Traitement
des effluents Traitement et valorisation
des sédiments portuaires Que faire des vases portuaires ? Nous engageons simplement aujourd’hui la discussion sur ce sujet. Le prochain numéro donnera la parole à des ingénieurs de différents organismes. Grosse problématique pour bon nombre de nos lecteurs, les gestionnaires de ports. Le clapage en mer étant dorénavant interdit, que faire des vases ou sédiments pompés au fond des ports ? Et surtout, peut-on les recycler ou les valoriser ?
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ous allons donc développer ce thème lors de nos prochains numéros, mais voici déjà une petite entrée en matière avec deux premiers interlocuteurs qui suivent particulièrement le dossier …Premières discussions… Il y a quelques années, nous avons rencontré un spécialiste au Service des Ports du Conseil général du Var. Déjà, il travaillait sur cette problématique et poursuit encore aujourd’hui ces travaux en étant également à l’Ecole des Mines de Douai. Sachant que de plus en plus de ports sont confrontés à l’envahissement de leurs plans d’eau par leurs vases ou sédiments, quelles solutions sont envisagées aujourd’hui ? Que faire alors des vases ou boues issus du dragage et est-il possible d’en envisager un devenir économiquement intéressant ?
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“La gestion à terre des sédiments, nous explique-t-il, est aujourd’hui une problématique majeure qui a été prise en compte dans les réflexions du Grenelle de l’Environnement et qui a fait l’objet d’un groupe de travail dédié au sein du Grenelle de la Mer. Le rapport issu de ce groupe est en cours de finalisation. Il a été piloté par la Direction de l’Eau et de la Biodiversité du MEEDDM. De nombreux projets pré-industriels ou de recherche sont actuellement en cours pour permettre l’identification des solutions environnementales, économiques et sociétales de gestion. Des voies de valorisation sont testées, en partant du principe que les sédiments contiennent des fractions sableuses et qu’il faut essayer de minimiser autant que possible le volume des sédiments qui devront être orientés vers des décharges”.
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Mais il est encore difficile de donner une échéance précise au regard de l’ensemble des acteurs et de leurs délais propres qui interviennent dans la résolution de cette problématique technique, économique, scientifique, et sociétale... Je tiens à confirmer que les Grenelles de la Mer et de l’Environnement ont considérablement dynamisé cette problématique sur tous les aspects pré-cités depuis 2 ans”. Dans les bureaux de l’Agence de l’Eau RM&C Nous nous rendons par conséquent à l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée pour connaître la genèse du projet et rencontrer l’un des ses initiateurs, Pierre Boissery. Il faut savoir que l’Agence s’est préoccupée de la pollution d’origine portuaire dès le milieu des années 1990 en engageant une réflexion spécifique pour mieux caractériser l’impact de cette activité et surtout encourager la mise en oeuvre d’actions de réduction des apports polluants à la mer. 2002, naissance du Projet Sédimar Le Département du Var était précurseur sur ces problématiques dès 2002 mais n’en faisait guère écho tout en ayant du mal à mobiliser les acteurs concernés. Pourtant, le Conseil général travaillait pour la protection du milieu marin. Aujourd’hui les projets se multiplient, grâce aux Grenelles. L’Etat soutient, oriente et dynamise les initiatives sur le sujet. Les industriels développent leur R et D, et des travaux extrêmement intéressants ont vu le jour.... En résumé, la problématique avance beaucoup plus vite et beaucoup mieux qu’il y a 8 ans.
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Sur les plans technique et scientifique où en sommes-nous dans le domaine de la valorisation des vases portuaires ou boues de dragage et des orientations se dessinent-elles ? “Techniquement et scientifiquement, reprend-il, nous sommes en phase de démonstration de la maîtrise des risques environnementaux, sanitaires et techniques des différentes filières de valorisation possibles. C’est la continuité du programme de Sédimard puisqu’il s’intéressait aux caractérisations préalables et aux essais de traitements. Comme nous l’avions écrit en 2002, on avance et nous sommes sur le point de boucler la boucle en faisant la démonstration des possibilités de valorisation. Toutes ces démarches sont accompagnées par l’Etat qui a bien pris la dimension de la problématique depuis 2 ans environ et qui contribue à cadrer les actions pour qu’elles aboutissent concrètement à des solutions opérationnelles. L’Agence de l’Eau est le moteur principal de cette problématique en Rhône Méditerranée Corse et nous apporte son soutient financier et technique. D’un point de vue scientifique, l’étendue des recherches à développer est considérable notamment pour apporter les réponses sur les filières et se poursuivra ultérieurement en complétant les travaux déjà réalisés afin d’entrer dans des processus d’amélioration de la qualité.
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des effluents Les équipements des aires de carénage, ou plus globalement ce que l’on regroupe sous l’intitulé “Port Propre”, en sont des exemples. “Au-delà de la réduction en amont des apports, nous indique-t-il, la question du traitement de la pollution présente dans les sédiments portuaires s’est posée. L’Agence s’est rapprochée du Conseil Général du Var à ce momentlà pour engager une réflexion spécifique et particulière sur la mise en oeuvre d’une plateforme de traitement des sédiments portuaires, appelée Sédimar. Cette plateforme expérimentale située dans la rade de Toulon a regroupé différents partenaires dont la Marine Nationale, la CCI et le Conseil Régional. Elle a permis au travers de nombreux travaux techniques et scientifiques de jeter les bases d’un système de dépollution de ses sentiments”.
On peut dire que l’initiative du Conseil Général et de l’Agence ainsi que les efforts des partenaires du programme Sédimar ont réussi à faire bouger les choses et qu’un horizon se dessine sur le devenir de cette pollution. “Il reste encore du travail, souligne Pierre Boissery, mais les bases de solutions techniques, opérationnelles et économiquement viables sont posées. J’en profite pour souligner l’implication des gestionnaires et utilisateurs de port comme le Département, la CCI ou bien la Marine Nationale qui a permis d’avancer de façon significative, y compris sur des éléments de connaissance fondamentale comme la toxicité des sédiments avec l’élaboration d’un protocole repris au niveau national.
Aujourd’hui, cette problématique a donc été reprise au niveau national (comme nous le disions plus haut, le Grenelle de la Mer lui a consacré un groupe de travail particulier.
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Pierre Boissery de l'Agence de l'eau RM&C
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D’un point de vue scientifique les opérateurs ont été nombreux, publics ou privés. Aujourd’hui, en Méditerranée, c’est l’antenne d’Armines à La Seyne sur Mer qui coordonne la poursuite de ce travail et qui assure la nécessaire assistance technique auprès des différents maîtres d’ouvrage”. Il est donc probable que dans un futur proche, les efforts de réduction en amont des apports (il ne faut l’oublier) et le développement des procédés de dépollution de ces sédiments permettront “enfin” de gérer cette problématique.
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Le dragage portuaire : une obligation qui impose une prise en compte environnementale. Le dragage maritime recouvre des activités multiples. Dans le milieu portuaire, il vise soit à rétablir la côte d’exploitation des chenaux et bassins existants pour permettre la navigation des navires, soit à creuser des chenaux ou des bassins pour permettre l’utilisation d’aménagements nouveaux. Si les opérations de dragage constituent un enjeu pour le développement et le maintien des activités portuaires, elles présentent également un risque non négligeable de contamination des eaux côtières pouvant affecter durablement les écosystèmes. Les ports sont le réceptacle ultime des rejets côtiers et lessivage des terres auxquels s’ajoutent les peintures antifouling, hydrocarbures et contaminants divers. Dans ces plans d’eau calmes la sédimentation de particules fines qui fixent tout particulièrement les polluants est accrue. Les pratiques de dragages consistaient encore récemment à charger dans des barges les déblais indésirables et à les clapper au large, suffisamment loin des côtes. Les préoccupations environnementales étaient secondaires. Ces boues et vases contaminées ne peuvent plus être rejetées en mer, ni à terre. Il devient donc indispensable d’identifier des filières terrestres de valorisation de ces déchets. La problématique de la gestion des sédiments marins dragués est telle que seule une solution collective peut y être apportée.
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