RICHARD WALLNER
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LA CULTURE SUR BUTTE EST UNE MÉTHODE INNOVANTE.
Il développe et met en pratique ses connaissances dans sa ferme expérimentale de Charente : Au Petit Colibri. Ses résultats intéressent de plus en plus les candidats à l’installation agricole qui veulent créer de petites fermes écologiques autofertiles, diversifiées et non mécanisées.
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MANUEL DE CULTURE SUR BUTTE
Richard Wallner est un fervent défenseur de la biodiversité et spécialiste d’une méthode naturelle de culture sur butte.
AU PETIT COLIBRI
Richard Wallner, spécialiste de cette technique, vous guide pas à pas pour créer, planter et entretenir vos buttes, à l’aide de schémas de culture détaillés. La culture sur butte présente de nombreux avantages : ni labour, ni pesticide, ni herbicide, ni apport d’engrais, ni mal de dos… et des légumes bons, sains et bio. Optez pour le potager du futur : durable, biologique et facile d’entretien ! Développée au travers d’une démarche permaculturelle, démarche globale et écologique, la culture sur butte est aussi une solution pour ceux qui souhaitent mettre en œuvre au quotidien le développement durable.
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L’AUTEUR
ferme expérimentale
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MANUEL DE CULTURE SUR BUTTE
RICHARD WALLNER
MANUEL DE CULTURE SUR BUTTE
SOMMAIRE Une philosophie globale du vivant Le choix de la culture sur butte Construire des buttes de 1,70 m L’intégration du potager au jardin Les principes de la culture sur butte Schémas de culture Conseils pratiques
PAS DE LABOUR, PAS DE PRODUITS CHIMIQUES, DES LÉGUMES BONS, SAINS ET BIOS !
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RICHARD WALLNER
MANUEL DE CULTURE SUR BUTTE PAS DE LABOUR, PAS DE PRODUITS CHIMIQUES, DES LÉGUMES BONS, SAINS ET BIOS !
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Sommaire Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 La démarche permaculturelle . . . . . . . . . . . . 12 L’application de la démarche à la culture sur butte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Quelques principes de conception permaculturels . . . 13 Quelques méthodologies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 La rentabilité économique d’une ferme permaculturelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
Chassez le naturel… pour mieux le trouver . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Les buttes de la nature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Transformer son environnement . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Le mot naturel ne perd-il pas alors de sa valeur ? . . 17 Qu’est-ce qu’une agriculture « naturelle » ? . . . . . . . 17
UNE PHILOSOPHIE GLOBALE DU VIVANT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Les transformations dans le monde vivant . . . 22
Quelques transformateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Des besoins et des ressources complémentaires . . . 22
L’arbre, pilier de la vie sur Terre . . . . . . . . . . . . . . . 31 L’arbre constructeur de sol avec les vers de terre
31
L’arbre acteur du cycle de l’eau et de l’apport d’énergie sur Terre
32
La forêt comme modèle agricole . . . . . . . . . . . . . . . 32
LE CHOIX DE LA CULTURE SUR BUTTE . . . . . 35
Pourquoi cultiver sur butte ? . . . . . . . . . . . . 36 Les avantages de ma pratique sur butte de 1,70 m de large. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 Choisir la butte la plus adaptée à vos besoins . . . . . 37 Quelques critères de choix
38
Les critères qui ont déterminé mon choix
42
La surface pour se nourrir . . . . . . . . . . . . . 44 La surface pour débuter . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La surface d’autonomie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La surface pour une petite ferme diversifiée . . . . . Commencer petit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
44 44 44 45
Les grandes ressources naturelles
22
CONSTRUIRE DES BUTTES DE 1,70 m . . . . . . 47
Comment accéder à ces ressources ?
23
Forme et dimensions d’une butte de 1,70 m . . . . . . . 48
Les ressources difficiles d’accès pour les plantes
23
L’approche globale de Masanobu Fukuoka. . . . . . . . . 25 La voie des engrais chimiques. . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Le principe des engrais chimiques
26
Les conséquences sur l’environnement
26
Pourquoi le sol meurt-il ?
26
Le jardinier au sein de la cocréation . . . . . . . . . . . . 27
Améliorer sa terre ou compenser le manque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 Où trouve-t-on la terre ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 Dans les allées, si on le peut !
49
Que faire des cailloux ?
49
Différentes stratégies pour compenser le manque . 49 Rapporter de la terre végétale d’ailleurs
49
Rapporter du compost, du fumier ou du sable
49
Trouver sa place…
27
Élargir les allées
49
… en harmonie avec la nature
27
Insérer des pierres
49
Insérer du bois au cœur de la butte
50
L’arbre, outil de la fertilité . . . . . . . . . . . . . . 29 Constitution et origine du sol . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
Améliorer sa terre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
Les éléments constitutifs du sol
29
Dépôt en surface d’une couche
Les différentes couches du sol
29
de 3 à 5 cm de compost
50
À l’origine, la roche
30
Mélange de compost à l’intérieur de la butte
51
Créer et conserver le sol
30
Mélange de fumier à l’intérieur de la butte
52
Apport de bois au cœur de la butte
52
Apport de sable ou d’argile
52
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SOMMAIRE
1
1
Dessin d’ensemble d’un potager écologique . . . . . 76
Apport de champignons mycorhiziens
53
La ferme « Au petit colibri » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
En sol excessivement basique et calcaire
53
Aménager les différentes zones . . . . . . . . 80
En sol très acide
54
L’orientation sur sol plat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 80
Les rebords de la butte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Orientation de la butte dans un axe nord-sud
80
Quantité
55
Orientation intermédiaire
80
Types de matériaux
55
Utilisation de structures grillagées
81
Les piquets de maintien des rebords . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 Quantité
57
Types de matériaux
57
Les repose-pieds . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
6 7
8
L’INTÉGRATION DU POTAGER AU JARDIN . . . . 75
52
Orientation de la butte dans un axe est-ouest
5 6
52
Introduction de vers de terre
Les matériaux de construction . . . . . . . . . . 55
2
2
Le marnage
Quantité
57
Types de matériaux
57
Les planchettes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
L’orientation dans une pente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81 La distance par rapport à la maison et aux ombres . . . . . . . . . . . . 81 Par rapport à la maison
81
Par rapport aux jeux d’ombres
81
Les grandes allées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82 La réserve d’eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 Les zones de production de matière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
2
Quantité
58
Renforcer l’équilibre biologique . . . . . . . . . . 86
4
Types de matériaux
58
Favoriser l’installation des prédateurs naturels . . . . . . . . . . . . . . 86
4 4 4 5
Les étapes de construction . . . . . . . . . . . . . 59 Les périodes favorables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 Les phases préparatoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
8
87
Des bandes ou zones d’enherbement spontané
87
Divers refuges
87
Une mare
89
Les étapes pour construire une butte . . . . . . . . . . . 62
Des plantes aromatiques et médicinales
90
Construire une première section
64
Le renard et les autres prédateurs
L’effort de pelletage
64
Déterminer la profondeur et la largeur des allées
7
Une haie et des arbres isolés
59
Quelques astuces pour le chantier. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
de lapins et de mulots
9
Travailler par sections
64
Des canards et des poules pour limiter
9
Commencer plusieurs chantiers en parallèle
65
les populations de limaces
9
Travailler avec une mini-pelleteuse
65
Des chats pour éviter la prolifération
9
Les étapes du chantier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
90
Introduire des « mégaprédateurs » domestiques . . . . . . . . . . . . . . 91
des petits rongeurs
91 92
9
Étape 1 – Désherber ou faucher la parcelle
65
Renforcer le microclimat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
9
Étape 2 – Délimiter les zones
67
Les haies et arbres isolés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
9
Étape 3 – Décaper la première épaisseur
Types de haie
93
9
de terre
67
Localisation sur le site
94
9
Étape 4 – Creuser la première allée
68
Hauteur
94
0
Étape 5 – Poser les rebords de l’allée
69
Choix d’essences
96
0
Étapes 6 et 7 – Creuser la seconde allée et mettre en forme la butte
70
0
Étape 8 – Placer les repose-pieds,
1
les planchettes et les tuyaux goutte à goutte
71
2
Étape 9 – Ajouter des structures grillagées
73
2
Schéma d’implantation
97
Acheter les arbres et arbustes
97
Protéger votre jeune plantation
97
Transformer une haie en haie fruitière
98
Les murs et murets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98 Les pentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
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SOMMAIRE
LES PRINCIPES DE LA CULTURE SUR BUTTE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 Trois méthodes de culture . . . . . . . . . . . . . . . . 102 Méthode 1 : les mélanges diversifiés et dispersés . . . . . . . . . . . 102 Description
102
Quelques repères simples pour maintenir la fertilité
103
Méthode 2 : le déplacement successif de lignes ou placettes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
Repère 6 : favoriser l’accès au soleil et à la chaleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129 Le besoin de soleil
129
Le besoin de chaleur
129
Repère 7 : rechercher la qualité plutôt que la quantité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130 Des résultats pas toujours au rendez-vous
130
Une qualité gustative et nutritionnelle discutable
130
104
Accepter une croissance douce
131
Des besoins différents
105
Faire les bons choix
132
Associations et successions de culture
105
Prendre du recul sur les sols « pauvres »
132
Quelques repères simples pour maintenir la fertilité
106
Un sol et des plantes en bonne santé . . . . 134
Méthode 3 : l’alternance de mélanges entre deux buttes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
Repère 1 : faire de la nature une alliée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
Description
L’équilibre en action
134
Principes
107
Un nouveau caractère de jardinier
135
De la complexité à la simplicité
109
Comment se mettre en phase avec la nature ?
135
La fertilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110 Repère 1 : protéger la butte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
Repère 2 : respecter une double rotation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138 La rotation entre les buttes
138
Les bonnes pratiques
111
Rotation au sein de chaque mélange
140
Les éléments de protection de la butte
114
Rotation à trois buttes
141
Rotation à deux fois deux buttes
141
Repère 2 : limiter les exportations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116 Limiter l’arrachage des racines
117
Laisser les déchets de récolte
117
Remettre les déchets de cuisine
117
Repère 3 : composter en surface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118 Ne rien enfouir
118
Choisir les matériaux de couverture
118
Disposer d’un matériau pratique
122
Avant l’hiver et au printemps : permettre au sol de respirer et de se réchauffer
123
Durant la belle saison : recharger régulièrement
Repère 3 : associer les légumes entre eux et choisir leur emplacement sur la butte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141 Quelques principes
141
Les associations appliquées à la butte de 1,70 m
142
Relativiser l’utilisation des associations
145
Repère 4 : faire de bonnes successions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145 Repère 5 : renforcer la prévention . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146 Sélectionner des variétés résistantes
146
Ne pas tailler les tomates
146
S’appuyer sur l’environnement extérieur
147
la couverture
124
Arroser et irriguer à bon escient . . . . . . . . . . 148
Couvrir le sol des allées et y cultiver
125
Se passer d’eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
Repère 4 : maintenir la butte humide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126 Repère 5 : faire un apport diversifié et régulier d’azote naturel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
Stratégies de mise en culture
148
Techniques de culture sans eau
149
Irriguer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
Stocker l’azote sous une forme disponible
127
Systèmes d’arrosage
150
Les entrées de l’azote dans le « système sol »
127
Quantités d’eau
151
Limiter les apports de compost
127
Mettre en culture au bon moment
128
(6)
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SOMMAIRE
SCHÉMAS DE CULTURE
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
Les points clefs pour réussir ses cultures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154 Cycle simple – tous niveaux . . . . . . . . . . . . 156 Dispositif de culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156 Schémas de culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
Les positions pour la bande extérieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195 Dos penché, jambes droites
195
Un bras en appui sur le genou
195
Avec une planche en travers de l’allée
196
Avec un tabouret
196
À genoux dans l’allée
196
Les positions pour le grillage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 196
Mélanges cultivés
157
Première année du cycle
158
À genoux dans l’allée
196
Deuxième année du cycle
162
Debout dans l’allée
196
Troisième année
162
Alternatives aux vesces, fèves et pois . . . . . 197
Créer vos propres variations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164
Pour la vesce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198
Cycle amélioré en extérieur . . . . . . . . . . . . 165 Dispositif de culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165 Longueur de la butte
165
Schéma d’installation
166
Schémas de culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167 Mélanges cultivés
167
Période septembre-octobre de la première année
La gesse
199
La phacélie
199
La moutarde blanche
199
Le seigle
199
Pour les fèves et pois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199 Phacélie, moutarde blanche et seigle
199
Le lupin
200
de culture
168
La féverole
200
Périodes suivantes sur deux années complètes
169
Le cas du trèfle blanc
200
Troisième année et années suivantes
177
Remèdes aux problèmes rencontrés . . . . . . . 201
Schéma d’une butte vierge à reproduire . . . . . . . 179
Semer en sol non labouré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201
Cycle amélioré sous abri . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180 Différents niveaux de protection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180 Le voile, une protection minimale
180
Les serres
180
Schémas de culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182 Mélanges cultivés
182
Première année du cycle
183
Deuxième année
188
Troisième année et années suivantes
188
CONSEILS PRATIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191 Huit étapes pour concevoir son potager . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .192 Les positions ergonomiques de travail . . . . . 194 Les positions pour la bande de sommet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194 En appui sur le repose-pieds
194
En appui sur le bord de la butte
194
Les positions pour la bande intermédiaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194 Avec une planche en travers de l’allée
195
À genoux dans l’allée
195
En appui sur le repose-pieds
195
Semis avec préparation d’un lit de terre
201
Semis sous couche de compost
202
Semis de surface sous couvert végétal
202
Trop faible croissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202 Cas particulier des choux
202
Causes de pertes réelles ou apparentes de fertilité 203 Remèdes
203
Compactage de la butte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204 Causes
204
Remèdes
205
Présence de maladies et ravageurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205 La première année
206
Régulation des limaces et des escargots
206
Régulation des pucerons sur les fèves
208
Régulation des mulots et autres rongeurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209 Ne jamais intervenir sur les cloportes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210 Le cas des courgettes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210 Envahissement de certaines cultures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211
ANNEXES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212 (7)
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AVANT-PROPOS Il existe de nombreuses pratiques de culture sur butte. Celle que je présente dans ce livre est le fruit de dix années d’expérimentations personnelles et d’apprentissages auprès d’autres personnes via des lectures, des rencontres… Ce travail débuta en 2003, d’abord en tant que jardinier, puis, depuis 2005, en tant que maraîcher au sein de ma ferme expérimentale Au Petit Colibri (http://aupetitcolibri.free.fr). La pratique des cultures associées convient aussi bien aux jardins classiques sur sol plat qu’aux jardins avec buttes. Mais le fait de cultiver sur butte apporte des avantages supplémentaires que vous trouverez décrits dans cet ouvrage. Ce livre s’adresse aux jardiniers, expérimentés et débutants. Pour la culture professionnelle, il me faudra écrire un second ouvrage afin d’approfondir tout ce qu’implique ce niveau de compétence. En attendant, ce livre pose déjà les repères de ma pratique actuelle qui peuvent, me semble-t-il, intéresser des personnes souhaitant démarrer une culture professionnelle non mécanisée de légumes « au naturel » sur 1 000 à 4 000 m².
Objectifs de recherche Au fil des ans, la forme, les dimensions de la butte, et ma façon de cultiver ont beaucoup évolué pour mieux correspondre à mes besoins et à mon contexte. Les résultats ont atteint aujourd’hui un niveau qui me satisfait. Il s’agissait alors notamment de : • gagner du temps : pas de labour, pas de traitement ou purin, désherbage réduit, semer rapidement pour les grandes surfaces, réduire les déplacements ; • améliorer le confort du dos et des genoux ; • gagner en espace de culture par rapport aux largeurs classiques de 1,20 m ; • simplifier ma pratique au quotidien tout en conservant l’utilisation des associations de cultures, la rotation des cultures, la diversité des récoltes et l’accompagnement de processus biologiques complexes propres aux sols vivants ; • réduire les coûts et les dépendances : pas ou peu de machine, pas ou peu de compost, produire facilement tout ou partie de la fertilité sur site sans fumier (absence d’animaux) ; • être le moins en conflit possible avec l’environnement naturel du site, le rejoindre, l’accompagner, vivre avec, tout en affirmant ma présence, mes besoins ; • être davantage autonome, tout en excluant une démarche d’autarcie. Bien que la culture sur butte et les différentes techniques associées exigent un nouvel apprentissage du fait qu’elles bousculent les repères habituels, leur ergonomie, leur efficacité et la beauté qui s’en dégagent offrent de nouvelles perspectives enthousiasmantes capables de transformer notre rapport à la nature et d’amener davantage de personnes à jardiner.
Les guides sur le chemin Au fil de mes lectures, rencontres et expérimentations, j’alimente et remets en question régulièrement l’image que je me fais du fonctionnement de la
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AVANT-PROPOS nature. Les explications de ce livre ne sont donc pas « la vérité » mais un « concept personnel » qui tente de s’en approcher. À chacun de poursuivre sa propre compréhension, j’espère que la mienne vous sera bénéfique. Voici des chercheurs et agriculteurs qui m’ont inspiré et que je vous recommande : Masanobu Fukuoka, Claude Bourguignon, Gilles Lemieux, Emilia Hazelip, Marc Bonfils, Bill Mollison, Sepp Holzer, Robert Hart, Patrick Whitefield, Gertrud Franck, Jean Pain, Jean-Marie Lespinasse, Magda Haase, Jean-Paul Thorez, Gérard Ducerf. Ce sont autant de mots clefs pour vos recherches sur Internet ! Nous devons aussi devenir nos propres guides. Nous avons tant de choses à apprendre pour réellement fonctionner avec la nature et non contre elle. Cela demandera également du temps pour réparer les dégâts de l’ère chimique. Alors devenons nos propres chercheurs, patients et généreux, au lieu d’être de simples consommateurs exigeant des solutions immédiates sans prendre la mesure des lourdes conséquences de ce qui s’est passé pendant les 60 dernières années. Toutefois, j’ai, pour ma part, eu tort de blâmer les anciennes générations lorsque j’ai découvert la réalité de la situation, car c’est l’humanité elle-même qui est en cause. Nous aurions sans doute fait les mêmes erreurs à leur place, notre conscience d’aujourd’hui repose sur leurs erreurs passées. Ainsi, l’humanité devait, semble-t-il, passer par l’impasse destructrice de la culture chimique, de la consommation à outrance des ressources non renouvelables des forêts, de l’eau douce, de la mer… sa propre mise en danger pour voir en face l’inutilité de son combat contre la nature. Refusions-nous de prendre conscience de notre lien d’interdépendance avec la Terre ? Aujourd’hui, loin d’opposer les générations, je rêve qu’elles s’épaulent pour sortir tout le monde de l’impasse. La première des choses est d’assumer tous ensemble ce qui a été fait et d’en voir le positif : l’humanité grandit, ses erreurs lui servent de guide. Alors suivons-le !
Au Petit Colibri Vous êtes nombreux à vouloir venir visiter ma ferme. Hélas, elle est aujourd’hui mise en danger, les cultures commerciales et le développement du site ont été stoppés après deux années seulement, du fait de l’opposition de la municipalité qui ne souhaite pas la voir se développer. La situation s’est même aggravée lorsque la municipalité, qui n’a jamais accepté de venir me visiter, a fini par déclasser mon site en 2008 par le biais de son document d’urbanisme (PLU), le passant de zone agricole à zone naturelle pour y interdire toute construction. Rien ne l’y obligeait et cette décision fut prise contre les avis officiels de la chambre d’agriculture, du commissaire enquêteur en charge de l’enquête publique du PLU, de la Direction régionale de l’environnement (DIREN), de l’association charentaise de protection de la nature et d’éducation à l’environnement (Charente Nature), et ce, malgré le soutien de politiques, du conseil général, du conseil régional et de nombreux citoyens, tous reconnaissant l’intérêt du projet et la compatibilité avec les projets de la commune. Même la préfecture, pourtant aujourd’hui muselée par la loi de décentralisation qui lui interdit d’intervenir dans les affaires d’une commune, tenta de son propre chef une médiation. En vain.
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AVANT-PROPOS Aujourd’hui encore, je ne connais pas les vraies raisons de cette opposition sourde et, après avoir usé de toutes les voies de la médiation, j’ai dû me résigner en 2009 à engager une démarche juridique afin que soit reconnu l’abus de pouvoir. Mais ceci est un chemin particulièrement long et si peu courtois. J’entrevois encore quelques possibilités de médiations futures pour éviter un résultat de justice qui, bien qu’en ma faveur, n’en sera pas moins un échec d’un point de vue humain. Cela me désole profondément. Si vous souhaitez mieux comprendre ce conflit, lire les avis des officiels, les nombreux articles de presse et me soutenir, je vous invite à vous rendre sur mon site Internet (http://aupetitcolibri.free.fr). Ma ferme est donc en friche, ce qui, visuellement, est catastrophique ; mais on peut aussi le considérer positivement, cela rend service à la biodiversité et améliore l’état de mon sol d’année en année. Il faut juste éviter le départ en forêt, du moins l’encadrer pour qu’il soit positif. Par ailleurs, c’est en quelque sorte le conflit avec la mairie qui m’a donné le temps de mener différentes expérimentations pour approfondir mes méthodes de culture et pour rédiger ce livre : une autre façon de voir et d’accepter positivement la situation !
Aujourd’hui En parallèle de mes recherches agricoles et en attendant de pouvoir reprendre la construction de ma ferme, je me rémunère en témoignant de mes résultats à la demande d’organismes de formation, en aidant à la création de fermes ou de projets de culture de particuliers et en éditant au sein de mon association Imagine Un Colibri des livres dans le domaine du jardinage et de l’agriculture. Vous les trouverez en vente sur mon site Internet. J’ai accepté l’invitation des éditions Rustica, qui avait envie d’intégrer un livre sur la culture sur butte à leur catalogue, en espérant faire connaître à un plus grand nombre cette façon de cultiver. De plus, même si mon site Internet se fait déjà l’écho de mes résultats agricoles, ce livre m’offre la possibilité de mieux répondre aux nombreuses questions que je reçois. Alors, bonne lecture !
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UNE PHILOSOPHIE GLOBALE DU VIVANT Un sol est vivant ! Comment fonctionne-t-il ? Quelles sont les implications pour nous, jardiniers, agriculteurs ?
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LES TRANSFORMATIONS DANS LE MONDE VIVANT Chaque être vivant est un transformateur : c’est l’un des points fondamentaux dans mon approche du fonctionnement de la fertilité naturelle. J’en déduis qu’il est possible, comme en forêt, de n’apporter aucune fertilité de l’extérieur si l’on sait jouer avec la nature du lieu.
Quelques transformateurs Les œufs contiennent des protéines diversifiées qui ne sont pourtant pas présentes dans l’alimentation de la poule. Cette dernière les fabrique. Le corps même de l’oiseau ainsi que ses déjections contiennent des molécules qui ne sont pas présentes dans son alimentation. La poule est un merveilleux transformateur. Dans le monde végétal, une plante aromatique élaborera des molécules médicinales que ne produira pas une salade. Des molécules nouvelles sont ainsi créées par tous les êtres vivants, de la bactérie
à l’éléphant, y compris par nous-mêmes : le corps de chaque individu est porteur de molécules qui ne seront disponibles qu’à sa mort, lors du processus de biodégradation.
Des besoins et des ressources complémentaires Les grandes ressources naturelles • Le soleil, notre principale source d’énergie. • La roche, principale réserve de minéraux et oligoéléments (cuivre, magnésium, fer, calcium, potassium, phosphore, etc.).
>> Le cloporte est un atout dans la chaîne alimentaire puisqu’il est l’un des rares organismes – avec les champignons, les termites… – capables de transformer le bois. Grâce à ses déjections, à ses restes de repas ou à son corps après sa mort, d’autres organismes pourront s’alimenter. Il est présent dans mes buttes où il décompose les débris végétaux grossiers de la couverture.
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LES TRANSFORMATIONS DANS LE MONDE VIVANT • L’atmosphère, principale source d’azote, apportant aussi du carbone et de l’oxygène, constituants du gaz carbonique (CO2) absorbé par les plantes, et de l’hydrogène qui, avec l’oxygène, constitue l’humidité dans l’atmosphère (H2O). • Les océans et autres étendues d’eau, à ciel ouvert ou souterraines, principales ressources en eau qui constitue de 70 à 90 % de la majorité des êtres vivants. C’est donc aussi la principale réserve en oxygène et hydrogène sur Terre.
Comment accéder à ces ressources ? Chaque être vivant a développé des « compétences » différentes de celles de son voisin pour se procurer l’énergie du soleil : le lion l’obtient en mangeant la gazelle, qui a obtenu cette énergie de l’herbe, laquelle l’a obtenue directement du soleil. De même pour les minéraux : il y a ceux qui parviennent à les prélever directement de la roche (des bactéries, par exemple) et ceux qui ont besoin d’une chaîne d’acteurs intermédiaires pour pouvoir en profiter. Il y a donc une interdépendance : en consommant les produits de l’un et en les restituant à un autre, chaque être vivant complète ses besoins en même temps que ceux d’un autre. Tous participent à une chaîne de transformations qui soutient l’existence d’innombrables formes de vie. Voyons pour nos légumes : ils captent leur énergie du soleil grâce à la photosynthèse qui leur permet également de récupérer le carbone et l’oxygène contenus dans les molécules de gaz carbonique (CO2) et qui, selon Claude Bourguignon, constituent près de 88 % de leur masse sèche. L’eau (H2O) du sol leur est facilement accessible par leur propre moyen tant qu’elle ne vient pas à manquer et constitue d’ailleurs la plus grande partie de leur masse totale avant séchage, comme pour la majorité des êtres vivants. Les végétaux utilisent le processus de la photosynthèse pour retirer l’hydrogène
de l’eau, ce qui, en même temps, libère de l’oxygène dans l’atmosphère. L’hydrogène est un constituant essentiel pour la création de leurs molécules et constitue près de 6 % de leur masse sèche. Ainsi, carbone, oxygène, hydrogène représentent à eux seuls environ 94 % de leur masse sèche et sont facilement accessibles aux plantes.
Les ressources difficiles d’accès pour les plantes Le reste des éléments, dont l’azote de l’atmosphère et les minéraux du sol, ne constitue qu’une infime partie des plantes. La plupart d’entre eux leur sont inaccessibles par leurs propres moyens. Nos légumes ne savent généralement pas attaquer la roche ni capter directement l’azote de l’air. Leurs capacités sont aussi réduites par la faible profondeur de leurs racines. Ces minéraux peuvent leur parvenir de différentes façons, par exemple : • Par les bactéries et les arbres : c’est grâce à certaines bactéries du soussol qui vivent à l’abri de l’oxygène de l’air et au contact de la roche que des minéraux vont être extraits de celle-ci. Ils sont ensuite remontés vers la surface en direction des racines des plantes, soit directement, via le sol, soit indirectement, par l’intermédiaire des arbres dont les racines profondes atteignent la roche du sous-sol pour consommer les minéraux libérés par les bactéries. Ainsi, l’arbre peut « consommer » la roche qu’il va restituer à la surface du sol sous forme de feuilles, de fruits, de branches, d’écorce, de racines superficielles mortes, etc. Leur biodégradation par des macro- et microorganismes du sol (rongeurs, cloportes, vers de terre, champignons, bactéries de surface…) restituera les minéraux au sol. Puis des micro-organismes spécifiques de la rhizosphère des plantes,(environnement entourant leurs racines),les transformeront en minéraux organiques assimilables en échange de sucres (énergie) exsudés
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UNE PHILOSOPHIE GLOBALE DU VIVANT par les racines des plantes. L’arbre intercepte aussi les minéraux de la couche superficielle du sol qui sont emportés vers les profondeurs par les pluies, et les restitue de la même façon. L’ALIMENTATION DE LA PLANTE PAR LA VIE DU SOL La plante prépare des substances lors du processus de photosynthèse, dont certaines vont être transmises aux organismes du sol afin de les stimuler et les nourrir.
La rhizosphère est le lieu d’échanges intenses entre la vie du sol et les racines.
En retour, la plante obtient une protection contre ses parasites et les nutriments qu’elle ne peut obtenir seule.
C’est là, en présence d’humidité, que les bactéries solubilisent les minéraux pour les rendre assimilables par la plante.
• Par des plantes aux puissantes racines : véritable « pompe », la consoude est ainsi capable d’extraire en profondeur, toujours par l’intermédiaire de bactéries, une bonne quantité de potassium (et d’autres minéraux) inaccessible à de nombreux autres végétaux. Épandre des feuilles de consoude à la surface du sol achève le processus de remontée et rend le potassium disponible pour la création d’un substrat fertile pour nos légumes dont les racines sont moins profondes ou moins efficaces.
POUR APPROFONDIR Voir le tableau p. 115 qui présente quelques autres plantes aux racines très profondes.
• Par les déchets des autres plantes : racines, feuilles, graines… seront recyclées de la même façon que ceux de l’arbre. Il ne s’agit pas ici d’un apport supplémentaire de minéraux, mais d’une restitution.
• Par des organismes spécifiques, en particulier dans le cas de l’azote, abondant dans l’atmosphère (80 %) et rare dans le sol. Transformateurs essentiels, plusieurs groupes de bactéries sont en effet capables de capter l’azote de l’air circulant dans les microporosités du sol, d’où la nécessité d’avoir un sol microaéré. Elles s’en servent alors pour ellesmêmes (l’azote constitue la base des protéines) ou le transmettent à d’autres. Cette transmission d’un azote devenu assimilable se fait involontairement (la bactérie arrive en fin de cycle de vie ou se fait manger) ou volontairement au travers d’échanges symbiotiques avec certaines plantes. Ces plantes appartiennent notamment à la famille des légumineuses : fève, pois, haricot, luzerne, trèfle, mélilot, etc. En échange, elles apportent aux bactéries de l’énergie. À leur mort, mais déjà lors de leur cycle de vie, l’azote sera restitué directement dans le sol ou sous forme de produits dérivés : feuilles, graines, racines, etc. Par le jeu de la biodégradation et de transformations successives, cet azote deviendra accessible à nos légumes qui ne savent pas créer de telles symbioses.
POUR APPROFONDIR Voir la partie La fertilité, p. 110.
Ainsi, la culture de plantes de la famille des légumineuses parmi les autres légumes est l’une des façons d’enrichir le sol en captant un azote atmosphérique présent en abondance mais initialement inassimilable. Nous-mêmes respirons cet azote sans en profiter. Certaines symbioses apportent davantage de bénéfices, puisque dans le cas des champignons par exemple, ces derniers sont capables de transmettre aux plantes de l’eau et des molécules « médicinales ».
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LA SURFACE POUR SE NOURRIR
CONSTRUIRE DES BUTTES DE 1,70 m Ce type de butte apporte des avantages non négligeables en termes d’ergonomie et d’espace de culture. Néanmoins, il requiert davantage de savoir-faire pour la construction. Cette partie vous donnera de nombreux détails sur les étapes, les choix de matériaux… afin que vos buttes aient une longue durée de vie.
PRINCIPES ET SCHÉMAS DE CULTURE Pour les personnes pressées de connaître la méthode de culture, allez directement aux parties Les principes de la culture sur butte, p. 101, et Schémas de culture, p. 153.
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CONSTRUIRE DES BUTTES DE 1,70 m
FORME ET DIMENSIONS D’UNE BUTTE DE 1,70 m VUE EN PERSPECTIVE Repose-pieds (accéder au sommet facilement en posant un pied sur la butte sans la tasser)
Consoude et luzerne (production de matière fraîche à récolter pour aider à couvrir la butte)
Planchette 20 x 20 cm (protection du sol et ramassage des limaces en dessous)
Trois bandes de culture dans la pente
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Luzerne (poquets)
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VUE EN COUPE DE DEUX BUTTES, AVEC ALLÉE DE SÉPARATION
STRUCTURE GRILLAGÉE
3 m du fond de l’allée
80
cm
5 5 1
30
20 cm
30 2
1
30 cm 30 cm 40 cm
1,70 m (bords compris)
Prop o sur rtions d’un la base e de 4 section ,80 m
45 cm
3
Ligne de goutte à goutte
50 cm minimum 60 cm conseillé
1,70 m
Sect
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3,80 m 3,60 1m m 3,30 1,20 m m 1,50 m 3m 1,80 m
de 4
,80
m
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AMÉLIORER SA TERRE OU COMPENSER LE MANQUE Où trouve-t-on la terre ?
autres sols moins bien pourvus, vous disposerez d’au moins cinq stratégies :
Dans les allées, si on le peut ! Comme évoqué dans le calcul de la largeur d’allée à pelleter (voir p. 61), plus vous creusez profondément, moins vous avez de terre à pelleter. Inversement, moins vous creusez profondément, plus vous avez de terre à trouver et les quantités augmentent de façon exponentielle !
Que faire des cailloux ? La terre sous un caillou est mieux protégée, ce « toit » abrite du lessivage des pluies les nutriments et la vie du sol. Dans les terres très argileuses, il permet un meilleur réchauffement du sol et améliore le drainage de ces sols asphyxiants. Ne voyez donc pas le moindre caillou comme un ennemi, cherchez simplement à en limiter le nombre et la taille : – dans les 5 cm de terre à la surface de la butte, mieux vaut ne pas avoir de pierres pour ne pas trop gêner les semis et plantations ; – au-delà, on peut laisser les cailloux plus petits qu’une demi-noix et pas plus de quatre ou cinq cailloux plus gros par couche de 10 cm de terre et par mètre de butte, pour ne pas gêner la pousse des légumesracines et leur récolte. Les autres légumes me semblent peu impactés par les pierres. C’est donc sous la bande de culture du sommet que l’on peut en accepter le plus.
Différentes stratégies pour compenser le manque Bienheureux celui qui entreprend la culture sur butte avec une profondeur de 30 cm de terre peu caillouteuse ! Pour les
Rapporter de la terre végétale d’ailleurs On parle aussi de terre « arable ». C’est une solution aussi bien pour ceux qui manquent de terre que pour ceux qui ne veulent pas se fatiguer à creuser… Les prix varient beaucoup, de 10 €/m3 à 40 €/m3 pour ce que j’ai pu relever. Quelquefois, la terre est gratuite si on vient la chercher sur place. Volume nécessaire : environ 1 m3 par mètre de butte.
Rapporter du compost, du fumier ou du sable Voir Améliorer sa terre, page suivante.
Élargir les allées Voir les calculs proposés dans le tableau des formules utiles pour calculer les dimensions à pelleter (p. 61).
Insérer des pierres Cela peut être utile dans les cas extrêmes, par exemple celui d’un sous-sol rocheux à fleur de terre où vous auriez la quasi-totalité de la butte à remplir. Prenez soin d’insérer de la terre entre les pierres pour éviter les poches d’air, sinon la remontée de l’humidité du sous-sol par capillarité ne sera pas assurée et les racines des plantes n’auront pas de terre à explorer entre les pierres. Un repère : mélangez un seau de pierres (de toutes dimensions) avec trois seaux de terre, jusqu’à atteindre 30 cm de hauteur de butte. Puis ne mettez que de la terre pour finir votre butte. Cette dernière couche sans pierre est
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CONSTRUIRE DES BUTTES DE 1,70 m importante pour les légumes-racines tels que la carotte.
Insérer du bois au cœur de la butte En plus de compenser le manque de terre, le bois améliore nettement la fertilité de la butte et son humidité. Le témoignage de l’agriculteur Sepp Holzer, en Autriche, est remarquable à ce sujet. Il semble que l’on puisse mettre jusqu’à 2/3 de bois pour seulement 1/3 de terre ! Toutefois, cette technique présente trois difficultés majeures : – la disponibilité du bois ; – son transport jusqu’à la butte ; – l’affaissement de la butte à mesure que le bois se décompose dans le sol. Ce processus demande de un à trois ans avec du petit branchage, de dix à vingt ans avec des bûches ou un tronc d’arbre. Dans le premier cas et si vous aviez mis une grande quantité de branchages, il faut vous attendre à devoir reprendre en main la totalité de votre butte pour pallier son affaissement. Cela semble gérable pour une ou deux buttes, beaucoup moins pour un grand potager. Il ne semble pas y avoir de souci majeur quant au choix de l’essence de l’arbre. Notez que les bois dits « imputrescibles » le sont en immersion dans l’eau ou enfoncés dans le sol à l’abri de
QUELQUES POSSIBILITÉS POUR AMÉLIORER SA TERRE • Améliorer la capacité de stockage de l’eau et des nutriments (surtout pour les sols sableux). • Apporter ou restaurer la fertilité de la butte (sols naturellement pauvres ou appauvris par l’homme). • Combler une carence spécifique en certains minéraux. • Redonner vie à la terre par l’ajout d’organismes (sols morts). • Améliorer la structure des sols argileux asphyxiants. • Rétablir le pH du sol vers la neutralité (sols trop acides ou trop basiques).
l’oxygène. Mais ils sont tous biodégradables lorsqu’il y a à la fois de l’humidité, de l’oxygène et des organismes pour les digérer ! C’est le cas au cœur d’une butte. Je ne pratique pas encore ce procédé pourtant visiblement très productif ! Si j’avais eu un arbre à abattre à côté d’une future butte, j’aurais saisi l’occasion pour l’utiliser ! Mais possédant une terre profonde, n’ayant pas la ressource de bois nécessaire à une grande surface de buttes et ne souhaitant pas risquer d’avoir à refaire mes buttes au bout de quelques années, j’ai préféré mettre de côté cette technique pour le moment. J’envisage plutôt d’utiliser le marnage (voir p. 52) pour améliorer ma terre trop sableuse et l’introduction de bottes de paille entières au cœur de la butte.
Améliorer sa terre Par le fait même de cultiver votre butte année après année, vous améliorerez votre sol. Les processus de la nature sont étonnamment efficaces dès lors qu’on leur porte attention. Cependant, plus le sol est dégradé ou éloigné des conditions optimales, plus il faut de temps à la nature pour le « guérir ». Selon la gravité de la situation, les moyens à votre disposition ou votre patience quant aux processus naturels, il peut être utile de donner un coup de pouce dès le démarrage.
Dépôt en surface d’une couche de 3 à 5 cm de compost Le compost est très riche en matières organiques capables de retenir l’eau. Il apporte aussi généralement une importante quantité de minéraux de façon diversifiée. C’est donc une solution pour guérir les carences initiales d’un sol. L’application d’une couche de surface présentera également l’avantage de réduire nettement le désherbage dès la
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CONSTRUIRE DES BUTTES DE 1,70 m
LES ÉTAPES POUR CONSTRUIRE UNE BUTTE Étapes préparatoires : • Choisir le niveau du fond des allées par rapport au sol initial. • Se mettre au point en construisant une première section de butte « modèle du chantier ».
FAUCHER.
DÉLIMITER LE CHANTIER.
10
10 cm 10 cm
10 cm
Butte 4
Butte 3
Butte 2
Butte 1
50 170 50 170 50 170 50 170 50 Longueur des buttes
Tas d’herbe fauchée
TRAVAILLER PAR SECTION.
CREUSER LA 1
re ALLÉE DE LA SECTION.
10 cm
2à 3 cm
40 cm 60 cm
Section 1
50 cm
1,70 m
POSER LES CÔTÉS DE L’ALLÉE.
45 cm 25 à 30 cm
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LES ÉTAPES DE CONSTRUCTION
PELLETER LA SECONDE ALLÉE EN PASSANT À LA 2e BUTTE ET METTRE EN FORME LA BUTTE, ETC.
45 cm
40 cm
50 cm
70 cm
1,70 m
PASSER À LA SECTION N° 2.
Longueur de la butte terminée
1
1
1
1
2
2
2
2
3
3
3
3 Tas d’herbe fauchée
Grande allée
Second chantier
TUYAU + REPOSE-PIEDS
+ PLANCHETTE + COUVERTURE.
2 1
3
POUR LA POSE DES STRUCTURES GRILLAGÉES, AIDEZ-VOUS DES SCHÉMAS EN PP. 48, 156 ET 166.
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L’INTÉGRATION DU POTAGER AU JARDIN
DESSIN D’ENSEMBLE D’UN POTAGER ÉCOLOGIQUE Le cerisier est installé légèrement à l’écart du potager, au nord pour ne pas lui faire trop d’ombre. Les poules ou les deux canards pâturent dessous, dans une prairie de luzerne et de consoude. La prairie de pâture se poursuit derrière la maison dans un verger de pommiers et de poiriers. Les poules mangeront les cerises, pommes et poires tombées et les éventuelles larves qui s’y trouvent ou qui tenteraient d’hiverner dans le sol. Les canards peuvent être lâchés temporairement au potager en fin d’hiver pour réduire le nombre de limaces et d’escargots en cas d’invasion. Même chose pour les poules, si vous n’avez plus grand-chose au jardin et acceptez le désordre qu’elles mettront en grattant la couverture de vos buttes.
Aulne : coupé tous les 2 à 3 ans pour fournir du branchage (BREFT) au pied des fruitiers
Poule Poirier
4 m³ d’e
BREFT Poules
Cerisier acide
Bambouseraie
Ceri
Bambouseraie : protection naturelle contre le vent et source de matériaux indispensables pour construire la butte. Contrôler son envahissement par un fossé de 30 cm de profondeur de chaque côté. Couper les racines qui le franchiraient.
Poules o canards
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DESSIN D’ENSEMBLE D’UN POTAGER ÉCOLOGIQUE
Oseille Cassis Thym
Pommier
Poules
Lavande Romarin Groseille à maquereau Production de matière fraîche : permet de couvrir les buttes (luzerne, consoude, ortie, phacélie, moutarde… seules ou en mélange).
Nid à mésange
Poirier N O
Prunier
E
HLM à insectes
S
Haie diversifiée
4 m³ d’eau Salades Aromatiques
Pêcher semé et non taillé
But
te d
But
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e lé
e lé
gum
es
gum
es
Cerisier Tas de grosses pierres Ruche
Miscanthus pour la production de matière sèche
Tas de branchages ou de bûches (refuge pour la biodiversité) Mare
Poules ou canards Zone sauvage d’enherbement spontané
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SCHÉMAS DE CULTURE Vous trouverez dans les pages suivantes trois propositions de schémas de culture sur des buttes de 1,70 m, applications concrètes de la méthode décrite dans cet ouvrage : • le cycle simple : deux périodes de culture par an ; • le cycle amélioré en extérieur : quatre périodes de culture par an ; • le cycle amélioré sous abri : trois périodes de culture par an. Chacun des cycles dure deux années. Les schémas qui suivent indiquent les dates de plantation, semis, récolte et entretien, et un placement précis des légumes sur la butte.
POUR APPROFONDIR Pour adapter ces schémas à des buttes de 1 m à 1,20 m de large, il y a deux solutions : référez-vous au site Internet http://aupetitcolibri.free.fr/EcolieuAUPETITCOLIBRI.html pour des informations détaillées.
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SCHÉMAS DE CULTURE Mai-juin-juillet Mélange marron Butte A 30 cm 30 cm 30 cm 30 cm
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60 cm PLANTES DÉJÀ EN PLACE
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Fraise. Oseille. Rhubarbe. Romarin. Sauge. 4
➜ Semis Mi-mai Luzerne : semez-la dans les allées et sur la butte (petit rectangle de 2 x 5 cm). Elle pousse très lentement la première année. Haricot nain : à 4 cm de profondeur par poquets (placettes) de 6 graines. Haricot à rame : sillon de 4 cm de profondeur. Radis rose : étalez les récoltes en semant une zone tous les 15 jours. Betterave. Navet ‘Marteau’ : à récolter jeune (6 cm de diamètre maximum). Maïs : semez 3 grains par emplacement, ne gardez que 1 à 2 pousses.
➜ Plantation Mai Chou d’hiver. Céleri (rave ou branche). Salade S1. Blette.
Juin Souci. Œillet d’Inde. Tomate.
Salade S2. S3
Juillet Salade S3.
➜ Récolte Avril > Fève, oignon frais, oseille, ail frais. Mai > Fève, fraise. Juin > Salade S1. Juillet > Navet, ail sec, oignon sec, échalote sèche, salade S1.
Juillet (jusqu’aux gelées d’octobre) > Tomate, haricot, salades S2 et S3, radis rose. Blette : plusieurs coupes possibles par an. Automne > Maïs, chou, céleri, betterave.
➜ Entretien Désherbage de printemps : soucis si trop présents et herbes avant qu’elles ne grandissent. Vesce : arrachez-la en début de printemps avant vos semis et plantations. Répartissez-la en premier sur la bande
intermédiaire, la bande extérieure et sur les extrémités. Fève : coupez la végétation au fur et à mesure des récoltes et laissez-la sur place. Déchets de cuisine : priorité aux bandes intermédiaires et au grillage.
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RICHARD WALLNER
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MANUEL DE CULTURE SUR BUTTE
Il développe et met en pratique ses connaissances dans sa ferme expérimentale de Charente : Au Petit Colibri. Ses résultats intéressent de plus en plus les candidats à l’installation agricole qui veulent créer de petites fermes écologiques autofertiles, diversifiées et non mécanisées.
AU PETIT COLIBRI
LA CULTURE SUR BUTTE EST UNE MÉTHODE INNOVANTE. Richard Wallner, spécialiste de cette technique, vous guide pas à pas pour créer, planter et entretenir vos buttes, à l’aide de schémas de culture détaillés. La culture sur butte présente de nombreux avantages : ni labour, ni pesticide, ni herbicide, ni apport d’engrais, ni mal de dos… et des légumes bons, sains et bio. Optez pour le potager du futur : durable, biologique et facile d’entretien !
Développée au travers d’une démarche permaculturelle, démarche globale et écologique, la culture sur butte est aussi une solution pour ceux qui souhaitent mettre en œuvre au quotidien le développement durable.
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Richard Wallner est un fervent défenseur de la biodiversité et spécialiste d’une méthode naturelle de culture sur butte.
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L’AUTEUR
MANUEL DE CULTURE SUR BUTTE
RICHARD WALLNER
MANUEL DE CULTURE SUR BUTTE
SOMMAIRE Une philosophie globale du vivant Le choix de la culture sur butte Construire des buttes de 1,70 m L’intégration du potager au jardin Les principes de la culture sur butte Schémas de culture Conseils pratiques
PAS DE LABOUR, PAS DE PRODUITS CHIMIQUES, DES LÉGUMES BONS, SAINS ET BIOS !
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Une marque de Fleurus Éditions www.fleuruseditions.com www.rustica.fr
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