Des poules en ville, c'est possible !

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Ghislain Journé

DES

S E L U PO E EN VILL

! e l b i s s C ’est po


Sommaire Avant-propos. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

Quand on arrive en ville...

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Mais au fait… qui est Roussette ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Non, la poule n’est pas un animal de compagnie !. . . . . . . . . . . . . . La poule ou l’histoire d’une complicité millénaire . . . . . . . . . . . . . . Tout commence avec un œuf . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les poules vont sauver le monde !. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Autoproduction = autosatisfaction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Cachez cette cuisse que je ne saurais voir !. . . . . . . . . . . . . . . . . . . Revoir notre rapport au vivant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . « Small is beautiful ! » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La poule made in France. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Pourquoi la poule en ville n’a-t-elle pas que des amis ?. . . . . . . . . .

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Les poules et la visite medicale « Absent pour cause de grippe… aviaire ! ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . Quel risque, concrètement ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La salmonellose. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Attention à la psychose !. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . De ta poule tu prendras soin si de microbes tu ne veux point !. . . . . Quel soin beauté pour ma poule ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ma poule n’a pas la frite : que faire ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . « Keep cool », ça roule ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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5 bonnes raisons d’affirmer que non, une poule ce n’est pas con N° 1 : 200 œufs par an… et quels œufs !. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° 2 : 150 kg de déchets recyclés chaque année !. . . . . . . . . . . . . . . N° 3 : Roussette, alliée du jardinier !. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° 4 : quelle animation au jardin !. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° 5 : et dire que vous pensiez que les poules étaient bêtes ! . . . . . .

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Une poule ca ne peut pas avoir que des avantages !

Quid des vacances ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Qui va rentrer les poules en mon absence ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . Puis-je emmener mes poules en vacances ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . Peut-on confier ses poules pendant les vacances ? . . . . . . . . . . . . . Les poules vont ruiner mon jardin ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nuisances : je vais avoir des problèmes avec mes voisins !. . . . . . . . Rats et souris : S.V.P. passez votre chemin !. . . . . . . . . . . . . . . . . . . De toute façon je ne peux pas, j’ai des chats…. . . . . . . . . . . . . . . . . Pas malin, j’ai un chien !. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C’est con : j’ai un balcon ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Que faire des déchets du poulailler ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Allez roule, ma poule ! Mes poules au quotidien. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . « Home sweet home ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Poule de luxe ou poule rustique : laquelle choisir ? . . . . . . . . . . . . . Difficile de choisir la poule de sa vie !. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Où acheter ses poules ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La poule… en société . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . À table, les poules ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Par ici, les bons œufs ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Bibliographie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Glossaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Index. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Avant-propos P

assionné par l’univers de la ferme, j’ai vécu tout jeune au contact des animaux et c’est dans la campagne bourguignonne que j’ai nourri mes plus beaux souvenirs d’enfance, en élevant quelques lapins, poules et pigeons.

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À l’aube, j’ouvrais le vieux pigeonnier pour observer mes oiseaux planer au-dessus des toits. Je me souviens du chant des alouettes, des nids d’hirondelles par dizai­ nes au plafond du vieux lavoir, des essaims d’abeilles logés derrière les volets en juin, de l’odeur du foin, du lait, des lapins, des vaches laitières déam­ bulant dans les rues du village, des œufs tout chauds ramassés dans le poulailler, des herbes hautes, du son des grillons les soirs d’été, des tomates cueillies dans le potager…

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Cette expérience a forgé ma conscience de la nature et m’a permis de vivre, autant que possible, en harmonie avec elle. C’est ainsi que j’ai véritablement saisi le sens de la formule « notre mère nature », manifestement incomprise par une grande majorité de nos semblables. Or, la comprendre me paraît être le premier devoir de tout être humain sur cette terre. Je ne suis pas loin de la réalité si je vous dis que mes premières poules ont imprimé au plus pro­ fond de moi cette idée que la nature est notre mère. Cette expé­ rience a conditionné mon rapport au vivant et de fait, ma manière de vivre et de consommer. 20 ans plus tard, beaucoup des plaisirs simples de mon enfance ont disparu et je vis désormais en ville. Il m’est toutefois apparu nécessaire d’apporter un peu de

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campagne dans l’environnement urbain et c’est ainsi qu’est née l’idée de la « mini ferme », une ferme adaptée aux petits espaces. La mini ferme résulte de la volonté de ressusciter le vivant autour de nous, celui-là même qui fait de nous des êtres humains conscients, mais plus encore, des terriens. Envisager cette mini ferme sans poules, cela aurait été un peu comme imaginer une savane sans girafe. Pour moi, la poule est l’habitant le plus emblématique de la ferme. Et ça tombe bien car c’est incontestablement l’un des plus faciles à élever ;

l’un des plus fascinants aussi, comme vous le verrez dans cet ouvrage. Chaque jour, je rencontre des familles qui sautent le pas, souvent motivées par la volonté de mieux contrôler la qualité de leur alimentation. Quels que soient leur âge, leur origine ou leur lieu de vie, ces nouveaux adeptes des œufs maison sont unanimes : les poules ont transformé leur quotidien. Dans ce livre je vais vous donner des clés pour démarrer une mini ferme avec une paire de poules. Ensuite, libre à vous d’y accueillir d’autres convives !

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QUAN De o n arriv . . . e l l i v en

dans les faubourgs. « ...c’est la panique ur ibles mais on fait pe On n’a pas l’air nuis cés en ville, ça crispe na lli ga es D ! es ir aux po ils voient des œufs d an qu s ai m s… nt de les rési comme une lumière it fa ça , rs oi nd po s dans no ! ». dans leur brouillard

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De Paris à New York, les poules (re)conquièrent les villes !

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our beaucoup, les poules sont associées à la campa­ gne et leur arrivée en ville pose de vraies questions. À l’heure de l’agriculture urbaine, le vert investit les espaces disponibles, qu’il s’agisse des toits, des balcons ou des terrasses. On ne parle plus ici de bégonias ou de géraniums mais plutôt de laitues, courgettes, tomates ou herbes aromatiques. Des composteurs sont distribués, des ruches installées sur les toits,

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on découvre le potentiel inexploité d’un environnement vier­ge de pes­­ticides. Pour compléter le tableau de ces fermes d’un nouveau genre, des poulaillers privatifs et collectifs sont aménagés. On y récolte des œufs exquis, sources de précieuses pro­téines, à faible bilan carbone ! Les adeptes de ces petits coins de paradis doivent souvent faire preuve d’imagination, voire d’audace, pour créer de tels espaces en pleine ville !

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Ces écolos nouvelle génération, appelons-les « terriens » tout simplement, n’ont plus rien à voir avec les Beatniks ou autres Hippies venus des États-Unis, longtemps perçus comme des idéalistes marginaux. Désormais la nature à portée de main est associée à une forme de modernité et sa présence dans notre quotidien résulte de la quête d’une meilleure qualité de vie. Dans ces nouveaux écrins de verdure, les citadins retissent leur lien filial avec la terre sans rien renier du progrès. Coïncidence amusante, c’est également aux États-Unis que fut initié le retour du citadin à la terre. Là-bas, de grandes villes comme New York et Détroit sont devenues des Mecque de l’agriculture urbaine. Sur les toits, dans les jardins collectifs ou privatifs, des « Micro City Farms » se développent. Et devinez quoi ? Les poules prospèrent dans ce nouvel environnement ! À tel point que

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le très sérieux New York Times décrivait récemment le phénomène sous le titre : « Quand les citadins préfèrent les poules : toujours plus de jardins urbains accueillent des gallinacés. » En France, de nombreuses communes organisent des remises de poules et les animaleries investissent progressivement ce nouveau marché en pleine expansion. Il paraît même qu’on s’y attache, à ces poulettes ! Pour preuve le récit de Guirec, tout jeune explorateur français parti faire le tour du monde à la voile en solitaire… avec sa poule Monique ! Et si c’était cool d’avoir une poule ?

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L’engouement n’a rien de surprenant car la poule est loin d’être un animal aussi banal qu’on le pense. En réalité, les idées fausses sur Roussette sont nombreuses et il est grand temps de rétablir la vérité à son sujet.

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S E L U O P LES e t i s i v a l et m edica le is pe d’étudiants lyonna Récemment, un grou cadre d’un mémoire m’a interrogé dans le s poules en ville. consacré au retour de ier tous les aspects ud ét à it ta is ns co l ai Leur trav rticulier les risques du phénomène, en pa sanitaires éventuels.

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Dans les élevages professionnels, le suivi sanitaire des œufs est très rigoureux. Chez les particuliers, quelques règles sanitaires de base devront être respectées pour consommer ses œufs en toute sécurité.

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ors de la soutenance à l’hôtel de région, une table ronde réunissant les acteurs locaux concernés par la question devait avoir lieu et bien qu’ayant participé à l’étude, je n’étais curieusement pas convié. J’allais rapidement comprendre que le débat était réservé aux « experts » introduits, au premier rang desquels les élus, les associations environnementales et les servi­ ces vétérinaires. En tant qu’entre­preneur je n’avais manifestement pas voix au chapitre,

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comme si entreprise et écologie n’étaient pas compatibles. Sur ce point, s’il est incontestable que l’approche strictement « business » de l’agro-industrie a eu des conséquences désastreuses sur l’environnement (le récent mariage de raison entre Monsanto et Bayer, donnant naissance au géant mondial de l’agrochimie, en est un exemple sinistre), espérons que les pouvoirs publics ne « jette­ront pas le bébé avec l’eau du bain » et sauront mieux valoriser les

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acteurs de la nouvelle écologie entrepreneuriale. Tout autant passionnés par la nature que ceux qui choisissent le combat militant, ils apportent me sem­ ble-t-il une pierre essentielle au nouvel édifice à construire. Malheureusement, loin de cette idée d’une association fertile entre acteurs engagés de tous horizons, la table ronde offrait le spectacle d’un débat fermé entre experts de la sphère publique. Pour le profane, il ressortait des échanges qu’avoir des pou­ les chez soi constituait un véritable risque de santé publique et qu’en l’absence d’une législation interdisant formellement l’élevage de poules chez les particuliers, il fallait au minimum encadrer voire restreindre ce type d’initiative. Au-delà du fait que le discours n’allait pas dans le sens de mon activité, j’étais atterré par cette philosophie qui n’envisageait le rapport homme/animal que sous l’angle du risque sanitaire.

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Certes, nous le verrons plus loin, certaines mesures de précaution s’imposent lorsqu’on accueille un animal à la maison. Mais n’oublions pas que contrairement au chat ou au chien, la poule ne dort pas au pied du lit ! Autrement dit, ses parasites ne passeront pas la porte. Quant aux œufs maison, quelques règles sanitaires de bon sens permettront d’en tirer un bénéfice largement supérieur aux risques encourus.

« Absent pour cause de grippe… aviaire ! »

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ous êtes parents et l’idée d’inscrire un jour ce mot d’excuse sur le carnet de correspondance de votre enfant vous terrorise. C’est vrai qu’avec sa grippe aviaire, Paulo va galérer pour s’intégrer. Et puis avec une telle pathologie, c’est toute la famille qui ris­ que d’être placée en quarantaine à Guantanamo, avec

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le chien et la tortue qui n’ont rien demandé à personne. « Et si par chance on n’en meurt pas, de cette grippe, nul doute qu’elle nous mettra en délicatesse avec les voisins pour une bonne décennie. » Allons… repre­nez vos esprits ! Il est vrai que ce n’est pas chouette, la grippe aviaire. Mais de quoi s’agit-il exactement ?

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La grippe aviaire est une maladie virale observée chez les oiseaux, comportant un taux de mortalité élevé lorsque ceux-ci évoluent dans des élevages industriels avec une importante concentration des effectifs (comme c’est souvent le cas des oies, canards, poulets, etc.). Si la plupart des virus aviaires n’infectent pas l’homme, il est arrivé que certains sous-types franchissent la barrière des espèces : c’est le cas du virus H5N1, pathogène pour l’homme et présent en Asie. À ce jour, la transmission du virus ne se fait de l’animal à l’homme

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que dans des cas exceptionnels. Toutefois le risque d’une évolution du virus vers une forme transmissible d’homme à homme ne peut être exclu et des cas analogues ont pu être observés par le passé pour d’autres virus.

Quel risque, concrètement ?

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appelons quelques chiffres pour prendre la mesure du phénomène : depuis son apparition en 2003, la souche humaine du virus H5N1 a provoqué la mort de 449 personnes dans le monde, principalement en Asie du Sud-Est, dans des régions à très forte densité de population. Dans ces zones les volailles vivent au contact permanent des humains et il n’est pas rare de les voir pénétrer à l’intérieur des habitations. Ajoutez à cela des conditions sanitaires pour le moins aléatoires et vous avez tous les risques d’une transmission à l’homme réunis.

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L’alimentation provenant des volailles n’est toutefois pas considérée à risque ; par conséquent on peut consommer les œufs, le foie gras et la viande sans problème. Enfin, même si comparaison n’est pas raison, il est toutefois utile de rappeler que notre bonne vieille grippe humaine entraîne chaque année la mort de plus de 15 000 personnes, rien qu’en France ! De tout temps les animaux se sont transmis des maladies, en particulier les oiseaux lors des migrations. De ce point de vue, la grippe aviaire n’a rien d’exceptionnel.

La salmonellose

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elle qui évoque le nom d’une recette au saumon est en fait une vilaine pathologie provoquée par la salmonelle, une bactérie potentiellement présente dans les produits d’origine animale, dont les œufs. La manifestation la plus cou-

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Ramassez les œufs tous les jours. Inutile de les laver !

rante de la salmonellose est la fameuse gastro-entérite que nous connaissons trop bien. Dans l’immense majorité des cas, cette infection est sans gravité. Le principe de précaution pousse toutefois les autorités sanitaires à en combattre les causes, en particulier dans les produits d’origine animale potentiellement pathogènes. De ce point de vue il est certain qu’un petit élevage amateur ne bénéficie pas du suivi extrêmement rigoureux d’un élevage professionnel.

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Pour éviter tout risque, il est recommandé de consommer les

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pousse aujourd’hui très loin le principe de précaution.

Règle d’or : veillez à la propreté du poulailler.

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œufs dans les deux semaines et cuits, au plat ou à la coque, la cuisson permettant d’éliminer les bactéries responsables de la salmonellose.

Attention à la psychose !

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a psychose est une maladie dangereuse et très contagieuse ! Rester vigilant sur un virus et prévenir plutôt que guérir, quoi de plus normal ! Quant aux me­sures d’abattage systématique des élevages au moindre risque potentiel… Il est certain qu’on

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Je me souviens qu’enfant, lors­­que je marchais dans les alpages en été, il arrivait qu’au détour d’une étable je boive le lait encore chaud après la traite. Pire, je consommais les œufs ramassés le matin chez la fermière sans avoir lavé la coquille… Récemment j’évoquais ces souvenirs devant une vétérinaire horrifiée qui me confiait qu’elle aurait le sentiment de mettre en péril ses enfants en leur donnant ainsi une alimentation « non contrôlée ». S’il est certain que les produits vendus en grande distribution sont très contrôlés, que dire des modes de production mis en œuvre pour les obtenir ? Sur ce point on ne peut nier la dangerosité à long terme des engrais, pesticides, antibiotiques et autres produits chimiques mas­ sivement utilisés dans ces circuits. Et si les aliments de la ferme contiennent certainement

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plus de bactéries que les produits industriels, ne contribuent-ils pas aussi de manière essentielle au renforcement de nos défenses immunitaires et ne sont-ils pas hautement nutritifs ? Il est important de mettre les choses en perspective pour bien définir la notion de dangerosité. En définitive, les risques sanitaires inhérents à tout contact avec des animaux pourront être évités si l’on respecte quelques règles de bon sens qui peuvent se résumer ainsi…

De ta poule tu prendras soin si de microbes tu ne veux point !

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oici quelques bons réflexes quotidiens si vous adoptez des poules : l Nettoyez régulièrement le pou­­­ lailler. Changez la litière de copeaux de bois située sous le perchoir (là où les poules dorment et font leurs déjections) une fois par semaine. Dans la partie pondoir, où les poules font

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peu d’excréments, vous pouvez vous contenter de retirer les fientes au fur et à mesure pour ne changer la litière de paille broyée qu’une fois par mois. Ratissez de temps à autre l’enclos extérieur où vivent les poules. l Portez des gants lorsque vous nettoyez le poulailler. l Il est déconseillé de faire des bisous à la poule. Pour une raison très simple : elle n’aime pas ça ! Contentez-vous de la regarder ; moins vous essaierez de l’attraper, plus elle sera familière. Vous pouvez toutefois la nourrir à la main si vous le souhaitez. Les précautions sanitaires recommandent d’éviter les contacts étroits auxquels nous sommes habitués avec les mammifères de compagnie. Car n’oublions pas que la poule est avant tout un animal de ferme rustique ! l Lavez-vous les mains après chaque intervention dans le poulailler (nettoyage, soin des poules, changement

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de l’alimentation, etc.) ou toute manipulation d’un animal (par exemple pour vérifier la présence de parasites). Et si vous voulez aller encore plus loin, portez des gants lorsque vous manipulez l’animal.

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Mais avant tout, gardez la raison face à la tendance « ultra hygiéniste » de notre époque ! Portée par les apôtres de l’agriculture industrielle, cette perception contribue à ériger un fossé entre l’humain et le vivant, au prétexte d’un meilleur contrôle des risques sanitaires. Or plutôt que de nous protéger, cette logique crée peu à peu un monde aseptique dans lequel nous évoluons tels des malades d’Alzheimer, en perte de repères et de mémoire face à ce qui nous a faits. Souvenons-nous que depuis l’Antiquité, la poule, à l’instar de nombreuses espèces vivantes domestiquées, contribue de ma­­nière essentielle à notre prospé­rité. Par

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conséquent, « keep cool » et souvenez-vous des paroles de Maïté : « Un peu de nerf, c’est du poulet ! »

Quel soin beauté pour ma poule ?

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n préambule, rappelons qu’un nettoyage complet et régulier du poulailler doit être assuré, au moins une fois par semaine. Si vous n’êtes pas rigoureux sur ce point, les conseils qui suivent seront inefficaces. Vous voilà averti ! Rassurez-vous, la poule n’exi­ ­ge aucun toilettage et, de grâce, ne la mettez jamais sous la douche, elle vous détesterait jusqu’à son dernier jour ! Pour autant madame est coquette et lui interdire de se poudrer reviendrait à vous couper l’eau courante. Oui, la poule se poudre, figurez-vous ! Il n’est point question ici de fond de teint ou d’un rail illicite de poudre blanche, mais plutôt d’un bain sec que madame prendra dans une cavité naturelle

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s n o s i a r s e bo n n e u q r e m r i f d’a f e l u o p e n u , no n n o c s a p t s e ce n’ sà : vous ne jouerez pa Disons-le d’emblée s lle ne vous suivra pa E e. ul po e un ec av Puissance 4 ent au fond du jardin m ge sa s pa a ir n’ et en laisse s. Oui, c’est certain, pour faire ses besoin ints s une revue de ses po oi ef ut To s. ite lim s Roussette a se ulette a tant d’atouts po e tr no r ca , se po forts s’im z vite ses quelques que vous en oubliere s. lacunes intellectuelle

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Quand on récolte ses œufs, on change souvent d’avis sur les poules.

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N° 1 : 200 œufs par an… et quels œufs !

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orsque j’évoquais le goût incomparable de mes œufs maison, un ami me rétorqua : « Oui, enfin ça reste des œufs, pas de quoi en faire un plat ! » Il changea d’avis lorsque je lui fis déguster un œuf à la coque maison. « Waouh ! », lâcha-t-il. C’est exactement comme cela que vous réagirez lorsque vous cuisinerez les premiers œufs de

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vos poules. Vous verrez, cette précieuse production vous fera changer d’avis sur les poules. Vous concéderez que certes, elles n’ont pas inventé le fil à couper le beurre, mais vous le leur pardonnerez.

N° 2 : 150 kilos de déchets recyclés chaque année !

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orsque vos poules seront là, vous n’insisterez plus pour que les enfants finissent leur assiette. Vous espérerez même

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secrètement qu’ils en laissent un peu pour les poules. En effet quel plaisir de les voir se ruer sur les restes de la table avec gourmandise ! Vous vous amuserez même à préparer en famille le repas de vos cocottes. La fameuse pâtée des poules : pain sec mouillé, agrémenté de presque tout ce qui n’a pas été consommé par la famille (nous y reviendrons plus loin). Lorsque vous arrivez dans le poulailler, c’est la fête assurée ! Au bout de quelques minutes, tout a disparu, opération recyclage terminée ! Et là vous commencez à vous dire : « mais elles sont vraiment géniales, ces poulettes… ». Et quand un ami mal informé osera une remarque désobligeante sur vos poules, vous lui volerez dans les plumes tel un coq courroucé. Voyez donc, vous succombez…

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N° 3 : Roussette, alliée du jardinier !

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éflexe immédiat du fermier qui récolte ses premiers œufs : pourquoi pas un potager à présent ? Car rien n’est plus satisfaisant que de faire un festin avec la production du jardin. Sur ce point les poules sont un véritable déclencheur. Au fait, saviez-vous que leurs fientes constituent un précieux engrais pour le jardin ? Riches en azote, phosphore, calcium et potassium, elles contiennent plein de nutriments pour les plantes du potager ! Rien à voir avec les déjections des chats et des chiens, particulièrement malodorantes et potentiellement nocives pour vos plantations. À ce stade, vous éprouvez de l’admiration pour vos poules…

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N° 4 : quelle animation au jardin !

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tendu sur votre chaise longue, vous pourrez passer de longs instants à observer vos poules. Votre jardin sera pour elles le théâtre quotidien d’une véritable chasse au trésor. Cet espace vert jusqu’ici peu investi semble être une mine d’or pour ces expertes en jardinage ! Elles y trouvent tous les compléments naturels indispensables à la confection de leurs bons œufs, si bien que vous éprouverez un authentique plaisir à leur ouvrir la porte tous les matins pour les voir s’élancer avec un enthousiasme toujours intact. Voilà, vous êtes conquis. C’est officiel, vous êtes désormais un « Poule Addict » !

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N° 5 : et dire que vous pensiez que les poules étaient bêtes !

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uelques mois ont passé depuis l’arrivée de vos nouvelles copines. Au fil des échanges quotidiens, une complicité s’est tissée et vous vous êtes mutuellement adoptés. Jusqu’à ce jour d’été où votre regard sur les poules a définitivement changé. C’était une belle journée ensoleillée ; allongé dans votre chaise longue, vous contempliez la nature environnante. C’est alors qu’un gloussement familier vous extirpa de votre rêverie. Juste derrière vous, Arlette et Paulette s’étaient tranquillement installées à l’ombre. Elles auraient pu se mettre n’importe où dans le jardin, mais c’est ici, à vos côtés, qu’elles avaient choisi de se reposer. Tout simplement parce

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qu’elles s’y sentaient en sécurité. Vous avez alors commencé une conversation à laquelle elles semblaient réceptives : « Alors les filles, on se prélasse ? – Pooooot, pot poooot… – Elle n’est pas belle la vie ? – Pooot ! – Est-ce que vous avez pondu aujourd’hui ? – Pot pot, pot pooot… – Je vous aime mes poulettes, vous êtes belles vous savez ! – Pot pooot ! »

Quoi que puisse en dire un spécialiste du comportement animal, peu importe. Vous en avez l’absolue certitude : ce jour-là vous n’avez pas seulement parlé avec vos poules, vous avez échangé avec elles ! Alors désormais, gare à celui qui osera vous dire qu’une poule, c’est con.

Si, si, je vous l’assure, vos poules vous parlent !

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Nature

in the city

À l’heure des élevages industriels, la question n’est plus « qui de la poule ou de l’œuf ? » mais plutôt « qu’est-ce qu’une poule ? qu’est-ce qu’un œuf ? ». Il est temps de revoir notre rapport au vivant et de nous reconnecter avec ce que nous avons de plus précieux : notre terre. Pour cela, quoi de plus simple et de plus satisfaisant que d’adopter quelques poules ? Problème : vous habitez en ville, vous n’avez qu’un petit jardin et peur de la réaction de vos voisins. Halte aux idées reçues ! Questions pratiques, points de vigilance, choix des poules et du poulailler, alimentation et soins au quotidien, récolte des œufs… Retrouvez tous les conseils essentiels pour accueillir vos poules en ville.

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12,95 € ttc

MDS : 46371

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