LETZ GO
Texte SĂ©bastien Vecrin
Image SĂ©bastien Lauer
SPORTS EXTRĂMES NO PAIN NO GAIN
Nouvelle rubrique dans votre magazine prĂ©fĂ©rĂ©, lors de chaque numĂ©ro, je vous propose mes recommandations autour dâun sujet bien prĂ©cis. Pour dĂ©buter en fanfare, on va parler sports extrĂȘmes, montĂ©es dâadrĂ©naline et spots bien cools pour calmer son palpitant autour dâune biĂšre bien fraĂźche. Car comme on peut le voir floquĂ© sur les dĂ©bardeurs ficelle de nos cousins prĂ©fĂ©rĂ©s Ă la salle de fitness : no pain no gain.
SKATEBOARDING IS NOT CRIME
SOUS LES PAVĂS, LA PLAGE !
Ici, câest Luxembourg⊠et presque la Californie aussi. Les rues de la capitale ressemblent chaque jour davantage aux trottoirs de Los Angeles ou de San Francisco tant on y voit des hordes de riders arracher le bitume avec conviction. Le skateboard, que nombreux revendiquent comme un mode de vie Ă part entiĂšre, est lâactivitĂ© prĂ©fĂ©rĂ©e des Dieux, ex ĂŠquo avec une after au Saumur, les poches pleines de billets.
Bon assez transpirĂ© sur le goudron, direction les magnifiques rives de la Moselle pour sâessayer au wakeboard. Le pays compte six clubs, tous rĂ©pertoriĂ©s sur le site de la Luxembourg Waterski & Wakeboard Federation. Tu peux y louer des bateaux ou, si tu dĂ©butes, tâinitier Ă la pratique pour moins de 40 euros le quart dâheure. Le wakeboard ressemble Ă une planche de snowboard tractĂ©e par un palonnier reliĂ© Ă un bateau, idĂ©alement lestĂ© pour engendrer un sillage de vagues bien fat. Ensuite, si tu as suffisamment dâabdos pour rĂ©ussir Ă sortir de lâeau (on dit prendre son care) quand le bateau dĂ©marre, tu peux te risquer Ă faire des cabrioles en gardant lâĂ©quilibre. Nous, avec ma bande de potes aux cerveaux mal irriguĂ©s, avons accrochĂ© trois cordes Ă lâarriĂšre du bateau pour tenter de se passer les uns au-dessus des autres en backroll. Cet excĂšs de confiance mâa valu un nez pĂ©tĂ©. Personne ne mâavait prĂ©venu, quâĂ 30 km/h, lâeau sâapparente Ă du bĂ©ton. Pas si grave, jâai Ă©tĂ© me consoler avec les pros qui sâimprovisaient un pique-nique sur la plage en dĂ©bouchant quelques quilles de vins blancs locaux autour dâune enceinte Bluetooth qui crachait du Beastie Boys. Si la vie te donne des citrons, fais-en de la limonade.
Cependant, ces considĂ©rations dâado retardĂ© qui camoufle sa calvitie sous une casquette Palace nâengagent que ma petite personne. Dâailleurs, si Lux City se mĂ©tamorphose tout doucement en Skate City, câest grĂące Ă Dan, le boss du skate shop Olliewood, Ă Alex, son acolyte historique, et aux deux millions dâeuros quâils ont rĂ©ussi Ă nĂ©gocier au collĂšge Ă©chevinal pour financer le Skatepark PĂ©itruss. SituĂ© sous le viaduc dans la rue Saint-Quirin, lâaire de street et les deux bowls sont Ă la limite de lâĆuvre dâart. Tout est absolument parfait : la vue, les falaises, la finesse des courbes, la verdure environnante, la vallĂ©e, la finition des modules et les teufs pirates qui sây organisent en fin de session, autour dâun barbecue et de quelques Bofferding dealĂ©es sous le manteau. Alors forcĂ©ment, un tel trĂ©sor urbain attire du beau monde. On y a vu AurĂ©lien Giraud, le Français qui va certainement revenir des Jeux olympiques de Tokyo avec une mĂ©daille autour du cou, faire mumuse sur le set de marches comme si de rien nâĂ©tait. On y a aperçu le rappeur Lomepal, quatre heures avant son show Ă la Rockhal, enchaĂźner les handrails comme un papa. Toutes ces stars de la planche Ă roulettes qui publient des stories de leurs trĂ©-flip sur Instagram rĂ©chauffent le cĆur du ComitĂ© Nation Branding. En effet, sous couvert de lâhashtag Letâs Make It Happen, le gouvernement souhaite faire rayonner le Grand-DuchĂ©, autrement quâen tant que terre dâaccueil dâinvestissements financiers Ă©trangers. Pari rĂ©ussi chez nos amis Ă roulettes, le Luxembourg est sur toutes les lĂšvres et pas seulement pour le prix des clopes, de lâessence et des litrons de Ricard. On les voit partout, heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage, taper des ollies dans le Grund, mais Ă©galement sur le parvis de la cathĂ©drale, Ă la Philharmonie, Ă Hollerich et dans les innombrables skateparks qui jalonnent notre belle rĂ©gion. 86
BE FREAK, GO SKYDIVING AprĂšs la terre et lâeau, direction le ciel pour la chute libre, lâexpĂ©rience la plus hardcore de ma vie. Il nâexiste quâun seul club au Grand-DuchĂ©, le Cercle parachutiste luxembourgeois (CPL) Ă Wiltz-Noertrange, depuis 1967. Lâendroit est idyllique, au milieu dâune plaine perchĂ©e sur les hauteurs de lâOesling, avec un clubhouse en bois tout mignon, un frigo blindĂ© de biĂšres et un hangar pour abriter la bĂȘte qui va nous faire grimper au septiĂšme ciel. Marc, le prĂ©sident du club, gĂšre de main de maĂźtre ses 40 membres actifs. Il est plutĂŽt dâune humeur jouasse, car il vient dâacquĂ©rir un nouvel avion de huit places, fraĂźchement financĂ© par le ministĂšre des Classes Moyennes et du Tourisme. Leur prĂ©cĂšdent coucou, avec des jolies flammes sur le cĂŽtĂ©, ne leur permettait dâembarquer que quatre jumpers serrĂ©s comme des sardines volantes. Jens, lâinstructeur tandem, me donne un petit cours avant le grand saut. Il mâexplique la position Ă adopter en lâair et comment on se jette de lâavion. Tous les gestes sont millimĂ©trĂ©s. Lâinstructeur a 5000 sauts Ă son actif.