Journal de la Philanthropie

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Le mardi 30 septembre 2008

Le journal de la philanthropie Donner de soi-même pour faire avancer le monde?

illustration: Pierre Dala Palma

La démarche philanthropique n’appartient plus aux seuls nantis. De plus en plus de personnes et d’entreprises souhaitent contribuer à une société meilleure en transformant des rêves engagés en projets de société réussis.

E

n affirmant que «la philanthropie, ça marche!», le Centre de Philanthropie de la Fondation Roi Baudouin veut non seulement illustrer le bien-fondé et le succès des actions exemplaires entamées par ou à l’initiative de personnes, de groupes, de familles ou d’entreprises mais également rappeler combien la gratification d’une action ne se répercute jamais à sens unique entre donateurs et bénéficiaires.

Nous voulons, de plus, montrer qu’il existe de plus aujourd’hui une conscience grandissante de la plus-value que représente la philanthropie auprès des acteurs politiques, économiques et des citoyens. L’appui à des réalisations humanitaires, à des acteurs culturels et sociaux, à la promotion de l’éducation et du développement, fait partie intégrante des atouts de notre société. Aujourd’hui, grâce à une information globale plus accessible, décuplée de possibilités de partir dans tous les coins

du monde, chacun peut, dans sa dimension même la plus modeste et au gré de ses choix, contribuer à l’amélioration du sort de ses semblables, promouvoir une expression culturelle ou sportive, développer l’éducation et la santé, apporter du bonheur peut-être. La force de la philanthropie réside bien là: dans la volonté et le choix de soutenir des causes et des projets qui nous semblent en accord avec nos valeurs, nos en-

vies d’un mieux-être de la société. Et c’est d’abord cette «amitié pour l’humain» qui crée la dynamique indispensable pour construire une société à laquelle nous aspirons tous, plus harmonieuse, soucieuse des talents et des droits, plus heureuse. Ce journal se veut complémentaire à la Journée de la Philanthropie pour illustrer l’impact et la diversité de la philanthropie. Chacun y trouvera des informations, des inspirations, et des idées supplé-

mentaires à celles qui seront proposées ce 30 septembre. Les histoires reprises parmi beaucoup d’autres montreront ici aussi que chacun a ses raisons de donner et de s’engager et que dans ce même élan, il y a toujours le désir de changer un petit peu le monde. Merci à tous pour votre présence et pour votre intérêt pour la philanthropie.

Un engagement qui crée la différence Le Dr Peter Piot préside le conseil d’administration de la Fondation Roi Baudouin. Depuis 1995, ce scientifique à la carrière impressionnante est le directeur exécutif d’ONUSIDA, l’agence des Nations Unies pour la lutte contre le sida. Son intervention ouvrira cette première « Journée de la Philanthropie ». Vous allez débuter cette Journée en tentant de répondre à la question «Quel est le rôle de la philanthropie dans notre société?» Quelle est, selon vous, la fonction de la philanthropie aujourd’hui? Quelle image en avezvous personnellement? Quelle définition lui donnez-vous? La philanthropie part d’une volonté d’améliorer la société. C’est une action réfléchie et appropriée qui vise à mettre en route et à réussir un projet sociétal. La philanthropie est aussi très diversifiée et elle offre une image bien plus large que celle que la plupart des gens ont à l’esprit. Les philanthropes ont la liberté de choisir pourquoi et comment ils souhaitent s’engager et pouvoir évaluer l’impact de leur geste. Ils veulent mettre à disposition des moyens, bien sûr, mais aussi, souvent, du temps et de l’expertise; ils font appel à leurs réseaux et à d’autres acteurs impliqués pour aboutir ainsi à des solutions qui servent l’intérêt général de manière durable.

La Fondation Roi Baudouin a organisé cette «Journée de la Philanthropie» pour illustrer à quel point la philanthropie peut faire la différence dans des domaines et des secteurs très divers de la société. Avez-vous rencontré la philanthropie et/ou des philanthropes dans votre fonction à la tête d’ONUSIDA? Il y a certainement une place pour les philanthropes dans l’action des Nations Unies, par exemple à travers la collaboration avec les différentes agences de l’ONU, et pas seulement en matière de lutte contre le sida. Des formules adaptées existent et de nouvelles formes de collaboration doivent être explorées: des partenariats, du financement direct... Tant au long de ma carrière scientifique qu’au cours de mon mandat à la tête d’ONUSIDA, j’ai rencontré de nombreux philanthropes qui étaient prêts à s’engager.

Est-il exact que l’image de la philanthropie est aujourd’hui dominée par celle de grandes figures, surtout américaines? En d’autres termes, ressentez-vous un effet Bill Gates ou Warren Buffet? Et, selon vous, serait-ce plutôt positif ou négatif?

mer leurs rêves en des projets sociétaux réussis. Un philanthrope potentiel vit en chacun de nous.

Sans aucun doute, la philanthropie est aujourd’hui – comme elle l’a été dans le passé, en fait – sous l’influence de grandes figures, mais l’effet Bill Gates est manifeste. Son engagement a engendré une plus grande attention des médias et le concept de philanthropie est, sans conteste, de plus en plus utilisé et de mieux en mieux compris dans le langage de tous les jours. La philanthropie est à nouveaux sous les feux de la rampe. D’ailleurs, d’autres ont suivi l’exemple de Bill Gates.

La philanthropie est présente en Belgique et elle s’y trouve en pleine croissance. De plus en plus de citoyens et d’entreprises s’engagent.

Le cas Bill Gates ne doit cependant pas faire croire qu’il faut disposer de moyens impressionnants pour devenir un philanthrope efficace. Il s’agit d’un des messages centraux de cette Journée de la Philanthropie: des moyens limités peuvent produire des impacts importants. Sans devoir nourrir de complexes vis-à-vis des superstars. D’innombrables inconnus sont parvenus à transfor-

Des mesures légales et fiscales attractives constituent également un stimulant important pour une philanthropie efficace. Il faut donc continuer à encourager la prise de mesures qui facilitent l’engagement philanthropique, tant des citoyens que des entreprises. Les uns et les autres ont un rôle à jouer aux côtés des pouvoirs publics. Il est enfin très positif de pouvoir

Que signifie la philanthropie pour la Belgique, aujourd’hui et dans l’avenir? Que faut-il pour soutenir les acteurs belges?

La société belge commence à reconnaître le rôle et l’impact de la philanthropie. Le processus est encore en cours mais nous sommes sur la bonne voie. Dans ce sens, une Journée de la Philanthropie comme celle-ci revêt une importance capitale, notamment grâce à l’attention médiatique qu’elle crée.

Peter Piot

constater que de plus en plus d’intermédiaires, dans différents secteurs professionnels, s’impliquent pour rendre l’engagement philanthropique plus facile et plus efficace: des notaires, des banquiers privés, des avocats… Quel rôle voyez-vous pour la Fondation Roi Baudouin? Un rôle très concret: depuis de nombreuses années déjà, la Fondation procure conseil et soutien aux personnes et aux entreprises qui ont un projet philanthropique. Elle s’est bâti une expérience qu’elle partage volontiers. Son Centre de Philanthropie restera un acteur important pour contribuer à l’essor d’une philanthropie efficace et fiable, en Belgique comme en Europe.


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