ŠMINKO pri son
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–NEWS—BOOK—PHOTOS—MOVIE—INSIDE—OUTSIDE–
2 0 Population carcérale 57 680 places dans les prisons francaises
68859 détenus +11 881 personnes "détenues non écrouées"
(dont 11 234 bracelets électroniques)
51 013 personnes condamnées 17 846 personnes prévenues (+ 4% par rapport à avril 2013)
ŠMINKO NEWS
68081 personnes majeures 778 détenus mineurs
(+ 4% par rapport à avril 2013)
Source : population carcérale au 1/4/2014 - Ministère de la justice
DE DÉTENUS DA NS LES PR ISONS FR A NÇ A ISES
NOU– VEAU RE— CORD
Source : LeMonde.fr Avril 17, 2014
Avec AFP
Le nombre de détenus dans les prisons françaises a atteint un nouveau record au 1er avril, avec 68 859 personnes incarcérées, selon la direction de l’administration pénitentiaire, jeudi 17 avril. Le précédent plafond datait du 1er juillet 2013, avec 68 569 prisonniers. Par rapport au 1er mars, 68 420 détenus avaient alors été comptabilisés, le nombre de personnes incarcérées est en hausse de 0,6 %, précise l’administration pénitentiaire. Sur un an, cette hausse s’établit à 2 %. Parmi ces prisonniers, le nombre de prévenus (en détention provisoire, avant jugement) s’élève à 17 846, soit 25,9 % des détenus, en hausse de 4 % par rapport à avril 2013. Les mineurs incarcérés sont au nombre de 778 (1,1 % des personnes détenues), en hausse de 4 % par rapport au mois précédent. Par ailleurs, 13 765 personnes ont bénéficié d’un aménagement de peine sous écrou, soit 21,9 % de personnes écrouées, en hausse de 3,9 % sur un an et de 12,1 % sur deux ans. Au 1er mars, la capacité opérationnelle des établissements pénitentiaires était de 57 680 places, précise le communiqué.
LES SY NDIC ATS A L A R MÉS « Battus ou frôlés chaque mois, les records de surpopulation carcérale nous sont familiers », mais, pour « combien de temps encore » et « à quel prix » cette situation peut-elle durer, interrogeait mercredi le syndicat national des directeurs pénitentiaires (SNDP-CFDT) qui appelait la garde des sceaux à réagir sans attendre face à cette situation. « La surpopulation pénale, dont nous souhaitons une statistique mensuelle et plus annuelle, à l’instar de celle des publics écroués, est le plus grand danger pour la population en général », met en garde le syndicat. « Confrontés au défi du nombre, nous n’avons plus assez de temps pour dialoguer, expliquer, rassurer parfois (...), pas assez de temps pour connaître les détenus (...). La surpopulation est l’échec de nos missions », déplore-t-il. « Nous sommes usés, nos personnels sont fatigués par des journées à flux tendus », insiste le SNDP-CFDT, qui évalue le personnel manquant à 1 000 surveillants et à au moins une trentaine de directeurs. « Nous ne pouvons travailler correctement (...) et nous le ferons savoir à la nation », préviennent les représentants des directeurs de prison. Pour le syndicat, il faudrait non seulement créer de nouvelles places de prison mais aussi développer les aménagements de peine pour les petits délinquants, assurer une politique dynamique de réaffectation des détenus dans des établissements disposant encore de places, et aller « rapidement et courageusement » au bout de la réforme pénale.
par : Afifia B
La pire tentative d’évasion de l’histoire des évasions s’est passée cette semaine, dans la nuit de mardi à mercredi au Brésil. Rafael Valadao, incarcéré à la prison de Ceres, a tenté de s’échapper par le trou bâti avec l’aide de 3 de ses camarades qui avaient également prévu de s’enfuir. Si le premier a pu s’évader avec succès, le second est quant à lui resté bloqué. Un problème de taille…
R A FAE L A FA I T S ON AV E R E L L Ainsi que l’a indiqué le porte-parole de la police, “ le détenu avait apparemment sous-estimé la taille de son ventre ”. Ce sont ses qui ont alerté les gardiens. Lorsque le Daily Mail a contacté le porte-parole de la police, ce dernier a expliqué que Rafael Valadao “ criait de douleur lorsque les secours sont arrivés sur les lieux ”. Hilares, les gardiens n’ont pas caché leur sourire devant la position ridicule de l’évadé déchu.
Cela dit, si les gardiens de la prison se sont amusés, ils ont vite déchanté lorsqu’ils ont réalisé qu’un premier prisonnier s’était échappé. Les deux autres en revanche, censés traverser le mur après le détenu pris en flagrant délit doivent l’avoir bien amère. S’il s’en tire avec seulement quelques côtes cassées, Valadao ne s’est pas fait que des amis. En voulant se débarrasser de son boulet, il en est devenu un ..
PRISONM ATCH —LE SITE DE RENCONTRES POUR LES — D É T E N US
Source : courrierinternational.com
photo : AFP
Le site de rencontres suédois Prisonmatch a été lancé pour faciliter la rencontre des détenus avec l'âme sœur, rapporte le Göteborgs-Posten. En Suède, environ 5 000 personnes se trouvent en prison. Pour les détenus qui n'ont pas le droit d'avoir accès à Internet, ce site offre la possibilité d'entretenir des contacts avec l'extérieur. Prisonmatch s'engage à transmettre par lettre ce qui a été écrit sur le compte du détenu, et de poster les réponses à sa place. Pour les personnes hors de prison, l'adhésion est gratuite. Les détenus, eux, paient l'équivalent de 200 euros par an. Tout le monde peut s'y inscrire, sauf les condamnés pour viol ou pour pédophilie. Les meurtriers sont acceptés. " Nos membres ont tous plus de 18 ans et, si l'on choisit de contacter un meurtrier, c'est son propre choix ", précise la fondatrice Valbona Demiri. Un professeur en criminologie émet des doutes quant à l'intérêt de ce genre de site pour les personnes en liberté. " Ce ne sont pas exactement des Justin Bieber qui sont incarcérés ", constate-t-il. Mais Valbona Demiri ne veut pas porter de jugement sur ceux qui cherchent à rencontrer quelqu'un sur Prisonmatch : " Nous cherchons tous désespérément l'amour, que nous soyons en liberté ou en prison. "
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ŠMINKO NEWS
Source : konbini.com
S U È D E
B R É S I L
L A TENTATIVE D ’É VA S I O N L A PLUS RIDICULE D E L’H I S TO I R E
04 Les têtes de mort sur les épaules du détenu indiquent qu’il purge une peine à vie, et la fille qui « attrape » sa robe avec une canne à pêche sur son avant-bras gauche est un tatouage répandu chez les violeurs.
ENCYCLOPEDIA
RUSSIAN C R I M I N A L TAT
ŠMINKO BOOK
Les tatouages ont tendance à avoir une signification plus importante en prison. Je veux bien croire que le dragon de Komodo que vous arborez sur votre cheville représente les deux jours « fort en émotions » que vous avez passé à boire de la Bintang dans une auberge de jeunesse indonésienne, mais est-ce-que ce tatouage vous définira jusqu'à la fin de votre vie ? J'en doute fortement. En prison, les tatouages peuvent devenir un élément symbolique de l'uniforme du détenu. Certains donnent quelques indices sur le crime qui les a envoyés derrière les barreaux, d'autres servent d'outil de communication. Par exemple, une dague placée sur la nuque sous-entend qu'un détenu a tué quelqu'un en prison et qu'il est prêt à recommencer. Arkady Bronnikov, qui est considéré comme le principal expert russe de l'iconographie des tatouages, a récemment sorti une collection d'environ 180 photos de criminels incarcérés dans des instituts pénitenciers soviétiques. Russian Criminal Tattoo Police Files, publié chez FUEL, est composé de 256 pages et est probablement la plus importante collection de photographies de tatouages de prisonniers. J'ai contacté Damon Murray, co-fondateur de FUEL, pour discuter du livre.
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Octobre 18, 2014
Écrit par : PAWEŁ MĄCZEWSKI Photo : © Arkady Bronnikov / FUEL
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Source : WWW.VICE.COM
6 0 VICE : Salut Damon. Pourquoi vouliez-vous publier ce livre ? DAMON MURRAY : Chez FUEL, on a déjà publié la série Russian Criminal Tattoo Encyclopaedia, mais aussi Drawings from the Gulag et Soviets - donc le thème que nous avons choisi est évident. Ces livres sont basés sur les dessins de Danzig Baldaev, un gardien de prison qui a étudié le phénomène des tatouages des criminels russes pendant sa carrière. Pendant que nous faisions des recherches pour Soviets, nous sommes tombés sur un article qui parlait d'un policier à la retraite, Arkady Bronnikov. Cet expert en criminalistique a travaillé au Ministère Intérieur de l'URSS pendant plus de 30 ans, ce qui l'a mené à visiter des institutions pénitentiaires dans l'Oural et en Sibérie. Entre 1965 et 1985, il a interviewé, photographié et recueilli des informations sur les détenus et leurs tatouages. Il a donc créé l'une des archives les plus complètes à ce jour. Nous savions que cette collection de documents uniques ferait un livre fascinant et constituerait une suite parfaite à nos publications antérieures. Il traite du même sujet, mais de manière plus viscérale. Combien de temps vous a-t-il fallu pour collecter toutes ces photos ? J'ai rendu visite à M. Bronnikov dans sa maison dans la région de l'Oural en Russie. Nous avions déjà discuté de la possibilité de faire un livre, et il a très gentiment accepté de me parler des documents et des personnes photographiées. Après quelques jours, il est devenu évident qu'il y avait assez de matière et d'informations pour faire un livre qui se suffirait à lui-même, à côté de la série des Encyclopaedia. J'ai ensuite ramené les photos à Londres pour les scanner. Quel genre d'outils utilisaient-ils pour se tatouer eux-mêmes ? Vous avez des informations sur les prisonniers qui ont été photographiés ? Mis à part une petite partie au tout début du livre, qui reproduit de véritables documents policiers, toutes les informations rassemblées sur les détenus ont été déduites grâce à leurs tatouages. Leurs crimes varient entre de très graves affaires comme des meurtres ou des viols, à des délits « moins graves » comme du vol et des cambriolages.
Chaque image est accompagnée d'une légende détaillée qui explique comment les tatouages individuels racontent des crimes spécifiques - par exemple, une femme nue qui se fait brûler sur une croix symbolise une accusation pour le meurtre d'une femme. Le nombre de bûches désigne le nombre d'années que dure la peine. La majeure partie des tatouage a été réalisée de manière sauvage et douloureuse. Le processus peut prendre plusieurs années, mais une petit forme peut être tatouée en 4 à 6 heures de travail ininterrompu. L'instrument de choix est un rasoir électrique adapté, auquel les prisonniers accrochent des aiguilles et une ampoule de teinture liquide. Où trouvent-ils la teinture ? Du caoutchouc brûlé mélangé à de l’urine est utilisé comme pigment. Pour des raisons de santé, il vaut mieux utiliser l’urine de la personne qui se fait tatouer. Comme le fait de tatouer est interdit par les autorités, le processus se fait en secret et est souvent exécuté dans des conditions déplorables. Cela peut facilement entraîner des maladies sérieuses, comme la gangrène ou le tétanos. Mais le problème le plus courant est la lymphadénite - une inflammation des ganglions lymphatiques accompagnée de fièvre et de frissons. Mais ils le font quand même ? Dans la plupart des cas, les détenus interviewés par Bronnikov ont expliqué qu’ils avaient commencé à se faire des tatouages seulement après avoir commis un crime. Comme la durée de leur peine augmente et que les conditions d’incarcération deviennent plus rudes, les tatouages se multiplient. Dans les prisons de sécurité minimale, par exemple, 65 à 75 % des détenus ont des tatouages, ce pourcentage passe à 80 % dans les prisons de sécurité moyenne et de 95 à 98 % dans les prisons de sécurité maximale. Dans un établissement de correction féminin situé dans la région de Perm - à environ 1000 km au nord-est de Moscou - Bronnikov a expliqué que seulement 201 femmes sur les 962 détenues étaient tatouées, mais qu’environ 40 % des prisonnières étaient tatouées dans les prisons les plus sécurisées. La règle dit que les grands criminels ne doivent pas avoir un grand nombre de tatouages - seulement une paire d’étoiles à 7 ou 8 branches sur les clavicules. Les tatouages sont également réservés à un certain type de criminels - on n’en trouve pas chez les prisonniers qui sont incarcérés pour des crimes politiques, par exemple. Quelle est votre opinion sur la culture des tatouages de prisonniers ? Eh bien, c’est incroyable - il n’y a aucun autre endroit où les tatouages expriment un langage aussi unique. Chaque image est chargée de sens, un tatouage peut être littéralement une affaire de vie ou de mort pour celui qui le porte.
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Quand un nouveau détenu arrive dans sa cellule, les autres lui demandent « Est-ce-que tu respectes tes tatouages ? » S’il est incapable de répondre - ou si les autres détenus ont entendu dire qu’il portait un « faux » tatouage - on lui donne un morceau de verre ou de brique et on lui demande de l’enlever, ou d’assumer les conséquences. Ça peut être une grosse raclée, un viol ou même la mort. C’est pour cette raison que les tatouages sont devenus à la fois la chose la plus respectée et la plus crainte dans la société carcérale. Bien plus qu’un ornement personnel, les tatouages possèdent une forte signification et constituent une loi indélébile dans une société qui se trouve bien au-dessus des lois conventionnelles. Un tatouage de noeud-papillon au niveau du cou est souvent présent dans les colonies qui ont un régime strict. Le signe $ sur le noeud-papillon signifie que le détenu est soit un braqueur, soit un blanchisseur d'argent
Vous avez vu énormément de tatouages de prisonniers. Quels sont les plus communs ? Il y a beaucoup d’idées et de thèmes récurrents. L’une des imageries les plus habituelles est la religion ; la Vierge à l’Enfant, les églises russes et les croix - ce genre de choses. Cependant, dans le cas du système carcéral soviétique - ou la « zone » comme on peut parfois l’appeler - ces images n’ont absolument rien à voir avec des croyances religieuses ; leurs véritables significations sont ancrées dans les traditions criminelles et carcérales. Elles proviennent du désir de se montrer comme un marginal, comme quelqu’un qui a été incompris et qui est condamné à souffrir. La Vierge à l’Enfant est l’un des tatouages les plus populaires chez les criminels, et il peut avoir beaucoup de significations. Il peut symboliser la loyauté envers un gang criminel, ça peut signifier que celui qui le porte croit que la Vierge va repousser le diable, ça peut indiquer que celui qui le porte a été dans le système carcéral et derrière les barreaux depuis son plus jeune âge... Dans la « zone », une église ou un monastère sont interprétés comme le symbole du voleur, les nombres de coupoles de l’église signifiant le nombre de condamnations. Une croix est généralement tatouée sur la partie du corps la plus importante : le torse. Sa vocation est de montrer une dévotion aux traditions des voleurs et de prouver que son corps n’est pas sali par la trahison - qu’il est « réglo » envers ses associés. Toutes les croix indiquent que le détenu appartient au milieu des voleurs.
La rose sur le torse de cet homme signifie qu'il a fêté ses 18 ans en prison.
Quel était l’objectif original en archivant ces photos ? La collection de Bronnikov qui se trouve dans le livre est particulièrement intéressante, vu que son objectif était purement fonctionnel. Les photographies ont été prises pour un usage policier, pour améliorer la compréhension du langage de ces tatouages et pour aider le processus d’identification des criminels sur le terrain. La seule considération de l’auteur était d’enregistrer les corps pour des raisons pratiques. Vu que les photos n’ont pas de vocation artistique, elles présentent une représentation franche de la société criminelle, en oubliant involontairement leur côté humain et en présentant leurs traits de caractère : aggressivité, vulnérabilité, mélancolie ou arrogance. Leurs corps expose une histoire non-officielle - racontée non seulement à travers les tatouages mais aussi à travers leurs cicatrices et leurs doigts manquants.
Les diables sur les épaules de ce détenu symbolisent une haine de l'autorité et de la structure carcérale. Ce genre de tatouages est connu sous le nom d'oskal (rictus).
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EN THAÏLANDE, LES PRI SUR LE RING
PRI —SON FIGHTS Avec sa série Prison Fight, le photographe Aaron Joel Santos donne un aperçu des entraînements de boxe auxquels certains détenus peuvent participer en Thaïlande dans l’espoir d’une remise de peine.
Source : KONBINI.COM
Écrit par : Anaïs Chatellier Photo : © Aaron Joel Santos.
Basé à Hanoï au Vietnam depuis 2007, le photographe américain Aaron Joel Santos s’est rendu dans la prison de Klong Prem à Bangkok. Une des premières prisons du pays qui propose à quelques détenus un programme organisé par Prison Fight, “ une organisation extérieure au système pénitencier mais qui agit avec le soutien manifeste des gardiens et de l’administration pénitentiaire, euxmêmes impliqués ”, rapporte-t-il. Depuis un an, cette association offre la possibilité aux prisonniers de combattre des adversaires étrangers venus du monde entier lors de matchs de Muay Thaï, ou boxe thaïlandaise, le sport national du Pays du sourire. Si elle fournit équipements et entraîneurs à raison de quelques heures par jour, il n’est pas question pour autant de laisser les détenus sortir du bagne : les adversaires doivent défier les prisonniers sur leur propre territoire.
L a l iber té à l a c lé ? Les combats à l’intérieur des prisons ne sont pas nouveaux et il faut revenir au XVIIIème siècle pour mieux comprendre leur symbolique aujourd’hui. En 1767, lors de la chute du royaume d’Ayutthaya, ancien royaume thaï envahi par les Birmans, des milliers de soldats thaïlandais furent incarcérés et durent affronter les meilleurs combattants ennemis. La légende dit que le champion ultime fut Nai Khanom Tom, un ancien soldat thaï qui avait alors obtenu sa liberté en gagnant contre une dizaine des meilleurs boxeurs du monarque birman. Un guerrier désormais vénéré et idolâtré par les adeptes du Muay Thai.
ŠMINKO PHOTOS
S ONNIERS MONTENT POUR LEUR LIBERTÉ
Inspirée par cette légende, on comprend la motivation des prisonniers : une possible liberté ou réduction de peine s’ils gagnent plusieurs combats. Le bruit court alors que les prisonniers peuvent même gagner de l’argent et devenir célèbres s’ils s’affirment sur le ring. Le photographe Aaron Joel Santos nuance : C’est ce que tout le monde dit, mais il reste difficile de cerner ce qu’ils gagnent réellement, étant donné que c’est un programme relativement nouveau. Donc j’espère qu’en se développant, il deviendra plus transparent. Par ailleurs, cette activité n’est pas réservée à tous. Il faut avant tout “ avoir un dossier correct et être un prisonnier modèle ”, précise Aaron Joel Santos. Selon lui, cela permet surtout aux détenus d’avoir une occupation dans la journée, “ de passer le temps de manière saine ”. Il ajoute : “ La plupart de ceux à qui nous avons parlé avaient déjà gagné leurs premiers combats quelques semaines auparavant et c’était déjà une belle récompense pour eux”. Surtout pour ceux qui pratiquaient ce sport auparavant. Le photographe a même croisé d’anciens champions. De cette visite, il garde quand même une part de doute. Car on ne rentre pas non plus à sa guise dans un univers aussi confiné et contrôlé que la prison, surtout quand on est étranger. C’est d’ailleurs une fixeuse [indic' pour journaliste, ndlr] thaïlandaise avec laquelle il a collaboré à plusieurs reprises qui lui a permis de pénétrer les lieux.
Le photographe n’est pas dupe : Je suis aussi conscient qu’on m’a certainement montré exactement ce qu’on voulait que je voie à l’intérieur des murs. Nous n’avons eu le droit d’accéder qu’à un seul endroit de la prison et nous ne pouvions parler qu’avec les détenus qui faisaient partie du programme. J’imagine qu’ils savaient qu’on était journalistes et donc qu’ils avaient été briefés avant que nous arrivions. Pour autant, il est persuadé que ce programme est une chance pour les détenus. “ C’est l’exercice physique ancré dans la tradition et la camaraderie ”, explique-t-il. Rituels bien spécifiques, musique aux sonorités asiatiques… Malgré ses airs de “ tous les coups sont permis ”, le Muay Thaï obéit à beaucoup de règles et nécessite une certaine rigueur et une haute concentration. Cette pratique permet donc aux prisonniers de canaliser leur énergie, de s’évader le temps d’un match et de fuir la surpopulation dans les cellules et les mauvaises conditions d’hygiène. Il paraît même qu’ils ont le droit à des cellules plus spacieuses. Le but n’étant bien évidemment pas de les rendre plus aptes à la bagarre, mais au contraire de leur permettre d’avoir une activité qui les occupe aussi bien physiquement que mentalement. Une idée que le photographe résume par la phrase suivante :
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L’espoir est là et le sport aussi, et tous les deux semblent avoir un effet positif sur les détenus. C’est ce qu’il faut retenir à mon avis.
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CHAPIRON
DOG —POUND Kim Chapiron évoque la genèse et le tournage de « Dog Pound », son deuxième long métrage. Du brutal. Source : NEXT.LIBERATION.FR
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23 Juin 2010
Écrit par : Didier Péron
Fils du graphiste punk du groupe Bazooka Kiki Picasso (de son vrai nom Christian Chapiron), métis vietnamien du côté de sa mère, Kim Chapiron a déjà près de quinze ans d’activisme tout terrain au compteur. Né en 1980, il crée en 1995 avec Romain Gavras (fils du cinéaste Costa-Gavras) un collectif du nom de Kourtrajmé qui navigue entre banlieue (Montfermeil où a grandi la mère de Kim et où il est allé à l’école primaire) et XXe arrondissement parisien (un immeuble
entièrement décoré par Kiki Picasso). N’ayant cessé d’œuvrer dans toutes les directions (courts métrages, clips, web-docu, graphisme, danse, musique…), ce groupe fortement ancré dans la culture de banlieue et une esthétique urbaine à la fois potache et violente compte aujourd’hui quelque 135 membres. Kourtrajmé a connu une véritable explosion grâce à Internet, qui lui a permis de diffuser en autonome ses productions après des années à écumer les MJC et les festivals.
LÂCHE LES CHIENS En 2003, un double DVD assemblait dans un joyeux fourre-tout six heures d’images revendiquant une certaine insolence débrouillarde et antisystème sous le titre Seigneur, ne leur pardonnez pas car ils savent ce qu’ils font. Quand Chapiron débarque en 2005 avec son premier long métrage, Sheitan (dont le scénario fut coécrit par son père), il a 25 ans : « Kim est une bête de travail, déclarait à l’époque Vincent Cassel, acteur principal du film. Il a aussi beaucoup d’humilité. Il ne frime pas. » La découverte quatre ans plus tard du très abouti Dog Pound est aussi une manière pour l’ex-ado frondeur de tracer un peu plus sa propre route en se dégageant de la logique et de l’impact du collectif. Dans le même temps, Romain Gavras a défrayé la chronique avec ses clips agressifs (Stress pour Justice, Born Free pour MIA) et devrait encore faire parler de lui avec son premier long en septembre, Notre jour viendra (avec Cassel une fois encore). Tourné aux Etats-Unis, Dog Pound décrit, à travers le trajet de trois garnements principaux - Davis, Angel, Butch -, le quotidien d’une prison pour délinquants juvéniles du nom d’Enola Vale, quelque part dans le Midwest, patrie des white trash. Kim Chapiron et son coscénariste new-yorkais, Jérémie Delon, ont visité pendant un an les centres de détention pour mineurs afin de coller au plus près de la réalité. Le début d’une aventure mouvementée, comme le raconte le cinéaste, beau jeune homme posé à la voix douce, en rupture complète avec l’univers de ces films. EN PRISON, AVEC EUX. « Aux Etats-Unis, ce sont la plupart du temps des établissements privés. Il y a un vrai business, puisque les détenus sont une main-d’œuvre bon marché. Les gamins fabriquent souvent des meubles, on assiste à un mélange assez bizarre de travail de réinsertion et d’exploitation pure. On s’est intéressé aux établissements du Midwest et de l’Amérique profonde dans la mesure où les films sur les conflits raciaux, les guerres de gangs entre Blacks et latinos, avec des bandanas sur la tête, on en a eu tous notre dose. « Il est relativement facile d’entrer en prison en tant que visiteur, mais il est interdit d’avoir des caméras, des appareils photo. On avait juste nos yeux et nos calepins. Les détenus nous ont beaucoup parlé, tant des raisons qui les avaient conduits là que de leurs tentatives d’évasions. Ça causait énormément de cul aussi, des phantasmes sexuels, de la frime et du besoin macho de s’imposer tout le temps. » DÉLINQUANTS ET ACTEURS. « A un moment donné, au bout de six mois je crois, je me suis dit qu’il fallait intégrer ces mecs dans le film. Le regard d’un gamin en détention à 12 ans, c’est unique, jamais je ne pourrai le trouver dans les yeux d’un acteur, quel qu’il soit. « Au début du tournage, on a cherché dans les rues des membres de gang. Taylor Poulin, qui joue Banks, le caïd qui fait régner la terreur à Enola Vale, terminait de purger une peine quand nous l’avons rencontré. C’est un garçon impressionnant. Le premier jour de tournage, il est arrivé avec un officier de probation. Il avait une énorme plaie sur le crâne, il s’était pris un coup de table la veille, et il a mis, par sa présence, son charisme, l’équipe dans une autre dynamique. Parfois, les choses pouvaient vraiment mal tourner, quand Adam Butcher, qui joue Butch, s’est à deux reprises retrouvé devant un tribunal en plein tournage. Il a fallu qu’on aille supplier le juge de ne pas l’incarcérer. « On avait des visites de la police, qui venait nous faire part des plaintes de voisins du plateau. Il y avait parfois une centaine d’acteurs ados sur place et, entre deux prises, on vidait le plateau, et ils se retrouvaient dehors, en combinaison orange de prisonnier, à fumer des joints. Les gens n’étaient pas toujours ravis. »
L’IMPRÉVU. « Pendant deux ans d’écriture, on s’imagine une scène mille fois, on crée des décors, une lumière, on imagine comment l’action doit se dérouler et puis, le jour du tournage, tout change ! Soit on se le prend en pleine tête et on essaie par tous les moyens de colmater les brèches, soit on accepte de composer avec l’inattendu et, généralement, on a de bonnes surprises. « Par exemple, Adam Butcher. Le rôle principal devait être tenu par le chanteur somalien K’Naan. A quelques jours du début du tournage, il m’annonce que sa maison de disque l’a mis au pied du mur, il n’a plus le temps et doit abandonner le film. Panique à bord, tout est prêt, les décors, les costumes, on a cinq équipes de casting sur les dents qui cherchent un remplaçant. Adam est arrivé le samedi, le lundi il était à pied d’œuvre. Il dégageait une énergie folle et, en même temps, on voit toutes ses failles béantes. » LA BASTON. « Pour la scène d’émeute à la fin, on était avec cent fous furieux qui n’avaient qu’une envie : tout fracasser. On l’a tournée en trois jours. L’équipe de production était terrorisée, l’ingénieur du son voulait quitter le plateau. Les chaises et les tables volaient dans tous les sens avec des sirènes d’alarmes pour dire aux jeunes le " cut " de fin de prises. André Chemetoff, le chef opérateur, portait un casque de protection, des genouillères, et il était entouré de deux machinos qui lui frayaient un passage à coup de pieds dans la masse des garçons qui se foutaient sur la gueule. Les types étaient tellement chauds qu’on ne pouvait plus les arrêter. A un moment, on voit un mec en train de défoncer un mur du décor alors qu’on ne le filmait même pas… « Pour ce genre de séquence, on ne peut pas tricher, pas plus que dans les rapports de force entre individus. J’expliquais bien aux acteurs mon credo : " Voilà, le tournage, c’est ici et maintenant, il faut en profiter et, en même temps, il faut donner au spectateur l’énergie d’une réalité dure, sans pitié. Alors, prends-toi une bonne tarte dans la gueule, un coup de poing dans le ventre, c’est pas grave… " Je n’aime pas le maquillage et on a aussi filmé en 35 mm pour capter les visages, la peau, comment un type réagit face à une insulte ou quand il se prend une gifle. » LA POLITIQUE. « Mes parents étaient très impliqués politiquement, avec des combats et des lignes idéologiques très clairs. Ma grand-mère est arrivée du Vietnam après la guerre d’Indochine, c’était une grande résistante communiste. Depuis son arrivée, toute ma famille a été très politisée. On a évidemment hérité de ça, mais dans un monde bien plus flou et où on a beaucoup moins de facilité à s’engager parce que la situation est beaucoup plus complexe, moins binaire, moins " les gentils contre les méchants ". « Alors, avec Romain Gavras et les autres, on essaie de coller à notre époque. Il y a un mot que je trouve terrifiant, c’est le " divertissement " : on n’est pas là pour divertir ou endormir les gens, mais pour les sensibiliser à ce qui se passe autour de nous. »
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12 INFIL— T R AT I O N DANS LA PRIS— ON LA PLUS DURE D E S É TAT S —U
ŠMINKO INSIDE
Tout le monde sait que les États-Unis envoient plus de gens en prison que n’importe quel autre pays. Avec une population carcérale de 2,3 millions de détenus, ils arrivent en tête du palmarès des pays qui comptent le plus grand nombre de prisonniers. Mais ce que les gens ne savent généralement pas, c’est qu’un citoyen américain a plus de chances de se faire incarcérer qu’un citoyen nord-coréen, chinois ou russe. On ignore aussi trop souvent qu’une fois que les Américains sont envoyés en prison, ils ont une fâcheuse tendance à y retourner. Selon une étude récente menée par le Bureau of Justice Statistics, 28 % des détenus sont arrêtés pour un autre crime dans les six mois suivant leur libération. Au bout de trois ans de liberté, le pourcentage passe à 68% – et à 77% dans les cinq années qui suivent. Le Pew Research Center a publié une étude portant sur la récidive en 2011, et la conclusion est d’une tristesse infinie. Un trop grand nombre de délinquants criminels sortent de prison avec l’intention de sévir une nouvelle fois. Comment la société peut-elle inciter ces individus à ne plus commettre d'actes malveillants ? Et si cela se révèle impossible, quelle est la meilleure solution pour que nous puissions vivre éloignés de ces criminels ? Désireux d’en savoir plus, j’ai écrit aux administrations pénitentiaires du monde entier pour leur demander si je pouvais intégrer leur prison. La Russie, la Chine, Hong Kong, le Laos, la Thaïlande, la Malaisie, le Japon, la Jamaïque, la Suède, la Norvège, la France, le Royaume-Uni et l’Île de Man, le paradis fiscal anglais, ont tous refusé parce que ma sécurité personnelle « ne pouvait pas être garantie ». Le service pénitentiaire du Zimbabwe m’a répondu que « ma demande allait être étudiée », mais ils ont fini par refuser. J’ai même envoyé un email à Guantanamo, lequel est resté sans réponse. Au moment où j’étais sur le point d’abandonner, j’ai découvert que je pouvais intégrer une prison en Amérique en tant que « détenu infiltré volontaire. » Avec la bonne méthode, je pouvais obtenir une place dans « des établissements de détention provisoire » en Arizona, dans le Kansas, le Nebraska et le Dakota du Nord. Mes contacts dans la police m’ont aidé à préparer une couverture crédible : il me suffisait de dire que j’avais été arrêté pour avoir conduit une voiture volée sur le mauvais côté de la route et que j’avais été retrouvé en possession de de méthamphétamine. Cette couverture était plutôt drôle, sachant que je n’avais pas mon permis et que j’ignorais complètement à quoi la méthamphétamine pouvait bien ressembler.
Écrit par : Alexander Reynolds
Surnommé « Tent City », cet espèce de trou de l’Enfer est le territoire personnel du shérif Joe Arpaio, qui se décrit lui-même comme étant « l’homme de loi le plus strict d’Amérique. » Élu en 1992 grâce à un programme volontairement populiste, Arpaio a remporté six élections et s’est fait traîner plusieurs fois en justice. Vétéran de l’armée américaine et ancien officier de la DEA, Arpaio a mis en place les chain gangs dans les années 1990 afin de freiner le taux grandissant de criminalité. Si ce personnage singulier demeure impuni malgré toutes les atrocités qu’il a commises, c’est tout simplement parce qu’il a le soutien de son peuple. Arpaio est un véritable chef politique – il jouit d’une côté de popularité de 80% chez les personnes âgées qui continuent de voter en sa faveur.
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Septembre 6, 2014
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Source : WWW.VICE.COM
Je ne pensais pas qu’un « camp de concentration » puisse exister en Amérique, jusqu’à ce que j’en vois un de mes propres yeux à Phoenix, dans l’Arizona. Le comté de Maricopa est un lieu avec une législation assez floue, où les détenus en attente de jugement se mêlent aux prisonniers qui purgent leur peine. Maricopa inclut Phoenix, l’une des villes les plus conservatrices et violentes de l’état d’Arizona. On peut difficilement évoquer l'horreur du système carcéral américain sans parler des six prisons du Maricopa County Sherrif's Office (MSCO), qui sont une véritable honte pour le pays. L’une d’elles, la Maricopa County Jail, était tellement bondée qu’en 1993, le shérif a dû installer des tentes militaires datant de la guerre de Corée dans le désert afin d’accueillir les détenus en trop.
4 1 Pendant des années, je me suis beaucoup renseigné sur Arpaio et le MCSO – mais je pense qu’une bonne partie des informations étaient fausses. J’ai lu que le MCSO donnait des aliments moisis aux prisonniers, qu'il incitait des détenus à commettre des faux délits pour attirer l’attention des médias et qu’il se vantait de mieux nourrir ses chiens que ses détenus. « J’ai une politique de transparence avec les médias, a déclaré Arpaio. Je n’ai rien à cacher. » Finalement, il m’a fallu des années entières de négociations (et de fayotage intensif) pour qu’Arpaio accepte de m’intégrer dans sa fameuse prison.
J’ai passé plusieurs jours dans la prison des « Twin Towers », constituée de bâtiments ternes et fonctionnels gérés par le MCSO. Comme le reste de la prison, l’endroit était terriblement surpeuplé. Construit en 1982 pour accueillir 360 détenus, il en héberge aujourd'hui 800.
Les gardiens des Towers jails sont dénués d'empathie – ils passent d'ailleurs le plus clair de leur temps à rabaisser les prisonniers. « Pour moi, ce sont des juste des connards », a sobrement déclaré un garde. « Ce sont des criminels. Ils ne seraient pas ici s'ils n’avaient rien fait de mal. » Je me souviens d’un détenu – un type maigre au teint cireux – barrant l’entrée de la douche de son dortoir. Mis à part une petite serviette rose sur ses couilles et une paire de tongs oranges, il était nu. « Profitez de votre sortie », a-t-il crié aux forçats enchaînés, « ce sera toujours mieux qu’une " mort rouge " et qu’un tartare de cafards ». La « mort rouge » est l’horrible hachis que la prison sert aux détenus pour les récompenser. Ce type m'a parlé de tous les stratagèmes que les prisonniers employaient dans l'espoir d'obtenir un peu de plus de confort matériel. Les prisonniers qui bénéficient d'une autorisation pour travailler en semaine ramènent systématiquement des objets illégaux en les insérant dans leur anus. On appelle ça le keistering.
Quand je suis arrivé, l’un des gardiens – une sorte d’anthropoïde monstrueux – m’a lancé un regard noir avant de déclarer : « Je pense qu’il a besoin d’une bonne coupe. » Tous les « criminels » devaient avoir le crâne rasé à leur arrivée – mais uniquement les détenus masculins, les femmes étant épargnées par ce traitement dégradant.
Après m'être fait menotter par un gardien à un lit, j'ai pu admirer les nombreux tags qui ornaient les murs, dont l'un précisait « Faire son temps ici, c'est comme embrasser la plus grosse pute de l'univers ». Deux types s’échangeaient des coups d’oeil furtifs à travers les vitres en plexiglas. « Arrêtez de faire ça, bande de pédés, a crié le gardien. Vous êtes une honte pour l’humanité ! » Un autre garde qui marchait au pas de l’oie s’est arrêté pour frapper un groupe de taulards – lesquels avaient déjà l’air bien amochés – avant de se tourner vers moi. « Reynolds, je pense qu’ils t’aiment bien », m’a-t-il glissé avec un petit sourire. « Je pense qu’ils veulent t’enculer. Qu’est-ceque tu en penses ? Vous, les Anglais, vous aimez bien ce genre de truc de pédé, non ? » J’ai observé les prisonniers qui croupissaient dans les dortoirs. La plupart d'entre eux s'étaient endormis sur leur lit superposé, tandis que d'autres demeuraient accroupis dans les recoins de ce triste endroit, rêvant probablement d'une libération anticipée. Ils semblaient tous abattus et misérables.
ŠMINKO INSIDE
À « Tent City », jusqu’à 2000 détenus doivent faire face à des températures qui avoisinent les 50 degrés pendant l’été. À l’intérieur de la prison, les tristes unités de logement sont tout aussi surpeuplées. Dans cet environnement, la réhabilitation est un concept étranger. Au quotidien, les prisonniers sont menacés et attaqués, et ils doivent constamment se battre pour préserver leur santé et leur bien-être. Quelques prisonniers ont été envoyés dehors, enchaînés les uns aux autres, pour ramasser les poubelles des banlieues ou enterrer des pauvres, des SDF et des inconnus dans des tombeaux anonymes. Tous les détenus portent un uniforme rayé blanc et noir, sous lequel ils dissimulent les sous-vêtements roses qui viennent compléter leur panoplie. Les boxers roses, les chaussettes et les tee-shirts thermiques ont été mis en place en 1995, après que l’équipe dirigeante s'est plaint de boxers disparus représentant une perte de 48 000 dollars. Il s’est avéré que les anciens détenus les avaient vendus – chacun pour environ 10 dollars – dans les bars de Phoenix. À raison, ils ont estimé que la couleur rose serait dissuasive. Comme si cette humiliation n'était pas suffisante, tous les détenus sont désormais amenés à la prison avec des menottes roses.
« Beaucoup de cigarettes sentent la merde, m'a confié un détenu. C’est parce qu'ils se les mettent dans le cul pour les faire passer en prison. » Cette prison n'est pas uniquement dépourvue de cigarettes. Il n'y a ni café, ni poivre, ni ketchup, ni films porno. Les détenus mangent deux repas par jour, sans le moindre morceau de viande. En plus des coupes de cheveux obligatoires et des aliments moisis, ils ont le droit à des fouilles et des tests antidrogues en permanence – lesquels sont le plus souvent exécutés par des gardes armés jusqu’aux dents. Si un détenu a besoin d’un soin médical, il est obligé de payer pour obtenir ce « privilège ». Si un détenu veut écrire à sa famille, il n'a pas de papier à lettres ou d’enveloppe à sa disposition – il devra se contenter d'écrire sur une carte postale à l'effigie du shérif Joe Arpaio. Selon ce dernier, ces punitions sont imposées pour dissuader les gens de commettre des crimes sur son territoire.
Mais est-ce que cette politique fonctionne ? Pas vraiment. Le taux de criminalité à Phoenix (414,8 pour 100 000 habitants) est toujours plus élevés que la moyenne américaine (301,1 pour 100 000 habitants en 2012). Les prisons américaines entassent les pauvres, les alcooliques et les drogués. Je me suis demandé s'ils avaient songé à traiter les cas d'alcoolisme et de toxicomanie pour tenter de diminuer les taux de récidive et réduire le nombre de détenus dans ces établissements surpeuplés – mais ce n'est visiblement pas à l'ordre du jour. Ironiquement, une cure de désintoxication au Betty Ford Center coûte moins cher qu'un séjour dans n’importe laquelle de ces prisons. Le changement peut être très lent. Le système pénitentiaire n'est pas une préoccupation pour les électeurs, et par conséquent aucun homme politique ne prend ce problème à bras le corps. Le système américain m'a tout de même permis d'aller faire un tour dans l'une de ses prisons afin d'observer le quotidien des prisonniers de plus près. J'ai énormément appris sur les effets de l’emprisonnement, la récidive et comment faire de l’argent grâce à ces deux notions. Dans la prison du comté, le shérif local agit comme un entrepreneur typiquement américain. Il reçoit de l’argent selon le nombre de personnes qui séjournent dans sa prison et s'expose à perdre de l'argent s'il ne la remplit pas. C’est aussi dans l’intérêt des entreprises d'avoir des prisons surpeuplées, comme celle de Tent City. L’industrie de la prison aux États-Unis représente, après tout, un business de 80 milliards de dollars. Est-ce que cette industrie se préoccupe de la question de la réhabilitation et la récidive ? Depuis mon séjour dans l'une des prisons les plus violentes d'Amérique, je pense pouvoir affirmer que non.
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DE S ÉVA SION S DE PRISON LES PLUS SPECTACUL AIRES
Source : www.gentside.com
par : Sébastien Courtin
- 10 MARS 1977 : Albert Spaggiari, l’auteur du casse du siècle de la Société Générale à Nice, s’échappe du bureau du juge d'instruction à l’occasion d’une audition.Il a profité d'une fenêtre ouverte dans le bureau du magistrat pour sauter dans la rue et rejoindre un complice qui l'attendait sur une moto. L’avocat présent ce jour-là était Jacques Peyrat, ancien maire de Nice dans les années 1990-2000. - 8 mai 1978 : Jacques Mesrine s'évade avec François Besse de la prison de la Santé grâce à des uniformes de surveillants. Ils sautent le mur de l’enceinte après avoir neutralisé 14 gardiens. - 26 mai 1986 : Michel Vaujour s’échappe de la prison de la Santé à Paris grâce à son épouse… qui vient le chercher en hélicoptère ! Un film, avec Béatrice Dalle dans le rôle de la conjointe, a été réalisé en s’inspirant de ce fait. Il s'agit de La fille de l'air. - 26 février 1990 : A la prison de Fort-de-France, en Martinique, sept prisonniers s’échappent de cet établissement puis se mêlent à la foule du carnaval, qui se tenait le même jour, pour couvrir leur cavale. - 20 avril 1990 : Un détenu d’Ajaccio profite d’une échelle oubliée par un peintre dans la cour de la prison pour sauter par-dessus le mur.
ŠMINKO INDEX 01
PRISON
- 31 mai 2001 : La maison d’arrêt de Borgo reçoit des fax marqués des cachets officiels exigeant la libération de trois détenus. Sauf qu’il s’agit de faux envoyés par des complices qui sont parvenus à pirater le numéro de fax du Palais de justice d’Ajaccio. Les autorités mettront cinq jours à comprendre leur erreur. - 17 août 2002 : Un membre de l’ETA détenu échange sa place avec son frère au cours d’une visite au parloir. Il sort donc tranquillement par la grande porte tandis que son frangin attendra quatre jours avant de dire qu’il n’est pas le bon prisonnier. - 12 mars 2003 : La prison de Fresnes est attaqué par un commando de douze hommes armés jusqu’aux dents. Ils mitraillent véritablement la prison, plus de 80 impacts de balles ayant été relevés. Ces truands ont pour objectif de faire évader Antonio Ferrara, détenu pour des braquages de fourgons blindés. Équipé d’un portable et d’explosifs grâce à la complicité d’un surveillant, ce dernier fait sauter la fenêtre de sa cellule d’isolement et s’évade de la centrale. - 14 juillet 2007 : Pascal Payet s’évade de la prison de Grasse, dans les Alpes-Maritimes, grâce à des complices venus le chercher en hélicoptère. Ces derniers avaient braqué l’engin à hélices à l’aérodrome de Cannes-Mandelieu situé à 20 kilomètres de la maison d’arrêt. - 8 septembre 2009 : Jean-Pierre Treiber s’évade de la prison d'Auxerre où il est détenu, dissimulé dans un carton qui est ensuite chargé dans un camion de livraison.
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Andrea Laudano
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Prison Fights
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Gentside
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