verbotonal

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La méthode verbotonale structuro - globale Le corps entier produit la parole Une méthode d'éducation globale qui utilise toutes les ressources du corps. En agissant sur la motricité générale, on améliore la qualité de la motricité fine dans la phonation. Il s'agit d'une méthode active qui plaît aux enfants parce qu'elle fait une large place au jeu dans ce qu'il présente de plus sérieux pour la construction de la personnalité enfantine et pour le développement de la parole (dramatisation, comptines et activités rythmiques). Cette méthode met d'abord l'accent sur ce qui fonctionne bien, sur les potentialités et non pas sur les manques. L'enfant sourd est d'abord traité comme un enfant. Tout ce qui peut être réhabilité est pris en compte, et en premier lieu, les restes auditifs, les compétences motrices. La démarche est naturelle, ce qui facilite considérablement la prise en charge des jeunes enfants et des bébés. En effet, les étapes du développement sont respectées (références à Piaget). La méthode a pourtant été mise au point avec des enfants de 7 ans et plus, pris en charge vraiment tardivement, avec de très bons résultats. La méthode verbo-tonale se préoccupe d'abord de la communication comme moyen d'apprendre à parler, d'exercer la parole et non pas de l'instruction de la langue. L'intégration dans la famille pour le très jeune enfant, l'intégration en milieu scolaire normal jouent donc un rôle très important pour


l'enfant sourd. Il s'agit de respecter tout ce qui est indispensable à un enfant normal pour qu'il puisse se mettre à parler et donc, de le mettre en situation de faire, de comprendre, de dire et de réagir. C'est par le jeu dramatique, les jeux symboliques que l'enfant entendant ou sourd peut faire la liaison entre le faire et le dire. Dans la méthode la dramatisation restera l'élément essentiel lorsque les éducateurs utiliseront ensuite les méthodes audiovisuelles pour l'étude de la langue maternelle (Méthode « Bonjour Line » ), puis pour apprendre les langues étrangères.

La perception est d'abord polysensorielle Pour que l'enfant puisse parler correctement, il faut qu'il perçoive, qu'il comprenne. Le professeur Guberina, concepteur de la méthode, a démontré que toute personne sourde conserve la possibilité de percevoir et de comprendre la parole grâce à ses restes auditifs, mais aussi avec tous les organes sensoriels, et par le canal de son corps tout entier. La perception est polysensorielle d'abord. L'audition permet ensuite de retrouver, de revivre, de se représenter, de relire, de réévoquer le vécu corporel. Toute cette activité est contrôlée et traitée par le cerveau. Il a été démontré aussi que le cerveau n'utilise pas la totalité des informations auditives pour discriminer et intégrer les signaux de la parole et qu'il filtre les informations en fonction des particularités de la langue maternelle chez l'entendant.

Il n'est pas nécessaire de tout entendre pour tout comprendre.


Par les filtrages électroacoustiques avec des filtres électroniques et le vibrateur couplé sur un segment corporel, il est par conséquent possible d'apprendre au cerveau à organiser ou réorganiser la perception auditive en fonction des caractéristiques et des particularités individuelles du champ auditif pathologique de la personne sourde. C'est ce qui se produit spontanément chez des personnes devenues sourdes progressivement et qui se sont adaptées à leur surdité. L'audiométrie verbo-tonale facilite la recherche de la solution individuelle la plus favorable et la plus efficace appelée « champ optimal » pour comprendre la parole correctement. Elle permet de repérer « un transfert » du champ auditif (transfert grave, transfert aigu ou transfert discontinu sur deux plages fréquentielles). Ce champ procure la meilleure intelligibilité, avec le minimum d'énergie et constitue la solution la plus confortable et la plus adaptée pour la correction de la voix et de l'articulation. Il se vérifie par l'amélioration de la qualité des performances en reconnaissance auditive. L'éducation auditive devra ensuite élargir ce champ optimal de telle manière que les prothèses auditives individuelles deviennent plus efficaces.

L'utilisation optimale des reliquats auditifs Les appareils de rééducation ont une bande passante très élargie, en particulier vers les graves, ce qui permet d'exploiter les fréquences les plus basses par le canal corporel et le reliquat auditif dans les fréquences graves, généralement mieux préservées dans le cas de surdité. Cela permet de capter les éléments essentiels de la parole: I'intonation, image des tensions corporelles de l'affectivité, les accents, le rythme, les pauses. Ces éléments appelés « valeurs de la parole » sont porteurs de la structure de la phrase, précisent la signification des mots et donnent du sens au discours. C'est en jouant avec l'intonation et le rythme que tout individu peut se permettre d'exprimer énormément d'idées avec un nombre de mots très limité au départ. Cet aspect est très travaillé dans la rééducation et permet d'investir immédiatement les apprentissages dans la communication


orale avec les jeunes sourds, avant d'aborder un jour la définition des mots, les codages dans la langue orale, puis la grammaire et les subtilités de la langue écrite.

Le corps entier peut produire la parole Les structures de la phrase, traduites par l'intonation, les tensions corporelles et par le rythme ont un rapport avec les structures corporelles engagées dans toutes formes de mouvement et d'activité. La parole est vivante. La voix, I'articulation, les productions verbales sont le produit de la qualité des tensions et des rythmes dans les mouvements corporels en général. La parole est faite de mouvements réalisés par les organes buccophonatoires et ces mouvements ne sont pas isolés de la gestualité globale corporelle. En agissant sur la motricité générale, on améliore la qualité de la motricité fine dans la phonation. L'affectivité bien sûr est fortement engagée et induit la qualité de la voix et des gestes de la parole. D'où l'idée d'utiliser le corps entier pour vivre, percevoir et produire des sons, des mots, des segments de phrase et des propositions de phrases complètes à l'aide de techniques de rythme corporel et musical et de graphisme phonétique, appelées encore les techniques de rythmes phonétiques. Ces techniques sont généralement pratiquées en groupe. Ainsi par exemple le son « a » est vécu à travers différentes qualités de mouvements très ouverts, larges et détendus. Le « i » est fermé, petit, tendu, orienté vers le haut. Le « p » est obtenu par détentes successives, suite à une accumulation de tension, le « s » est présenté détendu, arrondi, mou, ralenti... L'espace corporel référent de l'espace extérieur est agent


du mouvement, donne l'image des structures du langage. Le passage à l'aspect formel et fixé de la langue, à la formulation abstraite devient possible grâce à l'expérience corporelle concrète et vivante, en situation interactive de communication. Les instituteurs reconnaîtront dans la démarche des procédés pédagogiques et des pratiques habituelles pour la conduite des apprentissages en classe avec leurs élèves. Il n'est donc pas étonnant que nos équipes aient pu parfaitement coopérer et s'intégrer dans les écoles de quartier. Si cette méthode considère, en priorité, l'aspect normal de la personnalité de l'enfant sourd et respecte les étapes normales du développement psychologique du langage, il ne faut pas pour autant ignorer les contraintes et les limites imposées par le handicap auditif. Il ne faut pas tomber dans l'erreur de la fausse intégration, I'intégration dite sauvage qui fait illusion, fait perdre un temps précieux et laisse l'enfant abandonné, livré à lui-même dans une classe, dans des situations où il ne peut pas suivre, parce qu'incapable de saisir les informations et de s'exprimer correctement.

Aider, accompagner l'enfant sourd sans le surprotéger L'enfant sourd reste très dépendant des adultes qui l'entourent. Il ne peut assimiler un concept nouveau par ses propres moyens à cause des images auditives déformées qu'il est susceptible de recevoir. Il a donc besoin qu'on lui fasse vivre des situations qui illustrent et enrichissent la connaissance des concepts. I l a besoin qu'on lui explique, qu'on l'aide à


prononcer correctement à reconnaître auditivement et à employer les concepts à bon escient. Il faut vérifier sans cesse qu'il a bien compris. C'est pourquoi le travail individuel orthophonique (entraînement de l'audition action sur la voix, l'articulation l'enrichissement de la langue orale et écrite) et le soutien pédagogique spécialisé restent absolument indispensables et pour longtemps, à moins que les parents puissent assumer ce travail totalement. La surveillance médicale et le suivi prothétique de toute évidence, doivent également être poursuivis. Notre travail est donc délicat. Il s'agit d'aider, d'accompagner l'enfant sourd et sa famille, mais sans les surprotéger, de le rendre autonome le plus vite possible, mais sans lui demander l'impossible, en tenant compte de chaque situation particulière.

WinPitch Language Teaching & Learning: Ecouter, voir et manipuler la production orale pour l’apprentissage en langue seconde. Aline Germain et Philippe Martin Trent University, Peterborough, Canada et University of Toronto, Toronto, Canada agermain@trentu.ca pmartin@chass.utoronto.ca

Introduction Enseigner/apprendre une langue étrangère, c’est enseigner/apprendre son lexique, sa grammaire, ses caractéristiques socioculturelles, c’est aussi enseigner à prononcer les sons spécifiques à cette langue, et ce n’est pas toujours facile ; parfois par manque de formation chez l'enseignant, mais surtout parce que, du côté de l’apprenant, il est très difficile, au début, d’entendre correctement les sons de cette langue nouvelle. Or qui n’entend pas, a du mal à produire ces sons mal perçus. Pour reprendre les termes de L. Ostiguy, l’oreille de l’apprenant de langue seconde « se comporte un peu comme une oreille pathologique » puisque « les habitudes perceptives modelées par le système sonore de la langue maternelle

se projettent sur la langue seconde, provoquant ainsi une sorte d’effet de filtrage » (Ostiguy,


L., Sarrasin, R., Irons, G., 1996 : 79). C’est le fameux « crible phonologique » de Troubetzkoy. Sourd au début de son apprentissage, l’étudiant va peu à peu, grâce à une exposition de plus en plus importante à cette langue seconde, et grâce à différentes activités de discrimination auditive en classe, enrichir sa grille de perception de la langue cible, et partant, sa production. Pourtant, et parallèlement à l’expansion du laboratoire de langue dans les institutions scolaires et universitaires, ont été développés depuis les années 60 des recherches sur la visualisation du signal et de la mélodie démontrant l’importance des indices visuels dans le processus d’acquisition d’une langue seconde. Dans le contexte d’une telle approche, il manquait cependant à l’enseignement/apprentissage de la prononciation et de l’expression orale un outil capable de fournir à l’apprenant une telle précision et qualité de feedback pour développer chez lui un regard et une oreille auto évaluatifs . Le logiciel WinPitch LTL paraît être l’outil privilégié pour une telle situation d’enseignement/apprentissage. 1. WinPitch LTL est un analyseur / visualiseur / synthétiseur de parole. En ce sens, il permet à l’apprenant de n’importe quelle langue seconde d’enregistrer, soit directement au microphone relié à l’ordinateur, chez lui, en classe ou au laboratoire de langue, ou à partir d’une cassette, toutes sortes d’énoncés, allant du simple mot au discours d’une durée maximale de 12 minutes, pour entendre et visualiser en temps réel sa production. En effet, l’étudiant peut réécouter autant de fois qu’il le désire son énoncé, et visualiser sur l’écran sa courbe mélodique, l’intensité et le signal. De même, l’enseignant peut enregistrer toutes sortes d’énoncés authentiques ou pédagogiques, provenant de sources audio variées : les cassettes audio de la méthode utilisée en classe, des enregistrements de programmes de radio ou bandes sonores d’enregistrement vidéo, de la parole authentique via le microphone, etc.


2. Mais WinPitch LTL apporte un certain nombre de fonctions qui vont bien au-delà de cette simple écoute et visualisation d’un signal de parole, et qui vont permettre à l'apprenant de prendre conscience, d’identifier et de caractériser Ses erreurs de prononciation et Ses faiblesses d’expression en communication orale. Le logiciel peut par exemple modifier la vitesse de déroulement du signal sonore, pour mieux percevoir le ton descendant ou montant d’une syllabe chinoise, la diphtongue d’une voyelle en français québécois ou encore le glissando d’un contour final en anglais, ou tout simplement pour faciliter la transcription d'un énoncé. Il est également possible d’isoler et de segmenter très précisément n’importe quel élément sur la courbe mélodique, l’intensité ou le signal sonore. Cependant, l’originalité de WinPitch réside dans la précision et la qualité du feedback que l’enseignant peut apporter sur les productions orales de l’étudiant, amenant celui -ci à mieux repérer sur le signal les indices visuels et auditifs, et donc à mieux percevoir et comprendre ses problèmes spécifiques d’interférences entre sa langue maternelle et la langue cible. 3. Tout d’abord, la fonction « texte » du logiciel permet à l’enseignant de placer et d'éditer du texte n’importe où sur l’écran. Ainsi, l’enseignant peut noter la transcription de l’énoncé, signaler à l’étudiant, à l’aide de flèches précises, de symboles phonétiques, de textes ou autre, les problèmes de prononciation, de prosodie, d’expression orale qui lui sont particuliers, préciser les directives de l'activité ou bien tout simplement commenter certains aspects de cette production orale.


4. Le dialogue évaluatif entre l'apprenant et l'enseignant est facilité grâce à la possibilité d'écrire des remarques ou suggestions très détaillées dans des "boîtes de commentaires" et de placer un signet sur la courbe mélodique ou le signal à l'endroit précis du problème relevé. L’étudiant n’aura plus, ensuite, qu’à placer son curseur sur le signet en question pour lire, tout en écoutant et visualisant le segment problématique, les commentaires du professeur. L’étudiant, peut également écrire ses propres remarques auto évaluatives, soit pour les conserver dans un portfolio de progression d’apprentissage, soit pour les soumettre à l’enseignant, dans un but de dialogue entre lui-même et son professeur. 5. Sur le même principe, mais en ce qui concerne le système prosodique de la langue seconde, la fonction de synthèse disponible dans le programme, permet à l’enseignant de redessiner, dans sa totalité ou segment par segment, le contour mélodique d’un énoncé ou d'en redéfinir la durée. Ainsi, à partir d’une production fautive, l’enseignant peut-il en modifier le schéma prosodique pour permettre à l’étudiant de visualiser et d’entendre, grâce à la synthèse, le schéma correct avec sa propre voix et donc de comparer la production fautive en voix naturelle et la production correcte en voix synthétique.


6. De plus, et toujours pour favoriser un feedback auto ou hétéro évaluatif de grande précision, WinPitch LTL offre à l’apprenant différentes façons d’enregistrer et de comparer sa propre production avec une production modèle. Ainsi, la possibilité d’afficher, verticalement, horizontalement ou en cascades, plusieurs fenêtres sur un même écran, et d’activer chacun des 2, 3, 4, etc. écrans permet de comparer à tous moments, visuellement et auditivement, la totalité de l’énoncé ou certains segments de son énoncé et de la production modèle. 7. La fonction « mode étudiant » du logiciel permet également à l’apprenant d’enregistrer directement au microphone son énoncé et de voir sa courbe s’afficher en temps réel audessus de la courbe modèle. La touche « mode étudiant » permet de recommencer l’enregistrement autant de fois que nécessaire. Ces tentatives de reproduction de la courbe modèle, ainsi que toutes les autres productions analysées par WinPitch LTL, peuvent être sauvegardées dans le dossier portfolio de l’étudiant, ou imprimées sur papier. Enfin l’enseignant peut organiser en « leçons » et « exercices » toutes sortes d’énoncés ou de montages d’énoncés traitant de problèmes articulatoires ou prosodiques spécifiques. Conclusion Le logiciel WinPitch LTL est beaucoup plus qu’un simple visualiseur / analyseur/ synthétiseur de parole. La multiplicité de ses fonctions d’écoute et de visualisation, d’enregistrement et de synthèse, de segmentation et d’édition, ainsi que sa grande simplicité et souplesse d’utilisation, en font un outil précieux pour un enseignement/apprentissage qui vise à l’individualisation et l’autonomisation de l’apprenant. Que ce soit en salle de classe, au laboratoire multimédia ou via l’Internet pour l’enseignement à distance, WinPitch LTL permet, contrairement à un simple logiciel de reconnaissance vocale, un vrai travail de profondeur sur l’expression orale en langue seconde et que l'on pourrait résumer ainsi: J’écoute, mais

j’oublie ; Je vois et je me souviens ; Je fais, et je comprends. J’écoute à volonté des segments spécifiques des exercices proposés, je vois les images décrivant mes réalisations articulatoires et prosodiques, je manipule ma propre voix par la synthèse pour réellement


comprendre les paramètres phonétiques essentiels des énoncés proposés. En cela, WinPitch LTL est un outil complet, impliquant une participation active de l’élève dans son activité d’apprentissage.


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