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Ne vous étonnez donc pas si Bethléem se situe dans les Alpilles de Provence et si les témoins de la naissance du petit Jésus parlent avec l’accent du Midi. Ne vous étonnez de rien, surtout pas des anachronismes. Il est naturel que Vincent et Mireille, puisqu’ils sont amoureux, traversent les siècles pour venir rendre hommage au divin « niston » et que les anges descendent du ciel pour annoncer la Bonne Nouvelle, et chanter des Noëls provençaux qui n’ont pas encore été écrits. Yvan Audouard
Toute la magie de la Pastorale des Santons de Provence, dans sa version originale, pour célébrer tendrement la douce nuit de Noël !
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nuit de Noël est la nuit des merveilles : les avares deviennent généreux, les voleurs honnêtes et le « ravi » trouve que tout le monde est beau. Parfois, ce « mistere » côtoie la farce, mais c’est une œuvre de ferveur et de piété qui vous donne envie que règne enfin, sur la Terre, la paix des hommes de bonne volonté.
19,90 € France TTC www.fleuruseditions.com
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L'ANGE BOUFARÉOU
L’ÂNE
LE RAVI
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LA SAINTE VIERGE
LE PETIT JÉSUS
PISTACHIÉ
SAINT JOSEPH
LE BŒUF
LA POISSONNIÈRE
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ROUSTIDO
LE MEUNIER
VINCENT
LE BERGER
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L’AVEUGLE
MIREILLE
LE GENDARME
LE BOUMIAN
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© Gulf Stream Éditeur, 2001, pour le texte intégral ISBN : 978-2-90942-118-6 © Groupe Fleurus-Mame, Paris, 2010, pour l’édition présente et pour l’ensemble de l’ouvrage. Direction : Guillaume Arnaud Direction éditoriale : Sarah Malherbe Édition : Anna Guével Direction artistique : Élisabeth Hebert, assistée d’Anaïs Acker Mise en pages : Sophie Boscardin Fabrication : Thierry Dubus, Anne Floutier Site : www.fleuruseditions.com ISBN : 978-2-7289-1319-0 MDS : 531 099 Tous droits réservés pour tous pays. « Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. »
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L a Pastorale des Santons de Provence
Texte d’Yvan AUDOUARD Illustrations d’Adeline AVRIL Préface de Marcel PAGNOL
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Preface A
vant la Pastorale, il y a les santons. Les santons, ce sont de naïves statuettes d’argile, de très rustiques tanagras polychromes. Leur petite troupe, chaque année, à la Noël, nous donne une représentation immobile et muette de la Nativité, dans l’humble décor de la crèche. C’est au début du XVIIIe siècle qu’ils décidèrent de monter sur la scène, pour y jouer la Pastorale marseillaise et chanter des Noëls provençaux. La Pastorale, ce n’est pas un texte vénérable, et figé pour l’éternité : c’est un canevas, qu’il est permis de remodeler chaque année, selon l’humeur et la couleur du temps. La nouvelle version d’Yvan Audouard, enjolivée d’anachronismes, et qui fait parfois allusion à des personnages encore vivants, n’est donc pas sacrilège ; il est resté au contraire dans la vraie tradition. Il me semble que ce petit ouvrage populaire caractérise admirablement notre Provence. Les gens du Nord, que nous aimons bien, célèbrent eux aussi sur la scène un mystère chrétien : c’est la Passion, la tragédie sacrée du supplice et de la mort de Notre Seigneur Jésus-Christ, avec des larmes, des épines, du sang. Nous, nous avons choisi de glorifier sa naissance, avec des chants de joie, des rires et des danses, dans l’allégresse de la Noël. Audouard n’a pas trahi l’esprit de la foi provençale. À travers la comédie, qui va parfois jusqu’à la farce, on sent une sorte de tendresse mystique, que les chœurs viennent ennoblir. À cause de ce petit ouvrage, il lui sera beaucoup pardonné, et je me demande si cet Arlésien si peu ascétique ne vient pas de gagner sa part de Paradis.
Marcel Pagnol, de l’Académie française.
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La naissance du divin petit
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out a commencé par un prodigieux silence. Soudain déchiré par un solo de trompette inattendu. Puis, du ciel, une voix s’est glissée dans le calme de la nuit.
Moi, dit la voix, je suis l’Ange Boufaréou. Ils m’ont appelé comme ça à cause des grosses joues que j’ai fini par attraper à force de jouer de la trompette chaque fois que le Bon Dieu est content. Et cette nuit-là, jamais il avait été aussi content de sa vie, le Bon Dieu : il allait être papa d’un moment à l’autre, et moi, j’avais jamais soufflé aussi fort dans mon instrument. Je vais vous dire comment ça s’est passé. Parce que, de l’endroit où j’étais, c’est tout de même moi qui ai le mieux vu les choses.
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C’
était le 24 décembre. Il faisait mistral. Un mistral à décorner tous les taureaux de Camargue, à déraciner les oliviers de Crau ou les pins des Alpilles. Et tous les habitants de Bethléem, ils s’étaient mis au lit de bonne heure et ils avaient ramené leurs couvertures au-dessus la tête, pour ne pas entendre souffler le vent. Le mistral, qui est un ami du Bon Dieu, avait chassé les nuages à des milliers de kilomètres pour que le ciel soit tout propre et tout brillant d’étoiles pour la naissance du Petit. Il avait fait la toilette du ciel. Ça partait d’un bon sentiment, mais ça avait baissé la température. J’avais juste mes ailes pour me mettre à l’abri et je commençais à me faire du mauvais sang. J’espinchais de tous les côtés…
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Enfin je les ai aperçus. Les pauvres, ils faisaient peine à voir… Saint Joseph marchait devant, la barbe secouée par le mistral comme une bannière, il essayait de couper le vent à la Sainte Vierge avec ses larges épaules.
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e temps en temps, il se retournait et il disait :
Saint Joseph. – Et alors, ma belle ? La Sainte Vierge. – Je n’en peux plus… Saint Joseph. – Oh, encore un petit effort… Tiens, je vois un cabanon, là, tout près… La Sainte Vierge. – Personne ne veut de nous. Saint Joseph. – Les riches peut-être, mais ici ce sont des pauvres, ils nous feront bien une petite place. La Sainte Vierge. – Donne-moi ton bras… Saint Joseph. – Ah… Tiens.
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La Sainte Vierge. – Mon Dieu que j’ai mal… Saint Joseph. – Aïe, aïe, aïe, quelle misère ! Nous sommes propres, va… Pas d’argent, pas de maison, et une femme qui va accoucher en pleine nuit, et par un temps pareil… N’aie pas peur… va. Attends, je vais te porter… La Sainte Vierge. – Je te demande pardon de te causer tant de souci. Saint Joseph. – Mais je suis sûr que ça s’arrangera… Mais quand même, le Bon Dieu, il est pas raisonnable. Quand je t’ai épousée, j’aurais dû poser mes conditions. La Sainte Vierge. – Tu regrettes ? Saint Joseph. – Écoute-moi bien, ma belle. Qu’est-ce que je suis, moi ? Un pauvre rien du tout, et le Bon Dieu m’a donné le droit de te prendre par la main, de te porter dans mes bras, toi, la mère de son petit, et tu voudrais que je regrette quelque chose ? Mais un bonheur comme ça, je l’avais pas mérité, moi… Seulement, qu’il nous aide un peu, le Bon Dieu, autrement nous allons à la catastrophe… Et il y aura des gens pour dire que c’est de ma faute… Attends, va, bouge pas, nous sommes arrivés… Il y a quelqu’un ? Ils dorment, les pauvres… Ça m’ennuie de les réveiller, mais… je peux pas faire autrement…
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ous l’avez entendu, saint Joseph ? Il y a pas plus brave que cet homme. Il aime pas déranger les gens. Et même quand il s’est aperçu que le cabanon était une étable, il a eu un peu honte de déranger le bœuf et l’âne. Bien sûr, c’était que des bêtes, mais elles avaient travaillé toute la journée, et elles avaient le droit de dormir, comme tout le monde. Il leur a dit : Saint Joseph. – Excusez-moi de vous déranger. Le bœuf et l’âne, qu’on avait tirés du premier sommeil, ont failli se mettre en colère. Mais quand ils ont vu la jolie Sainte Vierge toute pâle, toute mourante, et saint Joseph avec ses grosses mains rouges et calleuses de travailleur, ils ont eu honte et sont devenus tout gentils, tout pleins d’amitié. Le Bœuf. – Ne restez pas dehors. L’Âne. – Venez vite au chaud. Le Bœuf. – Vous avez de la chance, juste on a changé la paille ce matin. L’Âne. – Si on avait su que vous veniez, on aurait mis un peu d’ordre.
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Ne vous étonnez donc pas si Bethléem se situe dans les Alpilles de Provence et si les témoins de la naissance du petit Jésus parlent avec l’accent du Midi. Ne vous étonnez de rien, surtout pas des anachronismes. Il est naturel que Vincent et Mireille, puisqu’ils sont amoureux, traversent les siècles pour venir rendre hommage au divin « niston » et que les anges descendent du ciel pour annoncer la Bonne Nouvelle, et chanter des Noëls provençaux qui n’ont pas encore été écrits. Yvan Audouard
Toute la magie de la Pastorale des Santons de Provence, dans sa version originale, pour célébrer tendrement la douce nuit de Noël !
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nuit de Noël est la nuit des merveilles : les avares deviennent généreux, les voleurs honnêtes et le « ravi » trouve que tout le monde est beau. Parfois, ce « mistere » côtoie la farce, mais c’est une œuvre de ferveur et de piété qui vous donne envie que règne enfin, sur la Terre, la paix des hommes de bonne volonté.
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