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Conscientes de l’impact qu’elles ont sur la société toute entière et désireuses de le rendre le plus positif possible, de plus en plus d’entreprises mettent en place des actions de RSE. Norman Fisch, Secrétaire général de l'Institut National pour le Développement durable et la Responsabilité sociale des entreprises (INDR), nous explique en quoi cela consiste et les enjeux qui y sont liés.

TEXTE : JEANNE RENAULD

NORMAN FISCH

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est la RSE ? Comment ce concept est-il apparu ?

Nous faisons aujourd’hui face à de nombreux défis environnementaux et sociétaux. Dans ce contexte, les entreprises, au même titre que les pouvoirs publics et la société civile, ont un rôle essentiel à jouer pour contribuer à un développement qui soit plus durable, qui respecte et préserve à la fois l’être humain et l’environnement.

La RSE – pour responsabilité soci(ét)ale des entreprises – fait référence à l’ensemble des moyens et outils à leur disposition pour leur permettre de mener leurs activités de manière responsable, en améliorant leur gouvernance, en optimisant leur politique de ressources humaines et en réduisant leurs impacts environnementaux. La mise en place d’une stratégie RSE consiste donc en un projet de création de valeur partagée, à la fois pour l’entreprise et pour la société. Elle permet à l’entreprise de garantir sa propre pérennité, tout en contribuant au développement durable.

Quels sont les avantages d’une telle stratégie pour les entreprises ? Quels bénéfices peuvent-elles en retirer ?

Nous avons longtemps pensé que pour qu’une entreprise fonctionne, elle avait surtout besoin de capitaux et d’actionnaires. Or, bien d’autres éléments lui sont essentiels. Une entreprise n’est pas une entité isolée. C’est un tout, un système, qui a des impacts sur ses clients, ses collaborateurs, ses fournisseurs et sur la société en général. Une entreprise ne fait d’ailleurs sens qu’une fois intégrée dans cette société.

Ainsi, une entreprise ne peut fonctionner correctement sans compétences ni connaissances, autrement dit, sans ses collaborateurs. La RSE, parce qu’elle considère mieux l’être humain, produit un impact positif sur les employés, sur leur motivation, leur engagement, leur productivité. Elle permet de donner davantage de sens au travail, d’attirer et de fidéliser des talents.

Ensuite, toute entreprise exécute des tâches. Une stratégie RSE vise à améliorer en continu les processus en place, à innover pour les rendre plus efficients et plus durables. Elle permet ainsi d’obtenir les mêmes – ou de meilleurs – résultats, et ce en utilisant moins d’énergie et de ressources.

Ces différents processus sont mis en place pour créer de la valeur, qui soit perçue par le client. À cet égard, la RSE offre l’opportunité de proposer de meilleurs biens et services, qui répondent à de nouvelles attentes. En ce sens, elle permet d’investir des marchés porteurs. Parallèlement, en se positionnant de manière responsable et transparente, l’entreprise renforce son image de marque et améliore sa réputation, tout en se procurant un avantage concurrentiel.

Dernier avantage mais non des moindres: la RSE apporte des bénéfices financiers. Une telle stratégie génère du profit, en permettant d’augmenter les recettes et de diminuer les coûts. De plus, une entreprise engagée dans la RSE peut plus facilement accéder à des capitaux et à des taux d’intérêt attractifs, les investisseurs se montrant plus confiants. Enfin, il faut savoir que de nombreuses initiatives RSE peuvent faire l’objet d’aides financières au Luxembourg.

Bien sûr, une démarche RSE doit être adaptée à chaque entreprise. S’il existe une « recette générale », chacune doit l’ajuster à ses propres impacts sur la société, à ses besoins, sa manière de fonctionner et à ses ambitions.

Dans notre société du XXIe siècle, qui exige transparence et responsabilité, la RSE est devenue indispensable pour toute entreprise si elle veut perdurer

Comment l’INDR accompagne-t-il les entreprises luxembourgeoises dans leur démarche RSE ?

Pour promouvoir le développement de la RSE au Luxembourg et soutenir les entreprises dans cette voie, nous avons mis en place le programme ESR. S’adressant à toute organisation, quels que soient sa taille et son secteur d’activité, celui-ci comprend trois volets.

Le premier a pour mission de faire comprendre ce qu’est la RSE et ses avantages, à travers des formations, des événements, ou encore un guide pratique.

Le second permet aux entreprises d’autoévaluer leur niveau de responsabilité grâce à un formulaire disponible en ligne (www.esr.lu). Nous pouvons ensuite les orienter vers des réseaux d’experts et les accompagner dans la mise en place d’une stratégie RSE. Dans cette optique, nous avons créé en 2017 le réseau ProRSE, premier réseau des professionnels de la RSE, pour échanger autour de cette thématique. Il comprend plus de 100 membres à ce jour.

Enfin, nous avons développé le label ESR. Octroyé par un auditeur externe, il permet à l’entreprise de formaliser et valoriser sa démarche RSE ainsi que sa contribution au développement durable de manière crédible.

Comment la RSE est-elle aujourd’hui intégrée par les

entreprises au Luxembourg ? En 2007, nous avions réalisé une enquête qui avait révélé que seuls 8%

des dirigeants d’entreprise avaient entendu parler de la RSE. Près de quinze ans plus tard, un tiers intègre des éléments liés à la RSE. Cela ne signifie pas forcément qu’elles ont toutes développé une stratégie complète mais qu’elles communiquent, au moins, sur un sujet de RSE. C’est un changement important : il y a désormais une réelle prise de conscience de l’importance de la RSE. Preuve en est, nous recevons de plus en plus de demandes de la part d’entreprises qui s’intéressent au sujet. C’est un cercle vertueux : une organisation engagée va à son tour rechercher des partenaires responsables, créant ainsi un mouvement global en faveur d’un développement plus durable.

Quelles sont les difficultés auxquelles les entreprises se heurtent le plus souvent lors de l’adoption d’une politique RSE ?

L’impulsion d’une telle stratégie peut venir de plusieurs départements : les ressources humaines, la gestion de la qualité, la logistique ou encore la direction, par exemple. Mais d’où que vienne cette impulsion, il est essentiel que le sujet de la RSE soit porté par le plus haut niveau du leadership, sans quoi il risque d’être difficile à mettre en œuvre.

Par ailleurs, il est important de nommer un coordinateur RSE si l’on veut que la stratégie aboutisse. Cette personne sera chargée de concevoir et de déployer un plan d’actions, de les programmer et d’en démontrer les résultats une fois mises en œuvre.

Bien plus que de l’argent, se lancer dans une démarche RSE demande surtout du temps. Il faut donc avant tout se donner les moyens et la volonté d’y arriver. ●

DES ENTREPRISES LUXEMBOURGEOISES ENGAGÉES

Aujourd’hui, 1.300 entreprises du pays (sur 15.000 potentielles) ont intégré le programme ESR de l’INDR. Et quelque 200 entreprises, employant plus de 50.000 salariés au Luxembourg, sont labellisées ESR. Elles forment ainsi l’un des plus grands réseaux d’entreprises responsables en Europe.

BIENTÔT UN LABEL RSE EUROPÉEN

L’INDR participe activement à la création d’un label RSE européen visant à valoriser à l’échelle internationale les efforts faits par une entreprise dans un pays membre de l’Union pour devenir plus responsable.

On constate désormais une réelle prise de conscience de la part des entreprises de l’importance d’une démarche RSE

INFO

Vous souhaitez en savoir davantage sur la RSE au Luxembourg ?

Fondé en 2007 par les membres de l’Union des Entreprises Luxembourgeoises (UEL), l’INDR est la porte d’entrée pour toutes les entreprises qui souhaitent contribuer au développement durable.

www.indr.lu

LE CHIFFRE

200

C’est le nombre d’entreprises au Luxembourg qui affichent le label ESR.