11 minute read
4.2 Schéma directeur du massif des Landes de Gascogne
La carte qui suit est la spatialisation concrète des grandes orientations paysagère permettant de répondre aux enjeux identifiés dans la partie précédente. Ces enjeux, qui sont déclinés en trois thématiques, permettent de structurer la réflexion portée à l’ensemble du massif. Celle-ci regroupe l’ensemble des actions à mettre en œuvre sur le massif en termes de gestion forestière, préservation des écosystèmes, transformation du bois, des usages… Ces « solutions » sont à décliner en lien avec les spécifiés du massif.
Par exemple, la mise en place d’un gradient de gestion aux niveaux des lisières urbaines sera différente que l’on se trouve dans le Médoc ou au cœur du plateau landais. Les boisements sont différents, la composante feuillue est très importante en Médoc ce qui demandera un faible gradient contrairement au cœur des Landes où le pin maritime domine et où ce gradient sera beaucoup plus perceptible.
Advertisement
À l’horizon 2100, ce basculement des pratiques sylvicoles aura permit l’émergence d’un nouveau système équilibré basé sur la complémentarité des fonctions du massif forestier, l’écologie, l’économie et le social et le culturel permettant une gestion adaptative pour un massif plus résilient.
Les initiatives, dynamiques et expérimentations sont des opportunités données aux acteurs de penser le futur de leur territoire au prisme du changement climatique. Cela doit permettre l’émergence et le façonnage de nouveaux paysages qui allient écologie, économie et social. Ces nouveaux paysages doivent être le support de la résilience écologique, économique et sociale du massif forestier des Landes de Gascogne.
L’arbre, l’Homme et l’éco-système: un triptyque à ancrer sur le territoire ?
Au travers de ces trois termes, on retrouve les trois piliers du développement durable à savoir, l’écologie, l’économie et le social, mais aussi les trois fonctions principales que remplit le massif forestier de manière interdépendante et imbriquée (fonction de protection, de production et culturelle). Tout l’enjeu est de trouver le juste équilibre entre les différentes actions à réaliser afin d’avoir une complémentarité entre résiliences écologique, économique et culturelle. C’est pourquoi, ce triptyque est à la base de la réflexion paysagère. À quoi pourrait ressembler le massif à l’horizon 2080-2100 ? Ce qui suit, peut illustrer les évolutions, changements et dynamiques qui se sont opérées en fonction des différents enjeux déterminés précédemment, des différentes fonctions et spécificités territoriales du massif forestier (terroirs, relief, usages, forêt de protection, forêt de production, forêt galerie….).
108 Une diversification des essences forestières
Un territoire pluriel : des milieux riches et variés Une gestion forestière adaptative : des itinéraires sylvicoles diversifiés La matrice écologique se diversifie et permet le développement et le renforcement de corridors écologiques et paysagers le long de la vallée de la Leyre et des principaux cours d’eau (Ciron, Courant d’Huchet). Grâce à une diversité d’essences (pins, chêne, bouleau...) au sein des parcelles forestières, les services éco-systémiques* fournis par la forêt réduisent la vulnérabilité aux ravageurs et aux incendies. Avec un changement des pratiques sylvicoles faisant intervenir des itinéraires réversibles, on assiste à une augmentation des espèces feuillues aux seins des boisements mais aussi l’apparition d’un sousbois à la palette végétale variée. Le Genêt, l’Arbousier, l’Acacia, le Sorbier, la Callune et autres bruyères, la Molinie ou encore le Bouleau cohabitent au grès des sols et des milieux (landes humides, landes sèches, landes mésophiles). Ce mélange d’essences, de dimensions, de strates dont le développement s’organise progressivement apporte une grande résilience écologique en cas de perturbations ainsi qu’un agrément paysager en faveur du cadre de vie.
Une mosaïque de milieux s’est développée suite à la mise en place de « réserves forestières ». Elle promeut une forêt en libre évolution où l’homme ne peut intervenir. Ces zones favorisent le stockage de carbone par le maintien d’un couvert forestier continu et donc permet de lutter contre les changements climatiques. Les milieux emblématiques tels que les forêts-galeries avec la Leyre, les lagunes dans le Sud-Gironde ou encore les clairières forestières ont été valorisés et forment aujourd’hui un maillage important pour la faune et à la flore endémique du massif. Le fonctionnement écologique en est amélioré. Dans le massif de production du plateau landais, la restauration et la préservation des continuités écologiques a favorisé la fonctionnalité et la perméabilité écologique de ces espaces. Les secteurs de landes humides ainsi que le réseau hydrographique, composé de crastes et de fossés creusés dans le prolongement des cours d’eau drainent et structurent la mosaïque agro-sylvicole favorable aux déplacements des espèces aquatiques et semi-aquatiques. Le maintien de l’équilibre des surfaces consacrées à la forêt et à l’agriculture au sein du massif, a permis d’éviter les changements de destination des parcelles forestières en parcelles agricoles. Cela a limité la création de nouveaux îlots agricoles importants ayant un impact significatif sur les niveaux de nappes phréatiques, la qualité de l’eau, les milieux naturels et la forêt. La promotion d’une sylviculture durable et proche de la nature a permis de prendre en compte à la fois la biodiversité, les attentes sociales tout en permettant une valorisation économique de la forêt. Celle-ci s’appuie sur la sylviculture dite continue et proche de la nature prônée par Prosylva* avec la mise en place d’un couvert continu faisant appel aux dynamiques forestières telles que la régénération naturelle. Le maintien d’une couverture forestière permanente, sans coupe rase, garantit une protection des sols, de l’eau et des équilibres biologiques. D’un point de vue économique, cette gestion forestière plus proche de la nature permet une amélioration de la valeur des récoltes (production de gros bois d’œuvre de qualité) et une diminution des dépenses par l’accompagnement et l’orientation de dynamiques forestières telles que la régénération naturelle.
Développer une mosaïque de milieux naturels au sein du massif forestier
Réserves forestières à créer Zones humides à préserver Légendes:
Forêt-galeries de la vallée de la Leyre à préserver Zones naturelles à préserver
Préserver et améliorer les corridors écologiques et paysagers (trame verte et bleu)
Continuités liées à l’espace forestier à renforcer Continuités liées aux milieux dunaires à préserver Corridor global du massif de pins maritimes Continuités liées aux cours d’eau, zones humides à renforcer
Conserver et améliorer la multifonctionnalité des forêts mixtes
Favoriser le stockage de carbone au sein du massif forestier par le maintien d’un couvert continu ... 04 V ERS UNE STRATÉGIE DE RÉSILIENCE PAYSAGÈRE
Promouvoir une sylviculture durable et proche de la nature prenant en compte la biodiversité, les attentes sociales tout en permettant une valorisation économique Equilibre sylvo-cynégétique à garantir par le maintien d’une densité de cervidés compatible avec toutes les fonctions et processus naturels de la forêt
Des propriétaires forestiers au cœur du massif et de sa gestion La promotion d’une gestion au plus prés du massif forestier en s’appuyant sur des structures ancrées localement, tels que le CRPF et le Syndicat des Sylviculteur du Sud-ouest, ou encore la création de structures coopératives doit permettre aux propriétaires d’être conseillés et suivis lors de la mise en place de nouveaux itinéraires sylvicoles. Le développement de structures mutualisant la gestion et les travaux sylvicoles (CUMA forestière) comme la création de groupements forestiers permet une cohérence et donc un massif plus productif. La mise en place de politique en faveur du remembrement limite le morcellement parcellaire.
Un usage multifonctionnel de la forêt Une multifonctionnalité harmonieuse de la forêt permet de mettre en avant les valeurs qui font le massif des Landes de Gascogne (lagunes, flore, airials, maison landaise...). La valeur patrimoniale de la sylve ne doit pas figer celle-ci, au contraire, d’en permettre la prise en compte par les gestionnaires et exploitants forestiers mais aussi au travers des documents de planification territoriale (SCoT, PLU…). Ce patrimoine culturel doit être en partie support de l’attractivité du massif. Cette multifonctionnalité passe par le maintien d’une concertation entre acteurs forestiers pour maintenir l’accessibilité au massif forestier tout en favorisant le tourisme vert. L’attrait visuel de la forêt a été pris en compte par les gestionnaires et exploitants avec le traitement et l’intégration paysagère des lisières urbaines et plus particulièrement la mise en place d’un gradient de gestion. Les coupures d’urbanisation au regard de leurs fonctions écologique, paysagère, productive et récréative sont valorisées. Il s’agit de préserver les espaces naturels, inscrits dans ces zones. Selon les spécificités écologiques et paysagères propres à chacune, des modes de valorisation ont été définis et le traitement de leurs lisières permet une mise en valeur des relations ville-nature. L’émergence de nouveaux modèles sylvicoles basés sur une gestion plus proche de la nature est vectrice d’une nouvelle trame forestière. Issue de la diversité des milieux forestiers, elle permet une valorisation économique de la ressource bois et une prise en compte de l’aspect écologique et social que véhicule le massif.
Un dialogue entre propriétaires, gestionnaires et usagers Des structures déjà présentes sur le territoire pourraient être porteuses de cet enjeu social de dialogue, sensibilisation et préservation liée à la qualité de vie, à la gestion forestière et à l’attractivité du territoire. Il s’agit des parcs naturels régionaux. Au nombre de deux, (PNR Landes de Gascogne, PNR Médoc), ils seraient la clé de voûte de cet enjeu. C’est une opportunité d’avoir de telles structures présentes sur le massif, au travers de leur charte, elles pourront animer et porter cette transformation territoriale vers un massif résilient.
Légendes:
Lieux de sensibilisation, de formation et d’éducation du grand public Créer des espaces de dialogue et informer afin que tous puissent exercer leurs responsabilités sur l’usage qui est fait de la forêt Valoriser et restaurer le patrimoine bâti et culturel lié au massif forestier (airials, forges, crastes...) Favoriser l’attrait visuel des forêts par un mélange d’essences, de formes, de strates végétales ainsi qu’une diversité d’espèces
Lisières urbaines à traiter par la mise en place d’un gradient de gestion Zones d’intérêts paysagers (point de vue, cône de vision, airials...) à valoriser et préserver
Valoriser les routes paysages afin de mettre en valeur les terroirs
Développer et valoriser des itinéraires à partir des pistes cyclables structurantes ... 04 V ERS UNE STRATÉGIE DE RÉSILIENCE PAYSAGÈRE
Un métabolisme territorial performant et équilibré L’accompagnement d’actions nouvelles et innovantes dans les secteurs d’activités traditionnelles a permis de favoriser l’innovation dans le domaine de l’ameublement en explorant de nouvelles perspectives de développement, valorisant les ressources et savoir-faire locaux. L’amélioration de la qualité environnementale et écologique (recyclage des produits connexes, énergie renouvelable…) des activités économiques dans le secteur bois permet une réduction de l’empreinte écologique des entreprises en incitant aux démarches de certification. De plus, la réduction et la valorisation des déchets connexes issus de la transformation du bois alimentent la filière Bois-énergie et permet de réduire la concurrence avec les autres débouches possibles (Bois industrie, bois d’œuvre). La promotion d’une valorisation locale des produits issus du massif forestier a permis de relancer une dynamique de transformation territoriale par la création de labels ou de marques. L’encouragement de la mise en place de contrats d’approvisionnements locaux entre les industries et entreprises de transformation ainsi que les propriétaires forestiers permet de renforcer cette transformation locale par équilibre et une régularité tout au long de l’année en optimisant la production et gérant efficacement les stocks. De nombreuses petites et moyennes entreprises ont pu se développer et perdurer irriguant le maillage économique du territoire. La qualité a pris le pas sur la quantité créant de la valeur ajoutée. Le tissu économique s’est diversifié et un rééquilibrage entre industries multinationales et entreprises locales s’est opéré.
Adaptation de la filière en fonction des débouchés et de la demande (gemme-bois-chimie verte) L’incitation de démarches coordonnées de développement économique, au travers de l’élaboration de schémas sectoriels, permet un meilleur développement fondé sur les ressources locales et un meilleur partage entre les différents débouchés de la filière (BO, BI, BE). La création de plateformes territoriales de stockage et de distribution du bois voit le jour au niveau des principaux bassins d’emplois (Médoc, Landes et Est-Gironde) présents sur le territoire permettant un partage équilibré entre industriels et entreprises locales. Grâce aux schémas sectoriels établis à l’échelle du territoire, la filière a pu se structurer afin d’offrir une complémentarité de débouchés au niveau des principaux pôles d’activités liés aux bassins d’emplois. Le maintien d’un massif forestier productif permet de se placer dans une dynamique d’exploitation industrielle nouvelle et innovante d’un point de vue des modes de gestion, des itinéraires sylvicoles et des débouchés en s’appuyant sur le pôle de compétitivité Xylofutur ainsi que les organismes de recherches tels que l’INRA, le GPMF et FIBOIS…
Un métabolisme territorial structuré autour d’une filière de qualité
Légendes:
Promouvoir une gestion au plus prés du massif forestier en s’appuyant sur des structures locales (CRPF, DRAAF...) Encourager la valorisation locale des produits issus du massif forestier afin de relancer une dynamique de transformation territoriale
S’appuyer sur des structures innovantes et locales afin de promouvoir et valoriser les débouchés du pin maritime (ameublement et construction)
Bassin d’emploi regroupant une diversité d’industries et d’entreprises lié à la filière Forêt-bois
Promouvoir et faciliter les échanges de connaissances et la complémentarité au sein et entre les bassins d’emplois du territoire ... 04 V ERS UNE STRATÉGIE DE RÉSILIENCE PAYSAGÈRE
Privilégier les contrats d’approvisionnement locaux afin de valoriser le bois local et relancer une démarche de qualité