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La classe Micro

La classe Micro

Jean-Luc Denéchau président de la FFVoile

Vous avez été élu fin mars 2021, est-ce que vous pouvez nous rappeler quel a été votre parcours avant cette élection ?

Mon parcours dans la voile est celui de « Monsieur tout le monde », avec des débuts en Optimist, puis du 420, de la Yole ok, du Laser… Je me considère comme un régatier du dimanche. Et puis quand mes enfants ont commencé l’Optimist, plutôt que de me morfondre sur le rivage, j’ai commencé dans l’arbitrage, puis de fil en aiguilles me suis de plus en plus impliqué dans la fédération, avec une carrière d’arbitre notamment. Cela fait maintenant un peu plus d’une douzaine d’années que je suis administrateur de la FFVoile après avoir été président de la ligue de voile d’Île de France.

Quels sont les points clés du projet politique que vous portez avec votre équipe ?

Le projet que l’on porte avec l’ensemble de l’équipe, c’est d’avoir une fédération qui soit présente sur l’ensemble des domaines de jeux de la voile, et qui vont bien évidemment de la haute performance avec l’obtention d’un maximum de médailles aux Jeux olympiques, en passant par l’ensemble du réseau compétitif et les 10 000 régates organisées par les clubs. Et puis, tout le rôle social que peut avoir la Fédération en faisant découvrir la voile à des jeunes qui n’auraient pas forcément par nature ou passion familiale, dû pencher vers ce sport. Nous avons aussi un rôle à jouer dans le domaine de l’emploi avec une action « La mer est à vous ». L’on prend des personnes qui sont éloignées de l’emploi, et que l’on va essayer de ramener vers une vie professionnelle, les aider à se reconstruire avec des formations dans le domaine maritime. L’objectif est d’avoir une fédération qui soit présente sur l’ensemble de la société, afin que la voile et la découverte du milieu nautique soient accessibles à toutes et tous.

Du côté de la régate en habitable, qui sont les élus et bénévoles responsables ?

Nous avons a un triumvirat avec Corinne Migraine, viceprésidente en charge de l’habitable, Nathalie Péberel et Bernard Bocquet pour couvrir ce que l’on appelle l’habitable en France, mais qui va de l’inshore à la course au large en passant par le match racing. C’est un spectre très large, et ils ne sont pas trop de trois pour pouvoir œuvrer sur l’ensemble de l’activité. Sur Osiris, Daniel Pillons est le pilier du système mais évidemment entouré de nombreux délégués dans les territoires et les régions, ce qui permet à cette jauge de perdurer et progresser.

Au moment où vous avez été élu, la navigation en équipage et les compétitions étaient interdites en France, après une année 2020 qui avait été largement perturbée par la crise sanitaire. Comment vont la FFVoile, ses ligues, ses comités départementaux et ses clubs, vingt mois après le début de la pandémie ?

On a la chance d’avoir un sport de pleine nature. Au niveau des clubs, ceux qui étaient

labellisés « Ecole de Voile Française », ont fait une saison d’été assez exceptionnelle. Les stages « ont fait un carton » et donc c’est très positif. Certains grands clubs qui organisent des régates, ont été plus impactés puisque nombre d’événements avaient été supprimés, mais beaucoup comme la SNT ou la SNM ont sur reporter les épreuves, et en faire de beaux événements que ce soit le Spi Ouest France Banque Populaire Grand Ouest ou la Semaine Nautique Internationale de Marseille. Et puis il n’y a qu’à voir le succès des Régates Royales à Cannes ou les Voiles de SaintTropez pour s’en convaincre. Je dirais que pour la fédération, la majorité des clubs ont su très bien réagir. En ce qui concerne les jeunes, on a quasiment retrouvé notre niveau de licenciés de 2019, mais pour les adultes, nous sommes 15 % en dessous par rapport à 2019, et donc il va falloir que l’on travaille dessus pour les « ramener ». C’est ce que font les ligues et les CDV qui ont été présents aux côtés des clubs dans les moments difficiles. Il a fallu se serrer les coudes et ça a permis de passer ce cap et cette crise qui j’espère est derrière nous.

La force d’Osiris, c’est ce contrat de confiance entre les coureurs, “ les organisateurs et les arbitres ”

C’est dans ce contexte très particulier que se sont tenus à Tokyo les derniers Jeux olympiques où la France a remporté trois médailles (deux en argent et une en bronze) en étant représentée dans neuf disciplines. Vous étiez au Japon. Que retenez-vous de ces JO et des résultats de l’Equipe de France de Voile. Quel bilan tirez-vous ?

Déjà, pour l’ensemble des présidents de fédération élus, ça va être une mandature exceptionnelle avec deux olympiades en quatre ans, dont ceux de Paris. A Tokyo - enfin Enoshima où se tenaient les épreuves de voile , ce qui il y a eu d’assez remarquable, c’est le niveau de préparation de la part des Japonais. Tout était prêt, et ça aurait été des Jeux absolument magnifiques si le public avait pu être là. Le fait de se retrouver sans aucun public était difficile pour les athlètes. Pour l’équipe et l’encadrement, nous avons réussi à conserver l’hôtel qui avait été réservé depuis longtemps, malgré les conditions drastiques sanitaires, et je pense que ça a été très positif. Ce n’était pas évident de rester confinés cinq semaines dans l’hôtel et juste sortir pour se rendre en bus à la marina. Il y a eu une très bonne cohésion d’équipe, et je voudrais rendre hommage à la fois au directeur de l’équipe de France Guillaume Chiellino et à l’ensemble des entraîneurs et du staff technique qui ont su maintenir une excellente ambiance durant la totalité des Jeux. Maintenant, à titre de président de la Fédération Française de Voile, c’est un excellent bilan. J’ai l’habitude de dire que nous avons ramené 30 % des médailles auxquelles nous pouvions prétendre, et si l’on compare à des fédérations comme celle d’athlétisme ou natation qui ont de grosses possibilités, cela veut dire qu’il faudrait qu’elles ramènent 18 médailles.

Les Jeux Olympiques 2024 auraient dû connaître l’arrivée d’une nouvelle discipline, la « course au large double mixte », qui était à la fois une belle chance de médaille et une superbe vitrine pour faire connaître au monde entier la course au large en équipage réduit et en solitaire, véritable spécialité française. Est-ce que la course au large et les autres disciplines de haut niveau « non olympiques » pourront quand même bénéficier d’un effet JO ?

Je pense que l’effet couplé JO et les médailles – je l’ai vu quand j’ai accompagné les athlètes comme Camille (Lecointre) et Aloïse (Retornaz) médaillées de bronze en 470 à la grande fête publique au Trocadéro à Paris – fonctionne forcément très bien. J’ai rencontré des gens leur demandant des autographes et leur disant « grâce à vous, j’ai découvert la voile ! » On a un effet JO qui est renforcé aussi par le fait que ceux de 2024 vont arriver très vite, et en plus chez nous ! Cela va profiter à l’ensemble de la voile, je pense aussi à la voile légère particulièrement. On a un engouement du grand public pour la course au large qui est assez incroyable. Il n’y a jamais eu autant de bateaux que sur la Transat Jacques Vabre. Les prévisions sur la Route du Rhum sont très fortes. Le Vendée Globe, n’en parlons pas ! On a cet effet qui se conjugue et qui est très bénéfique. Et j’ai envie d’ajouter que pour la course au large aux JO, nous n’avons pas dit notre

dernier mot. Evidemment, ce ne sera pas pour Marseille, mais pourquoi pas à Los Angeles en 2028 ou après !

La régate en temps compensé avec le système Osiris Habitable, qui est l’objet de ce guide, est la solution qui fait régater une grande partie des compétiteurs licenciés à la FFVoile. Les niveaux de participation sont stables et même parfois en progression. Comment l’expliquez-vous ?

Je pense qu’il y a un effet conjugué, une volonté forte de refaire de la compétition. Et l’avantage de régater avec Osiris, qui rappelonsle, est un système unique, de la régate «grade 5 » locale au Tour du Finistère en « grade 3 », on va utiliser ce système qui est un programme sans contraintes. Je dirais que c’est un simple contrat de jauge et je pense que les gens y trouvent à la fois la facilité, le moindre coût, et quel que soit le bateau que l’on ait, au moment où on l’a… pour participer voire « se bagarrer » avec son voisin de ponton de façon simple et rapide. Je crois que c’est ce qui fait l’attrait du système Osiris, et comme la jauge n’a eu cesse de s’améliorer depuis de nombreuses années, tout le monde a confiance dans ce système et s’y retrouve.

Par le passé, vous avez été président de la commission centrale d’arbitrage. La jauge et les contrôles de matériel sont essentiels en particulier lorsque les données techniques utilisées sont issues des déclarations des skippers. Comment la FFVoile agit dans ce domaine ? Est-ce qu’il y a des actions pour garantir l’équité sportive ? Est-ce qu’il y a des pistes pour innover ?

Evidemment, la fédération agit dans ce domaine. Ce qui fait la force d’Osiris, c’est ce contrat de confiance entre les coureurs, les organisateurs et les arbitres. Je pense que c’est quelque chose de vertueux. Effectivement, il y a des contrôles, mais qui mettent tout le monde en responsabilité. Donc, ça c’est parfait. Et puis pour innover dans un mécanisme de confiance, ce contrat de jauge pourrait hors saison se faire sous forme par exemple d’auto contrôle entre équipages, ce qui permettrait à chacun d’échanger sur ses bateaux, puis de donner encore plus confiance dans le système. Je pense qu’il faut que tout le monde soit acteur et navigue ainsi en confiance. Ce peut être une piste. n

Camille Lecointre et Aloïse Retornaz médaillées de bronze en 470. Charline Picon et Thomas Goyard médaillés d’argent en Planche à Voile RSX.

Bruno Finzi Président de l’ORC (Offshore Rating Council) depuis 2003

l’Italien Bruno Finzi, est le spécialiste mondial et donc la référence de l’ORC. Rencontre avec un passionné engagé.

Il a fait partie des pionniers de la course au large en équipage à la fin des années 70, disputant la seconde édition de la course autour du monde (la Whitbread) sur un 52 pieds, avant de régater au plus haut niveau durant des années en IOR, IMS et aujourd’hui en ORC. Bruno Finzi n’est pas le premier venu. Il a notamment remporté la One Ton Cup (deux fois), l’Admiral’s Cup, la Sardinia Cup (trois fois), le SORC, fait partie du staff de Luna Rossa lors de la Coupe de l’America...

Aujourd’hui à 68 ans, cet ingénieur à la retraite navigue toujours en course, mais désormais à bord de Super Yachts, évidemment jaugés ORC et sur les plans d’eau les plus réputés de la planète. Autant dire qu’en tant que marin et président de l’ORC depuis bientôt vingt ans, ce polyglotte connaît cette jauge et l’institution sur le bout des doigts. « L’ORC est une organisation indépendante créée en 1969 au sein de World Sailing la fédération internationale, et qui est en charge de la jauge offshore dans le monde entier » rappelle Bruno Finzi dans un très bon français parsemé d’anglais lorsqu’il s’agit de termes inhérents aux calculs. « Il y a 45 nations adhérentes, dont les ratings sont gérés par chaque autorité nationale à partir d’un logiciel de calcul qui permet d’établir un certificat pour faire courir ensemble des bateaux différents selon les temps compensés. »

Quatre types de rating sont attribués – l’ORC international, l’ORC Club un peu plus simplifié, l’ORC Super Yacht pour les voiliers de plus de 30 mètres, tenant compte par exemple des équipements (jusqu’aux antennes de communication) et du fardage, et enfin depuis peu l’ORC multicoques. « On voit que les multicoques de course-croisière sont de plus en plus nombreux, typés et intéressés pour régater, et il nous a semblé important de travailler sur des ratings spécifiques. Non seulement, les voiliers de course-croisière sont forcément toujours plus performants au fil du temps, mais je note aussi que le niveau de pratique des régatiers suit le mouvement. Nous devons offrir aux coureurs, qu’ils débutent ou soient aguerris une vraie équité sportive. Les performances sont entrées pour tous les angles et les vitesses de vent réels, et sont également corrélées au moment de redressement des bateaux (GZ). De fait, le logiciel tient par exemple compte du nombre d’équipiers et de leurs positions au vent. C’est indispensable. Enfin, nous suivons également naturellement de très près la

“OSIRIS s’appuie sur deux outils complémentaires, les prévisions de vitesse calculées par l’ORC, et le constat des conditions de course intégrées par son observatoire des vitesses. ”

forte expansion de la course en double, ainsi que le développement des bateaux à foils notamment. »

Quand on lui demande s’il y a une particularité voire une exception française, Bruno Finzi précise : « Oui, c’est un peu différent en France. Il y a une volonté politique je pense de faire régater ensemble le maximum de bateaux de tous types et de tout âge, et ce aussi bien en mer que sur vos nombreux plans d’eau intérieurs. Mais il faut rappeler que notre logiciel de calcul, est aussi utilisé pour la jauge Osiris. Une des composantes de l’Osiris, qui au début se nommait le HN (Handicap National) est l’ORC, et si cette jauge est très aboutie, c’est qu’elle peut s’appuyer sur l’ORC VPP, le logiciel de calcul. » Elle connait ainsi les performances des nouveaux modèles avant d’avoir attendu le constat de leur comportement. Pourtant, si l’ORC a un succès grandissant dans de plus en plus de pays de l’Est et aussi d’Asie, elle a paradoxalement du mal à exister en France. Lorsqu’on lui pose la question de savoir pourquoi il n’y a pas ou plus de régates ORC, la réponse de Bruno Finzi est sans équivoque : « En France, vous avez l’UNCL qui a mis en place depuis longtemps la jauge IRC en association avec le RORC. Et comme depuis des années, la moitié des 4 000 certificats IRC dans le monde, sont achetés par des bateaux français, il n’y a donc pas beaucoup de place pour l’ORC. En outre, le RORC et l’UNCL organisent de grandes épreuves à l’image du Fastnet, qui pour la première fois cette année, s’est achevé en France à Cherbourg… Nous avons essayé depuis des années de faire en sorte que ORC et IRC marchent ensemble main dans la main, mais cela n’a malheureusement pas bien fonctionné. L’IRC est une approche différente (le calcul reste secret ; NDLR) alors que l’ORC déployé par l’Osiris est assez transparent, et bien apprécié des propriétaires. »

Et d’ajouter non sans humour : « J’ai cru savoir qu’en France, l’Osiris est en forme olympique »! »

Forcément, on a envie de lui demander outre le travail considérable de Daniel Pillons et son équipe de bénévoles depuis des décennies, si l’apport de Luc Gellusseau, en charge du centre de calcul en France depuis quelques années, a contribué à l’évolution et plus de précision dans la jauge Osiris. Sa réponse est claire et nette : « Je connais Luc depuis de nombreuses années. Nous avons beaucoup régaté l’un contre l’autre, notamment en One Tonner. C’est très important de bien connaître les bateaux, les performances, la régate… et c’est bien sûr le cas de Luc, qui a été un adversaire très coriace. Outre le fait que c’est un grand champion de

Bruno Finzi président de l’ORC.

voile, il a la capacité d’avoir très vite parfaitement maitrisé le logiciel, et a été d’un grand apport… » Bruno Finzi tient à préciser : « L’ORC est une organisation de services, dont notre président honoraire est le Roi Harald V de Norvège, longtemps grand régatier. L’ORC n’a pas vocation à gagner de l’argent. Tous les délégués de chaque pays contribuent à modifier et faire évoluer les règles. La très grande majorité est bénévole, moi le premier, et seules douze personnes dans le monde sont rémunérées pour la recherche et le développement. » Et de conclure : « J’espère vivement que des équipages français viendront participer au championnat du monde ORC en juin 2022 en Sardaigne, et que l’on va voir s’organiser des épreuves chez vous. » n

L’ORC en quelques chiffres

1969 : Année de naissance de l’ORC 45 : Le nombre de nations adhérentes 12 : Le nombre de spécialistes des calculs rémunérés 12 000 : Le nombre de certificats ORC soit trois fois plus que l’IRC 6 à 25 nœuds : La gamme de vitesses du vent réel sur lesquelles sont élaborés les ratings via le logiciel de calcul ORC VPP 52 à 150 degrés : La gamme d’angles du vent réel sur lesquels sont élaborés les ratings via le logiciel de calcul ORC VPP 22 au 30 juin 2022 : Les dates du championnat du monde ORC à Porto Cervo (Sardaigne)

Alain Barazer Skipper d’un bateau d’entreprise

Technicien en composite dans la construction navale, Alain Barazer est un marin confirmé ayant notamment navigué avec Jean Le Cam, Roland Jourdain et Michel Desjoyeaux. Il est également formateur à l’INB (Institut Nautique de Bretagne) à Concarneau.

« J’ai plusieurs casquettes ! » explique en préambule Alain Barazer, bien connu sur les pontons finistériens et morbihannais, ou encore sur les lignes de départ des grandes classiques bretonnes. Mioctobre, il a disputé son 35ème Spi Ouest France Banque Populaire Grand Ouest sur 42 ! Il est notamment le skipper d’un bateau appartenant à une banque régionale (le Crédit Agricole du Finistère ; ndlr) ayant également financé Jean Le Cam lors de ses derniers Vendée Globe. « C’est un JPK 1080 jaugé uniquement Osiris et qui a été acheté il y a trois ans à Saint-Malo. Auparavant, nous louions le bateau du chantier, Courrier du Léon avec lequel JeanPierre Kelbert le patron du chantier, a notamment gagné la Transquadra Solo. »

L’équipage est uniquement constitué de salariés et administrateurs de la banque, et c’est cette dernière qui décide du calendrier des courses : quasiment toutes les épreuves en Bretagne tels que le Tour du Finistère, l’Atlantique Le Télégramme, le Spi Ouest France... « Ce qui est bien avec l’Osiris, c’est que l’on peut obtenir un certificat assez personnalisé du bateau via l’ORC et le déclaratif, ou alors en prenant le temps qui est dans la table. Nous avons choisi la table tout simplement, et cela nous va très bien. » Pour régater à huit, Alain Barazer peut compter sur une vingtaine de noms pour la saison et l’équipage tourne régulièrement. « Ce sont pour l’immense majorité des amateurs, et qui n’ont pas une grosse expérience de la régate. Il y a aussi des débutants. Donc il m’arrive parfois d’être plus en mode moniteur de voile que régate, mais l’essentiel est de donner le goût, la satisfaction de bien manœuvrer… » n

Laurence Lefèvres Propriétaire et skipper d’un Sun Fast 3200s

Responsable licence STAPS parcours management du sport à l’université d’Orléans, elle régate depuis des années dans son club de Saint-Jean de Monts, et initie aussi des étudiantes à la compétition.

1Vous régatez sur quel type

de bateau ?

Après avoir fait beaucoup de Formule 18 avec mon compagnon, nous régatons sur notre Sun Fast 3200, et enchaînons nombre de courses en Vendée notamment, notre bateau étant basé à Saint GillesCroixde Vie. On régate surtout aux Sables d’Olonne, à Bourgenay et l’île d’Yeu, là où l’activité est la plus importante. En septembre, on a disputé une nouvelle course très sympa qui s’appelle la Dyonisienne. Notre bateau est jaugé IRC et bien sûr Osiris car en Vendée, il n’existe que des courses en Osiris.

2C’est compliqué de fidéliser

un équipage ?

Oui un peu. Nous avons un volant de quatre ou cinq équipiers, dont des débutants, et quand

c’est compliqué de rassembler l’équipage, on navigue à trois, voire tous les deux.

3Votre sentiment sur l’Osiris ? Je trouve que c’est une bonne formule pour permettre à tous types de bateaux de régater ensemble, mais en même temps, cela manque souvent de confrontation au contact car les tailles, programmes et performances sont très disparates. A partir du moment où l’on est trois ou quatre bateaux à marcher à la même vitesse, tout de suite, c’est plus intéressant. Le risque, c’est de « dégoûter » des équipages naviguant sur de petits bateaux et qui sont forcément derrière en temps réel. En revanche, je trouve que cette idée de devoir obligatoirement être bateau comité et pointeur une fois dans la saison, permet en outre de suivre la régate de l’extérieur et d’apprendre pas mal de choses. 4 Vous encadrez aussi des étudiants

mais cette fois sur J 80 ?

Surtout des étudiantes ! Les filles semblent plus motivées que les garçons pour progresser et je trouve ça bien. C’est difficile de naviguer à Orléans, et du coup nous sommes accueillis à l’APCC Nantes avec le champion olympique Luc Pillot.

5Que faudrait-il faire pour

qu’il y ait plus de bateaux lors des courses Osiris ?

Personnellement, je trouve qu’il manque à l’issue des épreuves une sorte de débriefing pour les nouveaux venus, permettant de « refaire la régate », décomposer telle manœuvre, mieux appréhender la tactique… et ce pour que les équipages puissent progresser et donc avoir envie de revenir. n

5 QUESTIONS À

Serge Plu Délégué Osiris Nouvelle Aquitaine

Ancien enseignant dans un collège du centre de la France, il a mis le cap à l’Ouest, et est délégué Osiris pour la ligue Nouvelle Aquitaine et les départements de Charente Maritime et Gironde qu’il partage avec Philippe Tressol.

1Comment devient-on délégué ? J’ai assez longtemps navigué au CNLR (Centre Nautique de La Rochelle) un club très actif en habitable, mais je me considère comme un régatier sur le tard. Quand je me suis installé dans l’Ouest à ma retraite, j’ai d’abord fait de la croisière avec mon First 24, puis je me suis inscrit au club des Régates de Royan et ai commencé à m’investir dans les résultats, notamment pour tout ce qui est des classements via le logiciel Freg. Puis j’ai effectué une formation d’arbitrage régional, mais je suis un peu considéré comme « le commissaire aux résultats. »

2Est-ce qui il y a eu un « effet Covid »

dans la pratique depuis la fin du confinement ?

Oui, j’ai le sentiment qu’il y a un petit effet Covid quand je vois le nombre de licenciés en augmentation. A Royan, on a un potentiel d’une vingtaine de bateaux, et à la fois des régatiers débutants et d’autres plus que confirmés. On voit de temps en temps un certain Michel Desjoyeaux, et nous avons comme membre Alexandre Ozon, vainqueur de la Transquadra 2019. Ce que je trouve également encourageant, c’est qu’il y a des jeunes qui achètent de bons bateaux. J’ai vraiment le sentiment qu’il y a un mouvement en ce sens, et également une bonne émulation entre les anciens – je pense à Bertrand Chéret – et les jeunes champions.

3Quels sont les ports où l’on trouve la plus

grande concentration de voiliers Osiris ?

Ce sont surtout Royan et La Rochelle avec ses deux clubs, le CLNR et la SRR.

4Etant beaucoup sur le terrain,

à terre comme sur l’eau, quel est votre sentiment sur la jauge Osiris ?

Quand je me suis retrouvé délégué, j’ai découvert de près ce qu’était cette jauge. Je trouve que sa plus grande qualité, c’est de pouvoir rassembler. C’est peutêtre aussi un peu l’ancien enseignant et le pédagogue qui dit ça. Bien sûr, on voit aussi des gens râler pour des broutilles de rating, et qui ne comprennent pas pourquoi ils ont un point de plus. S’ils veulent vraiment faire de la compétition, il faut qu’ils aillent en monotypie. L’Osiris, c’est de l’intersérie. Ce n’est pas une jauge parfaite, mais déjà, existetil des jauges parfaites ? Et JeanClaude Leroux ou Daniel Pillons qui sont à la tête de cette jauge ne cessent de l’améliorer.

5Justement, quel type

d’amélioration pourrait être fait ?

Je pense plus à une réactualisation et un ajustement tous les ans. On regarde si il y a des bateaux qui devraient changer de rating, on s’appuie beaucoup sur l’ORC permettant d’affiner de façon précise le handicap, notamment pour les prototypes. L’ORC permet d’affecter un coefficient qui me semble tout à fait correct, et je considère que l’Osiris reste une bonne formule pour la régate. n

Maxime Hélie Etudiant et nouveau venu en Osiris

Entraîné par Benoît Charron à Granville, ce jeune étudiant multiplie les opportunités pour régater en habitable avec son meilleur ami.

1Vous régatez en Osiris au niveau

régional et en monotype au niveau national. Pourquoi avoir choisi l’Osiris ?

Comme en monotype nous sommes sur des Open 570 ou des J 80, courir en Osiris nous permet de naviguer le weekend sur de plus gros bateaux, et c’est non seulement formateur, mais très sympa. On découvre une autre forme de régate, plus conviviale aussi à terre.

2Vous passez d’un bateau à un autre,

où vous faites maintenant partie d’un équipage régulier ?

A force de fréquenter le Yacht club de Granville, on a commencé à être invités à venir régater sur des bateaux de propriétaires très régulièrement et qui souhaitent fidéliser un équipage. Comme ça se passe bien, nous sommes de plus en plus demandés avec Thomas (Hillmayer), un très bon copain avec qui je navigue depuis longtemps. Nous nous connaissons depuis le collège et le lycée.

3Vous formez une sorte de binôme et donc

vous embarquez avec des équipages qui ne sont pas forcément tout jeunes ?

Oui c’est ça ! Ce sont des adultes qui ont entre 40 et 50 ans, alors que Thomas a 16 ans et moi 18… Ce qui est bien c’est que le Yacht Club de Granville propose à des jeunes au lycée qui est à côté de venir naviguer. Benoît (Charron) lui aussi essaye de constituer des équipages autour de 20 à 25 ans.

Sous spi en J80 pour Maxime Hélie à la barre et Thomas Hillmayer au poste de N°1.

4Vous faites quoi à bord ? Il y a deux ans, nous n’avions pas forcément de postes à responsabilité à bord, mais aujourd’hui, on nous confie de plus en plus souvent la barre, ou alors la tactique, mais on aime bien aussi être sur la plage avant. Et comme avec Thomas, on se connaît et on s’entend bien, on progresse de notre côté et avec l’équipage.

5Mais c’est intéressant sportivement

l’Osiris quand on fait aussi beaucoup de monotype ?

Oui, car déjà l’on tactique différemment, notamment avec un logiciel de navigation et stratégie, chose que nous n’avons pas en J 80. Et puis certaines régates sont plus longues, les manœuvres plus dures… On ne navigue pas à trois ou quatre, et il faut donc encore plus de cohésion. J’ai régaté récemment sur un bateau de 38 pieds sur lequel nous étions dix. C’est quand même très différent de ce que l’on connaît. n

Michel Guillot Le « couteau suisse » de Martigues

Ancien employé de La Poste dans les services techniques, il a disputé la Whitbread 1989-1990 sur le First 51 La Poste skippé par Daniel Mallé, avant de coordonner la construction du maxi ketch éponyme.

Depuis qu’il a pris sa retraite il y a dix ans, Michel Guillot passe la majeure partie de son temps au Cercle de la voile de Martigues, quand il n’est pas à la barre de Relax, son fidèle Sélection 37, avec lequel il fait aussi bien des croisières avec ses filles et petits enfants, des régates locales, voire même l’utiliser comme bateau comité de course.

De son accent chantant du midi, ce solide « voileux », ancien tourdumondiste, est aussi réputé pour son empathie que son sens marin et un goût prononcé pour le mistral. « Nous avons besoin de bénévoles pour faire tourner la baraque, et c’est important de donner de son

temps. Nous avons une formidable opportunité avec les Jeux olympiques de 2024, et sommes en train de construire une extension des locaux du club, permettant d’accueillir des équipes étrangères pour y stocker du matériel » explique Michel. « On organise un certain nombre de régates dans l’année, que ce soit en dériveur ou habitable. Ce que je trouve bien avec l’Osiris, c’est que c’est relativement facile à mettre en place, et que tu peux accueillir tous les types de bateaux. Les ratings me semblent équitables, car quand tu donnes des départs décalés, tu vois que ce sont les équipages qui ont bien régaté, qui sont devant. »

Michel Guillot reconnaît aussi qu’un des avantages d’Osiris, est de ne pas avoir besoin de repayer chaque année pour son certificat de jauge si l’on ne change pas de bateau ou de voiles. « Au club, nous avons mis en place une sorte de règle informelle et qui fonctionne bien. Assez régulièrement, chaque membre passe du statut de régatier Osiris à celui d’organisateur, en étant affecté au comité de course, ou alors comme mouilleur ou pointeur, et ce avec son voilier. Afin de respecter l’équité sportive, le bateau qui officie ce jour-là est considéré comme victorieux. C’est un peu notre salade » confirme Michel Guillot dans un grand éclat de rire. Les adhérents sont également sollicités pour donner une semaine de leur temps par saison, afin d’aider à l’organisation logistique d’un championnat de France de voile légère par exemple. n

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