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LETZ GO

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LETZ GO SPORTS EXTRÊMES

NO PAIN NO GAIN

Nouvelle rubrique dans votre magazine préféré, lors de chaque numéro, je vous propose mes recommandations autour d’un sujet bien précis. Pour débuter en fanfare, on va parler sports extrêmes, montées d’adrénaline et spots bien cools pour calmer son palpitant autour d’une bière bien fraîche. Car comme on peut le voir floqué sur les débardeurs ficelle de nos cousins préférés à la salle de fitness : no pain no gain.

SKATEBOARDING IS NOT CRIME

Ici, c’est Luxembourg… et presque la Californie aussi. Les rues de la capitale ressemblent chaque jour davantage aux trottoirs de Los Angeles ou de San Francisco tant on y voit des hordes de riders arracher le bitume avec conviction. Le skateboard, que nombreux revendiquent comme un mode de vie à part entière, est l’activité préférée des Dieux, ex æquo avec une after au Saumur, les poches pleines de billets.

Cependant, ces considérations d’ado retardé qui camoufle sa calvitie sous une casquette Palace n’engagent que ma petite personne. D’ailleurs, si Lux City se métamorphose tout doucement en Skate City, c’est grâce à Dan, le boss du skate shop Olliewood, à Alex, son acolyte historique, et aux deux millions d’euros qu’ils ont réussi à négocier au collège échevinal pour financer le Skatepark Péitruss. Situé sous le viaduc dans la rue Saint-Quirin, l’aire de street et les deux bowls sont à la limite de l’œuvre d’art. Tout est absolument parfait : la vue, les falaises, la finesse des courbes, la verdure environnante, la vallée, la finition des modules et les teufs pirates qui s’y organisent en fin de session, autour d’un barbecue et de quelques Bofferding dealées sous le manteau.

Alors forcément, un tel trésor urbain attire du beau monde. On y a vu Aurélien Giraud, le Français qui va certainement revenir des Jeux olympiques de Tokyo avec une médaille autour du cou, faire mumuse sur le set de marches comme si de rien n’était. On y a aperçu le rappeur Lomepal, quatre heures avant son show à la Rockhal, enchaîner les handrails comme un papa. Toutes ces stars de la planche à roulettes qui publient des stories de leurs tré-flip sur Instagram réchauffent le cœur du Comité Nation Branding.

En effet, sous couvert de l’hashtag Let’s Make It Happen, le gouvernement souhaite faire rayonner le Grand-Duché, autrement qu’en tant que terre d’accueil d’investissements financiers étrangers. Pari réussi chez nos amis à roulettes, le Luxembourg est sur toutes les lèvres et pas seulement pour le prix des clopes, de l’essence et des litrons de Ricard. On les voit partout, heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage, taper des ollies dans le Grund, mais également sur le parvis de la cathédrale, à la Philharmonie, à Hollerich et dans les innombrables skateparks qui jalonnent notre belle région.

SOUS LES PAVÉS, LA PLAGE !

Bon assez transpiré sur le goudron, direction les magnifiques rives de la Moselle pour s’essayer au wakeboard. Le pays compte six clubs, tous répertoriés sur le site de la Luxembourg Waterski & Wakeboard Federation. Tu peux y louer des bateaux ou, si tu débutes, t’initier à la pratique pour moins de 40 euros le quart d’heure. Le wakeboard ressemble à une planche de snowboard tractée par un palonnier relié à un bateau, idéalement lesté pour engendrer un sillage de vagues bien fat. Ensuite, si tu as suffisamment d’abdos pour réussir à sortir de l’eau (on dit prendre son care) quand le bateau démarre, tu peux te risquer à faire des cabrioles en gardant l’équilibre. Nous, avec ma bande de potes aux cerveaux mal irrigués, avons accroché trois cordes à l’arrière du bateau pour tenter de se passer les uns au-dessus des autres en backroll. Cet excès de confiance m’a valu un nez pété. Personne ne m’avait prévenu, qu’à 30 km/h, l’eau s’apparente à du béton. Pas si grave, j’ai été me consoler avec les pros qui s’improvisaient un pique-nique sur la plage en débouchant quelques quilles de vins blancs locaux autour d’une enceinte Bluetooth qui crachait du Beastie Boys. Si la vie te donne des citrons, fais-en de la limonade.

BE FREAK, GO SKYDIVING

Après la terre et l’eau, direction le ciel pour la chute libre, l’expérience la plus hardcore de ma vie. Il n’existe qu’un seul club au Grand-Duché, le Cercle parachutiste luxembourgeois (CPL) à Wiltz-Noertrange, depuis 1967. L’endroit est idyllique, au milieu d’une plaine perchée sur les hauteurs de l’Oesling, avec un clubhouse en bois tout mignon, un frigo blindé de bières et un hangar pour abriter la bête qui va nous faire grimper au septième ciel. Marc, le président du club, gère de main de maître ses 40 membres actifs. Il est plutôt d’une humeur jouasse, car il vient d’acquérir un nouvel avion de huit places, fraîchement financé par le ministère des Classes Moyennes et du Tourisme. Leur précèdent coucou, avec des jolies flammes sur le côté, ne leur permettait d’embarquer que quatre jumpers serrés comme des sardines volantes. Jens, l’instructeur tandem, me donne un petit cours avant le grand saut. Il m’explique la position à adopter en l’air et comment on se jette de l’avion. Tous les gestes sont millimétrés. L’instructeur a 5000 sauts à son actif.

« LOMEPAL, QUATRE HEURES AVANT SON SHOW, ENCHAÎNAIT LES HANDRAILS »

Il est allemand. Tout devrait bien se passer. Il faudrait que je sois frappé par la foudre, qu’un réacteur explose, que je me fasse percuter par un oiseau ou que le parachute de secours ne s’ouvre pas pour que la situation tourne au vinaigre. Honnêtement, je commence à ressentir une angoisse très malsaine. J’enfile la combinaison. Jens règle mes sangles.

Tout se passe super vite. Je n’ai pas le luxe de cogiter que nous sommes déjà dans l’avion. Le pilote vient les jours fériés et les week-ends simplement pour l’amour de voler. L’engin qu’il a entre les mimines est boosté spécialement pour ce sport. Le moteur est gonflé afin de grimper plus vite et un marchepied a été installé près de la porte latérale pour prendre appui lors du saut. Le vol se passe très bien et j’apprends plein de petites anecdotes. Par exemple, pendant la période creuse en hiver, les plus passionnés partent sauter dans les pays « chauds » ou vont s’entraîner à la soufflerie à Arlon. On m’informe aussi qu’à chaque nouvelle figure réussie ou quand on s’achète un nouveau parachute, il est de bon ton, pour marquer le coup, d’offrir son casier de bières pour le club. Et de la Simon s’il vous plaît, nous sommes quand même à Wiltz. Nous allons sauter de 4000 mètres, une minute de chute libre en tandem, accroché à Jens, et cinq minutes de vol plané avec le parachute ouvert. Jens me donne les dernières explications nécessaires avant d’aller côtoyer les nuages.

Nous arrivons enfin à l’altitude attendue. Les autres passagers me tapent dans la main pour me souhaiter un bon trip (la tradition). Jens m’attache à lui et ouvre la porte latérale. Le froid s’engouffre tout à coup dans la cabine. Je m’approche du bord, assis sur les genoux du moniteur. Je lève le menton pour coller ma tête contre lui. J’ai les jambes dans le vide et c’est parti. Un double saut périlleux avant et un triple cri de surprise plus tard, ça y est, je plane. C’est sûrement l’expérience la plus dingue de ma vie. J’ai cru que j’allais y rester. Le sol qui se rapproche à 200 km/h, quatre kilomètres plus bas. On m’avait parlé d’une sensation de pure liberté et d’évasion, j’ai vécu une mise en abîme en mode torture. Lorsque Jens déclenche le parachute, à 1 500 mètres d'altitude, tout s’arrête. Comme dans les films, j’ai l’impression que la voile remonte dans le ciel. Planer me procure des sensations certes reposantes, mais mitigées. Je flippe toujours de m’écraser. J’ai vraiment le temps d’observer le paysage. Je prends les rênes du parachute histoire d’amorcer quelques virages.

Après toutes ces émotions et pour fêter ma performance, nous allons boire un verre au clubhouse. Le club existe depuis 1967. On peut sauter en tandem ou commencer l’apprentissage pour passer la licence, ce qui permet de sauter directement tout seul, en commençant par des sauts en parachute, à partir de 1000 mètres, avec ouverture automatique au bout de trois secondes, jusqu' à sauter de 4000 mètres tout seul. Un saut en tandem coute 265 € et honnêtement, ça les vaut. Pour obtenir directement la licence, c’est 500 € avec six sauts inclus et vous pourrez, comme les autres membres du club, brailler « be freak, go skydiving » avant de vous jeter dans le vide.

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