de France remontent à 1791. Le moins que l'on puisse dire, c'est que depuis, les empereurs, présidents ou députés qui se sont succédé ont pris le texte au pied de la lettre... Soixante-et-onze hommes y reposent. Pour seulement deux femmes. Et encore, seule Marie Curie est inhumée au Panthéon pour ses mérites. Il est vrai qu'ils sont difficiles à nier : la pionnière de la physique nucléaire est la première femme au monde à avoir reçu un prix Nobel, en 1903, en physique ; elle sera à nouveau honorée de cette récompense suprême en 1911, mais en chimie cette fois. La seconde femme, Sophie Berthelot, ne doit sa présence dans l'édifice qu'au souhait de son mari qui ne voulait pas être séparé d'elle. En plus de deux siècles, c'est tout ! Où sont les femmes qui ont, elles aussi, écrit l'Histoire de notre pays ? Les combattantes, les scientifiques, les artistes, les philosophes, les politiques qui nous ont ouvert d'autres horizons, parfois au péril de leur vie ? Passées à la trappe mémorielle par des décideurs qui n'ont jamais su regarder équitablement les deux moitiés d'une même nation. Car au Panthéon, l'écart est bien plus que numérique. “Il est temps de Il est le symbole d'une République qui n'a toujours laissé qu'une place infime rendre les honneurs à ses citoyennes, se privant ainsi de tant de potentiels.
à ces femmes fondamentales, restées trop longtemps dans l'oubli national.”
Le président de la République envisagerait la panthéonisation de deux personnalités. Il a missionné, Philippe Bélaval, président du Centre des monuments nationaux, pour qu'il lui remette fin septembre une liste de noms. Le 7 mars dernier, François Hollande soulignait sa volonté de “mieux reconnaître la place des femmes dans l’Histoire de la République”. Le moment de passer aux actes arrive.
Femmes en résistance appuie la démarche entreprise par un collectif regroupant un grand nombre d'associations féministes, qui demande un rééquilibrage - partiel - de l'Histoire avec l'entrée de cinq femmes au Panthéon, décrétée par une seule et unique décision présidentielle. Les personnalités emblématiques retenues sont Olympe de Gouges, révolutionnaire auteure de la “Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne”, la résistante et ethnologue Germaine Tillon, Louise Michel la communarde, la mulâtresse Solitude, figure de la résistance des esclaves noirs en Guadeloupe au XVIIIe siècle et l'écrivaine féministe Simone de Beauvoir. Il est temps de rendre les honneurs à ces femmes fondamentales, restées trop longtemps dans l'oubli national. Il est essentiel de graver davantage encore dans la mémoire collective les réalisations de “nos” personnages féminins hors du commun, magnifiques sources d'inspiration pour toutes et tous. Nathalie Cayuela, Directrice de publication
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LE JOUR OÙ
10 JUIN 1963 JOHN FITZGERALD KENNEDY RATIFIE L'EQUAL PAY ACT Aux États-Unis, depuis des décennies, les mouvements féministes dénonçaient les discriminations salariales. En première ligne, se trouvaient les militantes de l'Association américaine des femmes universitaires (AAUW), engagées sur la question depuis 1907. Mais dans l'Amérique prospère des années 1960, les magazines publiaient encore des annonces séparées pour les femmes et les hommes. Le 10 juin 1963, le président John F. Kennedy, signait l'Equal Pay Act, entouré de plusieurs représentantes de l'AAUW (photo). La loi prohibait toute différence salariale motivée par le sexe de l'employé-e. Cette décision influencera de nombreux pays européens. Il faudra attendre décembre 1972 pour que soit votée la première loi instaurant le principe d'égalité de rémunération entre les femmes et les hommes, en France. Mais le pas le plus important sera franchi il y a trente ans, le 13 juillet 1983 : la loi Roudy établira alors l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Son objectif sera le rééquilibrage entre les sexes par la mise en œuvre de mesures spécifiques au profit des femmes, comme des plans d’égalité professionnelle dans les entreprises. La loi Génisson la complètera en 2001. Aux États-Unis, les salaires des femmes étaient inférieurs de 40 % à ceux des hommes avant la signature de l'Equal Pay Act. Cinquante ans plus tard, l'écart demeure encore de 20 %. En France, il atteint toujours 27 %, une situation régulièrement pointée du doigt par plusieurs organisations féministes.
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SOMMAIRE
LONGUE DISTANCE L’actualité des femmes en résistance à travers le monde
REPORTAGE D’AILLEURS Les Rohingyas à l’épreuve de la survie
RENCONTRE Marta Vasquez, Mère de la place de Mai
REPORTAGE D’ICI Les vigies de Villiers-le-Bel
ALENTOURS L’actualité d’ici des femmes engagées
PLEIN CADRE Cécile Moulain, fourmi de la République
PHOTOGRAPHIES / En Une : Bruno Amsellem/Signatures ; Page 4 : Abbie Rowe, White House Photographs. Courtesy of John F. Kennedy Presidential Library and Museum, Boston ; Page 6 : DR, DR, DR ; Page 7 : DR, Pierre-Yves Ginet, Hammi/SIPA ; Page 8 : DR, DR, AFP PHOTO/Jose Cabezas ; Page 9 : DR, Mido Ahmed/AFP ImageForum, DR ; Page 10 : DR, AP Photo/Tsvangirayi Mukwazhi, Adam Jones sous licence Creative commons ; Page 11 : DR, Zakir Hossain Chowd/NEWSCOM/SIPA, DR ; Page 24 : Uncredited/AP/SIPA, Khin Maung Win/AP/SIPA ; Page 25 : DR, DR, Matt Dunham/AP/SIPA ; Pages 27, 28 et 29 (en haut) : Jean-Jérôme Destouches ; Page 29 (bas) : DR, DR, DR, DR ; Pages 30 et 31 : Julien Faure ; Pages 32 et 33 : Ariel Arias ; Page 34 : Pierre-Yves Ginet, Julien Faure ; Pages 36 et 37 : Julien Faure ; Page 38 : Claude Paris/AP/SIPA, AFP PHOTO/Eric Feferberg ; Page 39 : AFP PHOTO/Charly Triballeau, DR ; Page 40 : DR, Osez le féminisme !, DR, Pages 41 et 42 : Pierre-Yves Ginet ; 4e de couverture : DR. Magazine trimestiel “Femmes en résistance”, n°4, paru en septembre 2013 - Date de bouclage : 26 août 2013. Edité par l’association Femmes ici et ailleurs : 20, rue de la Rize — F-69003 Lyon - Tél. 04 37 43 02 35 - Présidente : Nathalie Cayuela Dépôt légal : septembre 2013. ISSN : 2263-553X. N° de commission paritaire : 0115 G 91616. Prix de vente France métropolitaine : 6,90 euros. Abonnement 1 an France métropolitaine : 23,60 euros. Ce magazine contient une offre d’abonnement à Femmes en résistance magazine. Magazine imprimé en France par IDMM - 6A, rue des Aulnes - 69410 Champagne-au-Mont-d’or Directrice de la publication : Nathalie Cayuela / Ont participé à ce numéro : Nathalie Poirot, Léopoldine Garry, Orbiane Wolff. Rédaction : femmesenresistance.infos@gmail.com / Abonnements : contact@femmesenresistancemag.com
Fan page Femmes en résistance magazine
@femmesresistmag
http://femmesenresistancemag.com
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BIRMANIE
Les Rohingyas à l’épreuve de la survie TEXTE : ANNE-LISE FANTINO PHOTOGRAPHIES : BRUNO AMSELLEM / SIGNATURES
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RENCONTRE AVEC...
MARTA VASQUEZ INTERVIEW DE JEAN-JÉRÔME DESTOUCHES
Marta Ocampo de Vasquez est présidente des Mères de la place de Mai, ligne fondatrice, regroupant des femmes argentines dont les enfants ont “disparu” pendant la dictature militaire (1976-1983). Depuis le 30 avril 1977, elles effectuent des rondes hebdomadaires devant le siège du gouvernement, à Buenos Aires. Les Mères de la place de Mai sont l’unique organisation de femmes en Argentine, activistes des droits humains. Au plan international, elles demeurent un symbole de la lutte des femmes contre les régimes totalitaires.
Réalisé en partenariat avec la FIDH, mouvement mondial de défense des droits humains N° 4 ‑ AUTOMNE 2013 9
REPORTAGE D’ICI
LES VIGIES DE VILLIERS-LE-BEL
Les vigies de Villiers-le-Bel TEXTE DE CÉLINE ÉVITA, RÉPONSE CITOYENNE
Dans cette ville marquée par les émeutes de 2007 et de 2010, les femmes du Collectif du 29 juin se sont engagées pour la sécurité et contre les discriminations.
Brigitte Bertrand, Chantal Djédjé, Agnès Desfosses et Michèle Leprince, membres du Collectif du 29 juin, lors d'une action de sensibilisation des habitants à la non-violence, dans le quartier des Carreaux, à Villiers-le-Bel. L'action de ce jour entend répondre aux actes de violence, avec armes à feux, perpétrés sur le territoire de la commune au cours des semaines précédentes.
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elles
ONT ÉCRIT L’HISTOIRE
MARIE PAPE-CARPANTIER (1815-1878) Pionnière de l'école moderne De 1834 à 1848, Marie Pape-Carpantier dirige deux salles d’asile, lieux destinés à l'accueil des enfants de deux à six ans, dans sa ville natale de La Flèche, puis au Mans. Dès 1845, elle rejette la méthode éducative en vigueur, propose de renommer les salles d’asile en “écoles maternelles” et d'en faire des lieux d'instruction ludique, où règneront l’expérimentation et la “leçon de choses”. Marie-Pape Carpantier est nommée en 1848 à la tête de la première école normale, nouvellement créée à Paris, pour la formation des personnels des salles d’asile. À partir de 1862, ses écrits se concentreront sur les droits des femmes et l'éducation des filles. La révolution pédagogique initiée par la pionnière de l’enseignement pré-élémentaire influence toujours l'approche contemporaine de l’éducation de la petite enfance.