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HIVER 2013 N°
ÉTATS-UNIS
L’AUTRE COMBAT DES MILITAIRES AMÉRICAINES FRANCE
“JE NE SUIS PAS UN CHIFFRE” RENCONTRE
SHIRIN EBADI, PRIX NOBEL DE LA PAIX
PRIX DE VENTE : 6.90 €
LE JOUR OÙ
26 SEPTEMBRE 1913 DISCOURS DE ROSA LUXEMBURG CONTRE LA GUERRE EN EUROPE Il y a cent ans, se tient à Blockenheim, près de Francfort, une réunion importante réunissant des intellectuels, des politiques et des ouvriers. La dérive guerrière de l'Allemagne ne fait alors plus aucun doute pour nombre d'observateurs. Prenant la parole pendant près de deux heures devant une foule compacte, Rosa Luxemburg commence par rendre hommage à August Bebel, dirigeant emblématique du Parti social-démocrate (SPD), décédé quelques semaines plus tôt, qui s'était notamment illustré en condamnant les mauvais traitements infligés aux soldats. Puis les propos de la militante s'enflamment, elle appelle les ouvriers allemands à la grève et à ne pas se laisser entrainer dans la guerre. “Si on attend de nous que nous brandissions les armes contre nos frères de France ou d’ailleurs, alors nous nous écrions : nous ne le ferons pas !” L'assistance surchauffée lui répond en scandant des “Jamais !”. Sans surprise, ce discours lui vaudra de passer devant la justice le 20 février 1914 pour incitation publique à la désobéissance et à des actes criminels. Le procès aura un grand retentissement en Allemagne. Elle recevra de nombreuses manifestations de sympathie. Rosa Luxemburg sera condamnée à un an de prison. Ayant obtenu un sursis pour raison de santé, elle sera incarcérée en pleine guerre, le 18 février 1915.
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ÉDITO
L
a prostitution serait le plus vieux “métier” du monde, elle a toujours existé et existera probablement toujours. S'y attaquer relèverait donc de l'utopie ? Cette fatalité justifierait alors la paresse, la résignation, l'inaction. Mais que penser d'une société qui fait le choix de ne pas interdire, et donc de tolérer, l'achat par un homme d'un rapport sexuel avec une femme ? Car c'est bien de cela dont il est question aujourd'hui en France. À l'heure où le magazine part à l'impression, le débat sur le projet de loi est ouvert au Parlement. Son adoption ferait date, comme l'abolition de l'esclavage en 1848 et de la peine de mort en 1981. Parce que comme ces combats, celui contre la prostitution est un combat pour les droits humains. Il s'inscrit dans la continuité des luttes contre l'esclavage, le viol, le viol conjugal, le harcèlement sexuel, pour le droit à disposer de son corps et non du corps de l’autre. Il est une condition à l'égalité des sexes.
Il ne s'agit pas d'éradiquer la prostitution. Une loi n'a jamais permis d'éradiquer quoi que ce soit. Il s'agit d'envoyer un message aux hommes, aux adolescents et aux petits garçons : on ne paye pas une femme pour avoir un rapport sexuel avec elle, même si elle est consentante. Car le consentement de quelques-unes ne suffit pas à construire un projet de “Tant qu'on fichait la société. Cette loi en est un, pour une société qui lutte contre les violences et la domination masculine. paix aux clients, Il ne s'agit même pas de l'interdire, puisque la proposition de loi prévoit la précarité et justement l'abolition du délit de racolage public. En inversant la charge pénale, la santé des le projet de loi considère les personnes prostituées non comme délinquantes, prostituées, qui mais comme des personnes victimes de violences et donc à protéger et s'en souciait ?” accompagner. En interdisant l’achat d’actes sexuels, le texte pointe du doigt le rôle actif du client dans le système prostitueur. Et ne nous mentons pas, c'est là que se déchaînent les passions. Tant qu'on fichait la paix aux clients, la précarité et la santé des prostituées ou la sexualité des personnes handicapées, qui s'en souciait ? En France, 90 % des personnes prostituées sont étrangères, originaires principalement de Roumanie, Bulgarie, Nigéria et Chine, pays où sévissent des réseaux de traite des êtres humains. Dans les débats sur la nouvelle loi, nous ne les entendons pas. La peur des représailles et, pour certaines de l'expulsion, les condamne au silence. Alors même si l'on reste sourd aux arguments des féministes, qui insistent à juste titre depuis des années pour que l'on considère la prostitution comme une violence faite aux femmes et un rouage du patriarcat, une loi faite pour aider cette ultra majorité de prostituées à sortir de ce calvaire, ça ne fait pas de sens ? Rappelons ces mots qui datent de 1949, énoncés dans la Convention des Nations unies pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui : “La prostitution et le mal qui l’accompagne, à savoir la traite des êtres humains en vue de la prostitution, sont incompatibles avec la dignité et la valeur de la personne humaine et mettent en danger le bien-être de l’individu, de la famille et de la communauté.” N'attendons pas encore un demi-siècle pour qualifier la prostitution de violence, d’obstacle à l’égalité, d’atteinte à la dignité. Cette fois, ne ratons pas le rendez-vous ! Katherine Booth, Responsable du département Droits des femmes Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH)
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SOMMAIRE
LONGUE DISTANCE L’actualité des femmes en résistance à travers le monde
REPORTAGE D’AILLEURS L’autre combat des militaires américaines
RENCONTRE Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix
REPORTAGE D’ICI “Je ne suis pas un chiffre”
ALENTOURS L’actualité d’ici des femmes engagées
PLEIN CADRE Edwige Merienne, haute mère
PHOTOGRAPHIES / En Une : François Pesant ; Page 4 : DR ; Page 6 : Bogdan Cristel / Reuters, Jo Yong-Hak, DR ; Page 7 : DR, DR, DR ; Page 8 : DR, Sulyman Qardash / Fawzia Koofi official webpage, DR ; Page 9 : Behrouz Mehri / AFP ImageForum, DR, Karen Veldkamp / Amnesty International ; Page 10 : Eduardo León, Martin Barraud / DR, United Nations Information Centres ; Page 11 : Khin Maung Win / DR, DR, DR ; Page 25 : European Parliament ; Page 26 : Salvatore Di Nolfi/AP/SIPA ; Page 27 : Ana Elisa Fuentes ; Page 40 : Pierre-Yves Ginet, DR, Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes ; Page 41 : Parti socialiste, Parti socialiste, Orange ; Page 42 : DR, Al Rublinetsky ; Pages 45 et 46 : Pierre-Yves Ginet ; 4e de couverture : DR. Magazine trimestiel “Femmes en résistance”, n°5, paru en décembre 2013 - Date de bouclage : 27 novembre 2013. Edité par l’association Femmes ici et ailleurs : 20, rue de la Rize — F-69003 Lyon - Tél. 04 37 43 02 35 - Présidente : Nathalie Cayuela Dépôt légal : décembre 2013. ISSN : 2263-553X. N° de commission paritaire : 0115 G 91616. Prix de vente France métropolitaine : 6,90 euros. Abonnement 1 an France métropolitaine : 23,60 euros. Ce magazine contient une offre d’abonnement au magazine Femmes en résistance. Magazine imprimé en France par IDMM - 6A, rue des Aulnes - 69410 Champagne-au-Mont-d’or Directrice de la publication : Nathalie Cayuela / Ont participé à ce numéro : Nathalie Poirot, Yousra El Morabit, Léopoldine Garry, Orbiane Wolff. Rédaction : femmesenresistance.infos@gmail.com / Abonnements : contact@femmesenresistancemag.com
Fan page Femmes en résistance magazine
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LONGUE DISTANCE
DES FEMMES DU MONDE EN RÉSISTANCE
BIRMANIE ALLEMAGNE
Abolir !
Forums historiques
RWANDA
Record du monde
Il n’y a pas qu'en France que la question fait débat. En Allemagne, la réforme de la loi sur la prostitution de 2002 était censée servir les femmes qui “travaillent dans cette branche”. Pourtant, beaucoup constatent que ces textes favorisent les réseaux mafieux qui vivent de l'esclavage sexuel. En dix ans, le pays est devenu la plaque tournante du trafic de femmes en Europe et le paradis des touristes du sexe venant des pays voisins. On dénombrerait au moins 500 000 prostituées, dont nombre d'étrangères. Par ailleurs, le secteur serait le plus lucratif au monde sans doute avec... le commerce des armes et de la drogue. Ces bénéfices colossaux ne vont pas aux femmes. Même la minorité de prostituées d’origine allemande vit à plus de 90 % dans la pauvreté, lorsqu’elles atteignent la vieillesse. Le cas des étrangères est pire encore. Voilà l’exception allemande telle qu'elle est décrite par le magazine Emma, qui vient de publier un appel signé par 90 personnalités, femmes et hommes, exigeant de modifier la législation : des moyens financiers visant à protéger et accompagner les prostitué-e-s, une sensibilisation plus large et la pénalisation des clients font partie des mesures réclamées. L'appel a été adressé à la Chancelière.
Deux “Forums des femmes” se sont tenus en Birmanie en l'espace de quelques semaines. Fin septembre, a donc eu lieu à Rangoun un Women's forum, mis sur pied par le Réseau des organisations de femmes, basé en Birmanie, et la Ligue des femmes birmanes, coalition féministe exilée en Thaïlande. Cette entreprise conjointe est une première depuis des décennies. Des députées, activistes de la paix et dirigeantes ethniques ont assisté à ce congrès, avec pour objectif de bâtir une unité pour la paix et pour une société plus égalitariste. Toujours à Rangoun, les 6 et 7 décembre, c'est le Forum des femmes pour l'économie et la société qui a prévu de rassembler des centaines de personnes, dirigeant-e-s d'entreprises et leaders d'opinion, venues de Birmanie et du monde entier. Petite sœur du Women's forum de Deauville, la première édition birmane de ce rassemblement “très business” est destinée à mettre en avant la vision des femmes face aux enjeux de l'ouverture du pays. Son organisation par le groupe Publicis répond à un appel d'Aung San Suu Kyi.
Alors que dans la plupart des pays, y compris dans nos démocraties, les femmes peinent à se faire une place dans les gouvernements et les parlements, le Rwanda vient d'affoler les compteurs à l'occasion des élections législatives du 16 septembre dernier. Cas unique, les élues occupent désormais 64 % des sièges de la chambre des députés. Le pays demeure le seul au monde où les femmes sont majoritaires pour voter les lois. Une partie de l'explication réside dans les quotas mis en place après le génocide de 1994. Pour répondre aux réalités démographiques du pays, qui comptait alors deux tiers de femmes adultes dans sa population majeure, le Rwanda a instauré des mesures favorisant la parité. Le système électoral accorde 30 % des sièges à des femmes. Les 24 premiers mandats obtenus par des femmes étaient donc “réservés”. Mais des députées ont également conquis 27 des 53 sièges affectés aux partis politiques et attribués au suffrage universel. Preuve que les habitudes électorales passées, centrées sur les hommes candidats, ont peut-être vécu après vingt années de quotas. Certains s'interrogent d'ailleurs, à Kigali, sur la nécessité d'une réforme. Le temps n'est peut-être pas encore venu, la population rwandaise restant toujours majoritairement féminine. Et les performances économiques et sociales du pays, montrées en exemple par ses voisins, ne poussent pas au changement. Toujours est-il que la leçon est bonne à prendre.
Tout est loin d'être réglé sur les rives de l'Irrawaddy, notamment pour les minorités ethniques. Mais force est de constater que de nombreuses femmes participent à cette marche du changement. N° 5 ‑ HIVER 2013 9
Selon un récent rapport du Pentagone, il y aurait eu 26 000 agressions sexuelles en 2012. Seulement 3 374 victimes ont dénoncé le crime et 302 cas ont été portés devant les tribunaux. La majorité des victimes de viol militaire continuent de ne pas dénoncer les agressions, souvent par peur de représailles et par manque de confiance dans le système de justice militaire.
ÉTATS-UNIS
L’autre combat des militaires américaines TEXTE : ALEXANDRA GENESTE PHOTOS : FRANÇOIS PESANT (SAUF MENTION)
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RENCONTRE AVEC...
SHIRIN EBADI
Il y a dix ans, le 10 décembre 2003, Shirin Ebadi devenait la première musulmane à recevoir le Prix Nobel de la paix.
TRADUCTION : S. OFTADEH
Juge puis avocate, pilier de la Ligue iranienne de défense des droits de l’Homme, Shirin Ebadi s'est toujours engagée, face au régime en place, sur des dossiers délicats concernant des opposants politiques ou les organisations extrémistes. Arrêtée et condamnée, l'emblème iranien des droits humains vit désormais en exil, d'où elle continue de lutter pour les droits de toutes et tous, dans son pays et partout dans le monde.
Réalisé en partenariat avec la FIDH, mouvement mondial de défense des droits humains N° 5 ‑ HIVER 2013 25
REPORTAGE D’ICI
JE NE SUIS PAS UN CHIFFRE Je le crie haut et fort. J’existe ! Je viens du Maroc, avant j'avais une vie là-bas, maintenant j'en ai une autre ici. C'est une vie que je n'ai pas choisie, je suis arrivée en France à 14 ans pour aider mon père, travailleur immigré malade. J'ai habité avec lui dans un foyer Sonacotra. On vivait dans 10 m2. Après deux ans, j'ai été prise en charge par les services sociaux et placée en foyer. Mon père a fait à la préfecture une demande de regroupement familial qui a été rejetée faute de ressources suffisantes. À ma majorité j'ai moi aussi fait une demande qui a été rejetée parce qu'ils considéraient que je n'avais pas assez de liens en France. Mais de quel droit disent-ils ça ? En se basant sur ma famille ? Sur le fait que ma mère est restée là-bas ? Ils n'ont même pas pensé que je pouvais avoir construit des liens avec d'autres personnes, des liens forts. Aujourd’hui, j’ai 23 ans, je suis sans-papiers, mais je suis comme tout le monde, je n'ai pas l'impression de faire peur aux gens, je travaille, j'ai une vie, des amis. Je pense que j’ai grandi plus vite que j’aurais dû.
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REPORTAGE D’ICI
“JE NE SUIS PAS UN CHIFFRE !”
PORTRAIT D’UNE JEUNE MAJEURE SANS-PAPIERS DE LYON
“JE NE SUIS PAS UN CHIFFRE !” Photos : Bertrand Gaudillère / ITEM Textes : Rajae Abbou
“J
e ne suis pas un chiffre”, c’est le cri presque silencieux que Rajae, jeune majeure sans-papiers sur le territoire français depuis 2004, n’a de cesse de pousser depuis que je l’ai rencontrée il y a cinq ans. Elle ne hurle jamais sa colère, elle la murmure plutôt, mais ne se résigne pas pour autant. Elle prend la parole dès qu’elle le peut, revendique le droit d’être là en expliquant très bien les mécanismes qui l’ont amenée à cette vie clandestine. Aujourd’hui sa voix ne tremble plus et sonne juste. Elle est touchante et désarmante de sincérité lorsqu’elle vous explique que paradoxalement, avoir des papiers l’effraye un peu. Tant qu’elle n’en a pas, elle est le centre d’attention de personnes qu’elle n’aurait probablement jamais rencontrées et qui l’ont faite grandir, qui lui ont fait comprendre un peu mieux ce monde qu’elle ne connaissait que très peu depuis son village du Maroc. “Toi par exemple, je ne t’aurais jamais rencontré” m’affirme-t-elle. “Absolument” pourrais-je lui répondre, un mot qu’elle emploie à tout va et qu’ici j’écris en souriant… L’écouter me lire les textes qu’elle avait écrits pour raconter son histoire ne m’a par contre jamais fait sourire. Son père, l’école, les foyers successifs, les soutiens, la découverte de la politique, ses deux jobs, la précarité, la peur de l’arrestation… Sur chacune de mes photos, elle s’est appliquée à trouver les mots justes pour ne pas se trahir. Elle ne voulait pas être misérable, ni angélique. Elle voulait être vraie, parce que c’est important que les gens comprennent ce que c’est que d’être sans-papiers. Et comprennent aussi que ce n’est pas une fatalité. Je ne voulais pas prendre la parole à sa place. Nous l’avons prise ensemble, pour rappeler que la politique du chiffre menée par les gouvernements successifs avait des conséquences. En France Rajae ne sera pas mariée à un homme qu’elle n’aime pas, elle n’est plus “obligée” de croire en un Dieu qu’on a choisi pour elle, mais elle n’a pas le droit non plus de rêver aller à la fac. En signant la convention internationale des droits de l’enfant, la France s’est engagée à prendre en charge les mineurs étrangers présents sur son territoire. L’État français doit assurer “à tout enfant sans distinction aucune, indépendamment de toute considération de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion (…)” une protection et les soins nécessaires à leur bien-être pour qu’ils soient effectivement protégés de toutes formes de discrimination. Un mineur ne peut pas être un sans-papiers. Mais il le devient à sa majorité. Pour prétendre à l’obtention d’une carte de séjour, il faut pouvoir justifier de sa présence sur le territoire en continu entre l’âge de 13 et 18 ans. Rajae est arrivée en France à l’âge de 14 ans… BERTRAND GAUDILLÈRE
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elles
ONT ÉCRIT L’HISTOIRE
ALICE GUY BLACHÉ (1873-1968) Visionnaire du septième art Entrée comme secrétaire, en 1894, au Comptoir général de la photographie, Alice Guy Blaché devient en 1896, à vingt-trois ans, la première cinéaste à diriger un film, “La fée aux choux”, considéré par les historiens comme le premier film de fiction. À la tête des productions Gaumont de 1897 à 1907, elle met en scène, supervise les scénarios, les castings, la décoration, pousse les techniques de trucage, fait colorier ses films et utilise le parlant dès 1902. Partie aux États-Unis, elle devient en 1910 la première femme à posséder son entreprise de production et ses studios. Entre 1896 et 1920, Alice Guy Blaché écrira et réalisera plus de mille films sonores synchronisés, allant du western au polar, du mélodrame à la comédie romantique. Cette visionnaire oubliée est à l’origine des films narratifs qui sont aujourd'hui la norme dans nos salles obscures.