9782215131373 carnet de style

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Marie Haumont

TOU T POU R CREeR Ses

Nadine ZiADE Postel

MOOD BOAR Ds

Fleurus


MOOD BOARDs TOU T

POUR C REeR Ses

: Textes et illustrations Marie Haumont -------et graphique : Conception éditoriale Nadine Ziadé Postel

Fleurus


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LE MÉTIER DE STYLISTE À chaque nouvelle saison (et en matière de mode, il y en a bien plus que les quatre traditionnelles), apparaissent de nouvelles tendances, de nouveaux styles, de nouvelles audaces vestimentaires, qui semblent naître presque comme par magie dans l’esprit et sous les doigts du créateur de mode. Ce créateur, aussi appelé styliste ou directeur artistique, puise bien sûr son inspiration dans l’air du temps. Il observe le monde qui l’entoure, déroule l’histoire de la mode, scrute les évolutions de la société… Il a le talent de saisir et d’interpréter les tendances environnantes. Sous des formes qui nous font rêver et nous surprennent, il invente la mode. Pour faire naître ces collections, qu’elles appartiennent au luxe des maisons de haute couture ou aux marques de prêt-à-porter, le styliste s’entoure d’artisans, de modélistes, de techniciens : d’une multitude de métiers au savoir-faire essentiel. Au fil de cette première partie, découvrez ceux qui fabriquent la mode et l’imaginent - peut-être y trouverez-vous une vocation ? - avant de vous lancer vous-même à l’assaut de la création !

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DU CÔTÉ DE LA HAUTE COUTURE

La maison de couture et le créateur qui lui est associé inventent les futures tendances. Leurs collections vont définir les grands mouvements de la mode dont les autres vont s’inspirer. Le terme « haute couture » est une appellation protégée réservée à un nombre très restreint de maisons. Ces marques doivent respecter des critères précis, comme réaliser le travail à la main, proposer des pièces uniques, du sur-mesure et participer au moins à deux défilés par an. Dans une maison de couture, les tâches sont hiérarchisées et la discipline très stricte. On pourrait y voir une petite armée de la mode, organisée pour aboutir à la perfection. En tête, le général de bataille, le créateur de haute couture, définit une tendance et un style, et élabore la collection. Il dessine une série de croquis qui serviront de base à la première d’atelier, avec laquelle il choisit parfois directement le tissu. Il coordonne l’ensemble de la collection et contrôle l’organisation des défilés de mode. Ses idées et ses croquis sont répartis dans deux ateliers : l’atelier tailleur ou strict pour les vêtements structurés et l’atelier flou pour les matières fluides, les robes du soir ou de cocktail. Plusieurs métiers cohabitent dans chacun de ces ateliers. 4

- La première d’atelier interprète en volume l’idée du créateur, à partir des croquis. Elle réalise le prototype (la structure en toile blanche), assure la prise de mesures nécessaire à la réalisation du modèle, les essayages sur les mannequins de cabine et procède aux retouches. Chargée de suivre toutes les étapes de la réalisation du vêtement (une pièce unique), elle suit l’exécution de l’ouvrage, en expliquant le travail au personnel de l’atelier, jusqu’à la livraison. - Sous sa gouverne, les petites mains (seconde d’atelier, première et seconde mains qualifiées, première et seconde mains débutantes) s’affairent. Leur travail, guidé par l’expérience et le savoir-faire, nécessite autant de sens esthétique que de gestes techniques. - Le mannequin de cabine est chargé d’essayer un vêtement dès la première maquette et tout au long de sa réalisation. Il permet au couturier de voir la création prendre vie une fois portée. - La première vendeuse est entièrement dédiée à la cliente à qui elle délivre un service irréprochable et expert. Elle l’accompagne lors du premier rendez-vous en salon privé et pendant les trois à quatre mois que dure la réalisation du modèle sur-mesure.


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L’ARTISANAT DE LA MODE

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De nombreux artisans participent à l’élaboration des créations haute couture et contribuent à faire de chaque modèle une pièce extraordinaire et unique. Les groupes de luxe sont très attentifs à ces métiers et savoir-faire en voie de disparition. - Le maître plisseur se dévoue aux étoffes, à partir de moules en carton fort, appelés « métiers », qui plissent la soie, l’organza et même le cuir. La fabrication d’un métier servant de moule est très longue, mais il peut servir des milliers de fois. - Le plumassier teint, frise et coud les plumes qui enluminent les créations luxueuses haute couture. Rare aujourd’hui, leur travail expert est issu du monde du music-hall ! - L’éventailliste manie feuilles et montures (en bois, plexi, nacre) pour inventer de quoi s’éventer.

- Le modiste fabrique des chapeaux évanescents ou des couvre-chefs exubérants en s’appuyant sur une forme de bois. - Le corsetier bâtit des sous-vêtements (corsets, soutiens-gorge, culottes, parures) tel un architecte. De la hanche à l’épaule, il construit une structure habillée de tissu (souvent de dentelle). - Le brodeur décore un tissu à l’aide de motifs réalisés à la main, dans différentes matières nobles (soie, métal, perles, rubans, etc.) - Le gantier sélectionne selon leur taille, couleur, grain, finesse et souplesse, les peaux dans lesquelles il va réaliser des gants. Il utilise des outils bien spécifiques comme la main de fer, la pince à linge ou encore la main chaude, instrument sur lequel est dressé le gant pour qu’il prenne forme. 7


ET LE PRÊT-À-PORTER ALORS ? Le prêt-à-porter, à l’inverse du sur-mesure, produit un vêtement en série, de manière industrielle. Il couvre un secteur très vaste, qui va des grandes enseignes au luxe et de marques intermédiaires à la « fast fashion » (H&M, Zara, Mango…). Leur mode de production suit à peu près le même cycle.

1- De l’idée au croquis Le styliste : vêtement, chaussure, sac…, le styliste conçoit les modèles d’une collection, en s’appuyant sur un carnet de tendances et les grands axes définis par le directeur de collection. Dans ses croquis, le styliste définit les formes, matières, coloris et imprimés, en respectant l’esprit de la marque pour laquelle il travaille. Directeur de collection : il détermine les lignes commerciale et stylistique de la marque. On accède à cette fonction, se situant à la croisée du marketing et de la création, après des années d’expérience en tant que styliste ou chef de produit. 8

2- Du croquis au patron Le modéliste : en partant des croquis du styliste, le modéliste donne forme au vêtement imaginé. Il réalise le patron et les fiches techniques qui serviront à mettre au point le prototype.


3- Du prototype au modèle Responsable de production : une fois les prototypes validés, c’est lui qui lance la fabrication en série des pièces. Ce poste clé permet de réaliser les produits dans le respect du cahier des charges de la marque (délais, coûts, qualité, normes).

5- Des ventes à la future collection Le responsable de boutique : il surveille l’état des stocks, vérifie ce qu’il se passe en magasin et dirige les vendeurs. Son activité va de l’animation au bilan des ventes, en passant par le réassort ou la gestion des retours. Chef de produit marketing : de la création au retrait du marché, il accompagne le développement d’une ligne de vêtements. Son rôle est d’analyser la concurrence, de suivre les chiffres des ventes et de communiquer ces données au directeur de collection qui déterminera les axes des futures productions.

4- De l’usine à la boutique L’acheteur : il est rattaché à une boutique présentant différentes marques, un grand magasin ou un site de commerce en ligne. C’est lui qui sélectionne les pièces qui y seront vendues. Les acheteurs sont courtisés : à eux le pouvoir de présenter (ou pas) les modèles à la vente ! 9


LE STYLISTE

Vêtements, chaussures, chapeaux et autres accessoires sont tous le fruit de l’imagination d’un ou de plusieurs stylistes regroupés alors en studio de création. De la pointe de son crayon, le créateur de mode dessine les collections de demain, qu’elles appartiennent à la haute couture ou au prêt-à-porter. Formes et lignes, gammes de coloris, tissus..., ce professionnel qui travaille en équipe ne laisse rien au hasard, tout en tenant compte des lois du marché. Le styliste peut également développer ses talents au sein d’un bureau de tendances. 10

Le bureau de tendances ou bureau de style, est une société qui anticipe les tendances de mode. Les « tendanceurs » analysent les mouvements sociologiques et les comportements nouveaux. Ils se nourrissent aussi d’influences artistiques, observent des cultures étrangères dans le but de déterminer les couleurs, les formes et les textures à venir, que l’on retrouvera bien plus tard dans les boutiques. L’ensemble des recherches effectuées permet la réalisation de cahiers de tendances destinés aux marques.


Le créateur indépendant Le styliste qui a de l’expérience souhaite souvent fonder sa propre maison. Quelques créateurs de mode sont aujourd’hui indépendants, propriétaires de leur nom, portant parfois seuls l’évolution de leur marque. Cette liberté est rare et recherchée, mais contraignante, car il faut trouver comment se financer. Pour monter son affaire, il faut savoir passer d’artiste

à chef d’entreprise. Engager et payer des salariés, travailler avec des artisans, produire des quantités faibles, gérer les ventes demande beaucoup de détermination ! Ce parcours difficile s’avère néanmoins plus accessible aujourd’hui qu’il y a dix ans grâce à l’essor d’internet. De plus, ces créateurs connaissent un succès croissant auprès d’un public lassé d’une certaine uniformisation de la mode.

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LES GRANDS NOMS DE LA MODE À la même période, Gabrielle Chanel (2), dite Coco, oppose ses collections décontractées (pour l’époque) à celles de Dior. La créatrice réinvente complètement les tenues des femmes et impose une mode libérée de contraintes. Elle crée de nouveaux classiques, comme le tailleur en tweed et la petite robe noire, introduit la fluidité du jersey dans ses vêtements. Si l’on porte le pantalon, c’est grâce à elle !

Nombreux sont les créateurs qui ont marqué de leur empreinte le monde de la mode, souvent en bousculant les conventions. Tous ont contribué à faire évoluer notre façon de nous vêtir. Voici quelques grands maîtres.

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Christian Dior (1) fonde sa maison en 1946 et rencontre immédiatement un succès phénoménal avec son « New Look » : taille cintrée, épaules rondes, poitrine haute et jambes recouvertes de jupes larges comme des corolles… Au lendemain de la guerre, Dior redonne aux femmes le goût de plaire avec chic et légèreté. 12

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Yves Saint Laurent (5-6) fonde sa maison en association avec Pierre Bergé en 1961. Dès lors, cet esprit visionnaire ne cesse de réinventer les codes masculins pour apporter aux femmes assurance, audace et pouvoir, sans perdre en séduction. On lui doit le caban et le trench-coat, les premiers smokings, les tailleurs-pantalons, la sensualité des transparences… Il est aussi le premier créateur de haute couture à lancer sa ligne de prêt-à-porter.

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Karl Lagerfeld (3) est indissociable de Chanel (4). En 1983, le créateur prend la direction artistique de l’ensemble des collections de haute couture, prêt-à-porter et accessoires de cette maison. Il modernise les créations de la marque tout en restant fidèle à ses codes. Il renouvelle ainsi l’utilisation du tweed, des parures de perles, des contrastes noir et blanc ou du camélia, signatures du style de Gabrielle Chanel. Tout en travaillant aussi pour la maison italienne Fendi et en dirigeant sa propre marque, Karl Lagerfeld crée en 2004 une mini collection pour H&M, qui remporte un incroyable succès.

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Esprit provocateur, le couturier britannique Alexander McQueen (7) imagine un style surréaliste, mêlant anticonformisme et glamour. Ses défilés se confondent souvent avec une scène de théâtre. Le créateur y fait danser ses mannequins, les coiffe de plumes, de bois de cerfs, les couvre d’une carapace ou d’une pluie de pigments de couleurs. Chacune des collections d’Alexander McQueen possède un thème bien spécifique, toujours visionnaire et surprenant. Il disparaît en 2010, alors qu’il vient de fêter ses 40 ans. Le créateur franco-tunisien Azzedine Alaïa (8) est un véritable virtuose de la coupe. Il met en valeur et magnifie les courbes féminines à la façon d’un sculpteur, les drapant au plus près du corps de jersey, de cuir souple ou de stretch. Travaillant à son rythme, en dehors des tendances et des saisons, des pressions commerciales et des titres glorieux, il impose néanmoins son style.

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Dans les années 80, Jean Paul Gaultier (9-10-11), surnommé « l’enfant terrible » de la mode, renverse avec humour les conventions du vêtement. Il prend tout à contre-pied, habille les hommes en femmes, rend sublime la marinière, s’inspire de la mode de la rue, met les dessous dessus ou transforme un corset en robe. Il crée notamment le célèbre bustier à bonnets coniques porté par Madonna sur scène. En septembre 2014, Jean-Paul Gaultier organise son dernier défilé de prêt-à-porter, après 38 ans de podiums. Le couturier se concentre désormais sur la haute couture et les parfums, lassé des contraintes commerciales et du rythme frénétique des collections. 10

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MÉTIERS ET PARCOURS

Les défilés haute couture et du prêt-à-porter ont lieu deux fois par an. Ils constituent l’apogée d’une collection. Chaque défilé ne dure en moyenne qu’une quinzaine de minutes, un moment décisif pour convaincre presse, critiques, acheteurs de grands magasins, clientes luxueuses et blogueurs influents. De nombreux métiers gravitent autour de l’organisation d’un défilé. Des DJ spécialisés établissent, en accord avec le créateur, la playlist qui donnera le rythme et l’ambiance de la présentation. Lieu, décor, lumières sont confiés à des metteurs en scène spécialistes du show mode. Des habilleurs, des maquilleurs, des coiffeurs préparent les mannequins pour leurs différents passages. Le bureau de presse se charge, quant à lui, d’inviter les journalistes, acheteurs mais aussi célébrités, puis de les placer judicieusement… 16

POUR DEVENIR STYLISTE Pour exercer le métier de styliste, le choix d’une formation se fait en fonction de ses propres affinités, de son profil, de son but professionnel et… de son budget. Plusieurs BTS mènent à cette profession : design de mode, textile et environnement ou industries des matériaux souples, option modélisme industriel. Après le bac, l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratif et les Écoles Supérieures d’Arts Appliqués offrent une formation spécialisée et publique, mais pour y entrer, la sélection réalisée sur concours, est rude ! De nombreuses écoles privées proposent des formations qui restent cependant onéreuses. Des systèmes de bourses y sont parfois possibles. Citons parmi elles l’Atelier Chardon Savard, Esmod, la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne, le studio Berçot ou l’Institut Français de la Mode.


Qu’ils se destinent à l’univers du luxe ou à la mode de la rue, les apprentis stylistes doivent cumuler les stages, se confronter aux matières, aux autres métiers, au fonctionnement du difficile monde de la mode… LES CONCOURS ET LES PRIX Dans ce milieu de la mode, il y a généralement beaucoup d’appelés et peu d’élus. Heureusement, de plus en plus de concours sont organisés pour faire connaître, guider, voire aider financièrement les tout jeunes créateurs les plus talentueux. Hyères, le Grand prix de la création de la Ville de Paris, Dinard, l’Andam ou d’autres concours liés directement à des marques font office de véritable tremplin pour les heureux lauréats. 17


LE MOOD BOARD POINT DE DÉPART DE LA TENDANCE Pour imaginer sa collection, un styliste s’appuie généralement sur un mood board, un grand mur, tableau de liège ou document informatique regroupant toutes ses influences. Au gré de ses coups de cœur, le créateur y épingle les diverses images qui l’inspirent : photos de célébrités, d’architecture ou de paysages, textes, mots, échantillons de couleurs, de tissus ou d’imprimés… En dévoilant des images plutôt qu’un long discours, le mood board permet de faire comprendre en un coup d’œil un concept ou une tendance. Comme un puzzle, cet assemblage d’images donne la ligne directrice et l’esprit d’une collection à venir. Cet outil de communication est notamment utilisé pour exprimer ses idées auprès du reste de l’équipe. Cette planche d’inspiration montre encore comment des grands couturiers en inspirent d’autres, qui leur rendent hommage en retravaillant les lignes, motifs ou matières de leurs prédécesseurs. Dans les pages qui suivent, comme des enquêteurs, nous avons essayé d’imaginer les mood boards de créateurs célèbres lorsqu’ils imaginaient leurs collections emblématiques. Plongez dans leur univers !

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Textes et illustrations : Marie Haumont Conception éditoriale et graphique : Nadine Ziadé Postel

Fleurus Direction : Guillaume Arnaud Direction éditoriale : Sarah Malherbe Édition : Virginie Gérard-Gaucher, assistée de Morgane Jollivet Direction artistique : Élisabeth Hebert Création de la couverture : Séverine Roze Direction de fabrication : Thierry Dubus Fabrication : Sabine Marioni © Fleurus, Paris, 2016 Site : www.fleuruseditions.com ISBN : 9782215131373 - Code MDS : 652455 N° d’édition : 16047 Tous droits réservés pour tous pays. « Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. » Achevé d’imprimé en février 2016 par Toppan Leefung, Chine Dépôt légal : avril 2016


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