Altitudes 4 8 1 0
3 7 1
Saisir les sommets pour ĂŠmerger.
P F E
E N S P 2 0 2 0
L’Arve diffuse.
Membres du Jury :
Partick Moquay - Professeur en sciences humaines et sociales - Président du jury Bruno Tanant - Paysagiste DPLG - Professeur encadrant
Tanguy Aufret - Postel - Architecte / Paysagiste CESP - Paysagiste enseignant
Agnès Sinaï - Journaliste environnementale / Essayiste - Personnalité extérieure Flora Guilloux - Ingénieure paysagiste / Invitée personnelle
Saisir les sommets pour Êmerger. L’Arve diffuse.
Bessoud-Cavillot Florent Classe : Risques Encadrant : Bruno Tanant Promotion 2017 - 2020
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Cette plaquette présente le projet de fn d’étude effectué dans le cadre de la formation de paysagiste concepteur à l’École Nationale Supérieure de Paysage de Versailles afin de prétendre à l’obtention du Diplôme d’État de Paysagiste. L’intégralité de ce document (sauf mention contraire) est la production de l’auteur : Bessoud-Cavillot Florent.
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Remerciements
J’aimerais adresser mes sincères remerciements à ceux qui ont contribué à l’élaboration de ce projet.
Je tiens d’abord à remercier Monsieur Bruno Tanant, encadrant de la classe « risques ». Pour son soutien, son attention aux détails, sa disponibilité et sa bienveillance tout au long de cet exercice et de ma formation. Ainsi que tous les intervenant(e)s croisé(e)s durant ce processus de travail.
J’exprime aussi toute ma gratitude aux personnes que j’ai eu la chance d’interviewer, pour leur temps, leurs réponses et leur passion. Un merci tout particulier à Thea Mckenzie, pour l’intérêt porté à mon sujet, pour m’avoir supporté, soutenu, et partagé mes expériences du terrain, au-delà de son regard de photographe avisée.
Un immense merci à ma famille, pour le temps passé à la relecture de cet ouvrage et de tous ceux qui ont jalonné ma scolarité, sans qui tout cela n’aurait été possible. Finalement, je remercie surtout tous mes compagnons de promotion, pour les heures incalculables passées dans l’atelier à travailler ensemble, pour leur regard, leur réflexion et leur humour, qui, en cette période, ont manqué malgré nos échanges à distance.
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7
Résumé
À l’ère de l’anthropocène, les glaciers du Mont-Blanc connaissent des incertitudes climatiques les rendant de plus en plus instables. Ils exposent Chamonix à des risques importants (effondrements, crues…), mais également l’ensemble du bassin-versant en aval, la vallée de l’Arve. Par les prismes du paysage et du risque, ce processus de projet nous amène à osciller notre regard entre l’origine des risques et les lieux sur lesquels il semble intéressant d’agir. De ce fait, il est clair que les incertitudes climatiques auxquelles la vallée de l’Arve est confrontée suscitent des enjeux liés à l’eau et au réchauffement du territoire. Dans un avenir proche, il va falloir accueillir la quantité d’eau plus importante pour garder le territoire habitable et limiter les dégâts tout en maintenant une fraîcheur caractéristique d’une vallée de montagne. Une lecture du territoire et de ses dynamiques permet de localiser « l’organe vital » déterminant pour les flux et les forces à l’œuvre : l’ombilic de la plaine de Sallanches. C’est sur cette plaine de montagne entourée d’une trilogie topographique fondatrice que le projet vient se greffer, au croisement des flux provenant du monde d’en haut et de la plaine. Là où les eaux se retrouvent, mais ne se croisent pas, où les glaciers du Mont-Blanc nourrissent leurs reflets. Des émergences transverses rediffuseraient l’Arve, se saisissant des versants qui l’entourent, donnant à voir les fluctuations des forces et des paysages qu’elle engendre.
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«L’eau est l’organe du monde.» G.Bachelard. L’eau et les rêves 1942
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Avant-propos
« Les montagnes fondent et s’effondrent ». Tels sont les titres, de plus en plus récurrents, que j’ai l’occasion de voir ou d’entendre depuis les dix dernières années. Originaire de la campagne grenobloise, j’ai grandi au pied des montagnes. Le regard orienté vers le ciel. Issu d’une famille de randonneurs, mes premiers pas se sont presque accordés avec mes premières randonnées. Sensibilisé à ce paysage, j’y ai passé la plupart de mon temps libre, et ce, en toutes saisons. À mon échelle, j’ai constaté ces changements radicaux dans des phénomènes que je pensais pourtant éternels. Aujourd’hui, en hiver, la neige a cessé de recouvrir les champs qui entourent ma propriété. Le ruisseau qui la borde, lui, est à sec de plus en plus tôt au printemps. Phénomènes terrifiants. En même temps, les névés surplombés par les falaises calcaires du Vercors ne tiennent plus l’été, les ruisseaux en aval ne sont logiquement plus alimentés. Ces constats ont animé mes observations durant mon parcours à l’École du Paysage de Versailles. Poussée dans une réflexion interdisciplinaire, la formation m’a permis de toucher des sujets qui me semblent essentiels à l’avenir de nos sociétés. Les projets en montagne en font partie, car ils sont selon moi indissociables des questions liées au changement climatique, qui est un facteur déterminant. Ils interrogent aussi les questions de disparitions qui me touchent depuis l’enfance. La neige se fait rare, la glace fond et son renouvellement diminue. Comment nourrir l’imaginaire de la montagne ? Quels paysages résulteront des forces actuellement bouleversées ? Dans ce contexte d’instabilité, j’ai décidé de concentrer ma réflexion sur un territoire incontournable des Alpes mais où je ne m’étais jamais rendu, le massif du Mont-Blanc et la vallée qui en résulte, l’Arve.
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Som
mmaire 11
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RÉSONANCES DU LIEU ET DE L’ORIGINE DU PROJET
Avant-propos Glossaire Introduction Le champ des possibles : atlas de référence Prélude alpin
p.9 p.14 p.19 p.26 p.30
L’ORIGINE - Chamonix 1-Chamonix la vallée ville des glaciers -Aux origines, le Mont-Blanc - Atteindre les sommets, équiper la pente - Une vallée étouffée 2- Les risques en montagne, attraction répulsion -Quels risques ? -Le risque et l’incertitude climatique 3- Du Mont-Blanc au Léman -Le bassin versant de l’Arve -Une vallée séquencée
p.48
p.60
p.68
LE LIEU - L’ombilic, organe vital de Chamonix 1-Un organe vital 2-Du socle au paysage, l’eau sous toutes ses formes -Une lecture en étages 3-Un organe malade Les symptômes
p.88 p.100 p.130
LE PROJET - Un organe transverse 1-Révéler l’organe transverse -La série -De la main au corps -La moelle de l’organe 2-Le repli, saisir et émerger -Le point névralgique -La greffe -Vers un organe absorbant Conclusion
p.138
p.160
p.199
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14
Glossaire
Anthropocène : L’Anthropocène a été définie comme l’ère d’une action humaine devenue force de transformation géologique du système Terre ; une puissance d’action qui, comme le souligne Bruno Latour, nous échappe à mesure que nous nous rapprochons et atteignons les points de « non-retour » du système Terre. (Unesco, 2015) Régime glaciaire : Basses eaux en hiver et débit important en été résultant de la fonte des glaces.
Régime nival : Basses eaux en été, crues de printemps dues à la fonte des neiges de moyenne montagne.
Régime pluvial : Basses eaux en été, débits hivernaux importants mais forte variabilité dans le temps.
Résilience « territoriale » : Le concept de résilience réinterroge la façon de penser le système territorial et ses perturbations. Appliqué au territoire, il peut être défini comme la capacité d'un système à absorber une perturbation et à retrouver ses fonctions à la suite de cette perturbation. Risque : Élement générateur d’incertitudes devenant opportunités innovantes de projet.
SAGE : Le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE), est un document de planification d’une politique globale de gestion de l’eau à l’échelle d’une unité hydrographique cohérente.
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SM3A : Le Syndicat Mixte d'Aménagement de l'Arve et de ses Affluents – S.M.3.A. agit pour la protection et la valorisation des cours d'eau du bassin versant de l'Arve.
Transverse : [ANATOMIE] Se dit d'un organe qui est en travers. Qui traverse perpendiculairement ou obliquement un axe de communication pour relier deux voies. Würm : Le Würm ou Würmien, plus explicitement glaciation de Würm, est le nom donné à la dernière période glaciaire globale du Pléistocène dans les Alpes.
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Introd
duction 17
18
Je suis saisi par les formes que je peux observer en montagnes. La montagne me fascine, m’inquiète et m’interroge. La résonnance des espaces toujours plus vastes sur lesquels des couches s’empilent, se plient, se superposent, alliant l’infiniment grand à l‘infiniment petit, entre horizontalité et verticalité. Ces sensations, je les ai aussi éprouvées dans le massif du Mont-Blanc, à Chamonix et sur les pentes qui forment cette haute vallée glaciaire. J’ai eu l’occasion de marcher sur des glaciers, de les contempler, les voir avancer et reculer. Ces phénomènes mécaniques m’intéressent autant que les formes et flux qu’ils engendrent. À l’ère de l’anthropocène, tout ce que nous avions relégué au rang de « nature » quitte l’arrière-plan
du décor et arrive au premier plan. Les sols, le climat, mais aussi les glaciers : tout ce que nous avons rendu instable interagit avec nous (Latour, 2015). Cette nouvelle ère géologique témoigne de l’accélération de l’histoire géologique de la Terre à la suite des actions de l’histoire humaine. L’Anthropocène nous impose de penser notre environnement à l’échelle globale et dans un temps long. Concernant le cycle de l’eau, nous savons que c’est est un élément fondamental de l’avenir de nos sociétés. Cependant, le parcours de l’eau dans ce contexte induit des modifications importantes en termes de transport (eau, sédiments, chaleur, fraîcheur…) mais également de stockage. Les glaciers ont une place
Effet de foehn
Neige Glacier
Vent humide Précipitations
Lac d’altitude Condensation Ruissellement
Ruissellement Sources
Tourbière Evaporation
Torrent
Lac Ruisseau
L’IMPORTANCE DE LA MONTAGNE DANS LE CYLCE DE L’EAU.
Fleuve
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indispensable au fonctionnement de ce cycle et l’échelle de réflexion qui doit être portée sur leur recul et les risques engendrés doit être global, c’est-à-dire l’ensemble du territoire et du bassin-versant engendré. Dans ce contexte et par le prisme des risques que peuvent engendrer les glaciers du massif du Mont-Blanc, j’ai tenté de remettre en question mes échelles d’approches. Au fur et à mesure de mon étude je me suis intéressé au torrent découlant de ces mêmes glaciers, l’Arve. Rivière capricieuse, son endiguement quasi-total symbolise aujourd’hui le rapport de notre société à son environnement, cherchant à se distinguer de la « nature ». C’est pourtant ce même besoin de « nature » qui fait aujourd’hui défaut à la vallée de l’Arve qui se retrouve soumis a des risques d’inondations extrêmes dans un contexte d’incertitudes climatiques croissantes. D’où viennent les risques qui menacent la vallée ? Où se trouve le lieu de réponse à cette instabilité ? Remonter aux origines des eaux de l’Arve en établissant un rapport amont/aval permanent sera nécessaires au déroulement de ma réflexion. De ce fait, il est clair que les incertitudes climatiques auxquelles la vallée de l’Arve est confrontée suscitent des enjeux liés à l’eau et au réchauffement du territoire. Dans un avenir proche, il va falloir accueillir la quantité d’eau plus importante pour
garder le territoire habitable et limiter les dégâts tout en maintenant une fraîcheur caractéristique d’une vallée de montagne pour répondre à la demande de la société. À la suite d’une réflexion poussée, un lieu semblait se détacher de la vallée, l’ombilic de la plaine de Sallanches. Une plaine de montagne entourée d’une trilogie topographique fondatrice, mais qui écartèle la vallée dans des dynamiques différentes. Le torrent de l’Arve semblant être le lien unificateur, il pourrait être générateur de nouveaux usages pour une vallée qui étouffe. Je pars du postulat que la plaine va devoir « faire avec » son torrent, et plus « contre ». Les risques et la résilience qu’ils induisent peuvent être moteurs de nouvelles façons d’habiter le territoire. Il s’agira donc d’inventer une autre façon de vire en fond de vallée et de redonner de l’espace à la rivière. Ainsi, on pourrait concevoir un nouveau rapport entre les usagers et leur environnement sans opposer frontalement les espaces anthropisés aux espaces dits de « nature ». C’est pourquoi en détectant les formes et les forces l’œuvre sur ce site ce processus de projet tente de modifier leurs interactions dans le but d’enclencher de nouveaux mouvements mettant en œuvre un autre paysage. Un paysage du risque, provoqué par les flux caractéristiques de la plaine de l’Arve.
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Glacier d’Aletsch (128 km²) Mer de Glace (40km²)
Glacier de Fiesch (33km²)
Glacier du Gorner (68km²)
Glacier d’Argentiere (14km²)
LES PLUS GRANDS GLACIERS DES ALPES EN SUISSE ET EN FRANCE
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Le changement climatique risque de modifier radicalement ce cycle de l’eau, 90% des glaciers des Alpes pourraient disparaître d’ici 2100. Le « château d’eau » des Alpes est donc extrêmement sensible et vulnérable aux évolutions des processus météorologiques et climatiques ou de l’utilisation de l’eau. Toute dégradation peut avoir une influence sur la qualité et la quantité d’eau fournie à des dizaines de millions d’Européens, entraînant ainsi des cas de « stress hydrique » important.
Au contraire, les événements climatiques extrêmes tels que les fortes chaleurs ou les orages violents impactant les glaciers peuvent entraîner des crues extrêmes dans les vallées en aval. Cependant, il est important de rappeler que ce n’est pas la quantité d’eau qui va changer, mais sa forme et donc la façon dont celle-ci va se répartir, se stocker et s’écouler. Il y a donc un impact important sur les activités des territoires concernés, et donc le paysage. Un prélude alpin est donc indispensable à ma réflexion.
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2000
2010
2040
2050
2080
2090
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2020 2030 2060
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????
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Le cham po
amp des ossibles 25
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1
Réfé 2
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érences 27
1
2
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8
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3e correction du Rhône (R3), Valais, Suisse. 870 ha, accueil des crues, developpement territorial. Haute-Seymaz, Genève, Suisse. 25 ha, renaturation et requalification d’une rivière canalisée.
Aire, Genève, Suisse. 14,5 renaturation et requalification d’une rivière canalisée. Room for the rivel waal, Nimègue, Pays-Bas. 120 ha, création d’un bras de décharge, aménagement d’une rive.
Meerstad, Groningen, Pays-Bas. 3500 ha, lac, logements, espaces naturels. Reissinsel, Mannheim, Allemagne. 275 ha, parc, réserve naturelle, loisirs
Parc de la Deule, Lille, France 350 ha, parc naturel, renouvellement urbain. Isère amont, Grenoble, France 3 400 ha, gestion de crue, espaces agricoles, loisirs, développement.
Site d’étude - Projet. Plaine de Passy / Sallanches, Vallée de l’Arve, France
Ce tour d’horizon des projets et études réalisés en France et dans certains pays voisins permet de mettre en exergue une volonté croissante de revoir le rapport de notre société à l’eau. Notamment dans la prise de conscience, parfois complexe, de notre vulnérabilité face aux crues, mais surtout de ce qu’elles engendrent, un paysage du risque. Ces références témoignent des nouvelles constructions possibles entre les espaces publics, les espaces naturels et la gestion de l’eau à différentes échelles. On retrouve ainsi une volonté d’articuler le projet urbain a travers l’eau (Nimègue), voir même des quartiers résilients (Meerstad). En Suisse, à proximité du site d’étude, une dynamique de « renaturation » des rivières du Canton de Genève toutes deux affluentes de l’Arve a été menée (Aire, Seymaz). Enfin, le Valais mène actuellement le plus grand projet Suisse de protection contre les crues (R3). Issu du glacier du même nom et sillonnant une longue plaine de montagne, le Rhône et sa vallée sont soumis aux incertitudes climatiques qui, à l’avenir menacent les populations et l’économie de tout un territoire.
PrĂŠlude 28
e Alpin 29
30
31
Les Alpes - 8 pays (France, Italie, Suisse, Allemagne, Autriche, Slovenie, Lichtenstein, Monaco) -14
millions d’habitants
-3770
glaciers (2014) soit 2050 km2 de surfaces gelées
-A l’origine de 4
grands
fleuves européens (Rhin, Rhône, Pô, Adige)
-+2,2 °C dans les Alpes françaises entre 1900 et 2018 (+1,1°C à l’échelle mondiale) -1
milliard 135 millions de touristes sur 1 an en 2014
PHOTOGRAPHIE DE L‘EUROPE DE NUIT, APPARITION DE LA NÉBULEUSE. © CARTESFRANCE.FR 32
« Le trait capital de L’Europe occidentale et centrale est la présence d’une puissante chaine de montagne qui s’interpose entre les plaines septentrionales et le monde méditerranéen. Mais la muraille est ajourée de fissures. Elle est parcourue de corridors qui l’échancrent largement et à l’amont de ces amples balafres, les crêtes peuvent se déployer en cols. Ainsi, la masse n’est pas imperméable, il est possible de se glisser à l’intérieur » (Blanchard,1957).
33
34
Le nom « Alpes », prend sa source dans des notions mêlant blancheur et hauteur, auxquelles s’ajoutent les idées mystiques de « monde lumineux », les formes, le climat, tout y est plus fort, plus rude. Cette chaîne de montagnes est une véritable barrière naturelle, mais elle est aussi ancrée dans une réalité d’échanges entre le nord et le sud de l’Europe. Depuis, 1850 et la seconde révolution industrielle, les territoires alpins ont connu un essor économique et démographique important à la suite de l’exploitation de deux ressources importantes. L’or bleu, l’eau, a permis d’exploiter l’énergie hydro-électrique favorisant l’implantation de nouvelles activités industrielles souvent dans les fonds de vallées. Puis l’or blanc, la neige, qui a concentré les regards vers les hauteurs et les alpages développant le tourisme des sports d’hiver. Les infrastructures de l’industrie ont permis l’essor d’une économie touristique importante, facilitant l’accès à ces espaces autrefois en marge.
Néb
buleuse 35
0
1.6 km 3.2 km 8000
2.4 km
4 km
NÉBULEUSE DU MONDE LUMINEUX DES ALPES
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La particularité du massif alpin réside d’abord dans sa densité humaine, influencée par la ceinture européenne des villes qui l’entourent. Il dispose d’une forte attractivité économique des grandes métropoles comme Lyon, Turin, Genève. À celle-ci, s’ajoute un essor démographique entrainant une augmentation de la consommation d’espaces, mais aussi de produits et de ressources issus des Alpes telles que l’eau. De cette situation géographique, découle l’idée selon laquelle les Alpes sont considérées comme la « cour de récréation » des grandes métropoles (A. Bonomi, 2010). Ce territoire tend ainsi à être exclusivement représenté comme un espace de loisirs ou comme une oasis écologique (Sega, 2017). Ces idées sont confrontées à de nombreuses théories dont celle de l’architecte Suisse A.Corboz qui déclaré que l’Europe et les Alpes ne deviendront plus qu’une seule « nébuleuse urbaine » qui entourera les surfaces cultivés et contiendra aussi des forêts, des montagnes, des lacs.
Ré
éservoir 37
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4 km
GRANDES MÉTROPOLES ET LACS ALPINS
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Au sein de cette nébuleuse, on constate que les Alpes ne sont pas qu’une limite physique, au contraire. La topographie du massif est en partie le fruit de forces glaciaires. Il en résulte ainsi un réseau de vallées alpines à fond plats qui irriguent les plaines des grandes métropoles. Ainsi, ce réseau vasculaire est prolongé par des infrastructures (tunnel…) qui connectent l’ensemble de l’arc alpin aux plaines qui l’entourent. Tels des organes filandreux, les vallées alpines sont liées aux zones métropolitaines, elles mêmes souvent rattachées au réseau de grands lacs alpins eux aussi issus du retrait glaciaire. L’empreinte glaciaire actuelle date de l’ultime glaciation dite de Würm (-12 000 ans). Les glaciers ont façonné ces vallées en auge, modelés les cols et tracés les fameux sillons alpins facilitant les échanges et la sédentarisation de l’homme au sein des Alpes. Ils ont également creusé les dépressions recueillant les eaux des lacs glaciaires comme le lac Léman, autour desquels l’activité humaine s’est implantée.
Sillons 39
0
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4 km
RÉSEAU DE VALLÉES ALPINES RELIANT L’EUROPE
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L’importance de l’eau, sous toutes ses formes, est donc évidente. Mais son titre de « château d’eau » de l’Europe est menacé par le changement climatique. J’ai donc porté mon attention sur un cours d’eau qui résulte d’un régime glaciaire, l’Arve. Tout comme le Rhône dans lequel il se jette à Genève, son régime implique un gonflement important de juin à août qui s’oppose à un débit hivernal particulièrement modeste. À l’ère de l’anthropocène, les interactions fragiles qui sous-tendent le phénomène ancestral d’accumulation et d’écoulement sont désormais menacées, tout comme les espaces qui l’engendrent. Les glaciers, symboles de la haute-montagne, les fleuves impétueux irriguant les plaines, les torrents ardents aux eaux claires, comptent parmi les éléments forts de « l’imaginaire des paysages alpins » mais ils seront d’autant plus acteurs de catastrophes dites « naturelles » si nous ne tenons pas compte de l’urgence dans laquelle nous sommes.
Vallée de l’Arve
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ENTRE LA SUISSE, LA FRANCE ET L’ITALIE, L’ARVE UNE VALLÉE ISSUE DU MONT-BLANC
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Avec l’incertitude climatique actuelle, le retrait des glaciers des Alpes modifiera les territoires, l’économie et les paysages alpins. Si le massif jouit d’une réelle attractivité touristique, c’est également un réservoir important pour l’énergie ou l’agriculture. Mais la fonte des glaciers augmente le risque de catastrophes comme la vidange d’un lac glaciaire, la fonte brutale des neiges mêlée à des précipitations ou l’effondrement et les coulées de débris associés qui entraineraient des crues importantes. Dans ce contexte et par le prisme du risque, je veux tenter d’apporter à mon échelle des pistes de réflexions et de réponses en étudiant une vallée importante des Alpes, la vallée de l’Arve. Pour cela je me suis d’abord intéressé à son origine, Chamonix Mont-blanc. C’est à Chamonix qu’on trouve l’origine de l’alpinisme, des sports d’hiver, de la conquête et de l’intérêt pour la montagne. Le glacier du Mont-Blanc est également à l’origine de la formation de la vallée de l’Arve prenant fin au lac Léman.
Suisse
Genève Le Rhône A41
A410
Habiter 43
Lac Léman
Suisse
L’Arve
Bonneville
Cluses
Sallanches Megève
Passy
Chamonix
Saint-Gervais
Le Mont-Blanc Italie 0
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3
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DU MONT-BLANC AU LÉMAN, LA VALLÉE DE L’ARVE, UNE VALLÉE CARACTÉRISTIQUES DES ALPES
5 km
44
L’OR ChamonixMont-Blanc
ORIGINE L’ORIGINE
45
01
01
46
Vers Genève
Chamonix r L’A ve
Saint-Gervais
Les Houches
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Chamonix- Mont-Blanc -9 086 habitants (en diminution, 2007)
Mont-Blanc, 110 km2 de surfaces gelées sur le massif du Mont-Blanc français
L’ORIGINE
-90 glaciers sur le massif du
- Eté :1
853 100 / Hiver : 1 998 300 touristes
-49 remontées mécaniques (dont la plus haute de France :
3840 m)
-A l’origine du torrent de l’Arve, s’écoulant sur
107 km jusqu’à Genève
-600 000 poids lourds / an emprtuntent le tunnel du Mont-Blanc
Italie
01
Le Mont-Blanc
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LA VILLE DE CHAMONIX SURPLOMBÉE DU GLACIER DES BOSSONS
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Chamonix, vallée ville des glaciers
À l’origine, le site sur lequel je voulais travailler était Chamonix. Vallée emblématique des Alpes, berceau de l’alpinisme, de la glaciologie ou du ski, la où le scientifique rejoint l’artiste, au pied du géant d’Europe. L’étroite vallée de Chamonix s’étend sur 23 km, du col de la Balme menant en Suisse aux gorges de l’Arve, porte d’entrée depuis la plaine de Sallanches. Façonnée par un immense glacier issu de la dernière glaciation, son fond plat permit l’implantation d’un petit village dont on retrouve les traces des 1051. Les conditions rigoureuses et l’enclavement de la vallée vont maintenir un noyau dense qui peine à subsister en rive droite de l’Arve pendant des siècles. Cependant, l’enthousiasme et la curiosité des hommes vont totalement bouleverser la trajectoire de la vallée. Tout commence en 1741 lorsque deux explorateurs Anglais Windham et Pocock s’intéressent
GOEPFERT Y. 1994. « Chamonix Mont-Blanc ». Aio. Le Cannet.
01
1
aux « glaciaires de Savoye »1 qu’ils découvriront suite à la première expédition au Montenvers. Elle marque un tournant dans la perception de ces espaces sauvages et « maudits ». Quelques années plus tard le sommet du Mont-Blanc est conquis par deux Chamoniards, Michel Grabriel Paccard, médecin et Jacques Balmat, crtistallier. Le 8 aout 1786 à 18h23, les deux hommes ouvrent une page importante de l’histoire de Chamonix et des Alpes, l’alpinisme est né. La météo périeuse obligea ensuite Horace-Bénédict de Saussure à attendre 1 an avant de lancer sa caravane sicentifique à l’assaut. Guidé par Jacques Balmat, le naturaliste Genevois est le premier à avoir determiné les grandes lois régissant les glaciers. L’attraction du Mont-Blanc va longtemps entraver l’ascension des cimes voisines mais toutes seront foulées par des hommes et des femmes venant du monde entier durant le siècle suivant.
L’ORIGINE
Aux origines, le Mont-Blanc
50
Suisse
Chamonix
L’Arve
Le Mont-Blanc
Italie
CHAMONIX 1850 - DES HAMEAUX DISPERSÉS, POINTS DE DÉPART DE LA CONQUÊTE DES SOMMETS
1. 25 000
0
500
1000
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01
AIGUILLE DU PLAN ET AIGUILLE DU MIDI DEPUIS LE REFUGE DU PLAN DE L’AIGUILLE
L’ORIGINE
MONT-BLANC DEPUIS L’AIGUILLE DU MIDI
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Suisse
Station des Grand Montets
Chamonix
Le Brévent
Mer de Glace
Train du Montenvers L’Arve
La vallée blanche Tramway du Mont-Balnc
Aiguille du Midi
Le Mont-Blanc
Italie
CHAMONIX 1950 - URBANISATION DE LA VALÉE, ÉQUIPEMENT DES SOMMETS.
1. 25 000
0
250
500
750
1000
1250 m
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LE TRAIN DU MONTENVERS MENANT À LA MER DE GLACE © ACTUMONTAGNE
Atteindre les sommets, équiper la pente
-1908 / La Mer de Glace
La Mer de Glace est le plus grand glacier de France ( 7km de long et 200m d’épaisseur ), en hiver plusieurs milliers de skieurs la descendent par la fameuse « Vallée Blanche » pour rejoindre le train du Montenvers. Ce train est la première construction de la vallée de Chamonix, conçue exclusivement pour les touristes. Il est une des attractivités phares de la vallée car il permet d’offrir un panorama splendide sur les Grandes Jorasses et ses aiguilles avant de se rendre sur la glacière jadis « maudite », devenue aujourd’hui une curiosité réputée et menacée, notamment par la hausse des températures.
-1924/1927 - 1954/1955 l’Aiguille du Midi
En 1924, le premier téléphérique pour voyageurs de l’histoire est construit en deux tronçons et arrive en 1927 au bas de l’Aiguille à 2400 mètres d’altitude. Il servira notamment au développement des sports d’hiver dans la vallée, mais n’atteindra jamais le sommet et sera ensuite exploité pour l’entretien des lignes aériennes. Il aura fallu attendre 1954 et plusieurs tracés qui ont permis d’ouvrir le premier tronçon Chamonix - Plan de l’Aiguille, suivi par le deuxième tronçon jusqu’à l’aiguille même en 1955, la deuxième partie constituait alors le plus haut téléphérique du monde.Il figure aujourd’hui parmi les sites les plus visités de France avec plus de 800 000 entrées/an, le Montenvers étant lui à la 27e place. 2 J’ai eu la chance de pouvoir m’y rendre le 29 décembre 2019, en plein milieu de l’hiver. Un matin froid, sec et ensoleillé relayait alors une nuit de neige, laissant
Elle est cependant détrônée depuis 1960 par le téléphérique du Pico Espejo, dans les Andes à Mérida (Venezuela), qui culmine à 4 765 mètres -https://www.ledauphine.com/savoie/2012/05/23/ parmi-les-sites-les-plus-frequentes-le-telepherique-de-l-aiguille-du-midi)
L’ORIGINE
La fin du XIXe siècle marque également un autre tournant de l’espace de la montagne, c’est la période des grands équipements qui prend en partie sa source dans les projets fous de Chamonix qui font aujourd’hui sa renommée.
01
2
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tous les sommets immaculés. L’ascension se fait rapidement, une élévation progressive qui nous amène jusqu’à un moment extraordinaire. Je m’assois pour croquer cet instant, au début, l’excitation de la vue prend le pas sur le froid glacial qui me transperce lorsque je reste immobile. Mais cela ne dure pas, ces conditions extrêmes me rappellent que je suis à 3842 m d’altitude, observé par le géant d’Europe. Je me sens insignifiant. Je passe alors le matin à flâner, de passerelles, en grottes, dans un moment hors du temps, me laissant hypnotiser par ces glaciers, à l’origine de mon attrait pour ce site. -1907 / Le tramway du Mont-Blanc
La construction d’un équipement menant de la vallée directement au sommet du Mont-Blanc a connnu de nombreux projets et propositions toute plus folles les unes que les autres. Les querelles entre la commune de Chamonix et de Saint Gervais (commune de la vallée voisine) ont, elles aussi alimenté les débats sur la position de la gare de départ et l’itinéraire a emprunter. Le départ se fait finalement depuis la gare du Fayet à Saint-Gervais, qui est desservi depuis Annecy en 1898, le train ira ensuite jusqu’à Chamonix en 1901. Cette modernisation fait entrer la vallée dans une nouvelle dimension de desserte touristique. La ligne inaugurée en 1907 part ainsi du lieu dit Le Fayet sur la commune
-1928 / Le Brévent et son panorama Enfin, le massif du Mont-Blanc n’est pas le seul à avoir connu une conquête mécanique importante. Le massif des Aiguilles Rouges situé en face offre également
un panorama somptueux sur la vallée et les sommets. Après la construction en 1928 d’un premier tronçon de téléphérique reliant Chamonix au Planpraz, le sommet du Brévent est finalement atteint grâce à l’inauguration du deuxième tronçon de téléphérique en 1930. Réputé pour son belvédère, il offre une vue transversale de la vallée et fait également partie du domaine skiable de Chamonix. Il connait une forte fréquentation hivernale ainsi qu’estivale car il permet ensuite d’accéder au sentiers des Aiguilles Rouges menant notamment au Désert de Platé.
01
de Saint-Gervais-les-Bains à 590 m d’altitude pour plus d’une heure de voyage en direction du col de Voza (à 1653 m). L’ascension se poursuit jusqu’à Bellevue (à 1800 m) et s’achève au Nid d’Aigle (à 2372 m) au pied du glacier de Bionnassay, le Mont-Blanc étant finalement trop compliqué à desservir.
L’ORIGINE
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Martigny
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Suisse
Source de l’Arve
Chamonix
L’Arve
Tunnel du MontBlanc
Italie Courmayeur CHAMONIX 2020 - UNE VALLÉE VILLE ÉTOUFFÉE ENTRE LA SUISSE ET L’ITALIE.
1. 25 000
0
500
1000
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Si les sommets ont été gravis, conquis et équipés pour être toujours plus fréquentés, la vallée n’a pas été épargnée par ces grands chantiers. On voit clairement que le développement des activités de montagne liées à la neige va de paire avec une croissance urbaine engorgeant les terrains plats de la vallée et grappillant les premiers piémonts aux dangers limités ou oubliés. Aujourd’hui, la ville de Chamonix s’étend sur l’entièreté de la vallée. La façon d’habiter la montagne a évolué et ce mode de développement touristique s’est traduit spatialement par la modification des flux de déplacements, des flux naturels, l’urbanisation des terres agricoles ou leur fermeture par la forêt. Le regard s’oriente vers le monde d’en haut et les chalets de luxe s’entassent dans une vallée qui étouffe et qui connait une première baisse démographique, non négligeable
L’ORIGINE
Une vallée étouffée
01
UNE CONCENTRATION IMPORTANTE DE FLUX DANS LE FOND DE VALLÉE (ROUTIERS, FERROVIAIRES, HYDROLOGIQUE)
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VUE DU MONT-BLANC DEPUIS LE BRÉVENT © SAVOIEMONTBLANC.COM
LA VALLÉE DE L’ARVE SOUS SA MER DE NUAGE, VUE DEPUIS L’AIGUILLE DU MIDI
neige hivernale, le recul glaciaire, etc. Ces évènements ont un impact fort sur le territoire Chamoniard et l’exposent à des risques de plus en plus fréquents et importants. Au premier plan du changement climatique, les territoires de montagnes peuvent être acteurs de la transition tant attendue car il en va de l’habitabilité de ces milieux.
01
Cette évolution territoriale a donc engendré un territoire orienté sur le tourisme qui se base en partie sur des ressources comme la neige et les glaciers, ainsi que des activités dépendantes de ces entités. Cependant, les Alpes et Chamonix connaissent actuellement des problématiques liées au changement climatiques comme la fonte du permafrost, le manque de
L’ORIGINE
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60
GASTON RÉBUFFAT SUR L’AIGUILLE DE ROC, PHOTO SÉLECTIONÉE PAR LA NASA POUR EMBARQUER À BORD DES SONDES VOYAGER © GEORGES TAIRRAZ
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Les risques en montagne, attraction répulsion
La montagne est un espace de fascination. Depuis Rousseau et les Lumières, elle offre la démonstration de différents aspects de la nature : le mal, la douleur, le danger, la peur, la terreur, mais aussi le dépassement des limites humaines ou de l’infini. Elle se mêle alors avec la notion de risque, omniprésent dans un espace aussi hostile. Ce risque va de pair avec les pratiques de l’alpinisme décrites précédemment et de nombreuses fois mises en récit par des écrivains comme Roger FrisonRoche ou Henri Isselin, en particulier à Chamonix3. Ils se sont appliqués à pratiquer et raconter les exploits des « Conquérants de l’inutile » qui ont connu bien des drames dans leurs efforts tout en alimentant un imaginaire nourrit d’aventures et de paysages grandioses4. « Gratuité de l’effort, admiration sincère de la nature, goût de la conquête sans esprit forcené de compétition, acceptation des risques raisonnés. », l’esprit de montagne
définit par Henri isselin, « Les aiguilles de chamonix», 1961 Les aléas font partie de la vie en montagne depuis toujours, que ce soit dans les activités qui y sont liées ou dans la façon d’occuper l’espace. Cependant, les avancées techniques et technologiques ont permis aux hommes de s’installer dans des lieux autrefois inoccupés, faisant parfos disparaitre la mémoire et la conscience du risque. Autrefois espace de subsidence, Chamonix accueille aujourd’hui une population importante qui peut tripler en période touristique estivale et hivernale ce qui accentue les conséquences humaines ou économique d’un quelconque aléa. Durant de long temps géologiques les forces telluriques et les glaciers ont sculpté ce socle aujourd’hui instable. À l’heure de l’anthropocène, il est indispensable de repenser ces mécanismes de transport et de stockage, notamment en ce qui concerne le cycle de l’eau.
FRISON-ROCHE R., et TAIRRAZ G., 1979. « Premier de cordée » : Photographies de G. Tairraz. 2. éd. Paris: Arthaud. 4 TERRAY L. et RUFIN J-C. 2017. « Les Conquérants de l’inutile.»
L’ORIGINE
Quels risques ?
01
3
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CHAMONIX, UNE COMMUNE FORTEMENT EXPOSÉE AUX RISQUES (INONDATION, ÉCROULEMENT...)
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Au sein de la classe risque, c’est par la problématique de l’eau que j’ai décidé d’aborder le site de Chamonix. Dans cette vallée, l’eau est présente de partout, on distingue ses traces dans tous les paysages et sous toutes ses formes. Élément vital, elle est pourtant à l’origine de nombreux risques accentués par le changement climatique qui touche directement les glaciers. En effet, dans son dernier rapport (2019)5 le GIEC alerte sur la hausse significative des températures et l’impact sur la cryosphère qui entraîne un recul glaciaire conséquent engendrant directement des risques pour les populations locales, mais également celles situées en aval. Ces risques glaciaires, qui ont pour origine les glaciers, sont de différents types : -rupture de poche d’eau et lac associés -chutes de séracs ou effondrement
https://www.ipcc.ch/srocc/
01
5
à la suite de la fonte du permafrost -crues torrentielles dues à un orage important couplé à une fonte de glace ou de neige -stress hydrique dû à un manque d’eau Ce constat m’a amené à repenser ma réflexion et réorienter mon regard. De ce fait, si l’origine du risque que je souhaite traiter se trouve bien à Chamonix et ses glaciers, il semble également que les espaces impactés se trouvent en aval et non simplement à Chamonix. La carte des aléas impactant la commune est significative. De nombreux espaces sont exposés et des interventions d’ingénierie lourdes ont déjà été effectuées sur de nombreuses zones. Mais une fois passé Chamonix, c’est par le biais du torrent de l’Arve et de ses gorges que toute cette eau et cette matière vont continuer.
L’ORIGINE
Les montagnes fondent et s’effondrent
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VUE DE LA LANGUE TERMINALE DE LA MER DE GLACE EN 1861. © FERRIER & SOULIER
VUE DU GLACIER D’ARGENTIÈRE EN 1890. © AMIS DU VIEUX CHAMONIX
Fonte L’ORIGINE
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VUE DE NOS JOURS © A. GERDAN & R.NOYON
01
VUE DE NOS JOURS EN 2015. © CREA MONT-BLANC
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R
Risques Une lecture de l’ensemble du bassinversant semble donc nécessaire pour replacer le massif du Mont-Blanc et les risques qu’il engendre dans un contexte plus large. Les derniers étés caniculaires que je viens de vivre me confortent dans cette idée qu’il faut agir vite. L’été 2017 a déjà été fatal à un glacier Suisse qui en s’écroulant entraina une lave torrentielle qui détruit le village de Bondo en aval. Des images spectaculaires témoignant de l’importance de prendre en compte l’origine d’un phénomène et ses points d’impacts.
L’ORIGINE
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EFFONDREMENT D’UNE PARTIE DU PIZ CENGALO © MICHELE BATTORARO
01
COULLÉE DE BOUE DANS LE VILLAGE DE BONDO © LE TEMPS
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VUE DU MONT-BLANC DEPUIS LES RIVES DU LAC LÉMAN © FOROCOCHES
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Du Mont-Blanc au Léman
L’Arve est une rivière capricieuse, son régime dépend en partie de l’humeur des montagnes dont elle prend sa source avant de se mêler aux eaux du Rhône découlant du lac Léman.
Réputée pour ses crues rapides et destructrices, elle est souvent chargée de sédiments et autres matières, ses eaux tumultueuses se distinguent ainsi du Rhône plus calme et limpide.
L’ORIGINE
Le bassin versant de l’Arve
01
CONFLUENCE DU RHÔNE ET DE L’ARVE A GENÈVE LORS DE LA CRUE CENTENALE DE L’ARVE, MAI 2015© STÉPHANIE GIRARDCLOS
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L’Arve est avant tout une rivière. Elle prend sa source au col de Balme à 2191 m avant de rejoindre le Rhône à 371m, 107 km plus bas. Plus de 60 % de son bassin versant se situe au-dessus de 1000m d’altitude et 6% est composé de surfaces gelées en permanence. À son origine, elle résulte de la somme de torrents de montagne provenant surtout des glaciers de la haute vallée de Chamonix. Puis, une fois passé les premières gorges, elle est alimentée par les affluents de la plaine de Sallanches, son régime passe ainsi d’un régime glaciaire à un régime dit glacio-nival. Enfin, après la plaine de Cluses son régime se complexifie jusqu’à Genève pour tendre vers un régime nivo-glaciopluvial. Elle est donc influencée à la fois par les fontes de glaces estivales, les neiges printanières, et enfin les précipitations saisonnières. Réputée pour ses crues, les habitants de la vallée ont très tôt cherché à l’endiguer pour développer la plaine. La quasi-totalité de son cours est aujourd’hui chenalisé.
Lac Léman
Le Rhône
Genève
Tissus L’ORIGINE
71
L’Arve Cluses
Col de Balme
Sallanches
Source de l’Arve
Chamonix
Passy
Megève
1. 100 000
0
1
2
3
4
5 km
L’ARVE ET SES AFFLUENTS, DE SON ORIGINE À SON EXUTOIRE
01
Le Mont-Blanc
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Son endiguement a libéré l’espace de la plaine. Dans un premier temps, c’est l’agriculture qui profita de ces sols riches en limons. Puis elle est devenue une vallée réputée pour ses industries de décolletages notamment, mais également pour sa forte fréquentation routière (10 000 véhicules/j), lui donnant la triste réputation de « vallée la plus polluée de France ». Cette fréquentation est due à sa situation transfrontalière, véritable couloir de circulation entre les métropoles européennes telles que Lyon, Genève ou Turin (autoroute, train…). Puis, au sein du département de la Haute-Savoie, l’Arve est aussi influencée par le polycentrisme départemental et des villes comme Sallanches, Megève ou Chamonix qui disposent d’une singularité urbaine et de dynamiques qui leurs sont propres. Ce polycentrisme fait la richesse du territoire et doit être inclus dans une vision départementale mais également transfrontalière.
Lac Léman
Le Rhône A41 Voie ferrée
A410
Genève
Couloir L’ORIGINE
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Cluses
Passy
Chamonix
Sallanches
Megève Le Mont-Blanc
1. 100 000
0
1
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3
4
5 km
LA VALLÉE DE L’ARVE, UN COULOIR DE FLUX CROISSANT
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L’Arve
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Ce polycentrisme crée un risque qui repose sur une généralisation du mode d’urbanisation et de développement des villes qui occupent tout le fond de vallée. C’est ce qui se produit actuellement et l’attractivité des villes comme Chamonix ou Genève engendre des flux touristiques, journaliers, mais aussi un étalement urbain important. La ville est une entité complexe qui se déploie dans l’espace et dans le temps. Elle tend à ne constituer qu’une seule entité, des fonds de vallées, aux bords de lac en grimpant sur les coteaux. Pourtant, malgré ce développement effréné qui va vers une généralisation des villes de la vallée, j’ai pu distinguer 3 entités qui se distinguent clairement. Elles sont confortées par les différentes administrations qui les gouvernent (métropole de Genève, Pays du Mont-Blanc…). L’Arve étant le lien majeur qui relie l’entièreté du territoire et participe à sa diversité.
Séq Lac Léman
Le Rhône
Genève
quences 75
L’ORIGINE
Plaine de Genève
L’Arve
La haute vallée glaciaire
Cluses
Sallanches
Megève Le Mont-Blanc
1. 100 000
0
1
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4
5 km
TROIS ENTITÉS SÉQUENCÉES SE DISTINGUENT
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L’ombilic de la plaine de l’Arve
Chamonix
Passy
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J’ai ainsi défini ces entités grâce à leur situation géographique, leur rôle dans le bassin-versant, mais également la diversité des paysages qui les composent. La richesse de la vallée se révèle d’abord par son socle et les dilatations des plaines qui oscillent entre des piémonts aux douces pentes pâturés et d’étroites gorges aux falaises escarpées. Lorsque ces gorges s’ouvrent elles laissent entrevoir les falaises calcaires des dents et autres aiguilles des massifs Fiz et des Aravis. Aux pieds de ces géants de pierres des troupeaux pâturent sous le soleil des alpages avant de se rafraîchir dans les torrents bruyants qui se jetteront dans la plaine pour sillonner au milieu des cultures fourragères. L’Arve, tumultueuse, borde d’anciennes gravières dans lesquels se reflètent les géants d’Europe. Ce qui s’apparente ainsi à un système stable et équilibré est néanmoins menacé par les risques évoqués auparavant et peut se voir bouleversé par l’instabilité des milieux montagnards.
D Lac Léman
Le Rhône
Genève
Diversité 77
Cultures
Cluses
Massif des Fiz
Massif des Aravis Sallanches Alpage
Passy
Megève Forêt de conifères
Alpage
Chamonix
Glaciers Le Mont-Blanc 1. 100 000
0
1
2
3
4
5 km
DES PLAINES AUX SOMMETS, UNE DIVERSITÉ DE PAYSAGES COMPOSE LA VALLÉE
01
Zones humides
Alpage
L’ORIGINE
Forêt de conifères
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Le développement du territoire s’est opéré en grande partie dans les lits majeurs des cours d’eau et cônes de déjection torrentiels qui offraient des espaces propices aux aménagements. L’Arve en particulier a perdu 18 km² d’espaces d’expansions en 1 siècle passant de 25 km² a 7 km². A cela s’ajoute une accélération importante du cours d’eau. Par le passé, une goutte d’eau mettait 10 h pour s’écouler de Passy à Genève, elle n’en met plus que 7 h aujourd’hui, cela est le signe d’une chenalisation importante, mais aussi d’une accélération croissante des flux traversant le fond de vallée. Avec l’incertitude climatique actuelle, la vallée se retrouve fortement exposée à des crues qui toucheraient autant le secteur économique que l’habitat. Trois secteurs se distinguent par leur vulnérabilité importante, la plaine de Bonneville, de Magland et de Sallanches.6 Stratégie relative à l’hydromorphologie de l’Arve, SAGE, 2014 6
Inon Lac Léman
Le Rhône
Genève
ndations 79
L’ORIGINE
Crue
Bonneville
Cluses
Crue
Sallanches
Magland Passy
Chamonix
Le Mont-Blanc 1. 100 000
0
1
2
3
4
5 km
DES PLAINES FORTEMENT EXPOSÉES AUX RISQUES D’INONDATION DE L’ARVE 01
Crue
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Lac Léman
Plaine de Genève Genève
La haute vallée glaciaire
Cluses
Verrou de Cluses
Sallanches
Chamonix Passy
Verrou de Servoz
Megève
L’ombilic de la plaine de l’Arve Le Mont-Blanc 1. 100 000
0
1
LA SÉQUENCE DE L’OMBILIC DE L’ARVE, ORGANE RELIANT L’ENSEMBLE DE LA VALLÉE
2
3
4
5 km
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Une entité séquencée
L’ombilic de la plaine de l’Arve Verrou de Servoz
Plaine Plaine de de Genève Genève Verrou de Cluses
Le bassin versant de l’Arve est donc un territoire séquencé en trois entités. La lecture de ce territoire par le prisme de l’eau et du paysage m’a permis de comprendre leur vulnérabilité ainsi que leur complémentarité dans le système qu’elle forme. La remise en question de l’échelle de mon étude était indispensable pour comprendre les relations entre l’amont et l’aval du territoire, et donc les conséquences engendrées par les évènements qui se déroulent à l’origine de l’Arve au niveau de Chamonix. L’ombilic de la plaine de l’Arve est l’entité qui a le plus retenu mon attention. En effet, il occupe une place centrale dans la vallée, à la jonction entre la plaine de Genève et la haute vallée de Chamonix cette forme « ombilical » issue du retrait glaciaire est singulière. Fortement exposée aux crues au niveau de Sallanches et Passy, elle semble être un lieu charnière impacté par le risque qui m’intéresse.
L’ORIGINE
Une vallée séquencée
TROIS SÉQUENCES DISTINGUÉES PAR LE RELIEF, MAIS RELIÉES PAR DES INFRASTRUCTURES LOURDES EN FOND DE VALLÉE
01
La haute vallée glaciaire
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HAUTE VALLÉE GLACIAIRE DE CHAMONIX
OMBILIC DE LA PLAINE DE L’ARVE, VUE SUR LE MASSIF DES ARAVIS
VUE SUR LE VERROU DE CLUSES ©
PLAINE DE GENÈVE, VUE SUR LE LAC LÉMAN DEPUIS LE SALÈVE © RANDOS-MONTBLANC.COM
relie, l’ombilic de la plaine de l’Arve. Cette plaine au niveau de Sallanches est considérée comme « l’antichambre » du Mont-Blanc. Un espace de transition fortement emprunté, traversé de façon linéaire dans le but de se rendre au pied du géant d’Europe. Et si cette « antichambre » avait plus d’importance qu’on ne le pense ?
01
La vallée de l’Arve est donc constituée d’une succession de pièces, séparées par des verrous glaciaires qui, tels des seuils marquent des limites entre chaque entité. La traversée successive de ces seuils est nécessaire pour se rendre du Mont-Blanc au Léman, deux monuments emblématiques des Alpes. Entre ces deux géants, se trouve ainsi un organe qui les
L’ORIGINE
83
LE
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L’ombilic, organe vital de Chamonix
E LIEU 02
02
LE LIEU
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Vers Genève
86
Massif des Aravis
Sallanches
L’Ar ve
Domancy
Combloux
Megève
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Massif des Fiz
L’ombilic de la plaine de l’Arve
Passy
40 000 habitants environ
- 90
000 lits touristiques
- 10
000 véhicules / jours
- 6 Stations de sports d’hiver
LE LIEU
-
- 50 % des digues de l’Arve en «mauvais état» (SM3A)
-6% du bassin versant sous forme solide (glace)
Saint-Gervais
11M € sur l’habitat 5,5M € sur l’économie (SM3A)
Vers Chamonix
02
- Dégats en cas de crue centenale :
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PLAINE DE PASSY DEPUIS LES HAUTEURS DE SALLANCHES, L’AIGUILLE DES DRUS EN FOND © B. BRASSOUD
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Définitions d’un ombilic :
- Ombilic (glaciaire). Dépression provoquée par le surcreusement d’une vallée glaciaire limitée à l’aval par un verrou. Une fois le glacier fondu, un lac occupe l’ombilic, et un exutoire entaille peu à peu le verrou . - Ombilic (anatomie). Cicatrice arrondie, déprimée ou saillante, consécutive à la section du cordon ombilical. [Avant la naissance] Région de passage des organes qui relient le foetus au placenta. - Ombilic (botanique). Dépression à la base et/ou au sommet de certains fruits. -Ombilic (littéraire). Point central.
En se basant toujours sur l’analogie anatomique, je me permets de définir cet ombilic glaciaire (forme actuelle) comme un organe vital (fonction actuelle) pour le bassinversant de l’Arve, mais surtout pour la vallée de Chamonix. Je vais donc me concentrer sur cette entité pour définir les relations qu’elle entretient avec l’origine de ma réflexion. L’échelle de réflexion s’étend ici sur la communauté de commune « Pays du Mont-Blanc », dont les principales communes sont, Sallanches, Passy, Saint-Gervais et Combloux. Chamonix fait partie d’un nouveau territoire, la « communauté de communes de Chamonix-MontBlanc ». Tout le monde cherche donc à s’approprier le géant d’Europe, véritable symbole local.
LE LIEU
Un organe vital
02
INTERROGER LA FORME DE LA VALLÉE OMBILICALE.
90
Le risque d’inondation qui menace cette vallée est important. Une crue centennale entrainerait une submersion importante de la vallée voir même des ruptures de digues qui causeraient des dégâts encore plus importants. L’incertitude climatique actuelle tend à engendrer des aléas de plus en plus extrêmes et ces évènements imprévisibles peuvent causer autant de dégâts humains qu’économiques. Au niveau de Sallanches, on constate également que les infrastructures de transports sont concernées. L’A40 ou autoroute blanche menant aux glaciers et aux stations de sports d’hiver joue en grand partie le rôle de digue sur cette portion. La voie ferrée, plus en retrait est, elle aussi concernée.
A40
Crue centenale Voie ferrée
Aléas LE LIEU
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1. 50 000
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1000 2000
500 1500 2500 m
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LES ACTIVITÉS DE LA PLAINE IMPACTÉES PAR LA CRUE CENTENALE
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Les flux occupent une place importante dans la vallée, fortement empruntée, elle permet de rejoindre les stations de sport d’hiver réputées de Megève, Combloux ou Saint Gervais, Mais également Chamonix ou les Houches dans la vallée voisine. Même si le territoire dispose d’une des premières ligne ferroviaire en France, le trafic routier est le plus important. L’accès à la Suisse ou à l’Italie via le tunnel du Mont Blanc fait de la plaine, un axe de circulation majeur à l’échelle nationale et européenne. Un réseau dense d’infrastructures de déplacements qui se concentrent principalement dans la plaine car contraint par un relief important. La vallée de Chamonix est donc dépendante de son « antichambre ».
R A40
Voie ferrée
Réseaux LE LIEU
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0
1000 2000
500 1500 2500 m
DES FLUX IMPORTANTS TRAVERSENT L’OMBILIC RELIANT L’ENTIERETÉ DU TERRITOIRE
02
1. 50 000
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Vulné
À la suite du constat de cette dépendance, si on continue la ramification du territoire Chamoniard, on se rend compte des influences mutuelles de ces 2 entités, des relations entre les forêts, les alpages, et les sentiers de grandes randonnées s’ajoutent aux flux présentés précédemment. Il est important de ne pas isoler ces entités finalement liées par les paysages qui les caractérisent : une succession de plans, de flux, qui coexistent et fusionnent de l’immensément grand à l’infiniment petit. La vulnérabilité du territoire chamoniard est donc aussi le résultat des actions qui sont menées en aval des glaciers du massif du Mont-Blanc. Ainsi, il semble qu’il existe des interrelations entre la haute vallée de Chamonix et l’ombilic de la plaine à prendre en compte dans le cadre d’une action sur le territoire.
Forêt GR TMB Variante
Alpage
érabilité LE LIEU
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GR TMB
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1000 2000
500 1500 2500 m
INTERELATIONS DES ESPACES CARACTÉRISANTE LES VALLÉES
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1. 50 000
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MER DE NUAGE DE LA VALLÉE DE L’ARVE, VUE DEPUIS L’AIGUILLE DU MIDI, ALT 3842 M
LE MONT-BLANC ET SES AIGUILLES DEPUIS LES PIÉMONTS DE SALLANCHES (AU PREMIER PLAN)
LE VERROU GLACIAIRE DE SERVOZ SURPLOMBÉ PAR L’A40 POUR SE RENDRE À CHAMONIX
Un autre fait important m’a frappé durant mes moments passés sur le site d’étude. Les vues que j’avais du massif du Mont-Blanc depuis l’ombilic. Il est vrai que la monumentalité des pentes est frappante, voir angoissante pour certains, lorsque l’on se trouve dans la vallée de Chamonix, mais le recul offert au niveau de Sallanches accentue la monumentalité de cet édifice de roches et de glaces. Cette relation visuelle permise par la succession de plans qui composent ce paysage de montagne soutient mon intuition selon laquelle la façon d’agir à Chamonix et ses glaciers ne se situe pas directement à l’origine des risques encourus, mais en aval, sur un lieu impacté de façon plus importante. Puis en affinant mes recherches, j’ai consulté un document produit par le SM3A (syndicat mixte de l’aménagement de l’Arve et ses abords). Un diagnostic global de vulnérabilité et des zones d’action ont été définies sur l’ensemble du bassin-versant7. La plaine de Sallanches est une des zones
Atlas cartographique le SAGE de l’Arve, Pour que l’eau vive du Mont-Blanc à Genève, 2018 02
7
définies pour un élargissement potentiel du lit de l’Arve et des interventions sur ses affluents comme le canal de la Bialle. Ces intentions confortent donc mon analyse et m’amène à pousser la réflexion plus loin. Certains acteurs sont conscients que dans un avenir proche, le lit actuel de l’Arve ne pourra pas supporter la quantité d’eau envisagée par le changement climatique. Selon moi, c’est une occasion de réfléchir sur l’ensemble du territoire a un projet qui va plus loin que l’éco morphologie du cours d’eau, un projet de paysage qui ne concernerait pas simplement la rivière et sa linéarité, mais une échelle plus importante qui prend en compte l’ensemble du territoire. Au départ portée sur Chamonix et ses glaciers, ma réflexion doit finalement se concentrer sur la vallée de la plaine de Sallanches. Un lieu de projet plus impacté par les événements qui se produisent à Chamonix et qui influenceraient finalement l’ensemble du territoire.
LE LIEU
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DEPUIS LA NAPPE PHRÉATIQUE DE L’ARVE, LE MONT-BLANC ALIMENTE SON REFLET DANS LE LAC DE LA PLAINE DE PASSY
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LE LIEU
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CASCADE DE L’ARPENAZ JAILLISSANT D’UN PLISSEMENT GÉOLOGIQUE, RENCONTRE ENTRE LA FALAISE ET LA PLAINE
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sculpter les bases du socle et dicté les premières implantations humaines. Dans des temps plus proches (1850), les hommes ont continué de s’adapter à l’eau. Les hameaux en rive droite de l’Arve sont implantés sur les pentes douces des piémonts, hors de portée des crues. En face, Sallanches se développe sur le cône de déjection du torrent du même nom. Ces communes sont à l’abri des crues de l’Arve, tressée et impétueuse, vestige des glaciers de jadis. Durant ses crues, elle vient à immerger l’ensemble de la plaine alors cultivée et marécageuse. La rivière est ensuite domptée radicalement durant les 150 ans dernières années au profit de l’industrie, de l’extraction de matériaux, des infrastructures et de l’habitat qui dégouline dans la plaine. La neige et les sports d’hiver ont ensuite orienté les regards vers les sommets. Fortement canalisée, presque oubliée, l’Arve est pourtant la veine principale de cet ombilic. Corsetée, elle traverse rapidement la plaine agricole qui est un espace de respiration important permettant d’admirer le spectacle la rencontre de l’horizontalité et de la verticalité.
02
Le choc du socle est ce qui m’a avant tout le plus frappé dans la vallée. Un socle parfaitement plat sur lequel se dépose les massifs aux falaises calcaires entourant la plaine. Entre brutalité et douceur, les formes du relief laissent imaginer les forces à l’œuvre dans la lente formation de ce support. Aux origines de sa formation, on retrouvait déjà des glaciers qui, durant la dernière glaciation du Wurm ont tracé cette plaine verrouillée de part et d’autre par d’anciens verrous glaciaires aujourd’hui caractérisé par d’étroites gorges. Les mouvements du glacier de l’Arve ont sculpté les pentes sur lesquels différents niveaux de constructions morainiques ont stationné. Ces moraines latérales ont engendré des abaissements qui en adoucissant la pente ont permis plus tard l’implantation des hommes (Combloux, Passy…). Une fois le glacier complètement retiré, le « lac de l’ombilic de Sallanches » (2005, S.Coutterand & G.Nicoud) à occupé toute la plaine, continuant d’aplanir le fond de vallée et déposant des alluvions rendant le sol riche. L’eau sous sa forme solide a donc permis de
LE LIEU
Du socle au paysage, l’eau sous toutes ses formes
102
Vers -18 000 BP fin du Wurm LES STADES DU COMPLEXE MORAINIQUE DE MAGLAND, LE GLACIER OCCUPE TOUTE LA PLAINE ET LES MORAINES LATÉRALES DESSINENT LES PREMIÈRES TERRASSES
Vers -16 500 BP fin du Wurm LES STADES DU COMPLEXE MORAINIQUE DU FAYET, LA LANGUE TERMINALE DU GLACIER COTOIE LE LAC AU NIVEAU DE DOMANCY
Vers -15 000 BP fin du Wurm LE STADE DES HOUCHES, LA LANGUE TERMINALE DU GLACIER RECUL JUSQU’À CHAMONIX TANDIS QUE L’ENTIÈRETÉ DE LA PLAINE EST SOUS LE LAC
Forces 103
Vers -18 000 BP fin du Wurm
LE LIEU
LA PLAINE SE RETROUVE SOUS 1500 M DE GLACES ALIMENTÉES PAR LE GLACIER DE L’ARVE
Vers -16 500 BP fin du Wurm
LA PLAINE SE RETROUVE SOUS 1300 M DE GLACES ALIMENTANT LE LAC DE L’OMBILIC
L’IMMENSITÉ DU MONT-BLANC SE REFLÉTAIT DÉJÀ DANS UN VASTE MIROIR D’EAU
02
Vers -15 000 BP fin du Wurm
104
Sallanches Passy
1850
L’ARVE DIVAGUE LIBREMENT DANS LA PLAINE, SEULE QUELQUES DIGUES TENTENT DE LA CONTENIR AFIN DE RELIER LES DEUX RIVES
Megève
PlaineJoux Sallanches Passy
Usine de Chedde
Lacs de la Cavettaz
Combloux
1950
Saint-Gervais
L’ARVE EST LOURDEMENT ENDIGUÉ POUR LA CONSTRUCTION DE LA VOIE FERRÉE ET DES EXCAVATIONS RÉSULTENT DES TRAVAUX
Megève
PlaineJoux Sallanches Passy
2020 Combloux
Megève
Saint-Gervais
L’ARVE EST COMPLÈTEMENT CANALISÉE PASSANT PRESQUE INAPERÇUE AU MILIEU DES INFRASTRUCTURES QUI L’ENTOURE
Oubli 105
1850
LE LIEU
DE NOMBREUSES FORÊTS ALLUVIALES BORDENT L’ARVE, ESPACES DE DIVAGATIONS EN CAS DE CRUE.
1950
TROP ENDIGUÉE, LES TRESSES DE L’ARVE DISPARAISSENT PEU À PEU ET DES GRAVIÈRES NAISSENT À PROXIMITÉ
LES FORÊTS NE SONT PLUS RELIÉES AU COURS D’EAU ET L’IMPERMÉABILISATION DES SOLS A PRIS LE DESSUS SUR LES ESPACES D’EXPANSION.
02
2020
106
Les représentations de la plaine de Sallanches ne manquent pas. Ses paysages ont attiré de nombreux peintres du 18 et 19 -ème siècle. Ils ont ainsi décrit et représenté la vie de la vallée. La représentation du dialogue entre les pentes, les glaciers et leur rivière est évidente. Une vision pittoresque, sauvage, sublime et harmonieuse d’un mode de vie au rythme des saisons et de la rivière. Une cohérence est recherchée entre l’homme et son environnement malgré les risques de là l’Arve qui menace d’engloutir l’ensemble de la plaine, reflétant ensuite les sommets PLAINE DE L’ARVE À SALLANCHES EN HIVER 2019
alentours. Cette représentation du paysage de la vallée est précieuse pour ma réflexion, mais ce n’est pas un le but que je recherche. Il est selon moi osé de rechercher un état antérieur dans une « renaturation ». Ma réflexion ne se pose pas en moratoire « contre » l’homme, mais bien « avec » la composante humaine dans un processus qui veut tendre vers un nouvel art de vivre dans la vallée. Cela implique une vision d’ensemble sur les dynamiques à l’œuvre, les usages de l’espace, mais également de la ressource dont les acteurs du territoire sont les premiers concernés. PLAINE DE L’ARVE À SALLANCHES REPRÉSENTÉE PAR GABRIEL LORY EN 1812
VALLÉE DE SALLANCHES DEPUIS LES PLAGNES, HIVER 2019
seroit bientôt en valeur, parce que le limon de cette rivière est très fin et très fertile. Lorsque l’Arve est basse, cet espace sablonneux et aride présente un aspect triste et ingrat ; mais quand il est inondé, la vallée ressemble à un lac, et la ville de Sallanches, qui d’ici paroît au bord de ce lac, ses clochers brillans et élevés, et les collines boisées qui la dominent couronnées par les cimes sourcilleuses de la haute chaîne du Reposoir, forment un tableau de la plus grande beauté. » François-Xavier Leschevin en 1812 dans son « Voyage à Genève et à Chamouni » VALLÉE DE SALLANCHES DEPUIS LES PLAGNES. ARCH. DÉP. DE LA HAUTE-SAVOIE, COL. PAYOT, CULTURE HISTOIRE ET PATRIMOINE DE PASSY VATUSIUM N° 15, P.22
02
« On regrette, en suivant cette route, la quantité de terrain que les débordements de l’Arve rendent inutile, sur tout si l’on réfléchit combien les terres arables sont précieuses dans ces pays montueux. Le fond de la vallée est si plat, que pour peu que la rivière déborde, elle l’inonde en entier ; même dans les temps ordinaires, elle en couvre une grande partie, et le moindre obstacle lui fait changer de lit, presque d’un jour à l’autre. Si on pouvoit par une digue, la contenir dans un lit permanent, on y gagneroit presque 4 kilomètres carrés de terrain qui
LE LIEU
107
108
PLAINE DE PASSY AVANT LA CONSTRUCTION DE L’A40, 1960
PLAINE DE SALLANCHES AVANT LA CONSTRUCTION DE L’A40 ET DE LA Z.A, 1960
109
LE LIEU
PLAINE DE PASSY APRÈS LA CONSTRUCTION DE L’A40 ET DES GRAVIÈRES, 2012
02
PLAINE DE SALLANCHES APÈRS LA CONSTRUCTION DE L’A40 ET DE LA Z.A, 2012
110
DREAL
CAUE
Exploite
Entreprises locales
Commerçant
Rejette Sensibilise Consomme
Recherche
*Les acteurs en gras sont ceux qui ont été contacté durant ma recherche
ACTEURS ET USAGES DE LA RESSOURCE EN EAU SUR LE TERRITOIRE
Touriste Sports d’eaux vives
Association
Commune
Usage de la ressource en eau
Pays du Mont-Blanc
CIVIL
PUBLIQUE
Agriculteur
EDF Office du tourisme
Réserve Naturelle de Passy
ECONOMIQUE
Recherche
Habitant
ESF
Média
Domaine skiable
SM3A - Bassin Vesant ARVE
Une lecture en étages L’eau, toujours présente sous diverses formes fut une ressource d’activités à l’origine des paysages qui s’étagent sur l’ensemble de l’ombilic. Néanmoins, j’ai constaté que la succession de flux et d’activités qui séquencent la vallée l’enferme dans une linéarité constante : on cherche à traverser rapidement sans pour autant prendre le temps de s’y
arrêter. Une dissection en étages de cette forme, notamment par le prisme de l’eau, permet une lecture claire des relations entre les espaces qui la composent. Ce système en étages participe à la cohérence de l’ensemble cependant, quelles sont les interactions, les dépendances ou les complémentarités entre ces étages ? Comment vont-elles permettre de replacer l’Arve dans un nouveau rapport à la vallée ?
LE LIEU
111
Alpage
Forêt de feuillus Cultures
DES ACTIVITÉS ÉTAGÉES DISTINCTEMENT
Zone humide
02
Forêt de conifère
112
Z.A Sallanches
Lacs des ilettes
Lacs de Passy
Canal de la Bialle
UN ESPACE PLANE FORTEMENT TRAVERSÉ QUI RESPIRE PAR SA PLAINE CENTRALE
0
500
1000
250 750
Usine de Chedde
Domancy
1250 m
1. 25 000
COUPE DE PRINCIPE - UN ESPACE PLANE
Plaine 113
Sallanches
Passy
LE LIEU
Domancy
l’Arve, en faisant de la plaine agricole le grenier à foin du Mont-blanc, encore lui. La force du torrent a également permis le développement d’usines sur la commune de Passy et d’une vaste zone d’activités à Sallanches, ce qui en fait un lieu de commerce important pour Megève ou Chamonix. Dans une linéarité très marquée, ce fond de vallée est un véritable couloir de circulation pour les humains et non-humains car des haltes migratoires sont aussi effectuées par des oiseaux rares au niveau des prairies sèches de la plaine de Domancy. À l’inverse, le corridor écologique transversal, de versant à versant, est lui beaucoup plus incertain.
02
Cette plaine de montagnes est caractérisée par son plat qui se dilate, variant de 2 km a 400 m de largeur, elle est partagée en majorité par les communes de Passy et Sallanches, puis une partie de Domancy au sud. Sa topographie particulière a donc permis le développement d’infrastructures de transport majeur, qui ont nécessité d’importants mouvements de terrain créant une suite de lacs artificielles linéaires le long de l’autoroute encerclant le torrent de l’Arve. Entourés de forêts alluviales, ils reflètent les sommets surplombant la plaine. Ce plat a également permis de développer une agriculture de qualité à la suite de l’endiguement important de
114
UNE VUE SPLENDIDE SUR LES SOMMETS ALENTOURS DEPUIS LA PLAINE
LES BORDS DE L’ARVE, DIFFICILLEMENT ATTEIGNABLE
LE LIEU
115
02
LE VIADUC DE L’A40 SURPLOMBANT L’USINE DE CHEDDE ET L’ARVE POUR SE RENDRE À CHAMONIX
Pié
116
Torrent de Boussaz
Torrent de la Sallanches
Nant d’Arvillon Torrent d’Arbon
DES ESPACES DE TRANSITION POUR LES TORRENTS ARRIVANT DES SOMMETS
0
500
1000
250 750
1250 m
1. 25 000
COUPE DE PRINCIPER - DES ESPACES D’ACCROCHES AUX PENTES SUÉPÉRIEURES
iémonts 117
Torrent de Boussaz Sallanches
Passy
Nant d’Arvillon
Saint-Gervais Torrent d’Arbon
LE LIEU
Combloux
une rupture de relief où l’on retrouve de fréquents dépôts de matériaux ou des débordements dans des espaces densément urbanisés et donc à inclure dans ma réflexion. Enfin, les pentes plus pentues sont occupées par une forêt de feuillus au nord tandis que les teintes bleutées des épicéas ponctuent les boisements du sud. Un cordon boisé marque la limite entre le balcon de Combloux et les piémonts, au niveau d’anciennes moraines de Combloux. Selon moi, il y a peu de relations entre ces piémonts. La plaine ne joue pas un rôle de liaison car elle se retrouve très fragmentée par les axes de circulation.
02
Les piémonts disposent de pentes très hétérogènes, sous forme de gorges étroites lorsque les glaces s’y sont engouffrées, ou alors de pentes douces rabotées par les moraines glaciaires et assouplies par les torrents qui les sectionnent. Les torrents comme l’Arvillon, l’Arbon, la Sallanches en rive gauche ou le Boussaz en rive droite se remarquent par leur épaisse ripisylve bordant les pentes. Un habitat en hameaux se déversant dans la plaine s’implante en majorité sur les espaces les moins abrupts des cônes de déjections de ses torrents. Ces cônes marquent la rencontre du torrent avec le socle plat de la plaine,
118
DES PRAIRIES ENTOURÉES D’ÉPICÉAS RÉVÉLANT LES COURBES DU RELIEF
UNE CONEXION VISUELLE ENTRE LES DEUX VERSANTS, EN FACE LE TORRENT DE BOUSSAZ
LE LIEU
119
02
DES HAMEAUX DISPOSÉS SUR LES CÔNES DE DEJECTIONS, HAMEAUX DE LETRAZ À DOMANCY
B
120
GR Variante TMB
Limite de la mer de nuage et du nuage de pollution de la vallée
Zone humide
Remontée mécanique
GR Variante TMB
DES BALCONS SURPLOMBANT UNE PLAINE DÉLAISSÉE AU PROFIT DES VILLES D’EN HAUT
0
500
1000
250 750
1250 m
1. 25 000
COUPE DE PRINCIPE - LES BALCONS SURPLOMBANT UNE PLAINE DÉLAISSÉE
Balcons 121
Plateau d’Assy
Combloux
En surplomb sur la vallée, les balcons offrent une vue panoramique sur la plaine et les falaises de calcaire qui la surplombent. Au sud, Combloux, Demi-Quartier et Megève s’emboîtent en gradins sur la plaine. Combloux est la première rampe de lancement vers les alpages et le monde d’en haut par sa station de ski, symbole de l’exploitation de la neige. Que ce soit à ski ou par la départementale, Combloux est relié à Megève située dans la vallée suspendue qui rencontre perpendiculairement l’ombilic. Les eaux qui traversent les balcons sont plus calmes. Un réseau de zones humides parsèment d’ailleurs la vallée de Megève, elles ralentissent
LE LIEU
l’écoulement des eaux avant qu’elles ne reprennent de la vitesse sur les piémonts. Au nord, le plateau d’Assy et plaine Joux s’adossent aux falaises calcaires du massif des Fiz. Ils permettent d’accéder à pied ou à ski au monde d’en haut de la réserve naturelle de Passy perchée derrière les falaises. Il existe d’ailleurs une variante du GR du Tour du MontBlanc qui relie les deux versants, elle traverse la plaine au niveau du lac de Passy. Cette formation influe sur l’eau et sur les vents créant souvent une mer de nuages dense séparant les piémonts et les balcons, cette limite correspond également au nuage de pollution de plus en plus fréquent dans la vallée. 02
Megève
Saint-Gervais
122
LES CONSTRUCTIONS SE DISPERSENT DE FAÇON ANARCHIQUE SUR LES PENTES EN PRAIRIES
VUE DU PLATEAU D’ASSY SUR LE SANATORIUM ET LA VALLÉE SUSPENDUE DE MEGÈVE EN FOND
LE LIEU
123
02
VUE DE LA PLAINE DE SALLANCHES, LES BALCONS DE COMBLOUX EN PREMIER PLAN
124
L’inacc Lac d’anterne
Désert de Platé Massif des Fiz
Massif des Aravis
GR Variante TMB
GR Variante TMB
LE MONDE D’EN HAUT CARACTÉRISÉ PAR SES VASTE ESPACES
Réserve naturelle de Passy
Lac de Promenaz
Lac de Vert
Alpages de Saint-Gervais 0
500
1000
250 750
1250 m
1. 25 000
Glaciers de Saint-Gervais
Alpages de Megève
COUPE DE PRINCIPE - L’ÉTAGE LE PLUS VASTE DE LA VALLÉE
ccessible 125
Désert de Platé
LE LIEU
Alpages de Megève
miroirs d’eau amplifiant les sommets et vecteur de vie dans ces altitudes austère ou hommes et bêtes cohabitent durant les estives qui attirent les randonneurs. Cette pratique ancestrale, qui caractérise ces espaces, est néanmoins possible grâce aux prairies productrices de fourrage en plaine pouvant nourrir les troupeaux l’hiver. Sans plaine, il n’y a pas d’alpage, l’interdépendance des étages. On navigue entre les espaces et le temps dans l’étage supérieur depuis lequel on trouve l’origine de chaque goutte d’eau ou chaque rocher qu’on rencontre dans la plaine.
02
Là où l’infiniment petit résonne avec l’infiniment grand. L’eau y est stockée depuis des milliers d’années dans de vastes glaciers illuminant le ciel. Une fois relâchée, elle déferle dans un grondement estival constant jusqu’à la plaine avant de revenir en hiver pour draper ces vastes étendues presque la moitié de l’année. Ces alpages entretenus par des troupeaux savoyards durant les chaleurs de l’été, lieux de rencontres entre les promeneurs ces vastes paysages d’en haut. D’ailleurs, l’été se découvrent également les lacs de la réserve naturelle de Passy,
126
L’ACCROCHE AUX FALAISES DES FIZ AU DESSUS DU LAC D’ANTERNE
UN AXE VISUEL SE DISTINGUE DEPUIS LA RÉSERVE DE PASSY VERS LA VALLÉE DE MEGÈVE
LE LIEU
127
02
AFFLUENTS DU LAC D’ANTERNE, MIROIR D’EAU DES SOMMETS
128
Massif des Fiz
Réserve naturelle de Passy Lac d’anterne
Désert de Platé Lacs des ilettes Lac Vert
Massif des Aravis
GR Variante TMB L’Arve
Lacs de Passy Canal de la Bialle
Zone humide
Alpages de Megève
GR Variante TMB LE MONDE D’EN HAUT CARACTÉRISÉ PAR SES VASTE ESPACES
0
250
500
1000
750
1250 m
1. 25 000
Lac de Promenaz
Vers Genève
Cette lecture en étages permet de mieux comprendre le fonctionnement de la vallée et les paysages qui la caractérisent. Il est clair que l’eau est un prisme important pour traiter ma problématique au sein du territoire. D’ailleurs, elle participe également à la base de l’attractivité de la vallée et ce, en toutes saisons. L’hiver, la neige attire pour ses activités et ses paysages. L’été, certains partent à l’assaut des glaciers tandis que d’autres parcourent les alpages jusqu’aux lacs d’altitude. Il en va de même pour la plaine où la base de loisirs du lac de Passy est prise d’assaut durant tout l’été. La diversité des espaces qui composent donc le territoire est essentielle dans l’imaginaire qui nourrit la réflexion que je porte sur ce territoire. Néanmoins, il semble que le fond de la vallée est aujourd’hui délaissé au profit des hauteurs et le torrent de l’Arve en est un exemple important. La plaine est devenue un espace de passage intense, fortement fréquenté. Corsetée et enfermée dans sa linéarité, elle est traversée par des flux linéaires constants pour rejoindre les sommets. UN FOND DE VALLÉE DÉDIÉ PRINCIPALEMENTS AUX INFRASTRUCTURES DE TRANSPORTS.
02
Vers Chamonix
LE LIEU
129
130
POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE AUX PARTICULES FINES EN JANVIER 2020, VUE SUR LA PLAINE DE PASSY © LE MESSAGER
131
L’analogie de l’ombilic comme organe vital m‘amène à affirmer que celui-ci peut être considéré comme malade. Les symptômes sont multiples mais j’en retiendrais trois importants qui selon moi peuvent être traités par le projet de paysage. Tout d’abord l’asphyxie, elle est causée par la pollution de l’air dues aux combustions et au
trafic important. Le second concerne le débordement, causé en particulier par le torrent de l’Arve alimenté en partie par des glaciers qui ont de plus en plus chaud et connaissent de plus en plus d’orages violents. Enfin, la fièvre, les Alpes ont déjà connu une augmentation de 2 degrés depuis le début du 20 -ème siècle (2 fois plus important que l’échelle de la planète), la vallée de l’Arve ne sera pas épargnée et à l’avenir la recherche de fraicheur va faire partie des conditions d’habitabilité des terrains de montagne.
INONDATION À SALLANCHES SUITE À UN ÉPISODE PLUVIEUX IMPORTANT ET UNE FONTE DES NEIGES EN HIVER 2018 © A.DAVIET
02
Les symptômes
LE LIEU
Un organe malade
132
Réserve naturelle de Passy
Massif des Fiz
Lac d’anterne
Désert de Platé Lacs des ilettes
GR Variante TMB
Massif des Aravis
Lac Vert
Lac de Promenaz
Crue de centennale de l’Arve Crue du canal de la Bialle
Lacs de Passy Canal de la Bialle
Zone humide
GR Variante TMB UN FOND DE VALLÉE FORTEMENT EXPOSÉS AUX CRUES DE L’ARVE
0
250
500
1000
750
1250 m
1. 25 000
Limite de la mer de nuage et du nuage de pollution de la vallée
sur l’Arve et la plaine pourrait être vecteur de nouvelles dynamiques pour l’ensemble de la vallée. Et si les risques de submersion pouvaient donner l’opportunité au fond de vallée d’être générateur de nouveaux usages ? Une nouvelle vision de l’Arve par l’appréhension des paysages du risque qui créerait un nouvel art de vivre dans la vallée en perpétuelle recherche de stabilité malgré un environnement de plus en plus instable. On pourrait donc imaginer faire avec l’instabilité que la rivière engendre dans un nouveau dessin territorial. Ainsi, se projeter dans un contexte d’incertitudes, notamment climatique, suppose d’envisager des données sur lesquelles se baser pour imaginer le futur de ce territoire. Ce sera donc la prochaine étape avant d’évoquer les pistes de projections possibles.
02
J’en conclus que l’ombilic de l’Arve est donc un organe vital à l’échelle de son bassin-versant, mais aussi des Alpes. Une région de passage intense, fortement fréquentée. Aujourd’hui, corseté et enfermé dans sa linéarité, il est traversé par des flux linéaires constants dans une plaine aujourd’hui délaissée pour les sommets. Cependant, c’est au niveau de la plaine que les risques d’inondations liés aux incertitudes climatiques sont les plus importants. Cette même plaine aujourd’hui séquencée permet le fonctionnement du reste du territoire. La séquence de la plaine agricole permet aussi une ouverture et une respiration importante. Conforté par les études et mes échanges avec le SM3A et la communauté de communes du Pays du MontBlanc, il me semble qu’un projet
LE LIEU
133
134
LE PR Un nouvel organe, transverse
03
03
LE PROJET
ROJET 135
Vers Genève 136
Sallanches
L’Ar ve
Domancy
Combloux
Megève Vers Albertville
137
CONTEXTE 2070
Plateau d’Assy
Passy
- Augmentation des températures de 4°C entrainant 20 jours de canicules supplémentaires - Augmentation des précipitations hivernales et diminution des précipitations estivales. Plus de précipitations de mars à mai et en hiver, entraînant une augmentation des débits fin de printemps et une diminution en été.
MOBILITÉ
-Renforcement des transports en commun dans la liaison GenèveChamonix (SCOT) -Développement du transport dans le « sillon alpin » Axe Valence / Grenoble / Chambéry / Albertville / Megève / Chamonix / Italie / Suisse. -Mis en service du FRET LyonTurin limitant le transport des poids lourds dans la vallée (2030)
LE PROJET
Plaine Joux
CLIMAT
ECONOMIE
Vers Chamonix
03
Saint-Gervais
- Diminution du tourisme hivernal liée au manque de neige et augmentation du tourisme estival. Le tourisme estival n’est plus exclusivement destiné à l’alpinisme car les conditions sont souvent trop dangereuses. -Augmentation d’une agriculture maraichère de proximité (Amap déjà sur site) et valorisation des produits laitiers AOP.
138
TRAVAIL CARTOGRAPHIQUE SUR CALQUE, LA MAIN ÉPROUVE L’ESPACE
139
Révéler l’organe transverse
m’avaient échappé, mais pourtant bien visibles. Une nouvelle figure se révèle, transverse à l’ombilic, c’est-à-dire de travers. Elle est nourrie de la diversité des espaces qui caractérise les étages que je viens de déceler. Riche de la variété des espaces qui la compose, elle s’accroche de part et d’autre de la plaine, venant perturber la linéarité, les flux, de façon transverse. Une rencontre, un mélange. Il se trouve que cet axe nouvellement révélé suit en partie le tracé de la variante du tour du Mont-Blanc, mon dessin n’est finalement pas anodin. Le nouveau dessin de l’Arve doit saisir les sommets pour permettre de s’ancrer dans un ensemble cohérent. Le projet de paysage se doit de sortir des limites du cadre définit et la plaine de l’Arve ne peut se traiter selon moi qu’en prenant en compte les versants qui l’entourent. J’ai donc décidé de faire l’expérience de cette nouvelle figure en parcourant durant une semaine le GR dans le but de mesurer l’échelle de ma recherche et de vérifier si l’axe transverse que je venais de déceler pouvait exister sur le territoire.
03
Une fois l’étude prospective effectuée afin de poser le contexte de mon projet qui se base principalement sur les scénarios scientifiques des laboratoires CREA Mont-Blanc pour 2070, j’ai effectué un travail de recherche graphique en série. Celui-ci avait pour but d’essayer d’oublier la forme ombilicale du territoire qui, comme j’ai pu le constater dans mon analyse, s’enferme dans une linéarité qui connait actuellement ses limites (expansions urbaines, pollutions, inondations…). Que se passerait-il si je venais à déceler une nouvelle figure territoriale qui viendrait en travers de la forme prédéfinie ? Une nouvelle figure qui éclaterait le cadre de la plaine venant l’inscrire dans un ensemble plus large ? Quelles dynamiques en résulteraient ? Comment se rencontreraient elles ? Je me suis donc appuyé sur les forces telluriques à l’œuvre, les formes du relief, la végétation, l’implantation des hameaux, l’écoulement des eaux ou les dynamiques du territoire. Des lignes se sont révélées tandis que d’autres ont résonné. Le hasard de la main a aussi engendré des formes qui
LE PROJET
La série
140
SÉRIE DE CROQUIS DE RECHERCHE
03
LE PROJET
141
142
DÉRAILS DE L’ORGANE TRANSVERSE, CROQUIS ORIGINAL AU 1/5000, 2 * 3 M
03
LE PROJET
143
144
Carte ign itinéraire
ITINÉRAIRE EMPRUNTÉ QUI PARCOURT L’ENSEMBLE DE LA FIGURE TRANSVERSE (70KM POUR 4000M+)
L’AXE SE DÉVOILE DEPUIS LE BRÉVENT (SOMMET DE CHAMONIX) LE REGARD EST ORIENTÉ SUR LA PLAINE PAR LES FALAISES DU RELIEF DES FIZ ET PROLONGÉ DANS LA VALLÉE DE MEGÈVE
145
03
Une semaine pour parcourir l’ensemble de la figure que je viens de révéler. Un retour sur site estival, un contraste frappant avec ma dernière excursion hivernale, quoique la neige est toujours présente formant des névés audessus de 2500m et le vent glacial me rappelle la dureté du monde d’en haut. Parcourir cet organe transverse à pied c’est finalement éprouver le dénivelé, sentir le soleil en altitude et la fraicheur d’un lac de montagne. S’élever et contempler. Les lignes se distinguent, les falaises calcaires se plient, les pentes s’adoucissent, la vallée se déroule. Un rapport perpétuel entre le bas et le haut, entre la pente et le plat. Une diversité d’échelles et de cadrages dans des lieux caractéristiques qui se distinguent en fonction des étages, ils alimentent le projet et son imaginaire. L’eau est partout. Entre les traces de l’érosion perpétuelle, les lacs, et les torrents qui les alimentent. Traits d’unions. Symbole de l’importance de composer avec la verticale, ici la transversale, comme rencontre entre le plat et la pente.
LE PROJET
De la main au corps, arpenter l’organe transverse
146
A. LAC D’ANTERNE 2061M ALT. B. LAC LAOUCHET 1948 M ALT. C. LACS DE PORMENAZ 1945 M ALT. D. LACS DE PORMENAZ 1945 M ALT. E. LAC VERT 1300 M ALT. F. LAC DE PASSY 545 M ALT.
Les lacs
Sallanches A.
B.
L’Ar ve
Domancy C.
D.
Combloux
Megève E.
F.
Vers Albertville
G. TORRENT D’ARBON H. NANT D’ARVILLON I. TORRENT DE BOUSSAZ J. CONFLUENCE DU CANAL DE LA BIALLE ET DU TORRENT D’ARBON K. CANAL DE LA BIALLE L. TORRENT DE L’ARVE
Les cours d’eau
147
Plaine Joux
Plateau d’Assy H. LE PROJET
G.
Passy
I.
J.
K.
L.
03
Saint-Gervais
148
A. FORÊT D’ÉPICEAS 1600 M ALT. B. ALPAGE PATURÉ 1100 M ALT. C. HÊTRAIE 700 M ALT. D. CULTURE CÉRÉALIÈRE 540 M ALT. E. LAC VERT 1300 M ALT. F. FORÊT ALLUVIAL (CHÊNE, FRÊNE, ÉRABLE) 540 M ALT.
Les forêts
Les cultures
Sallanches A.
B.
L’Ar ve
Domancy C.
D.
Combloux
Megève E.
F.
Vers Albertville
G. DÉSERT DE PLATÉ 2300 M ALT. H. STATION DE PLAINE JOUX 1300 M ALT. I. BASE DE LOISIRS DE PASSY 545 M ALT. J. GRANGES DE LA PLAINE DE PASSY 555 M ALT. K. HAMEAUX DE DOMANCY 560 M ALT. L. BALCONS DE MEGÈVE 1150M ALT.
149
Les espaces caractéristiques Plaine Joux
Plateau d’Assy H. LE PROJET
G.
Passy
I.
J.
03
Saint-Gervais
K.
L.
150
SAISIR LES PENTES PAR LES TORRENTS QUI SE DÉVERSENT DU MONDE D’EN HAUT VUE SUR DOMANCY
LE PROJET
151
03
SAISIR LES PENTES PAR LES TORRENTS QUI SE DÉVERSENT DU MONDE D’EN HAUT VUE SUR LE CÔNE DES RUTTETS (PASSY)
152
A.
B.
C.
D.
E.
F.
A. UN RÉSEAU DE LACS, ZONES HUMIDES ET TORRENTS SE DESSINE DANS LES ESPACES DES LIMITES COMMUNALES DE SALLANCHES, PASSY ET MEGÈVE B. UNE CONSTÉLLATION DE HAMEAUX SE DISTINGUENT AUTOUR DES 3 GRANDE ENTITÉS URBAINES DU TERRITOIRE C. UN AXE MAJEUR SE REVÈLE, L’ARTICULATION SE FAIT ENTRE LES LACS DE PASSY ET LA LIMITE COMMUNALE DE SALLANCHES D. DES AXES TRANSVERSAUX DÉFERLENT DES ÉTAGES SUPÉRIEURS, LES TORRENTS, LA CONSTELLATION DE HAMEAUX ACCROCHÉ MARQUE LES DIFFÉRENTS NIVEAUX E.LES LIGNES DE FORCE APPARAISSENT METTANT EN RELATION LES VERSANTS ET LES ÉTAGES DE L’OMBILIC F. UNE NOUVELLE FIGURE TERRITORIALE SUPPORT D’UN ORGANE TRANSVERSE À L’OMBILIC ORIGINAL PREND FORME.
La recherche de ces dynamiques se traduit par la mise en résonnance d’une suite d’espaces qui composent ce nouvel organe. Elle s’appuie sur les limites communales de Sallanches, Passy, et Megève. Des alpages aux lac d’altitudes en passant par les forêts de conifères et feuillus avant de se heurter aux parcelles en lanière de
forêts et de culture de la plaine. Les lignes de forces d’une nouvelle figure territoriale apparaissent, saisissant les sommets qui déferlent dans la plaine. Des lignes sur lesquelles s’appuyer pour se projeter. Ma posture personnelle essayant de venir chercher les abords de l’Arve en portant un regard transversal sur la vallée commentce à se matérialiser, mon intuition prend forme.
LE PROJET
La moelle de l’organe
153
LIGNES DIRECTRICES DE LA NOUVELLE FIGURE TERRITORIALE, SUPPORT DU PROJET
03
Lignes directrices de la figure territoriale
154
DYNAMIQUE D’EXPANSION URBAINE DANS LA PLAINE
FLUX ROUTIERS IMPORTANTS
FORCE HYDROLOGIQUES
de la plaine comme Sallanches. D’autres flux comme le canal de la Bialle ou l’expansion urbaine dans la plaine vont se mêler à cette rencontre. Ils entraineront la création de nouvelles formes dans la plaine qui engendreront de nouveaux seuils entre ces espaces.
03
Mais bien que transversal, cet organe se trouve traversé par des flux linéaires qui vont participer à son nouveau dessin. L’Arve étant un flux majeur de la plaine, elle va être à l’origine de la nouvelle forme de ce point névralgique. Elle irait également chercher jusqu’aux centres-villes
LE PROJET
155
156
Causes naturelles -Climat -Géologie
Facteurs anthropiques -Construction en zone inondable Facteurs anthropiques
-Réchauffement climatique Risque
Risque Aléa naturel Vulnérabilité -Extraction de matériaux -Modification hydromorphologique -Déni du risque / absence de culture du risque -Topographie
ENJEUX
- Accueillir la quantité d’eau plus importante pour garder le territoire - Accueillir la quantité d’eau - Sacraliser les terres fertiles de habitable et limiter les dégâts tout en plus importante pourmaintenant garder le une fraicheur la plaine pour les inclure dans un caractéristerritoire habitable et limiter économique générateur tique d’une vallée desystème montagne pour répondre à la demande de la société. les dégâts tout en maintenant d’emplois et de cadre de vie de
une fraîcheur caractéristique qualité notamment en révélant -Pérenniser la mobilité au sein du d’une vallée de montagne pour le contraste entre horizontalité et territoire en adoptant des modes de répondre à la demande de la verticalité du paysage. déplacements différents du « tout société. voiture ». - Sacraliser -Pérenniser la mobilité au seinles duterres fertiles de la plaine pour les territoire en adoptant des modes inclure dans un système économique générateur d’emplois et de déplacements différents du « de cadre de vie de qualités tout voiture ».
157
FONCTIONS DE L’ORGANE TRANSVERSE Les fonctions de ce nouvel organe doivent permettre de répondre aux incertitudes climatiques à venir. La stratégie mise en place sur l’hydromorphologie des cours d’eau ne revient en aucun cas sur le développement passé, mais doit contribuer à la richesse et à l‘attractivité actuelle du territoire.
-Écologique : redéfinir l’écomorphologie des cours d’eau irriguant l’ombilic en prenant en compte les humains et non humains -Attractive : générer des espaces récréatifs et attractifs quant au réchauffement climatique.
LE PROJET
Pour cela, j’envisage 3 fonctions principales :
-Stabilité : l’absorption des crues
PROPOSITIONS
-Pérennisation du train et suppression progressive de l’A40 entre Sallanches et Passy - Recul de la digue en rive gauche de l’Arve et émergences transversales - Itinéraire de mobilité douce dans les
axes Nord / Sud - Est / Ouest
-Les crues sont l’opportunité pour la plaine de générer des paysages attractifs pour les locaux et les touristes en offrant des espaces de fraîcheur, de déambulation et de loisirs. -Penser la production des produits du territoire de l’Arve dans un système alliant les alpages, les coteaux et la plaine en produisant le fourrage nécessaire sur des prairies humides et prairies extensives sur une partie de la plaine. Tout en incluant la production liée aux arbres (fruitiers, bois…) 03
-Élargissement du lit de l’Arve et de la Bialle (SM3A) -Nouveau dessin du réseau hydrographique prenant en compte les niveaux de crue accueillant les eaux dans des espaces aux usages variés. -Création d’espaces publics de fraîcheurs à proximité des villes (lacs, canaux, zones humides)
158
Articu
C’est sur le point névralgique que l’intervention peut s’opérer. Au croisement des flux provenant du monde d’en haut et de la plaine, là ou les eaux se retrouvent, mais ne se croisent pas, où les glaciers du Mont-Blanc nourrissent leurs reflets. Le projet peut ainsi s’apparenter à un repli, basé sur cette nouvelle figure territoriale qui prend en compte un recul des digues de l’Arve, la création d’un nouveau réseau hydrographique et de nouveau seuils transversaux qui saisissent les pentes qui composent la vallée par les cônes de déjections que traversent les torrents de Boussaz, Arbon et Arvillon. Saisir les sommets alentours pour faire émerger de nouveaux axes qui redistribueront les flux, l’Arve, diffuse, redessinera de nouveaux espaces résilients et appropriables.
Sallanche
L’Arve
Nant d’Arvillon
0
100
200 400
300 500 m
1. 10 000
LE LAC DE PASSY, POINT NÉVRALGIQUE DU PROJET CRÉANT UN POINT D’ACCÈS TRANSVERSAL À LA PLAINE.
Combloux
ulations 159
Plaine Joux
Bay Torrent de Boussaz
LE PROJET
Plateau d’Assy
Passy Réseau de lac Canal de la Bialle Domancy
03
Torrent d’Arbon
160
Torrent de Boussaz
Sallanches
Confluences Les Ruttets
Bras du Mont-Blanc Terrasses alluviales
Passy
Seuil du pont de la Carabote Recul des digues
Transverses
Domancy Nant d’Arvillon
Combloux
SCHÉMA D’INTENTION DU PROJET, SAISIR LES SOMMETS POUR ÉMERGER
Torrent d’Arbon 0
20
40
60
80
100 m
161
Le point névralgique
Le repli s’organise donc autour des lacs et de la plaine de Passy/ Sallanches. Via un bras secondaire qui prend sa source au seuil du pont de la Carabote, l’Arve se diffusera en cas de crue. Elle alimentera le réseau de lacs existant dans la plaine. Leurs pentes seront redessinées pour redistribuer le Sallanches
surplus des eaux et créer des espaces variant en fonction des saisons et des aléas. Différentes strates végétales seront associées aux milieux engendrés, accessibles depuis les seuils transversaux qui émergent dans la plaine. Ils sont appuyés par des axes linéaires mettant hors d’eau l’habitat existant et reliant ces nouveaux espaces aux centres-villes alentours. Passy
LE PROJET
Le repli, saisir et émerger
Chamonix
Megève
DES SOMMETS JUSQU’À LA PLAINE
03
Combloux
162
MOSAÏQUE DES HUMEURS SAISONNIÈRES DE L’ARVE
HAUTEURS DES NIVEAUX DE CRUE DE L’ARVE, VEINE PRINCIPALE DU PROJET 562 560 558 556 554 552
Niveaudelaplaine
Q100
Q10
Qété
Qéti
Q2
sa diffusion va permettre la formation de nouveaux espaces soumis aux forces et aux aléas de la rivière. La rencontre avec la trame du parcellaire existant engendrera la matrice du futur corps filtrant, transverse à l’ombilic d’origine. Bouleverser les flux, provoquer l’aléatoire pour donner à voir les paysages du risque qui caractérisent les milieux de montagne.
Q50
Qext
03
L’expérience du paysage se fait en partie par la saisonnalité de l’espace dont l’Arve est la veine principale. C’est autour de l’Arve et de ses crues que les espaces vont se redessiner. Tirant son origine des glaciers de Chamonix, ses eaux racontent leurs provenance, glaciaires et claires ou brunes provenant du ciel. Riches des sédiments qu’elle transporte depuis les sommets,
LE PROJET
163
164
PAUL KLEE «CHEMIN PRINCIPAL ET CHEMINS SECONDAIRES», 1929
165
03
LE PROJET
PARCELLAIRE DE LA VALLÉE DE L’ARVE, PLAINE DE SALANCHES / PASSY. COMMENT DESSINER UN CHEMIN DE TRAVERSE ?
166
Strate arborée alluviale
Haie bocagère
Strate de feuillus
Strate de conifères
Sallanches
Prairie humide Sentier pédestre
Mobilité linéaire
Sentier pédestre
Digues / Mobilité transversale
Réseau hydrographique Zones submersibles Lacs
GREFFE DE L’ORGANE ABSORBANT
Un nouvel organe est donc greffé sur le point névralgique de la vallée, l’espace charnière entre le nord et le sud, entre l’est et l’ouest. Un organe fluctuant, dont la matrice s’accroche aux tissus supérieurs pour faire exister la figure tout entière, en s’inspirant des étages qui la compose. Basée sur de nouvelles zones submersibles, la digue en rive gauche recule, elle se dilate par endroits, tandis que des émergences transversales traversent les lacs, ces nouveaux seuils les rendent mouvants. Relié à l’Arve par un bras secondaire, ce bras du MontBlanc les alimente en cas de crues. Cette recomposition du système hydrologique permet d’envisager une plus grande
diversité végétale. Cela, fondé sur les traces modernes du territoire agricole actuel. Les variations de fraicheur et d’humidité des espaces submergés permettront l’implantation de différentes strates végétales dans la plaine, allant de saulaies argentées aux aulnaies plus verdoyantes. La diversité de ces milieux peut permettre la renaissance d’une biodiversité accompagnée d’un espace public adapté qualifiant des paysages riches, ainsi qu’une nouvelle interaction avec l’agriculture. Cette relation se construit autour de nouveaux cheminements pédestres qui s’appuient sur le parcellaires et les axes transversaux reliant les deux rives de l’Arve. Ils se prolongent jusque dans les piémonts pour aller chercher la fraicheur des hauteurs.
03
La greffe
LE PROJET
167
168
Torrent endigué de l’Arve
Portions élargies / Renaturalisation
Réseaux d’eau et bocage fragmenté
Reunir le réseau / Compléter le bocage de plaine
Plans d’eau et réseaux d’eau discontinus
Nouveaux usages des plans d’eau et connection au réseau existant
Dépressions cultivées déconnectées du torrent de l’Arve
Zone humide fauchée à inondations controlées
Maille végétale parallèle à la pente dispersée
Freiner l’écoulement par une densification du maillage parallèle
169
nommé le bras du Mont-Blanc, au niveau du pont de la Carabote. Un nouveau seuil des eaux qui diffuse l’Arve, alimentant les lacs qui fluctueront en fonction des saisons -Des terrasses alluviales aux abords des lacs, de l’Arve et du canal de la Bialle pour absorber les eaux et favoriser l’installation de diverses strates sédimentaires et arborées. -Des zones de rétentions résiliables, espaces submersibles temporairement avec des activités et des implantations également temporaires.
03
Ce projet peut donc se développer en différentes actions dans le but de tendre vers un paysage absorbant. Les actions se mènent dans la plaine, mais aussi sur les coteaux pour envisager le territoire dans son ensemble. Il se matérialise ainsi par différentes actions pour tendre vers un paysage absorbant le risque, permettant l’observation de la métamorphose du territoire caractérisant la plaine de l’Arve : -Le recul des digues de la rive gauche de l’Arve entre Sallanches et Passy -La création d’un bras secondaire,
LE PROJET
Vers un organe absorbant
170
PAYSAGE ABSORBANT LE RISQUE
Recul de digue
Bras secondaire
INSTALLER UN ORGANE PAYSAGER DE PIÉMONTS À PIÉMONTS
Vers le Plateau d’Assy
Torrent de Boussaz
Rive D.
Hameau des Ruttets (Passy)
L’Arve
Bras du Mont-Blanc Lacs du Mont-Blanc
171
Rétention resiliable
LE PROJET
Terrasse alluviale
Vers Megève
Combloux
Rive G.
03
La Bialle
Domancy
Nant d’Arbon
172
SENS ET DIFFUSION DE L’ÉCOULEMENT DES EAUX
Torrent de Boussaz
Canal de la Bialle
Bras du Mont-Blanc
Transverse d’Arvillon
Torrent d’Arbon
Nant d’Arvillon
Transverse d’Arbon
Allée de l’Arve
Plan d’eau permanent
L’Arve
Cours d’eau
Débordement des plans d’eau et Bialle
Débordement de l’Arve
Sentier de la lisière
Digues / Transverses
Allée de l’Arve
Sens d’écoulement des eaux
des zone d’accueil créant une diversité de milieux et d’espaces. Comme certaines digues, le canal de la Bialle est lui aussi reculé sur une portion pour permettre son élargissement gradué en fonction des espaces qu’il traverse. Il partage des espaces de respiration et de débordement avec le lac de Passy pour éviter les inondations en aval.
03
L’Arve se diffuse dans la plaine lorsque ses crues la font emprunter son nouveau bras. Connectée aux lacs existants, elle alimente ensuite les lacs qui l’entourent. Autrefois alimentés seulement par la nappe phréatique, ils vont maintenant varier en fonctions des aléas climatiques. L’eau est ainsi ralentie, absorbée, redirigée dans
LE PROJET
173
D
174
Le socle s’abaisse, la veine principale s’élargit laissant les sédiments redessiner un lit. Au seuil du pont de la Carabote, le bras du Mont-Blanc, artère secondaire du nouvel organe relie l’Arve et les corps filtrants en fonction des fréquences et des périodes de débordement. Il devient un axe linéaire reliant l’entièreté de cette nouvelle figure au réseau principal existant. Les lacs fluctuent sur les terrasses cultivées et parfois inaccessibles. Les grèves de galets sont recouvertes d’une eau grise venant lécher les collets des saulaies aux feuillages argentés. Une vision offerte par les glaciers et les affluents de l’Arve. La vallée révèle ainsi sa singularité dans son rapport à l’Arve.
Sallanches
Sallanche
Terrasses alluviales Nant d’Arvillon
0
50
100
200
150
250 m
1. 5 000
DIFFUSION DES EAUX DANS LA PLAINE
Diffuser 175
Torrent de Boussaz
Confluences Seuil du pont de la Carabote
Bras du Mont-Blanc
LE PROJET
Passy
Expansion de l’Arve
Canal de la Bialle Domancy
03
Torrent d’Arbon
176
Des axes transversaux émergent redistribuant les eaux au sein du corps filtrant, promontoire érigé au cœur des miroirs se dilatant au grès des crues. Tracés sur les liaisons et les axes existants, saisissant les torrents desquels ils découlent. Ils relient les piémonts de Passy et de Domancy, donnant à voir le rythme des glaciers. Un réseau de chemin linéaire met hors d’eau les espaces habités tout en reliant l’entièreté de l’organe filtrant avec Sallanches et Passy. Ce réseau s’élève également jusqu’aux étages supérieurs suivant les brèches engendrées par les torrents, véritable couloir de fraîcheur irriguant la plaine. Ces couloirs de fraîcheurs sont marqués et accentués par des dynamiques végétales importantes, comme les ripisylves de frêne et d’aulnes des torrents provenant du monde d’en haut et se mélangeant aux textures argentées ou bleutés des forêts alluviales qui ou
Sallanches
Sentier de traverse
Terrasses alluviales
Cultures maraichaires / fruitières envisageables Haie bocagère
Nant d’Arvillon
0
50
100
200
150
250 m
1. 5 000
ÉMERGENCES APPUYÉES SUR LES FLUX DES SOMMETS, REDESSINANT DE NOUVEAUX ESPACES DANS LA VALLÉE
Transverse d’Arvillon
Retenir 177
Torrent de Boussaz
Haie bocagère Confluences Seuil du pont de la Carabote
LE PROJET
Passy
Bras du Mont-Blanc Transverse d’Arbon Canal de la Bialle Domancy
03
Torrent d’Arbon
178
VUE AÉRIENNE DU NOUVEL ORGANE TRANSVERSE SURPLOMBÉ PAR LE MONT-BLANC
VUE AÉRIENNE DU NOUVEL ORGANE TRANSVERSE ALIMENTÉ PAR LE MONT-BLANC ET SES AFFLUENTS
LE PROJET
prairies humides inondées en fonction des fréquences de fonte et de pluie. Ils émergent ainsi dans la plaine, l’eau amplifiant leur figure, géants endormis surplombant la plaine. Lors des étiages, elles ondulent, accueillant les grues cendrées venues s’accrocher aux tiges des cultures fourragères qui nourriront les bêtes qui se pavanent encore dans les alpages, en attendant l’hiver, et de nouvelles fontes.
03
bleutés des forêts alluviales qui accueillent partiellement les eaux de l’Arve et de la Bialle. La lumière passe difficilement à travers ce feuillage dense, seules les eaux glaciaires scintillent en sillonnant entre les troncs de peuplier et d’érable. Un tissu de haie bocagère prolonge les ripisylves. Noisetiers et aubépines relient les lanières du parcellaire, multipliant les cadrages au bout desquels les sommets se distinguent. Parfois, ils se reflètent dans les eaux des
179
180
30 m A40
30 m
Suppression progressive de l’autoroute - mode de déplacement doux
B
A
Adoucissement de la
COUPE A - RECUL DE LA DIGUE EN RIVE GAUCHE DE L’ARVE ET CRÉATION DU SEUIL DU PONT DE LA CARABOTE
B A
200 m
Lac de Passy
Terrasses alluviales
185 m
Lac de Passy et seuil tranversal
COUPE B - OUVERTURE DU BRAS DU MONT-BLANC DIFFUSANT L’ARVE JUSQU’AUX TERRASSES ALLUVIALES DE LA PLAINE
120 m
40 m
Culture
20 m
Digue
120 m
Adoucissement de la pente
Seuil
60 m
Saulaie Grève
Arve
LE PROJET
Prairie inondable
Sentier
Arve
45 m
60 m
Bras secondaire
30 m
Voie ferrée
30 m
140 m
30 m
140 m
30 m
Lac de la Cavettaz
Lac de la Cavettaz et seuil tranversal
A40
Abaissement progressif - mode de déplacement doux
20 m
Arve 03
a pente
181
182
60 m
Plages
120 m
Émergence transversale de l’Arvillon
C
COUPE C - ÉMERGENCE DE 2 SEUILS TRANSVERSAUX DANS LES LACS DE LA PLAINE
D C D
250 m
Culture
230 m
Culture
COUPE D - RECUL DU CANAL DE LA BIALLE ET CONNEXION AUX TERASSES ALLUVIALES DE LA PLAINE
183
950 m
20 m
Lac de Passy
Plages et parking
750 m
200 m
Émergence transversale de l’Arbon
Zone humide LE PROJET
Lac de Passy et ile de l’Arve
70 m
20 m
6m
Prairie Canal de la Bialle inondable
160 m Terrasses alluviales
8m
50 m
Canal de la Bialle
Lac de Passy
8m Sentier pédestre Terrasses alluviales
03
160 m
Forêt de feuillus
184
LE CANAL DU MONT-BLANC, BRAS SECONDAIRE DIFFUSANT L’ARVE DANS LA PLAINE
PROMENADES TRANSVERSALES PERMETTANT D’ADMIRER L’ÉMERGENCE DES MONTAGNES DANS LES MIROIRS D’EAU
L’arve devient enfin un élément fédérateur pour la vallée, au même titre que les massifs qui l’alimentent comme le MontBlanc, les Fiz ou les Aravis. L’accompagnement de la reprise des processus naturels qu’engendre l’Arve tels que l’érosion, la sédimentation, les crues... permet la formation de nouveaux espaces, caractéristiques d’une vallée de montagne. Le projet permet de mettre en relation les usagers et autres acteurs du territoires avec les dynamiques de la rivière qui s’étend jusqu’aux sommets. Cette armature donne l’occasion de saisir des échappées qui sont le trait d’union entre la plaine et les côteaux. Elles offrent l’occasion de s’élever pour contempler ce paysage, d’en haut. Une plaine entourée de ses belvédères.
03
NOUVELLES BERGES DE L’ARVE OFFRANT UNE RELATION ENTRE LES FORCES DE L’EAU ET LES USAGERS
LE PROJET
185
186
187
COURS D’EAU EN CRUE SE DÉVERSANT DANS LES TERRASSES ALLUVIALES, L’EAU REDESSINE LES ACCÈS
LE PROJET
PRAIRIES FAUCHÉES LORS DES ÉTIAGES DE LA BIALLE ET DE L’ARVE, UN RÉSEAU DE SENTIERS DONNE À VOIR LE PAYSAGE AGRICOLE DE LA PLAINE
CRUE CENTENALE VALORISANT LE PAYSAGE ALLUVIAL DE LA PLAINE ET REFLÉTANT LES SOMMETS DES FIZ
03
CRUE QUINQUENALLE ALIMENTANT LES SAULAIES ET AULNAIES BORDANT LES CULTURES
188
DÉTAILS DES PHÉNOMÈNES NATURELS DE TRANSPORTS DE MATÉRIAUX SUITE AU RECUL DE DIGUE.
LE PROJET
189
03
NOUVEAUX RAPPORTS AUX USAGES AGRICOLES PERMETTANT LE MAINTIEN DE CE PAYSAGE OUVERT
190
DÉBORDEMENT DANS LES TERRASSES ALLUVIALES, L’ARVE SE DIFFUSE DANS LA PLAINE
03
TERRASSES ALLUVIALES DE LA PLAINE, L’AIGUILLE DE VARAN ÉMERGE DE LA FORÊT
LE PROJET
191
192
LES SOMMETS ÉMERGENT DE LA PLAINE
03
LE PROJET
193
194
MAQUETTE DE PROJET - GREFFE DE LA TRANSVERSE ECHELLE : 1/10 000
03
LE PROJET
195
196
197
LE PROJET
© DIDIERPLOWYPHOTOGRAPHE
03
© DIDIERPLOWYPHOTOGRAPHE
198
-18000
-16500
-15000
1850
1950
2020
LE PROJET
199
2070
03
TRANSFORMATION DU PAYSAGE DE LA PLAINE DE L’ARVE
200
Conc
nclusion 201
202
203
Le développement de la vallée de l’Arve a entraîné une protection des terres de la plaine, provoquant la fin des divagations de la rivière et l’oubli du paysage alluvial auquel il s’associe. La perte de ce paysage s’est associée à la diminution de la culture du risque et de l’imprévisibilité qu’engendre les phénomènes de montagne. Il y a encore 150 ans quand l’Arve débordait elle recouvrait l’entièreté du fond vallée, celle-ci ressemblait ainsi à un lac qui dialoguait avec les sommets alentours. Aujourd’hui, c’est la ville qui a pris ce rôle et un équilibre doit être envisagé pour demain. L’origine des risques résultant dans la plaine de Sallanches est dans les glaciers du Mont-Blanc, le lieu sur lequel ils pèsent est un organe vital pour la vallée de Chamonix. Ces interrelations et interdépendances peuvent permettre de renouveler le rapport au torrent de l’Arve dans un nouveau dessin de la plaine. Ce rapport permettrait de renouer avec l’expérience du paysage par une lecture de la saisonnalité de la rivière (fluctuations, dynamiques paysagères…). Différentes actions de replis sont envisagées (recul de digue, bras secondaire…) créant de nouveaux seuils donnant à voir des forces caractéristiques de la vallée. De la plaine aux sommets, via de nouvelles accroches aux pentes définissant de nouveaux rapports
aux espaces et offrant un autre regard sur la vallée. Il en résulte une matrice qui doit donner place à un lieu habitable, « avec » l’Arve et non « contre », en alliant usages et dynamiques du territoire avec les écosystèmes et les espaces qui le caractérisent. D’ailleurs, le but de ce projet n’est pas de revenir à un état antérieur, cela serait impossible, voir même grotesque. L’idée est de s’inscrire dans une continuité pour faire avec l’instabilité propre aux territoires de montagnes. Il s’agit ici de chercher une autre manière de vivre en fond de vallée et profiter de la « respiration » que peut offrir le torrent de l’Arve pour révéler et concevoir des espaces de « nature » ou perçue comme tels dans la plaine et plus seulement sur les pentes abruptes des sommets. Au-delà de la faisabilité de ce projet, il convient dans ce travail de porter une réflexion subjective sur le territoire pour donner à voir une vision renouvelée de ce qu’il peut se passer actuellement. En cela, les échanges avec les habitants, le SM3A ou la communauté de communes Pays du Mont-Blanc furent bénéfiques, mais je suis conscient qu’une plus grande mobilisation d’acteurs est nécessaire à la réussite de tels projets. Il laisse actuellement entrevoir un processus d’actions qui cherche à s’inscrire sur le temps long, pour le territoire et pour ses habitants.
204
Jeudi 10 septembre 2020 Je tiens encore à remercier toutes les personnes présentes le jour de ma soutenance.
© DIDIERPLOWYPHOTOGRAPHE
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