Craies et fusains

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Initiation au

fusain et aux craies d’art Le fusain est la technique la plus utilisée pour apprendre à dessiner, ou pour réaliser des travaux préparatoires pour d’autres techniques comme l’huile.

Le fusain est un outil qui permet d’apprendre à dessiner en toute simplicité, tout comme la sanguine, le pastel dur, la craie d’art et le carré Conté. Ces procédés varient par la couleur, mais ils possèdent de multiples points communs que vous apprendrez à exploiter au fil des pages. Pour pénétrer l’univers séduisant du dessin, il faut en effet vous familiariser avec ses instruments et leur utilisation, depuis la tenue de l’outil jusqu’à l’exploration de ses possibilités : tracé, ombré, fondu… La deuxième partie de ce cahier vous permettra alors d’expérimenter les techniques qui font la richesse de ces procédés de dessin.

Bien qu’il existe des carrés de couleurs très différentes, nous nous contenterons d’œuvres monochromes, c’est-à-dire réalisées en une seule couleur, comme ce portrait exécuté par Fransesc Serra.

Lorsque le geste est assuré, un simple trait peut évoquer avec force un mouvement complexe.

Le dégradé est l’une des techniques de base du dessin : il permet de définir un volume.

Les arêtes du bâtonnet de sanguine permettent de tracer les traits rapprochés ou superposés qui définissent une trame.

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La sanguine est une technique de dessin très ancienne.

Étude pour La Sibylle de Libye par Michel-Ange.

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Le matériel de base

Quelle que soit la technique adoptée, fusain, sanguine ou carré, le support est à choisir avec soin, ainsi que le matériel complémentaire qui enrichira vos dessins et vous permettra de les conserver.

Le fusain Le fusain naturel résulte de la carbonisation de petites branches d’arbres divers (le nom vient de l’arbre luimême) ; il se présente en général sous la forme de bâtonnets d’environ 15 cm de long et d’un diamètre qui va de 0,5 à 1,5 cm. Selon l’essence dont il est issu, il peut être dur, moyennement dur ou tendre, sa couleur variant également du noir au brunâtre. Vous pouvez acheter les fusains à l’unité ou en boîtes. Vous trouverez aussi du fusain artificiel, sous forme de bâtonnet de poudre compressée et sous forme de crayon, plus dur.

Le crayon Comme le fusain, la sanguine et le pastel dur peuvent se présenter sous la forme de crayons plus gras que les crayons traditionnels ; les mines les plus grasses font environ 0,5 cm de diamètre. Mais quelle que soit la présentation, bâtonnet ou crayon, l’éventail de couleurs est identique.

Le papier Le papier est le support le plus souvent utilisé pour dessiner au fusain, à la sanguine ou au carré Conté, mais vous pouvez utiliser toute surface non satinée : les papiers à esquisse, les papiers pour l’aquarelle, les cartons conviennent parfaitement. Il existe une grande variété de papiers, en différentes couleurs, que vous pouvez trouver en cahiers ou en feuilles vendues à l’unité. Le format Paysage, de forme rectangulaire, entre 16 x 24 cm et 50 x 65 cm, est le plus courant.

La table à dessin Le papier ou le carton sur lequel vous dessinez doit être fixé à un support rigide et bien lisse, comme une planche de contreplaqué, que vous choisirez d’un format supérieur à celui de votre feuille, soit environ 5 cm par côté. 2

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Les estompes

Les carrés Conté

Les estompes vendues dans le commerce se présentent sous la forme de bâtonnets de papier absorbant, pointus et de section diverses. Mais pour cette étape essentielle qu’est l’estompage, vous pouvez aussi bien utiliser un chiffon de coton, un coton-tige, l’éponge naturelle, ou encore des pinceaux de qualités et de mèches variées.

La craie est une roche calcaire, blanche ou grise. Les techniques modernes permettent de fabriquer des bâtons de craie de couleur, de section carrée – d’où leur nom ; on parle alors de craies d’art pour bien les différencier des craies traditionnelles. Par ailleurs, la plupart des fabricants ne distinguent pas les carrés des pastels, les premiers constituant une variété plus dure, puisqu’ils sont légèrement cuits. Les pastels tendres sont, eux, de forme cylindrique. La variété de couleurs des carrés est moindre que celle des pastels tendres.

La sanguine La sanguine est fabriquée à partir d’argile ferrugineuse ou d’oxyde de fer, à quoi l’on ajoute de l’hématite, ou peroxyde de fer, ainsi que de la craie. Elle se présente en général sous la forme de bâtonnets d’environ 0,5 cm d’épaisseur et pouvant atteindre 7 cm de long. Il y a des sanguines de différentes couleurs comme le rouge, le marron, le sépia, ou l’ocre, la plus fréquente étant la couleur rouille, due à l’oxyde de fer.

Autres outils D’autres outils complèteront votre panoplie de dessinateur : une gomme malléable (« mie de pain ») pour les repentirs et les allégements (vous utiliserez une gomme en plastique pour le lissage) ; des chiffons en coton, pour nettoyer vos outils et vos mains ; des punaises, des pinces ou du ruban adhésif pour maintenir votre papier ; un cutter, une paire de ciseaux, une règle et une équerre.

Le fixatif Tout dessin doit être conservé au moyen de fixatif. Le plus pratique se présente sous forme de bombe aérosol, d’une contenance minimale de 250 g. La laque pour cheveux peut aussi servir de fixatif pour un moindre coût.

La boîte à dessin Vous trouverez dans le commerce des boîtes à dessin comprenant des fusains, des sanguines et différentes craies de couleur ; vous pouvez toutefois constituer votre propre boîte avec une sélection d’instruments que vous achèterez à l’unité.

Une bonne conservation Une fois fixé, votre dessin doit être protégé avec du papier cristal, du papier pelure ou encore à l’aide de chiffons suffisamment grands pour recouvrir la totalité du papier. Vous pourrez ainsi ranger vos œuvres en les empilant sans risque. 3

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Le trait, l’ombré et le coloriage Suivant l’orientation de l’outil, sa tenue, la pression exercée, vous ferez apparaître sur le papier une ombre, une plage de couleur, une ligne fine… Les possibilités sont immenses.

Comment tenir le crayon Pour obtenir un trait plein, on peut utiliser un morceau de sanguine sur sa longueur.

Comment tenir le fusain Le bâtonnet de fusain est relativement plus long que les sanguines et les carrés. Vous pouvez le tenir avec trois doigts, en gardant la plus grande partie au creux de la main ; on joue habituellement du poignet, la paume de la main tournée vers le haut, pour bénéficier de la plus grande amplitude. Pour obtenir un trait épais au fusain, vous pouvez en casser un morceau et l’appliquer de côté.

Les crayons (qu’ils soient sanguine ou de couleur) sont surtout utiles pour les traits et les trames ; seul le crayon blanc sert à éclaircir un dessin. On les tient en général comme les crayons traditionnels, sauf quand il s’agit d’ombrer une surface : le pouce et l’index posé à plat maintiennent l’outil qui repose dans le creux de la main.

Comment tenir le bâtonnet Un bâtonnet, ou un fragment de bâtonnet, se tient en général avec le pouce, l’index et le majeur. Pour dessiner un détail, on utilise le bout du bâtonnet, en inclinant le reste vers le centre de la paume. Si vous utilisez le bâtonnet sur sa longueur, tenez-le de côté. Les bâtonnets à base carrée ont des arêtes fines qui permettent de tracer des traits précis.

Vous pouvez tracer une ligne horizontale à la sanguine en utilisant l’arête de l’extrémité du bâtonnet.

Pour colorier ou pour dessiner des traits épais, vous pouvez tenir votre crayon ainsi, en le gardant dans le creux de la main.

Tenue du crayon pour obtenir des traits fins.

Pour tracer une verticale, l’arête latérale convient parfaitement.

Le fusain tenu ainsi permet de tirer des traits d’une grande amplitude. Un morceau de fusain appliqué sur sa longueur.

Un fusain tenu de façon à tracer des détails.

Quel sens ? Les bâtonnets peuvent être tenus de maintes façons pour exploiter toutes leurs faces ; comparativement, la mine du crayon semble limitée.

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Le tracé délié Un tracé délié, assuré et spontané, exige beaucoup de pratique ; il retranscrit les formes avec la plus grande justesse. Il s’agit d’apprendre à jouer des doigts et du poignet, et à exercer la pression adéquate sur l’outil à dessin. Les éclats du fusain naturel, sa pointe et sa largeur permettent de varier les tracés.

Ce trait souple change d’intensité en fonction de la pression exercée.

La trame En multipliant les hachures, on en vient à couvrir une grande surface de papier sans grand effort. Les trames, fort diverses, résultent de traits juxtaposés ou superposés de manière plus ou moins dense. Une trame au fusain s’obtient aussi bien avec le crayon qu’avec le bâtonnet, et les arêtes fines de la sanguine ou du carré permettent de tisser une trame qui s’apparente au coloriage.

Une trame au fusain, à la sanguine ou au carré Conté est faite de hachures régulières.

L’ombré et le coloriage sans trait

Le trait À chaque trait correspondent une direction et une épaisseur, qui indique la force du tracé. À travers ces deux caractéristiques s’exprime l’émotion de l’artiste.

En utilisant un morceau de bâtonnet sur sa longueur, et en effectuant des mouvements doux et circulaires, on obtient un « ombré » au fusain ou, s’il s’agit de sanguine ou d’un carré de couleur, un coloriage parfaitement uniforme.

On parle d’ombré sans trait quand on applique la teinte de manière uniforme ; on utilise alors un morceau de bâtonnet, posé sur sa longueur et manipulé par gestes circulaires et fluides. L’application analogue de la sanguine et du pastel dur permet de colorier une surface sans heurts.

Un trait tiré avec une pression croissante aplanit le grain du papier.

L’épaisseur du trait. Un trait au fusain peut être plus ou moins épais, proportionnellement à la surface de contact entre le médium et le papier et suivant la pression exercée. L’intensité. En jouant sur la pression, on peut créer des effets de texture très intéressants selon que l’on laisse deviner, sous la maigre couche de poudre, les détails du papier ou que l’on masque au contraire, d’une masse intense et opaque, le grain du support jusqu’à le rendre insoupçonnable. L’intention. Un trait peut être droit ou courbe, ce qui permet de représenter des silhouettes très diverses, avec d’autant plus de subtilité que vous ferez varier l’épaisseur et l’intensité.

fiche pratique Conseils pratiques Pour ne pas tacher votre papier, il faut éviter au maximum d’effleurer votre travail des doigts : sauf technique spécifique, seuls le fusain, la sanguine ou le carré Conté doive être en contact avec la feuille. Vous pouvez pour cela recourir à un appuie-main, ou à tout autre bâton que vous tiendrez d’une main, l’une de ses extrémités reposant au-delà du Appuie-main dessin. La main qui dessine peut s’appuyer contre ce support. Pensez aussi à laisser un espace vierge autour de votre dessin : si vous exécutez un grand format, il peut être utile de construire un cadre de protection à fixer sur votre feuille. 9

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Marge

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