PREVIEW Dans lequel Phileas Fogg fait le pari fou de faire le tour de la Terre en quatre-vingts jours ou moins, où Axel Lidenbrock croit sa dernière heure venue dans son voyage au centre de la terre et où l’on parcourt 20 000 lieues sous les mers dans Le Nautilus du Capitaine Nemo.
as Grands Cl siques de
∙Le Tour du monde en 80 jours∙ ∙Voyage au centre de la Terre∙ ∙Vingt mille lieux sous les mers∙
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de la littérature classique. Ils enchanteront tous les enfants
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et les feront entrer dans l’ univers fantastique deJules Verne.
Fleurus
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Fleurus
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Illustration de couverture : Dogan Oztel Direction : Guillaume Arnaud Direction éditoriale : SarahArnaud Malherbe Direction : Guillaume Édition : Pauline Trémolet, Direction éditoriale : Sarah Malherbe assistée de Marie de Contenson et de Pauline Farret d’Astiès Édition : Raphaële Glaux, assistée de Mélanie Davos
Texte à intégrer Direction artistique : Élisabeth Hebert, assistée de Bleuenn Auffret Directiondeartistique : Élisabeth Direction fabrication : ThierryHebert Dubus Fabrication : Thierry :Dubus, Fabrication AudreySabine Bord Marioni
Fleurus, © Groupe Fleurus, © Paris, 2012,Paris, pour2016 l’ensemble de l’ouvrage. 15/27 rue Moussorgski, 75895 Paris Cedex 18 Site : www.fleuruseditions.com www.fleuruseditions.com ISBN : 978-2-2151-1754-4 ISBN : 978-2-2151-3197-7 MDS :: 652 651 578 MDS 517 Tous droits réservés pour tous pays. Tous pays. « «Loi 49-956 du 16 juillet 1949 sur sur les les publications publications destinées destinéesààlalajeunesse. jeunesse.»» Loin° n°49-956
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as Grands Cl siques de
∙Le Tour du monde en 80 jours∙ ∙Voyage au centre de la Terre∙ ∙Vingt mille lieues sous les mers∙
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Le Tour du monde en 80 jours Texte adapté par Charlotte Grossetête Illustrations de Dimitri Bielak
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Dans lequel Phileas Fogg et Passepartout s’ acceptent réciproquement, l ’ un comme maître, l ’ autre comme domestique
E
n ce 2 octobre 1872, comme tous les jours, Phileas Fogg attendait onze heures et demie pour se rendre au Reform- Club de Londres. Phileas Fogg était l’homme le plus mystérieux de la haute société anglaise. Il était grand, bien bâti, et son visage, encadré par des favoris, faisait de lui un très beau gentleman. À part cela, on ignorait tout à son sujet : d’où il venait, qui étaient ses parents, d’où il tenait sa fortune. Et personne ne se serait risqué à l’interro ger, car ses manières silencieuses intimidaient les plus indiscrets. En tout cas, s’il était riche, il n’était pas avare. Il ne gaspillait pas son argent, mais on le voyait toujours prêt à le dépenser au service d’une cause généreuse. 7
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Avait-il jamais quitté Londres ? Pas depuis de longues années. Il vivait seul avec un domestique, dans sa maison de Saville-Row où personne ne pénétrait jamais. Chaque jour, il se rendait à pied au Reform-Club, y déjeunait, puis passait l’après-midi là-bas, à lire les journaux et à jouer au whist. C’est un jeu de cartes qui dispense de parler, et qui convenait au caractère taciturne de Phileas Fogg. Enfin, l’honorable gentleman dînait au club et rentrait chez lui à minuit exactement. C’était, on le voit, un homme d’habitudes. Ce matin-là, avant de partir pour le club, Phileas Fogg devait accueillir son nouveau domestique. Il venait de congédier l’ancien, James Forster : ce garçon avait osé lui apporter pour sa barbe de l’eau à quatre-vingt-quatre degrés Fahrenheit au lieu de quatre- vingt-six ! Son successeur devait se présenter entre onze heures et onze heures et demie ; assis très droit dans son fauteuil, Phileas Fogg l’attendait en regardant avancer l’aiguille de la pendule. Soudain, on frappa à la porte du petit salon. Un homme d’une trentaine d’années se montra et salua. – Vous êtes français et vous vous nommez John ? demanda Phileas Fogg. – Jean, n’en déplaise à monsieur, répondit le nouveau venu, Jean Passepartout, un surnom qui m’est resté ; on me l’avait donné à cause de mon aptitude à me tirer d’affaire en toutes circonstances. Je crois être un honnête garçon, monsieur, mais, pour être franc, j’ai exercé plusieurs métiers. J’ai été chanteur ambulant, écuyer voltigeur et funambule dans un cirque ; puis je suis devenu professeur de gymnastique et, en dernier lieu, j’étais sergent de pompiers à Paris. J’ai même dans mon dossier des incendies 8
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remarquables. Mais voilà cinq ans que j’ai quitté la France et que, pour mener une vie plus paisible, je suis valet de chambre en Angleterre. Or, me trouvant sans travail et ayant appris que monsieur Phileas Fogg est l’homme le plus exact et le plus sédentaire du Royaume-Uni, je me suis présenté chez monsieur avec l’espérance d’y vivre tranquille et d’oublier jusqu’à ce nom de Passepartout… – Passepartout me convient, répondit le gentleman. Vous connaissez mes conditions ? – Oui, monsieur. – Bien. Quelle heure avez-vous ? – Onze heures vingt-deux, répondit Passepartout, en tirant de son gousset une énorme montre d’argent. – Vous retardez, dit M. Fogg. – Que monsieur me pardonne, mais c’est impossible. – Vous retardez de quatre minutes. N’importe. Il suffit de constater l’écart. Donc, à partir de ce moment, onze heures vingt- neuf du matin, ce mercredi 2 octobre 1872, vous êtes à mon service. Cela dit, Phileas Fogg se leva, prit son chapeau, le plaça sur sa tête avec un mouvement d’automate et disparut sans ajouter une parole. Passepartout demeura seul dans la maison de Saville-Row. « Sur ma foi, se dit-il un peu ahuri, mon nouveau maître est aussi vivant qu’une statue de cire ! » Pendant les quelques instants où il venait d’entrevoir Phileas Fogg, il l’avait soigneusement examiné. C’était un homme qui pouvait avoir 40 ans, blond de cheveux et de favoris, figure pâle, dents magnifiques. Calme, flegmatique, l’œil pur, la paupière 9
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immobile, ce gentleman donnait l’idée d’un être bien équilibré, aussi parfait qu’un chronomètre. Phileas Fogg était de ces gens mathématiquement exacts, jamais pressés mais toujours prêts. Il ne faisait pas un pas de trop, ne perdait pas un regard au plafond, ne se permettait aucun geste superflu ; on ne l’avait jamais vu ému ni troublé. Il ne se dépêchait jamais mais arrivait toujours à temps. Toutefois, on comprendra pourquoi il vivait seul. À se frotter aux gens, on risque d’être retardé… Il ne se frottait donc à personne. Quant à Passepartout, c’était un vrai Parisien de Paris ; un brave garçon au visage aimable, un être doux et serviable. Il avait les yeux bleus, le teint animé, la figure assez ronde pour voir lui- même les pommettes de ses joues, la poitrine large, la taille forte. Il possédait une force herculéenne que les métiers de sa jeunesse avaient admirablement développée. Ses cheveux bruns étaient un peu indisciplinés. Le caractère expansif de Passepartout s’accorderait-il avec celui de Phileas Fogg ? La prudence ne permet pas de le dire. Passepartout serait-il ce domestique absolument ponctuel qu’il fallait à son maître ? Impossible de le prévoir. En tout cas, après sa jeunesse vagabonde, il aspirait au repos. Il avait fait dix maisons sans trouver le maître qui lui conviendrait ; tous ces gentlemen étaient fantasques, dissipés, ou simplement trop voyageurs. Lorsqu’il apprit que Phileas Fogg cherchait un domestique, il se dit qu’un gentleman aussi régulier dans ses habitudes serait un maître idéal. Se retrouvant seul dans la maison, il commença une inspection de la cave au grenier. Cette maison propre, rangée, sévère lui plut. Il trouva sans peine, au second étage, la chambre qui lui était 10
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destinée. Sur la cheminée, une pendule électrique était reliée à la pendule de la chambre de Phileas Fogg, et les deux appareils battaient au même instant la même seconde. « Cela me va, cela me va ! » se dit Passepartout. Une notice était affichée au-dessus de la pendule ; c’était le programme du service quotidien. Il comprenait – depuis huit heures du matin, heure réglementaire à laquelle se levait Phileas Fogg, jusqu’à onze heures et demie, heure de son départ pour le Reform- Club – tous les détails du service : le thé de huit heures vingt-trois, l’eau pour la barbe de huit heures trente-sept, la coiffure de dix heures moins vingt, etc. Puis, de onze heures et demie du matin à minuit – heure à laquelle se couchait le méthodique gentleman –, tout était noté, prévu. Passepartout se fit une joie de lire tous les détails de ce programme. Lorsqu’il eut achevé l’examen de cette maison bien ordonnée, Passepartout se frotta les mains et s’exclama joyeusement : – Voilà mon affaire ! Nous nous entendrons parfaitement, M. Fogg et moi ! Cet homme est une véritable mécanique ! Eh bien, je ne suis pas fâché de servir une mécanique !
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de la Terre Texte adapté par Alain Hobbé Illustrations de Fabien Montes
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Un retour précipité
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e dimanche 24 mai 1863, mon oncle, le professeur Lidenbrock, rentra à une heure qui n’était pas habituelle. La bonne Marthe, le voyant revenir à grands pas, en fut toute catastrophée. Le dîner n’était pas encore prêt et nous savions, elle et moi, qu’il n’aimait pas qu’on le fasse attendre. Allait-il se montrer de très mauvaise humeur ? Et que pouvait donc vouloir dire un retour si précipité ? Elle jugea plus prudent de rebrousser chemin vers sa cuisine et moi, de regagner ma chambre. Mais au moment où j’allais sagement déguerpir, mon oncle, qui rejoignait déjà son cabinet de travail, me lança d’une voix retentissante : – Axel, suis-moi ! Et avant même que j’aie fait le moindre geste, il me criait déjà : 173
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Voyage au centre de la Terre
– Et alors ? Tu n’es pas encore ici ? Otto Lidenbrock n’était pas un méchant homme, mais un savant d’un genre un peu particulier. C’était un spécialiste des minéraux. Il faisait cours à des étudiants qui venaient nombreux le voir, même si lui ne semblait pas beaucoup s’intéresser à eux. C’est qu’il était captivé par la science. Il en oubliait ceux qui s’amusaient de sa difficulté à prononcer certains des mots tordus dont la science a le secret. Ce défaut le faisait entrer dans des colères volca niques, pour la plus grande joie de ceux qui étaient venus l’écouter. Le professeur Lidenbrock amusait ainsi bien souvent son auditoire et cependant, son grand savoir inspirait le respect. Sa connaissance des cristaux, des résines et des roches avait fait sa renommée bien au-delà de la bonne vieille ville de Hambourg, où nous vivions. Nous logions à quatre dans sa maison ancienne de la Königstrasse : lui, sa fidèle Marthe et moi-même, son neveu, ainsi que sa jeune filleule Graüben. Et si la vénérable demeure donnait quel ques signes de fatigue dus à son grand âge, nous nous y sentions bien. Nous étions heureux de partager son toit malgré le caractère assez imprévisible du propriétaire des lieux. Car ses impatiences, au fond, cachaient un bon cœur. Et comme j’avais moi aussi pris goût aux sciences géologiques, j’avais fini par le seconder dans ses tâches et le suivre dans chacune de ses fantaisies… J’entrai sans tarder dans le cabinet de travail. C’était un vrai musée. À l’intérieur, on pouvait trouver des échantillons de tous les minéraux du monde. Il y en avait tant, de ces petits bijoux, que je crois bien qu’ils auraient suffi pour reconstruire la maison tout 174
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entière. Et j’avais passé tant de temps à les épousseter, les uns après les autres, qu’il me semblait les connaître tous. En entrant, pourtant, je ne vis que mon oncle absorbé par la lecture de l’ouvrage qu’il tenait dans ses mains. – Quel livre ! Quel livre ! s’écriait-il. Il ouvrait et refermait un volume un peu jauni, et n’en finissait pas de l’admirer comme une pièce rare. Il s’agissait sans doute de l’un de ces écrits qu’il affectionnait pour la bonne raison qu’ils étaient introuvables, ou illisibles. Il l’examinait avec la minutie de l’amoureux des livres anciens qu’il était. Il se montrait soucieux du plus petit détail de sa fabrication, coupant son observation d’exclamations enthousiastes. – Vois ! Est-ce admirable ? Oui, c’est admirable, disait-il en se répondant à lui-même. Et quelle reliure ! Et ce dos qui ne montre pas une seule égratignure après sept cents ans d’existence ! – Et quel est donc le titre de ce merveilleux ouvrage ? demandai-je en forçant mon intérêt pour cette chose d’une autre époque. – Cet ouvrage ! s’écria-t‑il. Mais c’est l’histoire des princes norvégiens qui régnèrent en Islande, racontée par Snorre Turleson, le célèbre auteur islandais du xiie siècle ! Et dis-toi bien qu’il s’agit là du livre original, écrit dans cette magnifique langue islandaise, si riche et si simple à la fois ! – Ah ! fis-je, quelque peu intrigué. Et les caractères sont-ils beaux ? – Mais malheureux ! Des caractères ! Oui, ce sont bien des caractères, mais écrits à la main ! Car c’est un manuscrit que je tiens là ! Comprends-le bien : un manuscrit runique ! – Runique ? 176
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– Oui, runique. Et puisque tu me le demandes, apprends que les runes étaient des caractères d’écriture utilisés en Islande il y a de cela des siècles et des siècles… J’étais à deux doigts de m’émerveiller avec lui quand un incident nous arrêta : un parchemin tout sale venait de s’échapper des pages, et tomba par terre. Mon oncle le ramassa aussitôt avec la curiosité qu’on imagine. – Qu’est-ce que cela ? demanda-t‑il tout en dépliant le feuillet qu’il posa sur la table. Sous nos yeux étonnés se trouvaient alignés un ensemble de caractères disposés en trois colonnes, tous plus étranges les uns que les autres :
Nous ne savions pas encore dans quelle extraordinaire aventure allaient nous entraîner ces signes énigmatiques. – Ce sont des runes, constata mon oncle, tous identiques à ceux du manuscrit. Il reconnut la vieille langue islandaise. Cependant, à la vue de ses mains agitées, je compris que sa connaissance des langues ne lui serait d’aucun secours : tout professeur Lidenbrock qu’il était, il 177
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n’y comprenait rien. Et j’eus en même temps une autre certitude : il allait s’en trouver très fâché. – La soupe est servie, déclara Marthe pile au moment où deux heures sonnaient. – Au diable la soupe, s’écria le savant contrarié, et celle qui l’a faite et ceux qui la mangeront ! Marthe fit demi-tour. Je la suivis jusqu’à la salle à manger. J’attendis à table, quelques instants… en vain. Je mangeai donc pour deux. Dire que c’était la première fois que mon oncle manquait un repas ! – Je n’ai jamais vu ça ! disait la bonne. M. Lidenbrock qui ne vient pas à table ! Elle prit cela pour un mauvais présage. Et moi, pour la promesse d’une colère épouvantable au moment où mon oncle reviendrait. J’allais terminer ma délicieuse compote de prunes, lorsque sa voix retentissante m’appela une nouvelle fois. Je bondis jusqu’à lui.
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Vingt mille lieues sous les mers Texte adaptĂŠ par Olivia Karam Illustrations de Dogan Oztel
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Chapitre 1
L
’année 1866 fut marquée par un événement bizarre, un phénomène inexpliqué et inexplicable que personne n’a sans doute oublié. Sans parler des rumeurs qui agitaient les populations des ports et surexcitaient l’esprit public à l’intérieur des continents, les gens de mer furent particulièrement émus. En effet, depuis quelque temps, plusieurs navires avaient rencontré en mer « une chose énorme », un objet long, fusiforme, parfois phosphorescent, infiniment plus vaste et plus rapide qu’une baleine. Les faits relatifs à cette apparition, consignés dans les divers livres de bord, s’accordaient assez exactement sur la structure de l’objet ou de l’être en question, la vitesse inouïe de ses mouvements, la puissance surprenante de sa locomotion, la vie particulière dont il semblait doué. Si c’était un cétacé, il surpassait en volume tous ceux que la science avait classés jusqu’alors. 337
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Vingt mille lieues sous les mers
À prendre la moyenne des observations faites à diverses reprises, on pouvait affirmer, cependant, que cet être phénoménal dépassait de beaucoup toutes les dimensions admises jusqu’à ce jour – s’il existait toutefois. Or, il existait, le fait en lui-même n’était plus niable, et, avec ce penchant qui pousse au merveilleux la cervelle humaine, on comprendra l’émotion produite dans le monde entier par cette surnaturelle apparition. En effet, le 20 juillet 1866, le steamer Governor Higginson, de la compagnie Calcutta and Burnach Steam Navigation, avait rencontré cette masse mouvante à cinq milles à l’est des côtes de l’Australie. Le Governor Higginson avait eu affaire bel et bien à quelque mammifère aquatique, inconnu jusque-là, qui rejetait par ses évents des colonnes d’eau, mélangées d’air et de vapeur. Pareil fait fut également observé le 23 juillet de la même année, dans les mers du Pacifique, par le Cristobal Colon et quinze jours plus tard, à deux mille lieues de là, l’Helvetia et le Shannon, marchant à contrebord dans cette portion de l’Atlantique comprise entre les États-Unis et l’Europe, se signalèrent respectivement le monstre par 42° 15’ de latitude nord, et 60° 35’ de longitude à l’ouest du méridien de Greenwich. Dans cette observation simultanée, on crut pouvoir évaluer la longueur minimum du mammifère à plus de cent six mètres. Partout le monstre devint à la mode ; on le chanta dans les cafés, on le bafoua dans les journaux, on le joua au théâtre. Alors éclata l’interminable polémique des crédules et des incrédules dans les sociétés savantes et les journaux scientifiques. La « question du monstre » enflamma les esprits. Six mois durant, la guerre se poursuivit avec des chances diverses. Aux articles de fond et aux 338
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Chapitre 1
chroniques scientifiques des grands journaux de la France et de l’étranger, la petite presse ripostait avec une verve intarissable. Pendant les premiers mois de l’année 1867, la question parut être enterrée, et elle ne semblait pas devoir renaître, quand de nouveaux faits furent portés à la connaissance du public. Il ne s’agit plus alors d’un problème scientifique à résoudre, mais bien d’un danger réel, sérieux, à éviter. La question prit une tout autre face. Le monstre redevint îlot, rocher, écueil, mais écueil fuyant, indéterminable, insaisissable. Le 5 mars 1867, le Moravian heurta de sa hanche de tribord un roc qu’aucune carte ne marquait dans ces parages. Sous l’effort combiné du vent et de ses quatre cents chevaux-vapeur, il marchait à la vitesse de treize nœuds. Nul doute que sans la qualité supérieure de sa coque, le Moravian, ouvert au choc, ne se fût englouti avec les deux cent trente-sept passagers qu’il ramenait du Canada. L’accident était arrivé vers cinq heures du matin, lorsque le jour commençait à poindre. Les officiers de quart se précipitèrent à l’arrière du bâtiment. Ils examinèrent l’océan avec la plus scrupuleuse attention. Ils ne virent rien, si ce n’était un fort remous qui brisait à trois encablures, comme si les nappes liquides eussent été violemment battues. Le relèvement du lieu fut exactement pris et le Moravian continua sa route sans avaries apparentes. Avait-il heurté une roche sous-marine, ou quelque énorme épave d’un naufrage ? On ne put le savoir ; mais, examen fait de sa carène, il fut reconnu qu’une partie de la quille avait été brisée. Le 13 avril 1867, la mer étant belle, la brise maniable, le Scotia se trouvait par 15° 12’ de longitude et 45° 37’ de latitude. Il marchait 339
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avec une vitesse de treize nœuds quarante-trois centièmes sous la poussée de ses mille chevaux-vapeur. Ses roues battaient la mer avec une régularité parfaite. Son tirant d’eau était alors de six mètres soixante-dix centimètres et son déplacement de six mille six cent vingt-quatre mètres cubes. À quatre heures dix-sept minutes du soir, pendant le lunch des passagers réunis dans le grand salon, un choc, peu sensible en somme, se produisit sur la coque du Scotia, par sa hanche et un peu en arrière de la roue de bâbord. Le Scotia n’avait pas heurté, il avait été heurté, et plutôt par un instrument tranchant ou perforant que contondant. L’abordage avait semblé si léger que personne ne s’en serait inquiété à bord sans le cri des caliers qui remontèrent sur le pont en s’écriant : « Nous coulons ! Nous coulons ! » Tout d’abord, les passagers furent très effrayés ; mais le capitaine Anderson se hâta de les rassurer. En effet, le danger ne pouvait être imminent. Le Scotia, divisé en sept compartiments par des cloisons étanches, devait braver impunément une voie d’eau. Le capitaine Anderson se rendit immédiatement dans la cale. Il reconnut que le cinquième compartiment avait été envahi par la mer, et la rapidité de l’envahissement prouvait que la voie d’eau était considérable. Fort heureusement, ce compartiment ne renfermait pas les chaudières, car les feux se fussent subitement éteints. Le capitaine Anderson fit stopper immédiatement, et l’un des matelots plongea pour reconnaître l’avarie. Quelques instants après, on constatait l’existence d’un trou large de deux mètres dans la carène du steamer. Une telle voie d’eau ne pouvait être aveuglée, et le Scotia, ses roues à demi noyées, dut continuer ainsi 340
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Chapitre 1
son voyage. Il se trouvait alors à trois cent mille du cap Clear, et après trois jours d’un retard qui inquiéta vivement Liverpool, il entra dans les bassins de la compagnie. Les ingénieurs procédèrent alors à la visite du Scotia, qui fut mis en cale sèche. Ils ne purent en croire leurs yeux. À deux mètres et demi au-dessous de la flottaison s’ouvrait une déchirure régulière, en forme de triangle isocèle. La cassure de la tôle était d’une netteté parfaite, et elle n’eût pas été frappée plus sûrement à l’emporte-pièce. Il fallait donc que l’outil perforant qui l’avait produite fût d’une trempe peu commune, et après avoir été lancé avec une force prodigieuse, ayant ainsi percé une tôle de quatre centimètres, il avait dû se retirer de lui-même par un mouvement rétrograde et vraiment inexplicable. Tel était ce dernier fait, qui eut pour résultat de passionner à nouveau l’opinion publique. Depuis ce moment, en effet, les sinistres maritimes qui n’avaient pas de cause déterminée furent mis sur le compte du monstre. Ce fantastique animal endossa la responsabilité de tous ces naufrages, dont le nombre est malheureusement considérable. Ce fut le « monstre » qui, justement ou injustement, fut accusé, et le public demanda catégoriquement que les mers fussent enfin débarrassées et à tout prix de ce formidable cétacé.
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Table des matières Le Tour du monde en 80 jours
1. Dans lequel Phileas Fogg et Passepartout s’acceptent réciproquement, l’un comme maître, l’autre comme domestique................................................................... 7 2. Où s’engage une conversation qui pourra coûter cher à Phileas Fogg...................................................... 12 3. Qui témoigne une fois de plus de l’inutilité des passeports en matière de police.............................. 21 4. Dans lequel Passepartout parle un peu plus peut-être qu’il ne conviendrait.................................................... 29 5. Où Passepartout est trop heureux d’en être quitte en perdant ses chaussures............................................. 36 6. Où Phileas Fogg achète une monture à un prix fabuleux....................................................................... 44
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7. Dans lequel Passepartout prouve une fois de plus que la fortune sourit aux audacieux.............................. 53 8. Dans lequel Phileas Fogg descend toute l’admirable vallée du Gange sans même songer à la voir................. 60 9. Où il est question de choses et d’autres pendant la traversée de Singapour à Hongkong......................... 70 10. Où Passepartout prend un trop vif intérêt à son maître, et ce qui s’ensuit.......................................................... 76 11. Dans lequel Fix entre directement en relation avec Phileas Fogg......................................................... 87 12. Où le patron de la Tankadère risque fort de perdre une prime de deux cents livres..................................... 94 13. Dans lequel le nez de Passepartout s’allonge démesurément.............................................................. 101 14. Pendant lequel s’accomplit la traversée de l’océan Pacifique...................................................................... 109 15. Où l’on donne un léger aperçu de San Francisco, un jour de meeting...................................................... 114 16. Dans lequel Passepartout ne put parvenir à faire entendre le langage de la raison.................................... 122 17. Où il sera fait le récit d’incidents divers qui ne se rencontrent que sur les chemins de fer américains... 130 18. Dans lequel Phileas Fogg fait tout simplement son devoir.................................................................... 137 19. Où Phileas Fogg se montre à la hauteur des circonstances.......................................................... 146 20. Dans lequel Passepartout ne se fait pas répéter deux fois l’ordre que son maître lui donne................... 155
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21. Dans lequel il est prouvé que Phileas Fogg n’a rien gagné à faire ce tour du monde, si ce n’est le bonheur.................................................... 162
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Voyage au centre de la Terre
1. Un retour précipité....................................................... 173 2. Un message incompréhensible...................................... 179 3. La révélation................................................................. 185 4. Un départ mouvementé................................................ 191 5. Vers un nouveau pays................................................... 200 6. Une rencontre islandaise............................................... 206 7. En route vers le volcan.................................................. 212 8. À l’assaut du Sneffels.................................................... 218 9. Une descente vertigineuse............................................. 225 10. Les premiers pas sous terre............................................ 231 11. La grande soif............................................................... 236 12. Un nouveau départ....................................................... 243
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13. Descendre, encore et encore.......................................... 249 14. Seul dans les ténèbres.................................................... 254 15. Quel étrange réveil !...................................................... 259 16. La mer Lidenbrock....................................................... 267 17. Embarquement pour l’inconnu..................................... 273 18. Navigation en mer Lidenbrock..................................... 278 19. Un voyage mouvementé............................................... 285 20. De l’électricité dans l’air................................................ 291 21. Une mauvaise surprise.................................................. 296 22. De surprise en surprise.................................................. 301 23. Une apparition et une réapparition............................... 307 24. Emportés par les flots.................................................... 312 25. Une ascension fulgurante.............................................. 319 26. La gloire du professeur.................................................. 326
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Vingt mille lieues sous les mers Chapitre 1........................................................................... 337 Chapitre 2........................................................................... 343 Chapitre 3........................................................................... 349 Chapitre 4........................................................................... 357 Chapitre 5........................................................................... 369 Chapitre 6........................................................................... 375 Chapitre 7........................................................................... 385 Chapitre 8........................................................................... 395 Chapitre 9........................................................................... 403 Chapitre 10......................................................................... 411 Chapitre 11......................................................................... 419 Chapitre 12......................................................................... 427 Chapitre 13......................................................................... 437 Chapitre 14......................................................................... 443 Chapitre 15......................................................................... 449 Chapitre 16......................................................................... 457 Chapitre 17......................................................................... 471 Chapitre 18......................................................................... 479 Chapitre 19......................................................................... 487 Chapitre 20......................................................................... 497 Conclusion................................................................................ 503
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Ouvrage composé par Facompo (14100 Lisieux) Achevé d’imprimer en août 2016 par DIMOGRAF (Pologne) N° d’édition : 16157 Dépôt légal : octobre 2016
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as Grands Cl siques de Dans lequel Phileas Fogg fait le pari fou de faire le tour de la Terre en quatre-vingts jours ou moins, où Axel Lidenbrock croit sa dernière heure venue dans son voyage au centre de la terre et où l’on parcourt 20 000 lieues sous les mers dans Le Nautilus du Capitaine Nemo.
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