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1.4 De la forêt française au massif des Landes de Gascogne

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BIBLIOGRAPHIE

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Panorama de la forêt française et régionale

En France, la forêt couvre plus de 16,5 millions d’hectares soit environ 31% du territoire national. Ce chiffre est en constante évolution depuis la fin du 20° siècle. C’est 440 000 personnes employées directement et indirectement, en comptant la filière de transformation du bois. La forêt a beaucoup évolué aux cours de ces dernières décennies, Sa surface forestière comptait en 1830 entre 8,3 et 8,5 millions d’hectares contre prés de 17 millions aujourd’hui. C’est l’occupation du sol la plus importante après l’agriculture qui occupe près de la moitié du territoire métropolitain. La superficie forestière augmente de 0,7% par an depuis 1980 (Données IGN). Les principales raisons de cette forte progression sont attribuées à la déprise des terres agricoles et au boisement de ces dernières, et dans une moindre mesure aux changements climatiques qui favorisent la croissance et la productivité des arbres. Cette forte évolution a eu des conséquences sur les paysages, les activités et sur l’économie de certaines régions.

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Ces milieux naturels ou « anthropiques » abritent de nombreuses espèces. On trouve environ 136 espèces dont 20 essences commerciales principales telles que le Pin maritime, le Douglas ou encore le Peuplier. Les essences les plus communes à l’échelle nationale sont le Hêtre, le Pin et le Chêne. Les différents écosystèmes forestiers qui composent la forêt française sont le reflet de la diversité des paysages français, de ses climats, de ses roches, de ses sols, de son relief, de ses usages et de ses traditions. A cette diversité forestière s’ajoute une diversité de fonctions. Avec cette multiplicité de paysages français, les forêts présentent des visages variés, avec des fonctions différentes selon leur emplacement : forêt de protection en montagne sur l’Aigoual, au sud du Massif central, sur les dunes d’Aquitaine, le long des cours d’eau, ou bien forêts plantées pour drainer et assécher les marais en Sologne ou dans les Landes de Gascogne. Les forêts métropolitaines sont aussi un lieu d’accueil pour pratiquer des activités variées, comme la chasse, la randonnée, la cueillette, la détente.

La forêt, poumon vert de la Nouvelle Aquitaine :

La Nouvelle-Aquitaine est la première région forestière d’Europe et dispose de la plus grande étendue de forêt en France métropolitaine avec 2,8 millions d’hectares s’étendant sur près de 84 000 km², en tête devant les régions Auvergne-Rhône-Alpes (2,5 millions ha) et Grand Est (1,8 millions ha). Représentant 17% de la surface boisée nationale, elle est composée à plus de 80% de résineux. Ceux-ci représentent 86% de la récolte de bois d’œuvre* et 75% du bois de trituration*.

Sur les cinq dernières années, la récolte de bois en Nouvelle-Aquitaine a oscillé entre 9,7 et 13,2 millions de m³, soit plus du quart de la production de bois française. Une filière dynamique, qui place la Nouvelle-Aquitaine en tête des régions françaises pour l’exploitation de bois, principalement des résineux, qui totalisent à eux seuls 70% des volumes de la région.

La forêt en Nouvelle-Aquitaine, c’est 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires, ce qui fait de la filière forêt-bois le deuxième secteur économique régional derrière l’agroalimentaire et devant l’aéronautique.

Gestion forestière et changements climatiques

De part leur forte présence sur le territoire, les forêts et les milieux forestiers ont un rôle majeur dans la lutte contre les changements climatiques. Il me parait donc intéressant de mettre en relation gestion forestière et changements climatiques.

Sur le plan national, depuis 2001 au travers du Code de l’environnement, la France a reconnu comme priorités nationales la « lutte contre l’intensification de l’effet de serre et la prévention des risques liés au réchauffement climatique». Le droit français dispose d’un certain nombre d’instruments juridiques qui, même s’ils ne sont pas spécifiquement dédiés à la lutte contre les changements climatiques, ont vocation à faire face aux effets de ces changements. Cependant, tous ces instruments, et plus largement, toutes les politiques publiques n’ont pas intégré de la même façon et aux mêmes échelles spatiales et temporelles les enjeux de l’adaptation au changement climatique.

Pour aborder la question sous l’angle régional, des outils de planification territoriale ont été mobilisés récemment. Des plans visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre sont apparus dans les années 2000, mais ce n’est qu’en 2004 que le plan climat a inclus des mesures à vocation territoriale. En 2009, avec la loi Grenelle 1, est lancé le plan national d’adaptation au changement climatique pour les différents secteurs d’activité. Ce plan a pour priorité l’approfondissement des connaissances, la définition de méthodologies pour la prise en compte de l’adaptation et le renforcement des dispositifs d’observation et d’alerte. En 2015, la France s’est engagée au travers d’un nouveau document, la Stratégie Nationale Bas-Carbone, à réduire de 75% ses émissions de GES à l’horizon 2050 par rapport à 1990. La Stratégie Nationale Bas-Carbone donne les orientations stratégiques pour mettre en œuvre, dans tous les secteurs d’activité, la transition vers une économie bas-carbone et durable. Elle fixe des objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre à l’échelle nationale.

L’ensemble de ces documents a pour objectif de lutter contre les changements climatiques, notamment les émissions de gaz à effet de serre principal responsable de ces changements, en jouant sur deux leviers majeurs que sont l’atténuation et l’adaptation. Comme on a pu le voir précédemment, les forêts ont un rôle important dans la diminution des émissions de CO2 au travers de la séquestration et de la substitution et sont par conséquent des acteurs majeurs que ce soit à l’échelle nationale, régionale ou locale.

La forêt peut « vivre » sans intervention humaine. On retrouve des forêts primaires dans l’Est de l’Europe qui n’ont jamais été exploitées et présentant une grande diversité biologique. Le travail des forestiers est de lui permettre de s’étendre, de conserver sa biodiversité et de stocker du carbone tout en produisant les ressources nécessaires à la filière.

L’ensemble des forêts françaises est soumis au Code Forestier, faisant partie du Droit forestier, lui-même étant une branche du droit de l’environnement. Au travers de ce Code Forestier, la France a reconnu « La mise en valeur et la protection des forêts » en tant qu’intérêt général. « La politique forestière prend en compte les fonctions économiques, environnementales et sociales des forêts et participe à l’aménagement du territoire, en vue d’un développement durable. Elle a pour objet d’assurer la gestion durable des forêts et de leurs ressources naturelles, de développer la qualification des emplois en vue de leur pérennisation, de renforcer la compétitivité de la filière de production forestière, de récolter et de valoriser le bois et les autres produits forestiers, et de satisfaire les demandes sociales relatives à la forêt. » (Article L1 du Code Forestier). On trouve donc une diversité de documents dédiés à la gestion durable qui se décline à différentes échelles (nationale, régionale, locale) avec le Plan National Forêt Bois, le Schéma Régional de Gestion Sylvicole, le Plan Simple de Gestion ou encore le Code des Bonnes Pratiques Sylvicoles…).

Forêt publique, Forêt privée: quelles distinctions ?

74, c’est le pourcentage de forêts privées en France. Avec 12,2 millions d’hectares dont 11,8 millions sont à vocation de production, la forêt privée occupe 23% du territoire métropolitain. Le quart restant est donc public, forêts communales, domaniales, des collectivités, sectionnelles… Ces forêts publiques, qui représentent un quart des forêts françaises, se répartissent entre les forêts domaniales qui occupent 1,5 million d’hectares et les autres forêts publiques avec 2,7 millions d’hectares, essentiellement des forêts communales. Dans l’Ouest de la France, la part de la forêt privée est nettement plus élevée que la moyenne nationale et dépasse 90% pour les régions Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire et Bretagne. La région Grand-Est et la seule région où la forêt privée est minoritaire avec seulement 44% de la surface régionale (Données IGN).

Cette distinction entre forêt privée et publique se retrouve au niveau de la gestion et notamment des documents et instruments juridiques mis en place.

Forêts publiques En ce qui concerne les forêts publiques, elles relèvent toutes du régime forestier. Ce cadre réglementaire constitue un véritable statut de protection du patrimoine forestier contre les aliénations, les défrichements, les dégradations, les surexploitations ou encore les abus de jouissance. Outre ce cadre réglementaire, des documents majeurs dans la gestion aux niveaux national et régional s’appliquent aux forêts publiques. On trouve des Directives et Orientations Nationales d’Aménagement et de Gestion ainsi que des Directives et Schémas Régionaux. Ces documents à portée stratégique se présentent sous la forme de recommandations.

Les forêts publiques font l’objet de documents de gestion appelés «documents d’aménagement ». Ils sont de deux types.

- Le document d’aménagement simple concernant les forêts des collectivités et du domaine de l’État. - Le document d’aménagement standard pour les forêts des collectivités et du domaine de l’État à enjeux marqués ou de taille conséquente.

L’office National des Forêts est chargé de la mise en œuvre de la gestion pour les forêts publiques en garantissant une cohérence des actions et facilitant la représentation des intérêts des collectivités et communes. Pour les forêts privées, tout comme les forêts publiques, elles sont soumise à un document cadre en faveur de leur gestion durable: le Schéma Régional de Gestion Sylvicole (SRGS). Il décrit les caractéristiques de la forêt et de la filière bois régionale, les grandes régions forestières* et les principaux types de peuplements, et les traduit en termes de recommandations, au regard de la gestion durable, pour la mise en œuvre de la sylviculture dans les forêts privées. Forêt privées

Ces dernières font l’objet de documents de gestion. Il en existe trois sortes. Ces documents sont fonction de la taille de la forêt et du choix du propriétaire. On trouve

- Le Plan Simple de Gestion (PSG) : un document spécifique à chaque propriétaire - Le Règlement Type de gestion (RTG) : un outil définissant les modalités de gestion pour chaque grand type de peuplement - Le Code de Bonnes Pratiques Sylvicoles (CBPS) : un moyen simple de gérer les petites surfaces

Le Centre National de la Propriété Forestière (CNPF) est en charge du développement de la gestion durable des forêts privées. Cet établissement public oriente la gestion des forêts privées en agréant les documents de gestion durable tels que le RTG. Il est aussi en charge de former et conseiller les propriétaires forestiers par la réalisation d’études et expérimentations sur la forêt ou encore la vulgarisation de méthodes de sylviculture.

Il me semblait important et primordial avant toutes choses de clairement définir, expliquer et poser le contexte dans lequel s’inscrit le sujet que je traite. Plus précisément, cela concerne les termes scientifiques et définitions qui sont au cœur de mon mémoire tels que «changements climatiques», «écosystème forestier» ou encore «résilience». Ce travail doit permettre au lecteur d’entrée progressivement dans cette réflexion territoriale sur le massif des Landes de Gascogne.

02 / LES LANDES DE GASCOGNE

Ce vaste territoire, au passé mouvementé, s’est transformé, à évoluer au fils des siècles, au gré des vents, des incendies... Aujourd’hui reconnue pour son littoral courant sur des centaines de kilomètres, il attire bon nombre de touristes, photographes et amateurs de glisse. En retrait de cette vaste bande dunaire, se déploie la plus vaste forêt cultivée d’Europe occidentale. Chaque année, des millions de mètres cube de bois sont récoltés. Gestionnaires, propriétaires et exploitants forestiers veillent sur cet ogre vert depuis plus d’un siècle. Principalement composé de pins maritimes, ce vaste massif forestier est vecteur d’emplois, de revenus mai aussi de tensions.... UNE SINGULARITÉ NATIONALE

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