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CONTRIBUFISHEURS
MERCI À TOUS LES CONTRIBUFISHEURS! 3
LE DEVOIR DE MÉMOIRE. Ne partez pas en courant : je ne vous parle pas d’histoire ou de politique, bien qu’en ce moment il y a la aussi a dire. Non, simplement, je me suis retrouvé l’autre jour à déambuler seul dans le jardin de mes parents. Mon père est mort il y a un an et, à l’approche de l’été, le potager est en friche. Et au-delà d’émotions et de souvenirs personnels, je me disais qu’il était dommage de le laisser dans cet état. Mais en me remémorant mon paternel et me demandant par quel bout attaquer ce jardin, je me suis vite rendu compte que si LA personne me manquait, il me manquait aussi autre chose pour faire vivre ce bout de terre. Le savoir-faire me faisait défaut, je n’avais pas pris le temps d’écouter pour apprendre ce qu’il avait lui-même appris des autres. Inévitablement cela m’a fait penser à la situation de la pêche et aux risques qui existent à trop vouloir gommer le passé. Je suis un fervent adepte des nouvelles technologies. Elles servent grandement a la vulgarisation du savoir, je n’ai pas de doute sur ce point. Mais à bien regarder c’est notre mode de transmission des connaissances qui a changé, au détriment de la transmission père-fils par exemple. Quand je vois des groupes de passionnés rejeter en bloc sans discernement ni discussion d’autres groupes de pêcheurs, je me dis que nous progressons mais que nous régressons. La connaissance est la clef pour comprendre et appréhender les choses. La pêche n’échappe pas à ça, il est donc important de connaître pour avancer, créer et justement ne pas reproduire. Attachons-nous donc à continuer à transmettre nos expériences et à écouter celles des autres (ainés ou pas) car demain ils ne seront plus là pour en parler. J’aime voir Monsieur Ange PORTEUX dans les couloirs d’un salon de pêche sportive et parler sans relâche. J’aime savoir que mon fils de 16 ans est suffisamment curieux sans être vraiment pêcheur pour traverser la France avec FishMe et écouter des hommes (Enzo, lui, dit «le man») comme Arnaud De Wildenberg. Mais j’aime aussi ces pêcheurs anonymes loquaces rencontrés partout au bord de l’eau et qui vous livrent une astuce que vous ne connaissiez pas. Alors je le dis haut et fort, n’ayons pas peur, cultivons cette diversité car les dogmes sont dangereux. Longue vie a FishMe!
FishMe Magazine : tirage à 10.000 exemplaires. Editeur : ARTGRAFIK EDITION, SAS immatriculée au Registre du Commerce de Saintes sous le numéro SIRET 80253729000016 et dont le siège social est situé au 16 rue René de Réaumur à Vaux-sur-Mer (17640). Directeur de publication : Nicolas Didier Rédacteur en chef : Enzo Minardi Imprimeur : Campher Artes Graficas – 39611 Guarnizo Date du dépôt : avril 2014 - ISSN : en cours d’attribution Adresse de contact : jf.fishme@artgrafik.fr Pour exercer un droit de réponse : contacter Artgrafik Édition au 16 rue rené Réaumur 17640 Vaux sur Mer ou par téléphone au 09 75 92 11 03 Merci à Alain Didier pour son temps et son aide précieuse.
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SOMMAIRE LE FISH A AIMÉ
LA SELEC’ FISHME 393 EN 3 BROCHETS
BIG FISH LE PAYS BASQUE
OFFISH DU TOURISME
CAP À L’OUEST (2E PARTIE)
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MOUCHE A FISH
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WORLD PREDATOR CLASSIC
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COMPETI’FISH 106 LES IMAGES SUBAQUATIQUES DE BENOIT QUEGUINEUR
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DIAPORAFISH 116
LA RECETTE DES FRÈRES IBARBOURE
VICTOR NOWAKOWSKI
AU FOND DE LA MANGROVE GUADELOUPÉENNE
WATER WOLF LA NOUVELLE CAMÉRA QUI FILME SOUS L’EAU
FISH’N THAÏ
NJ MASTIO
MASTERFISH 28
FISHART 122
EXOFISH 32
FISHEYE 126
CATFISH 40 NAMIBIE
PERE ET FISH MUSKY FISH TRIP
FISHONS LE CAMP LA PÊCHE À VUE AVEC NICOLAS CADIOU
FISHE TEKNIK 1 DES FISHS ENCORE DES FIIISH
FISHE TEKNIK 2 REVISITE DU PLOMB-PALETTE
FISHE TEKNIK 3 LA FRAIE DES BASS
FISHE TEKNIK 4 LE COREGONE AU LAC DU BOURGET M. MAISTRELLO
COURS DE FISH LA CARPE À LA MOUCHE
CARPE DIEM
LA FISHEUSE DU MOIS 130
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LA SELEC’ FISHME
PAR LA TEAM FISHME Nous vous présentons ici, chers lecteurs, les leurres que la team FishMe a pu tester avec succès ces derniers mois...
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BIG FISH
393 EN 3 BROCHETS TEXTE ET PHOTOS KEVIN HERNANDEZ
Il y a des sorties qui marquent une vie et celles-ci en font partie. Instant précis où ce n’est plus du sang, mais de l’adrénaline pure qui coule dans nos veines, moment riche et précieux de partage entre père et fils. Le regard complice qui en dit long sur l’exploit... mais non, ce n’est pas un rêve...
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Après une nuit de travail bien chargée, je me retrouve vite en train de préparer le bateau, car mon père va arriver d’une minute à l’autre ! Pas de repos, j’enchaîne la journée de pêche après 12 heures de travail, ça va être dur, mais ça vaut le coup, car je pense tenir un plan de pêche à gros poissons.
Cool, ce n’est pas métré, mais pour un premier poisson en casting, c’est parfait. Dans l’après midi, alors que ma nuit de travail commençe à me rattraper, j’entends « J’en ai un »! Eh oui, la canne est sacrément pliée et cette fois, ce n’est pas le même gabarit de poisson. Histoire d’en rajouter un coup pour faire monter la pression, j’annonce même : « Là, c’est très gros! ».
Il arrive sur le coup de 9h et nous n’avons plus qu’à nous rendre à la mise à l’eau. Il était déjà venu l’année dernière, mais en trois journées nous n’avions fait qu’un seul brochet très modeste, car je n’avais pas su trouver la parade. Ces temps-ci, la pêche est très compliquée, c’est en moyenne deux ou trois touches par jour pour 12h de pêche. Autant dire qu’il faut être à fond en permanence sous peine de passer à côté. De plus, j’ai deux missions pour cette session de 3 jours qui nous attend.
Le frein chante, la canne vibre et rentre dans l’eau sous les assauts répétés du poisson, toutes les notes de la musique des géants sont là ! Je finis par l’épuiseter dans un cri de joie. C’est un 120+ ! Le passage sur la table de mesure ne trompe pas, c’est un 125 cm pour 13,8 kg. Ça, c’est un vrai grand poisson, bravo à toi, mon père, tous les objectifs sont validés dès le premier jour.
LE FREIN CHANTE, LA CANNE VIBRE ET RENTRE DANS L’EAU SOUS LES ASSAUTS RÉPÉTÉS
Le lendemain, le temps a bien changé, c’est gris et très venteux. Après le traditionnel passage en boulangerie, nous arrivons sur l’eau où les vagues sont déjà belles. Ça va être sport ! Les heures passent sans que rien ne bouge jusqu’à cette petite touche sur un long lancer à plus de 50 mètres du bateau. Le ferrage a porté et le poisson nage tranquillement en diagonale jusque sous le bateau. Il semble gros et, une fois à l’aplomb, j’ai vite vu que je ne pouvais pas le monter comme je l’espérais. Il se déplace en puissance comme un silure et les démarrages sont si violents que la canne rentre dans l’eau à chaque fois.
La première et la plus importante, c’est de réussir à lui faire capturer son premier brochet métré. La seconde, c’est de lui apprendre à pêcher en casting! L’apprentissage du casting ne devrait pas prendre trop de temps car cela fait déjà près de 10 ans qu’il regarde notre matériel, lui qui est toujours resté en spinning. Il sait de quoi on parle, il a déjà entendu tous les mots techniques et, à ce jour, seul l’acte de lancer est manquant. Après 1 heure d’explication, de réglage puis d’explication concernant l’utilisation des leurres et leurs évolutions sous l’eau, c’est parti !
Mon frein est très serré et la tresse sort comme si c’était facile, ce géant remonte le courant ! J’annonce probablement un 130+. Entre les vagues, le vent et le courant, j’essaie de gérer le combat d’une main et le moteur électrique de l’autre. Pour une fois, je subis vraiment un
Mon plan pêche se valide par la présence de beaux sujets qui ne semblent pas encore actifs. Sur le coup de midi, mon père prend une touche et son ferrage a été efficace, ça combat... Un brochet sympa arrive, 94 cm !
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combat et le stress monte... A côté, mon père observe la scène et sait très bien que je ne souhaite pas d’aide, je dois me débrouiller seul jusqu’à la fin. A quelques mètres du bateau, ce géant crève la surface, c’est bien un 130+ et il repart de plus belle. J’arrive finalement à le refaire monter et il glisse dans l’épuisette ! Quelle joie ! J’en prends le plus grand soin et nous faisons vite, ce géant accuse 133 cm pour 17 kilos et devient mon nouveau record personnel. C’est sur le tapis de réception que nous prenons vraiment conscience de la taille du brochet, c’est énorme ! Cinq photos sont prises et hop, à l’eau, sous l’œil d’Arnaud Fileppi qui passait nous voir. Observer un poisson pareil regagner son élément est un moment si particulier! Nous avons le pouvoir de décider de la vie ou la mort, mais quel bonheur de ne pas briser la chaîne de la vie !
vagues un peu moins hautes. Les dérives sont compliquées et de plus les perchettes sont très nombreuses sans qu’il y ait d’échos de brochets visibles à notre passage. Je suis au Giant Ripple 20 cm, ma valeur sûre depuis deux ans et à 25 mètres du bateau, touche ! Au ferrage, ma Véritas est restée terriblement cintrée en arrière sans que le poisson bouge ! Aie, c’est le type de touche typique que l’on ne retrouve qu’avec les silures, quand rien ne se passe après le ferrage. Par expérience, je sais qu’il n’y a aucun obstacle sur la zone, donc c’est forcément un poisson. J’augmente la pression en moulinant en force pour finir d’ancrer les hameçons et un gros combat commence. Ma Véritas est en deux et je sens que je suis en limite de rupture. J’ai pourtant de la tresse en 25 centièmes, une pointe en fluoro 40 centièmes Trilène et un bas de ligne en 90 centièmes Big game. D’habitude, je me sens largement en position de force monté comme ça, mais cette fois j’ai l’impression d’avoir en main un fleuret monté avec du fil à coudre....
A QUELQUES MÈTRES DU BATEAU, CE GÉANT CRÈVE LA SURFACE, C’EST BIEN UN 130+
Suite à ce poisson de l’espace, j’avoue avoir eu du mal à me remettre en action tant les appels ont été nombreux. J’ai repris un poisson modeste, mais qu’importe, la journée est gagnée, même la saison ! Jusqu’au moment de fermer les yeux je suis resté traumatisé par ce poisson, traumatisé de voir ce que pouvait devenir un brochet.
Comme la veille, je galère à maintenir le cap du bateau tout en gérant le combat. En plus de ça, j’ai l’épuisette entre les jambes, prête à recevoir la bête à tout moment. Nous ne le voyons pas, il sonde sous le bateau et, avec deux moteurs de part et d’autres, je suis obligé de faire certaines acrobaties pour m’en sortir. Je sais que c’est un plus de 120 cm, mais combien ? A nouveau un 130+? L’idée d’un doublé me traverse l’esprit, aussitôt rattrapé par la pression que m’impose ce poisson. Je suis confiant en mon montage 360° sur le Ripple Shad et je sais que, si le poisson est bien piqué, il n’y aura pas de décrochage bête. Je pompe le poisson et j’ai
Le lendemain matin encore, dès mon réveil, il a fallu que je regarde à nouveau ces photos pour être sûr que je n’avais pas rêvé. Les photos sont bien là, les messages des copains aussi, c’est extra! Motivé comme jamais, je réveille mon père pour cette dernière journée, il va falloir mettre le paquet. Rapidement sur l’eau, c’est encore plus démonté que la veille et nous devons chercher une autre zone avec des
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réellement peur de le perdre, d’autant plus que je ne l’ai pas vu. Des milliers d’heures à les chercher, je me dois de réaliser une chaîne d’actions parfaites, je n’ai pas le droit de faire la moindre erreur. Je continue à garder une pression terrible et il finit par crever la surface au milieu des vagues ! C’est monstrueux… Au premier passage de l’épuisette, j’arrive à le faire rentrer et là, ce n’est pas un cri, mais un hurlement de bête qui est sorti de moi, mélangé à des larmes de joie. Deux coups de téléphone pour des co-
ON LE MESURE, ON LE PÈSE, LES CHIFFRES DÉPASSENT NOS ESPÉRANCES : 135 CM POUR 22 KG! pains à côté, et tout le monde arrive en un rien de temps pour voir ce poisson de folie ! On le mesure, on le pèse et là, les chiffres dépassent nos espérances ! 135 cm pour 22 kilos, un véritable brochet spécimen ! Une petite séance photo, car je suis trop pressé de le relâcher et je ne veux prendre aucun risque. Une fois dans l’eau, il n’a pas traîné à repartir pour notre plus grande joie à tous ! Je n’en reviens pas d’avoir réussi un tel exploit, je suis sur mon petit nuage et je me sens léger avec des images plein la tête. C’est une sorte d’aboutissement, après des milliers d’heures à essayer de comprendre un lac difficile. J’ai trop d’amour en moi pour ces brochets géants et ces grands espaces. Ils me fascinent, influencent mon style de vie et réussir à les toucher du bout des doigts avec humilité et respect est un moment unique dans la vie d’un pêcheur. Je suis très heureux que ces gros spécimens aient été partagés avec la présence de mon père à bord, c’était incroyable. Trois poissons de rêve au bateau, je n’en suis pas encore satisfait, car il faut à présent viser plus haut, mais je sais que je n’en reprendrai peut-être jamais d’aussi gros. Ce qui est sûr, c’est que, tant que l’eau coulera, je continuerai à chercher sans rien lâcher !
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OFFISH DU TOURISME
TEXTE MATHIEU DE AIZPURUA - PHOTOS ENZO MINARDI
Une terre, un peuple, une langue et des traditions, voilà en quelques mots la définition du Pays Basque, appelé ici Euskal Herria...
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EUSKAL HERRIA, UN PAYS AUX MULTIPLES FACETTES D’une superficie de 20500 km², il compte 3 millions d’habitants. A cheval entre la France et l’Espagne, le Pays Basque s’étend de la chaîne des Pyrénées au golfe de Gascogne. La montagne, bien installée, forme la frontière franco-espagnole, et partage les sept provinces constituant le Pays Basque. A quelques encablures de là, l’océan
LORS DU DERBY BASQUE, LE PAYS BASQUE TOUT ENTIER S’ARRÊTE, 80 MINUTES INTERMINABLES. et ses falaises vertigineuses, ses plages de sable fin et la baie des corsaires qui affiche plus de 2000 ans d’histoire. Pour les aventuriers, dans les terres, entourées de collines douces, vous rencontrerez des troupeaux de brebis et des pottoks (un petit cheval basque). Pour les sportifs, le Pays Basque est une terre de rugby, compte deux grandes équipes de rugby, BAYONNE ET BIARRITZ. Lorsqu’elles s’affrontent, lors du derby basque, le Pays Basque tout entier s’arrête, 80 minutes interminables. Le Pays Basque est aussi une terre de gastronomie, de nombreuses spécialités en font sa réputation, comme l’axoa, la piperade, le jambon de Bayonne, le piment d’espelette, le fromage de brebis. Amateurs de pêche en mer ou en rivière, du bord ou en bateau, vous trouverez votre bonheur au Pays Basque...
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SOCOA, QUARTIER HISTORIQUE Situé entre Ciboure et Urrugne, le quartier de Socoa et son fort sont un passage obligatoire. Son histoire commence sous Henri IV. Afin de protéger le cité des corsaires (Saint-Jean-de-Luz), il souhaitait construire un fort. Celui-ci ne verra le jour que sous le règne de Louis XIII. Il repoussa de nombreux assauts. Bien des années plus tard, un nouveau problème apparut, la conquête de la mer. Lors des violentes tem-
L’IMPACT DES VAGUES SUR LES DIGUES PROPULSE L’EAU JUSQU’À 10 MÈTRES DE HAUT pêtes d’hiver, les maisons du rivage étaient détruites, la Nivelle s’ensablait et l’eau envahissait de nombreux quartiers de Saint-Jean-de-Luz situés plus bas que le niveau de la mer. En 1863, pour lutter contre la mer, les digues de Socoa, l’Artha et Sainte-Barbe sont construites. De nos jours, lors de tempêtes, l’impact des vagues sur les digues propulse l’eau jusqu’à 10 mètres de haut. Toute l’année, des blocs de béton sont déposés pour renforcer le fort et lutter contre les assauts de la mer. Depuis les digues, de nombreux pêcheurs viennent traquer le bar (appelé louvine au Pays Basque) les sparidés ou encore les céphalopodes.
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LA PÊCHE DU THON ROUGE AU PAYS BASQUE Depuis de nombreuses années, le thon est pêché à la traîne de façon traditionnelle avec un leurre appelé le «paeta», poisson fourrage en basque. La feuille de maïs était utilisée à l’époque pour former le leurre. Dorénavant remplacée par du crin, le «paeta» est constitué d’un hameçon double monté sur une articulation de coton perlé, dite ‘artsa’ qui évite la rupture du monofilament et d’un mélange de crin et de raphia coiffés d’un octopus. Il est de loin le leurre qui a pris le plus de thons sur toute la côte basque et beaucoup continuent de l’utiliser. Cependant une nouvelle technique de pêche est en train d’exploser, la pêche au leurre sur les chasses. Les quotas appliqués depuis plusieurs années sur le thon rouge ont rapproché le poisson de nos côtes. Dorénavant, à quelques miles , ils attirent l’attention de plus en plus de monde. En abondance, le thon qui se nourrit chaque jour de 30 % de son poids, monte de plus en plus en surface pour s’alimenter et nous offre des chasses gigantesques. Il n’est pas rare de voir des
LE RÊVE DE PÊCHER UN THON AU LANCER EST À LA PORTÉE DE TOUS AU PAYS BASQUE! chasses s’étendre sur plusieurs miles, elles peuvent durer de quelques minutes à plusieurs heures. Armé d’un canne performante, de leurres à armatures solides, vous pouvez partir à la traque de cette espèce. Tout d’abord, il vous faudra trouver le poisson, ensuite approchez-vous le plus discrètement possible à une distance confortable de lancer. Attention! Appliquez-vous! Bien souvent, vous n’aurez qu’un ou deux lancers. Lors d’une touche, vous aurez droit à un rush d’anthologie, le combat commence. Bien que les photos soient très tentantes, essayez de garder le plus longtemps possible le poisson dans l’eau, car lorsqu’il monte à bord, son taux de survie diminue considérablement. Cette technique a pu voir le jour grâce à l’évolution des carbones et des anneaux. Une canne à thon est très spécifique. Contrairement à des carrangues ou à d’autres poissons exotiques, le thon ira sous le bateau, préférez donc des cannes à action plus parabolique que les cannes dites à action «de pointe». Le rêve de pêcher un thon au lancer est à la portée de tous. Plus besoin de partir à des milliers de kilomètres, vous retrouvez les mêmes sensations que lors d’un voyage exotique, en restant en France. Vous pouvez dorénavant vous éclater en spinning sur des beaux poissons la journée et vous régaler de tapas et d’un verre de sangria le soir.
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LA TRAQUE DES GROS BARS DU BORD Le Pays Basque est connu pour ses poissons pélagiques, mais on y trouve aussi de très gros bars, des monstres de plus de dix kilos sédentaires qui apparaissent le plus souvent en fin d’année. Tout pêcheur de bar rêve de son 5 ou 6 kg, mais là on entre dans le monde des vieux baroudeurs de 11, 12, voire même 13 kg. Le rêve absolu vous explosant en 30 lb au bout de 50 m de rush, mais avec une telle émotion que, même sans avoir vu le poisson, le souvenir sera inoubliable! Le Pays Basque alterne plages de sable (Anglet), zone sablo rocheuse (Erromadie) et des zones rocheuses (la corniche basque) découpées en petites baies qui permettent de pêcher même par plus de 7 m de houle. Suivant la houle du moment, vous opterez pour les zones rocheuses si le swell est plus puissant que 2 m, sinon les plages seront plus appropriées. Les plages sont fragiles, instables, les fonds se dessinent au gré des tempêtes. Elles attirent des bancs de bars venus
DANS LES ROCHERS, LES LEURRES DE SURFACE DÉCLENCHERONT LE PLUS D’ATTAQUES chasser en groupe. Optez pour des animations rapides qui déclencheront les attaques des bars fougueux.Dans les rochers, les leurres de surface déclencheront le plus d’attaques. La maîtrise d’un “walking the dog” parfait avec une houle de plusieurs mètres attirera l’attention des gros spécimens. Soyez patient, une récupération trop rapide sera immanquablement refusée par ces poissons, un pseudo sur-place semblable à une lente dérive d’un poisson blessé gesticulant pour sa survie saura déclencher une attaque. Un blank rapide et puissant assurera un ferrage adéquat, une canne de 25-30 lbs de 2,80 m sera parfaite. Le frein doit être impeccablement réglé, car dans les rochers on ne peut accompagner les rushs en courant vers le poisson.
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LES ADRESSES OFFISH DU TOURISME UN HÔTEL Itsas Mendia à Bidart : un hôtel de 15 chambres situé dans le village de Bidart et à quelques pas de la plage. Se trouvant à mi-chemin entre Biarritz et Saint-Jean-de-Luz et à 20 minutes de l’Espagne http://www.hotelbidart.com/fr/
UN RESTAURANT La table «Les frères Ibarboure» : une cuisine gastronomique, moderne et créative, les chefs Xabi et Philippe Ibarboure associent et conjuguent les produits du terroir pour «transformer vos repas en une fête gustative». http:// www.freresibarboure.com/fr/
UN MAGASIN DE PÊCHE Situé en face du port d’Hendaye, le Comptoir Maritime Basque est spécialisé dans la pêche en mer depuis plus de 25 ans. Une surface de 600 m² où vous trouverez toutes les grandes marques de matériel de pêche, d’accastillage ou de vêtements marins. Comptoir Maritime Basque à Hendaye Quai de la floride 64700 Hendaye www.allopeche.fr
OFFICE DE TOURISME DE ST-JEAN-DE-LUZ Office de tourisme 20, boulevard Victor Hugo, 64500 Saintt-Jean-de-Luz Tél : (33)5 59 26 03 16 http://www.saint-jean-de-luz.com/fr
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MASTERFISH
LA RECETTE DES FRERES IBARBOURE
RECETTE DES FRERES IBARBOURE - PHOTOS ENZO MINARDI
Denti grillé de petit bateau, couteau de plongée en persillade
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Denti grillé de petit bateau, couteau de plongée en persillade INGRÉDIENTS POUR 4 PERSONNES - 2 Dentis de 600gr - Algues dulse 30gr - Laitue de mer : 30gr
COUTEAU DE PLONGÉE - Gros couteau : 4 pièces - Tête de veau : 50gr - Câpre liliput : 10gr - Echalote : 1 pièce - Citron jaune : 1/2 - Persil plat : 10gr - 1 gousse d’ail - Huile d’olive - 1cl de vin blanc
PRÉPARATION - Lever le Denti - Quadriller le Denti au grill - Cuire au four 3 minutes à 160°
LE COUTEAU EN PERSILLADE - Ciseler une échalote - La faire revenir avec du beurre dans un sautoir, ajouter les couteaux et 10cl de vin blanc. Ceci nous sert à ouvrir les couteaux. Les enlever de la coquille et ne garder que la belle partie du coquillage. - Faire revenir 2 gr d’ail haché, ajouter la tête de veau, câpres, citron, échalote ciselée. - Bien faire revenir le tout et ajouter les couteaux taillés. Débarrasser en suivant afin de ne pas trop cuire les couteaux. Saupoudrer de persil haché et servir le mélange dans la coquille. Bon appétit !
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EXOFISH
AU FOND DE
LA MANGROVE GUADELOUPEENNE TEXTE ET PHOTOS NICOLAS CADIOU
Ce qui impressionne le plus mes amis dans ma façon de vivre ma passion, c’est à quel point cette addiction pour la pêche est devenue structurante dans ma vie. Depuis une dizaine d’années maintenant, c’est la pêche qui détermine systématiquement mes lieux et mes périodes de vacances...
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Ne me cherchez pas en décembre au Club Med de Mayotte ou en février sur les pistes de La Plagne. Moi, mon truc, c’est plutôt d’aller m’enfoncer dans la nature, avec mes cannes et mes leurres, si possible pour traquer une espèce que je ne connais pas ou pour découvrir une nouvelle technique. Je ne peux pas concevoir deux jours de temps libre sans y caler au moins une partie de pêche.
d’eau. Il y a aussi quelques individus de plus belle taille, j’en ai vu un qui devait bien faire ses 30 kilos passer sous le bateau. Ensuite, il y a le snook, cette espèce de sandre avec une gueule de bass et une caudale de carpe. J’avais aussi pour objectif de m’y mesurer, d’autant que j’avais entendu dire qu’il se pêchait beaucoup à vue, ma technique de prédilection. J’ai découvert un poisson au comportement proche de celui de mes bars bretons, à ceci près qu’il ne manque pas une occasion pour nous gratifier de quelques chandelles spectaculaires pendant le combat... un plaisir. Enfin, et même si ce n’est pas le propos de cet article puisqu’il s’agit d’une autre technique et d’un autre milieu, je voulais rencontrer les bonefishs qui peuplent les flats de l’île et tenter de les prendre à la mouche. Objectif atteint également ! En dehors de ces 3 espèces, vous croiserez aussi de nombreux barracudas, des snappers de mangrove, des raies pastenagues et encore quelques autres bêtes à nageoires qui pourraient venir goûter du plastique.
Du coup, il y a les week-ends pêche pas loin de la maison, les trips pêche de quelques jours à travers la France. Sinon, j’ai mon poisson-pilote en la personne de mon ami Stef qui cumule une centaine de voyages de pêche. Je le laisse tester et tester encore les destinations et quand il en trouve une bonne, alors je m’incruste. Je l’avais déjà fait lors de mon précédent voyage à Las Perlas, au Panama, il y a 2 ans, où j’avais découvert la puissance des carpes rouges, la beauté des poissons coqs et l’agressivité des sérioles dans le cadre d’un programme 100% leurre de surface. Cette fois, changement radical, on range les cannes de bouchers et on s’arme de nos petits fleurets, on va pêcher en finesse dans peu d’eau au milieu de la mangrove guadeloupéenne.
ON VA PÊCHER EN FINESSE DANS PEU D’EAU AU MILIEU DE LA MANGROVE GUADELOUPÉENNE
Ce qu’il faut comprendre avant tout dans cette pêche, c’est la richesse de la mangrove et l’importance de cette bande de quelques mètres dans la pêche qu’on va pratiquer. La mangrove est constituée de palétuviers, ces arbres étranges qui conditionnent l’essentiel de la vie sur les bordures. En effet, les palétuviers ont un système racinaire aérien dans lequel l’eau de mer s’infiltre comme dans un véritable labyrinthe au gré des marées. Cette zone baignée par quelques centimètres d’eau peut atteindre plusieurs dizaines de mètres de large. Le réseau de racines se densifiant au fur et à mesure qu’on y pénètre, on comprend aisément que de nombreux alevins, petits poissons et crustacés y trouvent leur refuge. C’est très clairement le garde-manger de la zone et fort logiquement l’endroit où l’on va retrouver le plus de pré-
Outre les récits de Stef à propos de ses 3 précédents voyages là-bas, ce qui m’a décidé à y aller, c’est la présence sur place de 3 espèces de poissons qui me faisaient rêver et que je n’avais pas encore eu l’occasion de rencontrer. Commençons par citer le tarpon, cette espèce de grande sardine magnifique qui saute dans tous les sens et qui est réputée pour être très difficile à ferrer correctement tellement sa gueule est dure. En Guadeloupe, on rencontre surtout ceux qu’on appelle les babies : des jeunes tarpons de quelques kilos qui sont bien présents et colonisent frondaisons et arrivées
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dateurs, souvent positionnés à la limite des premières racines, à l’affût ou en maraude à l’ombre des frondaisons. C’est donc l’endroit où l’on va pêcher l’essentiel du temps.
tits poissons nageurs, l’essentiel va se passer avec des leurres qui s’accrochent peu et avec lesquels on va pouvoir peigner sous les branches à la limite des racines. Globalement, on peut considérer que c’est le domaine des leurres souples (on a essayé sans succès rubber jig, spinnerbait et chatterbait). Ce qui va être le plus perturbant pour un pêcheur habitué aux pratiques métropolitaines, c’est la petite taille des leurres que vous allez utiliser. Ceci s’explique simplement par la taille, petite elle aussi, de l’essentiel des alevins qui peuplent la mangrove et constituent le repas de nos carnassiers. J’ai fait l’erreur de partir avec un trop gros stock de leurres de 12 à 20 cm et trop peu en dessous de 10 cm. A mon avis, c’est sur les leurres de 7 à 10 cm qu’il faut vraiment avoir de la came. Les formes de shads et de slugs sont efficaces toutes les deux. Pour notre part, on a eu d’excellents résultats au one up shad de sawamura et au hazedong de megabass. Pour les couleurs, prenez vos classiques, mais chargez en blanc, c’est la base incontournable.
J’avais bien compris ce principe avant de partir et c’est d’ailleurs l’attrait pour cette pêche technique et précise proche de celle que je pratique en eau douce en France qui m’avait décidé à choisir cette destination. Mon habitude de ce type de prospection m’avait aussi fait réfléchir au type d’embarcation sur laquelle pêcher qui revêt une importance énorme dans la qualité et la vitesse d’exploration. Sur ce point-là, il n’y a pas eu photo. Matthieu Gentilhomme dispose de l’outil parfait avec son skiff qu’il guide depuis sa chaise au moyen d’une longue perche de poussée. Les déplacements sont rapides précis et discrets, Matthieu, placé en hauteur, bénéficie d’un angle de vue idéal et repère de nombreux snooks et autres tarpons qui passent inaperçus aux yeux des pêcheurs positionnés en contrebas sur la grande plate-forme avant du bateau. L’excellente réputation du guide et sa grande expérience du secteur finiront de convaincre les indécis... c’est de toute évidence avec lui qu’il faut aller pêcher la mangrove en Guadeloupe.
À TOUT MOMENT, ON PEUT TOMBER SUR DES POISSONS PUISSANTS DE PRÈS DE 10 KG
Passons à l’hameçon. Il devra être solide, car on ne pêche pas des chinchards ou des perchettes... à tout moment, on peut tomber sur des poissons puissants de près de 10 kg qu’on pique à proximité des racines. Hors de question qu’ils aillent dedans... il faudra bloquer leur rush et pour ça, il nous faut un hameçon solide. Solide certes, mais petit, car je vous rappelle qu’il faudra armer des leurres d’à peine une dizaine de centimètres... sur ce point, il n’y a pas d’autre solution que d’opter pour le haut de gamme. On arrive fort logiquement ensuite à parler de la plombée, problème central s’il en est, puisqu’on va pêcher majoritairement dans moins d’un mètre d’eau et que les espèces qu’on cherche refusent généralement les leurres posés sur le fond. Disons qu’on va surtout utiliser des plombées de 2,5 à 5 g, sur
Parlons un peu du matos de pêche, car si vous y allez, vous allez vous rendre compte que le cocktail explosif entre la spécificité du milieu et la puissance des poissons va vous pousser à faire des choix difficiles. Ça pourrait même aller jusqu’à vous amener à vous taper la tête contre les racines (heureusement tendres) des palétuviers. Commençons par les leurres : s’il est intéressant de prendre quelques leurres de surface et quelques pe-
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lesquelles on va chercher du piquant, de la solidité et une bonne ouverture de l’hameçon. Franchement, c’est quasiment une équation impossible. Sur les conseils de Matthieu, on a surtout utilisé le modèle bachi head SV 67 de Decoy en 3,5 et en 5 g qui semble être la tête plombée « la moins mauvaise » sur le marché pour cette pêche. On a eu la chance de ne perdre aucun poisson du fait d’une tête qui se serait ouverte, mais on a vraiment flirté avec la limite à plusieurs reprises. Parmi vous, chers lecteurs de FishMe, il y a sûrement des petits malins qui croient pouvoir régler le problème au moyen de leurs hameçons texans. Vous nous prenez vraiment pour des buses ? Bien sûr qu’on a essayé ! J’en avais des boîtes pleines, du bon gros worm 13 fort de fer pour les pêches d’extraction, avec les petits inserts tungstène et tout et tout. Le problème, c’est les tarpons... déjà que sur un hameçon exposé, c’est très difficile à piquer... alors sur un hameçon texan, ça devient un véritable défi. Bref, prenez vos hameçons texans, ça vous servira pour pêcher le snook, mais pour le tarpon, ce n’est pas la solution.
PRENEZ VOS HAMEÇONS TEXANS, ÇA VOUS SERVIRA POUR PÊCHER LE SNOOK , MAIS POUR LE TARPON, CE N’EST PAS LA SOLUTION. Continuons notre tour du matos en parlant de la ligne. Première chose : il faut pêcher en tresse et bénéficier de sa raideur pour ne rien perdre sur les ferrages des tarpons et pour sortir les poissons des racines... on va essayer d’employer une tresse fine et dotée d’une bonne glisse qui aidera à lancer nos petits leurres tout en restant assez solide pour combattre en force quand c’est nécessaire. Une bonne tresse japonaise en 8 brins et en PE 1.2 (si vous êtes joueur) ou 1.5 fera bien l’affaire. Nouvel élément matériel et nouveau nœud au cerveau avec le bas de ligne qu’on pourrait imaginer relativement fin de façon à bénéficier de discrétion pour les pêches à vue, mais aussi pour ne pas entraver la nage de nos petits leurres (en particulier les slugs) montés sur nos petites têtes plombées. Ça serait oublier que les tarpons comme les snooks ont des petites dents très râpeuses qui viennent à bout des fluoros en quelques secondes. Ça serait aussi oublier la présence de tous ces petits barracudas qu’on ne cherche pas, mais qui sautent sur nos petits leurres souples à la moindre occasion. Un 70 centièmes est un minimum, 80 c’est mieux. Oui je sais, devant un leurre de 3 pouces et une tête de 3,5 g c’est pas très naturel... mais si vous voulez prendre du poisson, c’est comme ça que ça se passe. Finissons par l’ensemble canne/moulinet. On va à la fois devoir cibler une puissance de lancer faible et avoir du coffre pour rester maître du combat face à des gros poissons. A mon avis, la canne qui offre le meilleur com-
promis est une 7/21 g de puissance M associée à un moulinet en taille 2500 ou 3000. Ceux qui pêchent en baitcasting (encore mieux en baitfiness) et maîtrisent bien skipping et pitching devraient aussi amener un combo, j’ai vraiment regretté de ne pas l’avoir eu. Idéalement, vous prendrez aussi une canne plus puissante (30/40 lb) avec un moulinet en 5000 chargé en tresse de
CEUX QUI MAÎTRISENT BIEN SKIPPING ET PITCHING DEVRAIENT AUSSI AMENER UN COMBO PE 2.5 qui vous servira à prospecter avec des leurres plus imposants ou à faire du gros popper pour prospecter quelques spots fréquentés par des tarpons qui ont dépassé l’âge et la taille des babies. Les adeptes de pêche à la mouche ou ceux qui sont curieux de la découvrir, pourront aussi solliciter Matthieu pour la traque passionnante des bonefishs sur les flats... une autre approche et d’autres émotions qui valent également le détour. A ne pas oublier : casquette / lunettes polarisantes / tour de cou / produit anti-moustiques / veste imperméable / crème solaire / appareil photo / tongs / short Contact sur place : Matthieu Gentilhomme, guide de pêche, www.gwadafly.com
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CATFISH
FISH’N
THAI TEXTE ET PHOTOS LAURENT CHECKO
Définir la pêche… Chose pourtant simple dans un environnement immensément vaste…Observer, appréhender, tenter, tromper, capturer, découvrir (le meilleur), envisager (le pire)… la liste est longue. Pour autant, je vais la réduire au maximum sous le terme « modeler ».
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En effet, il y a une chose importante et pas forcément possible dans d’autres activités : ici, chacun est libre de modeler sa passion comme il l’entend. Certains sont des adeptes des réunions de groupes et ainsi compétiteurs avides de reconnaissance (ou pas, finalement…) d’autres choisissent de s’enfermer dans un monde à part, souvent limités à une espèce (voire fixés sur un poisson !) pour n’en sortir qu’en cas de guerre (à la maison notamment)… D’autres sont de vrais “touche-àtout”, fervents adeptes de la mixité… J’entends par là, des pêcheurs sensibles à toutes les pêches, dans tous les environnements, dans toutes les conditions…
leil vient de se lever et la température ambiante frôle déjà les 30°C. Ça promet. Qu’importe, quand on veut, on peut…
Sans hésitation, ni complexe ou scrupule, je fais partie de ces derniers. Tantôt déguisé en castor à la recherche de nos plus gros cyprins… Tantôt à la mode US (casquette/lunettes/Coca/McDo), sur un bass boat traquant aux leurres nos plus agressifs prédateurs… Tantôt nageant dans des waders en mode “sauna/hammam, puis jacuzzi” à remonter les rivières à salmonidés sous le chaud soleil d’été… Tout y passe, donc, tout simplement au gré du moment, des conditions et surtout de mes envies… Cette ouverture d’esprit, si elle ne permet malheureusement pas d’approfondissement tel un parfait technicien, a le mérite d’étendre son champ d’action à de nombreuses espèces et à de multiples techniques. Heureusement, dans la pêche, tout est lié, et chaque expérience vécue pourra être utile a posteriori.
Sans surprise, les premiers lancers se feront dans l’expectative de réussir un gros coup… Trouver le leurre “qui va bien” (j’ai emporté avec moi une poignée de Berkley Ripple 11 cm, en divers coloris, ainsi que quelques Split Belly de la même marque et autres poissons-nageurs…), l’animer à la bonne vitesse, dans la bonne profondeur… Ce qui fait qu’une certaine forme d’anxiété est ressentie lorsque l’on part dans l’inconnu. Et là, en ce qui concerne l’inconnu et le dépaysement, je suis servi !
Nous sommes en place à Ratchaburi Lake… Monster Lake pour les intimes. Rien que le nom m’amuse… mais n’occulte pas la pression qui plane à présent sur mes épaules. Je voulais un red tail catfish? Eh bien, il y en a, là, “devant” moi… Il n’y a plus qu’à… Jean-François m’a donné les clefs pour obtenir “mon” poisson : à moi de ne pas le trahir, de ne pas le décevoir et surtout, de réaliser mon rêve halieutique du moment !
Pas le temps de gamberger, heureusement… Première touche, mais premier échec… En cause : le matériel, qui ne semble pas avoir résisté à mes multiples périples. Chaque chose a une fin… Aujourd’hui, il s’agit de ma canne. Heureusement, Jean-François, en vieux grand-père sage qu’il est, saura choisir les mots : “je crois que tu viens de perdre ton premier Red Tail!” dit-il, bien installé à l’ombre… Charmant… je le suspecte de ne pas me rejoindre pour me laisser dans mon jus (au sens propre comme au figuré, parce que là, maintenant, il fait vraiment très chaud… Un bon 35°C à l’ombre, s’il y avait de l’ombre…).
NOUS SOMMES EN PLACE À RATCHABURI LAKE… MONSTER LAKE POUR LES INTIMES
Du coup, toute occasion est bonne à prendre, notamment en ce qui concerne les déplacements à l’étranger. Avant tout départ en vacances, je survole la toile à la chasse aux informations: les poissons en présence, les possibilités de les pêcher, etc… En fervent amateur des pays asiatiques, c’est cette fois vers le Cambodge que nous décidons de nous diriger, non sans une escale du côté de Bangkok, en Thaïlande, dans le but de passer un peu de temps avec mon ami Jean-François Hélias, guide de pêche de son état.
Pas grave, je ne suis pas venu jusqu’ici pour me laisser abattre si rapidement. Changement de canne, de leurre et de bas-de-ligne, et c’est reparti! La déception vite digérée, le dieu de la pêche (Bouddha, pardon) semble être de la partie. Il ne me laissera pas tergiverser trop longtemps. Le leurre qui semble se déporter, une nage qui s’enraye… Pas de doute, “on” est suivi… La touche qui s’ensuit est finalement sans surprise. Pendu!
La Thaïlande est pour moi un mélange de souvenirs mitigés, ce qui est dû à un précédent voyage plusieurs années auparavant. A la joie de capturer des espèces inconnues se mêle un sentiment d’inachevé. Le cruel sentiment d’être passé si près de quelque chose… Cette fois, pas de place pour l’inconnu. Je pêcherai avec Jean-François, fort de ses 27 années passées au pays (et aux 268 records IGFA, au passage…). Nos multiples contacts précédant l’échéance m’ont permis de renouer avec un rêve enseveli: capturer l’un de ces fameux red tail catfish, et ce, au leurre, avec du matériel léger bien entendu. La Thaïlande est, entre autre, le paradis des Siluridés. Ne reste qu’à confirmer…
1 rush, 2 rushs, 3 rushs…. 6 rushs, 7 rushs! Me voilà avec 150m de tresse dehors. Pêcher de tels poissons avec un matériel plutôt light (canne Mitchell Mag Pro Extrême 7’3 de puissance 15-40g et moulinet Mitchell 300 rempli de Fireline 0,20mm) est un réel plaisir, mais il faut avoir les nerfs (et les reins) solides! Plusieurs minutes plus tard, l’heure est à la délivrance… Un magnifique spécimen se retrouve nez-à-nez avec mon épuisette. Ça, c’est fait!
Dire que nous nous sommes retrouvés au réveil serait mentir… Qui dit réveil dit coucher… Qui dit coucher dit sommeil… Rien à voir avec ce que j’ai pu vivre durant les dernières heures, donc, l’excitation aidant… Le so-
Du coup, Jean-François en profite pour me rejoindre… et pour m’achever! Il n’y a pas que des Red Tail dans les environs, mais également des Alligator Gar, des Snake-
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heads, des Giant Mékong Catfish, des Pacus (de la famille des Piranhas) et j’en passe! Pêcher tous les deux nous permettra, en plus, de passer un excellent moment, de peut-être observer d’autres espèces qu’hier encore je n’osais espérer…
Alligator Gar, une nouvelle espèce à mon palmarès! Dommage, j’en ai même touché un énorme, qui ne fera qu’une bouchée de mon fluoro 80/100 devant l’épuisette… Cette journée que j’espérais inoubliable est en passe de dépasser mes rêves les plus fous… D’autant que ce n’est pas fini, loin de là! Je vous passe toutes les “chasses” de prédateurs, toutes les touches manquées, les lignes coupées, les hameçons ouverts et les simples décrochages… Forcément, quand on se rend compte de la dentition de nos hôtes du jour… L’alligator gar est déjà impressionnant, mais que dire du fameux pacu? N’est pas Piranha qui veut… Aujourd’hui, je n’aurais pas apprécié être un leurre souple… Ou pire, aller nager à “Monster Lake” en maillot coloris “Firetiger”! Une chose me rassure toutefois… Cette fois, c’est certain, le paradis existe! J’ai des preuves, et je ne remercierai jamais assez Jean-François de me l’avoir fait visiter !
Mais dans un premier temps, je m’applique à assouvir mes besoins de red tail. Le leurre et son animation semblent correspondre, donc j’insiste… ferre et combats ! Les touches se multiplient, les prises également. J’en profiterai même pour faire participer Madame, qui n’a pas rechigné à se lever aux aurores pour m’accompagner. Je pense qu’elle s’en souviendra… La journée, je le sais déjà, restera gravée dans ma mémoire. Depuis le temps que j’attendais de capturer ces poissons! Seulement, et vous le savez aussi bien que moi, dans la pêche, nous ne sommes jamais rassasiés. Pire, aussitôt le poisson à l’épuisette, nous pensons à la prochaine touche, à cette prochaine montée d’adrénaline qui nous fera vibrer.
AUSSITÔT LE POISSON À L’ÉPUISETTE, NOUS PENSONS À LA PROCHAINE TOUCHE
Petit à petit, je modifie mon mode de pêche. Des leurres différents, des animations plus lentes, plus rapides, plus profondes ou juste sous la surface… Effectivement, je cherche à tromper d’autres espèces… Et ça marche!
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PERE ET FISH
NAMIBIE TEXTE PASCAL SAGE & FILS - PHOTOS PASCAL SAGE
Les experts nous annoncent un réchauffement climatique qui malheureusement ne rime pas forcément avec l’augmentation des journées ensoleillées...
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Maître Hélios est le fournisseur officiel de « vitamine D » fabriquée au niveau de la peau et qui permet de lutter contre de nombreux troubles comme la fatigue et la dépression saisonnière. Il naît alors dans les frimas de l’hiver comme une envie de soleil chez nos pêcheur hexagonaux. Pour ma part, j’ai jeté mon dévolu sur la Namibie, pays d’Afrique australe caractérisé par la diversité de ses paysages, où l’on rencontre la mer et sa population d’otaries, les dunes mythiques du Namib auxquelles succèdent rapidement la pure savane africaine et sa faune si spécifique. L’exotisme, oui, mais pas à tous les prix. La Namibie est avec ses 2,6 habitants au kilomètre carré (120 en France) encore l’un des pays qui permet d’éviter les va-
LA NAMIBIE EST ENCORE L’UN DES PAYS QUI PERMET D’ÉVITER LES VAGUES DE TOURISTES gues des touristes qui débarquent en Afrique en tenue de safari et appareil photo en bandoulière, au cas où les éléphants auraient décidé d’occuper le tarmac! La Namibie, c’est aussi l’okavango, fleuve qui naît et meurt dans le désert avec ses tiger fish mythiques. Quoi rêver de mieux qu’une partie de pêche au mois de décembre sous des températures souvent supérieures à 30°c, dans un cadre idyllique où les crocodiles de plus de 3 m restent stoïques aux « plouffs » de votre spinner et où les hippos accompagnent vos tours de manivelle de leurs ronronnements qui berceront un peu plus tard vos quelques heures de sommeil africain ! La Namibie aussi, car elle permet d’allier soleil, paysages et surtout le partage d’un moment en famille, bref une destination qui est devenue la mienne depuis plus de 10 ans et qui, sans nul doute, vous envoûtera au même titre que tous les gens à qui j’ai fait découvrir ce lieu devenu pour moi un véritable « pèlerinage ».
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FISHONS LE CAMP
TEXTE ET PHOTOS LIVIER SCHWEYER
Nostalgie. Au moment de coucher quelques mots sur le papier, c’est inévitablement ce sentiment qui ressurgit. Puis l’envie. Car une fois les souvenirs réapparus, une seule chose nous trotte dans la tête: y retourner. Où? Pourquoi? Pour revivre un trip fantastique qui s’apparente d’ailleurs plus à un rêve pour des pêcheurs européens, dans un pays où la pêche est sociétale, omniprésente; et à juste titre...
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La simple vision du paysage en atterrissant au Québec a de quoi donner le tournis à n’importe quelle âme sensible aux milieux aquatiques en tous genres, et plus simplement à la nature sauvage. En osant s’évoquer la potentielle faune piscicole que peuvent abriter ces marais, rivières, fleuves et lacs, on perd vite pied, tant l’immensité suggère la diversité, l’infinité et la liberté de pêche.
Comme toute expérience, elle peut être aussi heureuse que malheureuse. En prenant l’avion pour le Québec où nous attendaient les frangins spécialistes du musky, nous ne savions pas vraiment ce qui nous attendait. Seul le petit écran de nos ordinateurs nous avait permis de communiquer sans même s’être déjà vus. Certes, le feeling était vraiment bon lors de nos échanges préparatoires sur les réseaux sociaux; donc l’expérience devrait être belle, pour sûr. Voici les raisons pour lesquelles elle ne fut pas seulement bonne, mais tout simplement hors-norme.
Mais, au delà de goûter à la Nature pure (ou presque), nous sommes là pour pêcher une espèce emblématique et presque endémique à l’état sauvage : le musky (Esox masquinongi). Plus particulièrement, le gros musky, “le gros gros musky, des musky comme immenses là” comme on dit au Québec. Nous sommes, avec Karim, des traqueurs invétérés de brochets, de gros brochets notamment, en somme, nous cherchons perpétuellement LA poutre. Alors, quelle fut notre excitation quand les Muskybrothers, Dan et Manu, nous ont invités à pêcher le cousin américain de notre Esox! Celui-là même qui peut atteindre le mètre soixante, et le tout en kayak et au leurre uniquement! Les deux frères sont déjà des références locales en la matière. Incarnant parfaitement l’ouverture d’esprit qui règne dans ces contrées, ils voulaient confronter leur pratique avec celle en usage outre-Atlantique. En fait, simplement échanger, s’enrichir d’une vision différente et faire découvrir ce qu’ils font de mieux. Quelle générosité de proposer un tel trip à de presque parfaits inconnus! Sans doute la certitude que la pêche serait forcément un bon ciment pour cette aventure halieutique, mais avant tout humaine, forcément.
Le musky hante les cours d’eau et lacs nord-américains. Mais il est rare. Les spots où il vit naturellement sans soutien d’ensemencement ne sont pas légions. A tel point qu’une règle éthique est tacitement instaurée dans la communauté des pêcheurs de ce poisson mythique: seuls les spécimens de plus de 54 pouces (environ 137 cm!!!) peuvent être conservés en tant que poisson trophée! C’est dire la dimension culturelle et emblématique du musky au Québec.
SEULS LES SPÉCIMENS DE PLUS DE 137 CM PEUVENT ÊTRE CONSERVÉS
Le plus fréquemment, il partage son espace vital avec le brochet (Esox lucius) avec qui il a de nombreux points communs. Ils font partie de la même famille, les Esocidés, et mieux, du même genre, Esox. Leur morphologie est ainsi très proche. Un corps fusiforme très allongé, avec les nageoires dorsale et anale au même niveau sur la partie antérieure du corps (point d’appui natatoire pour des attaques fulgurantes avoisinant les 200 km/h!), une gueule immense en bec de canard, armée de près de 700 dents dont certaines sont affûtées comme un couteau de trappeur canadien. Seule la forme de la mâchoire inférieure (pointue chez le musky, arrondie chez le brochet), la forme de la nageoire caudale (très échancrée chez le musky, moins découpée et plus arrondie chez le brochet) et la robe diffèrent entre les 2 espèces. Le musky est légèrement tigré sur un fond vert argenté; une tenue de camouflage de toute beauté, mais non moins idéale et efficace pour ce grand chasseur à l’affût.
Nous sommes tous d’accord, la pêche est passionnelle. Lancer, caster, relancer et recaster pendant des heures est aux yeux de beaucoup complètement incompréhensible, voire même pathologique. Et pour cause, l’attente de la touche et de la décharge d’adrénaline qu’elle occasionne, la pression pendant le combat sont purement addictifs. Pour faire simple, la pêche est une émotion. Le musky est un mythe. Et quand le mythe croise le fer avec l’émotion, assurément, une expérience incroyable se dessine.
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50 pouces. En dessous, c’est du beau poisson, mais du petit… D’ailleurs, Dan et Manu nous rapportent qu’ils ne prennent quasiment jamais de petits musky (comprenez en dessous de 35 pouces, soit 90 cm). Nous nous sentons un peu ridicules avec nos pseudos big baits, mais la confiance est là.
Devant cette similitude phénotypique, et par conséquent intuitivement de mœurs, nous avons sereinement glissé dans nos bagages quelques boîtes de gros leurres européens à pike. Nous étions convaincus que nos big baits, qui nous ont offert tant de beaux brochets, marcheraient pour le musky. En vrac, et pour les plus gros, des Big Bandit de Strike pro, des 4play de Savagear, des Dexter Shad d’Illex, ainsi que les précieuses armes de Biwaa : des Seven et S-Trout King Size et des Divinatör X en exclusivité pour test.
Les leurres, c’est une chose, les cannes et les moulinets pour les lancer, une autre! Deuxième claque, les frangins nous alertent délicatement sur les potentielles séquelles de la post-pêche au musky, surtout en intensif comme nous nous apprêtons à la pratiquer. Il existe des cas de musky-elbow chez les plus chevronnés. C’est donc une pêche pour le moins sportive, au point de contracter des blessures comme au tennis! A regarder les cannes que nous allons utiliser, rien d’étonnant, des Sainte-Croix Modjo Musky. Même nos cannes pour le silure feraient pâle figure devant de telles triques! Et que dire du fil remplissant les moulins : de la tresse de 100/100 prolongée d’un avançon de 50 cm tout au plus en fluorocarbone de 130/100!!! Là, nous hallucinons complètement, mais les musky font des attaques et des combats “tellement malades, tellement violents là, violents comme indescriptibles” qu’il faut au moins ça si tu ne veux pas te faire couper ou casser. C’est alors qu’on se dégonfle, optant pour d’autres cannes correspondant un peu plus à celles que nous avons l’habitude d’utiliser: nous montons des Sainte-Croix Modjo Bass, bien suffisantes à notre goût pour lancer nos petits joujous. Assurément nous sommes dans un autre monde et les récits toujours plus enthousiastes et passionnés de Dan et Manu nous promettent des moments fabuleux. Tout est réuni pour que la pêche soit bonne.
Les premiers sujets de discussion à notre arrivée se sont naturellement cristallisés autour des destinées que nous attribuions à nos différents leurres. Partager les espoirs (soit sa vision des futures pêches) que l’on peut faire reposer sur tel ou tel bait est on ne peut plus fédérateur pour des pêcheurs à la passion commune, quel que soit leur continent. Une émulation naquit bien vite, d’autant que de bonnes bières fraîches nous attendaient pour panser le décalage horaire. Toutefois, nos naïves convictions en prirent directement un gros coup! Quelle claque quand nous avons découvert les dimensions hallucinantes des leurres utilisés par nos hôtes! Et le look tellement archaïque de certains! Nous était-il imaginable de lancer un bout de plastique armé de triple 9/0 dont le poids avoisine les 450 grammes? Pourtant, “attention les Boys, ces leurres-là, ils pognent du musky de 50 pouces (1,27 m), ce sont vraiment des leurres mentaux, les fishes sont comme malades quand ils voient ça”. Un peu ahuris, on y a pourtant cru tout de suite. Indéniablement, ces énormes engins ont un rayon d’action immense. Un poisson calé à 10 mètres du leurre ne peut pas ne pas être alerté, même au plus profond d’une sieste. De toute évidence, ces mégabaits ne sont pas destinés à pêcher du pin’s. Nous sommes bien en Amérique du Nord, les leurres sont à l’image des voitures, gigantesques, des rivières dont on ne voit pas la berge opposée, des lacs aux mensurations marines, des routes droites interminables et des petits-déjeuners à 3 œufs/bacon/saucisse et patates sautées. On ne pêche que le gros ici. L’objectif de chaque sortie est le
C’EST UNE PÊCHE SPORTIVE, AU POINT DE CONTRACTER DES BLESSURES, COMME AU TENNIS!
Nous sommes à la meilleure période possible pour le musky: la nouvelle lune d’automne. Manu nous a vivement conseillé de caler le trip sur ce moment-clé. Depuis tant d’années qu’ils pratiquent cette pêche, au-delà de la direction du vent, de la température de l’eau et de l’air, de la pression atmosphérique et j’en passe, s’il est bien un paramètre qu’ils ont clairement identifié comme
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CE QUE NOUS AVONS RAMENÉ DANS NOS VALISES... S’il y a bien 2 enseignements de la pratique de la pêche au musky assurément transposables au brochet en Europe, ce sont l’attitude devant un poisson qui suit au bateau/float tube/kayak et l’utilisation de big bait en top water. La plupart du temps, un poisson qui suit un leurre sans s’en emparer marque un temps d’arrêt plus ou moins long au droit de l’embarcation avant de replonger. Et ce, parfois à plusieurs reprises sur les lancers suivants. Nos amis pêcheurs de musky pratiquent systématiquement le “eight done”. Il s’agit de prolonger le lancer sous le moyen de navigation par un mouvement ample en huit, scion dans l’eau avec très peu de bannière. S’il n’est bien sûr pas commode de le réaliser à chaque fois et encore moins d’en avoir le réflexe lors d’un suivi, le résultat lors de sa pratique dans les deux cas de figure est sans appel. Cette technique est validée sur le musky mais encore plus sur le brochet. L’effet dans nos eaux est irréfutablement le même, encore faut-il avoir le réflexe mais surtout une forme de courage pour l’exécuter devant une poutre qui suit… L’autre leçon à retenir des techniques courantes au Québec est la non limitation des tailles des leurres et notamment des topwater de types buzzbait, stickbait ou poppers. Les pratiquants de la pêche au big bait le savent bien, la taille du leurre n’est pas un facteur limitant ni même si sélectif que ça. De là à balancer des leurres de surface de 30 cm, tout est relatif. Mais cela fonctionne bien, dans certaines situations (hauts-fonds, confluences, aurore et crépuscule) et produit indéniablement du poisson de taille supérieure.
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déterminant, ce sont les phases de lune. Les pics d’activités sont systématiques aux levers et couchers de lune et produisent de gros spécimens. Pour résumer, nous avons devant nous les 3 jours optimaux de l’année pour capturer du gros musky… Le programme est donc simple, nous allons pêcher principalement 2 spots qui abritent régulièrement de beaux spécimens en première partie de semaine. Une pause Achigans à grande et petite bouche avec Mathieu, un spécialiste en la matière, doit nous permettre de reposer nos biceps. Quoique… avec des moyennes à 50 poissons/journée à deux, nos petits muscles risquent d’être quand même sollicités! Puis nous retournerons traquer le grand musky pour tenter de finir en beauté. Nous salivons d’avance. Mais la pêche reste la pêche, avec tous ses aléas et tant que nous n’avons pas eu de touches et qu’aucun poisson n’est ramené dans les règles de l’art au kayak, nous restons dans l’expectative. Evidemment, et c’est là une manière sympathique de tester nos si accueillants guides, nous nous livrons au jeu des pronostics. Si le poisson de 40 pouces (soit la barre mythique du mètre)
NOUS AVONS DEVANT NOUS LES 3 JOURS OPTIMAUX DE L’ANNÉE POUR CAPTURER DU GROS MUSKY est une garantie absolue, Manu se livre à des prévisions beaucoup plus fines et nous annonce entre 5 et 7 poissons le premier jour, dont un ou deux vraiment jolis. Sur ces paroles réjouissantes, il est temps de se reposer, bien qu’il soit difficile de trouver le sommeil avec tant de questions dans la tête. Combien d’énormes brochets avons-nous déjà sortis avec des “petits leurres” et des cannes “légères”? Pourquoi cela ne fonctionnerait-il pas avec le musky? Ce fish fait peur, serons-nous à la hauteur? Un poisson métré garanti alors qu’il nous faut parfois des mois, voire des années, avant d’atteindre cette marque pour le brochet en rivière? Autant d’interrogations qui alimentent de plus en plus la curiosité de découvrir cette pêche. Vivement le lendemain pour que nous en décousions enfin avec le mythe! Les kayaks sont harnachés sur les barres de toit, les boîtes de leurres finement préparées, les hameçons aiguisés comme une dague de chasseur d’orignal et les quelques kilomètres nous séparant du premier spot vite avalés. Nous y sommes. Quelle extase à la découverte de la “petite rivière”, dont je tairai volontairement le vrai nom! Elle fait une trentaine de mètres de large et dégage un parfum sauvage. Un cours d’eau sain où alternent grands plats parsemés d’embâcles et de végétation et radiers immenses. Un “petit” vol de 30 bernaches du Canada décolle juste devant nous, comme pour nous saluer et nous laisser la place : c’est à vous de jouer les Boys! Mais nous voilà rendus dans un état
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infantile, au sein d’un mélange d’excitation extrême et de contemplation. Après tant de kilomètres parcourus et sans même avoir trempé un leurre ni donné un coup de pagaie, le décor qui s’offre devant nous nous laisse pantois. Juste observer. Juste profiter. Juste se dire “ça y est, on y est, c’est parti!”. Voilà l’essence même de la pêche, le bonheur simple d’être immergé dans un environnement envoûtant et d’avoir la perspective de le découvrir de l’intérieur, de l’explorer symbiotiquement.
rive sous le vent et le courant! Les leurres souples font bouger du poisson, c’est une bonne indication. “Fish owned!!” Je ferre un fish en passant un Seven King Size juste devant un herbier. C’est mon premier musky! Il n’a rien de monstrueux, il avoisine les 80 cm mais il représente tant. Soulagement, fierté et bonheur sont alors autant de sentiments qui scellent définitivement la réussite de ce début de séjour. Sans être un aboutissement, c’est une étape cruciale dans la quête du Big one. Sur le retour, Dan reprend un superbe poisson de taille identique à son premier. Cette fois, c’est un leurre typique à musky qui a fonctionné : le Thriller de Suick. Nous avons la preuve que ce rudimentaire bout de bois est un incontournable.
La mise à l’eau des kayaks est hasardeuse, c’est à moitié une découverte. D’autant qu’il est difficile de détourner notre regard des arbres automnaux flamboyants, d’autres taillés en crayon par les castors et de ces herbiers et embâcles où se cachent à coup sûr notre musky. Car la féérie du lieu à peine digérée, c’est une lecture moins poétique, plus halieutique, qui prend le dessus; l’instinct du pêcheur refait surface. C’est Dan qui nous accompagne ce premier jour. Et comme pour nous montrer la voie, pas même 5 minutes après notre mise à l’eau, d’intenses cris retentissent sur la “petite rivière”. Il tient un musky! C’est un joli fish, entre 35 et 40 pouces. Nous pagayons de toutes nos forces pour le rejoindre. Wahou! Quel poisson ! On frôle déjà le mètre ! La robe est magnifique, nous sommes contemplatifs. On admire la dextérité avec laquelle il le manipule sous son chapeau Stetson. Quelques clichés, pas même une mesure, et le musky retourne d’où il a été extirpé. Ce moment est un peu irréel tant la joie qui nous envahit est palpable. Le séjour est lancé. C’est une buck tail (cuiller énorme qui permet, en plus de capturer du musky, de diriger le kayak, de contrer le vent et même de remonter le faible courant tant son emprise hydraulique est immense) qui a leurré le poisson. Voici un premier indice, mais nous continuons à mettre à l’épreuve nos leurres.
Nous pêchons l’après-midi un spot un peu plus en amont. En parfait guide, Dan nous indique les spots prioritaires qui produisent fréquemment du poisson. Karim décroche un beau poisson, largement métré. L’attaque en surface à 2 m du kayak le laisse tremblant pendant de nombreuses secondes. Les traces de dents sur son Shad sont hallucinantes. La réussite le fuit pour l’instant, mais c’est encore un gros poisson qu’il a fait bouger. “Fish!!” Là même où Dan a déjà capturé un 48 pouces, c’est un mini musky (60cm) qui est venu arracher mon Big Bandit Drette au kayak, comprenez juste devant le kayak: une belle image. Nous nous approchons désormais gentiment des prévisions de Manu et c’est Karim qui nous fait franchir la barre des 5 poissons, toujours grâce au Dexter Shad. Et avec grande classe! C’est le premier Big fish: 45 pouces!! Un combat dantesque avec plusieurs retours à l’eau avant les photos et la mesure! Pas évident de manipuler une telle bête, lourde bestiole tonitruante, dans un kayak stable certes, mais où le moindre mouvement exagéré peut se payer par une baignade improvisée. Et il faut jongler avec les leurres qui traînent partout dans l’embarcation. Mais quoi qu’il arrive maintenant, le boulot est fait, la pression du capot est bien loin. Nous sommes tous les deux dépucelés du musky, et il ne nous reste plus qu’à profiter, à prospecter minutieusement les rives de la petite rivière pour voir le
UN COMBAT DANTESQUE AVEC PLUSIEURS RETOURS À L’EAU AVANT PHOTOS ET LA MESURE
Rapidement, Karim passe 3 minutes à titiller un morceau juste sous son kayak que Dan estime à 45 pouces. Mais le diable ne cède pas aux appels de son Dexter Shad. Frustrant, mais encourageant! Et quelle image de voir un tel pesket suivre si longtemps sous le kayak en dé-
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monstre surgir à tout moment. Nous finirons cette première journée sur un trou, 12 mètres, excusez-moi du peu. C’est le biotope que nous attendions pour mettre à l’épreuve nos Divinatör X: une fosse à pêcher en verticale. Dan s’est enthousiasmé sur ce leurre quand nous le lui avions présenté la veille: “c’est très bon, j’y crois vraiment là, ce leurre va pogner du fish” nous avait-il lancé. Et il s’est donné raison sans plus attendre. Voilà un nouveau musky frôlant encore le mètre. Comme une apothéose à cette première journée, ce poisson valide bien plus qu’un leurre.
a spécialement à retenir, c’est bien mon premier 40 up et le dernier de Karim. Combien de fois sommes-nous habités de pressentiments concrets et d’espoirs réels devant telle ou telle situation de pêche? Combien de fois, sûrs de notre coup de ligne, en passant devant un embâcle ou le long d’une cassure par exemple, murmurons-nous intimement “Allez, allez, ca va prendre, allez…”. La plupart du temps, c’est une grosse désillusion qui nous attend. Mais il y a des situations où, par la force des choses -ou quelque énergie que je nomme le “powaa”-, l’auto-persuasion est fondée et la réussite anticipée, car les choses doivent se passer comme ça: “anyways”, il n’y a pas d’autre issue possible. C’est ce qui donne à la pêche une dimension qui frôle le mystique et qui nous rend fous, car rien n’est cartésien. Un peu comme ce jour sur la Petite Rivière, où des trombes d’eau percent nos impers à quelques kilomètres en amont du char (mot délicat pour désigner une voiture en québécois). Dans notre folie halieutique, on se dit forcément que ça va payer; les dépressions sont bonnes pour le carnassier. Et même au bout d’une heure à passer sans résultats la boîte de leurres sur une fosse où l’on est sûr qu’il y a du poisson, on ne perd pas espoir. Jusqu’au moment où... Enorme touche en verticale au Divinatör X. Ferrage comme il se doit. Et crac, ma pauvre Modjo Bass se brise immédiatement au-dessus du premier anneau. Sans doute n’a-t-elle pas supporté les essais trop répétés de Bulldawg et la traction puissante des bucktails. Le poisson, ou peut être bien la souche, se décroche. Et là, l’eau qui commence à ruisseler le long de ma colonne vertébrale devient subitement glaciale. Il reste 3 heures de pêche, le char est bien trop éloigné pour espérer faire un aller-retour. C’est à ce moment précis que le “powaa” intervient. Plutôt que de jeter l’éponge, j’y vois un signe. Car tant d’efforts, de lutte contre les éléments et de malchance augurent de quelque chose de particulier. C’est juste inévitable. Je sais qu’un gros va venir. Mes horizons de pêche sont pourtant maintenant très limités: ma canne fait désormais environ 1 mètre et sa souplesse n’aurait
Il vient clôturer une session où nous avons trouvé tout ce que nous étions venus chercher: du poisson bien sûr, un dépaysement total évidemment et la certitude d’être en de bonnes mains. Les déjà nombreux décrochés, loupés et suivis n’ont plus d’importance. Même une canne cassée lors d’une mauvaise manœuvre n’altère pas notre enthousiasme. Assurément, le meilleur est à venir.
C’EST CE QUI DONNE À LA PÊCHE UNE DIMENSION QUI FRÔLE LE MYSTIQUE
Voilà à quoi ressemble une journée au musky. Je ne vais pas vous assommer du compte-rendu journalier pour la suite du séjour. Chaque jour a réservé son lot de surprises, nous faisant passer alternativement de l’extase à l’incompréhension. Comme ce deuxième jour, sur la rivière des Outaouais (n’importe quel fleuve français est ridicule à côté), juste en amont d’Ottawa, capitale du Canada, où l’ingratitude de la pêche et de ses certitudes ne nous a pas épargnés: capot. 2 malheureux suivis. Seuls 2 petits fishs vus. Cette journée noire ne fut finalement qu’une piqûre de rappel, un rappel à l’ordre, comme quoi, à la pêche, rien n’est jamais acquis d’avance. Encore une fois, la déception de ne rien prendre est dépassée sans difficulté, car pêcher entre des hydroglisseurs, esquiver les vagues d’étraves de bolides nautiques filant à 30 nœuds n’a rien d’anodin pour nous, pauvres pêcheurs français innocents… C’est alors que commencèrent les choses sérieuses et qu’à en moyenne 3 pêcheurs, chaque jour a livré son big fish, et par deux fois, deux big one. S’il y en
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pas de quoi rendre jaloux une bille de bouleau fraîchement coupée par des castors. La seule solution est de continuer la verticale en dérive, juste sous le kayak. La sensibilité désormais extrême de mon avorton de canne suffit quand même à déceler le moment où le Divinatör X touche le fond. Arrivé sur la cassure de la fin de la fosse, à 8 m, c’est une énorme touche à la descente du leurre qui manque de m’arracher des mains ce qui me reste de canne. Un ferrage sec et immédiat est aisé avec une telle rigidité. Le poisson est pendu et commence l’un des combats les plus cocasses de ma vie de pêcheur. Un magnifique musky crève la surface après quelques brefs instants intenses. La séance de mesure (45 pouces) et de photos est épique et doit sa réussite à la dextérité et à la pugnacité de Karim dont je salue encore le geste. Le gros musky est rentré, et de quelle manière! Le “Powaa” nous a suivis au Québec. Il est grand temps d’aller se sécher et de se restaurer d’une grosse poutine (mélange subtil de frites, de cheddar qui crisse sous la dent et de sauce). Car c’est aussi ça, un voyage halieutique: s’imprégner des mœurs
NOUS RENTRERONS QUELQUE 120 POISSONS À CINQ, EN 5 HEURES DE PÊCHE locales, les respecter et, autant que faire se peut, les pratiquer. Sur certains aspects, comme la nourriture en particulier, ce n’est pas trop dur… Tout comme boire quelques canons autour d’un feu au bord d’un lac avant de rentrer dans un superbe chalet aux premières gelées nocturnes. C’est la pause Achigan avec un accueil royal de Mathieu. On doit s’amuser avec les bass de son lac le lendemain. Arrivés de nuit, on découvre au réveil un plan d’eau magnifique où roselières et herbiers se dérobent progressivement sous la brume matinale. Ce “petit” lac, dont le paysage est morcelé ici, fait tout de même pas loin de 115 hectares… Autant dire que deux runs de 3 heures seront bien insuffisants pour le découvrir entièrement. Mais Mathieu le connaît par cœur et nous guide parfaitement où les poissons se tiennent. Nous écumons les spots à bord de son Nitro 882 et enchaînons les bass de toutes tailles. Toutes les techniques y passent, waky, drop shot, carolina rig, jigging… Nous rentrerons quelque 120 poissons à cinq, en 5 heures de pêche. L’intensité n’est pas la même que pour le musky, mais on ne boude pas notre plaisir à prendre touche sur touche et à pogner de beaux achigans québécois, sans compter que de nombreux pikes s’ajoutent à la pêche finale. Dan et Manu nous ont réservé là une belle surprise avec leur pote Mathieu. Leur accueil est vraiment au top, simple et sans fioritures, juste nature: juste ce qu’il faut pour se sentir bien.
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Nous sommes de plus en plus à l’aise sur nos coques à pagaie et la perspective de n’avoir plus que 2 jours de pêche nous transcende, tant au plan positif parce que nous sommes déjà addicts aux attaques rares, mais si intenses, des musky, qu’au plan négatif parce que la fin approche.
pourtant tremblantes et fébriles à ce moment-là. C’est un morceau si proche des 50 pouces, un poisson sublime. Une apogée en quelque sorte. Comme une récompense, un cadeau de la Petite Rivière pour notre départ, ou plutôt un appel à revenir. Comment résumer un tel trip tant il fut dense, bercé de tout son long par un accent si sympathique et forgé d’innombrables anecdotes et de tant de nouveaux poissons: musky, doré (le sandre local), achigan à petite bouche. Mais aussi de nuits, dans des motels plus pittoresques que dans les films, de paysages plus somptueux que sur les cartes postales et surtout de temps passé avec des mecs géniaux, du cru, sûrs de leur art et dont la générosité n’a d’égale que l’incontestable réussite de leur prestation.
Nous ferrerons et décrocherons de nombreux musky et brochets sur la Petite Rivière et celle des Outaouais. Mais comme une histoire est belle quand elle a une fin heureuse, nous garderons l’image du dernier musky sorti, un “gros comme monstrueux là”. Manu pogne un magnifique 45 pouces venu de nulle part, en plein radier avec un énorme buzzbait (TopRaider de Joe Bucher) que le musky vient arracher à 1 mètre du kayak. Imaginez l’émotion quand une gueule de plus de 20 cm de large surgit et s’ouvre devant vos yeux, arrachant à la surface un leurre surdimensionné avec une rare violence. L’image est forte et nous voulons en faire l’expérience.
C’EST UN MORCEAU SI PROCHE DES 50 POUCES, UN POISSON SUBLIME
Nous avons beaucoup appris, mutuellement. Nous, les petits Frenchies, avons fait bouger beaucoup de poissons dont quelques très beaux spécimens grâce à des techniques européennes dédiées au brochet. Dan et Manu, eux, ont sans doute touché et vu moins de poissons, car ils nous laissaient les spots bien sûr, mais aussi parce qu’ils sont spécialistes du gros musky. En témoigne le doublé de 52 et 54 pouces réalisé juste avant notre arrivée. Simplement des références en la matière qui méritent d’être rencontrées. Manu l’organisateur, sérieux, précis et attentionné et Dan l’animateur, efficace, fantasque et démonstratif. Les seuls à se frotter à des poissons de 1,40 m en kayak et prêts à faire partager une expérience unique.
Le crépuscule approche et la période optimale pour cette pêche en top water avec. L’écho des éclaboussures provoquées par les hélices des buzzbaits, que nous utiliserons exclusivement dès lors, résonnent dans le corridor de la Petite Rivière. Il n’y a aucun autre bruit, pas même un mot, que le “plotch plotch plotch” de nos leurres. Puis un cri de Karim, il annonce, avec une onomatopée propre à la situation, un monstre qui suit. Juste le temps de se retourner, et une gerbe d’eau énorme éclate Drette à son kayak. C’est surréaliste. Il combat LE musky du séjour, debout, campé sur ses jambes
DAN ET MANU Emmanuel et Dan JOSEPH, 2 frangins, les Muskybrothers, ont un signe particulier: pêcheurs de musky géants en kayak. Une destinée toute tracée pour ces Québécois nés dans la région de Gatineau, sur les rives de la rivière des Outaouais. La proximité de ce sanctuaire à gros musky les a tout naturellement guidés vers la pêche de ces monstres. La singularité de pratiquer en kayak dans des milieux immenses, là où tous les autres se réfugient sur des bateaux fortement motorisés, leur a vite conféré une réputation unique dans la région. D’autant que le kayak leur a permis d’explorer bien d’autres cours d’eau beaucoup plus petits, où ils traquent les morceaux avec délicatesse sur des terrains qu’ils connaissent par cœur. Quelle que soit la saison, ils savent où pêcher et diversifier les prises. Achigans à petite et grande bouche, doré, musky, brochet, truite brune, saumon sont autant de pages à leur répertoire. Ce sont des pêcheurs tout terrain, en icefishing, en wadding ou en kayak et bientôt de nouvelles perspectives avec un bateau spécial musky. Leurs nombreuses qualités halieutiques complètent à la perfection l’attention qu’ils portent à leurs hôtes. Pour une expérience riche en tout point, farcie de poissons et de franches rigolades, contactez-les sans hésitation : muskiebroz@gmail.com!
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FISHE TEKNIK
ENTRETIEN ET PHOTOS ENZO MINARDI
Entretien avec Nicolas Cadiou, qui nous fait découvrir cette pratique pleine de charme et de technique qu’est la pêche à vue...
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«Salut Nicolas, explique-nous le principe de cette pêche.»
pour qui est assez précis. Ensuite ça dépend vraiment du comportement du poisson et de l’encombrement du poste, mais quand c’est jouable, j’aime déposer mon leurre sur le fond environ 1 m devant le poisson pour l’inciter à s’en approcher pour venir identifier cette proie potentielle. Quand il a le nez à quelques centimètres du leurre, alors je fais une toute petite animation pour le décoller et parfois ça marche ;)»
«Salut Enzo et merci de me donner la parole pour parler de cette pêche qui me rend dingue, car je vais commencer par ça, je me dois de te prévenir que, quand on y a goûté, la pêche à vue peut devenir une vraie addiction, au point de trouver toutes les autres approches un petit peu fades ensuite. La pêche à vue, c’est une pêche de prospection où on ne lance presque pas le leurre. L’idée, c’est de suivre le trait de côte, une paire de bonnes polarisantes sur le nez, en essayant de repérer un bar sur les bordures. Alors seulement on lance le leurre pour essayer de le prendre. Certains jours, on ne voit rien et on ne lance pas, mais ça fait une bonne balade. Par contre, quand on tombe nez à nez avec un bar énorme en train de se nourrir et qu’on s’apprête à lancer, je te dis pas la montée d’adrénaline, le palpitant qui s’excite et les genoux qui tremblent. En fait, le moment le plus intense, c’est quand tu ne sais pas encore si le bar va prendre ton leurre ou pas, et ça, il n’y a que la pêche à vue qui peut l’offrir. Ensuite, quand il est piqué, c’est du bonus, mais le plus intense, c’est avant. Souvent je rentre de la pêche en n’ayant pas réussi à prendre un poisson, mais ça ne m’a pas empêché d’avoir des sensations de fou et de n’avoir qu’une envie, celle d’y retourner.»
«Cette pêche peut-elle se pratiquer dans tous les estuaires ?» «Cette pêche peut se pratiquer partout où l’eau est assez claire pour voir des poissons et où il y a une bonne concentration de nourriture sur les bordures. Les estuaires sont des milieux intéressants du fait de leur richesse alimentaire, mais la pêche à vue ne se limite pas à ces zones. Elle peut aussi se pratiquer en plage, en côte rocheuse ou en port sur des zones précises. Pour revenir aux estuaires qui sont les milieux où se concentrent la plupart des pratiquants, j’ai vu ou pris du poisson sur une douzaine d’estuaires bretons et, dans la région, je pense qu’ils sont tous bons. Je suis également en contact avec des personnes qui ont eu de bons résultats en Normandie, dans le Sud-Ouest, en Méditerranée, en Espagne, en Angleterre et en Irlande. Je pense qu’à l’exception des grands fleuves français et des côtes sous leur influence où l’eau est souvent trop turbide, on peut pratiquer cette pêche partout. Mais attention, trouver les spots, ça se mérite. Tous les ans, je passe des centaines d’heures à prospecter pour ne trouver que quelques spots réguliers. Souvent, les zones clés ne font que quelques dizaines ou centaines de mètres de long qu’il faut trouver en prospectant des dizaines de kilomètres de linéaire et où il faut passer au bon moment de marée (jamais le même, d’un spot à l’autre, ça serait trop simple).»
MES CIBLES SONT DES VIEUX SUJETS QUI ONT GÉNÉRALEMENT 20 ANS D’EXPÉRIENCE
«Quand tu as repéré le poisson, où lancer le leurre?» «Pour ça, il y a plusieurs écoles. Je pêche très souvent sur les mêmes secteurs. Dans certains où je lui loin d’être le seul à pratiquer de la sorte, la plupart des bars y sont sédentaires et ceux que je cible sont des vieux sujets qui ont généralement environ 20 ans d’expérience. Il y a des individus que j’ai tenté de pêcher plusieurs dizaines de fois, alors crois-moi, ils connaissent la musique et ça complique nettement la chose. Sur ce type de zone, il y a une règle d’or : il ne faut pas que le bar entende l’impact de ton leurre dans l’eau. Du coup, ça oblige à lancer loin du poisson (idéalement 10 à 15 m avec un posé propre) ou à poser le leurre sur un goémon
«Y a-t-il beaucoup de pratiquants en France?» «C’est assez difficile à dire, je serais tenté de dire que non, mais la discrétion est l’une des caractéristiques
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du pêcheur à vue ; les poissons sont sédentaires et les populations assez limitées, ça n’encourage pas vraiment au partage ceux qui ont trouvé un bon spot et qui veulent continuer à en profiter. Il y a néanmoins 3 ou 4 zones qui sont de notoriété (un peu trop) publique et où l’on voit le nombre de pratiquants exploser depuis 2 ans. Il s’agit de secteurs où les bars sont plus faciles à repérer qu’ailleurs, mais où ils deviennent encore plus difficiles à prendre du fait de la pression de pêche. Sur certaines zones où je croisais un pêcheur dans l’année il y a 5 ou 6 ans, j’en vois maintenant presque à chaque sortie. La plupart d’entre eux s’arrachent les cheveux devant la complexité à approcher ces poissons suréduqués, mais je pense que c’est la meilleure école et que ça fera le tri chez les pratiquants. Ceux qui accrocheront vraiment finiront, je pense, par aller explorer ailleurs et se trouver leurs petites zones à eux avec des poissons un peu plus réceptifs.» «Sans parler de No-kill extrême, le poisson est -il bon à la consommation?»
début de l’année. Si tu prélèves l’un de ces poissons, tu te prives d’occasions de pêche pour les sorties à venir.» «T’arrive-t-il de garder un poisson pour en faire profiter les tiens?» «Sur mes zones de pêche à vue, et plus globalement sur les zones qui retiennent des poissons sédentaires, je ne le fais jamais pour les raisons évoquées plus haut. Cela m’arrive de temps en temps de prélever un bar pris en mer dans un banc pour un repas avec des amis ou pour l’offrir à mes parents (qui se sont abonnés à FishMe et à qui je me permets donc d’adresser un message qu’ils liront, je le sais : oui, je vous en ramène un bientôt). Quand j’ai commencé la pêche à vue, je ciblais des poissons qui avaient mon âge, ça te fait un peu cogiter quand, parce que tu as trompé sa vigilance pendant quelques secondes, tu as sur lui le pouvoir de vie ou de mort. Etant donné la pression de la pêche professionnelle et récréative ces dernières années, je considère les gros poissons comme des miraculés. Les plus gros d’entre eux nageaient déjà quand les flashminnow, sammy et autres spooks sont arrivés en France... ils ont survécu à nos leurres ainsi qu’aux filets, sans parler des chaluts et des bolinches qui ravagent leurs frayères chaque hiver. Cela force le respect !»
SI TU PRÉLÈVES L’UN DE CES POISSONS, TU TE PRIVES D’OCCASIONS DE PÊCHE FUTURES
«J’aimerais te dire que non, qu’il est gavé de métaux lourds (ce qui ne m’étonnerait pas dans certains estuaires) et impropre à la consommation. Cela limiterait le prélèvement qui est incompatible à mon sens avec la pratique de la pêche à vue. Je le rappelle, on cible essentiellement des poissons sédentaires et on joue sur des populations très limitées, chaque poisson prélevé est une occasion de pêche de moins ensuite. Tu l’as vu toi-même quand tu m’as accompagné, on a repéré et photographié ou tenté de pêcher une quinzaine de poissons dans la partie de pêche. En regardant les photos le soir, on s’est aperçu que tu avais photographié 3 fois le même poisson (qui a une petite marque blanche sur le haut de la tête, légèrement sur le flanc gauche) à des moments de marée et à des endroits différents. Au final, on a peut être vu seulement 5 ou 6 individus qu’on a croisés à plusieurs reprises. J’y suis retourné depuis ton passage et j’ai à nouveau revu notre poisson ainsi qu’un autre poisson «marqué» que j’ai identifié une dizaine de fois depuis le
«Et la pêche en bateau dans tout ça ?» «Je l’apprécie aussi, pour des raisons différentes. C’est un moment de partage avec les copains à bord, j’aime beaucoup cette approche qui consiste à travailler en équipe, à faire tourner les leurres, à essayer de trouver la bonne animation, à se concerter pour choisir les zones, le tout dans le but de trouver la bonne zone avec le bon leurre afin que chacun en profite sur le bateau. J’aime beaucoup cette idée de brainstorming collectif. On apprend beaucoup de choses en partageant ces moments de pêche, en observant la façon de faire des autres pêcheurs sur le bateau. C’est une excellente
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école technique où l’on peut confronter les choix et les approches. Et puis, j’ai la chance de pêcher régulièrement sur des zones magnifiques comme les Glénan ou la baie de Douarnenez où l’on en prend plein les yeux à chaque sortie.» «Et la pêche en eau douce?» «C’est par là que j’ai commencé, mon grand père m’a emmené pêcher les truites dès que j’ai su marcher... c’est quelque chose que je n’ai jamais lâché. J’ai pratiqué la compétition de pêche du carnassier pendant quelques années, ici encore j’ai appris beaucoup de choses, découvert des zones magnifiques et fait des rencontres géniales. J’ai une liste de trucs à faire en eau douce en France qui ressemble à un inventaire à la Prévert tellement elle est dense et variée. Tous les ans, j’essaye de trouver quelques jours pour aller pêcher
QUAND LES BARS ARRIVENT SUR LES BORDURES, J’AI TENDANCE À LAISSER MON MATOS EAU DOUCE DE CÔTÉ. le bass dans le sud (qui commence à l’estuaire de la Loire, de mon point de vue), le sandre chez mes potes normands, je rêve d’aller pêcher les grosses truites à vue dans l’Ain avec mon pote Alex... Dans le Finistère, faute de bass, je pêche surtout la truite et le brochet, mais je dois avouer que, quand les bars arrivent sur les bordures, j’ai tendance à laisser mon matos eau douce de côté.» «Un petit mot sur la compétition où tu m’as emmené !» «Je t’ai emmené sur la compétition de pêche du carnassier aux leurres au réservoir Saint Michel pour deux raisons. La première, c’est que j’apprécie vraiment le décor de cet endroit des Monts d’Arrées qui dénote avec le reste des paysages finistériens et qu’il s’y prend de très beaux brochets, comme celui que Lionel nous a sorti sous le nez. La seconde, c’est que j’apprécie vraiment le boulot réalisé tout au long de l’année par notre fédération départementale de pêche qui organisait cet événement dans le cadre des rencontres halieutiques bretonnes (une sorte de petit circuit régional avec une manche par département) et que je voulais profiter de ta venue pour mettre un petit peu en lumière leur travail. Les pêcheurs français critiquent souvent (parfois à raison) les APPMA et fédérations, mais on occulte trop souvent à mon sens ce qui se fait de positif. Alors voilà, je trouve que la Fédé 29 fait beaucoup pour le développement du loisir pêche dans mon département et travaille dans un sens qui me paraît être le bon. Je voulais te présenter un petit morceau de leur boulot et profiter de la tribune que tu m’offres dans FishMe pour les en remercier.»
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ENTRETIEN ET PHOTOS ENZO MINARDI
Il y a quelques semaines, je suis monté de Royan vers notre chère Bretagne rencontrer Mr Black Minnow, connu sous le nom de Matthieu Guennal. En effet ce monsieur fut à la base d’une des inventions qui a marqué à jamais le monde de la pêche en mer. 68
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En effet, à sa sortie, ce leurre fit un tabac, tout le monde se l’arrachait. Je me souviens d’ailleurs d’une sortie en mer, dans le but de faire des images pour la pêche du bar. Le Black Minnow commençait à faire parler de lui… La matinée de tournage fut tristounette, pas vraiment de touches. Je décidai donc de monter ce petit poissonnet en plastique, avec un hameçon «Texan», qui, lorsque je l’eus descendu, fit le premier gros bar de la session. Mais là n’est pas le sujet. En effet j’ai été impressionné par cette sortie de pêche, où Matt m’a convié. Je ne m’en remets toujours pas !!! J’ai commencé au Black Minnow, et me suis vite ravisé, voyant tous mes autres camarades prendre des fishes sans un moment de répit !!! Mais quel était ce leurre qui faisait la différence ? Genre de lançon de l’espace, avec
LA CANNE EST SACREMENT PLIÉE ET CETTE FOIS CE N’EST PAS LE MÊME GABARIT DE POISSON une queue qui me paraissait insignifiante et qui pourtant le faisait nager et onduler comme je ne l’avais jamais vu auparavant !!! J’ai donc accroché le CRAZY SAND EEL au bout de mon bas de ligne en fluorocarbone. Incroyable! A peine descendu, j’eus au bout de la canne un beau bar de 3 kg. Et ce n’était pas fini… Les poissons s’enchaînaient sur le bateau, au point qu’en fin de journée je dus arrêter, à cause de mon bras qui n’en pouvait plus… Mon animation était des plus simples: je laissais descendre le leurre au fond, le remontais de quelques centimètres, et la dérive du bateau, subissant le sens du courant, faisait le reste. Presque à chaque descente, j’avais des touches ! Evidemment j’ai tout de suite demandé à Matt s’il y avait d’autres animations possibles… et pourquoi il avait inventé ce leurre… Mes questions s’enchaînaient:
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«Quelles sont les zones propices Matt, pour ce leurre de l’espace ?»
Le combo idéal pour ce genre d’animation est d’associer un Crazy Sand Eel de taille 150 soit avec une tête plombée DEEP de 30 grammes, soit OFF SHORE de 20 grammes.
«D’une manière générale, on utilisera le CRAZY SAND EEL sur des zones vastes avec de grands volumes d’eau où le poisson est actif (poisson de passage, en chasse…).
PECHE EN VERTICALE : 1. Laisser descendre le leurre à l’aplomb du bateau et contrôler la descente jusqu’au fond. 2. Après avoir touché le fond, débuter l’animation. 3. Effectuer une grande traction vers le haut. 4. Repositionner votre canne à l’horizontale et mouliner à vitesse constante jusqu’à mi-hauteur d’eau. (exemple : pour 30 m de fond, remonter sur une quinzaine de mètres) 5. Renouveler en accompagnant le leurre dans la couche d’eau. 6. À la touche, continuer la récupération avant ferrage.
FOND SABLEUX : • • • • •
Les ridins de sable, Les baïnes / plages Les cuvettes de sable - amorti de courant Dômes de sable - accélération de courant Proximité des parcs à huîtres
GRANDS VOLUMES D’EAU : • • • •
Épaves Grands fonds Ridins de sable Autour de têtes de roches
Le combo idéal pour ce genre d’animation: associer un Crazy Sand Eel de taille 150 avec une tête plombée DEEP de 30 grammes.»
CHASSES :
«Merci Matt.»
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Pour conclure, je dirais que ce leurre peut même convenir aux débutants qui n’ont amais pratiqué la pêche aux leurres! Un simple «Lancé Ramené» peut rapporter gros. Maintenant c’est toujours mieux d’adapter la pêche aux conditions climatiques, de relief…pour faire encore plus de fishes !!
sous la surface entre deux eaux»
«Et quels sont les divers types de pêches, et les diverses animations?» «PECHE A LA VOLEE - Prospection entre deux eaux : 1. Lancer le leurre 2. Après avoir touché la surface de l’eau, contrôler la descente jusqu’à la profondeur voulue. 3. Débuter l’animation avec des tractions de canne allant de canne basse à canne haute. 4. Renouveler en accompagnant le leurre dans la couche d’eau. 5. Varier les vitesses de récupération. 6. À la touche, ferrer! Le combo idéal pour ce genre d’animation est d’associer un Crazy Sand Eel de taille 150 soit avec une tête plombée SHORE de 10 grammes, soit OFF SHORE de 20 grammes. PECHE A GRATTER : 1. Lancer le leurre 2. Après avoir touché la surface de l’eau, contrôler la descente jusqu’au fond. 3. Débuter l’animation avec des tractions de canne allant de canne basse à canne haute. 4. Renouveler tout en accompagnant le leurre dans la couche d’eau. Ne pas hésiter à reprendre contact avec le fond de temps en temps. 5. Varier les vitesses de récupération. 6. À la touche, ferrer!
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C’est au détour d’un salon, il y a quelques mois, que j’ai croisé mon ami Laurent Vrignaud. Il était en train de me raconter l’une de ces parties de pêche sur laquelle il avait expérimenté, avec succès, un montage dérivé du plomb-palette. C’est tout naturellement que nous avons décidé d’improviser une petite interview pour les lecteurs de FishMe...
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«Alors Mr Laurent Vrignaud, nous voici ensemble pour que tu nous livres ce fameux petit montage, à base de plomb palette, je crois. Je tiens juste à rajouter, avant de te laisser la parole, pour ceux qui ne te connaissent pas, que tu es un guide de pêche réputé du Sud de la Vendée (ndlr son site : www.decouvranimpeche.com) et surtout j’adore ton surnom «El Plombo» «Bonjour à tous, je suis guide de pêche depuis 8 ans, et je me dois d’être polyvalent sur un large panel de techniques de pêche. Je vais donc vous parler d’une variante simple et efficace du plomb palette. Il faut savoir que le plomb palette est dénigré par certains et adulé par d’autres, mais cela reste, pour moi, une technique à part entière parmi tant d’autres et surtout très prenante. J’aime innover, car cela permet de progresser dans les différentes techniques de pêche, c’est pour cela que je participe au développement de matériels ou de montages dans le but de le faire partager, comme aujourd’hui, avec les lecteurs de FishMe.» «Yes le man, parlons de ton amélioration» « Exactement , pour se démarquer des autres pêcheurs, on doit aujourd’hui pêcher des zones de plus en plus encombrées. Qu’il s’agisse de bois morts, d’herbiers denses ou de pierres, ces refuges pour les poissons se révèlent souvent être de véritables «hot spots» qu’il faut exploiter. Malheureusement, de nombreuses techniques ne nous le permettent pas, au risque d’y laisser un nombre important de montages, surtout avec un plomb palette. Pour moi, l’arrivée de l’hameçon texan a révolutionné mes approches dans ces milieux. Bien connu des pêcheurs de bass qui l’utilisent depuis longtemps, pour les autres espèces, le texan n’est utilisé qu’avec parcimonie. En fait, il se révèle un véritable allié pour traquer tous les carnassiers, que ce soit en eau
J’AI ASSOCIÉ UN HAMEÇON TEXAN À UN PLOMB PALETTE POUR POUVOIR PASSER FACILEMENT DANS UNE VÉRITABLE FORÊT SOUS L’EAU douce ou en mer, pour ses facultés d’intrusions dans les milieux les plus bouchés. Pour la petite histoire, c’est tout bêtement lors d’une partie de pêche aux sandres que j’ai associé un hameçon texan à un plomb palette pour pouvoir passer plus facilement dans une véritable forêt sous l’eau et les résultats ont été au dessus de mes espérances. Comme on le sait tous, la forme du plomb palette confère à ce montage une nage erratique, jouant sur l’agressivité et l’énervement de nos carnassiers. Sauf qu’avec un hameçon texan, on va s’ouvrir la possibilité de pêcher des zones inexplorées, augmentant ainsi notre «temps de pêche», car on va passer moins de temps à se décrocher, et les plombs-palettiseurs savent de quoi je parle. Et pour les sceptiques, on ne rate pas plus de touches!»
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“Ce montage ouvre beaucoup de possibilités! Par contre, une question me traverse l’esprit, tu peux utiliser n’importe quel hameçon texan? Parce qu’il y a différents modèles, une précision peut être?»
léger voile» sur la bannière. Cela me permet à la fois de donner de la liberté à la nage de mon ensemble tout en contrôlant une éventuelle attaque d’un carnassier. Peux-tu me dire quels matériels tu utilises pour cela, et surtout pour FishMe as-tu une ou deux petites astuces à nous donner?»
«Non, je n’utilise pas n’importe quel hameçon texan, j’ai fait des tests avec plusieurs et un modèle est vraiment sorti du lot. Il s’agit de l’hameçon texan VMC «SPIN SHOT WIDE GAPE». Il a la particularité d’avoir un émerillon intégré qui élimine à la fois le vrillage et procure au montage une grande liberté d’exécution. De plus, il existe en 5 tailles, du 1/0 au 5/0, ce qui permet de pouvoir faire évoluer la taille des leurres en toute liberté.»
« Tu fais bien de m’en parler, car souvent on m’interroge sur cela. Le matériel à utiliser, que ce soit pour le plomb palette «classique», ou pour le montage avec texan, sera le même. Je préfère une canne avec une action parabolique. De plus, le carbone n’a pas besoin dans cette technique d’être ultra résonant. Voici ce que j’utilise : une canne «SHIMANO AERNOS en 5/20gr.» couplée d’un moulinet «SHIMANO RARENIUM en taille 1000» rempli de tresse «SUFIX 832 en 12/100» avec pour terminaison un long bas de ligne en fluorocarbone «PVDF Water Queen en 27,5/100» (ndlr : pour ceux qui veulent la référence des hameçons texans : «VMC WILDE GAP»). Pour FishMe, je vous donne mon leurre préféré : l’écrevisse, car elle est très présente sur nos parcours en France et surtout sa forme se prête parfaitement à ce type de montage. C’est vraiment un plus pour les postes difficiles d’accès. Une autre petite astuce bien pratique: pour certains leurres, j’applique un petit point de colle sur l’extrémité afin qu’ils ne bougent pas et ne se déchirent pas lors des animations. A vous de jouer maintenant en débusquant les carnassiers au plus profond de leurs repères!»
«Ok, c’est noté! Mais dis-moi, sur un texan, on ne montera plus d’octopus, ça va pourtant de pair avec le plomb palette, non?» «C’est là l’avantage, en plus de pouvoir passer partout, l’hameçon texan va permettre d’utiliser autre chose, l’octopus sera remplacé par des leurres. On va quand même se limiter à certains modèles type shad Finesse ou shad ovalisé, mais aussi les familles de worms et même des écrevisses. A contrario de l’octopus, le leurre va apporter à notre montage plus de volume avec un choix plus important de coloris mais aussi et surtout différentes vibrations.» « Du coup, on a un vaste choix de leurres à associer pour faire face à beaucoup de situations différentes, c’est énorme!»
POUR FISHME, JE VOUS DONNE MON LEURRE PRÉFÉRÉ : L’ÉCREVISSE
«Oui, mais attention, il y a quand même quelques règles à respecter, notamment sur la bonne association entre le plomb et le leurre. C’est certainement le point le plus important, respecter le rapport poids du plomb/type de leurre ou plutôt de la terminaison du leurre, soit finesse, soit vibration, etc. On retrouve cette même réflexion lorsque l’on pêche au leurre avec une tête plombée: à poids égal, un shad nagera moins vite qu’un leurre finesse, le battoir venant freiner l’évolution du shad. Pour le plomb palette avec texan, il est préférable que le montage ne descende pas trop vite sur le fond, contrairement au montage initial où le maniement est très rapide. Pour te donner une info, je pêche relativement lourd avec le montage traditionnel, rarement en dessous de 15 grammes. Avec le montage texan, j’allège systématiquement pour le rendre encore plus planant.»
«Extra le man! On te remercie vraiment pour cette petite interview technique improvisée... à bientôt mon ami «El Plombo»!! «Merci à vous, merci Enzo de donner toute ton énergie au service des pêcheurs et longue vie à FishMe!»
« Avec ce nouveau type de montage, comment doit-on animer?” « En fait, l’animation diffère très peu. Les tirées seront sèches mais avec beaucoup moins de rythme. Ensuite, en fonction de l’encombrement des postes, on décollera de 30 à 50 cm environ, mais on ne va surtout plus contrôler la descente pour rendre notre montage attractif et très planant. Néanmoins, si l’on veut ressentir les touches qui se passent toujours à la descente, je raccompagne, sans brider mon montage en opérant «un
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FISHE TEKNIK
TEXTE ET PHOTO PASCAL SAGE
Le black bass n’est pas une espèce endémique de notre belle Europe, les premiers spécimens ont été introduits en France en 1886, mais la majeure partie de la population est apparue après la seconde guerre mondiale.
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© PHOTO : FILFISH
Il existe deux familles de blacks : «les grandes bouches» (Micropterus salmoides) et «les petites bouches» (Micropterus dolomieu), mais seules les grandes bouches sont présentes de manière significative sur notre territoire à l’heure actuelle. Chez le black à grande bouche, il existe une souche «Florida» à croissance plus rapide que la souche commune, qui a permis de dépasser les 10 kg pour les plus gros spécimens. Le black bass étant une espèce introduite en Europe, il lui a fallu faire preuve d’adaptation pour survivre et se reproduire dans nos eaux. En effet, sa période d’activité se limite souvent d’avril à octobre, puis il sombre dans une léthargie hivernale, car les températures d’eaux trop froides bloquent son métabolisme. Comme l’ensemble des poissons, le black bass ne peut pas réguler sa température corporelle, elle est calquée sur la température de l’eau, la seule solution pour économiser son énergie durant la période froide est de se poser au fond, là où les températures sont moins sujettes aux variations brutales, et de limiter au maximum ses déplacements… la preuve en est, les résultats de pêche du black l’hiver… NO COMMENT !!!! Cette léthargie hivernale prenant fin en général au mois de mars, le black a besoin, à son réveil, de refaire son
EN PÉRIODES D’ACTIVITÉ, LE BLACK BASS DIVERSIFIE SON ALIMENTATION, CE QUI EXPLIQUE LA LARGE GAMME DE LEURRES EXISTANTS stock de nourriture en s’attaquant à de grosses proies, de type écrevisses ou gardons. Les eaux sont encore froides, chacun de ses déplacements lui coûte énormément d’énergie, il doit donc compenser cette perte d’énergie par une alimentation riche en protéines : l’écrevisse est donc un mets de choix ! Durant ses périodes d’activités, le black bass diversifie son alimentation de façon impressionnante, ce qui explique la large gamme de leurres existants dans le commerce. Très opportuniste, le black s’attaque aux proies «du moment». Pour bien comprendre, faisons un comparatif avec l’homme: l’hiver, nous vivons à l’intérieur, et profitons des heures les plus chaudes, entre 11h et 16h pour sortir. Il en va de même pour l’activité de nos compagnons de jeux! De la même façon, nos menus diffèrent en fonction des saisons : raclette l’hiver, salade l’été… on retrouve aussi ce phénomène chez les poissons. Pêcher le black avec des imitations de gardons de 2 cm ou avec des grenouilles au mois de mars est une hérésie, les gardons de l’année n’étant pas nés et les grenouilles absentes à cette période. Même pour un pêcheur chevronné équipé du meilleur matériel disponible sur le marché, s’il ne prend pas en compte le type de proie pour adapter son choix de leurres, c’est le capot assuré… Pour moi, la pêche, c’est donc avant tout « avoir le sens de l’eau », essayer de se mettre dans la peau du
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poisson au cours des différentes saisons et réfléchir au mode de vie et d’alimentation que l’on adapterait face aux différentes situations. Tous ces paramètres sont bien sûr complètement différents en fonction des régions où l’on se trouve. On dénombre très peu de populations de black bass au-dessus de Tours ou dans l’est de la France, car les périodes où les températures d’eau dépassent 18 degrés sont trop courtes pour assurer la pérennité de l’espèce. A l’inverse, sous des climats plus favorables comme l’Espagne ou le Maroc, on arrive à fabriquer de très gros sujets (poissons de plus de 60 cm) car leurs périodes d’alimentation sont nettement supérieures à celles qui existent sous nos latitudes.
tout d’abord inséminer les œufs à l’aide de sa laitance puis les ventiler à l’aide de ses nageoires pour maintenir une température stable qui va permettre la fécondation et la maturation des œufs. C’est une période cruciale où les pêcheurs doivent se limiter à leurs yeux comme seul matériel de pêche puisque, si le mâle est souvent dérangé (par exemple par le PLOUF incessant des leurres de pêcheurs peu scrupuleux !), il désertera le nid et les milliers de potentiels babies black seront condamnés ! Son comportement est caractéristique, il ne s’éloigne jamais du nid de plus de quelques mètres, l’œil est très orangé, il est en phase de défense de territoire ! Chez des poissons éduqués, aucune chance de les capturer, tout au plus de les agacer et de les voir venir taper dans vos leurres avec la bouche fermée; mais chez des spécimens plus sauvages, l’agressivité peut se traduire par le fait qu’ils attaquent tout ce qui bouge autour d’eux. En bref le message est clair : «DEGAGE»
Comme chez de nombreuses espèces, le seuil de 18 degrés pour la température de l’eau est l’élément déclencheur qui réveille chez le bass des envies de reproduction ! C’est le mâle qui est chargé de préparer le «lit nuptial» qui deviendra ensuite le «cocon familial». C’est une phase où l’observation est primordiale: si les eaux sont claires et les rides à la surface absentes, on peut avoir la chance de voir de nombreux poissons «en maraude». Ce sont les mâles qui sont en repérage dans le but de trouver «la zone» la plus favorable pour assurer la survie de l’espèce ! Ils sont alors très peu mordeurs, obnubilés par le fait d’établir au plus vite leur base pour y accueillir rapidement leurs «blackettes» !
Au bout de 2 ou 3 semaines, on observe une boule d’alevins de quelques centimètres chacun, souvent de couleur rosâtre, dont les moindres déplacements, n’excédant pas quelques mètres, sont scrupuleusement observés par le «papa poule». Si le milieu est favorable (présence de zooplancton), le taux de croissance peut être très rapide pour ceux que l’on appelle les «têtes de lots», c’est-à-dire les individus qui vont être capables d’optimiser toutes les conditions du milieu.
IL EN VA DE NOTRE RESPONSABILITÉ D’ADOPTER UN COMPORTEMENT DE SAUVEGARDE
C’est à l’aide de ses nageoires que Monsieur Black va nettoyer une zone de 30 à 50 cm², souvent sur les zones de bordures, entre 20 cm et 1 m de profondeur. Le fait de rester statique en agitant ses nageoires permet de nettoyer les déchets (algues, amas de feuilles, etc…) présents sur zone et laisse apparaître un petit nid clair sur un substrat souvent composé de sable ou petits cailloux. Lors de cette phase, le mâle est physiquement marqué par ses travaux de construction, les nageoires sont râpées, la bouche est souvent marquée par des boutons créés par les tapes successives pour nettoyer le substrat.
Le mâle choisit donc ces conditions favorables pour laisser ses petits vivre leur vie. Il n’est pas rare de voir au bout de deux mois des individus mesurant 4 à 5 cm quand leurs frères et sœurs frôlent tout au plus les 2 ou 3 cm, c’est alors le moment où le cannibalisme est le plus important. Eh oui, c’est la loi du plus fort ! Toute la famille est encore en groupe, l’agglomération permettant d’être moins vulnérable et de lutter contre les prédateurs. Les plus valeureux sujets participent alors à la sélection naturelle en éliminant leurs concurrents alimentaires directs !
Vient alors la phase où le mâle va à la rencontre de sa promise, il n’est alors pas rare de voir Madame Black entourée de plusieurs prétendants… Encore une fois, contentons-nous de contempler la scène et nous participerons à notre échelle à l’apparition d’une nouvelle génération de bass qui ravira les pêcheurs de demain ! Lorsque la femelle a jeté son dévolu sur un nid (plus que sur un mâle d’ailleurs !), elle va pondre jusqu’à 6000 œufs. Impressionnant ! Mais comme la femelle black est une piètre «maman», elle mise comme beaucoup d’espèces sur le nombre de petits, plutôt que sur son dévouement à un ou deux individus. En effet, dès la ponte terminée, elle repart vaquer à ses occupations centrées sur le stockage de nourriture, en s’alimentant de manière goulue.
On peut donc conclure de manière simple que l’origine «non européenne» du black bass ne facilite pas son implantation ni sa reproduction, et donc sa pérennité sur notre territoire. Il en va donc de notre responsabilité, à nous pêcheurs et amoureux de la nature, d’adopter un comportement de sauvegarde, de respecter les nids, de contempler et SEULEMENT contempler le spectacle si nous en sommes témoins, afin que cette espèce si combative continue à coloniser nos rivières et étangs, pour notre plus grand plaisir.
C’est le papa black, que l’on peut qualifier de « papa poule », qui va prendre en charge sa progéniture. Il va www.pescalis.fr 84
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COURS DE FISH
LE COREGONE AU LAC DU BOURGET
AVEC JIMMY MAISTRELLO ENTRETIEN ET PHOTOS ENZO MINARDI
Nous partons Jimmy et moi, sur un lac d’huile, pour aller pêcher le corégone, qui, soit dit entre nous, n’est ni facile ni coopératif… Autant vous dire que lorsque vous avez la chance d’en prendre un à votre canne, vous pouvez être fier de vous...
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Première chose essentielle, surtout sur ces lacs de montagne, qui ont une surface assez monumentale, il faut se munir d’un échosondeur… Car c’est grâce à lui que vous pourrez repérer les poissons. Le corégone est généralement en groupe, on les voit près du fond végéter, à attendre la nourriture. Selon la saison, les profondeurs où se trouve ce poisson varient. Ici, en mars, au Bourget, il se tient entre 25 et 35 mètres. Nous arrivons donc à la profondeur souhaitée, et notre hôte commence à scruter son écran et, non sans mal, réussit au bout d’une dizaine de minutes à repérer les premiers spécimens. Quoi qu’il en soit, c’est
C’EST UNE PÊCHE QUI DEMANDE DE LA PATIENCE ET DE LA MINUTIE DANS LA RECHERCHE DES POSTES OÙ SE TIENNENT LES POISSONS. une pêche qui demande de la patience et de la minutie dans la recherche des postes où se tiennent les poissons. Valeur sûre, ce Jimmy Maistrello… aussitôt arrivé sur le spot, déjà un bateau nous suit et coupe notre future dérive… Qu’importe, nous sommes ici pour la détente, d’ailleurs cela ne reste que de la pêche ! Nous arrivons donc à la description du matériel : - Echosondeur, moteur électrique, car celui-ci nous permettra de faire la dérive… Les nouveaux systèmes d’i-pilot sont impressionnants. Effectivement, ils permettent de déplacer le bateau avec une télécommande, ce qui peut permettre au pêcheur de se concentrer sur sa pêche, sans avoir à s’occuper de son moteur… De plus, cette nouvelle technologie permet d’ancrer le bateau où vous le souhaitez, le moteur compensant le courant, le vent ou autre…en ramenant constamment votre boat sur un point GPS. Je dois dire que c’est assez bluffant, et la discrétion est au rendez-vous puisqu’on n’a plus besoin de jeter d’ancre dans l’eau. - Une toute petite canne, longue de 1m20 à 1m75, avec une pointe ultra sensible, ce qui permet de détecter la moindre petite touche. La puissance permettra de pêcher avec une dizaine de grammes. - Une Gambe ou le plombier, appellation de la ligne qui peut varier selon les régions. - De 7 à 8 nymphes (sorte de mouche) qui imitent la larve de «chironome» qui est une larve de diptère. Ces nymphes vivent dans les profondeurs du lac et sont à l’intérieur du substrat. Lorsqu’elles remontent pour éclore, eh bien les poissons sont là pour s’en emparer. Les différentes couleurs sont là pour répondre aux goûts de nos fishes, qui changent selon le temps mais aussi selon la couleur de l’eau qui, au fil de la saison, varie
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surtout par sa clarté. A nous, pêcheurs, de trouver les bonnes couleurs, qui correspondent aux attentes de nos compagnons de jeu!
l’échec…. C’est une pêche basée sur la régularité du geste du pêcheur, sa patience et sa concentration. Lorsque touche il y a, un combat des plus acharnés s’ensuit. Le corégone est un poisson combatif qui, jusqu’au dernier moment, luttera pour ne pas rentrer dans l’épuisette. Ce poisson peut atteindre allègrement les 60 cm…
- Un plomb de 10 grammes, mis à la fin du montage (ou gambe), pour pêcher à 25 mètres. Vu que les nymphes sont légères, il n’est pas nécessaire de lester comme un boeuf. Les nymphes se suivent un peu comme une mitraillette, au millimètre près. Ainsi ce montage imite l’éclosion des nymphes.
LE CORÉGONE, JUSQU’AU DERNIER MOMENT, LUTTERA POUR NE PAS RENTRER DANS L’ÉPUISETTE
Alors, à vos nymphes !!! Partez !!!
L’ANIMATION, elle est subtile et minutieusement lente. Le «Canin» se prend façon «porte plume» comme un peu à la verticale. Le but est de remonter tout doucement et régulièrement. C’est une pêche très minutieuse… tout dépend de la vitesse de remontée, qui doit être contrôlée au millimètre près… toute variation intempestive entraîne souvent
Scannez le qrcode ou allez sur www.fishme.fr pour voir la vidéo de Jimmy en action!
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CARPE DIEM
TEXTE ET PHOTOS LE DENTIFISH
Chaque jour la pêche avance, elle trace son chemin à travers le questionnement des pêcheurs. Elle se redessine un visage de plus en plus moderne, plus respectueux des espaces, mais aussi des espèces...
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Laisser un temps d’abstinence suffisamment long pour assurer une reproduction maximale serait un réel progrès en matière de comportement et de législation. Les mordus, les addictes doivent lever le pied durant ces périodes. C’est vital pour les poissons, mais aussi pour notre passion. Mais alors, que faire pendant cette période? Nettoyer le matériel, préparer l’ouverture? C’est bien beau, mais pour moi il y a bien plus excitant! Redécouvrir la pêche en allant traquer les carpes à la mouche, réapprendre à marcher au bord de l’eau, c’est ce que j’ai fait durant
LA CARPE EST UN POISSON TRÈS FAROUCHE : À LA MOINDRE ALERTE, ELLE PLIE BAGAGES, FAISANT FUIR BON NOMBRE DE SES CONSŒURS la fermeture. La pêche de la carpe à la mouche est en plein développement, c’est une des rares techniques où l’on peut dire que tout reste encore à inventer. Bien évidemment, il y a des pionniers en la matière qui ont préparé le terrain, qui se sont creusé la tête et qui ont dû s’arracher quelques touffes de cheveux, car cette pêche est pour moi la plus déconcertante !
AUTANT CRAINTIVE QUE CURIEUSE Quelle est donc la recette miracle pour leurrer ce poisson? La carpe est un poisson très farouche; à la moindre alerte, elle plie bagages, faisant fuir bon nombre de ses consœurs… C’est un poisson très méfiant, et bien entendu cette méfiance est démultipliée dans les endroits fréquentés. Mais la carpe a quelques points faibles: elle est curieuse, vorace, un vrai carnassier à la recherche de larves, écrevisses, limaces et autres victuailles. Quand elle est à table, ce n’est pas pour faire semblant. C’est donc sur des poissons actifs qu’il faudra se focaliser… Encore faut-il les trouver…
LA TRAQUE Waders, sac à dos, lunettes polarisantes, sécateur en main, c’est du bord que l’on cherche les petits troupeaux de poissons actifs. Les sens bien éveillés, c’est une vraie traque en pleine nature, une véritable chasse! Dans la pêche en général, la discrétion est primordiale, pour la carpe, c’est multiplié par 1000. Ne l’oubliez pas, on pêche à vue! Une fois le poisson repéré, l’approche doit se faire sans bruit, sans parole: souvenez-vous de votre enfance, de la fameuse marche des indiens…
LE MOMENT CRUCIAL La deuxième étape tout aussi essentielle est la présentation de la mouche. Prenons deux cas de figure :
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1/ Le poisson se nourrit au bord (et au fond) : dans ce cas, un lancer arbalète sera la meilleure solution. La mouche doit se déposer à une quinzaine de centimètres de la tête du poisson, dans son axe de progression.
QUEL MATÉRIEL POUR S’ATTAQUER À CE POISSON? À ce jour, il existe très peu de matériel consacré à cette technique. On peut trouver quelques mouches et deux soies spécialisées. Pour le reste, à nous d’adapter canne et moulinet en fonction de la taille des poissons recherchés. Une canne en soie 5/6 peut faire l’affaire pour de petites carpes. Pour les plus grosses, une soie de 9 ne sera pas de trop.
2/ Le poisson est plus loin : là, c’est bien plus difficile, car souvent la végétation nous handicape, il faudra opter pour des roulés ou, si c’est possible, avec de simples faux lancers, déposer la mouche dans l’axe du poisson et jouer avec le courant pour une dérive hyper précise, proche de la technique de la pêche au toc.
ANIMER OU PAS ?
À CE JOUR, IL EXISTE TRÈS PEU DE MATÉRIEL CONSACRÉ À CETTE TECHNIQUE
Personnellement, j’utilise une canne 9‘3 avec un bon gros moulinet large Arbor au frein surpuissant, une soie flottante #8 et une queue de rat finissant par une pointe en 40 centièmes à laquelle je viens raccorder mes bas de lignes en fluoro carbone allant de 25 à 35 centièmes. Pour les mouches, j’ai envie de dire que tout peut marcher. Tout dépend du lieu, de la saison et des habitudes alimentaires des poissons. Les montages vont de la petite écrevisse à l’imitation de graines.
Une fois la présentation faite, si celleci n’a pas fait fuir la carpe, il ne reste plus qu’à prier pour que Madame daigne relever la tête et avoir votre imitation dans son champ de vision... Une légère animation peut provoquer l’aspiration, mais ce n’est pas systématique. La carpe aspire ses proies et, lorsque votre mouche disparaît, répondez-lui par un bon ferrage! A partir de cet instant, vous comprendrez pourquoi cette pêche est si excitante, si explosive! Le démarrage, le combat, les rushs sont d’une intensité surprenante. Le calme et la concentration dans laquelle vous étiez pendant la traque font place à un véritable combat accompagné du chant du moulinet en fond sonore. La bagarre peut durer plusieurs dizaines de minutes, mettant à rude épreuve le pêcheur et son matériel.
Maintenant c’est à vous ! A vous d’innover, de tâtonner, et croyez -moi, la carpe en vaut la chandelle!
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MOUCHE A FISH
PHOTOS ET TEXTE BERTRAND GAUJÉ
Après avoir parcouru plus de six mille kilomètres, nous sommes maintenant fixés - pas que nous soyons réellement fixes -, mais nous allons arrêter de rouler des centaines de kilomètres par jour. Finie la traversée, place à l’exploration...
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C’est bien beau d’être à présent Saumonnier, mais un poisson ne rend pas très confident! Ce premier saumon était-il le fruit du hasard, avais-je été chanceux, ou ma ‘’grande expérience’’ de guide de pêche aux bars m’avait-elle aidé à accéder à mon rêve? Que de questions à se poser! Un seul moyen de le savoir : retourner au bord de l’eau!
tant bien que mal avec ma soie, qui dérive à Mack II à chaque lancer, pas la moindre touche, je profite au moins du spectacle, les autres pêcheurs bien placés sortant presque tous des pinks avec plus ou moins de succès. Les saumons viennent eux aussi rajouter du mordant à la scène en montant en surface de temps en temps. Je peux vous assurer que ça met encore plus la pression, le fait de ne rien prendre et de voir les saumons fendrent la surface en cadence. Vers dix heures, je décide de «plier ma gaule « et de rentrer, ça bouillonne dru dans mon cerveau, ce n’est jamais facile de ne rien prendre et de regarder les autres pêcher sans faire la grimace... Une seule chose à faire, analyser la situation ...
C’est confiant que j’arrive sur le spot de mon exploit de la veille, il n’est pas encore six heures du matin et pas moins de vingt pêcheurs sont déjà à pied d’œuvre. J’observe, médusé, tout en montant ma canne : comment cela est-il possible? Moi qui imaginais être seul au bord de l’eau… Le saumon, comme bon nombre d’espèces, effectue des migrations entre ses zones de croissances (en mer) et sa zone de reproduction. Le saumon (je devrais plutôt dire “les”, car ici, sur la Squamish River, c’est 5 espèces qui viennent se reproduire et mourir chaque année) ses migrations sont très attendues. Des milliers de pêcheurs canadiens vont ressortir leurs cannes, mais aussi leurs voisins américains, et pas mal de pêcheurs en provenance de tous les coins du globe. En moins de 24 heures l’information a fait le «tour du monde», je pousse un peu, mais, avec les réseaux sociaux, c’est le cas! La rivière si tranquille il y a à peine 48 heures, ressemble maintenant à l’ouverture des soldes dans un grand centre commercial, tout le monde est là, de la famille complète venue avec sa glacière, son parasol et ses chaises pliantes, au moucheur expert habillé des pieds à la tête de coûteux vêtements techniques ... Je suis pantois, je ne sais que faire, je vous entends dire, prends ta voiture et bouge, ok, mais je suis en vélo, mon permis de conduire est toujours au Mexique et doit avoir maintenant une nouvelle photo, très certainement celle d’un moustachu en sombrero !
Vous allez me dire «qu’allez-vous analyser ?» Avant de vous répondre, il faut se souvenir d’une chose: prendre du poisson n’est jamais le fait du hasard : être au bon endroit, au bon moment, avec le bon leurre ! Où, QUAND et COMMENT ? Où : J’étais au bon endroit, c’est certain, vu le nombre de pêcheurs. QUAND : même réponse: si tout le monde était là, c’est bien parce que le créneau choisi devait être favorable. Pour le COMMENT, impossible de savoir, vu ma position sur le poste ... Mal placé pour pêcher, mais aux première loges pour voir les autres s’amuser.
NE PAS OUBLIER L’IMPORTANCE DE L’INFLUENCE DES MARÉES, DES MOUVEMENTS D’EAU
Une chose très très importante semble m’avoir échappé, quelque chose qui m’était pourtant très familier en France : les marées... Tout novice, quelle que soit l’activité, qui va pratiquer en mer, se doit de se documenter sur celles-ci. L’une des premières choses enseignées au niveau du saumon, mis à part les postes favorables, est l’influence des mouvements d’eau, des crues (pluie ou fonte des neiges) et bien sûr des marées. De retour chez Kim et Dave, les amis de Sandy chez qui nous sommes de passage, je me précipite sur mon ordi et me connecte de suite, moteur de recherche : Squamish tide. Je clique et là, je tombe sur un magnifique graphique, sur les mouvements et les hauteurs d’eau, le tout avec un point lumineux indiquant l’état de la ma-
A vélo je ne peux pas aller bien loin, j’ai déjà fait 10 kilomètres pour revenir là ce matin, je vais tenter ma chance, je me place en fin de pool, je devrais plutôt dire en début de rapide. Les heures passent, je me débats
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rée en temps réel. Là, tout devient limpide: lors de mon premier essai, la marée était encore descendante, ce matin elle était montante, c’était donc le moment le plus favorable, ce qui explique le nombre de pêcheurs croisés. Je vais donc retenter ma chance cette après-midi au même moment, certes moins favorable, mais plus tranquille...
à la frustration, mais ce court combat m’a galvanisé, j’y crois à nouveau ! Après avoir vérifié l’état de ma mouche et de mon bas de ligne, je relance à nouveau. Une courte traction, 10 heures, 14 heures traction, 10 heures traction, 14 heures traction et lancer, poser, laisser couler la mouche, attendre que le courant fasse son travail. Dès que votre soie commence à prendre de l’angle, commencer à striper lentement. Pour le rythme, je suis toujours en phase «imitative», je me contente juste de faire comme les autres.
J’arrive sur le spot, en milieu d’après-midi, deux heures avant la marée montante, le spot n’est évidemment pas désert, mais ce n’est pas la foire comme ce matin. Une quinzaine de personnes sont à pied d’oeuvre, deux pêcheurs viennent juste de sortir de l’eau et ainsi de libérer deux magnifiques places. J’observe du coin de l’oeil mes compagnons de cette après-midi, peu importe la technique, pas la moindre touche, pas grave, je vais quand même tenter ma chance.
Dix minutes viennent à peine de s’écouler que me voilà à nouveau «connecté», le courant passe à nouveau, canne haute, main sous la bobine, ma soie vient de disparaître du moulinet et c’est maintenant mon backing qui dévale la rivière, je suis le mouvement et commence à marcher dans l’eau à la suite de mon pink. J’aimerais bien courir, mais ce n’est pas chose aisée sur ces gros galets plus glissants qu’une plaque de verglas.
Je sors de ma poche ma magnifique boîte à mouches: un tube de pellicule photos 24 X 36 avec 10 mouches roses différentes, récemment achetées. Sur les conseils du vendeur, j’opte pour une toute petite mouche rose sur hameçon de 6, histoire de faire la différence quand rien ne semble marcher, d’après ses dires. Dix heures, quatorze heures, dix heures, accompagner le mouvement pour ralentir la soie avant qu’elle ne touche l’eau et tenter de ne pas poser en paquet. La soie commence à se tendre, j’accompagne le mouvement, en suivant l’axe de sa dérive avec ma canne la plus rectiligne possible, la soie se tend d’un seul coup, ferrage, la réponse est sportive, le frein se met immédiatement à chanter et ma soie à se vider de mon moulinet. Ma sale tronche de ce matin a fait instantanément place à un large sourire.
LA RÉPONSE EST SPORTIVE, LE FREIN SE MET IMMÉDIATEMENT À CHANTER
«Non Non!» voilà, ce que je redoutais est en train d’arriver, ce saumon vient de dévaler la cinquantaine de mètres qui me séparait de mon voisin situé à l’aval.
«I am sorry, excuse me, pardon...» tout mon dictionnaire de mots d’excuses anglais ne va pas y suffire. Le poisson continue toujours à descendre. La canne bandée dans une main, de l’autre je lève la ligne de mon voisin qui ne m’a pas vu arriver et passe au-dessus de celle-ci. Encore cinq mètres et me voici devant un autre pêcheur, c’est le moment opportun qu’a choisi ce poisson pour virer de bord; 180° me voilà à nouveau dans les pieds de l’autre pêcheur, je mouline comme je peux pour résorber le mou entre mon pink et moi, de longues secondes incertaines pendant lesquelles on perd totalement le contrôle. Ce petit jeu aura duré cinq bonnes minutes avant que le poisson soit à ma portée. Même à mibottes, dans dix centimètres d’eau, il se défend encore, comme un beau diable. La scène est épique, je suis coincé entre les deux pêcheurs croisés précédemment,
«Yes, yes, j’en tiens un !» Quel plaisir de sentir enfin cette puissance brute à l’autre «bout du fil»! Chaque mouvement est comme une impulsion électrique, ce n’est pas le pêcheur qui commande au début, mais le poisson, il accélère, je laisse filer, il tourne et revient vers moi, je pompe et rembobine ... Ahhhhh, il vient de couper «le contact», mon saumon m’a faussé compagnie, ma soie est à nouveau détendue... l’excitation fait place
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le saumon fait des allers et retours devant moi, un coup amont, un coup aval, le tout à Mach 3, il n’a pourtant plus assez d’eau pour s’immerger totalement, mais cela ne semble pas l’empêcher de fendre l’eau lors de ses derniers rushs.
mon exploration virtuelle. En dix minutes, j’avais trouvé un pool, pas trop «into the wild» et pas trop proche de la kermesse, un dernier clic pour connaître les marées de demain et me voilà paré. Le lendemain, c’est le téléphone en main, option Map activée, que j’enfourche mon V.T.T. Après presque une heure à sillonner routes et sentiers, j’arrive enfin sur le spot: seulement un 4X4 au bout de ce petit chemin caillouteux. Je scrute l’horizon, il y a deux pêcheurs exactement où je l’avais imaginé la veille. La connexion d’un des bras de la Cheakamus dans la Squamish river semble être un bon poste. Tout en enfilant mes waders, je reste fixé sur les deux moucheurs, mais surtout focalisé par ces saumons qui marsouinent en cadence.
Je pense que mes voisins peuvent apercevoir mes molaires tellement j’ai le sourire, je suis aux anges, comme un gamin avec les clefs de l’entrepôt Haribo... Ce plaisir n’est pas seulement dû à la capture d’un poisson ni aux sensations éprouvées durant son combat, mais à l’addition de plein de petites choses : l’amélioration de mon lancer à la mouche (geste, technique, distance, qualité du posé, dérive de la soie ...) et surtout, je me répète (je sais, je l’ai déjà dit), être dans un vieux rêve. Passer du papier glacé au réel, sortir de son imagination, et devenir acteur. Pas grand chose pour certains, voire futile, pas pour moi, les rêves sont faits pour être vécus. L’hameçon simple sans ardillon se décroche sans effort, je relâche la pression et ce vigoureux pink, me salue d’un grand coup de queue. Je sors de l’eau pour aller rejoindre mon poste, je m’apprête à pénétrer à nouveau dans l’eau, mon voisin situé en amont vient à ma rencontre. «What flie did you use ?» Je suis surpris par cette question, car je suis un vrai débutant (c’est en tout cas comme ça que je me perçois à ce moment-là) il y a certainement d’autres personnes plus qualifiées que moi sur le spot.
Après avoir eu un peu de mal à trouver le passage pour traverser le bras d’eau, je tente ma chance sur la partie rapide de la rivière, car le spot est déjà pris, et ce n’est pas mon style d’aller me coller aux autres. Après quelques lancers infructueux dans le rapide, je reviens sur la berge pour une leçon de pêche. Les deux pêcheurs maîtrisent à merveille leurs gammes, c’est Disney Land: sur ce poste, chaque lancer dûment effectué se solde par un poisson. Je me régale, chaque geste est analysé, disséqué, compris : où poser, combien de secondes entre le posé et le début d’animation, intensité de l’animation, cadence ... Plein de choses très instructives ... Après à peine un quart d’heure, les deux pêcheurs me laissent la place en me saluant aimablement. Difficile de décrire l’excitation qui m’habite à ce moment-là. J’ai un spot de rêve pour moi tout seul, cela d’ailleurs me rend un peu plus vigilant et donc m’incite à regarder un peu autour de moi, car ici saumons = ours... Rien à l’horizon, je peux pêcher tranquille, quoique je dois me modérer et me concentrer. Inutile de vous dire que la précipitation m’a fait louper mes cinq ou six premières touches, tout est mental.
JE SUIS SEUL SUR UN SPOT DE RÊVE MAIS RESTE VIGILANT, CAR ICI, SAUMON = OURS
«It’s my second salmon, guy» Ma réponse est aussi courte que déconcertante: “c’est mon second saumon, mec !” Je lui explique ensuite que j’ai acheté mes mouches récemment, sur les conseil du vendeur du magasin Hightwater Tackel à Vancouver, et lui répète ses critères de sélection. Je n’ai pas plus d’explications, c’est ma seconde journée de pêche... J’aurai de la chance cette après-midi-là effectivement, je capturerai encore deux autres pinks et en louperai certainement autant. En me changeant, assis sur un tronc, j’assiste à nouveau au même débarquement que la veille, cette micro kermesse va me forcer à pédaler un peu plus et à aller voir ailleurs.
«CALME TOI, RESPIRE.» On se concentre, posé délicat comme mes deux compéres, laisser couler, puis petites tractions longues avec une courte pose, et vlan nouvelle touche, ferrage (sans rage) ni trop rapide ni trop lent, et c’est parti, je ne vais pas ici vous détailler encore une fois le combat d’un pink, mais c’est un vrai bonheur, bonheur décuplé par le sentiment d’être seul au monde, seul avec ces centaines de saumons à vos pieds. Au bout de trois heures, j’ai fait le plein, pas de poissons, même si mon permis me donne le droit d’en prélever trois par jour, le plein de joie; c’est euphorique que je quitte cet endroit préservé.
De retour chez nos amis, je me jette sur mon ordi, et pars en exploration virtuelle: première étape, regarder la configuration du spot sur lequel j’ai pêché cette aprèsmidi. C’est une zone calme en pente douce bordée de gros galets, cette «plage» est prise en sandwich entre deux zones de rapides (eaux blanches sur la photo satellite). Tout en analysant le spot, je réalise enfin ce qu’est un «POOL». C’est bien d’utiliser des mots, mais il est bon d’en connaître le sens exact. Maintenant j’ai compris, je sais quoi chercher, je remonte virtuellement la Squamish river, je ralentis; zoom sur un beau spot, un seul problème, il est sur l’autre rive, un jeu d’enfant en Stand Up paddle board, mais je suis à vélo, je mets ça de côté dans un coin de mon cerveau et continue
Les journées qui suivirent me virent retourner sur le même poste, et en découvrir d’autres aussi. La pêche en elle-même était similaire, je progressais jour après jour dans ma gestuelle et ma technique de pêche, mais le vrai changement a été de me racheter un kit de montage de mouche, un ensemble basique à 40 $, le strict
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minimum pour monter mes premières mouches à saumons: d’abord des trucs infâmes qui n’ont pas ou peu marché, puis petit à petit des mouches qui marchaient de mieux en mieux, jusqu’à égaler celles du commerce.
mouche rose bonbon me passe à deux centimètres de la figure, marche arrière toute. J’aborde alors ce pêcheur par le côté, je ne l’avais pas vu et lui non plus d’ailleurs. D’entrée, il me demande en anglais mais avec un fort accent français (aussi fort que le mien, je vous rassure, ça ne se perd pas comme ça ...) s’il y a moyen de s’aventurer plus loin sur la berge, là où est le pool. Je lui réponds que oui, qu’il y a moyen d’y aller sans danger, mais que le vrai danger dans le cas présent est une montée brusque des eaux. Nous sommes seuls, car les locaux expérimentés ne vont pas pêcher dans ces conditions, par précaution. Nous, les touristes, nous n’avons pas vu le danger.
C’était une véritable émulation, une synergie, monter ses mouches le soir, puis retourner les tester le lendemain, perfectionner petit à petit, trouver la bonne taille, la bonne couleur, le bon matériau, le bon poids en fonction de la configuration du poste (profondeur et vitesse du courant). A ce petit jeu-là, les jours et les semaines ont fondu comme neige au soleil, je ne me lassais pas de cette addiction, même si elle semblait très répétitive, capturer un vingtaine de Pinks par jour n’avait rien d’exceptionnel. Il y a pourtant eu une ou deux journées où je n’ai presque rien capturé et regardé mon voisin prendre poisson sur poisson sans savoir pourquoi...
MONTER SES MOUCHES LE SOIR, PUIS RETOURNER LES TESTER LE LENDEMAIN
Après avoir monté ma canne et mon bas de ligne, mon nouvel ami (il va vraiment le devenir) me pose une question : «What flie did you use Sir?» «Je pense qu’on va se parler en français, et tu peux me tutoyer»... Je n’ai pas encore 70 ans, ça met un coup de vieux ! Pour excuser Adams, ça fait partie de son job d’être très poli, je passerai donc la journée à me faire servir du Monsieur et du Vous.
Le déclic suivant a eu lieu le 22 juillet pour être précis. Il avait plu toute la nuit, la rivière était montée d’un bon mètre dans la nuit. La prudence et surtout l’expérience auraient dû me faire rebrousser chemin, mais n’ayant pas le recul, je suis quand même allé pêcher. Je sors juste du sentier et débouche à toute vitesse sur mon V.T.T. dans un petite clairière au bord de l’eau. Je n’ai même pas le temps de voir mon «agresseur» qu’une
Le Monsieur sort alors de sa boîte sa meilleure mouche et lui en fait cadeau, je deviens petit à petit Canadien. Malgré la pluie toujours bien présente, cette journée semble idyllique, les pinks ont suivi la montée des eaux
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et sont comme des fous, ça «tail» de partout, chaque lancer se solde par une touche et un combat, pas besoin ce jour-là d’être «ceinture noire, troisième DAN» de double traction, les poissons sont à une quinzaine de mètres du bord, pas plus. J’en profite tout de même pour lui donner quelques petits conseils et corriger son bloquage arrière inexistant... Il n’y a pas eu de compétition entre nous ce jour-là, mais un jeu de regards intenses. Un truc halieutiquement jouissif, je vous rassure tout de suite ! A chaque fois qu’il jetait un oeil sur moi ou que je jetais un oeil sur lui, c’était la même vision. Soit il combattait un poisson, soit il le relâchait, soit il lançait et prenait tout de suite un poisson, la même chose pour moi. Nous n’avons pas compté, mais j’estime qu’il en a pris facilement entre vingt et trente, voire plus, un truc de fou.
gestion... Le soir même, j’aurai confirmation de l’identité de ce lingot d’argent: c’est bien un coho ( Oncorhynchus Kisutch) ou saumon silver. Tous les locaux l’attendent normalement pour la mi-septembre, celui-là a presque trois semaines d’avance. Je passe le lendemain matin au Fly shop local pour drainer quelques informations indispensables à mon apprentissage, je raconte au vendeur notre journée de la veille, en oubliant le silver. J’apprends au passage que nous avons commis une belle imprudence, car avec des conditions météo semblables le niveau peut monter de plus d’un mètre en moins d’une heure. Je questionne aussi Stephan (un des vendeurs de la boutique, il est aussi guide de pêche) sur le coho: quelles mouches utiliser, le type de postes et quand vont-ils arriver ? (Parfois j’aime bien poser des questions presque stupides).
Je viens de relâcher un poisson et surveille Adams du regard, il vient juste de lancer, il commence sa récupération, puis ferre, sa canne est en deux, ça pulse fort, en quelques secondes, il est sur son backing, sa bobine tourne comme une toupie, ça pulse fort, ça doit être un gros pink ! Je pose mon fouet et me dirige vers lui, appareil photo en main. Le poisson vient de faire volte face et remonte maintenant, toujours à fond, vers l’amont, je me positionne légèrement en retrait afin de ne pas le gêner, il tire maintenant sur sa soie comme un forcené pour tenter de résorber le ventre créé lors du changement de direction ; juste le temps de reprendre contact, le poisson dévale à nouveau la rivière.
«Not before fifteen days, and don’t expect to catch more than 2 or 3 fishes per day.» Pas avant 15 jours, cela va me permettre d’être seul au bord de l’eau, pour le nombre de captures, on verra, je serai déjà content avec un! Fin août, c’est la fin de la migration du pink, il y a de moins en moins de monde au bord de l’eau, je n’allais pas ruiner cette quiétude en montrant mes photos d’Adams prises la veille.
IL EST SUR SON BACKING, SA BOBINE TOURNE COMME UNE TOUPIE, ÇA PULSE FORT
«Pour vivre heureux,vivons cachés.» La rivière a bien baissé, l’eau a toujours cette vilaine couleur café au lait, mais à quoi bon, je vais tenter ma chance, je suis effectivement sur le même spot que la veille et exactement là où le coho a été piqué. Après un bon quart d’heure sans une touche, je ferre enfin un poisson, même chose qu’hier pour mon nouvel ami, gros rush d’une dizaine de secondes avec le frein de mon bon vieux système II qui émet son cliquetis strident, je jubile, la jubilation est de courte durée, ma soie se détend, j’en suis persuadé, c’était bien mon premier silver, il m’a faussé compagnie, cela aurait pu être le début d’une nouvelle étape, passer un cap, passer un cran au dessus. J’appréhende ce moment, tous les articles lus et relus parlent d’un bagarreur qui attaque les mouches, les pourchasse jusqu’en surface, de plus il peut avoisiner les 10 kilos ...
«C’est sûrement un gros» Me lance Adams, je hoche la tête en guise de réponse. Au fond de moi, je pense au pink d’un prochain record IGFA ou à un poisson pris par le dos ... Wait and see! Adams est toujours concentré, les minutes passent, et son backing grossit petit à petit dans sa bobine, sa soie arrive enfin dans les anneaux, puis repart à nouveau, un sacré client en tout cas. Encore cinq bonnes minutes, et de multiples rushs de plus en plus courts et voilà notre monstre. Adams l’attrape fermement par la queue et le pose sur ces genoux. Nous contemplons ce poisson qui n’est définitivement pas un poisson record, sa robe argenté peut faire penser à un pink fraîchement arrivé dans la rivière avec sa robe maritime, mais ses nombreuses taches noires doivent nous conduire sur une autre piste.
La suite au prochain épisode, une chose est certaine, tout le monde en parle ici comme l’un des plus excitants saumons à pêcher, une pêche bien plus technique que le saumon pink, un peu comme passer du maquereau au bar. J’allais oublier de vous dire que les cohos ne vont pas arriver seuls: le saumon Chum sera lui aussi de la partie, un poisson qui peut atteindre 15 à 20 kilos,
«Cela doit être un coho.» Pour ma part, je n’en sais rien, je verrai ça ce soir dans le guide de 120 pages sur la réglementation pêche de La Colombie Britannique, c’est épais comme un livre, des centaines d’informations sur les dates d’ouvertures, de centaines de rivières, les tailles de captures, les quotas journaliers, catch and release ou pas, et évidemment des photos et des dessins, pour identifier aisément chaque espèce... Rien à voir avec la France et ses réglementations qui tiennent sur deux pages, et qui ne sont de plus jamais appliquées, mais ça, c’est un autre problème, ici on peut parler de
See you à bientôt dans le N° 3 de fishm
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COMPETI’FISH
TEXTE THIERRY CALMONT - PHOTOS DENIS BIBBAL
C’est courant mars que nous recevons un coup de fil de Ross Honey, le fondateur et organisateur du World Predator Classic. Il nous propose d’assister à cette nouvelle compétition multi-carnassiers en Hollande du 19 au 22 juin, à Hellevoetsluis, sur les très célèbres HaringVliet et HollandsDiep...
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Il nous explique le programme et les avancées technologiques qu’il mettra en oeuvre sur cet évènement et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a mis le paquet. Un défilé dans les rues d’Hellevoetsluis pour l’ouverture, une parade des compétiteurs suivie d’une parade des bateaux, le lancement de la compétition par des tirs de canon, un plateau central prévu pour la remise des prix, un festival de rock tous les soirs, des animations-découvertes de la pêche pour les enfants, un village expo avec les sponsors officiels que sont Rapala - Shimano mais aussi Mercury et Ray Marine et surtout des lots impressionnants pour les compétiteurs avec, pour point d’orgue, un bassboat Nitro Z6 tout équipé en électronique Ray Marine avec un moteur Mercury F115 ELPT… Un grand spectacle annoncé en perspective!
l’épreuve phare, le plateau de pêcheurs est impressionnant et représente 56 équipages au total. Il n’est tout simplement quasiment composé que des meilleurs compétiteurs européens habitués à truster les premières places, comme Luc Coppens, Willem Stolk ou Dietmar Isaiasch entre autres, complété par des équipages russes et même un équipage américain!! En tout cas nos Francais sont bien représentés, à l’image de Frédéric Jullian, Robert Berlioux et Gregory Dubois (Sensas - Illex - Gunki), Arnaud Briere et Laurent Vrignaud ( Rapala - Shimano) ou encore Christophe Huwarts et Jimmy Pletinckx ( Biwaa - Mercury) . A noter qu’il manquait peut-être également un équipage français bien connu qui aurait pu faire quelque chose là- bas… C’est donc tout naturellement que nous nous retrouvons en Hollande en cette fin juin. Nous prenons nos quartiers le vendredi soir, après la première journée de compétition bateau et rendons visite à Frédéric Jullian pour avoir son débriefing. Il nous explique que les conditions sont difficiles notamment à cause du fort vent qui rend la navigation et la pêche délicates sur cette “mer intérieure”. Néanmoins, ils font une pêche correcte (Zone B) avec un brochet de 105 cm, deux sandres et une belle perche. Il regrette de ne pas avoir pu boucler le quota mais ils sont dans le top 10. Frédéric nous annonce qu’un équipage français, sur une autre zone (Zone C), a bien négocié cette première journée. Il s’agit des ‘Rapala Boys’ Arnaud Brière et Laurent Vrignaud qui ont quasiment bouclé le quota, il ne manquait qu’une perche. Là aussi, encore un joli brochet pris de 107 cm.
Au niveau de la compétition, il y en aura pour tous les goûts. Une compétition de street fishing organisée sur les canaux de la ville d’Hellevoetsluis; une compétition de kayak sur deux jours avec une zone réservée sur le Haringvliet et enfin, la compétition phare de cet événement, la compétition bateau organisée sur trois jours et sur trois zones distinctes. C’est sur cette dernière que les avancées technologiques seront mises en place, un système de suivi GPS des compétiteurs et même des prises en direct grâce une nouvelle méthode de comptabilisation des poissons. Une application téléphone qui, après la prise de photo du poisson, transmet directement l’information au quartier général des commissaires. La remise à l’eau est donc immédiate (les viviers étant interdits). Bien sûr, tout cela est consultable en live sur leur site : www.worldpredatorclassic.com
LE VENT FORT REND NAVIGATION ET PÊCHE DÉLICATES SUR CETTE MER INTÉRIEURE
Au terme de cette première journée sur l’ensemble des trois zones, c’est l’équipage roumain composé de Dorian Dubovoi et Ovidiu Ristivan (Zone C) qui s’adjuge la première place, suivi de près par les Belges Luc Coppens et Jeremy Staverman (Zone B). Le podium est complété par les étonnants Américains avec un équipage mixte composé de Larysa Switlyk et Patrick Crawford (Zone C). Les Francais Arnaud Brière et Laurent Vrignaud pointent à la quatrième place. Sur cette journée, de
Au niveau de la comptabilisation des poissons, un quota multi-espèces est prévu avec un brochet, trois sandres et trois perches. Tout est prévu pour avoir de l’action et la retransmettre au public. Toutes les épreuves sont internationales, avec des participants majoritairement européens mais aussi américains, voire même israéliens pour le street. Pour
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beaux poissons ont été pris avec plusieurs brochets métrés, le plus long 108 cm, le plus gros sandre 88 cm et pas mal de perches au dessus de 50 cm avec deux grosses de 51 cm. Le lieu tient toute ses promesses!
fera le plaisir de sortir une perche splendide de 46 cm bien ronde grâce à un tout petit leurre souple imitant un alevin. Une petite photo plus tard, la belle zébrée regagnera son élément. L’heure tourne et peu de poissons daignent montrer le bout de leur nez. A 18 heures, fin de la manche, nous croisons sur le retour des pêcheurs qui arborent de grands sourires, ils nous expliquent qu’ils sont tombés sur un pic d’activité des sandres, sur une zone très localisée au pied d’une écluse. En moins de 15 minutes, ce n’est pas moins d’une dizaine de sandres qui ont été pris et Anja en a d’ailleurs profité avec un sandre de 47 cm pris avec un petit leurre souple.
Le lendemain, nous nous retrouvons au départ du street-fishing, pour suivre cette compétition qui, paraît-il, est très intéressante pour la diversité des canaux entourant la jolie ville d’Hellevoetsluis. Sandres et perches y sont les poissons rois mais quelques jolis brochets, aspes et même turbos ou “flat fish” y sont représentés. Le tirage des binômes s’effectue sur le plateau central, ils sont 78 ‘street fisheurs’ à venir s’affronter. Le temps couvert du matin laisse place à un soleil radieux. Il est 11 heures quand le départ est donné. Nous suivons une habituée et véritable spécialiste du street fishing Anja Becker (Gunki), elle est d’ailleurs la seule représentante féminine de cette édition. Au détour d’une conversation, elle nous avoue ne pas forcément aimer la compétition en elle-même, mais plutôt le partage et la rencontre de nouvelles personnes, découvrir de nouvelles techniques et surtout l’ambiance entre passionnés. Elle connaît bien le secteur et nous confirme que les beaux poissons sont présents mais très difficiles en ce moment, suite aux conditions climatiques particulièrement variables et difficiles. En tout cas, les postes sont très variés et on retrouve sur le même linéaire des nénuphars, des bateaux amarrés, des piles de pont, des quais, bref des postes bien prisés des ‘street fisheurs’. Malheureusement pour Anja, la première manche se termine à 13 heures 30 et se soldera par un capot total, aucunes touches enregistrées. Seul son binôme réussira à capturer un brochet de 63 cm.
La remise des prix devait être annoncée dans la foulée à 19 heures, mais un premier retard, puis finalement un report de la remise des prix sont venus troubler cette belle journée. L’annonce officielle des résultats arrivera finalement vers 22 heures. Le podium sera composé de deux locaux et d’un Belge. Le vainqueur Mark Lubberts est un local de l’étape et a fait sa pêche dans les dix dernières minutes avec un sandre de 45 et un de 55, les deux au shad sur tête plombée. Le second Simon Plaetinck est belge mais il est un habitué des lieux et enfin Michael Schaefer, un local qui est l’auteur de la plus belle prise de la journée avec son brochet de 92 cm qui lui offrira la 3ème place. Notre amie Anja finira, elle, a une honorable 16ème place.
EN MOINS DE 15 MINUTES, CE N’EST PAS MOINS D’UNE DIZAINE DE SANDRES QUI ONT ÉTÉ PRIS
S’ensuit directement un classement temporaire de la compétition kayak qui a vu quasiment tous les participants “capots”, moins d’une dizaine de poissons ont été touchés, malgré la forte densité, le grand ciel bleu et le fort vent n’ont pas permis aux kayaks d’aller sur les bonnes zones. Il leur reste une journée pour essayer de faire mieux.
Le retour au camp de base pour une collation attend les pêcheurs. Les résultats de la matinée sont également annoncés. Il ne s’est pas touché beaucoup de poissons, les sandres sont absents mais quelques perches et brochets ont été pris. Le big fish du matin est un joli brochet de 92 cm pris au buster jerk. Le début de la seconde manche est fixée à 15 heures, les canaux sont repris d’assaut et, non loin de nous, un compétiteur nous
Le festival de rock annoncé prendra la suite, mais le concert n’avait pas l’air d’être ce que les visiteurs attendaient et le site apparaît bien vide. Il faut dire que cette première partie était très spéciale… une fois terminée, le site se remplit à nouveau avec les compétiteurs qui viennent assister à la remise des prix du jour pour la
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compétition bateau. Cela récompense les vainqueurs de chaque zone, ainsi que les plus gros poissons des 3 espèces pris sur l’ensemble des zones. C’est l’équipage local Michel Huigevoort et Marcel Asbroek (Zone C) qui termine en tête de cette journée sur l’ensemble des trois zones devant l’inévitable équipage Luc Coppens et Jeremy Staverman (Zone C) et les Allemands Ralf Klement et Markus Kleen (Zone C). Au niveau des plus beaux poissons, l’équipage russe fera le plus gros brochet avec un spécimen de 116 cm, le plus gros sandre 77 cm et une énorme perche de 52 cm. L’équipage Biwaa - Mercury composé de Christophe Huwarts et Jimmy Plentickx se classera 9 ème avec un gros brochet de 107 cm. Fred Jullian et son coéquipier finiront 11ème. Les ‘Rapalas boys’ eux finiront à la 27ème place avec une journée plus difficile où ils nous ont avoué avoir essayé de limiter la casse sur la zone A, la plus compliquée de cet évènement, car la plus proche de la mer. Le concert de rock reprendra avec un nouveau groupe, mais n’attirera pas plus que cela la foule. Il commence à être tard, le site se vide, les compétiteurs partent se reposer pour attaquer la dernière journée décisive. En ce dernier jour de compétition, nous sommes de bonne heure sur le port, les compétiteurs s’affairent déjà et préparent leurs bateaux pour la manche finale, aucun détail n’est laissé au hasard. Les cannes et les lignes sont remontées, les noeuds refaits et surtout les leurres bien rangés et cachés à la vue des autres bateaux. Nous en profitons pour assister au dernier cérémonial des coups de canon, tirés depuis le port, qui lancent la manche finale. Une fois les bateaux éparpillés, nous partons au départ de la manche finale des kayaks. Un commissaire nous embarque pour les suivre sur une partie de la matinée. Les kayaks sont entièrement
MALGRÉ LEURS ÉQUIPEMENTS, LA PÊCHE RESTERA MAIGRE PENDANT TOUTE LA PÉRIODE OÙ NOUS AVONS ÉTÉ PRÉSENTS équipés pour la pêche : roulettes pour faciliter la mise à l’eau, repose-cannes, rangements multiples, viviers pour certains, pédales pour faciliter les déplacements, arceau pour pouvoir se tenir debout. Comme nous l’a souligné un kayakiste local, c’est le meilleur compromis pour lui de faire du sport tout en prenant du bon temps sur l’eau, en étant peu limité en terme de déplacement et de matériel par rapport à un float tube, le kayak étant moins encombrant qu’un bateau. En tout cas, malgré leurs équipements, la pêche restera maigre pendant toute la période où nous avons été présents. La remise des prix de la compétition kayak sera rapide. En effet très peu de poissons ont été touchés sur l’ensemble des deux jours. Il y aura 15 classés seulement sur plus de 40 participants. C’est un habitué du circuit kayak qui deviendra le premier champion Kayak de la Word Predator Classic. Il s’agit de l’Allemand Sebastian Kummerer, suivra le local de l’étape Daniel van der Pos et un autre
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Allemand Danny Thomas. Un autre local, Hans van Duivendijk, viendra échouer au pied du podium, mais s’offrira le big fish avec un brochet de 104 cm. La journée passe très rapidement et, en fin d’après midi, nous réussissons enfin à trouver, après de multiples promesses du staff organisateur, un bateau pour nous emmener suivre les compétiteurs bateaux. L’heure tardive ne joue pas en notre faveur et nous n’arriverons pas à trouver beaucoup de bateaux. Au contraire, la fin de manche approchant, pas mal de bateaux rentrent au port. C’est un vrai défilé de gros bassboats bien motorisés. D’ailleurs un bateau arrivant un peu trop fort se fera même arrêter par la police fluviale, échappant de justesse à une amende qui l’aurait disqualifié de la compétition. Rentrés au port, nous ne perdons pas une minute et glanons quelques informations. La pêche fut, comme les deux jours précédents, assez compliquée sur la zone A. Certains équipages locaux ont essentiellement insisté en pêche verticale et ont cependant trouvé un peu plus de poissons actifs que les jours précédents, les autres locaux ont plutôt mixé les techniques, alternant verticale, shad en linéaire, trouvant également
UN BATEAU ARRIVANT UN PEU TROP FORT SE FERA ARRÊTER PAR LA POLICE FLUVIALE, ÉCHAPPANT TOUT JUSTE À UNE AMENDE DISQUALIFICATRICE quelques poissons. Pour l’équipage américain par contre, après un très bon début et visant le podium final, cette dernière journée fut plus compliquée, les poissons avaient modifié leur comportement et les cranks, poissons nageurs et autres leurres de prospection ont beaucoup moins bien fonctionné. Ils sont néanmoins heureux d’avoir pu apprendre à connaître un peu plus ces lieux et ces poissons qu’ils ne pêchent jamais et nous affirment revenir plus en forl’an prochain. Pour Christophe Huwarts et Jimmy Pletinckx, la journée n’est pas trop mauvaise. Non pas qu’ils aient le quota, mais ils ont capturé deux brochets métrés, dont un de 114 cm. Christophe nous explique que Jimmy maîtrise plus la pêche verticale et les gros swimbaits, alors que lui a plus insisté avec une pêche en texas rig dans les endroits encombrés ou au milieu des herbiers. Jimmy nous explique que le système de transmission en live des prises a eu quelques ratés et que certains de leurs poissons n’avaient pas encore été pris en compte. Apparemment pas mal de compétiteurs auraient rencontré ce problème, ce qui ternirait un peu la fin de ces trois jours. Un autre équipage francais vient d’accoster. Il s’agit d’Arnaud Brière et Laurent Vrignau. Ils ont pas mal pêché au shad en linéaire et également au jerkbait et au spinnerbait, ce qui leur rapportera quelques poissons bien précieux, mais ils ne traînent pas et sortent rapidement leur bateau de l’eau pour éviter les traditionnels embouteillages à la mise à l’eau. Pour Fred Jullian et Sven, la journée fut plus compliquée sur la zone A et seulement un brochet montera au bateau, la verticale
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n’a pas payé pour eux aujourd’hui. Nous arrivons à intercepter Dietmar Isaiasch avant qu’il ne parte. Il est déçu et nous explique que, malgré sa forte connaissance de ces eaux, il est totalement passé à côté des deux premiers jours. Le dernier fut un peu mieux, sans être pour lui fantastique. Il a basé essentiellement sa pêche sur de la verticale pure sur des zones précises.
ront 30ème sur 50. Frederic Jullian et Sven Vervloesem (Sensas) finiront à la 14ème place alors que Christophe Huwarts et Jimmy Pletinckx (Biwaa - Mercury) pointeront à la 12ème place. Le top 10 passe et Arnaud Briere et Laurent Vrignaud (Rapala) s’offrent une belle 7ème place pour leur première compétition ensemble. Commence alors le top 5. Ce sont les Américains Larysa Switlyk et Patrick Crawford (Livingston Lures) qui s’offrent une place de choix sur un type de compétition assez différent des circuits bass américains. Puis on retrouve l’équipage allemand Ralf Klement et Markus Kleen (Elchinger Angelcenter) qui, après avoir rencontré pas mal de difficultés lors de la première journée, ont bien redressé la barre pour finir au pied du podium. La salle commence à s’agiter, le podium final arrive.
Avant de partir, j’aperçois Luc Coppens sans journaliste autour, j’en profite donc pour avoir son ressenti sur les trois jours. Comme Dietmar, il connaissait parfaitement ces eaux pour y faire régulièrement des dates de la compétition du N.K.S Sandre. Le préfishing a été très important pour lui, car cela lui a permis de découvrir de nouvelles zones à brochets. Partant de là, ils ont passé les trois jours sur des zones précises en alternant verticale et leurres de prospections pour boucler (ou presque) tous les jours le quota. Quand j’évoque avec lui la possibilité de victoire, humblement il me répond “Nous nous sommes régalés sur ces trois jours et avons touché quelques poissons, on verra bien.” Une fois tous les bateaux sortis de l’eau, les compétiteurs prennent la direction du site central pour assister à la remise des prix. Le site est plein, et pas mal de gens sont venus assister au dénouement final. Les heures passent, il est 21H30 et toujours aucune nouvelle. C’est alors qu’une furtive annonce nous indique que la remise des prix (initialement prévue à 20H) est repoussée et que tous les compétiteurs doivent se rendre au restaurant dans lequel est prévu le banquet d’après compétition. Cette annonce jette un froid et bon nombre de compétiteurs et spectateurs ne feront pas le déplacement. Certains affirment que c’est à cause des bugs de l’application de transmission des poissons. On nous explique que certains poissons n’auraient pas été comptabilisés alors qu’ils avaient bien été validés et cela est arrivé sur les trois jours.
Sur la troisième marche, l’équipage finlandais Markku Tiusanen et Antti Anttila (Rapala) continue sa moisson, et s’offre un podium grâce à une dernière journée incroyable. Sur la deuxième marche, on retrouve un autre équipage allemand, les redoutables Gregor Pauly et Rene Lehrheuer (Nitro Boats) qui se voient recompensés de leur régularité. Ils ont pensé un instant à la victoire, mais un équipage a survolé la compétition. C’est officiel, Luc Coppens et Jeremy Staverman (Westin) rajoutent une ligne à leur impressionnant palmarès. Ils ont dominé de la tête et des épaules cette compétition. Sur les trois jours, ils remportent deux zones et terminent second sur l’autre. Le résultat final est sans appel et tout le monde vient les féliciter. Les deux champions sont émus, on leur remet les maillots de champion de cette première édition et une grosse bague à la manière des basketteurs américains qui remportent la NBA. Puis le premier trophée de l’édition 2014 de la World Predator Classic viendra couronner la première partie! La suite de la remise des prix s’effectuera à l’extérieur… Le Nitro Z6 a enfin deux propriétaires, mais ce n’est pas tout, de multiples équipements électroniques RayMarine, un moteur Mercury de 115 CV dernière génération, deux V.T.T. dernier cri tout équipés en Shimano, des cartons de leurres Rapala et le petit plus, la création d’un leurre sur mesure directement à l’usine de fabrication Rapala. Luc, très touché, n’en revient toujours pas d’avoir remporté cette compétition et reste de longues minutes à contempler les lots qu’il vient de gagner. Jeremy, lui, est plus expansif et nous confie qu’il pensait très fort à la gagne et qu’il a explosé de joie quand il a entendu son nom.
LUC COPPENS ET JEREMY STAVERMAN (WESTIN) MONTENT SUR LA PREMIÈRE MARCHE
Une fois au restaurant, l’ambiance est sympathique, mais on sent une légère tension, suite à cette remise décalée. Vers minuit, enfin, la remise des prix débute. Tout commence par les vainqueurs des zones, puis les plus gros poissons du jour (perche de 50 cm, brochet de 115 cm et sandre de 78 cm). En ce troisième jour, c’est l’équipage finlandais composé de Markku Tiusanen et Antti Anttila, à égalité avec l’équipage luxembourgeois Herman Schuurman et Jan Boomsma sur la Zone C, qui terminent en tête, suivis de l’équipage local Tjeerd Van der Ploeg et Henk Tuinenga (Zone C) et enfin l’inévitable duo belge Coppens-Staverman (Zone A). Pour bien faire durer le suspense, un classement général par équipe vient récompenser deux équipages du même team. On retrouve à la première place la ‘Rapala Team’ avec nos Francais Arnaud Brière et Laurent Vrignaud et les Finlandais Markku Tiusanen et Antti Anttila. Vient enfin le classement final, il est quasi une heure du matin. Nos équipages français seront tous classés. Robert Berlioux et Gregory Dubois (Sensas) termine-
Cette compétition restera pour lui un grand souvenir et cette victoire de plus avec Luc continue de consolider les liens forts indispensables à la pêche de compétition. Nous les laissons savourer leur victoire, il est tard et il ne reste qu’une poignée de compétiteurs. Nous partirons dans les derniers, refermant là le volet de ce grand évènement qui, après quelques ajustements, peut devenir une compétition incontournable en Europe et peut-être dans le monde.
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DIAPORA’FISH
TEXTE ET PHOTOS BENOIT QUEGUINEUR
Benoit Queguineur est Docteur en Biotechnologie Marine, spécialiste des algues, photographe de surf et de pêche...
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Benoit a reçu récemment le prix du Meilleur photographe de Surf en Ireland, au festival Shoreshots 2014 (www.shoreshots.ie). Benoit a publié ses photos dans de nombreux magazines internationaux de pêche et de surf (Irish Angler, Tonnta, Surf session, Surf Europe, etc.) et a travaillé avec des marques éco-responsables internationales (Patagonia, Fiiish). Breton d’origine, Benoit est basé sur la côte Ouest de l’irlande, à Mweenish island, Carna, dans le comté de Galway.
LA PHOTO DE SURF, LES DÉBUTS En 2007, alors équipé en argentique, j’avais contacté plusieurs photographes à la recherche d’un caisson étanche adapté à mon boîtier argentique. A l’époque, le numérique ne me satisfaisait pas entièrement et je voulais passer par les fondamentaux de la photo, retracer tout le parcours en noir et blanc, passer par la chambre noire (qui est rouge d’ailleurs). Le photographe de surf Sylvain Cazenave, un des tout premiers en Europe, m’avait répondu positivement. J’étais donc descendu chez lui dans le Sud-Ouest pour
JE PASSAIS DES NUITS ENTIÈRES DANS LA CHAMBRE NOIRE, À ÉCLAIRCIR UNE ZONE, À AGRANDIR UNE PHOTO, À NETTOYER LA SALLE récupérer le caisson et plusieurs accessoires. Il m’a généreusement accueilli, et moi je suis reparti avec son passeport. Ce n’est que bien plus tard dans la nuit que je me suis rendu compte que j’avais son passeport dans la poche. Après avoir vidé mes poches sur sa table, j’avais récupéré ce que je croyais en être le contenu. Que nenni! En palpant le passeport, je me suis vite rendu compte que ce n’était pas le mien, ou alors il avait enflé d’un coup. Le sien était constitué de 2 passeports collés l’un à l’autre, de sorte qu’il faisait l’épaisseur d’un bon roman, et les noms étaient plus qu’évocateurs pour moi: Hawaii, Indonésie, Fiji, Japon, Tahiti, Californie, etc... et encore une fois Hawaii, Indonésie, etc... En bref, toutes les étapes de surf de rêves, toute l’année, toutes les années. J’ai fait pas mal de kilomètres cette nuit-là entre le Sud-Ouest et la Bretagne, mais j’avais des rêves pleins la tête! Au début, je voulais surtout documenter ce que je voyais à l’eau en Irlande, en Bretagne, ou ailleurs. Partager ce que je voyais, car je ne le retrouvais pas dans les magazines.
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Je passais des nuits entières dans la chambre noire, à éclaircir une zone, à agrandir une photo, à nettoyer la salle. J’étais vice-auditeur de la société de photographie de l’université de Galway, sorte d’association d’étudiants avec un budget pour l’année. Je donnais des cours de développement photos, et j’invitais des photographes de surf à parler de leur passion devant des amphithéâtres plus remplis que pour la plupart des cours. Cela me permettait d’échanger avec les pros. Le matériel et mes “besoins” évoluant, j’ai investi dans du numérique et un nouveau caisson.
tenait le jet ski, se chargera de l’achever!), sans ce mélange brûlant de passion et d’inconscience qui te fait te placer au bord du précipice, juste sur l’épaule de la vague, sans cette pensée furtive qui te dit que cette fois tu l’auras pas volé ta Guinness, et qu’elle va rafraîchir ton gosier bien sec et salé, sans cette sensation de première fois déjà inoubliable, sans tous ces petits détails qui te font te sentir plus «vivant» car tous tes sens sont en alerte rouge avec un palpitant à déchirer la combinaison, le taux d’adrénaline en distribil, allez hop, je pisse dans ma combinaison... aaaah... soulagement! Sans cette discussion avec un surfeur australien entre 2 séries, sans les accolades de cette micro-famille qui se regarde et se félicite que tous ses membres soient rentrés sains et saufs... et cette Guinness qui devrait déjà être servie...»
Il n’y a pas vraiment de recette magique pour moi en photo sous-marine, pas plus qu’en photo en général. Quand on a une photo dans la tête, on met les moyens pour l’avoir, ou la voir, sur le papier ou l’ordinateur. Il faut se mettre au plus près du sujet. Ca prend parfois beaucoup de temps, surtout quand on aime les éléments bruts. Le déclic s’est fait en 2008, en Irlande sur le spot de surf d’Aileen’s, au pied des falaises de Moher, sur la côte Ouest de l’Irlande: après avoir descendu les falaises de 200 m par un chemin de terre, traversé les énormes blocs couverts par les entéromorphes glissantes, et après avoir franchi le shore break de 3 m et par là même, le point de non-retour.
Après cette session et plusieurs publications en couverture et double pages, je me suis rendu compte que tous les blocs de l’édifice s’étaient mis en place au fil des années depuis très longtemps. Toutes ces heures passées à l’eau, en planche à voile dans de grosses conditions ou en chasse sous marine, mais toujours avec les potes, sans oublier l’étude du milieu marin, les voyages et les rencontres.
TOUS LES BLOCS DE L’ÉDIFICE S’ÉTAIENT MIS EN PLACE AU FIL DES ANNÉES DEPUIS LONGTEMPS
PHOTO DE PÊCHE ET PRISES DE VUES SOUS-MARINES
(Texte écrit au retour de cette session)
La photo de pêche est venue un peu plus tard, en 2011, avec Matthieu Guennal qui venait de créer Fiiish. Je connais Matthieu depuis longtemps déjà, et on passait déjà beaucoup de temps ensemble à l’eau, en planche, en kite et en pêche sous marine. Je pense que l’on a à peu près la même lecture de la mer et je lui fais donc totalement confiance quand il me dépose sur des zones à fort courant, je sais qu’il y aura du poisson et que je ne me mets pas à l’eau pour rien. On a fait quelques sorties aux Glénans avec Matt et Fred Lavion, mais dès les premières sorties, j’étais piqué.
«Voici juste un échantillon, sans le son, sans les tripes qui résonnent et se retournent à chaque fois qu’une vague se fracasse, sans les crampes dans les jambes après 3 heures à palmer contre le courant qui te renvoie inexorablement dans la zone critique, sans l’appréhension de savoir comment tu vas rentrer au bord, sans le doute de savoir si tu dois pisser dans ta combinaison ou si tu peux encore attendre, sans les cris de joie partagés des mecs qui sortent du tube les bras en l’air, sans l’inquiétude de savoir si le mec qui vient de se prendre un jet ski dans la gueule est encore vivant (et de toutes façons s’il est encore vivant, son collègue, à qui appar-
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FISHART
VICTOR NOWAKOWSKI PHOTOS ET TEXTE ENZO MINARDI
FISHART la rubrique de l’art dans la pêche nous fait découvrir un personnage emblématique de l’univers de l’art, dont le travail en lien avec notre passion impressionne par sa subtilité...
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C’est une nouvelle rubrique qui naît au sein de FishMe et introduit l’art dans notre passion. Nous avons choisi une figure emblématique de cet excercice “stylisfish”, Victor Nowakowski. Je n’épiloguerai pas à travers de longs discours et de phrases soutenues, qui en fin de compte ne servent pas à grand chose: le bonhomme parle de lui-même. Inquiet sur le sort de notre pêche loisir, il est, comme beaucoup d’entre nous, conscient d’une diminution des populations piscicoles mers et eaux douces confondues. Il faut juste souligner que les plus grandes institutions font appel à lui lorsqu’il faut peindre le détail et la réalité des fishes. Ce Monsieur possède de nombreuses références, dont “le musée d’histoires naturelles…” C’est lui, le principal témoin de notre passé “fishistique”, et lorsque vous montrerez plus tard ce qu’était “une perche ou un brochet, etc…” à vos petits enfants, ce ne sera pas en les pêchant, mais en sortant une oeuvre de ce grand Monsieur.
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FISHEYE
PAR ENZO MINARDI
Savage, toujours à la recherche de savoir ce qui plaît, et surtout ce qui prend du fish. Ainsi nous avons le plaisir de vous annoncer «la nouvelle» caméra qui filme sous l’eau...
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LA WATER WOLF DE CHEZ SAVAGE Avez-vous essayé d’accrocher une GoPro à un fil de pêche ? Impossible !!! Ainsi la marque Savage sort une Caméra qui a été entièrement pensée pour être raccordée à votre ligne et devenir le prolongement de celle-ci. Effectivement elle se trouve entre le corps de ligne et le leurre… une masselotte interchangeable permet d’atteindre la profondeur voulue. Elle résiste à plus de 100 mètres de profondeur, enregistre en 1280x720, soit du HD, 30 images/seconde. La batterie a une autonomie de 4 heures, ce qui suffit pour remplir la micro SD de 16 go. Elle est compatible avec des cartes allant jusqu’à 32 go (la carte n’est pas comprise dans la boîte).
https://www.youtube.com/watch?v=AbQPIR_hN0g
Le reste en images, en attendant celles de FishMe… Scannez le QRCode pour voir la vidéo en ligne!
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LA FISHEUSE DU MOIS
NJ MASTIO
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