UNIVERSITE PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE : UFR 08 GEOGRAPHIE MASTER 2 COMBINE URBANISME ET AMENAGEMENT DU TERRITOIRE (PARCOURS PRO ET RECHERCHE) + MAGISTERE AMENAGEMENT
TERRITOIRES DE DENSITES INTERMEDIAIRES ET RESEAUX SOCIAUX NUMERIQUES spatialisation de hauts-lieux numériques du territoire sur le réseau social Facebook, dans la zone d’étude du programme PUCA des Lieux et Hauts-Lieux des densités intermédiaires
FRANCOIS VIENNE
SOUS LA DIRECTION CONJOINTE DE : M. NICOLAS DOUAY (Paris 7) ET DE M. RENAUD LE GOIX (Paris 1) SOUTENU DEVANT LE JURY SUIVANT : Mme Marta SEVERO (Paris 7 Paris-Diderot), M. NICOLAS DOUAY (Paris 7 Paris-Diderot), ET M. RENAUD LE GOIX (Paris 1 PanthéonSorbonne) ANNEE DE SOUTENANCE : 2013
A mon père,
REMERCIEMENTS
En préambule de ce travail de fin de parcours de Master Combiné Recherche/Pro aménagement du territoire et urbanisme, je souhaite adresser des remerciements aux personnes qui m’ont soutenu et suivi tout au long de la réalisation de ce mémoire. Tout d’abord je souhaite remercier ma mère, Mme Dominique SOARES, pour le soutien permanent qu’elle m’a apporté durant ces trois années d’études à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Je souhaite également remercier M. Nicolas DOUAY, maître de conférence à l’Université Paris 7 Paris-Diderot ; M. Renaud LEGOIX, maître de conférence à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; et Mme Marta SEVERO, maître de conférence à l’Université de Lille 3, pour leur soutien méthodologique et théorique qui a contribué de manière significative à la réalisation de ce travail de recherche. Merci à M. Antoine BRES et Mme Béatrice MARIOLLE (dirigeants de l’agence d’architecture et d’urbanisme BRES + MARIOLLE ET CHERCHEURS ASSOCIES) pour m’avoir accueilli dans leur agence, donné les moyens de réaliser ces travaux en situation professionnelle, et permis d’acquérir des compétences indispensables à la profession d’urbaniste. Un remerciement spécifique à M. Damien DELAVILLE, chargé d’études à l’agence BRES + MARIOLLE ET CHERCHEURS ASSOCIES, pour le soutien et les conseils techniques qu’il m’a apporté tout au long de ces travaux. Un remerciement enfin, à M. Francis BEAUCIRE et M. Xavier DESJARDINS, professeur des universités et maître de conférence à l’université Paris 1 PanthéonSorbonne, pour les enseignements qu’ils m’ont dispensés durant ces trois années et pour leur soutien dans mes projets.
FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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RESUME
Les réseaux sociaux numériques, issus de la culture du web 2.0, occupent une place significative dans le quotidien des citadins, ayant acquis rapidement une capacité d’usages complexes avec ces outils communément appelés Technologies de l’Information et de la Communication. Les liens ténus entre les réseaux sociaux du web et les territoires s’expriment d’abord dans les mots : on y parle de navigation, de sites, d’interfaces, de liens, de réseaux, d’adresses, d’hébergement, de visites, de portails, de murs, etc. Le réseau social Facebook est un livre ouvert sur les territoires et leurs lieux. De nouvelles formes d’appropriation et d’expression des territoires de densités intermédiaires apparaissent avec les contenus générés par les utilisateurs des réseaux sociaux numériques tel que Facebook. Ces spatialités invitent à une lecture du territoire par des dynamiques nouvelles et observables par la spatialisation d’un corpus de lieux matériels exprimés virtuellement par les usagers des réseaux sociaux. Ces spatialités décrivent également une relation de l’habitant à son territoire par les lieux qu’il raconte et dont il exprime virtuellement les propriétés dans des communautés d’usagers connectés. Par l’étude des contenus géoréférencés par les usagers de Facebook dans les territoires périurbains l’atelier du PUCA, regardés généralement comme des territoires de faible urbanité et de faible identification, on peut détecter l’émergence de lieux de pratiques et de représentations symboliques par le numérique. Dans le cadre du projet de recherche PUCA : LIEUX ET HAUTS-LIEUX DES DENSITES INTERMEDAIRES, l’analyse de hauts-lieux numériques des territoires de densités intermédiaires propose un descripteur territorial formulant des spatialités par l’intensité numérique des usages de géoréférencement, ou CHECK-IN. Ce postulat s’applique à l’ensemble des 252 communes du territoire à l’étude (avec 1076053 d’habitants, INSEE 2009) et dresse une analyse de 1935 lieux ayant été répertoriés sur Facebook dans une base de données attributaires. Les hauts-lieux numériques du territoire s’envisagent à plusieurs échelles, et structurent des centralités émergeant directement du contact numérique entre lieux et usagers sur l’interface numérique Facebook. Ce travail de recherche en aménagement numérique et analyse spatiale des lieux géoréférencés a pour ambition d’interroger la capacité des outils sociaux numérique tel Facebook à favoriser la détection de hauts-lieux par la géolocalisation numérique dont les usages permettent une lecture dynamique et sensible du territoire. Cette lecture, orientée vers les appropriations informelles et virtuelles de l’espace, invite à interroger la place de ces outils dans le débat public, à intégrer de nouvelles méthodologies de conception de projets urbains avec des corpus de données multimédias géolocalisées, émis par les habitants rendant eux-mêmes accessible, via le numérique, une vision partagée et vécue du territoire.
MOTS-CLES : haut-lieu, analyse spatiale, réseau social numérique, TIC, densités, géolocalisation, usages/usagers, ancrage.
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SUMMARY
Digital social networks, stemming from the 2.0 web culture, occupy a significant place in the city-dwellers’ daily life, who have quickly acquired a capacity for complex uses of these tools, usually named Information and Communication Technologies. The fine links between the web social networks and territories are firstly expressed in words : indeed, we talk of surfing, sites, interface, links, networks, addresses, hosting, visits, portals, walls, etc. The Facebook social network is a open book on territories and their places. New forms of appropriation and expression of intermediate density, or periurban, territories, are appearing with the contents generated by the users of digital social networks such as Facebook. These spatialities invite to read the territory through new dynamics, noticeable through the spatialisation of a body of territorial places expressed virtually on line by the users of social networks. These spatialities also describe a relationship of the inhabitant to his territory through the places he talks about, the properties of which he virtually expresses in communities of connected users. Through the study of the contents georeferenced by the Facebook users in the PUCA workshop periurban territories, generally considered as low urbanity and low appropriation territories, we can detect the appearance of practices and symbolic representations of the territory through the digital technology. Within the frame of the PUCA research project : PLACES AND HOT SPOTS OF INTERMEDIATE DENSITIES, analysing digital hot spots of intermediate densities territories offers a territorial descriptor by formulating spatialities through the digital intensity of the uses of georeferencing, or CHECK-IN. This premise applies to all of the 252 municipalities of the studied territory (1.076.053 inhabitants, INSEE 2009) and draws up an analysis of 1935 places which have been identified on Facebook in an attribute data base. The digital hot spots of the territory are considered on several scales, and structure centralities which directly appear from the digital contact between territorial places and users on the interface of the Facebook social network. This research work, about digital development and spatial analysis of georeferenced places, ambitions to question the capacity of social tools such as Facebook, to favour the detection of hot spots through the digital geolocation, the uses of which enable a dynamic and sensitive reading of the territory. This reading, orientated towards uses and informal and virtual appropriations of the nearness space, invites to question the space of these tools in the public debate, to integrate new methodologies for the conception of urban projects with geolocated multimedia data bodies, produced by the inhabitants themselves, making accessible, through the digital technology, a shared and lived vision of the territory.
KEY WORDS : hot spot, spatial analysis, digital social network, ICT, densities, geolocation, uses/users, rooting.
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INTRODUCTION
Les réseaux sociaux numériques font aujourd'hui partie des modes de sociabilité dominants et universels. 80% des internautes français sont inscrits sur un réseau social tandis que 2/3 d'entre eux visitent quotidiennement au moins un des réseaux sociaux sur lesquels ils sont inscrits1, et 26 millions de français sont inscrits sur Facebook. En Ile-de-France, c'est 98% de la population qui peut potentiellement se connecter via la 3G mobile (c’est-à-dire via le réseau téléphonique) sur les réseaux sociaux en ligne. Cette connexion massive du territoire permet des pratiques égales en milieu urbain ou périurbain, comme le révèle l'ARCEP (Autorité de régulation des Communication Electronique et des Postes). Néanmoins, les usages de ces réseaux sociaux en territoires de densités moyennes et faibles permettent de différencier les pratiques territoriales des utilisateurs exprimant leur quotidien et leur mobilité, par des publications variées, (photos, article, récit). Ces usages ayant été accusé de détruire les relations sociales et territoriales sont en réalités vecteurs de rapports renforcés au territoire (VELTZ, 2009), et la complexité des contenus publiés sur les réseaux sociaux numériques montrent au contraire une grande adhérence des usages au territoire local édité en ligne. Ces outils a-territoriaux, non relatifs à la morphologie urbaine, évoluent en relation avec les dynamiques métropolitaines, et expriment des récits et des réalités observables par leur spatialisation. Dans les territoires de densités intermédiaires, les réseaux sociaux numériques favorisent une lecture du territoire par la fonctionnalité et les relations de proximité. Les publications sur les réseaux sociaux de géoréférencement expriment une forme de "territorialité" du numérique à travers l'expression symbolique de l’appartenance de soi au territoire. Par l'analyse des données libres issues du réseau social Facebook (LIKE, CHECK-IN, POST), on peut observer une recomposition des proximités locales en prenant le réseau social comme clé de lecture. En effet, les réseaux sociaux ne se présentent-ils pas comme des descripteurs de territoire en relation, dont la complexité des liens et des interactions est aussi à explorer dans leurs manifestations numériques ? Les réseaux sociaux décrivent-ils des spatialités de proximité, ou des spatialités exacerbées contribuant à l’éclatement des centres et des repères territoriaux ? Qu’est-il possible de concevoir quant au devenir de ces outils dans la perspective d’une fabrique territoriale innovante ?
Réseaux sociaux et territoires : la dimension cachée
Selon une étude publiée en 20122, 69% des utilisateurs français de Facebook s’intéressent aux actualités de leur territoire sur le réseau social Facebook. Cette émergence de la territorialité des outils numériques du quotidien interpelle donc l’impact des représentations territoriales associées aux lieux sur le territoire. Les synergies entre ville et réseau social numérique (Facebook, Twitter, Foursquare, Instagram, etc.) se font dans la définition même
1 http://www.journaldunet.com/ebusiness/le-‐net/utilisateurs-‐francais-‐facebook.shtml, 26 juin 2013, consulté en mai 2013 2 http://frenchweb.fr/infographie-‐69-‐des-‐utilisateurs-‐facebook-‐interessent-‐aux-‐actualites-‐locales-‐62100/67904, consulté en juin 2012 FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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de l’urbain, selon Michel Lussault, en tant que « lieu réels et virtuels de la maximisation des interactions sociales » (LUSSAULT M. 2007). Aux interactions urbaines, comment donc les interactivités sociales connectées peuvent-elles s’associer en complémentarité et en synergie conformément à la définition que donne M. LUSSAULT. Les relations qui unissent Internet (et plus largement le numérique) au territoire s’approchent donc par l’analogie du contrat urbain (LUSSAULT M., LEVY J., 2003), selon les notions de partage et de création de valeurs (définition de la ville selon LEVY et LUSSAULT). Plus généralement, nous pourrions ainsi résumer la base du parti pris méthodologique qui guide cette étude : « Internet c’est de la ville » (entretien avec Georges AMAR, prospectiviste RATP, mai 2012). Peu d’études sur le périurbain intègrent les TIC comme questionnement et comme variable qualitative (VIDAL ; ROUGE., 2011). Dans le cadre de la contribution au programme de recherche du PUCA sur les lieux et hauts-lieux des densités intermédiaires, il s’agit d’identifier des lieux d’ancrage et de reconnaissance territorial par les géoréférencements de lieux sur le réseau social Facebook. Ces identifications porteuses d’une lecture innovante du territoire feront l’objet de spatialisation à travers des cartographies mettant en relation les contextes locaux avec leur couche d’expression numérique sur le réseau social Facebook.
FIGURE 1 : Exemple de lieux géoréférencés en territoire de densités dispersées
Source : facebook.com
Construction du cadre théorique et postulat de recherche
Dans le cadre de cette contribution au programme de recherche du PUCA sur les lieux et hauts-lieux des densités intermédiaires, il est intéressant de contextualiser et de ré-exploiter les résultats de notre initiation précédente à la recherche sur l’évolution des usages dans les mobilités individuelles de Paris à travers l’intervention des TIC3, comme porte d’entrée et matière première d’une étude plus approfondie en territoire de densités dispersées. Ainsi, nous avons choisi de nous intéresser au sujet des géoréférencements numériques sur le
3 Les territorialités du numérique : mobilité et territoires en réseaux dans la métropole parisienne, bibliothèque des
mémoires universitaires de la Sorbonne, 2013.
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réseau social Facebook4, pour appréhender la spatialisation des occurrences numériques territoriales par les usagers eux-mêmes. Des outils numériques comme objets dits aspatiaux ne sont, en réalité, aucunement déconnectés de réalités territoriales, comme le révèle de nombreuses études5. Le parti-pris théorique de territorialité des outils numériques de masse comme les réseaux sociaux, constituent le postulat de recherche fondamental du travail en cours dans le cadre de la détection des hauts-lieux par l’inspection des données spatiales sur les réseaux sociaux numériques. Ce postulat s’appuie sur les précédents travaux de recherche exploratoires menés en 2012, mais également sur une démarche itérative d’analyse des données sur un large panel de réseaux sociaux ainsi qu’à travers une démarche de veille quotidienne sur le web.
Des liens interdisciplinaires entre territoire et numérique comme objet d’étude
Le champ théorique du numérique territorial en tant qu’objet de recherche universitaire et d’analyse des territoires est un terrain récent, mais pas neutre. Sur ce terrain, à la croisée d’une approche par la prospective territoriale et le traitement de données non-évaluées à ce jour, se greffe des concepts distingués par leurs champs disciplinaires différenciés (média et communication, web marketing, sociologie des réseaux sociaux, géographie, philosophie des techniques, etc.). Ceci nous a conduit à définir le cadre théorique par bribes hétérogènes, selon qu’il s’agit davantage de théorisations relevant de la manière dont le numérique provoque un changement radical de paradigme dans le fonctionnement urbain, ou bien comment l’analyse spatiale se reformule à travers une lecture orientée par le traitement des données issues des réseaux sociaux et globalement issues des médias 2.0. Cette approche entend répondre, dans une posture réflexive, à l’exigence d’interdisciplinarité inhérente à la recherche prospective en urbanisme et aménagement. L’approche de croisement entre le numérique comme objet technique polymorphe, et le territoire comme objet support entend ainsi passer d’une interdisciplinarité à une transdisciplinarité selon la définition de Gabriel Dupuy, de « processus qui conduit à la création d’une nouvelle discipline, ce qui se produit n’importe où et n’importe quand. Comme au croisement de la physique et de la chimie, naît la « science des matériaux » (Gabriel Dupuy, colloque Paris 1 Panthéon-Sorbonne septembre 2012). De façon analogue, au croisement du numérique et de l’analyse spatiale peut se structurer une entité issue de champs disciplinaires variés contribuant à alimenter les sources de réflexion en aménagement. Cette étude s’appuie donc sur ce corpus de réflexion interdisciplinaire afin de tenter de contribuer à la production d’un nouvel outil d’analyse en aménagement et urbanisme et de détection, des lieux et hauts-lieux des densités intermédiaires sur le territoire du PUCA à l’étude.
4 …qui compte plus d’un milliard
d’utilisateurs dans le monde depuis l’automne 2012 : http://www.begeek.fr/facebook-‐celebre-‐les-‐1-‐milliard-‐de-‐membres-‐avec-‐une-‐publicite-‐72853, (consulté en juin 2013) 5 Etude web Harris Interactive/Zoom On : L'information locale, l'avenir des réseaux sociaux ? Découvrir/partager : l'explosion des contenus locaux, (consulté en juin 2012)
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Recherche de hauts-lieux avec les lunettes du numérique
Le cadre théorique présent ne peut s’expliquer sans revenir sur la définition du haut-lieu retenue lors de la réunion des membres de l’équipe de recherche PUCA du 26 janvier 2013, où le haut-lieu est défini comme : « …un lieu emblématique du territoire. Il le structure par le biais des pratiques qu’il peut susciter, par exemple par des « pratiques pérégrinales », dont peuvent découler des réseaux de toutes sortes et des activités économiques. Ils contribuent également à la territorialité d’une communauté : ils sont à la fois « des repères et des aimants vers lesquels convergent ceux qui les reconnaissent comme tels. » (CLERC, 2004) La notion de territorialité permet d’insister sur la nécessité d’appréhender les hauts-lieux de manière dynamique et processuelle, ici à travers la dynamique du référencement personnel sur réseau social dans un territoire qui se construit de lieux, et à travers les interventions médiatiques publiques des utilisateurs ayant reconnus dans tel lieu une fonction, et autorisant la communauté virtuelle présente sur le territoire à identifier ces points d’ancrage nouveaux (lieux d’activités, lieux de vie des associations, éléments de patrimoines, lieux de mobilité, etc.). Nous verrons ainsi comment les lieux abordés et reconnus numériquement sur Facebook participe au repérage de pratiques numériques collectives. Ils permettront également d’aborder la question de la production spatiale permise par les géoréférencements précis de ces lieux en ligne. En effet, l’entrée théorique par les hauts-lieux permettra de déterminer les lieux de forts ancrages, où se structurent des affinités territoriales à la fois virtuelles et réelles (LUSSAULT, 2007).
Contribution au programme de recherche PUCA sur les lieux et hauts-lieux des densités intermédiaires
A partir des éléments de définition précédents que l’on peut reprendre comme matrice de l’étude des hauts-lieux des densités intermédiaires par les réseaux sociaux, les lieux émergeants des requêtes méthodologiques effectuées pourront ajouter une couche au référentiel de lecture des hauts-lieux dans le territoire à l’étude, comme des lieux permettant d’identifier une appartenance au territoire, hors des caractéristiques de description traditionnel du territoire (attractivité, dépendance, évolution démographique, taux d’emploi, etc.). Les hauts-lieux seraient donc apparentés ici à une intensité des référencements de lieux et de localités avec les outils numériques : smartphone et ordinateur principalement comme dénominateurs communs. Ces plateformes de communication disposent d’un accès direct au géoréférencement de l’usager du réseau social Facebook. La structuration et l’identification de hauts-lieux par le biais de pratiques (ici numériques) permettent de révéler FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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la territorialité et les entrelacements inhérents aux pratiques du territoire et aux pratiques des réseaux sociaux. Il demeure néanmoins un doute sur la corrélation entre les caractéristiques territoriales de lieux et le type de hauts-lieux numériques qui peuvent s’y identifier. Est-il par exemple évident qu’une commune, de densité supérieure à la moyenne d’un échantillon donné, laisse émerger davantage de lieux numérisés qu’une commune (ou lieu-dit) moins dense et par conséquent moins enclin à la médiatisation territoriale de lieux sur les réseaux sociaux ? Les référencements observés de lieux ne vont-ils pas contribuer à la production d’une structuration spatiale en « décalage », ou bien contribuer au renforcement des centralités existantes sur les territoires observés ? Les travaux de nombreux chercheurs serviront à alimenter les orientations théoriques de la présente contribution au programme de recherche du PUCA. Néanmoins, c’est par une démarche empirique qu’il s’agit de construire une proposition de champ théorique par l’étude des réseaux sociaux (Facebook plus spécifiquement) en tant que vecteurs d’une lecture du territoire par les nouveaux médias numériques, partagés et ouvertement éditables.
Construire un nouveau « descripteur territorial » avec un média social numérique
Dans le cadre de la recherche PUCA sur les hauts-lieux du périurbain, Marie-Flore Mattei (PUCA, 2013) parle de « descripteurs territoriaux » qui permettraient de lire l’espace (statistiques, entretien qualitatif, analyse spatiale, etc.). Les indicateurs classiques d’attractivité, de densité, de démographie, d’accessibilité font partie de ces « descripteurs territoriaux ». Au même titre que ces indicateurs, les données numériques sociales se proposeraient comme un nouvel indicateur territorial visant à prendre une mesure partielle de l’appartenance et du marquage du territoire par les contenus publiés sur le réseau social visé. Nous verrons donc dans quelle mesure ces données complexifient le référentiel des hauts-lieux en intégrant une spatialité numérique inédite.
Qu’est-ce qu’un média social ?
Pour comprendre ce qu’est un média social, il faut en revenir à ce qu’est un média, “un support de diffusion massive de l’information”. Le média social, par essence, est donc toujours un support de diffusion massive de l’information qui emprunte exactement toutes les formes et supports existants (texte, image, vidéo, audio), mais la différence vient de la nature de l’intermédiaire, comme l’exprime Frédéric Cavazza : « alors que dans les médias traditionnels il y a un émetteur qui diffuse un message unique à destination de cibles, dans les médias sociaux chacun est à la fois diffuseur et cible. »6 “Les médias sociaux sont des médias pour l’interaction sociale”, explique la version anglaise de la définition de Wikipédia : « C’est l’usage de technologies web ou mobile pour transformer les communications en dialogue interactif ». Les propriétés qui distinguent un média d’un média social
6 http://www.fredcavazza.net/, consulté le 24 août 2013. FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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reposent sur la portée (si les deux peuvent atteindre des publics massifs, les médias industriels utilisent un cadre centralisé, alors que les médias sociaux sont par nature même plus décentralisés, moins hiérarchisés…), l’accessibilité (les médias sociaux sont accessibles à un coût faible ou nul : ils réduisent les coûts de transaction, comme l’explique Clay Shirky dans Here Comes Everybody), la facilité d’utilisation (ils ne nécessitent pas nécessairement de compétences pour être utilisés), l’immédiateté et la permanence (les médias sociaux peuvent être modifiés en permanence). Encore plus qu’avec les médias traditionnels, avec les médias sociaux, « le médium est le message », comme le qualifie Marshall Mc Luhan (MC LUHAN, 1964). Le média ne représente plus seulement le « prolongement technologique » de l’homme, mais également le prolongement social de l’habitant connecté des territoires peu denses.
Objectif(s) d’un travail de recherche exploratoire
1. Construire un descripteur territorial nouveau L’objectif premier de ce travail est de fournir une couche analytique par la référence numérique à la problématique de la détection des hauts-lieux. Et ainsi établir une spatialité réelle à l’utilisation des réseaux sociaux, souvent décrits comme des objets qui abolissent les relations à l’espace. Ces réseaux soulèvent de nombreuses questions quant à l’appréhension individuelle et collective de l’espace vécu et de son contenu, de ses intentions et de ses logiques. Comment en effet les réseaux sociaux participent-ils d’un surinvestissement de l’environnement local plus qu’ils ne les désintègrent ? L’un des objectifs est donc également de montrer les potentialités en puissance dans l’usage de ces plateformes dont certaines collectivités territoriales apprennent le langage pour en maîtriser les usages. L’objectif secondaire de ce travail exploratoire porte aussi sur la reproductibilité (LATOUR, 1995) de la méthodologie appliquée, dans l’optique de faire émerger un nouveau descripteur territorial pour une méthodologie applicable à d’autres territoires. Il s’agit ainsi de faire émerger des méthodes d’observation nouvelles par ces usages innovants du territoire et donc de renforcer le concept de territorialité des usages des réseaux sociaux par les outils numériques du quotidien. 2. Faire de la méthodologie un outil réflexif sur les hypothèses de travail préalables La présente méthodologie en tant qu’elle s’introduit dans un travail exploratoire sur la spatialisation des contenus sociaux dans le périmètre d’étude du PUCA présente des failles à l’échelle théorique mais aussi à l’échelle technique, qu’il s’agira également d’identifier tout au long de cette étude afin de fournir des pistes de réflexions annexes et prospectives sur l’approfondissement de la recherche en aménagement sur les géoréférencements numériques, et identifications sur les réseaux sociaux. Ces composants d’une nouvelle ingénierie territoriale sont en prise avec une dissémination généralisée des nouvelles technologies dans les pratiques « pérégrinales » des habitants sur le territoire.
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3. Définir une méthodologie pour révéler les territorialités des usages du numérique dans les territoires urbains La méthodologie en tant qu’hypothèse de travail en soi est un outil qui va permettre de mettre à l’épreuve un certain nombre de postulats de départ. L’objectif de production de « descripteur territorial » est indubitablement lié à cette méthodologie en tant qu’elle permet de révéler les interfaces réseaux sociaux/territoire. Les interconnexions observées, au travers de cette méthodologie centrée sur le réseau social Facebook, tendent à révéler les territorialités à l’œuvre dans les territoires par l’empreinte des habitants, mais aussi à incrémenter une méthode de traitements de données dynamiques à partir d’un crowdsourcing7 (ou « collaboration ouverte ») en ligne.
Problématique
Il s’agit dès lors d’interroger dans quelle mesure les usages du réseau social Facebook et les contenus « territoriaux » (faisant référence au territoire et s’attachant à décrire un quotidien et une relation de proximité virtuelle) publiés sur le réseau participent à une construction spatiale de hauts-lieux par le numérique dans le territoire de la présente étude PUCA, en grande périphérie de l’agglomération parisienne ? Comment l’analyse spatialisée de ces données numériques permet la combinaison d’une couche de complexité à la lecture d’espaces de densités et de configurations spatiales hétérogènes ?
Hypothèse
L’hypothèse majeure du présent travail de recherche consiste dans la détection, par les référencements numériques sur Facebook, d’une spatialité virtuelle de lieux qui peuvent constituer une mise en réseau des territoires via l’outil numérique. Cette mise en réseau serait l’émanation directe des données du crowdsourcing fournies par les utilisateurs du réseau et désirant marquer un certain degré de reconnaissance symbolique d’identification personnelle et virtuelle d’un lieu. Cette hypothèse concentre donc une seule population d’utilisateurs de réseaux sociaux dont les statuts apparaissent publics et dont l’utilisation est acquise jusqu’à la formulation d’une appartenance virtuelle à des lieux géoréférencés dans un répertoire spatial numériquement partagé.
7 Traduction anglaise de source collective, le mot désigne chez les gestionnaires de données la possibilité de suivre ne
masse d’usagers d’une cellule d’antenne à une autre sans perdre la trace de leur connexion. Les référencements observés ici sont une forme de crowdsourcing dans la mesure où il est possible de capter des communautés d’usagers orientées vers des lieux et des pratiques fonctionnelles du territoire. FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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FIGURE 2 : Logo de la fonction CHECK-IN sur le réseau social Facebook, outil d’intermédiation entre l’habitant et le lieu virtuellement publié
Source : facebook.com
Les contenus publiés sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, FlickR) au quotidien par les usagers des outils numériques sont porteurs d’une géographie qui caractérise une forme de structuration spatiale de ces usages. Les contenus très « territoriaux » publiés sur les réseaux sociaux provoqueraient une lecture nouvelle des espaces périurbains. Néanmoins les données utiles pour traiter de ce constat et mettre en regard l’analyse spatiale classique avec une nouvelle analyse géoréférencée et numérique du territoire, ne sont à ce jour pas traitées de manière spatialisée. Il s’agit donc d’interroger la capacité des données traitées à formuler une identification de lieux et à former le socle d’une méthodologie outils, un « descripteur territorial » par le biais des données sur réseaux sociaux comme Facebook dont la philosophie de réseau repose entièrement sur la spatialisation des usagers et des contenus qu’ils publient. Le but de la démarche en cours est bien de trouver la définition d’une méthodologie qui puisse être reproduite et re-contextualisée dans d’autres territoires que ceux de la présente recherche PUCA. Dans le cadre d’un stage mené dans l’agence BRES + MARIOLLE ET CHERCHEURS ASSOCIES, cette reproductibilité a pu être testée dans le territoire du Limousin (BRES + MARIOLLE, DREAL LIMOUSIN, 2013). Il s’agit ainsi d’amener une lecture par les données numériques sur un territoire pour faire émerger des interactions inédites entre les lieux. Nous pourrons voir par exemple l’importance de la place des services, dans les lieux référencés et plus particulièrement un univers de lieux dont la fonction relève de la consommation et du service à la personne. Les lieux de rencontre et d’animation collectives sont aussi au cœur des résultats, renforçant ainsi l’hypothèse d’une pertinence de l’étude de hauts-lieux numériques par le géoréférencement sur le réseau social Facebook.
Méthodologie
Le recueil des données sur les réseaux sociaux s’effectue dans le cas du présent travail, de manière exclusivement manuelle et personnelle. Néanmoins, il a été rendu possible d’échantillonner les lieux visibles sur Facebook de l’ensemble des 252 communes du territoire à l’étude, malgré les contraintes de travail importante, à la fois matérielle et FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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temporelle. Le souci de définition méthodologique s’effectue donc en amont et constitue une part importante de ce travail, afin de pouvoir dupliquer une méthodologie similaire sur d’autres territoires, et dans des contextes variés. 1. Les requêtes quantitatives de lieux réels sur le territoire du réseau social Des requêtes manuelles ont été entrées dans la base de données des réseaux sociaux visés à la manière d’un utilisateur anonyme X qui aurait pour projet de connaître les lieux référencés dans sa commune Y de résidence. Ce travail de recensement des lieux constitue donc une démarche open data8, dans la mesure où les données travaillées sont accessibles au grand public, dans les conditions générales d’utilisation du réseau social Facebook (Charte des Conditions Générales d’Utilisation de Facebook).
FIGURE 3 : Méthode de géoréférencement des lieux édités sur Facebook
Source : facebook.com
La méthodologie mise en place a eu pour objectif de construire un outil méthodologique permettant de traduire un niveau spatialisé de relation sociale numérique (on parle de « liens faibles » pour exprimer les relations tissées entre les utilisateurs des réseaux sociaux numériques9) sur la base déclarative des utilisateurs du réseau social. Cet outil engage luimême un parti-pris théorique sur la base des données utilisées. La récolte des données, effectuées sur les 252 communes à l’étude, a d’abord été faite sur Facebook à travers les requêtes communales. Ces référencements de lieux ont ensuite été géocodés (dans un système de coordonnées spatiales X ; Y) grâce aux applications en ligne de développement cartographique de Google Maps (le taux d’erreur de géocodage ayant été rectifié manuellement). Cette base de données ponctuelles géocodées a ensuite été référencée dans le système de coordonnées spatiales Lambert 93, sur une plateforme SIG.
8 Une donnée ouverte est une donnée numérique, d'origine publique ou privée, publiée de manière structurée selon une méthodologie qui garantit son libre accès et sa réutilisation par tous, sans restriction technique, juridique ou financière. L'ouverture des données (en anglais open data) représente à la fois un mouvement, une philosophie d'accès à l'information et une pratique de publication de données librement accessibles et exploitables. (WIKIPEDIA) 9 « les liens faibles » expriment ici la formation sur les plateformes numériques de groupes d’individus rassemblés
dans un espace virtuel autour d’intérêts collectifs liés au territoire ou à une activité trouvant sa territorialité dans un espace environnant et approprié. FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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FIGURE 4 : Requête d’adresse précise de lieux sur Google Maps (Méru, Picardie)
Source : maps.google.com
Dans les 252 communes à l’étude, 1935 lieux ont été répertoriés dans une base de données attributaires. Les adresses précises ont été recherchées grâce à la plateforme cartographique en ligne Google Maps afin de compléter les adresses manquantes sur le réseau social Facebook. La mixité des plateformes de récolte de données construit ainsi le cadre spatiale et numérique de la recherche menée dans les limites géographiques du territoire d’étude PUCA.
FIGURE 5 : Résumé quantitatifs des données géoréférencées sur l’ensemble des 252 communes du terrain d’étude du PUCA
NOMBRE DE LIEUX GEOREFERENCES MANUELLEMENT SUR FACEBOOK
NOMBRE DE VARIABLES ANALYSEES POUR DEFINIR LA TYPOLOGIE DES LIEUX SUR FACEBOOK
NOMBRE CHECK-IN ISSUS DES USAGERS DU RESEAU SOCIAL NUMERIQUE FACEBOOK
1 935
46
2 052 541 Source : production personnelle
2. Observation du terrain numérique par l’analyse qualitative
A cette approche quantitative s’agrège une analyse qualitative des lieux permettant une catégorisation et une différenciation des espaces par les fonctionnalités qui leur sont attribuées sur le réseau social. Ainsi, on pourra différencier par les fonctionnalités des lieux, la nature des lieux indexés sur le réseau social de référence : services, entreprises locales, nature, patrimoine, éducation, administratif, etc.
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FIGURE 6 : Variables majeures et mineures des lieux géoréférencés sur Facebook dans les 252 communes PUCA
CATEGORIES PRINCIPALES
TOURISME LOISIR SERVICE CULTURE RESTAURANT/BAR TRANSPORT REPERES TERRITORIAUX
CATEGORIES SECONDAIRES
administration alimentation art association banque bar bibliothèque BTP café casino centre commercial cinéma coiffure commerce communauté concert
culte culture discothèque entreprise locale événement formation gare hôtel immobilier industrie lieu public loisir musée nature parc parc d'attraction
patrimoine quartier repères résidentiel restaurant santé service service pro sport technologie tourisme transport ville web
Source : production personnelle
Ces variables ont été choisies afin de croiser les postes de variables IAU dans le cadre de l’élaboration du MOS pour la partie francilienne du terrain d’étude, et les variables directement répertoriées sur le réseau social Facebook de référence pour produire une géolocalisation renseignée des lieux. FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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3. Description générale de l’échantillon numérique observé
Le prélèvement de données numériques territoriales correspond au terrain d’étude du PUCA sur les lieux et hauts-lieux des densités intermédiaires. Cet échantillon de référencements numériques sur le territoire entend révéler des particularités propres à chaque contexte (péri-)urbain. Il s’agit donc, en partant de la variable de densité, d’observer les particularités et les similitudes en matière d’investissement numérique du territoire. Cet échantillon territorial, basé sur l’hétérogénéité de ces configurations, met en relation habitants, lieux, par le réseau numérique (3G, ADSL, Wi-max, etc.). Dans des territoires de faibles densités, on peut supposer que l’accès au réseau (en tant qu’infrastructure), du fait de la faible densité, bride certains usages potentiels. Nous verrons dans quelle mesure cette relation de causalité hypothétique se vérifie ou non. Ces observations de géoréférencements numériques sont-elles liées à l’émergence de liens faibles par la structuration spatiale dans ces territoires, ou bien ne sont-elles que le fruit d’un déterminisme lié à l’accessibilité au réseau de télécommunication et à la densité de population ?
FIGURE 7 : Boucle de causalité : quels liens entre géoréférencement / densité / accessibilité au réseau ? réseau 3G / WiFi
densités de population
?
éditorialisation du territoire par le numérique
Source : production personnelle
Terrain
L’échelle choisie pour occuper cette analyse est l’échelle communale, par soucis de cohérence avec les études connexes menées par le PUCA (entretiens qualitatifs d’habitants de ces territoires, bases de données statistiques) et de praticité avec les lieux numériques référencés sur Facebook à l’échelle de la commune de façon systématique.
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Une recherche exploratoire orientée vers des modes innovants de représentation et de production de l’espace
L’analyse de la spatialisation de données Facebook est un sujet approchant les signaux émergents de nouvelles grilles de lecture que nous commençons tout juste d’entrevoir. Dans la capacité des contenus numériques à donner une nouvelle représentation de l’espace, il est important de replacer le débat sur la donnée et les potentiels d’émergence de nouvelles grilles de lecture de l’urbain et d’apparition d’outils pour lire et coproduire la ville. On peut d’ores et déjà questionner en quoi la recherche en aménagement et urbanisme peut-elle s’enrichir par la culture web 2.0. L’objectif est donc, par delà la spatialisation des contenus numériques dans un contexte territorial réel, d’interroger la capacité de la méthodologie définie à produire une analyse des espaces périurbains à l’échelle du territoire à l’étude.
L’importance de la démarche de terrain
Une importance majeure est attribuée à la démarche de terrain malgré l’aspect numérisé de la recherche et de la récolte de données. Les données récoltées ont toutes des valeurs géographiques, référents à des lieux, et à une dynamique d’intensité de ces lieux. La détection des hauts-lieux par une création et un traitement de base de données quantitative et qualitative a pour objectif d’évaluer la méthodologie d’une part, et la viabilité d’une conception des hauts-lieux par les géoréférencements numériques du territoire sur Facebook d’autre part. Le terrain numérique est d’ailleurs imprégné de connotation territorialisée. En effet, on parle de navigation, de portails web, de forums, d’adresses mail, d’hébergement, d’espace de stockage, etc. Ce lexique précise dans sa terminologie même, comment le numérique est profondément spatial. C’est donc dans un premier temps par le web que s’approchent ces territoires et ces hautslieux dont l’intensité se relèvent par des pratiques d’identification individuelle. Ce type de terrain riche de signaux faibles et de pistes d’innovations en matière d’analyse territoriale pourrait aussi être le lieu d’une relation virtuelle avec les techniciens du territoire qui analysent et alimentent l’intensité territoriale des réseaux sociaux. Une telle rencontre virtuelle peut avoir par exemple pour objectif de révéler les stratégies de la part des acteurs publics sur des questions d‘innovation territoriale telles que celles posées par ce travail d’initiation à la recherche. Le parti pris de cette recherche orientée vers le territoire est bien de fonder une analyse sur les signaux émergents d’une appartenance numérique territoriale de la part des habitants (Facebook, Foursquare, Google Maps, Street View, ressources et données INSEE, IAU). Cette démarche bien que paradoxalement détachée du territoire entend également montrer l’adhérence forte du numérique aux territoires à travers la méthodologie elle-même. Ce parti pris méthodologique, bien que contestable par sa radicalité, entreprend de montrer la
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territorialisation inhérente aux usages des outils de sociabilité numérique et de partage de contenus médiatiques.
FIGURE 8 : Aperçu de la spatialisation de géoréférencements numérique sur le territoire à l’étude
Source : données IGN BD TOPO ; production personnelle.
Limites
Cette recherche sur la détection des hauts-lieux par le géoréférencement sur un réseau social populaire contient de nombreuses limites qu’il s’agit d’éclairer pour définir ce qu’elle vise. Ainsi, il s’agit d’emblée de conduire le lecteur à une traduction cohérente et viable des données récupérées manuellement sur le réseau social.
Accessibilité aux terminaux numériques
Le taux de pénétration du smartphone en France s’élève à plus de 51%10, et il s’élèverait à plus de 75% en Ile-de-France. L’accessibilité au matériel de spatialisation numérique de son territoire de proximité ainsi que l’accessibilité au réseau de télécommunication, ne semblent pas être des facteurs limitants mais davantage permettre l’élargissement du spectre des populations observées qui, pour des raisons de confidentialité, ne sont pas spécifiquement identifiables dans cette étude. On peut néanmoins faire l’hypothèse d’une certaine homogénéité de l’accessibilité aux différents réseaux numériques, bien qu’il s’agisse d’une population jeune, dans la plupart des territoires observés. Des usagers du réseau social publiquement visibles…
10 http://www.comscore.com/fre/Insights/Press_Releases/2012/12/En_Octobre_2012_le_Taux_de_Penetration_du_S
martphone_Atteint_55_pourcentage_dans_l_Europe_des_5, consulté le 30 décembre 2012.
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Le public considéré ici comme support à une détection du haut-lieu par les outils numériques de géoréférencement doit être spécifié pour comprendre la nature des données. En effet, seuls les utilisateurs peuvent décider de la visibilité des données qu’ils diffusent. Notre champ de visibilité sur les géoréférencements concerne ici les seuls usagers : 1 - ayant permis leur géolocalisation à travers leur terminal mobile ou fixe (smartphone, tablette, ordinateur) ; 2 - ayant rendu public leur géoréférencement à l’ensemble de la population numériquement présente sur Facebook.
Une population d’usagers numériquement compétente…
La relation numérique au territoire implique une compétence qui ne va pas de soi. La capacité d’un usage complexe d’objets interactifs comme le smartphone, l’ordinateur personnel, ou encore la tablette numérique, nécessite un apprentissage sine qua non à l’action délibérée de géoréférencement numérique. La population ciblée est donc une population compétente et habile face aux fonctionnalités multiples des réseaux sociaux numériques. Parler d’appartenance par le numérique au territoire, nécessite d’identifier la population de référence qu’il s’agit d’observer. Se situer dans l’espace par le référencement n’est pas nécessairement un acte volontaire de la part des l’usager, mais davantage une action d’empreinte spatiale sur le réseau et sur son espace personnel en ligne constitué de contenus variés. La démarche est donc une démarche volontariste, impliquée dans la conscience d’appartenir à un lieu territorialisé sur le réseau social numérique. On peut faire l’hypothèse que mener cette action nécessite un acquis critique de la culture web et de la géolocalisation pour pouvoir mener un échange virtuel de sa position avec le réseau. Néanmoins, ce type de connexion ne concerne pas uniquement une population jeune (selon une étude IFOP11, 30% des utilisateurs du réseau social Facebook en France ont en 2012 entre 36 et 60 ans, tandis que 50% ont entre 18 et 35 ans), mais néanmoins une population connectée.
…et numériquement publique.
La population et les administrateurs territoriaux qui se référencent sur un lieu géolocalisé par le réseau, s’ils veulent apparaître dans les listes de données traitées dans la présente recherche, doivent impérativement statuer leur géoréférencement comme information publique, et accessible. Une restriction d’accès à l’information géolocalisée empêche son référencement car nous avons choisi de ne pas rentrer trop directement en contact avec les
11 http://fr.slideshare.net/azizhaddad/observatoire-‐des-‐rseaux-‐sociaux-‐2012-‐ifop FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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utilisateurs qui se géoréférencent, dans la mesure où les administrateurs de Facebook pourraient bloquer l’accès à la recherche des lieux ou même aux comptes Facebook utilisés. Ces données doivent donc faire afficher une nomenclature qui ne fait pas l’économie de ces spécifications et ces limites, pour bien circonscrire le cadre de la récolte de ces données et de leur traitement. Néanmoins, sur l’ensemble de la zone d’étude du PUCA, un échantillon non-négligeable de référencements sur des données anynomisées a pu être analysées, et valorisée par un traitement spatial.
Un terrain à conquérir…
Considérer le terrain comme l’espace numérique de partage suppose une maîtrise et une délimitation en amont de ce terrain immatériel, insaisissable mais comportant un certain nombre de champs d’action et d’activités dont les utilisateurs sont les acteurs principaux. A la différence de l’espace public, le terrain numérique envisagé ne comprend pas de dichotomie entre espace privé/public mais se délimite davantage dans les conditions d’accessibilité aux contenus publiés et partagés par les utilisateurs. Le travail collaboratif de partage d’informations sur les lieux des réseaux sociaux suppose une visibilité accrue de l’information, avec un accès ubiquitaire aux informations des usagers, alors que nous n’avons pu investir que les liens ouverts sur le réseau (c’est-à-dire sans entrer directement en contact avec l’un des utilisateurs présents dans le référencement des lieux observés). Le modus operandi de l’observation de ce terrain, mouvant et dynamique par incrémentation successive de contenus médiatiques, est une analyse par une exploration numérique inhérente au réseau social et à la navigation web (voir www.francoisvienne.com : rubrique : social network map).
CHECK-IN : ancrage numérique territorial Le CHECK-IN servira d’unité numérique pour mesurer quantitativement l’ancrage d’un lieu sur un territoire et de manière plus générale, à détecter comment un espace peut faire haut-lieu à travers un recensement des contenus numériques attachés à ces lieux. En effet, le CHECK-IN est une fonctionnalité du réseau social autorisant les usagers à se géolocaliser volontairement dans un lieu afin d’identifier ce même lieu sur leur cartographie personnalisée sur laquelle ils peuvent visualiser l’ensemble des lieux qu’ils ont visité. Les CHECK-IN ici recensés donne lieu une cartographie collective et sensible de l’ensemble des usagers ayant choisi de rendre public ces géolocalisations dans les territoires de densités intermédiaires à l’étude. Pour parler de ces CHECK-IN, nous emploierons le terme de géoréférencement (ou géomarquage).
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Plan de développement
Les territoires des espaces périurbains se complexifient, donnent à voir des dynamiques sociales, économiques en mutation qui appellent à de nouvelles grilles d’observation. A l’heure du numérique, les usages quotidiens dans ces espaces s’articulent relativement à l’appropriation de la technologie numérique par les habitants. Dans une première partie, nous verrons donc dans quelle mesure les usages numériques du territoire transforment la façon dont on analyse les modes d’habiter en évolution dans ces territoires. Les réseaux sociaux, participant à cette transformation de la perception et de la pratique du territoire sont des terrains d’observations incontournables, pour apprécier le descripteur territorial que le réseau social numérique invite à construire. A cet égard, Facebook constitue un support intéressant d’approfondissement de cette lecture des territoires périurbains. Les géoréférencements des utilisateurs, la présence de collectivités territoriales sur les réseaux sociaux et l’ensemble des contenus médiatiques introduits invitent à l’analyse du territoire par une géographie du numérique, et par les contenus médiatiques introduits (événements, éléments de décors, photographies, etc.). Il s’agira de produire dans un second temps, grâce à une nouvelle base de données répertoriée sur le réseau social Facebook, des cartographies quantitatives d’éléments de géoréférencements qualitatifs sur Facebook. Enfin, dans une troisième partie, il sera question de formuler les modalités et les hypothèses d’une définition de hauts-lieux numériques du territoire. Nous tenterons par la spatialisation des données analysées de mettre en perspective : - structuration de l’espace par les données spatiales classiques, - structuration de centralités émergées par l’ensemble des géoréférencements récoltés. Il sera aussi question d’une réappropriation des notions de focalité (WEBER, 1964) et de haut-lieu (selon la définition de Pascal CLERC, 2004) à travers l’étude des spatialités numériques. A la fois virtuel et matériel, l’appréhension de ces espaces domestiques soulève des enjeux en matière de production spatiale, et d’accompagnement potentiel à la décision publique territoriale. L’ouverture de ce travail propose donc un outil expérimental et méthodologique en ligne, résultant de la mise en œuvre de la méthodologie appliquée.
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SOMMAIRE PARTIE 1 : HABITER LES TERRITOIRES DE DENSITES INTERMEDIAIRES AVEC LES TIC
1/ Les territoires de densités intermédiaires à l’heure du numérique 2/De nouvelles formes d’habiter le territoire par les TIC 3/ Révéler l’hyperlocal : quotidien des usages numériques
PARTIE 2 : ANALYSES DE DONNEES TERRITORIALES GEOLOCALISEES SUR LE RESEAU SOCIAL FACEBOOK
1/ Macro-analyse des données géoréférencées sur Facebook dans le périmètre d’étude du PUCA 2/ Comparaison de trois configurations spatiales sur les territoires de densités intermédiaires : quelles différenciations qualitatives à travers les géoréférencements ? 3/ Analyse thématique des contenus géoréférencés
PARTIE 3 : FOCALITES ET HAUTS-LIEUX NUMERIQUES DU TERRITOIRE SUR LES RESEAUX SOCIAUX
1/ Focalité numérique : un nouveau descripteur territorial à l’échelle macro-spatiale 2/ étude de cas de haut lieu numérique : le cas de Persan 3/ Géoréférencement et aménagement : spatialisation de wiki-territoriaux
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PARTIE 1 : HABITER LES TERRITOIRES DE DENSITES INTERMEDIAIRES AVEC LES TIC
1/ Territoires périurbains à l’heure du numérique
a) Présentation des territoires à l’étude b) Territoires de densités intermédiaires comme espaces d’enjeux et d’attractivité c) Connexions numériques des territoires périurbains
2/ De nouvelles formes d’habiter le territoire par les TIC
a) « Habiter » le périurbain avec le numérique b) Un désir de local par l’expressivité numérique c) Mise en récit du territoire par les TIC et les réseaux sociaux : médias et datavisualisation
3/ Révéler l’hyperlocal : quotidien des usages numériques
a) Réseaux sociaux et territoire de proximité : l’hyperlocal par les plateformes sociales relationnelles b) Représentation de l’hyperlocal : le numérique comme vecteur d’individualisation de l’hyperlocal c) Vers une représentation hyperlocal par le numérique
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I – HABITER LES TERRITOIRES DE DENSITES INTERMEDIAIRES AVEC LES TIC Quelles représentations et relations entre numérique et territoire ?
En quête de durabilité, les espaces périurbains sont fortement perçus comme un enjeu majeur de société et apparaissent souvent comme à l’origine de bien des maux (BILLARD, BRENNETOT, 2009). Le périurbain est cependant une réalité complexe et mouvante. Une première définition est celle des frontières administratives, mais les espaces de densités intermédiaires comme nous les qualifierons tout au long de ce travail, présentent une hétérogénéité et une complexité dont le terme générique d’ « espace périurbain » ne permet pas de rendre compte. Les polarités primaires et secondaires de ces espaces se lisent dans les indicateurs traditionnels de l’analyse spatiale (démographie, taux d’attractivité, taux de croissance de l’emploi, taux de construction, etc.), mais également dans des dynamiques inédites et numériques que nous analyserons ci-après.
1/ Les territoires de densités intermédiaires à l’heure du numérique
a) Présentation des territoires à l’étude
Le territoire à l’étude sélectionné pour le programme du PUCA permet d’aborder dans un premier temps des configurations spatiales urbaines marquées par l’hétérogénéité. Ce territoire se présente comme fragmenté, en mosaïques. De nombreuses polarités animent ce territoire réticulaire. Les centres de services, d’équipements, de récréation, de patrimoine structurent un espace en réseau dont la hiérarchie se lit dans les indicateurs traditionnels mais aussi dans les spatialités en germe dans les appropriations collectives et numériques du territoire.
Les densités
Le présent terrain d’étude compte 252 communes au sein desquelles s’observent de grandes polarités que sont Cergy-Pontoise, Ecouen/Ezanville, Goussainville ainsi que le site d’échelle mondial de l’aéroport Charles de Gaulle. A ces principales centralités situées en front urbain de l’agglomération parisienne s’ajoutent des centres secondaires de densités intermédiaires tels que Senlis, Chantilly/Gouvieux, Persan/Chambly et Méru.
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FIGURE 9 : présentation densités de population du territoire du programme PUCA
Source : données INSEE, 2009 ; production personnelle
La discrétisation des différents taux de densités territoriales ci-dessus a été établie grâce à la méthode des seuils naturels ou méthode de Jenks selon une répartition en 5 classes de pourcentage de la population totale de la zone d’étude.
Cette première approche par les densités sert à mieux appréhender le rapport entre les géoréférencements numériques que nous avons répertoriés, et leur rapport avec les densités démographiques des différents territoires observés. Pour rappel, les plus fortes densités du périmètre à l’étude correspondent à des centres importants de services et d’équipements ainsi qu’à une structure spatiale en corrélation importante avec le maillage routier et ferré (cartographie ci-après).
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Les équipements
FIGURE 10 : présentation des taux d’équipements du territoire du programme PUCA
Source : données INSEE, 2009 ; production personnelle
Selon cette même méthode de discrétisation par seuils naturels, l’analyse des différents taux d’équipements selon les densités de populations dans les territoires montrent des disparités notables, en faisant apparaître les centralités identifiées par les densités. Le site de l’aéroport CDG écrase l’équilibre de cette série statistique ainsi que les territoires de Puiseux-Pontoise (ville nouvelle de Cergy-Pontoise) Gonesse, Sarcelles. Les communes de L’Isle Adam, Beaumont-sur-Oise, Chantilly et Montherlant s’analysent comme des polarités majeures en équipements et en services. Nous verrons dans quelle mesure cette variable statistique influent sur l’analyse des données issues du réseau social Facebook. On peut ainsi déjà appréhender la complexité spatiale et l’hétérogénéité de ce territoire à travers une observation statistique de la diversité des situations qui le composent.
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L’agrégation de ces situations construit une typologie territoriale structurée par les centralités primaires du territoire. L’étude suivante des données issues du réseau social Facebook territorialise les lieux phares des différentes communes, et permet l’ajout d’une couche référentielle supplémentaire pour la définition du degré d’ancrage territorial12 en accentuant cette notion autour des pratiques et représentations numériques des lieux à l’étude.
b) Territoires de densités intermédiaires comme espaces d’enjeux et d’attractivité
Le périurbain d’une agglomération est constitué par l’ensemble des communes agrégées au noyau central. Ces associations intercommunales sont aujourd’hui en tension entre l’intérêt du « grossissement » des collectivités et l’inconvénient d’un mitage territorial gênant, en particulier dans la gestion des mobilités. Les statistiques démographiques offrent un autre registre d’appréhension comme le montre la carte ci-après. Pour l’INSEE, l’espace périurbain est composé des communes dont 40% de la population active travaille dans le pôle urbain correspondant. Cette approche, fondée sur les navettes entre domicile et travail, dessine de grandes agglomérations s’étendant au-delà des découpages intercommunaux, dans un rayon de quelques dizaines de kilomètres autour des pôles urbains. Pour une définition du périurbain par les dynamiques d’accessibilité aux ressources Au-delà de cette définition administrative, le périurbain est devenu aujourd’hui une réalité hétérogène. Dès les années 1970, Henri Lefebvre dans La Révolution Urbaine (LEFEBVRE, 1973) considère que les villes ont perdu leurs spécificités citadines historiques et que les centres comme leurs périphéries les plus lointaines participent d’une même « société urbaine » indivisible. Dans cette société urbaine, hétérogène et mouvante, les espaces périurbains composent, avec les centralités, des dynamiques complexes. Comme le rappelle H. LEFEBVRE, ces dynamiques ne se définissent pas « comme un simple rapport au centre ». A cette unité territoriale qui permet une appréhension de la ville par la complexité, on peut également ajouter la particularité du périurbain d’être un espace fragmenté où la question de la mobilité demeure une problématique centrale. Les auteurs de La Ville Emergente (CHALA, DUBOIS-TAINE, 1998) retiennent la « ville mobile » comme caractéristique fondamentale de description des territoires périurbains. Laurent CAILLY réserve aussi à la mobilité la première place dans ce qu’il appelle le « pack périurbain »13. La mobilité est intrinsèquement liée sur ces territoires aux activités qui s’y déroulent. La mobilité serait donc à la base de l’appropriation des territoires, de la combinaison des activités quotidiennes, de la constitution des réseaux sociaux. Les distances imposent aux habitants de cet espace un « engagement » (CAILLY, 2008) dans la mobilité en moyens, en temps, en argent, en fatigue, en investissement cognitif (notamment
12 notion qui permet de combiner mobilité résidentielle et quotidienne, pratiques et représentations 13 Laurent Cailly, "Existe-‐t-‐il un mode d’habiter spécifiquement périurbain ?", EspacesTemps.net, 2008 FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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par l’usage des outils numériques sollicitant parfois des ressources cognitives importantes), en coûts d’organisation dont les citadins sont relativement dispensés par la proximité. Selon cette lecture des territoires périurbains comme espaces dont le développement est orienté vers l’appropriation des moyens de mobilité au sens large14, la place des outils numériques est tout aussi centrale. Ces TIC introduisent de nouveaux rapports aux territoires et redimensionnent les conditions d’accessibilité au territoire. On inclut donc dans la notion de mobilité de manière implicite les moyens hétérogènes d’accès à ces ressources, qu’ils soient matériels (voiture, TC, vélo, corps, etc.) ou immatériels (services numériques, télécommunications, etc.) qu’il s’agit de percevoir dans l’analyse faite du périurbain via les empreintes territoriales laissées par les usagers des réseaux sociaux.
FIGURE 11 : Présentation des distances parcourues en km/jour par les habitants du territoire du programme PUCA
Source : données INSEE, 2009 ; production personnelle
14 La mobilité est ici traduite par la notion d’accessibilité aux ressources du territoire. FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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Cette carte, représentant l’intensité de mobilité quotidienne des populations résidant dans ces communes, réduit la mobilité aux navettes domicile-travail mais fait néanmoins figure d’exemple en matière de dynamiques territoriales. En effet, la tendance à une mobilité domicile-travail est importante dans ces territoires. La mobilité comme clé d’analyse de l’appréhension des territoires de densités intermédiaires pourra se complexifier par une mobilité cognitive et immatérielle concrétisée par les usages d’outils dont les populations locales sont empreintes dans leur quotidien. Les outils numériques paraissent en ce sens un moyen de mobilité relativement neuf dont les usages révèlent les potentialités dans les territoires périurbains, en situation de dépendance à un ou plusieurs moyens de mobilité. Cette problématique commune de la mobilité rejoint celle de la lisibilité du périurbain. Ces territoires se transforment vite, de nouveaux usages y agissent continûment, et les modes d’action dans ces territoires appellent de nouveaux modes de lecture.
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FIGURE 12 : Typologie de paysages numériques des territoires de densités intermédiaires sur Google Street View
centre-ville de Pontoise
lotissement à Saint-Martin-du-Tertre
RN 184
zone logistique à Fosses
rue du Connétable à Chantilly
entrée de ville à Persan
Source : maps.google.com
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Paysages numériques des densités intermédiaires
En effet, les espaces périurbains laissent percevoir un code, singulier, qui s’est surimposé, comme le souligne Eric Le Breton15, fait de panneaux de publicité plantés dans les champs et de cette myriade d’affiches sur les talus : Mc Do, Formule 1, Première classe, B&B, Conforama, etc. D’autres réseaux de signes traversent également le périurbain, tels que les pistes cyclables, les arrêts des bus urbains et le fléchage des autoroutes… Le périurbain est un territoire où se télescopent plusieurs registres de sémiologie de l’espace. L’espace périurbain n’est aménagé, pour l’essentiel, que d’une manière fonctionnelle (habitat, service, commerce, logistique, etc.). Les lieux sont distincts les uns des autres : bourg, lotissement, parc, centre commercial, zone d’activités industrielles ou de services, infrastructure routière, etc. Au-delà de cette armature territoriale encline à des pratiques téléguidées, des dynamiques par les usages du numérique sont observables dans ces territoires, et caractérisent un mode d’habiter en nuance, des modes d’appropriation spatiale contrastés et complexes. Les photographies ci-contre sont issues du site de cartographie interactive Google Maps, et de son application Street View. Ces images, captées lors d’une itinérance numérique sur le territoire d’études récitent les grandes figures caractéristiques des espaces de densités intermédiaires à l’étude. On y trouve un paysage effectivement marqué par la fonctionnalité (Fosses) et l’infrastructure (RN184). On y trouve aussi des cœurs de ville anciens, avec des tissus historiques, comme à Chantilly ou à Pontoise. Des époques urbaines où se confrontent ces cœurs historiques avec des centralités plus récentes (Persan), et des figures majeures de l’urbanisation des territoires dits « périurbains », avec les lotissements pavillonnaires (Saint-Martin du Tertre).
Ces lieux numériquement visités dans cette étude, sont aussi numériquement identifiés par les usagers du réseau Facebook à l’échelle fine et domestique du lieu. Il est dès lors intéressant, en partant de cet aperçu territorial, d’analyser comment les figures urbaines et les fonctions du territoire sont identifiées et éditorialisées par les usagers connectés.
15 …qui propose dans le rapport Ca bouge dans le périurbain (2011), l’importance de mener une réflexion sur une meilleure lisibilité de ces espaces, en prenant pour étude de cas l’agglomération rennaise. FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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FIGURE 13 : Présentation des espaces fonciers d’activités du territoire d’étude du programme PUCA
Source : IGN BD TOPO : production personnelle
Cette représentation (FIGURE 13) exacerbe la fonctionnalité spatiale en montrant l’ensemble des zones d’activité sur le territoire. La « lisibilité numérique du territoire », c’est à dire l’espace des usages numériques par les habitants fait apparaître, comme les cartographies suivantes le prouvent, une visibilité et des paysages numériques des densités intermédiaires fortement marquée par la fonctionnalité du territoire, notamment autour de espaces d’activités humaines (administrations, entreprises, transports et logistiques, tourisme, etc.).
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c) Connexions numériques des territoires périurbains
Il est légitime de faire l’hypothèse d’une faible connectivité des territoires observés. En effet, la capacité des usagers des réseaux sociaux à définir leur territoire par les contenus publiés sur les réseaux sociaux en dépend. Selon une étude de novembre 2012 publiée par l’ARCEP (Autorité de Régulations des Communications Electroniques et des Postes), on peut observer, sur la zone d’étude du PUCA, les zones de couverture 3G sur le territoire, indispensables pour émettre des contenus sur les réseaux sociaux. Ces cartographies permettent une observation territorialisée des périmètres d’action des différents opérateurs nationaux de télécommunications (Orange, Bouygues Télécom, SFR/Neuf). Les cartographies produites par l’ARCEP montre ainsi une couverture massive en réseau 3G sur l’ensemble du territoire à l’étude, situé sur les territoires de l’Oise et du Val d’ Oise (et en Seine-et-Marne concernant trois communes). Quelques espaces résiduels demeurent non-couverts, bien qu’il s’agisse de territoires de culture agricole ou forestière. Cette cartographie (FIGURE 14) représente la couverture totale en réseau 3G sur le territoire observé par le programme PUCA. Cette cartographie montre ainsi une capacité spatialement indifférenciée d’accès au réseau 3G, indispensable pour un usage mobile et stationnaire des réseaux sociaux numériques dans les territoires de l’urbain peu dense. Les habitants des territoires à l’étude peuvent donc partager, exprimer, spatialiser leur environnement proche et local de façon hétérogène sur l’ensemble de la zone d’étude. Certains territoires ne disposent cependant pas d’une connectivité suffisante pour permettre un usage de terminaux de géolocalisation dans la mobilité physique. Cependant, on peut remarquer que l’ensemble des communes du territoire d’étude du programme PUCA est recensé par les géolocalisations des usagers de Facebook, par des centaines de CHECK-IN pour chaque commune.
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FIGURE 14 : couverture du territoire de l’Oise et du Val d’Oise en réseau mobile 3G : détails de couverture des trois opérateurs nationaux.
Source : données ARCEP, production personnelle
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2/ De nouvelles formes d’habiter le territoire par les TIC
Il existe différentes façons d’explorer le rapport entre numérique et territoire. Dans les années 1990, Internet et les réseaux numériques émergents sont souvent analysées dans la continuité historique des autres réseaux infrastructures urbains. Ainsi Gabriel Dupuy dans l’Informatisation des Villes (DUPUY, 1991), dresse le portrait d’un réseau s’articulant à un ensemble de réseaux existants, leur apportant une fibre immatériel et en dehors des repères de réticularités traditionnels. Cette analyse de l’internet en tant qu’infrastructure urbaine n’aborde pas encore la complexité des usages, alors en essor, et bientôt massifs. En 1999, Dominique Boullier dans on ouvrage l’Urbanité Numérique (BOULLIER, 2009) établit alors un rapport nouveau du numérique au territoire à travers les changements paradigmatiques engendrés par l’acuité inédite que les TIC offrent à leurs usagers sur le territoire et ses ressources. Le concept de relation entre numérique et territoire ne passent donc plus seulement par une continuité de l’histoire des techniques et réseaux urbains, mais bien également par un changement sociologique et perceptif de la part des utilisateurs des TIC. En cela, les TIC introduisent un nouveau mode d’appropriation et de pratique du territoire. Pour Serge Wachter (WACHTER, 2010) : « c’est bien plus les habitants que la ville ellemême qui devient numérique ». La fin des années 2000 traduit, selon Pascale Luciani-Boyer, membre du Conseil National du Numérique et présidente du Club des Elus Numériques (colloque RURALITIC 8ème édition, 11 et 12 septembre 2013), le passage des TIC au numérique comme culture et comme révolution de société, « comme un élément majeur de transformation des politiques territoriales, comme un enjeu clé de mutation sociétale, comme culture du partage. La citoyenneté se transforme aussi par les interactions transverses coordonnées via les outils numériques. » (LUCIANI-BOYER P., 2013) Dans les espaces denses comme dans les territoires à l’étude, les TIC introduisent un nouveau rapport au territoire par cette culture du numérique comme mode d’appropriation et de partage de soi et de son environnement, tissant ainsi une relation intime entre territoire et sphère numérique.
a) « Habiter » le périurbain avec le numérique
Pour Laurent Cailly, le concept de mode d’habiter se définit comme « la relation singulière d’un individu ou d’un groupe social à l’espace géographique telle qu’elle s’exprime dans l’agencement très concret des lieux pratiqués ainsi que dans l’ensemble idéel, tout aussi structuré, de normes, de valeurs, de représentations symboliques ou imaginaires qui vient le signifier ou le justifier. » (CAILLY L. 2009). Cette définition interroge spécifiquement le degré d’influence des TIC sur les modes de représentations spatiales de l’environnement proche et immédiat en milieu de densités intermédiaires. François Ascher considérait en 2002 que les TIC allaient accélérer le FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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processus de périurbanisation : «…certains facteurs risquent de jouer fortement encore en faveur d’une périurbanisation. Le développement de la journée continue (favorisée en France par la loi sur la réduction du temps de travail, la flexibilité des horaires, les semaines de quatre jours) et l’usage des TIC risquent de donner un coup de pouce supplémentaire à l’urbanisation à " longue distance "» (ASCHER, 2002). Martin Vanier évoque la possibilité d’apparition de « hubs socioculturels », et « d’hyperlieux identitaires connectés » contribuant à l’émancipation de ces espaces, notamment grâce aux TIC (VANIER, 2005). Cette approche de l’urbain peu dense par la dynamique plus que par le statique rejoint ici la lecture de Melvin Weber : « c’est l’interaction, et non le lieu qui est l’essence de la ville. » (WEBER, 1964). Dans les travaux menés par Philipe Vidal et Lionel Rougé16, les TIC apparaissent comme des espaces d’émancipation et des vecteurs de nouvelles représentations de son territoire. Plus que les espaces eux-mêmes, ce sont davantage des pratiques des habitants qui contribuent à changer le visage des territoires dits périurbains, par les nouvelles pratiques qui s’y introduisent. « Cette appropriation numérique contribue à donner à l’habiter périurbain un surcroît d’intérêt, conférant à la maison périurbaine une plus grande valeur d’usage. Les TIC améliorent le confort de l’habitation en diversifiant ses fonctions et en préservant voire en décuplant « le bien-être pavillonnaire » (VIDAL, ROUGE, 2011 : 17). Comme le montre l’étude de Lionel Rougé et Philippe Vidal à propos des recompositions périurbaines en cours, les TIC participent à une réorganisation des modes de vie périurbains (VIDAL, ROUGE, 2011). Deux grandes dimensions ressortent des usages habitants : - une valorisation de l’habitat pavillonnaire par des usages relevant de la sphère individuelle et privée ; - une émancipation de ces espaces en quête d’affirmation et d’autonomie, par l’émergence de pratiques basées sur les ressources numériques sur le territoire (e-services, réseaux sociaux, etc.). Finalement (et contrairement à ce qui est généralement dénoncé pour les campagnes fragiles), l’acteur public peut saisir cette assez forte appétence habitante pour aller au-delà de la problématique infrastructurelle et déployer des équipements (notamment les espaces de coworking), et des services numériques permettant de construire une ville plus durable. La tendance à la constitution de nouveaux pôles émergents dans les couronnes des aires urbaines (CHALONGE, BEAUCIRE, 2007) trouve dans les TIC un moyen supplémentaire d’affirmation. Les TIC (via les usages du e-commerce et de la e-administration) semblent donc pouvoir engendrer une forme de recomposition de la quotidienneté des ménages
16 P. VIDAL, L. ROUGE, Les espaces périurbains habités par le numérique ? Le cas de la Normandie, Certu, août 2011. FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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périurbains autour de leur domicile. Elles redonnent un ancrage territorial à des ménages qui témoignent traditionnellement d’une relation très volatile au territoire de résidence.” Philippe Vidal et Lionel Rougé parlent d’une maturation périurbaine avec l’apparition d’un “tiers-espace” dans les territoires périurbains par l’intermédiation des usages des TIC. La relation à l’espace habité apparaît donc renouvelée grâce à une meilleure maîtrise des stratégies de mobilité par l’usage des TIC (VIDAL, 2009). Les TIC contribuent dans une large mesure à engager certains territoires périurbains dans un processus d’”épaississement territorial” (VIDAL, ROUGE, 2011). “Désormais, les TIC constituent un atout additionnel à la localisation en périurbain et dopent l’attractivité de cet espace. Toutefois, elles créent par la même occasion des hiérarchies entre les territoires périurbains offrant des conditions numériques disparates, tant sur le plan des infrastructures, des équipements que des services et des contenus.” (VIDAL, ROUGE, 2011 : 11). Une géographie des services numériques émerge et fait apparaître les interconnexions en germe dans le quotidien des habitants des espaces périurbains. Dans l’enquête de Lionel Rougé et de Philippe Vidal, sur les trente entretiens effectués, peu d’entre eux ont manifesté un désintérêt pour les TIC et les usages de l’espace qu’ils permettent. Le constat de l’enquête menée en région Basse-Normandie et Haute Normandie peut ainsi être résumé par l’affirmation suivante : « Ces objets sont désormais perçus le plus souvent comme une condition du bien-être pavillonnaire périurbain. Ceci est particulièrement notable pour les ménages les plus récemment installés correspondant à une génération pour laquelle ces technologies se sont banalisées et complètement intégrées dans la quotidienneté. Ces derniers ont considéré la capacité du lieu à proposer un bon niveau de connectivité comme un critère décisif de l’installation. » (VIDAL, ROUGE, 2011 : 48). Les secteurs périurbains offriraient les meilleures conditions d’une bonne appropriation des TIC : « dans les zones urbaines et périurbaines, on observe un réel besoin et des attentes fortes pour des espaces d’accueil de télétravailleurs » (VIDAL, ROUGE, 2011 : 83). Les TIC longtemps perçues comme un instrument du repli sur soi sur le registre « bien vivre et travailler dans sa maison avec les NTIC » (MATHIEU, 2007) trouvent dans ce nouveau concept un surcroît de modernité en permettant l’ouverture de nouveaux espaces de sociabilité, tel que ceux des réseaux sociaux numériques. Dans une étude sur l’agglomération rennaise (Ca bouge dans le périurbain, 2011), le constat d’une appropriation des TIC par les habitants de densités moyennes et faibles, aux abords des polarités urbaines centrales, converge également vers celui d’un habitat hybride où l’espace sollicité par les habitants dépasse largement le simple couple entre domicile et travail :
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“Ces populations hybrides, munies pour certaines de TIC tissent une toile complexe sur l’armature des transports préexistante, et rebroder par-dessus des motifs jusqu’alors inconnus, qui modifient le champ des possibles et le paysage périurbain.” (LE BRETON, LE CORRE, STEUNOU, 2011 : 45) Cette maturation des espaces de densités intermédiaires révèle la qualité d’espaces dynamiques, dont le dénominateur commun tendrait vers la complexité des interactions entre habitants et territoires, non-stables, et entre différents modes d’habiter plus que vers l’homogénéité de ces territoires. Comme Melvin WEBER le définissait en 1964, on pourrait parler de « domaine urbain », c’est-à-dire de « la constitution de groupes hétérogènes de personnes qui communiquent et agissent dans l’espace, avec un niveau spatial ambiguë et jamais stable » (WEBER M., 1964 : 33). On pourra revenir sur la notion de spatialité en retrouvant la notion de domaine urbain en lien avec l’analyse des contenus géolocalisés.
b) Un désir de local par l’expressivité numérique
Une récente étude menée par l’institut Harris Interactive et les Pages Jaunes a pu mettre en avant un lien entre territoires et réseaux sociaux numériques. Cette étude place le curseur sur une dimension prospective des contenus des réseaux sociaux en demandant aux enquêtés ce que pourrait être l’avenir des réseaux sociaux, pris dans des contextes spécifiques, avec un échantillon d’usagers représentatifs. Cette enquête basée sur 2 000 questionnaires recensant un échantillon d’usagers de 15 à 65 ans, a été effectué durant les périodes du 21 mai au 4 juin 2012. Les questions portent sur les relations entre usages de réseaux sociaux et les proximités locales de ces usages avec leur territoire. On peut ainsi supposer, à partir des résultats obtenus, qu’il existe une forte relation entre réseau social numérique en tant qu’espace de société virtuel, et territoire où se concrétisent et se construisent les rapports sociaux urbains. Ainsi, plus de 61% des répondants ont pu indiquer qu’ils trouvent, ou seraient intéressés pour avoir accès à des d’informations sur leur ville ou leur quartier sur le réseau social Facebook. Le rapport que construisent les habitants avec les médias sociaux numérique tend à ancrer des usages de représentations territoriales et de description de son espace d’affinités et de pratiques dans un quotidien connecté.
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FIGURE 15 : Aujourd'hui, vous arrive-t-il de lire ou de trouver des informations concernant votre ville ou votre quartier sur Facebook ?
Source : www.harisinteractive.fr
Bien qu’il demeure une population « jeune » sur les réseaux sociaux numériques (63% des personnes ayant répondants trouver des informations locales ont entre 15 et 34 ans), une part moyenne élevée parmi les différentes classes d’âge sont intéressés par l’affichage et l’accès à des contenus plus ancrés localement et en lien avec leur quotidien. Les usagers du réseau social ont indiqué vouloir trouver des contenus numériques en lien avec la culture et le loisir. Cette tendance à une temporalité du loisir en croissance rejoint les analyses mobilité faites par l’INSEE montrant que 40% des déplacements se font pour satisfaire une activité de loisir (ENTD, 2008).
FIGURE 16 : Lorsque vous lisez /trouvez des informations sur votre ville/quartier sur Facebook, de quels types de contenu vous plairait-il ?
Source : www.harisinteractive.fr
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En termes d’échanges de contenus sur la ville et ses quartiers, les utilisateurs interrogés déclarent échanger des informations et des photos sur leur ville et quartier via le réseau Facebook en tant que médiateur d’informations territorialisées. L’interface numérique du réseau social semble recéler des objets spatiaux et d’interaction en germe dans les productions individuelles de contenus sur Facebook, contribuant à un épaississement territorial dans les territoires de densités intermédiaires métropolitains à l’étude.
FIGURE 17 : Aujourd'hui, vous arrive-t-il de partager des informations ou des photos concernant vos centres d‘intérêt via Facebook ?
Source : www.harisinteractive.fr
55% des utilisateurs qui partagent ou pourraient partager ces contenus liés thématiquement au territoire, le font autour d’actualités locales culturelles et de loisirs. Il est dès lors intéressant de lier cette statistique médiatique avec une approche spatialisée de ces contenus, par l’étude des géoréférencements du réseau social Facebook. Facebook serait d’ailleurs aujourd’hui, selon certains éléments de cette même enquête, la plus grande bibliothèque numérique de photographies urbaines et territoriales du monde. La culture du partage affiliée à celle du web 2.0 aurait ainsi provoqué une explosion sans précédent de diffusion et de commentaires sur son milieu de vie. Au regard du diagramme (FIGURE 17), on peut aussi constater qu’une part importante des enquêtés, et relativement égale selon les tranches d’âge choisies, n’apporte pas d’attention ni d’attrait particulier pour la diffusion de contenus en lien avec les centres d’intérêts ou les informations locales. Ainsi et bien que les usages du numérique se généralisent et se complexifient, on ne peut pas généraliser les résultats de cette enquête sans erreur d’échelle.
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FIGURE 18 : Trouveriez-vous intéressant de partager des informations concernant…
Source : www.harisinteractive.fr
La problématique de la mise en récit du territoire par l’image via les réseaux sociaux, permet de révéler les interconnexions entre les différentes plateformes, comme si, à partir de ces espaces et lieux virtuels de sociabilité connexes se produisaient des synergies destinées à décrire le territoire par le crowdsourcing des utilisateurs (autrement dit par les interactions « des liens faibles » (GRANOVETTER, 1973) que sont souvent ceux décrits dans les réseaux sociaux numériques). Les résultats de l’étude présentée ici exposent l’objet réseau social numérique comme un vecteur d’ancrage au territoire, à la fois par les usages des habitants présents sur le réseau et également à travers les attentes de ces usagers quant aux possibles évolutions du réseau social Facebook. Il est ainsi intéressant d’interroger, en regard des résultats contextualisés dans les territoires, les attentes particulières des utilisateurs interrogés lors de l’enquête Harris Interactive. L’appétence des usages de Facebook liés au territoire soulève la question des liens entre l’habiter du territoire, selon les termes de la définition de Laurent Cailly du mode d’habiter17, et les relations des individus au territoire par le numérique. En effet, les pratiques de partage des lieux, traduites virtuellement par des contenus associés précis renvoient à cet « agencement […] concret des lieux pratiqués ainsi que dans l’ensemble idéel, tout aussi structuré, de normes, de valeurs, de représentations symboliques ou imaginaires » (CAILLY, 2004).
17 « la relation singulière d’un individu ou d’un groupe social à l’espace géographique telle qu’elle s’exprime dans
l’agencement très concret des lieux pratiqués ainsi que dans l’ensemble idéel, tout aussi structuré, de normes, de valeurs, de représentations symboliques ou imaginaires qui vient le signifier ou le justifier. Nous suivons ainsi les pistes théoriques ouvertes […]. » (CAILLY, 2009) FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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c) Mise en récit du territoire par les TIC et les réseaux sociaux : médias sociaux et visualisation de données
« L’accessibilité a aujourd’hui remplacé la proximité du lieu. […] L’accès libère de la cohabitation territoriale. » (WEBER, 1962 : 58)
A l’ère du numérique et du développement exponentiel des réseaux sociaux numériques, les territoires périurbains subissent une transformation profonde sur le plan de la relation de l’usager aux territoires. Les TIC entrées dans le quotidien des habitants, redimensionnent l’espace vécu en lui donnant une épaisseur soudaine, en matière d’accessibilité à la ressource territoriale. Les potentialités en germes dans les outils que représentent les TIC, sont l’objet d’un vif intérêt de la part de grands groupes industriels et de collectivités désireuses de passer à un haut niveau de services numériques dans les territoires diffus. La mobilité des biens et des ressources du territoire est en jeu dans leur accessibilité et c’est sur ce point que les TIC tendent à ouvrir de nouvelles voies d’adhérence individuelle et collective au territoire. Les réseaux sociaux, métamorphoses virtuels d’une société dans laquelle se dessine liens, groupes d’intérêts et partage de valeurs, sont au centre des reconfigurations et des mutations territoriales en milieu de densités intermédiaires. De nombreuses enquêtes et visualisation de données révèlent l’importante place que jouent ces réseaux dans le quotidien connecté des citadins.
Facebook, réseaux sociaux et territoires : le territoire à l’heure du numérique
La croissance spectaculaire et la dissémination dans toutes les couches sociales des technologies numériques françaises et des pays industrialisés transforment les relations des individus entre eux et avec leur environnement. Ces nouvelles techniques du quotidien engagent de nouveaux rapports, de nouvelles négociations avec l’environnement local et quotidien, avec les aires de vie. On peut parler de technologies relationnelles qui forment pour Jeremy Rifkin la catégorie des « technologies R » (RIFKIN, 2009), qui bouleversent non seulement les processus économiques mais également les appareils d’individuation, c’està-dire l’appareil formulant les rapport de l’individu à son cercle social et à son espace de vie. Les réseaux sociaux numériques que l’on a pu définir à l’origine comme antisociaux, peuvent être vu sous un autre angle. On a pu également observer de nombreuses analyses dressant un portrait de ces réseaux comme anti-territoriaux, c’est-à-dire coupés de réalités territoriales. Françoise CHOAY, dans la préface de l’œuvre de Melvin Weber (WEBER, 1964) a pu parler de « dé-spatialisation des lieux ». Nous pourrons voir dans quelle mesure ce concept recouvre, ou non, la réalité des usages numériques.
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FIGURE 19 : tweetographie à l’échelle européenne
Source : blog.twitter.com
Cette cartographie figure l’intensité des « tweets » publiés par les utilisateurs à l’éhelle de l’Europe sur le réseau social de microblogging Twitter. Cette cartographie révèle une intensité urbaine de ces pratiques en reproduisant les réseaux infrastructurels et l’armature urbaine française. L’intensité des rapports numériques au territoire se traduirait-il par un rapport densité/connectivité du territoire ? Il est pertinent d’en faire l’hypothèse à l’échelle européenne. A l’échelle mondiale, de récentes recherches ont été menées par Martin Dodge et Rob Kitchin, et publiées sur le site cybergeography.org afin de formaliser le rapport entre structure spatiale et géographie des liens numériques sur le territoire. (Martin Dodge, Rob Kitchin, Atlas of Cybergeography, Londres, Addison Wesley Longman, 2001).
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Plusieurs moyens existent pour mettre en récit le territoire et canaliser certains types d’informations locales et signifier l’ancrage symbolique d’un lieu numérisé sur le territoire par un usager du réseau social. La géolocalisation, au cœur de la récolte des données hyperlocales, est la pierre angulaire d’une sorte de méta-cartographie (telle que Google Maps), réceptacle des données des utilisateurs des réseaux sociaux numériques.
FIGURE 20 : utilisateur mobile de la géolocalisation d’un lieu sur smartphone
Source : www.blogspot.com
Cette photo montre un exemple d’utilisation de la fonction de géolocalisation de Facebook dans une situation de mobilité. Une forme de récit du territoire bottom-up se construit à travers ces interventions connectées massives. C’est à partir de cette action individuelle et maîtrisée que nous analysons les données issus du réseau social. Les usagers donnent ainsi à voir collectivement les lieux et territoires à fortes identifications numériques, témoignant de pratiques et d’usages mis en scène par les TIC et la culture numérique du partage et de la visibilité de contenus spatiaux.
Citadin connecté : émetteur de données territoriales Le citadin, équipé d’un téléphone mobile, est propulsé au rang d’individu communiquant mobile. On va déterminer ses relations à distance non plus seulement à travers un poste téléphonique dont l’origine est le foyer, la maison ; mais aussi à travers sa mobilité cognitive, son déplacement enrichi par les signaux que l’usager fixe dans l’espace numérique du réseau social. Le territoire, comme support des ressources se trouvent bouleversé par l’introduction organique du numérique dans le tissu urbain. Le téléphone devient très vite un prolongement de soi, et de son univers quotidien qui sert à communiquer plus et mieux. En société, il devient de plus en plus pratique d’être connecté aux différents réseaux. Les modes FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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traditionnels d’interactions physiques et dures se dissolvent au profit de relations plus faibles et plus nombreuses. Comme pour le web 2.0 (qui allie numérique et télécommunication), la téléphonie mobile va permettre, pour ceux qui y ont accès, une maximisation des interactions sociales. Et à plus grande échelle dans les espaces urbains denses qui appellent cette maximisation des échanges. On peut désormais échanger une quantité décuplée d’informations à partir des terminaux mobiles qui suivent le quotidien.
Pour mettre en récit le territoire, les usagers du réseau social peuvent identifier leur position directement depuis leurs terminaux mobiles. Cette fonctionnalité permet dans une dynamique de mobilité, de naviguer le territoire numériquement par l’intermédiaire de la fonction : CHECK-IN18 de Facebook. L’enrichissement volontaire de lieux, de personnes présentes, de photos, de récits personnels, etc. construit une sorte d’engagement numérique du territoire de la part des usagers qui façonnent collectivement l’intensité géonumérique d’un lieu. On peut invoquer ici une lecture anglo-saxonne du numérique comme vecteur de transformation socio-spatiale avec le concept de “Long ici” (Long Here), c’est-à-dire le fait que l’usager est un petit point sur le territoire imbriqué dans un espace plus grand, est un concept est développé par le spécialiste de l’aménagement numérique Adam Greenfield (GREENFIELD, 2007). Ce concept renvoie à l’ancrage, à la persistance d’un historique de tout lieu que l’on traverse. Chaque lieu, spécifié par ses coordonnées sous forme de données, possède une profondeur dans le temps, accessible via la géolocalisation. Le meilleur exemple qu’on puisse en donner, ce sont les photos, adresses et lieux remarquables géoréférencés sur la carte de Google, capable de donner un véritable historique des lieux où l’on passe et même un sentiment de visite du lieu. Ce temps du « Long Here » se matérialise donc dans des infrastructures qui vont parler du territoire, et produire le territoire en tant que quantité de données accessibles sous formes d’informations dans les TIC. Le concept du Long Here permet de percevoir la déformation territoriale que les usages et le marquage du territoire par les habitants introduisent. Les usagers par leur géolocalisation ou CHECK-IN s’inscrivent dans cette dimension spatiotemporelle numérique qui permet de décrire le territoire par les usages de ces passants connectés.
18 Traduction : se déclarer présent à … (tel endroit) FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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FIGURE 21 : paramétrage de la géolocalisation volontaire sur smartphone personnel
Source : www.directioninformatique.com
L’inscription de l’usager dans l’espace numérique territorialisé dépend de son action déclarative et volontaire, de paramétrage de sa géolocalisation personnelle diffusée et partagée en réseau parmi une communauté humaine identifiée par l’utilisateur sur Facebook.
Engagement numérique territoriale
Cette nouvelle forme sociale de relations territoriales géolocalisées n’induit pas une détermination des rencontres mais au contraire une grande sérendipité19, favorise l’imprévu et le territoire. Le numérique pourrait introduire en quelque sorte la « dérive situationniste » au sens de Guy Debord (DEBORD, 2000), c’est-à-dire une errance numérique territorialisée, une technique du passage hâtif à des ambiances variées. Entre les liens forts se greffent des liens plus faibles, une nébuleuse d’opportunités, de liens, et de rencontres qui se matérialisent par un contact qui peut être pérenne entre individus sur le service mobile. La mobilité alternative du covoiturage s’impose par exemple comme un tissage de liens entre le réseau numérique qui agrège les intérêts et les réseaux réels (viaires, ferrés), terrain de la mobilité qui sont eux-mêmes conditionnés par les flux et les rencontres.
19 terminologie utilisée par le prospectiviste George Amar pour décrire les aléas de la redécouverte augmentée du territoire permise par l’usage dilettant des TIC. FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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Les réseaux sociaux impliquent un réappropriation collective de la ville. Ils produisent de la donnée géosociale. Les déplacements vont ainsi s’effectuer selon les informations sur les lieux. Ces informations sont catalyseurs de représentations de quartiers, et de lieux. Une expérience collective de la ville se construit donc, on le voit, avec l’expérience récente des rencontres publiques coordonnées sur les réseaux sociaux, comme Facebook par exemple avec les flashmobs 20 , véritables phénomènes médiatiques ; ou encore les alertes de perturbations trafic sur Twitter.
Récit du territoire par la datavisualisation : « geekeries » urbanistiques
Pour illustrer cette facétie linguistique de geekerie, voici une illustration sous forme de plateforme de données, permettant d’insérer un hashtag21, issu du dictionnaire thématique Twitter, de ville ou de quartier géoréférencés sur le réseaux social numérique de microblogging, afin d’y visualiser les différentes photos indexées dans ces mêmes lieux directement sur le réseau social FlickR, reposant sur le partage de contenu photographique. Ces usages de mise en récit ouvert du territoire sur les réseaux sociaux tel que FlickR exposent de manière sensible les hauts-lieux du territoire qui se pratiquent et qui se racontent par des interventions individuelles interposées. Les nombreux outils servant à agglomérer ces données photographiques et numériques sur le territoire inventent de nouvelle manière d’apprendre, de découvrir et d’analyser le territoire. La méthodologie élaborée dans le cadre de cette contribution au programme de recherche du PUCA intègre ainsi ces modes de navigation et de pratique du territoire à travers les interfaces numériques ouvertes.
20 Flashmob ,ou foule éclair, ou encore mobilisation éclair, est le rassemblement d’un groupe de personnes dans un lieu public pour y effectuer des actions convenues d’avance, avant de se disperser rapidement. Le rassemblement étant généralement organisé au moyen d’Internet, les participants ne se connaissent pas pour la plupart. (WIKIPEDIA).
21 Le hashtag est un marqueur de métadonnées couramment utilisé sur internet où il permet de marquer un contenu avec un mot-‐clé plus ou moins partagé. Composé du signe typographique croisillon « # » (appelé hash en anglais), suivi d’un ou plusieurs mots accolés. Il est particulièrement utilisé sur les réseaux sociaux tels que Twitter, Tumblr, Google+ et Facebook. (WIKIPEDIA) FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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FIGURE 22 : mise en récit du territoire par la génération et la visualisation de médias géolocalisés : exemple de l’API Tag Galaxy
Source : www.taggalxy.de
La plateforme de visualisation interactive de la région Ile-de-France Dataviz propose des outils freeware 22 pour des représentations originales du territoire par la multitude des contenus associés de façon sémantique aux espaces personnels des utilisateurs de réseaux sociaux (FlickR, Instagram, Facebook, Twitter, etc.). Ce type d’outils permet un partage et une représentation des médias géolocalisés (NOVA, 2013) entre usagers. Cette notion de partage de valeurs numériques territoriales invite à la lecture de ces usages par une forme d’ « urbanité numérique » (BOULLIER, 2009), où les habitants favorisent par les TIC la reconnaissance d’une domesticité partagée, à travers les contenus médiatiques d’un environnement vécu.
22 Un freeware, graticiel ou gratuiciel, est un logiciel propriétaire distribué gratuitement sans toutefois conférer à l'utilisateur certaines libertés d'usage associées au logiciel libre. (WIKIPEDIA) FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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FIGURE 23 : symbole de la géolocalisation : scénographie artistique ou quand le réseau social rencontre le territoire
Source : www.blogspot.com
Grâce à des applications mobiles proposant de plus en plus de services de géolocalisation de soi dans le quotidien des pratiques territoriales, les cartes s’enrichissent et décrivent le territoire et permettent de lire un espace d’informations augmenté. L’accès au numérique mobile peut ainsi être appréhendé comme l’accès à son territoire. L’usager ne lit plus la carte pour savoir « où je suis », mais lit l’ensemble des informations sur le territoire à partir de sa position géolocalisée. « Je suis partie prenante de la carte, et je peux y contribuer » : ce que l’on nommera « craftware »23 selon l’expression de Franck Beau (BEAU, 2009).
3/ Révéler l’hyperlocal : quotidien des usages numériques
a) réseaux sociaux et territoire de proximité : l’hyperlocal par les plateformes sociales relationnelles
Quand on « navigue » les plateformes de réseautage social comme Facebook, emblème des médias sociaux, on constate que la caractéristique essentielle d’un média social est qu’il nous propose une autre forme de lecture que le média : alors que sur le média, la lecture personnelle est guidée par l’éditorialisation proposée par l’éditeur du média, avec le média
23 Néologisme imaginé par le spécialiste du jeu en ligne Frank Beau, désignant l'ensemble des créations et productions des joueurs en ligne, donnant vie à un monde virtuel et sa communauté. FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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social, la lecture est orientée par les relations, les parcours, et l’historique de l’usager, autopromoteur des contenus qu’ils élisent. Facebook est un site où chacun est invité à partager de l’information et à faire-part de ses préférences avec son réseau d’amis. Et ce sont les relations au sein de ce réseau qui permettent d’accéder aux informations que les autres diffusent. Plus que les profils en eux-mêmes, c’est l’activité qu’accomplissent les différents usagers en réseaux via Facebook qui est intéressante : les images et textes qu’ils y échangent, les recommandations qu’ils adressent, les services qu’ils utilisent et auxquels, en partageant l’information, ils permettent d’accéder. L’ensemble de ces interactions formule sur les cartographies numériques de Facebook, les recommandations, affinités, expériences territorialisées. Les différents internautes expriment numériquement une appartenance territoriale par le biais de la plateforme sociale relationnelle, c’est-à-dire un espace d’interaction a-territoriale entre des réseaux structurés à la fois par les intérêts (communautés de réseaux sociaux) et par les proximités relationnelles réelles et géographiques (amis, connaissances, etc.). Les services comme DisMoiOù, ou encore Trip Advisor sont des exemples concrets de ces plateformes relationnelles faisant appel à des liens d’intérêts avec un réseau de lieux territorialisés de manière qualitative (recommandations, photos, commentaires, etc.). « Les médias sociaux sont des supports de diffusion massifs de l’information (des médias) orientée par les relations sociales. C’est bien le fait que la connexion entre amis transforme ce à quoi on accède qui fait « média social ». D’une certaine manière, les médias sociaux n’existent pas en tant que tel. Sans utilisateurs, Facebook serait une page vide. Il n’y a échange d’information que s’il y a échanges entre les utilisateurs. » (GUILLAUD S., 2011)
b) Représentation de l’hyperlocal : le numérique comme vecteur d’individualisation de l’hyperlocal
« La parallaxe est l’incidence du changement de position de l’observateur sur l’observation d’un objet. En d'autres termes, la parallaxe est l'effet du changement de position de l'observateur sur ce qu'il perçoit. » (WIKIPEDIA). La notion de parallaxe s’invite ici pour décrire un changement majeur en matière de représentation de son territoire. En effet, la géolocalisation constitue un changement de position de l’habitant des territoires périurbains. Alors que l’habitant se repère par des lieux et adresses connues, se guide sur le plan statique du réseau de transport en commun ; l’habitant muni d’outils numériques, redimensionne sa mobilité dans un espace géolocalisé, c’est-à-dire constitué par sa propre centralité. L’usager de technologies numériques devient numérique par sa qualité de donnée en interaction numérique, et dont il est l’agent performatif. L’exemple de la géolocalisation souligne un rapport en germe entre le territoire comme entité physique, et le numérique comme objet social et traduisant les dynamiques de flux urbains. Serge Wachter dénote que « c’est bien davantage l’individu que la ville qui devient FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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numérique » (WACHTER S., 2010). Même si la société de l’information n’a pas encore « imprimé sa marque sur le paysage de la ville et la morphologie urbaine, elle a en tout cas marqué durablement les pratiques quotidiennes des villes et les représentations collectives de ce que pourra être la ville », qui ne peut désormais plus se faire sans composer avec les technologies fortement diffusées (smartphones, ordinateurs, réseau internet, etc.). La ville physique ainsi que ses réseaux ne changent pas vite. « Le tissu urbain à l’instar de l’évolution des technologies et des ressources urbaines qu’elles exploitent, est marqué par l’immuabilité » (WACHTER S., 2010). De longues périodes sont en effet nécessaires pour voir des espaces urbains se reconfigurer, évoluer, se transformer. Pour William J. Mitchell, urbaniste et designer, une telle résistance matérielle ou faible élasticité au changement est due à la prégnance des trames urbaines façonnées par les réseaux de voirie. En effet, « l’immuabilité des plans de rue est l’une des raisons à la lenteur des changements de la configuration et de l’aspect physique des villes. Une fois établis, ces plans subsistent généralement pendant des décennies, voire des siècles entiers » (MITCHELL, W. J., 2000). Une telle permanence des infrastructures des voiries s’explique par leur caractère structurant mais aussi par leur capacité d’évolution et d’adaptation aux mutations des tissus urbains. Pour Serge Wachter, (WACHTER, 2011) les voiries constituent le « patrimoine génétique » de la ville, les parcelles et le bâti pouvant varier au fil du temps et à des degrés divers par rapport à la permanence géographique de la trame viaire. Ce patrimoine génétique, n’est pas modifié dans sa forme physique par le biais numérique mais par les pratiques induites par les outils numériques. Les liens entre lieux se redessinent dans un contexte d’hyperconnectivité des espaces. A la trame viaire des villes s’intègrent la trame des réseaux numériques alimentées par les données en tous genres (communications téléphoniques, flux de voyageurs, transactions monétaires, réseaux sociaux, etc.).
La carte et le territoire
La géolocalisation peut être prise comme exemple pour manifester le lien fort entre territoire tangible et réseau numérique comme espace de réseaux. En effet, le simple outil de géolocalisation dynamique et de moteur de recherche urbain géolocalisation sur Google Maps permet de se situer sur le territoire comme centre et de considérer le contenu territorial intégré à ces plans numériques comme une périphérie plus ou moins proche. Le citadin peut bénéficier d’une vision élargie des ressources qui l’environnent à partir de son propre ancrage au territoire, de sa propre position X ; Y. On ne se représente plus sur la carte en cherchant sa localisation, mais on cherche les ressources du territoire à partir de sa vision égocentrée et géolocalisée. L’accès facilité aux ressources via un médiateur d’informations territoriales introduit une mobilité augmentée, en tant qu’accès aux ressources. En ce sens, l’arrivée du numérique dans les poches et la mobilité des citadins constituent une parallaxe de la représentation de son espace urbain dispersé comme « vision égocentrique » succédant à la « vision géocentrique » (AMAR G., 2011) du territoire cartographié et statique, ne délivrant que l’information représentée.
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FIGURE 24 : navigation numérique avec l’outil Google Street View : d’une vision géocentrique à une vision égocentrique augmentée du territoire
Source : maps.google.com
A travers les demandes explicitées sur le réseau social et mondial Facebook, on voit comment les pratiques du territoire viennent s’introduire dans le réseau numérique et comment d’une certaine façon le territoire se numérise à travers les pratiques que l’on peut y exercer en étant connecté sur l’espace relationnel des réseaux sociaux. Ne parle-t-on pas aussi de site, de navigation, de portail, d’interface, de forums de discussion pour parler des espaces de pratiques d’internet ? La plateforme de navigation numérique territoriale Street View illustre ce glissement sémantique et linguistique entre lieux pratiqués matériellement et leurs virtualités numériques qui les rendent universellement accessibles. La navigation s’aborde ainsi par l’accès virtuel à l’information du territoire réel par une action virtualisée, mais créant des incidences réelles dans le quotidien hyper informé des habitants. L’exemple de cette voirie à Eaubonne, accessible par l’outil Google Street View illustre le lien entre la virtualité du lieu et l’accessibilité cognitive permise par un outil cartographique quasi ubiquitaire.
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FIGURE 25 : infographie sur l’essor des contenus locaux sur Facebook
Source : www.frenchweb.com
61% des interrogés aimeraient trouver des informations sur leur ville ou quartier dans ce réseau. Ces réseaux que l’on disait a-territoriaux et renfermant l’individu dans un univers relationnel extrêmement restreint montrent en réalité une volonté de pratiques nouvelles par l’expression de son territoire dans le réseau. Les échelles sont mentionnées (ville, quartier), racontant ainsi la sensibilité des usagers mobiles et connectés à la dimension spatiale de
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leur pratique d’un territoire numérique (ici Facebook en relation étroite avec le territoire réelle, pratiqué et matériellement vécu.
c) Vers une représentation hyperlocal par le numérique ?
Le concept d’hyperlocalité pose la question de la définition de la localité d’un site ou d’un service. Est-ce le lieu de son serveur, de son éditeur, de son propos, de ses utilisateurs ? Ensuite, comme le suggère Fabien Girardin (GIRARDIN, 2008 : 47), « il faut peut-être s’interroger en profondeur sur ce que recouvre la notion de voisinage, et comment elle s’articule sur le plan numérique. » Pour Judith Donath, directrice du Sociable Media Group, les discussions et interactions entretenues par les usagers sur le réseau social Facebook24 « ne se comprennent que dans un réseau de relations et de signes dans lequel elles s’inscrivent ». Il faut bien l’admettre, on ne connait pas la nature précise des pratiques numériques géolocalisées dans les territoires d’urbanisation dispersée. Le travail des données de cette étude cherche davantage la mesure de l’ancrage territorial des activités numériques des usagers connectés sur le territoire et leur identification par attribution qualitative des lieux qu’elles désignent. A travers un réseau que l’on considère comme un objet a-territorial, décontextualisant les ressources que ses utilisateurs partagent, on peut observer des dynamiques spatiales à travers des réseaux de lieux relevant de l’hyperlocal, et du renforcement de l’accès aux ressources du territoire. L’objectif est ainsi d’appréhender quelle esquisse du « graphe social » territorial des densités intermédiaires à l’étude et de faire ainsi émerger ce qui pourrait apparaître comme hauts-lieux numériques du territoire. Comme le souligne Pierre Musso, professeur des sciences de l’information à l’université de Rennes, lors de la conférence sur les territoires virtuels organisée à l’occasion du colloque du 10e anniversaire du GET, « le plus important ne repose plus seulement dans l’observation, c’est-à-dire dans ce schéma de la représentation hérité de la Renaissance, où l’on regarde un territoire de haut pour en comprendre les forces, mais dans une logique de co-construction, d’interaction et d’immersion : les territoires sont comme les miroirs de nos activités numériques, la marque de la vie sociale de notre connexion. »
24 http://www.internetactu.net/2011/03/15/comprendre-‐facebook-‐13-‐le-‐role-‐social-‐du-‐bavardage/, (consulté le 11 juin 2013) FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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FIGURE 26 : le graphe social25 de Facebook ou comment représenter le territoire par interactions numériques réticulaires en mouvement
Source : Visual Complexity, Mapping Patterns of Informations, 2013 (LIMA. M)
L’expression et la modélisation du graphique social permettent de rendre compte d’une étendue interactive non-définie et anonyme sur Facebook. A travers les géoréférencements récoltés sur le réseau, on observe quelles proximités de liens sur le territoire peuvent exister, ainsi que des types quantifiables et qualifiables d’intensités numériques par les usages individuelles du géoréférencement. On peut se interroger les types d’ancrages territoriaux que l’on doit accorder à ces contenus partagés sur la plateforme relationnelle Facebook à partir de la cartographie sociale publique du réseau ciaprès. « Le graphe social… il y en a un seul et il comprend tout le monde. Personne ne le possède. Ce que nous essayons de faire c’est de le modeler, le modéliser, de représenter exactement le monde réel en en dressant la carte (to mirror the real world by mapping it out). » (Mark Zuckerberg, co-créateur de Facebook) A l’échelle du territoire à l’étude, la modélisation et les modes de représentation de potentiels hauts-lieux numériques interroge le dynamisme et les complexités en germe dans les pratiques numériques des usagers dans les territoires de densités intermédiaires.
25 Le Graph Social de Facebook, désigne le réseau de relations constitué de l’ensemble des membres Facebook et des éléments pour lesquels ils ont déclaré un intérêt (amis, entreprises, évènements, lieux, etc..). FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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PARTIE 2 : ANALYSES DE DONNEES TERRITORIALES GEOLOCALISEES SUR LE RESEAU SOCIAL FACEBOOK
1/ Macro-analyse des données géoréférencées sur Facebook dans le périmètre d’étude du PUCA
a) Statistiques des géoréférencements b) Densités intermédiaire et intensité de géoréférencements sur le territoire d’étude c) Réseaux territoriaux et adhérence des données géoréférencées Facebook
2/ Comparaison de trois configurations spatiales sur les territoires de densités intermédiaires : quelles différenciation qualitative à travers les géoréférencements ?
a) Echos des enquêtes habitants et hauts-lieux de géoréférencement sur Facebook : analyse sémantique b) Comparaison de configurations spatiales distinctes sur le territoire d’étude du PUCA : analyse spatiale
3/ Analyse thématique des contenus géoréférencés
a) Typologie de lieux géoréférencés et relations aux territoires : dynamiques et spatialités par les expressions numériques b) Etude de cas : une commune de l’atelier PUCA : Méru c) Proximités et numériques : interfaces numériques et relations à la morphologie urbain
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II – ANALYSES DE DONNEES TERRITORIALES GEOLOCALISEES SUR LE RESEAU SOCIAL FACEBOOK Spatialisation de géoréférencements des espaces de proximité par les utilisateurs du réseau social numérique.
Les représentations numériques des espaces du périurbain dans le périmètre d’étude du PUCA révèlent des visualisations de complexités urbaines que mettent en avant les usages des TIC. A travers ces représentations, est-il question d’élaborer la détection de hauts lieux dans les espaces d’urbanisation diffuse, de révéler la reproduction des centralités existantes, ou encore de révéler une nouvelle typologie de hauts-lieux par les référencements numériques, entre l’échelle des centralités existantes et les proximités avec les territoires d’urbanisation diffuse ? La lecture des territoires de densités intermédiaires par le concept de haut-lieu décrit la variété des appropriations spatiales par les habitants. Les hauts-lieux du quotidien ou de l’événementiel se lisent dans les manifestations virtuelles de leurs usagers. Pour contribuer à une lecture ouverte et innovante de ces hauts-lieux, nous avons choisi d’exprimer la notion de représentations et d’appartenance par les géoréférencements numériques des usagers du réseau social Facebook dans les lieux et villes à l’étude dans le programme de recherche du PUCA. La lecture du territoire par les expressions numériques des lieux présentent l’intérêt de signifier une relation proche (par la proximité géographique des lieux référencés dans les villes) et distendue (par la relation a-spatiale inhérente aux réseaux sociaux numériques tel que réseau social Facebook). Facebook présente la particularité d’inscrire dans sa structure une masse d’informations sur les territoires franciliens et picards ayant permis un référencement qualitatif précis de tous les lieux inscrits dans son moteur de recherche grâce aux contributions individualisées des usagers de Facebook ayant manifesté un intérêt pour un lieu par le géoréférencement public ou CHECK-IN. La masse importante d’usagers présents sur ce réseau a aussi permis d’élaborer des figures statistiques afin de décrire avec ces données, les relations spatiales créées par les usages de géoréférencement sur Facebook.
1/ Macro-analyse des données géoréférencées sur Facebook dans le périmètre d’étude du PUCA
La base de données répertoriée donne à voir des spatialités sur le territoire à l’étude dans le programme de recherche PUCA. Ces spatialités invitent à une lecture du territoire par les signaux d’appartenance numérique au territoire sur le réseau social Facebook. Au total, 1935 lieux ont été répertorié dans 252 communes situées entre l’ouest de la Seine et Marne, le nord du Val d’Oise et le Sud de l’Oise en Picardie. Les territoires observés présentent des situations différenciées en terme de densité et d’attractivité, comme vue précédemment. FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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L’analyse des données Facebook apporte ici une couche de complexité intermédiaire, au moyen des 46 catégories permettant d’élaborer une typologie fine sur la nature et l’intensité des référencements des lieux et communes analysées. Ces 46 catégories ont ensuite été indexées dan une typologie plus générales permettant une meilleure lisibilité de ces données.
FIGURE 27 : 46 types des lieux géoréférencés sur Facebook26
Source : production personnelle
Cette typologie a été établie sur la base des catégories de référencement de lieux du réseau social lui-même. Cette typologie montrera donc les tendances du marquage territorial par le numérique sur Facebook, mais également la complexité de la spatialité en jeu dans les géoréférencements des usagers.
26 Ces catégories de classification de lieux sont ceux répertoriés sur le réseau social lui-‐même. FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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a) Statistiques des géoréférencements
Nous avons dans un premier temps pu procéder à une analyse qualitative des 1935 lieux géoréférencés dans une base de données géographiques et statistiques sur le réseau social Facebook. Cette analyse montre les grandes tendances et les spatialités se situant entre une accroche forte aux centralités territoriales existantes et une valorisation du territoire des densités intermédiaires par des référencements aux lieux « marquants » (CLERC, 2004) et reconnus par les utilisateurs connectés dans les territoires de densités diffuses.
Comment les utilisateurs du réseau Facebook procèdent-ils lors des géoréférencements ? Plusieurs méthodes sont employées par les usagers du réseau social Facebook pour laisser leur trace numérique sur leur cartographie partagée. Deux méthodes principales le permettent : 1/ Les usagers peuvent se géolocaliser directement en utilisant leur terminal smartphone par une connexion brève au réseau Facebook en situation de mobilité. Leur géolocalisation est alors la plus pertinente, car c’est avec celle-ci que l’on peut lier une pratique matérielle du lieu et une identification numérique et virtuelle de soi sur le réseau social numérique. C’est ainsi que l’on peut faire l’hypothèse de pratiques de mobilité réelle en relation avec des pratiques de mobilité virtuelle, qui hybride la situation de l’usager par une connexion au territoire et au réseau virtuelle, et qui territorialise ses usages des outils numériques. 2/ Les usagers peuvent aussi se géolocaliser dans un lieu à partir d’un poste fixe (PC, tablettes) en indiquant, dans leur page personnelle, leur présence datée, commentée, et référencée avec d’autres utilisateurs, dans un lieu particulier auquel est déjà attribué une série de caractéristiques définies par les autres utilisateurs (noms, fonctions, géolocalisation, publications annexes, etc.).
Ces actions, sous l’effet de pratiques massives sur un territoire, conduisent à identifier et à hiérarchiser un nombre important de lieux auxquels sont greffés les qualités quantitatives et qualitatives décrites ciaprès.
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FIGURE 28 : typologie des lieux géoréférencés en classes majeures et classes mineures
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Source : production personnelle
Les 1935 lieux géoréférencés des 252 communes déclinés dans cette typologie d’indicateurs révèlent des tendances de manière globale et statistique sur la nature des lieux reconnus par les usages numériques dans les territoires de densités intermédiaires à l’étude du PUCA.
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FIGURE 29 : graphique quantitatif de la typologie simplifiée des lieux géoréférencés sur Facebook
Source : production personnelle
A partir de la typologie simplifiée, on observe ainsi : 41% des lieux font référence à une activité de service particulier. Ces 41% désignent les activités de services confondues géoréférencés par les utilisateurs du réseau. On peut ainsi faire l’hypothèse d’une identification du haut-lieu numérique à travers le référencement des lieux d’activités économiques et de services, là où se déroule le quotidien des habitants. On pourra observer dans une partie ultérieure de ce travail la spatialité des contenus géoréférencés, mise en rapport avec l’emprise des surfaces d’activités dans quelques cas d’études à l ‘échelle locale. Les lieux d’activités économiques s’inscrivent ainsi comme des lieux d’ancrage et de pérégrination du présent, des aménités du territoire auxquelles on s’associe pour leur reconnaître une fonction virtuelle. 5% des lieux géoréférencés des 252 communes indiquent un emplacement de restauration27 ou de loisir. Cette statistique, bien que vraisemblablement anodine, tend à renforcer deux hypothèses. •
Premièrement les géolocalisations volontaires des utilisateurs (habitants ou non des territoires) se font le plus souvent dans un cadre de loisirs et de divertissements, où l’utilisateur marque son usage du territoire par une proximité, ou une affinité avec un lieu précis. Le loisir en tant qu’activité vectrice de mobilité (réelle et virtuelle) individuelle et collective s’avère être un paramètre d’analyse majeur quant aux données répertoriées.
27 Nous avons choisi de quantifier les lieux de restaurations séparement des lieux de loisirs compte tenu de la masse critique de lieux que forment les restaurants géoréférencés. FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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FIGURE 30 : restaurant géoréférencé sur Facebook : Au Parc Fleuri, L’Isle Adam
Source : www.facebook.com
Exemple de Au Parc Fleuri à L’Isle Adam (restaurant ; 1853 géoréférencements publics) •
Deuxièmement, la concentration des géoréférencements de restauration converge avec la tendance au partage des bonnes adresses et des bons plans avec son entourage numérique (proche, lointain ; connu ou moins connu). On peut citer l’exemple référentiel du réseau social Trip Advisor instituant plus particulièrement cette fonctionnalité organique du partage d’adresses et de leur évaluation. D’une certaine manière, sur le réseau social numérique, le territoire se transforme et se met en partage. C’est avant tout par un langage 2.0 que les usagers du réseau social Facebook façonnent des spatialités reconnues collectivement, c’est avant tout par les liens d’appartenance et de reconnaissance que des proximités locales se recomposent.
Les espaces virtuellement produits par ces référencements introduisent une figure de territoire sensible, mué et représenté par les activités qui s’y déroulent. Les catégories principales qui se dégagent de l’analyse de l’ensemble des lieux caractérisent une activité urbaine foisonnante et complexe, d’où surgissent des nœuds de pratiques et d’appartenance, ici tissé par les usages du numérique.
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FIGURE 31 : Trip Advisor : réseau social de partage d’adresses et d’avis sur les ressources territoriales (hôtels, restaurants, bars, musées, etc.)
Source : www.tripadvisor.com
FIGURE 32 : typologie des lieux géoréférencés relatifs aux loisirs : 15% des lieux géoréférencés
Source : production personnelle
La diversité des géoréférencements relatifs aux activités et pratiques de loisirs occupent 15% de la totalité de la base de données créée. Ces identifications localisent non seulement les hauts-lieux touristiques en vue dans ces territoires (châteaux, parc régional, terrain de sports, etc.), mais attestent également d’un dynamisme événementiel et culturel au sein de ces territoires. Dans ces pratiques de mobilité (virtuelle et matérielle) et de pérégrination numérique du territoire, les usagers implémentent aux territoires de densités intermédiaires les arguments de leur attractivité. Selon l’INSEE (ENDT, 2008), les loisirs seraient à l’origine de 40% de l’ensemble de déplacements dans l’aire métropolitaine du Grand Paris dans laquelle se situe ces territoires.
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Les fonctions de tourisme, de transports et de repères territoriaux représentent respectivement 7%, 6% et 11% des lieux géoréférencés. Ces lieux de référencements semblent indiquer des usages du quotidien comme les indices laissés par les habitants et autres visiteurs des territoires, d’itinéraires et d’usages et de centralités spatiales. On pourra ainsi rapprocher le concept de haut-lieu, de l’intensité des usages numériques (CHECK-IN, publications, etc.) signalés dans ces lieux. La géolocalisation numérique des lieux de loisirs invitent à concevoir les hauts-lieux du territoire par l’identification de soi dans des espaces collectifs de pratiques événementielles ou ritualisées. Cette fonction dominante de loisir dans la collecte des lieux géoréférencés sur Facebook indique une tendance pour la reconnaissance des lieux où se déroulent des activités contemporaines, où se fabriquent des pratiques du quotidien, permettant de détecter les spatialités collectives numériques dans l’espace du réseau social sur le territoire. Cette hypothèse se pose également avec lieux de consommation. La fonction de commerce, d’une représentativité de 5% dans la catégorisation globale des 46 types, indique une appartenance, non pas à un lieu mais, aux activités qui s’y déroulent désignant à la fois : - un ensemble de mobilités identifiées par l’accessibilité aux lieux désignés (commerces de proximité, centres commerciaux, services, etc.) grâce à l’analyse urbaine (maillage de centre-ville, ZA aux abords d’une voirie principale, etc.) ; - un ensemble de flux et de pratiques désignant des lieux d’intensité où se déroulent non seulement des activités économiques mais aussi des pratiques reconnues et habituelles des habitants. On notera ainsi que parmi les 50 lieux les plus géoréférencés par les habitants connectés, le centre commercial des Trois Fontaines de Cergy figure comme un lieu particulièrement intense par les reconnaissances numériques que l’on y observe. Ce sont 7330 CHECK-IN dans ce centre qui ont été répertoriés au 12 juin 2013 sur la page Facebook de Cergy.
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FIGURE 33 : Centre commercial comme lieu d’identification des pratiques du territoire
Source : www.facebook.com
Les repères territoriaux
On peut identifier des lieux de repères territoriaux, faisant sens à l’échelle des territoires comme des lieux d’appartenance. On peut ainsi décliner une catégorisation de lieux de repères. Ces lieux sont emblématiques de l’ imaginaire territorial par les habitants et les visiteurs. Lieux de pratiques spirituelles, politiques, associatives, d’habitat ou encore de formation sont emblématiques d’une histoire au présent des territoires. Les espaces numériques en réseau de ces lieux de repères forment de véritables interfaces entre activités de groupes (associations, amis, religieux, etc.) et territoires où ont lieu les activités éditorialisées et partagées dans l’espace réticulaire du réseau social.
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FIGURE 34 : typologie et graphique de lieux relative a des repères territoriaux
Source : production personnelle
Ce géoréférencement appuie le résultat d’une forte représentation des lieux d’attractivité économique et servicielle dans les territoires de densités intermédiaires. 42% de ces lieux de repères sont relatifs aux lieux de formation et d’enseignement secondaire et supérieur. Les références à ces lieux phares des parcours individuels se révèlent comme particulièrement présentes sur Facebook. 32% de lieux parmi les 252 communes à l’étude figurent comme des ancrages associatifs. On identifie donc une relation forte entre dynamisme territorial des densités intermédiaires et les géoréférencements numériques des lieux témoins de ce dynamisme, comme une clé de lecture de hauts-lieux numériques de ces territoires.
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Le transport
Enfin, la fonction de transport est aussi une figure importante de l’appartenance numérique lisible à travers les géoréférencements. En effet, les gares, les aéroports ou encore les autoroutes elles-mêmes sont des lieux marqués par le CHECK-IN numérique de Facebook. Ces lieux de mobilité et de flux figurent également dans la liste des 50 lieux les plus géoréférencés sur le réseau social. Ainsi, l’aéroport Charles de Gaulle ainsi que la gare de Garges-Sarcelles figure comme des lieux de focalité28 numérique. La qualité « transport » attribué aux lieux référencés où se pratiquent les déplacements indique des hauts-lieux dynamiques dont la lisibilité s’analyse sous l’angle du mouvement et du flux quotidien ou événementiel.
FIGURE 35 : gare de Garges-Sarcelles géoréférencée par plus de 1000 utilisateurs du réseau social, empreinte numérique territorial d’un lieu de mobilité
Source : www.facebook.com
b) Densités intermédiaire et intensité de géoréférencements sur le territoire d’étude
La comparaison des lieux de géoréférencements numériques par les usagers du réseau social Facebook avec les densités démographiques des territoires du programme PUCA permet l’analyse des variations entre densités de population et densités de géoréférencement numérique des lieux. En effet, la boucle de causalité entre densité de population, accessibilité au réseau 3G et WiFi, et usages du CHECK-IN permettrait-elle d’expliquer les logiques spatiales de cette représentation numérique du territoire, ou bien apparaîtrait-il une spatialisation intermédiaire avec des micro-centralités émergées de l’identification numérique fine des ressources du territoire ?
28 En référence à l’expression de l’ouvrage de de Melvin Weber, L’urbain, sans lieux, ni bornes, 1964 (cf. partie 3). FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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FIGURE 36 : projection en négatif du territoire et des lieux d’intensité de géoréférencements
Source : production personnelle
L’espace numérique représenté géographiquement à travers les CHECK-IN des différents lieux participe à révéler les centralités territoriales acquises et entretenues par l’action des usagers du réseau social Facebook. La cartographie ci-dessus représente l’intensité des géoréférencements (CHECK-IN) produits publiquement par les usagers du réseau social. Ces CHECK-IN, au nombre total de 2 052 541 géoréférencements recensés, ont été répertoriés, classés, et discrédités dans la totalité du périmètre d’étude selon la méthode de discrétisation des seuils naturels (ou seuils observables). Cette méthode permet de tenir compte des discontinuités observables, et vise à minimiser la variance intra-classes et à maximiser la variance inter-classes, selon une procédure itérative (indice de Jenks), ce qui a pour effet de produire des classes homogènes avec de grandes différences inter-classes permettant une visualisation optimales des classes de données.
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FIGURE 37 : densité de population à l’échelle de la zone d’étude et géoréférencement numérique des lieux sur Facebook.
Source : production personnelle ; INSEE 2009
Cette représentation montre une forte intensité des référencements dans les pôles urbains secondaires des territoires observés. Les variations quantitatives des CHECK-IN sont ainsi sensibles à la densité des territoires urbains de densités intermédiaires. Comme le montre la carte ci-dessus, il existe une corrélation relative entre la densité et l’intensité des CHECK-IN (exprimées en stock). Cela s’explique à la fois par la densité de population sur le plan quantitatif mais également et surtout en raison de la concentration (par la reconnaissance numérique) des aménités territoriales dans les territoires les plus denses. En effet, on remarque un référencement important des lieux de loisirs, de consommations et de repères sans savoir néanmoins si l’on a à faire à des référencements de la part de populations endogènes ou exogènes aux territoires. La nature du référencement confère donc moins la qualité d’une localisation particulière d’un habitant (ce qui serait particulièrement intrusif
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dans le cas de cette recherche) mais davantage la qualité de reconnaissance du lieu et sa capacité (fonctionnelle ou idéalisée) d’être un lieu de référence pour un usager pratiquant le lieu. On s’intéresse donc plus ici au statut des lieux référencés qu’aux auteurs des référencements. La carte des CHECK-IN tend à montrer une reproduction partielle des centralités spatiales existantes. La densité des référencements sur le front urbain métropolitain le montre particulièrement, sur un large tissu de Cergy, au Mesnil-Amelot en passant par Ecouen et Sarcelles. On peut dès lors observer de plus près ce qui caractérise l’adhérence de ces géoréférencements aux territoires et quels sont les déterminants qui permettent d’identifier des hauts-lieux numériques du territoire.
FIGURE 38 : densité de population hab/km2, à l’échelle de la commune
Source : production personnelle ; INSEE 2009
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Les cartographies présentées ici ont été produites grâce au traitement statistique des données issues des recensements INSEE ainsi que la base BD TOPO de l’IGN. Comme pour l’ensemble de la production cartographique, une discrétisation des données par seuils naturels a été choisie pour ranger ces données en cinq classes. Sur la cartographie des densités communales (hab/km2), le caractère structurant du réseau et des équipements émergent, d’où de fortes densités sur le front urbanisé et le long des axes de transports majeurs. De ces densités intermédiaires, des centralités apparaissent. Les centralités des géoréférencements répondent-elles néanmoins aux densités de population ? Les géoréférencements agrégés à l’échelle de la commune ne font-ils pas apparaître une structuration spatiale moins dépendante des déterminants spatiaux antérieurs ? FIGURE 39 : densité de géoréférencement check/hab, à l’échelle de la commune
Source : production personnelle ; INSEE 2009
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Avec cette représentation du territoire de densité des CHECK-IN, rapportés aux nombres d’habitants des communes : on observe un territoire d’intensité numérique fragmenté décrivant un récit des territoires de densités intermédiaires à l’étude avec des centralités éclatées, non inscrites dans le continuum du découpage périurbain communément admis par les classements statistiques. Lorsque l’on agrège ainsi les géoréférencements à l’échelle communale, la corrélation des géolocalisations aux réseaux de transports apparaît moins intense bien que cette relation à l’échelle ponctuelle (localisée par une adresse physique) demeure importante. Les géoréférencements agrégés à l’échelle de la commune dessinent des centralités spécifiques, et isolées, en partie, du facteur de densités de population. D’autres déterminants activent donc l’intensité numérique sur le territoire, comme l’implantation dans certaines communes d’importantes infrastructures de services, de lieux de loisirs ou encore de parcs d’entreprises, rayonnant sur le territoire par les géoréférencements numériques qu’ils génèrent.
c) Réseaux territoriaux et adhérence des données géoréférencées Facebook
Néanmoins la spatialisation des géoréférencements participe aussi d’un renforcement des centralités existantes. A cet égard, les réseaux de transports structurent massivement la spatialisation de la représentation numérique à travers le réseau social Facebook. Des effets de réseaux participent ainsi à la logique de spatialisation des géolocalisations individuelles, car les lieux de ces pratiques virtuelles sont en effet les lieux d’intensité territoriale où se jouent les activités du quotidien. La cartographie ci-contre permet d’observer le lien entre ces espaces de représentations numériques, et de réseaux territoriaux.
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FIGURE 40 : lieux de géoréférencements et réseaux de transports métropolitains
Source : IGN BD TOPO : production personnelle
Le réseau routier principale de la zone d’étude se révèle particulièrement éclairant sur les fortes densités de géoréférencement. Persan, Creil, Chantilly, ou encore Méru, centres secondaires proches d’infrastructures majeures, sont des points nodaux d’intensités numériques. De la même manière, le réseau ferré participe à la régularité des référencements suivants la structure des réseaux. En effet, plus de 55% des lieux géoréférencés se trouvent à moins de 1km d’une gare. Comme le montre la cartographie ci-contre, l’espace de référencement est un espace d’accessibilité, marqué par une importante densité de réseaux métropolitains.
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FIGURE 41 : le territoire de proximité des CHECK-IN traversé par les réseaux métropolitains
Source : IGN BD TOPO ; production personnelle
Parmi les 1935 lieux géoréférencés, 110 appartiennent à la catégorie générale de TRANSPORT. Ces lieux font référence à des gares (Gare de Garges-Sarcelles, Gare de Valomondois Gare de Taverny, etc.), à des aéroports internationaux (aéroport Roissy Charles-de-Gaulle), à des sociétés de logistiques, de services de taxi, et de location de voitures (Centrale taxi 95, Rent A Car Enghien les Bains, Parking Roissy Auto, etc.) ainsi qu’aux infrastructures elles-mêmes (autoroute A1, péage de Senlis, etc.). Le seul total des CHECK-IN individuels sur l’autoroute A1 représente 876 géoréférencements.
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FIGURE 42 : Autoroute A1, un lieu structurant par l’émergence de reconnaissance numérique sur Facebook d’après 876 géoréférencements individuels
Source : données IAU, IGN BD Topo
Les géoréférencements individuels à l’infrastructure autoroutière révèle un territoire linéaire de la mobilité en tant que lieu structurant des usagers de ce réseau routier. Ces géoréférencements d’individus connectés peuvent tout autant s’effectuer par des habitants des territoires voisins de l’infrastructure comme des habitants d’autres territoires plus lointains. Ces géoréférencements composites ne traduisent donc pas seulement une reconnaissance locale de ce lieu de mobilité mais une reconnaissance numérique du mouvement où le territoire est fondamentalement lié à l’action virtuelle (bien que les populations identificatrices n’habitent pas forcément les territoires de proximité). Autrement dit, on reconnaît le lieu de mobilité par le numérique en tant qu’il structure le territoire vécu, et fabrique une centralité favorisant la connexité du territoire à la fois numérique et matérielle29.
Relations spatiales des géoréférencements aux lieux d’activité
En relation avec la corrélation des référencements aux réseaux de transports, les lieux référencés sont particulièrement adhérents avec les zones d’activités des territoires à l’étude. On peut ainsi prendre quelques exemples montrant une spatialisation conjointe des zones d’activités et des lieux de géoréférencements. Cette observation confirme la compréhension du CHECK-IN par une approche dynamique, où l’usager confère à un lieu une qualité fonctionnelle et attractive. On pourrait faire l’hypothèse du haut-lieu numérique comme un descripteur territorial révélateur de l’attractivité du territoire.
29 La connexité désigne la proximité dans un espace en réseaux, ou réticulaire. FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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FIGURE 43 : intensité numérique territoriale et zones d’activités
Meru et ses alentours
Persan et ses alentours
Senlis et ses alentours
Ecouen et ses alentours Source : IGN BD TOPO ; production personnelle
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2/ Comparaison de trois configurations spatiales sur les territoires de densités intermédiaires : quelles différenciations qualitatives à travers les géoréférencements ?
Etant donné la très grande hétérogénéité des territoires de densités intermédiaires (comme vue dans la première partie de ce mémoire), il s’agit de mesurer de manière qualitative, quelles caractéristiques on peut observer entre trois territoires distincts : Ecouen, Senlis, Méru. Ces trois configurations spatiales spécifiques entretiennent avec le réseau Facebook des relations différenciées. NB : En raison des conditions générales d’utilisation du réseau social Facebook, il n’a pas été rendu possible une prise de contact direct avec un des usagers ayant marqué son appartenance par le CHECK-IN à un lieu territorialisé sur Facebook. Cette tentative aurait pu conduire le compte utilisé pour cette étude à une clôture immédiate en cas d’alerte de la part d’un des usagers aux modérateurs du réseau social Facebook. Néanmoins, les enquêtes habitants menées par les chercheurs de l’atelier PUCA permettent d’évaluer qualitativement ce que sont les lieux marquants de ces territoires pour les habitants. Nous pourrons voir dans quelles mesures les représentations et les espaces de vie de ces habitants correspondent à une lecture du territoire par le géoréférencement numérique des lieux sur Facebook comme agrégateur de ces représentations spatiales.
a) Echos des enquêtes habitants et hauts-lieux de géoréférencement sur Facebook : analyse sémantique
De nombreuses enquêtes ont été menées dans le cadre du programme de recherche du PUCA sur les lieux et hauts-lieux du périurbain. Ces enquêtes qualitatives sont un point d’ancrage essentiel permettant de détecter les représentations territoriales en lien avec la spatialité numérique des référencements des usagers connectés. Afin de satisfaire la mise en comparaison des représentations entre un habitant de territoire de forte de densité et un habitant de territoire de densité moyenne, l’analyse sémantique des discours d’habitants des territoires de Senlis, Méru et Ecouen peuvent être mis en lien avec une lecture spatiale des géoréférencements.
FIGURE 45 : question ouverte #1 à un habitant d’Ecouen
PUCA : « Quels sont les lieux dont vous parleriez pour donner une idée de l’endroit où vous habitez à quelqu’un qui ne le connaît pas ? » Habitant n°1 d’Ecouen - centre-ville) « Je décrirais le château, le centre-ville, les vieilles rues, et puis toutes les activités » Source : données PUCA, 2013
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Comme les cartographies ci-dessus le montrent, les espaces d’activités commerciales, industrielles, de loisirs et de culture sont identifiés par les habitants en zones urbaines de densité forte à moyenne, comme ici, dans la zone Ecouen-Ezanville-Sarcelles. Des lieux marquants du territoire sont identifiés, aussi bien par la parole habitante que sur les réseaux sociaux, où les hauts-lieux patrimoniaux du territoire servent de catalyseurs pour structurer des communautés comme ici avec le Château d’Ecouen. Ces communautés territorialisées fabriquent les liens faibles (GRANOVETTER, 1973) dans lesquels des usagers aux intérêts convergents se rassemblent autour d’un élément symbolique de l’espace approprié.
FIGURE 44: lieu évoqué et lieu géoréférencé : un environnement reconnu visible sur Facebook
Source : www.facebook.com
Les lieux patrimoniaux géoréférencés de notoriété nationale (voire internationale) comme le Château d’Ecouen 30 mettent en dialogue différentes échelles territoriales. En effet, les usages de tourisme (nationaux, internationaux) comme les usages de ballades occasionnelles par les habitants des communes alentours s’agrègent dans les géoréférencements observés. Cette hypothèse met en avant l’ambivalence entre un usage territorial du réseau social numérique et une capacité a-spatial d’agir et de marquer le territoire grâce à un outil ubiquitaire autorisant une connexion quasi-universelle aux lieux. La figure du centre-commercial par les géoréférencements numérique On peut aussi faire l’hypothèse, comme pour le cas suivant, d’une forme de rationalité des habitants quant à leur utilisation du géoréférencement. En effet, à travers l’étude des résultats d’enquêtes du PUCA, les centres commerciaux apparaissent comme lieux emblématiques de représentations territoriales. On peut ainsi supposer que les pratiques numériques du territoire sont issues d’habitants résidents sur le territoire entretenant un usage régulier ou occasionnel avec les lieux de consommation répertoriés ci-après.
30 architecture symbolique de la Renaissance française, construit en 1538 sous François Ier. FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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FIGURE 45 : question ouverte #2 à un habitant d’Ecouen
PUCA : Parmi tous ces lieux dont nous venons de parler, y en a-t-il certains auxquels vous êtes particulièrement attaché, que vous aimez bien, ou vous vous sentez bien ? Habitante n°2 d’Ecouen – quartier Le Bois Bleu) : « Le Leclerc, c’est vrai que c’est pas mal, parce qu’il y a beaucoup de choses à voir. Ben disons que des fois j’ai envie de faire les magasins. En fin de compte c’est le plus grand de France. Il est immense, donc c’est vraiment… Vous avez des tonnes de magasins, donc il y a des moments où j’ai envie de chiner un peu, je vais là. C’est sûr que Lidl c’est moins intéressant que Leclerc. » Source : données PUCA, 2013
Les lieux de consommation et d’activités économiques comptent, comme le montre ce témoignage d’habitants, en tant que hauts-lieux dynamiques du territoire. Ces lieux emblématiques du quotidien participent de l’appropriation collective du territoire, d’où leur intensité de géoréférencement sur les réseaux sociaux tel que Facebook. Le témoignage cidessus identifie le centre commercial non plus comme un simple lieu de consommation mais bien plus comme un lieu de pérégrination territoriale, où s’accumulent représentation de loisirs, de forts niveaux de services et une hiérarchisation de l’espace vécu de l’usager qui s’identifie dans son environnement proche à la pratique de ces lieux.
FIGURE 46 : extrait des géoréférencements commerciaux
LIEUX
ADRESSES
CHECK-IN
Auchan Sarcelles 200 avenue de la Division Leclerc, 95200 Sarcelles Centre Commercial Les 1 Place Navarre, 95200 Sarcelles Flanades My Place, Sarcelles 200 Avenue Division Leclerc, 95200 Sarcelles Sarcelles Village Hôtel de ville 3, rue de la Résistance 95200 Sarcelles SHOWROOM " Centre Cial ART DE VIVRE " 1 rue Bas Noyer, 95610 Éragny, Ile-De-France, France Cergy 3 Fontaines Avenue des 3 Fontaines, 95000 Cergy Cora Centre Commercial Saint-Maximin, 60740 Saint-Maximin But Creil 311, rue de la Révolution Française, 60740 SaintMaximin, Picardie, France Centre commercial 46 Galerie marchande Grand Val, 95290 Isle Adam Carrefour de l'Isle Adam Leclerc Chambly Rue François Truffaut, 60230 Chambly, Picardie, France Auchan Méru Rue Marcel Coquet ZAC CD 609, 60110, Méru, Picardie, France But Persan / Beaumont 238 bis avenue J. Vogt, 95340 Persan, Val-d'Oise
525 978 474 2019 13 1051 650 36 423 31 188 35
Source : production personnelle
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Les centres commerciaux, centraux par les ressources quotidiennes qu’ils accueillent, sont également des lieux fortement reconnus par les usagers sur le plan des représentations spatiales. On observe dans l’extrait de la table attributaire ci-dessus une forte intensité des référencements dans ces lieux.
Dire les hauts-lieux du territoire par les mots
A partir des enquêtes habitants menées dans le cadre du programme PUCA, on peut faire l’analyse sémantique des lieux de références pour les habitants. Ces derniers, au moyen d’un questionnaire de référence, ont pu ainsi identifier quels étaient les lieux faisant sens dans leur environnement approprié et vécu, et les différentes natures de ces lieux.
FIGURE 47 : quels sont les lieux d’activités qui vous sont importants dans votre ville ? (Méru)
Source : données PUCA, 2013
Analyse sémantique quantitative des catégories utilisées par les habitants dans les différents quartiers de la commune de Méru. Ces entretiens menés auprès de 690 habitants de Méru, des alentours de Méru, de Paris et d’autres métropoles françaises ou encore des touristes étrangers, révèlent des caractéristiques des lieux-clés, symboliques du quotidien des habitants et reconnus comme lieux à forte valeur territoriale.
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FIGURE 48 : quels seraient pour vous les hauts-lieux du territoire ? (Méru)
Source : données PUCA, 2013
L’analyse sémantique des termes employés par les populations enquêtées sur le territoire de Méru et alentours relaient l’idée déjà soumise par l’analyse statistique des données Facebook d’une représentation forte du territoire par la fonctionnalité et l’activité commerciale et plus largement, économique. Les hauts-lieux du territoire seraient donc avant tout les lieux de pratiques et d’interactions quotidiennes de l’usager sur son territoire approprié. L’ancrage territorial d’un lieu serait alors fonction de son potentiel en tant qu’espace de ressources et d’aménités. Comme l’analyse des données du réseau social Facebook le montre, les lieux de consommation, de loisirs et d’activités de toutes sortes constituent le socle du territoire de représentation numérique, pour les habitants des territoires de densités intermédiaires à l’étude.
Territoires de représentation numérique, et localité élargie
Les personnes enquêtées ne sont pas toutes issues des mêmes communes, et traduisent par leur présence dans les enquêtes des logiques de proximité à l’œuvre. Ces proximités permettent d’alimenter l’hypothèse de géoréférencements produit par des habitants majoritairement locaux qui traduiraient ainsi dans l’action de géoréférencement les affinités avec les lieux du quotidien et de l’événementiel, et l’ancrage de ces lieux vis-à-vis des pratiques numériques et réelles qui s’y déroulent.
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FIGURE 49 : communes évoquées par les habitants dans l’enquête du PUCA dans les trois communes d’Ecouen, Méru, et Senlis: langage de la proximité territoriale
Source : données PUCA, 2013
L’auto-géolocalisation des enquêtés révèlent des logiques spatiales de proximité. Concernant l’identification de hauts-lieux dans les géoréférencements numériques, cette visualisation permet d’alimenter l’hypothèse d’un géoréférencement par l’identification de son propre territoire représenté (bien qu’il ne nous soit pas permis d’identifier précisément les utilisateurs-acteurs de ces géoréférencements, l’expression ci-dessus d’un localité élargie et pratiquée peut en être l’indice), à une échelle élargie. On peut ainsi faire l’hypothèse que les habitants connectés au réseau Facebook agissent dans un périmètre de géoréférencement cohérent avec les aires de vie cumulées et représentées dans ce nuage de mots.
Représentations sémantiques en densités intermédiaires
Les graphes sémantiques des différentes communes enquêtées laissent apparaître certains dénominateurs communs qu’il s’agit d’identifier par une analyse comparée, avec les exemples de Senlis, Ecouen et Méru. Dans des contextes urbains différenciés, cette analyse sémantique, produite grâce à l’outil en ligne wordle.net, met en scène des lieux en mots. Ces lieux rassemblés dans des catégories issues des questionnaires d’entretiens du PUCA révèlent les tendances d’appropriation territoriale par les habitants par les catégories énoncées. On remarque des similitudes mais également des intensités de fonctions verbalisées différentes, selon les trois territoires observés.
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FIGURE 50 : hauts-lieux potentiels pour les habitants enquêtés de Méru, Senlis et Ecouen ; et géoréférencements numériques
Méru
Ecouen
Senlis
Source : wordle.net ; productions personnelles
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Les enquêtés de ces trois territoires de densités différenciées relatent des catégories de lieux relativement similaires et faisant apparaître par les mots des espaces d’intensité de pratiques. Observons donc la spatialité de ces mêmes catégories de fonctions du territoire à travers les cartographies de ces mêmes territoires, afin d’identifier les convergences numériques de représentation et de spatialisation des lieux de forts ancrage 2.0. Ces lieux d’interaction sociales, dont l’importance est ici relevée par les habitants, participent d’une définition du haut-lieu numérique par la caractéristique de l’intensité territoriale, à la fois exprimée verbalement par les enquêtés, et numériquement par les usagers du réseau social Facebook.
b) Comparaison de configurations spatiales distinctes sur le territoire d’étude du PUCA : analyse spatiale
Une étude comparée de trois situations territoriales de densités intermédiaires interroge les liens entre densités, configurations urbaines et géoréférencements numériques. Senlis, Ecouen et Méru forment trois sous-ensembles territoriaux permettant de définir des configurations spécifiques entre centralité secondaire (Senlis), front métropolitain urbanisé (Ecouen) et petite centralité de densité moyenne (Méru).
FIGURE 51 : le cas des géoréférencement de Senlis, une centralité des densités intermédiaires Source : Google Earth ; Facebook ; productions personnelles FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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L’adhérence numérique du territoire de Senlis et de ses alentours se caractérise par des géoréférencements aux lieux patrimoniaux, et aux lieux de services. Les centres urbains de référencements numériques de Chantilly, Senlis, Gouvieux et Saint-Maximin révèlent des centralités à la fois en cohérence avec le maillage urbain existant (connexité du territoire aux réseaux viaires, ferrés, etc.), mais soulèvent également des centralités affranchies d’une lecture territoriale par la densité comme c’est le cas pour la zone d‘activité au nord de la commune de Saint-Maximin. Ce type de centralité intermédiaire sur le territoire de Senlis, par la complexité des densités qu’il structure, montre des configurations spatiales mixtes, dans lesquelles la fonctionnalité du territoire et le dynamisme des pratiques quotidiennes (entreprises, centre commerciaux, services, etc.) semblent jouer une place essentielle.
Source : Google Earth ; Facebook ; productions personnelles FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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FIGURE 52 : le cas des géoréférencements d’Ecouen, le front métropolitain
Source : Google Earth ; Facebook ; productions personnelles
A travers l’exemple d’Ecouen, on observe une situation de front urbanisé. Les densités de population occupent ici une place importante dans la grille de lecture spatiale des données géoréférencées sur Facebook. En effet, il est intéressant de mener une brève analyse introductive à la différenciation des référencements en situation métropolitaine dense et en situation métropolitaine peu dense, comme ici à la frontière de la zone agglomérée du Grand Paris. Se dessine ainsi une intensité longitudinale des référencements numérique dans les territoires de fortes densités humaines et à forts taux de services tel que Ermont, Eaubonne, Gonesse, Sarcelles, Goussainville.
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Source : Google Earth ; Facebook ; productions personnelles
Dans cette situation, la corrélation entre la variation des densités de population et le taux de référencements numériques est forte. On peut ainsi faire l’hypothèse plus fine d’une intensité de lieux numériquement référencés en lien avec l’intensité de lieux d’activité et de commerce. Les espaces agglomérés à haut niveau de service participent ainsi dans les espaces d’urbanisation dispersée et de densités intermédiaires à la création de hauts-lieux numériques du territoire. Il s’agit par la détection de cette intensité numérique d’évaluer le niveau d’appartenance au territoire, et bien de contribuer à identifier les TIC comme d’outils permettant une meilleure appropriation du territoire et un « dialogue renouvelé avec son environnement » (VIDAL, ROUGE, 2012).
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FIGURE 53 : le cas des géoréférencements de Méru, une petite centralité des densités intermédiaires
Source : Google Earth ; Facebook ; productions personnelles
Méru présente les caractéristiques d’une petite centralité dont l’accroche à l’infrastructure autoroutière en fait un espace où se concentrent flux, services et activités. La concentration de lieux en liens avec l’autoroute A16 présente une grande variété de figures. En effet, malgré un contexte d’urbanisation dispersée et de densités faibles pour la plupart des territoires de l’espace présenté, une mixité de fonctions du territoire sont référencées. Notamment dans les communes de Méru, Chambly, Persan, Bornel, Ronquerolles. Cette variable typologique de petite centralité de densité intermédiaire permet de nuancer le taux de référencement du front urbanisé, ayant pu faire apparaître une géographie urbaine préexistante. Les référencements par les populations endogènes (habitant le territoire) et exogènes (venues visiter par exemple), s’accordent donc des marges d’autonomie par rapport aux spatialités classiques. Les référencements numériques aux territoires participent donc du renforcement des dynamiques actuelles dans les centres urbains de densités intermédiaires mais révèlent aussi en germe des lieux éloignés des grandes dynamiques liées à la connectivité du territoire et à ses aménités. A cet égard, on peut citer pour exemple le référencement par les usagers du réseau de l’ensemble des 252 communes du territoire global à l’étude, c’est-à-dire des géoréférencements citant la FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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commune en tant que lieu de repère. Certaines petites communes (Saint-Prix, Ermont, Hédouville) sont même parfois référencées plusieurs fois du réseau social Facebook.
Source : Google Earth ; Facebook ; productions personnelles
On observe donc une dynamique d’ancrage numérique par les centralités à divers degrés. La relation qui s’établit entre habitant et territoire par le numérique, autrement dit ce qui semble faire sens pour ces acteurs numériques du territoire, c’est bien une relation par la pratique et les usages. Les échanges numériques entre les usagers du réseau et les ressources territoriales révèlent, selon la typologie esquissée, des particularismes et des dynamiques spatiales relayées par les usages d’un outil qui pourtant n’a pas besoin d’espace pour exister, mais qui intensifie le territoire et augmente sa lisibilité. On peut donc de cette façon observer l’analyse de Serge Wachter (WACHTER, 2010) pour qui « ce sont les habitants pratiquants le territoire, bien plus que les villes elle-même qui deviennent numérique ». La numérisation de leurs pratiques aboutit ainsi à la création de valeurs collectives créant des spatialités qui traduisent la reconnaissance de son environnement dans l’espace, à travers un média interactif du quotidien : le réseau social numérique.
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3/ Analyse thématique
A cette analyse par la différenciation par la configuration urbaine de différentes polarités des géoréférencements, peut s’ajouter une lecture à travers l’analyse des principales typologies de lieux. Des typologies majeures (voir partie I) ont été défini afin de faciliter l’identification des principales dynamiques de géolocalisation sur Facebook. Services, loisirs, bar/restaurant, repères territoriaux, et tourisme constitueront les grandes catégories typologiques entrevues. Enfin, une analyse micro-locale de ces contenus à travers une étude de cas : Méru, où l’on observe une territorialisation à l’échelle de proximité de contenus médiatiques géolocalisés.
a) Typologie de lieux géoréférencés et relations aux territoires : dynamiques et spatialités par les expressions numériques
FIGURE 54 : spatialisation de la typologie majeure SERVICES des géoréférencements numériques sur le territoire d’étude et détails typologique.
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On l’observe avec le détail typologique spatialisé des contenus géoréférencés, la place des services et des activités économiques est fondamentalement liée à la dynamique de construction d’un espace de hauts-lieux reconnus par les utilisateurs sur le réseau social Facebook.
Source : production personnelle
Cette spatialité révèle des lieux d’intensité numérique, avec les centres commerciaux, des commerces de proximité et des organismes de santé (hôpitaux, entreprises paramédicales, etc.). Cette forte adhérence territoriale des services (ils représentent 41% de la totalité des lieux répertoriés) est sous-jacente à un intérêt manifeste des utilisateurs pour les centralités reconnues spatialement. Ainsi les nœuds et les axes majeurs des territoires se définissent comme particulièrement intenses. Les lieux de services se situent ainsi aux abords des axes et des lieux de flux, d’où une corrélation forte avec les contenus géoréférencés par les utilisateurs de Facebook.
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FIGURE 55 : spatialisation de la typologie majeure LOISIRS des géoréférencements numériques sur le territoire d’étude et détails typologique.
La cartographie des lieux de loisir géoréférencés invite à une lecture par la dispersion territoriale, traduisant ainsi une géographie Facebook des densités intermédiaires par une spatialisation intermédiaires entre adhérence (Château de Mont Royal, etc.) et autonomie aux centralités (parc de Grouchy à Osny, Montmorency Tennis Club, Bois de la Noue, etc.).
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Source : production personnelle
La reconnaissance numérique des lieux de loisirs dans les territoires d’urbanisation dispersée et de densités intermédiaires témoigne d’une appropriation des ressources locales par les habitants et les touristes des espaces périurbains. Les lieux de pratique de sport, de patrimoine sont particulièrement reconnus. La présence du parc Astérix à Plailly amène un fort référencement du lieu de parc d’attraction, ne réunissant pas moins de 77 000 géoréférencements de la part de population endogène et exogène au territoire. Cette donnée spécifique permet d’insister sur la dimension multiscalaire de l’analyse des géoréférencements. La typologie de lieux recensés de loisirs divers se réfère non seulement à des espaces mais aussi à des temporalités. En effet, à l’inverse des lieux d’activités et de consommation laissant apparaître une lecture du territoire par les pérégrinations quotidiennes (commerces de proximité, alimentation, banque, coiffure, etc.), le loisir permet ici une lecture du territoire où l’événementiel prend une place importante. Aux temps quotidiens des lieux de services se greffent le temps de l’événement et du ponctuel relatif à certains lieux de la typologie LOISIRS (patrimoine, parc d’attraction, discothèque).
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FIGURE 56 : spatialisation de la typologie majeure RESTAURANT/BAR géoréférencements numériques sur le territoire d’étude et détails typologique.
des
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source : production personnelle
Les bars, cafés et restaurants s’imposent comme des lieux à ancrage numérique territorial fort. Ces lieux qui peuvent tout aussi bien être attribués à la typologie des loisirs, font sens dans la mesure où ils constituent une quantité significative qui permet d’en faire une catégorie spécifique. Ils représentent en effet 14% de la totalité des lieux référencés sur le réseau Facebook.
FIGURE 57 : spatialisation de la typologie majeure REPERES TERRITORIAUX des géoréférencements numériques sur le territoire d’étude et détails typologique.
Source : production personnelle
Certains lieux référencés apparaissent comme spécifiquement dédiés à la reconnaissance de lieux de repères. Nous avons choisi d’organiser ces lieux dans une catégorie REPERES TERRITORIAUX. Ces repères marquent l’ancrage sur le territoire d’une catégorie de lieux dont la particularité est de souligner fortement leur dimension territorialisée à travers le mode de classification sur Facebook. Le détail typologique ci-dessous énonce les catégories renseignées sur le réseau social.
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Ces lieux révèlent explicitement une territorialité propre à certains lieux géoréférencés dont la nature se réfère à des lieux précis d’ancrage. L’ancrage territorial sert ici à rassembler une communauté d’intérêt dont la territorialité se fixe par l’intermédiaire de liens faibles (GRANOVETTER, 1973), paradigme relationnel des TIC. Ici, la spatialisation de lieux géoréférencés dont la finalité est la focalisation territoriale permet de définir le réseau social numérique Facebook comme véritable descripteur de territoire. Le réseau social Foursquare est l’exemple analogue et emblématique de réseau social dont la spatialisation de contenus est l’essence même de l’outil. Les repères désignent des lieux dont une ou plusieurs communauté se rassemblent autour d’un intérêt collectif. En ce sens, ces lieux peuvent apparaître comme une forme d’espace public pour des praticiens virtuels du territoire et dont les publications et commentaires participent à la modélisation de cet espace. Comme ici à Saint Maximin, ces repères territoriaux peuvent prendre la forme numérique de véritables profils personnels :
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La maison troglodyte de Saint Maximin est définie comme repère territorial sur Facebook. La reconnaissance symbolique et mémorielle de ce lieu dans les territoires de densités intermédiaires est fortement ancrée par ce lien numérique au territoire et par une animation virtuelle constante comme le figure cette illustration.
FIGURE 58 : spatialisation de la typologie majeure TOURISME des géoréférencements numériques sur le territoire d’étude et détails typologique.
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La cartographie des lieux relatifs à certaines pratiques touristiques permet une approche du territoire par des fréquentations de populations non-résidentes des densités intermédiaires, ce qui fait émerger de nombreuses spatialités, de l’échelle locale à l’échelle mondiale de fréquentation des lieux géoréférencés sur Facebook. Cette typologie insiste ici sur la dichotomie établie entre le lieu numérique du mode quotidien et le lieu numérique du mode de l’événement. Les lieux repérés dans une catégorie générale de tourisme représentent 7% des lieux totaux.
Source : production personnelle
La seconde particularité de l’identification de ces lieux dont la typologie majeure relève du tourisme est d’identifier des lieux, mais aussi souvent des bâtis (remarquables ou fonctionnels), des formes urbaines particulières. Les parcs d’attraction ou encore les nombreux châteaux de la zone d’étude sont des lieux et formes urbaines identifiées et signifiées sur le réseau social. Ces lieux, particulièrement identifiés à des échelons territoriaux multiples (du local au mondial), présentent des taux de CHECK-IN élevés car la population qui s’y agrège numériquement est quantitativement décuplée par les fréquentations massives de certains de ces lieux.
FIGURE 59 : hauts-lieux numérique et hauts-lieux de pratiques multiscalaires : le Parc Astérix, à Plailly
source : www.facebook.com FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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b) Etude de cas : une commune de l’atelier PUCA : Méru FIGURE 60 : site et situation de Méru
Source : maps.google.com
La commune de Méru, située dans le département de l’Oise est une commune de densité moyenne à l’échelle du terrain d’étude PUCA. La commune de Méru a une densité de 581 hab. /km2, et se trouve depuis les années 2000 dans une dynamique positive d’évolution démographique. La commune de Méru possède un maillage lui conférant une accroche importante à l’infrastructure autoroutière de l’A16, l’Européenne, en lien avec sa zone d’activité au sud de la commune. De nombreux monuments, services et équipements forment à Méru un tissu de lieux de centralité et de reconnaissances numériques.
Hauts lieux numériques de Méru sur Facebook
Afin de rendre compte qualitativement des lieux représentés sur le territoire de Méru, nous avons choisi d’étudier les trois lieux soit très marqués par le géoréférencement sur le réseau Facebook : Auchan Méru (type SERVICE), le cinéma Domino-Méru (type LOISIR) ; ou montrant un dynamisme local particulier : l’association sportive ARM Roller Méru (type REPERE TERRITORIAL).
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FIGURE 61 : Auchan Méru : catégories REPERE TERRITORIAL et SERVICES : 188 CHECK-IN
Source : maps.google.com
Les contenus associés à Auchan Méru relèvent d’une forme de marketing de la part de l’enseigne et du développement de l’activité commerciale elle-même à travers des publications relatives à des événements sur le territoire où Auchan est associé. Cet espace numérique d’interaction avec les usagers Facebook et usagers de ce lieu donne également à voir un corpus de services associés aux usages numériques. Ainsi, l’application Auchan Drive (service de commande à distance) est associée cette page Auchan Méru. On peut ainsi entrevoir ce lieu numérique comme un levier d’attractivité du territoire où se formalisent des services innovants. Au-delà de la quantité massive des services géoréférencés sur le réseau, cet exemple qualitatif aborde la question de la fonctionnalité de cet outil et l’impact d’une spatialité numérique de services sur les territoires de densités intermédiaires tel que Méru.
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FIGURE 62 : Contenus publics de la page Facebook de Auchan Méru, entre contenus promotionnels et plateformes de services
Source : www.facebook.com
FIGURE 63 : Musée de la Nacre à Méru : TOURISME et patrimoine : une page Facebook communautaire : 109 CHECK-IN
Source : www.facebook.com
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La page Facebook ci-dessus, relative à un lieu de tourisme de la commune de Méru tend à décrire une forme numérisée de dynamisme local dans un territoire de densité moyenne permettant une valorisation du territoire dans son ensemble et une mise en synergie de lieux (ici, lieux de patrimoine et de culture). En effet, la navigation de ce lieu numérique favorise les interactions entre acteurs : associations, collectivité locale, habitants, etc. à travers la médiatisation de d’événements locaux et de centralités du territoire dans l’espace du réseau numérique. La création de tel outil souligne néanmoins la mise en réseau d’un ensemble de ressources locales mises en accessibilité numérique. On pourra évoquer dans une partie ultérieure le haut-lieu numérique par la connexité numérique et spatiale à l’échelle locale du territoire.
FIGURE 64 : Musée de la Nacre à Méru : mise en réseau d’itinéraires de loisirs collectifs géolocalisés
Source : www.facebook.com
Photographie publiée sur la page du Musée de la Nacre : intensité des lieux de détente et de loisirs mis en réseau sur Facebook : vers des hauts-lieux numériques symboliques reconnus et spatialisés.
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FIGURE 65 : Association ARM Roller Méru : REPERE et association : association ARM Roller Méru : 186 CHECK-IN
Source : www.facebook.com
Hangar occupés par des modules de skatepark : lieu de réunion des cours de roller de l’association ARM Roller Méru
A la mise en exergue de lieux historiques avec l’exemple précédent, l’association ARM Roller Méru donne à voir un véritable espace d’interaction sociale entre membre d’une communauté numérique, attaché par nature au lieu de ses pratiques. Dans une certaine mesure, on peut parler de détournement informel de l’espace par la réunion numérique d’une communauté d’acteurs fédérés autour d’un centre d’intérêt commun. La page serait ainsi le centre névralgique de ce détournement et de cette activité numérique locale, comme ont pu l’être les pages des apéros-géants organisés en France en 2009 à partir de page communautaire Facebook.
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FIGURE 66 : Association ARM Roller-Méru : un espace numérique où se discute les pratiques du territoire
Source : www.facebook.com
Les publications sur la page de l’association renvoient pour la plupart à des réunions territorialisées. La page en tant que vecteur de territoire et d’interaction se présente comme un espace numérique médiateur des ressources et des activités locales.
c) Proximités et numériques : reproduction/production/intermédiation territoriale ?
Pour Melvin Weber (WEBER, 1962), « l’urbain31 se définit par l’intensité des interactions », c’est-à-dire selon le rapport entre information et individu comme un indicateur de la richesse urbaine. Ainsi, il est possible d’aborder la ville comme un système relationnel dynamique, où individu et information forment des interactions observables, et dont les dynamiques révèlent l’intensité. La relation des informations locales émises par les usagers sur le réseau social Facebook avec le territoire permet une analyse de l’intensité de ces interactions individu/information. De ces interactions naît une géographie produisant et reproduisant des centralités existantes et innovantes sur le territoire d’étude.
31 …que Weber définit déjà de numérique en 1962, à propos des relations téléphoniques. FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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Centralités et interfaces numériques relationnelles FIGURE 67 : intensité territoriale des CHECK-IN à Persan
Source : production personnelle
Comme on l’a vu, les géoréférencements répondent à la tentative de définition et de représentation du haut-lieu comme un élément urbain déterminé par la concomitance de trois éléments : le nœud, le pôle et le centre. Les lieux « numériques » répertoriés sur Facebook révèlent cette concomitance à travers une adhérence certaine aux nœuds (réseaux de transports notamment) et aux centres (intensité numérique des lieux d’activité) des territoires de densités intermédiaires.
Définition de différents éléments : - les nœuds sont des lieux où se croisent des segments d’un ou plusieurs réseaux. Les nœuds de transport (routier, ferroviaire, etc.) sont particulièrement importants puisque ce sont les points où l’accessibilité aux ressources est la plus élevée. - les pôles sont des lieux de convergences des flux. - les centres sont les lieux qui comprennent des fonctions diverses et confèrent une identité à un espace plus ou moins vaste
Parmi les lieux géoréférencés issus du prélèvement sur le réseau social Facebook, près de 53% se trouvent à moins de 1km d’une gare (partie III, p. 131). Ces réseaux ont un rôle structurant dans l’analyse de la spatialisation de ces contenus numériques. Cette caractéristique pose la question de la concordance entre lieux d’interaction des flux et échanges numériques de l’usager sur son réseau social. En effet, malgré la donnée manquante de l’identité des acteurs du géoréférencement, ces derniers interagissent avec le réseau social en tant que communauté numérique interactive. Cette relation spatiale des contenus géolocalisés sur Facebook revêt donc également une dimension relationnelle à travers la mise en réseaux des usagers sur Facebook.
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FIGURE 68 : lieux géoréférencés en réseaux et interactions sociales sur Facebook
Source : www.facebook.com
On voit donc qu’à travers la lecture spatialisée de médias sociaux géolocalisés (tels que les contenus de Facebook) comme éléments de détection de hauts–lieux numériques du territoire, il est aussi question d’interactions sociales potentielles ou réelles entre individus.
Relations des contenus Facebook à la rue : de la géolocalisation à la riveraineté numérique
L’hypothèse précédente de corrélation entre interactions sociales et intensités des contenus Facebook peut aussi être analysée à l’échelle de la rue, d’une centralité des densités intermédiaires à l’étude.
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FIGURE 69 : Corridor de géoréférencement Facebook : la rue comme haut-lieu numérique du territoire
Source : maps.google.com
La rue du Connétable de Chantilly
Avec l’exemple de la rue du Connétable et de l’avenue du Maréchal Joffre de Chantilly, le réseau routier structure fortement la spatialisation des contenus numériques Facebook. La linéarité de cette spatialisation révèle aussi la riveraineté de ces reconnaissances et géomarquages numériques. Comme pour le cas de l’autoroute A1, les géoréférencements soulignent la linéarité d’un lieu d’intensité et de pratiques du territoire. Cet exemple hyperlocal et domestique illustre la forte territorialité des outils et usages numériques à l’œuvre dans le territoire d’étude du PUCA. La riveraineté du quotidien en action dans les boulevards centraux, comme ici avec la rue du Connétable, s’imprègne d’une riveraineté immatérielle, numérique et sensible où se traduisent les affinités et appartenance aux lieux emblématiques d’un contexte urbain de proximité, d’une ville particulière, d’une rue.
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FIGURE 70 : Détails des catégories majeures géoréférencées à Chantilly
Source : maps.google.com ; production personnelle
La concentration linéaire des géoréférencements suscite l’hypothèse de hauts-lieux par la riveraineté et par l’intensité des « pratiques pérégrinales » (CLERC, 2004) et quotidiennes des habitants dans les centres du centre urbain historique. La rue principale dans cet exemple ne peut ainsi être appréhendée comme un corridor de reconnaissance numérique du territoire où les flux d’activité se mêlent et où une dynamique spatiale numérisée se lit à travers les géoréférencements. On passe ainsi d’une forme de riveraineté de la rue en portrait sur le réseau social Facebook à un haut-lieu numérique que serait la rue.
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FIGURE 71 : lieu numérique de connexité sociale : un espace public en réseau ?
Source : www.facebook.com
Sur ce corridor numérique de la rue du Connétable à Chantilly se greffent les appartenances de communautés diverses, mises en réseau par les lieux et les activités dans lesquelles elles s’identifient. Ici l’exemple du restaurant de l’Auberge du Jeu de Paume. Pour définir cet espace communautaire idéel, Boris Beaude parle de « synchorisation » (BEAUDE, 2012), c’est-à-dire un processus social qui consiste à se donner un espace commun pour interagir. L’interaction des membres d’une communauté d’intérêt rassemblée sur l’espace virtuel de la page Facebook nécessite la synchorisation, c’est-à-dire un contact spatial entre les réalités considérées, la structuration des liens faibles dans une interface territoriale commune. Pour Boris BEAUDE (BEAUDE, 2012), avec les outils TIC et plus largement Internet, nous avons à faire à un espace à part entière, avec ses centres, ses réseaux et ses dynamiques propres. Cet espace nettement lié au territoire réel définit une transformation sociale majeure en tant qu’il reconfigure le rapport de l’individu à l’information et aux modes de communiquer, dimensionnant ainsi des lieux et des temporalités inédites. Dans ce cadre, comment peut-on définir ce que pourrait être des hauts-lieux numériques ? Par quels concepts peut-on identifier ce qui fait lieu à travers les données géoréférencées sur Facebook qui territorialisent les relations spatiales d’individus dans un espace réticulaire, tel qu’Internet. Les analyses précédentes nous éclairent sur ce que l’on peut nommer de haut lieu numérique du territoire.
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PARTIE 3 : FOCALITES ET HAUTS-LIEUX NUMERIQUES DU TERRITOIRE SUR LES RESEAUX SOCIAUX
1/ Focalité numérique : un nouveau descripteur territorial à l’échelle macro-spatiale
a/ Focalité numérique : échelle élargie b/ Haut Lieu du Territoire dans l’espace numérique en réseau social c/ Haut lieu numérique et services territoriaux : lieux numériques et dynamiques de services sur le territoire
2/ étude de cas de haut lieu numérique : le cas de Persan
a/ Haut lieu par la territorialité des contenus numériques spatialisés b/ Haut lieu par les interactions dans l’espace des pages Facebook
3/ Géoréférencement et aménagement : spatialisation de wiki-territoriaux
a/ Territoires 3.0 b/ étude de cas à l’échelle locale : Méru, à travers les expérimentations d’usages de Facebook comme outil de production de spatialité numérique c/ Un descripteur territorial comme nouvel outil de l’action publique : outil méthodologique issu de la recherche sur les territoires de densités intermédiaires du PUCA
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III - FOCALITES ET HAUTS-LIEUX NUMERIQUES DU TERRITOIRE SUR LES RESEAUX SOCIAUX Polarités numériques, centralités territoriales, et nœuds sur le territoire 2.0
Internet est-il un espace comme un autre ? Boris BEAUDE (BEAUDE, 2012) évalue internet (ou « espace numérique ») comme objet ayant toutes les caractéristiques d’un territoire avec ses spatialités, ses circulations de flux, ses centres et ses périphéries, ses centres de commande et ses centres d’exécution, avec « ses réticularités et ses contiguïtés internes » (BEAUDE, 2012 : 51). Internet serait un espace en soi, en tant qu’il contribue aux reconfigurations des modalités des interactions sociales contemporaines. Les métaphores entre internet et le territoire font de plus en plus surface et interroge ainsi notre propre relation à l’espace, par l’action paradigmatique des TIC. Dans une certaine mesure, la spatialisation des données issues du réseau social Facebook alimente cette théorie. Des espaces d’intérêts et de communication se forment au fil des localisations territorialisées d’usagers du réseau, ce que l’on a pu aborder avec l’idée du Social Graph qui met en relation personnes et lieux sur un moteur de recherche intégré au réseau social Facebook32. Cette nouvelle fonctionnalité compose une nouvelle révolution du réseautage social sur Facebook et sur internet. Les usagers habitent ces lieux, y établissent des hospitalités, contiennent des abris, des enclos propres à définir des espaces de représentations du territoire. Facebook à travers la communauté mondiale qu’il accueille est un « lieu réticulaire » en soi33, révélant les potentiels de territorialisation des pratiques de ses usagers. La relation du territoire réel au lieu réticulaire idéel de Facebook est la prémisse de la spatialisation de contenus Facebook, à travers la reconnaissance, la représentation numérique individuelle et collective du territoire. Pour les collectivités territoriales, l’enjeu des reconfigurations spatiales et des interactions sociales posent la question des modes de diffusion de l’information sur le territoire et des modes d’interactions avec les citoyens. On le verra à Méru, un projet de cartographie dynamique propose un wiki-territorial34, acte de la transformation de l’espace par le biais des technologies numériques. On verra comment le lien entre information et territoire s’exprime dans les outils TIC, et comment ces derniers impliquent de nouveaux modes d’engagement dans les territoires périurbains.
32 La version française arrivera en France au début de l’année 2014, seule la version américaine est aujourd’hui fonctionnelle. 33 Boris Beaude définit de lieu réticulaire : « un lieu pour lequel la distance entre des réalités connexes n’est pas pertinente. » (BEAUDE, 2012) 34 « Un wiki territorial est un wiki élaborant et hébergeant une base de connaissances liée à un espace géographique : territoire, commune, région. Initiés par une collectivité territoriale, une association ou des bénévoles, ils visent à développer une écriture collaborative sur un territoire. » (WIKIPEDIA) FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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A partir des spatialités 35 observées précédemment, on pourra introduire l’idée d’une représentation spatiale par le concept de « haut-lieu numérique » du territoire par l’intensité de la référence spatiale de soi dans un lieu déterminé.
1/ Focalité numérique : un nouveau descripteur territorial à l’échelle macro-spatiale
Selon l’expression de Melvin Weber, la ville se définit par l’intensité et la maximisation des opportunités d’interactions sociales dans un espace d’actions définies. Cette intensité résultant de modes de communication et de circularité de l’information, définit ce que l’on peut qualifier de « focalité » (WEBER, 1962). Ici, la notion de focalité s’applique à l’intensité des interactions entre réseaux sociaux et territoire. Ces focalités déterminées selon la spatialisation des données issues du réseau Facebook, s’expriment par grappes de géoréférencement exprimant des espaces de forte connexité territoriale, d’intensité des usages des TIC, et des reconnaissances numériques du territoire.
a/ Focalité numérique : échelle élargie
A une échelle élargie, les contenus géoréférencés offrent une visualisation spatiale par focalités numériques contiguës. Nous avons défini par focalité un ensemble de référencements numériques présentant des continuités territoriales dans un périmètre continu de 500 mètres présentant des caractéristiques spatiales particulières (fonction, localisation, centralité, géoréférencement élevé). Ces continuités définissent une intensité d’interactions entre réseau social et territoire par l’action spatialisée des individus diffusant une information territorialisée et médiatique sur le réseau social numérique.
35 C’est-‐à-‐dire la dimension spatiale de l’action. FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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FIGURE 72 : focalité numérique du territoire : agglomération de CHECK-IN à échelle intermédiaire
Source : production personnelle
FIGURE 73 : focus sur un espace de focalité de géoréférencements numériques : le cas de Fosses
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FIGURE 74 : focalités numériques et densités de population
Source : production personnelle
Ces focalités numériques du territoire s’envisagent sur le mode de spatialités intermédiaires et révélatrices d’appartenances collectives à des lieux réticulaires. Ces lieux connectés sur le réseau Facebook, sans spatialité dans le réseau numérique, s’accrochent et adhèrent à l’espace en tant que lieux reconnus du territoire. Ce mode d’appréhension des dynamiques territoriales par la focalité numérique permet une théorisation de pratiques nouvelles dans des espaces de forts dynamismes et de fortes attractivités, autrefois décrit comme des espaces peu urbains, peu durables et dont les appartenances et les relations faibles de ses habitants en feraient des espaces peu vivables et peu enclins à l’ancrage de pratiques. Au contraire, on observe, à travers le fort ancrage de pratiques numériques, une « négociation renouvelée avec son environnement proche et lointain » (VIDAL, ROUGE, 2010), avec les ressources de proximité et les potentialités du territoire habité.
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Les relations créées par les TIC entre lieux et entre territoires dispersés, invitent à imaginer des marges d'autonomie locale pour leurs habitants, capables d’identifier des opportunités territoriales sur les réseaux sociaux et le web 2.0 plus largement. Les TIC montrent également dans le quotidien connecté des habitants numérisés une nouvelle forme d’appropriation et de mutation de son environnement. Thierry Marcou 36 parle d’ « encapacitation » des habitants périurbains, dotés de nouveaux outils fonctionnels pour mettre en œuvre des activités du quotidien. Même activités relayées par la spatialisation des activités territorialisées. Ces outils semblent pouvoir redonner de l’ancrage territorial aux habitants périurbains qui jusqu’alors vivaient une relation volatile au territoire. L’enjeu se situe donc précisément dans le défi de la définition d’un urbanisme périurbain à plus fort ancrage territorial autour de proximités réinventées pour construire une localité plus intense à partir de ces usages acquis dans les aires de vie des habitants des territoires diffus. En ce sens, le concept de « focalité numérique du territoire » tente de capter ces lieux d’intensité et stimulés par de nouvelles pratiques mises en œuvre par l’intervention des TIC. Ces lieux d’usages et de quotidiens où se structurent un habiter hybride entre le lieu et le réseau.
Un descripteur territorial
L’hypothèse de spatialité présentée à travers l’identification de contenus numériques territoriaux tend à produire ce qu’en introduction nous désignons comme descripteur territorial. S’il est pertinent de parler de haut-lieu numérique du territoire à l’étude présentant des configurations spatiales et sociales contrastées, alors ces hauts-lieux seraient ces lieux d’ancrage du quotidien et du commun, du reconnu et du collectif sans pour autant signifier le banal et l’insignifiant. Les focalités territoriales de lieux font émerger des lieux d’intensité des pratiques (services, administration, centre commercial), des moments de vie (formation, culte, association, lieu publique), et de l’événementiel (hôtel, concert, patrimoine). Ces lieux du quotidien et hauts-lieux de reconnaissance numérique par les usagers du réseau social Facebook dessinent une spatialité tout à la fois muée par les dynamiques spatiales inhérentes aux densités de services et d’aménités territoriales, mais aussi activée par la capacité du réseau numérique à étendre indéfiniment son champs d’action en révélant des dynamiques inédites à l’œuvre observables à travers l’étude des données réseau social. Notamment dans les reconnaissances de la commune qui représentent 16% des lieux géoréférencés. A travers ce travail à l’échelle communale, on rend compte du rôle de la commune comme espace structurant une reconnaissance de lieux diverses et géographiquement proches.
36 Thierry Marcou, Pour une mobilité plus libre et plus durable (FYP edition, 2009). FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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FIGURE 75 : liens entre lieux géoréférencés : lieux connectés à la page Facebook de Chaumontel
Source : www.facebook.com
Les lieux sont aussi mués par des dynamiques de liens et de mises en réseau à travers les interconnexions numériques de ces lieux sur le réseau social Facebook. En effet, les lieux et villes référencés acquièrent au fil des géoréférencements et des publications qui leurs sont corrélés par les utilisateurs, des liens formant des familles de lieux en réseaux à des échelles de proximité observables.
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FIGURE 76 : intensités de géoréférencements et densités de population : des centralités émergeantes du territoire par les pratiques pérégrinales numériques
Source : production personnelle
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La cartographie des densités de géolocalisation à l’échelle de la commune et de population montre des spatialités et des centralités différenciées. Les hauts-lieux numériques du territoire seraient donc en partie autonomes des dynamiques de densités de population des espaces centraux et invitent à une lecture du territoire par la proximité. Cette noncorrélation spatiale atteste d’une dynamique par le biais d’outils numériques territoriaux formulant l’hypothèse d’une périurbanité activée par les usages contemporains, et symbolisée par les habitants dotés d’outils numériques dans leurs pratiques pérégrinales quotidiennes.
FIGURE 77 : relation statistique théorique entre densité de géoréférencements numériques (CHECK-IN/hab) et densité de population (hab/km2)
Source : production personnelle
Ce graphique montre la relation qui s'établit entre la densité de population (hab/km²) et la densité des géoréférencements répertoriés sur le territoire (check/hab). La relation qui s'établit peut se traduire par une courbe de tendance linéaire dont l'équation est : y = -86,072x + 689,33 Cette relation théorique montre un rapport négatif entre densité de population et densité de géoréférencement par habitant. Cette courbe théorique montre que moins les territoires sont denses, et plus les rapports numériques par réseaux sociaux des habitants sont potentiellement élevés. Cela traduit l'émergence de liens faibles dans les territoires les moins denses statistiquement plus important que dans les territoires densément peuplés. FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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A travers cette analyse statistique, trois ensembles territoriaux différencient trois relations entre densité de population et géoréférencements numériques : 1. un premier ensemble territorial montre une discontinuité forte entre densité de population et densité de géoréférencements. Cet ensemble inclut les communes les plus denses du territoire à l'étude, et indique que la boucle de causalité entre référencement/densité/accès au réseau 3G ne se vérifie pas nécessairement. En effet, on observe ici des territoires dont la couverture en réseau mobile est maximale. 2. un deuxième ensemble territorial de densités numériques et humaines intermédiaires situe dans ce graphique des communes moyennement à faiblement peuplée et dont les taux de CHECK-IN/habitant sont aussi faibles. Ces communes se situent dans des territoires de faibles attractivités où peu de lieux de fortes activités humaines. 3. dans un troisième ensemble territorial, on observe les territoires peu denses dont les taux de CHECK-IN sont les plus forts. Dans ces territoires de faibles densités, comparativement aux territoires plus denses de la zone d'étude, les habitants ont des pratiques numériques territorialisées plus intenses. La boucle de causalité énoncée précédemment ne se vérifie donc pas dans le cas des territoires de densités intermédiaires étudiés. On analyse plutôt un rapport positif entre faible densité et attractivité numérique du territoire par les habitants eux-mêmes. Cette relation semble traduire une intensité territoriale en germe dans les usages des TIC par les habitants. L'approche de ce modèle par une cartographie discréditant les 252 communes dans ces trois classes permet la visualisation des écarts au modèle théorique de relation entre densité de population et densité de CHECK-IN dans les territoires de densités intermédiaires. Quand l'écart au modèle est négatif, il y a une plus forte densité de population que de relations numériques théoriques des habitants sur le territoire. Ce qui est particulièrement le cas sur le front urbanisé de la métropole parisienne. Quand l'écart est positif, il y a une faible densité de population et plus forte densité de CHECK-IN que ne le prédit le modèle théorique.
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FIGURE 78 : cartographie des écarts au modèle théorique d'intensité de géoréférencement par densité territoriale : le dynamisme numérique des territoires peu denses.
Source : production personnelle
Sur cette cartographie révélant les écarts au modèle y = -86,072x + 689,33, de relations entre densités de population et densités de CHECK-IN, on observe un dynamisme territorial fort des territoires de faibles densités et de densités moyennes du terrain d’étude. Dans les territoires de faibles densités se trouveraient donc, à travers l’illustration de ces surreprésentations de géoréférencements, les plus fortes activités numériques territorialisées par l’action des habitants sur le réseau social Facebook. Ces statistiques insistent sur une inversion du regard quand à l’image de territoires périurbains dont les appropriations spatiales par les habitants seraient faibles, car elles-mêmes situées sur des territoires de faibles ressources. L’intensité des taux de géoréférencements montre ainsi
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quantitativement une relation plus élevée en milieux de faibles densités qu’en milieux denses. La capacité de ces hauts lieux numériques du territoire à faire centralité s’accroît sur le réseau Facebook et invitent à imaginer des « complémentarités spatiales entre Internet et le territoire de plus en plus complexes et intenses mais aussi de plus en plus sensibles » (BEAUDE, 2012 : 87). La spatialisation des relations numériques dans les territoires implique une interaction momentanée par les usagers via un référencement de contenus ou par la géolocalisation d’un (ou de plusieurs) usagers s’identifiant comme présent dans une commune ou un lieu plus précis (Château d’Ecouen, autoroute A6, etc.). Les relations numériques entre territoires et entre usagers favorisent une lecture du territoire par « la force des liens faibles » des réseaux sociaux (GRANOVETTER, 1973), c’est-à-dire une interaction occasionnelle entre différents groupes, et par un décuplement des opportunités d’informations entre les territoires. La multiplicité de ces liens, loin de supprimer les distances, révèle une recomposition des proximités locales.
b/ Hauts-lieux du territoire dans l’espace numérique du réseau social
FIGURE 79 : The Power of Weak Ties (Jukka-Pekka Onnela) : une représentation artistique des lieux connectés en réseaux.
Source : www.flickr.fr
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L’espace de l’action numérique se territorialise comme nous avons pu le constater dans les cartographies à l’épreuve. Le haut-lieu numérique, en tant qu’espace reconnu et partagé et espace d’interactions libres entre usagers d’un territoire, se représente de manière hybride et interstitielle entre lieu territorialisé et lieu numériquement représenté. Ainsi on peut observer le haut lieu par le concept de page Facebook, comme interface d’expression territoriale. Avec l’exemple d’Ermont et de son espace Facebook dédié, la page fait figure d’interface relationnelle entre territoire et réseau numérique, au sein d’un nœud du territoire. On peut ainsi parler d’interspatialités 37 entre réseau numérique et territoire, à travers les occurrences de ces hauts-lieux numériques identifiés et captant des activités du quotidien.
FIGURE 80 : espace de l’interaction et du partage d’information territorialisée sur Facebook : la page communautaire de la ville d’Ermont
Source : www.facebook.com
Cette interface apparaît comme un espace appelant des communautés d’intérêts et de lieux à se former autour de partages d’informations, de services et de mises en réseau d’un certain nombre de lieux et d’individus, notamment à travers les cartographies produites qui agrègent les géolocalisations individuelles et collectives (pour les associations par exemple).
37 Interaction entre espaces. Ces interactions peuvent être de trois types : l’interface (espaces ayant des limites
communes), l’emboîtement (espaces d’échelles différentes) et la cospatialité (espaces de même étendue), selon les définitions de Jacques LEVY (LEVY, LUSSAULT, 2003). FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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Selon l’idée de Boris BEAUDE évoquée en introduction, ces espaces de pages et de lieux numériques constitueraient donc des territoires de dynamiques nouvelles, tant ils adhèrent aux territoires de densités intermédiaires d’une part, et tant ils mettent en jeux des dynamiques de reconnaissance spatiale inédite d’autre part. Ces pages apparaissent comme expression des subjectivités en synergie dans un espace public augmenté où se discute, et où se pratique virtuellement le territoire. Parler de hauts lieux numériques du territoire permettrait donc également de renverser le regard : il s’agit non seulement d’observer comment le territoire est signifié à travers un outil mais également comment les supports fonctionnels d’expression du territoire font eux-mêmes figure de haut-lieu en tant qu’espaces d’interactions intenses. Pour Antonio CASILLI, le web change « notre façon d’habiter les lieux du quotidien » (CASILLI, 2010). Il pousse même la métaphore jusqu’à considérer comme Boris BEAUDE, que ces espaces de pages, de blogs de référencement du territoire, sont des « lieux d’expressions de nos goûts » et que nous « habitons » (CASILLI, 2010 : 32) ces lieux, en leur attribuant des valeurs domestiques et territorialisées. « Nous entrons en ligne, nous visitons des pages web, nous accédons à des sites. Ces expressions ne sont pas seulement des façons de parler, des métaphores que nous empruntons dans nos conversations portant sur les réseaux numériques au quotidien. Elles sont aussi le symptôme de notre manière de penser ces technologies : visiblement, nous associons volontiers l’information et la communication à la notion d’espace. » (CASILLI, 2010 : 19) Certains chercheurs américains poussent même la métaphore de l’habiter numérique jusqu’à l’extrême pour montrer les corrélations conceptuelles entre espace numérique virtuelle telle que les pages Facebook et les lieux matériels où se jouent les pratiques réelles du territoire. Richard G. Ensman parle ainsi de « cyberfoyer » (ENSMAN, 2010), pour évoquer la spatialité concrète des usages des réseaux sociaux : « Pensez à votre futur site web comme à un cyberfoyer, un lieu où les amis et les invités peuvent se détendre et s’amuser en votre compagnie. » (Richard G. Ensman, Hospitality in Cyberspace : some Tips of your Designing World Wide Web, dwc magazine, 1997). L’idée, avancée lors de l’essor des TIC dans les années 1990, selon laquelle les communautés numériques des réseaux sociaux tels que Facebook, sont sans contiguïtés territoriales, est loin d’être vérifiée. En effet, les facteurs géographiques dans le cas de groupes sur réseaux sociaux numériques sont très importants. De récentes recherches ont montré que la proximité géographique entre membres des groupes connectés était un facteur déterminant pour l’interaction numérique dans ces espaces de sociabilité. Ce critère explique dans 55% des cas le critère d’adhésion et de pérennisation d’un groupe d’intérêt formé autour de questions de territoire diverses (culture, santé, services, etc.). Cette tendance qui n’est cependant pas une loi déterministe, montre une corrélation entre espaces virtuels et espaces réels.
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c/ Hauts-lieux numériques et services territoriaux : lieux numériques et dynamiques de services sur le territoire
A travers la précédente analyse des données numériques recensées sur Facebook, il a été mis en évidence le rôle fondamental des services à travers les géoréférencements numériques des usagers. Cette qualité des données spatialisées permet une mise en parallèle des travaux menés par l’agence Brès + Mariolle et Chercheurs Associés dans le cadre de la mission pour l’Atelier International du Grand Paris. L’agence Brès + Mariolle (architecture, urbanisme, programmation, recherche), sur la base d’une hiérarchisation spatiale par différents niveaux de services offert par les territoires, a analysé des dynamiques spatiales par relations supposées entre polarités de services : • • •
Services supérieurs Services intermédiaires Services de proximité
L’agence BRES + MARIOLLE ET CHERCHEURS ASSOCIES, en se basant sur la base permanente des équipements de l’INSEE et selon une parenté avec le modèle christallérien, a hiérarchisé trois types de polarités servicielles et de niveaux d’attractivité. Les distances d’accès aux différents types de pôles ont été organisées suivant l’approche christallérienne, suivant une montée en puissance du niveau de services. Les représentations de ces trois niveaux hiérarchiques entre pôles définissent des ensembles territoriaux qualifiés de grappes de proximité. Ces grappes traduisent des systèmes locaux de proximité théorique par accessibilité rationnelle à chaque échelon de service sur le territoire.
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FIGURE 81 : analogie spatialisée entre grappes de proximité (BRES + MARIOLLE 2012) et géoréférencements du réseau Facebook.
Source : BRES + MARIOLLE, 2013
Source : production personnelle
La concordance entre hiérarchie des lieux de services et géoréférencements des lieux de services par les utilisateurs permet une lecture spatiale par l’approche la théorie christallérienne des lieux centraux. En effet, la théorie des lieux centraux ayant été conçue, principalement par W. Christaller (CHRISTALLER, 1933) pour expliquer la taille et le nombre des villes et leur espacement dans un territoire, s’appuie sur une définition de la ville qui en fait essentiellement un centre de distribution de biens et de services pour une population dispersée, comme dans le présent cas d’étude. Cette théorie fondée sur la distinction de centres, sièges d’une offre de biens et de services, et de périphéries (régions complémentaires du centre) où résident la demande, la population utilisatrice. Même si cette théorie (vérifiée dans les très grands centres urbains du monde) fonctionne aux échelles petites et moyennes, et en faisant l’hypothèse d’un comportement rationnel des usagers sur le territoire, on peut faire l’hypothèse de liens entre les lieux de services géoréférencés entre
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polarités de services suivant des aires d’influence hiérarchiques dans les périmètres de grappes de proximité. Les centres hiérarchisés selon leur niveau de services, et les géoréférencements, selon leur quantité, impliquent une lecture spatiale dynamique, dans laquelle les CHECK-IN traduisent une intensité numérique et réelle des lieux de services et sont corrélés en partie au modèle christallérien.
FIGURE 82 : Schéma de la théorie des lieux centraux selon Walter Christaller, hiérarchisation des lieux d’interactivité spatiale.
Source : CHRISTALLER W., Die zentralen Orte in Süddeutschland, 1933
Le modèle christallérien s’appuie sur une représentation théorique des relations entre territoires selon les services depuis les lieux centraux majeurs de services jusqu’à la plus petite cellule de services. Le géoréférencement numérique par les usagers connectés nous donne un ordre non hiérarchisé, à partir de la base et traduisant également une intensité de relation au territoire par l’activité humaine et la pratique concrète du territoire.
Par cette mise en comparaison spatialisée, cette relation théorique place les géoréférencements de services Facebook dans une dynamique de flux aux espaces de proximité, aux grappes de proximité. Comme pour le concept avancé de focalité numérique du territoire, on entrevoit la grande complexité de la notion de haut-lieu, à la fois par la ponctualité du lieu référencé mais aussi par l’encapacitation de ce même lieu à former un réseau dynamique (numérique et réel) avec un territoire plus vaste que l’adresse qui le situe. En effet, comme pour les réseaux de lieux visibles sur Facebook formant des références entre lieux, les réseaux de lieux par hiérarchie de services forment des réseaux de territoires. A l’intersection de ces deux spatialités théoriques territorialisées se situerait une FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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hybridation territoriale entre usages des TIC et pratiques du territoire. Ces pratiques et usages pourraient dès lors constituer ce mode d’habiter les territoires périurbains de densités intermédiaires, caractérisé par une meilleure appropriation de son environnement proche et lointain. On peut donc faire l’hypothèse qu’entre ces pratiques théoriques du territoire et usages concrets des outils numériques se dessinent des reconfigurations du territoire, dans lesquelles de nouvelles dynamiques spatiales se forment.
Formalisation théorique des hauts-lieux numériques du territoire Nous avons ainsi défini le haut-lieu numérique du territoire à travers une approche caractérisée par la complexité des formes : 1 : le haut-lieu numérique des territoires de densités intermédiaires serait d’abord le lieu de l’intensité urbaine dont les fonctions et services entrainent une série de reconnaissance spatiale par les usagers du réseau Facebook eux mêmes, 2 : le haut-lieu numérique territoriale s’identifie aussi à travers une spatialité numérique dont les liens entre lieux sur le réseau social en sont les descripteurs. La spatialisation de ces descripteurs aborde aussi la question de la dimension multiscalaire en proposant une spatialisation de proximités, de contiguïtés territoriales, mais aussi de mise en relation à des échelles plus vastes (mondiales, dans le cas de certains lieux : Roissy-Charles-de-Gaulle, château d’Ecouen, parc Astérix, etc.) 3 : le haut-lieu numérique enfin se caractérise par la variété des formes, par la mixité des fonctions urbaines qui le caractérisent mais aussi par les différentes échelles d’interventions (lieu, ville, territoire proche et lointain, dense et peu dense, intense et doux), par les territorialités qu’il invite à imaginer et à spatialiser (focalités, grappe de proximité, etc.). On peut ainsi supposer le rôle émergent de ces lieux en réseaux numériques dans une production spatiale durable et à l’écoute des usages. En effet, la caractéristique majeure de ce haut-lieu numérique est d’être inscrit dans l’espace mais aussi dans le temps : un support à l’activité territoriale, à l’usage et à l’évènement, support du quotidien (services, transports, repères territoriaux), mais aussi support du ponctuel et du mémorable (loisir, culture, tourisme).
2/ étude de cas de haut lieu numérique : le cas de Persan
L’idée de haut-lieu numérique du territoire se justifie par les relations intenses que l’on peut observer entre Facebook, réseau-réceptacle de médias géolocalisés (NOVA, 2013) et le territoire.
Rappel de la limite méthodologique
Il est utile de rappeler ici que nous n’avons pu, par soucis de respect de la politique de confidentialité du réseau social Facebook, identifier les localisations précises des usagers FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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effectuant un géoréférencement volontairement. Et ceci constitue une limite méthodologique tout à fait notable pour une analyse approfondie de la base de données créée. Nous avons cependant pu ponctuellement identifier les localisations de ces usagers pour rendre compte d’une proximité observée entre le lieu identifié comme marqueur de territoire et le lieu de vie identifié par l’usager. Néanmoins ceci ne peut faire l’objet d’une étude statistique au regard des litiges encourus par une telle approche. Par une observation empirique des localisations d’habitations des usagers adeptes du géoréférencement, nous sommes amenés à supposer qu’il existe des proximités et des liens tenaces entre l’espace habité par les habitants connecteurs et les lieux géoréférencés sur le réseau social. Ainsi nous pouvons observer le cas de Persan en l’analysant à travers la grille de lecture du haut-lieu numérique du territoire définie précédemment.
a/ Haut lieu par la territorialité des contenus numériques spatialisés
FIGURE 83 : focalité numérique dans la zone de Persan : liens entre réseaux, activités et géoréférencements numériques
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La focalité numérique choisie ici montre une forte adhérence au maillage routier et ferré, et encourage une lecture d’une production dynamique de haut-lieu numérique du territoire par la dimension structurante des réseaux et des centres urbains qui les avoisinent. Cette focalité symbolise davantage une trace numérique des usages du réseau social plutôt qu’un périmètre clairement identifié dans lequel se structurent des activités précises. Il s’agit bien ici d’identifier à une échelle intermédiaire les territoires où se joue l’enjeu de la numérisation d’une appartenance numérique collective au territoire. Cette focalité numérique du territoire illustre l’hypothèse du réseau numérique comme véritable interface entre les ressources territoriales et leur spatialité numérique présentée ici.
FIGURE 84 : diversité et complexité des géoréférencements numériques : cinq catégories majeures pour décrire les traces numériques sur le territoire
Source : production personnelle
Comme le montre la typologie basée sur les cinq catégories décrites en deuxième partie, on observe une mixité de catégories de lieux à travers l’étude des hauts-lieux par les lunettes du numérique. Les restaurants et bars, les loisirs et repères du territoire sont dominants
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dans la description spatiale des contenus numériques du territoire de la focalité de Persan. Le cadrage sur cette zone d’étude pointe la complexité de l’étendue des lieux en réseau, au cœur de dynamiques territoriales contemporaines (accès aux loisirs, consommation de biens, visibilité web des entreprises, administrations connectées, etc.). Le croisement des données de l’agence Brès + Mariolle sur la spatialisation des grappes de proximité et des données géolocalisées issues du réseau social numérique observé relatives à la typologie des services décrit une dynamique théorique. En effet, on observe une relative adéquation entre les centres de services (représentés ici par le figuré cartographique noir le plus grand) et les lieux d’intensité de géoréférencement des services.
FIGURE 85 : Grappes de proximité et géoréférencements numériques : des hauts lieux numériques du marqués par l’attractivité de territoires en mouvement.
Source : BRES + MARIOLLE, 2013
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Cette hybridation entre théorisation des dynamiques de services par l’équipe de l’agence Brès + Mariolle, et l’étude spatialisé des lieux sur Facebook permet d’alimenter l’hypothèse de lieux connectés au cœur de dynamiques spatiales de proximité au sein des territoires de densités intermédiaires. Ces lieux apparaissent ainsi liés à un système relationnel de lieux qui participent fortement à une production spatiale par le niveau serviciel des territoires.
b/ Haut lieu par les interactions dans l’espace des pages Facebook
Considérer la page de lieu sur Facebook comme entité spatiale (en tant qu’elle constitue une médiation entre plusieurs individus, rassemblés en communautés d’intérêt autour de thématiques et de lieux) offre une visualisation des interactions complexes entre les territoires sur le réseau social. Une description empirique exhaustive du fonctionnement de la mise en réseau de ces hauts-lieux numériques s’avère difficile dans un cadre temporel contraint, néanmoins on peut analyser un certain nombre d’exemples attestant de la mise en réseau des lieux par les liens numériques.
FIGURE 86 : mise en réseau de lieux à partir du territoire communal administratif
source : www.facebook.com
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La mise en réseau par les différentes plateformes est un autre exemple de la mise en lien de lieux numériques. Foursquare et Facebook ont une base de lieux géolocalisées communes qui produit une interdépendance et une mise en réseau entre les lieux de ces deux plateformes. La territorialité de ces lieux connectés par les réseaux sociaux serait donc en mesure d’accompagner la mise en réseau de ces interactions entre usagers qui partagent le territoire par médias interposés (taggalaxy.net). Cette territorialité contribue à affiner la définition de hauts-lieux numériques du territoire. Le décryptage des différents types d’interactions possibles entre lieux sur le réseau animent le concept de haut-lieu numérique par la dynamique de mobilité (identification cognitive accessibilité aux ressources au sens large), de connexité du territoire, d’interactions sociales numériques, plus que part la simple identification topographique, historique, mémorielle. Les réseaux de lieux tissés par les internautes pour exprimer leur reconnaissance territorialisée d’un ensemble de lieux forment ce que certains qualifient de tiers-lieux. Pour Thierry Marcou (MARCOU, 2009), « un tiers-lieu dans le périurbain ressemblerait à « un endroit qui abriterait des dispositifs de co-conception sur des problématiques proposés ou organisées par des acteurs publics ; à un lieu qui créerait de nouvelles frictions entre les gens et leur donnerait envie de construire de nouveaux espaces désirables. » Une forme de récit territorialisé se forme ainsi à la manière de l’encyclopédie libre Wikipédia, tissant des réseaux thématiques complexes entre les pages. De manière invisible et dynamique, via l’intervention des millions d’usagers du réseau Facebook se construit un wiki-territorial, c’est-à-dire un espace de ressource au sein duquel les usagers, tout en alimentant sur les réseaux sociaux les lieux reconnus par leur propre expérience du territoire, façonne des représentations numériques collectives.
3/ Géoréférencement et aménagement : spatialisation de wiki-territoriaux
Pour Saskia Sassen 38, parler de ville intelligente c’est avant tout poser la question de l’intégration de la technologie dans la ville, c’est « regarder comment nous urbanisons la technologie, comment nous adaptons ou essayons d’adapter la technologie à la ville ?» (Saskia Sassen, lift-up 2011, la FING). La ville dense et peu dense, se compose désormais d’objets informationnels : les TIC, qui reconfigurent les spatialités, les modalités d’accessibilité aux ressources urbaines et les interactions sociales relatives au degré d’urbanité de ces TIC. Selon Saskia Sassen, l’urbanisation de la technologie peut permettre aux habitants un meilleur « dialogue » (anglais « talk-back ») avec leur ville et la création de nouveaux services individualisés. « How can we urbanize the actual technology? In many ways, cities tend to urbanize technologies semi-autonomously, since it is still not quite feasible to simply plop down a
38 http://www.internetactu.net/2011/07/12/est-‐ce-‐que-‐la-‐technologie-‐desurbanise-‐la-‐ville/, consulté le 23 août
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new technology in urban space. It requires modifications, mediations.39 40 » (Saskia Sassen, New City Reader)
a/ Territoires 3.0
La représentation des spatialités numériques tend à décrire des proximités relationnelles entre territoires. Les Technologies de l'Information et de la Communication (TIC), deviennent peu à peu les supports d’une nouvelle lisibilité du territoire et de ce que certains chercheurs ont pu qualifier de « techniques du quotidien »41. Ces supports accessibles de lisibilité du territoire tendent également vers ce que Tim Berners Lee décrit de web sémantique42. Les usages des TIC définissent des territorialités nouvelles faites de microréticularités (réseaux sociaux numériques de covoiturage, d'intérêts artistique, culturel, associatif et économique) et de flux d'informations depuis le service (réseaux sociaux, blogs, ecommerce, etc.) jusqu’à l’usager et entre les usagers eux-mêmes. Les usagers, impliqués dans ce fonctionnement en réseau, s'approprient aussi le territoire via ces informations circulant virtuellement, par infiltration progressive des cartes dans le quotidien des réseaux sociaux. Les cartes donnent du territoire une représentation sensible, évolutive et des lieux d’adhérence d’usages et de services. En fait, de véritables outils d'intermédiation dont la représentation des données issues du réseau social Facebook illustre la spatialité et les logiques de proximité dans la distribution des services que les utilisateurs mettent en œuvre dans leurs pratiques et leurs empreintes numériques. Aux données traditionnelles de relations socio-spatiales dans les territoires de densités intermédiaires s'intègrent les données issues des réseaux sociaux numériques, une couche d'analyse relationnelle encore inexplorée entre les territoires appelant des hybridations territoriales innovantes (services territoriaux par la mise en réseaux des habitants et des usagers des différents réseaux sociaux). Une nouvelle linguistique du territoire par l’expressivité numérique serait donc en germe dans les médias sociaux numériques aujourd’hui vecteurs de réorganisations socio-spatiales profondes.
39 http://www.newcityreader.net/issue15.html 40 Traduction : « Comment urbaniser la technologie ? De différentes façons, les villes ont tendance à urbaniser les
technologies de manière quasi autonome, alors qu’il n’est pas si simple d’intégrer une nouvelle technologie dans un espace urbain. Cela requiert des médiations, des modifications. »
41 Nous empruntons l'expression "techniques du quotidien" à Specht Maryline, Sperandio jean Claude, de la Garza
Cecilia. Réseaux, 1999, volume 17 n°96. pp. 97-‐120.
42 « Un web de données qui peuvent être traitées directement et indirectement par des machines pour aider leurs
utilisateurs à créer de nouvelles connaissances » (Tim Berners-‐Lee, « The Semantic Web », Scientific American Magazine, 17 mai 2001). FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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FIGURE 87 : la carte des 1000 lieux du Grand Paris
Source : http://www.ateliergrandparis.fr/1000lieux/
Le Grand Paris n’est pas exempt de la prise en compte de ces usages récents et massifs. A l’innovation en matière d’aménagement par le lien entre les territoires diffus et les territoires denses s’articule un besoin d’innovation par la réinvention des proximités, sous le jour de la révolution numérique, par les usages d’outils quotidiens, par un « vernaculaire [numérique] contemporain » (Brès + Mariolle et Chercheurs Associés). La tentative de mise en récit du territoire par des représentations numériques des ressources locales est un premier segment à la construction du territoire par les médias 2.0. L’interactivité massive de ces supports numériques territoriaux sur les réseaux sociaux par le web sémantique, en constituera peut-être la seconde étape. Cette interactivité fournie par les usagers du réseau entre lieux connectés et territoires réels, invite à imaginer un urbanisme à « fort ancrage territorial » (VIDAL, ROUGE, 2013), sensible aux pratiques numériques non plus émergentes mais soudées au quotidien des populations des territoires de densités intermédiaires.
Hauts-lieux numériques du territoire pour un urbanisme de proximité
Les lieux géoréférencés sont particulièrement adhérents aux réseaux de transports et se situent dans une très grande proximité aux voies ferrés et viaires principales. Cette cartographie montre l’ensemble des lieux géoréférencés sur Facebook se trouvant à moins d’1 km d’une station de gare. Cette relation de proximité des lieux géoréférencés sur FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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Facebook entre accès métropolitain (via le réseau ferré) et proximité territoriale (via le périmètre central d’1 km autour des gares) invitent ainsi à penser par la proximité le dynamisme métropolitain des densités intermédiaires.
FIGURE 88 : périmètre d’accessibilité de 1km autour des gares et lieux géoréférencés sur Facebook
Source : production personnelle
Proximité des géoréférencements aux gares : ci-dessus figure l’ensemble des lieux géoréférencés se trouvant à moins d’1 km d’une gare. 53 % des lieux se trouvent dans cette configuration de proximité à une gare. Ce focus sur la proximité des lieux géoréférencés aux ressources de transports pointe le potentiel d’évolution des lieux reconnus sur le réseau social. En effet, pourquoi ne pas
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imaginer et aménager des espaces d’usages collectifs de la reconnaissance individuelle et collective de ces lieux sur le territoire structurés par exemple par les services et réseaux sociaux connectés.
FIGURE 89 : lieux géoréférencés et adhérence au territoire de la mobilité : rayon de 1km autour du réseau viaire principal
Source : production personnelle
Lieux géoréférencés et adhérence aux réseaux viaires : ensemble des lieux se trouvant à moins d’1 km d’une route principale ou d’une route secondaire du réseau viaire. La quasi totalité des lieux géoréférencés se trouvent dans cette configuration.
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b/ étude de cas à l’échelle locale : Méru, à travers les expérimentations d’usages de Facebook comme outil de production de spatialité numérique
De nombreuses initiatives dans les territoires d’urbanisation dispersée (périurbains et ruraux) permettent de qualifier le numérique de véritable enjeu pour l’avenir de ces territoires. Des politiques publiques numériques à la recherche d’une adaptation aux usages locaux se développent. Les objectifs sont multiples : développer des services adaptés aux pratiques locales, aider les citoyens à organiser leur quotidien, à mieux lire leur proximité et les opportunités territoriales environnantes, aider les entreprises à mieux s’adapter aux différents écosystèmes qui les entourent afin de promouvoir une meilleure lisibilité du territoire (exemple : réseau Sismic). Le patrimoine immatériel des territoires peinent à être identifié et de nombreux outils collaboratifs se développent afin d’encourager des pratiques du numérique selon un principe d’urbanisme numérique contributif, détournée de l’expression originale du philosophe Bernard Stiegler43 d’”économie contributive”. La ville de Méru sur son site internet : www.meru.fr ; a mis en place une cartographie reflétant les potentiels de lisibilité numérique du territoire et l’émergence de cette économie contributive en marche dont parle Stiegler, à travers une cartographie dynamique hyperlocale basée sur géoréférencements des lieux de ressources territoriales grâce aux outils fournis gratuitement par la plateforme numérique Google Maps.
VERBATIM d’un élu au Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication « La cartographie interactive a été mise en place pour permettre aux administrés de trouver les structures publiques, de savoir où étaient certains équipements, d’où la création d’une Google Maps. […] A travers le site internet, les méruviens nous font remonter leur satisfaction et leurs mécontentements. Il y a environ 1000 visites par jour sur le site de Méru. Notre projet est de développer des usages liés au numérique pour que se développent des réflexes en matières d’accès à l’information territorialisée. Beaucoup de méruviens sont demandeurs d’informations sur le site internet. […] L’information est au cœur du projet numérique à Méru. Durant les manifestations associatives de l’année dernière, nous avons créé des sites internet spécifiquement dédiés aux activités culturelles afin de faire de cet outil, un outil de médiation politique, comme un espace public. […] Le site internet est aussi l’occasion de favoriser la création et la découverte d’associations dans la ville avec la création de sites pour diffuser des contenus variés (vidéos, photos, etc.), comme sur Facebook. » (Hugues de Léon, élu délégué au NTIC à la mairie de Méru, entretien téléphonique du 20 septembre 2013.)
Cette initiative numérique de la part de la collectivité locale de Méru intègre le numérique comme « médium » (MC LUHAN, 1964) entre usagers connectés et ressources du territoire. La cartographie interactive à destination des usagers territorialise par l’outil numérique l’ensemble des ressources que l’acteur public met à disposition de ses administrés. On pourrait parler de hauts-lieux numériques de la politique local à Méru. L’interaction de l’outil tel qu’il se présente aujourd’hui n’est par permise entre l’interface et l’usager. Néanmoins, la
43 http://owni.fr/2011/11/30/vers-‐une-‐economie-‐de-‐la-‐contribution/ FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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nature de l’outil ouvre des perspectives d’interaction innovantes et itératives avec les usagers. La plateforme mise en place permet en effet, le géoréférencement par les usagers eux-mêmes de la carte Google Maps, tout comme ils peuvent le faire sur les lieux géoréférencés sur Facebook.
FIGURE 90 : wiki-territorial institutionnel de Méru : hauts-lieux numériques du territoire reconnus par l’acteur public
Source : maps.google.com
FIGURE 91 : lieux géoréférencés par les usagers de Facebook sur le territoire de la commune de Méru
source : production personnelle FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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Un embryon de wiki-territorial est en germe dans cette initiative publique à une échelle hyperlocale et à travers les géoréférencements traités sur le réseau social Facebook. Des transversalités d’usages peuvent elles permettre une collaboration ouverte entre usagers et usagers, entre usagers et décideurs, entre usagers et services territoriaux ? Avec l’exemple de Méru, on peut faire le constat d’une relative concordance entre identification de lieux par la puissance publique, comme lieux centres du territoire, et l’identification par les géoréférencements habitants des lieux faisant sens par l’appartenance numérique que les usagers dédient à ces lieux. Néanmoins, un spectre plus grand de lieux s’observe à travers les géoréférencements des usagers du réseau social Facebook. La base de données analysée dans ce travail introduit la question de la proximité des services et des ressources, via le réseau Facebook. De nombreux réseaux sociaux existants abordent le service entre usagers de manière dynamique et proactive. En effet, en ouverture de ce travail d’analyse quantitative et qualitative des géoréférencements des utilisateurs de Facebook dans leur territoire, on peut faire l’hypothèse d’espaces de voisinage numérique, stimulés par les riverainetés réelles sur les réseaux sociaux. Ainsi, le réseau social ma-résidence.fr, dans le domaine des services collaboratifs entre usagers, ou encore e-loue.fr dans le domaine de la consommation collaborative, met en réseaux les usagers d’un même territoire échangeant entre eux un ensemble déterminé de ressources visibles en ligne, par le biais d’une géolocalisation volontaire des usagers.
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FIGURE 92 : Services connectés collaboratifs et réseaux sociaux hyper locaux : détection des hauts-lieux par les riverainetés numériques, les voisinages et les modalités de mutualisation des services entre habitants
Source : www.ma-residence.fr
A travers ce type d’outils se décrète une dynamique de haut-lieu, par l’intensité des usages immatériels dont l’intérêt et la nature sont profondément territorialisés. Les voisinages et riverainetés numériques se déroulent dans ces espaces de collaboration et de mutualisation des ressources par le biais d’un outil immatériel et territorialisé.
Depuis quelques années, on aperçoit une inflation des cartographies collaboratives faisant état des territoires et de leurs ressources (wiki-territorial). Les habitants, impliqués dans ces démarches, participent à une co-production par les représentations de cartographies sensibles, en partenariat avec l’autorité technique des services de collectivité territoriale. Avec l’exemple de la Carte Ouverte du Plateau de Saclay, la fonction d’incrémentation de données dans la cartographie est rendue possible par les usagers. Ainsi, on observe une détection des hauts-lieux du territoire par les usages contemporains, quotidiens, par des pratiques de mobilité. Les usagers à travers l’usage du numérique comme espace d’interface entre numérique et territoire, participent à une économie contributive consistant à mettre en réseau les lieux et ressources du territoire. FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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FIGURE 93 : Carte Ouverte du Plateau de Saclay : outil ouvert et collaboratif pour la détection et les débat sur les hauts-lieux du territoire par le numérique
Source : rennes.carte-ouverte.org
« La Carte Ouverte du Plateau de Saclay est un outil d’aide à la mobilité et à l’enrichissement de l’espace public, par la connaissance partagée des informations, lieux et services concernant ce territoire et ses vallées. Elle en recense sur Internet les ressources pratiques, culturelles ou patrimoniales et les richesses territoriales, agricoles, paysagères ou encore scientifiques. [Il s’agit] d’un espace d‘échange et de mutualisation, visant à donner un horizon humain à ce grand territoire métropolitain en plein mutation. [On y trouve] outre les réseaux de transport en commun, les pistes cyclables et sentiers, un calcul d’itinéraires de marche ou vélo, ainsi que les lieux de culture ou de pratiques sportives, les circuits de balades, les évènements en cours, les points de vente à la ferme, les bons coins ou encore les services nocturnes. » 44 La mise en place de ce projet a été financée par un projet de recherche-action sur le développement de la marche dans les territoires périurbains et métropolitains (ministères chargés du développement durable, de la recherche et de l'industrie, de l'Ademe, d'Oséo et de l'Agence Nationale de la Recherche). Elle est par ailleurs soutenue par le Conseil Général de l’Essonne et le Conseil Régional d’Ile-de-France dans le cadre d’un projet de Terre et Cité (association) visant à valoriser la pratique et la découverte du territoire.
44 http://saclay.carte-‐ouverte.org/, (consulté le 13 mai 2013) FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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Ce type de cartographie participative interroge le rapport entre institution et citadin, entre des logiques bottom-up et top-down. L’alimentation de cartes ouvertes permet d’envisager le citadin comme capteur volontaire de ses itinéraires, ses actions sur et dans la ville. Le système de guidage GPS est par exemple un bon indicateur des possibilités de prises en compte de l’impact environnemental et social du déplacement, qui notamment réintègre l’automobile dans un complexe de régulation de la mobilité au sens large. L’utilisation de l’intelligence des déplacements (l’information-voyageur depuis l’opérateur ou le crowdsourcing) rend possible une meilleure optimisation des lieux, des services, des déplacements, et des rythmes urbains. Elle permet d’associer le citadin et de créer des systèmes de lisibilité du territoire.
c/ un descripteur territorial comme nouvel outil de l’action publique : outil méthodologique issu de la recherche sur les territoires de densités intermédiaires du PUCA
Après analyse des données extraites du réseau social Facebook, il apparaît que les géoréférencements dans les espaces de densités intermédiaires mettent en avant une composition fonctionnelle du territoire, où les habitants reconnaissent les lieux qu’ils pratiquent en plaçant dans la sphère numérique les lieux de ressources qu’ils pratiquent. Cela permet d’identifier un enjeu de production spatiale à travers l’identification de ces lieux de ressources sur les réseaux sociaux numériques. Une production bottom-up45 traduisant une mémoire du lieu à travers une empreinte numérique. Ces empreintes permettent de penser un urbanisme à fort ancrage territorial où ces pratiques numériques permettraient de tisser des liens avec les ressources territoriales de proximité (VIDAL, ROUGE, 2012). Avec l’ensemble des lieux géoréférencés, il est ainsi possible de produire, à travers la méthodologie déployées et aux résultats de cette recherche obtenus, un outil permettant une lecture du territoire par l’expressivité numérique sur le réseau social Facebook via une carte interactive Google Maps. Cet outil ouvert s’inscrit dans la dynamique de spatialisation l’interaction entre réseau social numérique et territoire. On peut ainsi imaginer un outil open source, capable d’identifier et spatialiser par une contribution massive (crowdsourcing) un wiki-territorial des lieux du réseau social Facebook.
45 C’est-‐à-‐dire une production synthétique et collective de contributions numériques individuelles. FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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FIGURE 94 : outil collaboratif expérimental de détection des hauts lieux du territoire par le numérique, sur la zone d’étude du programme PUCA
Source : www.francoisvienne.com
L’enjeu de ce projet expérimental est de créer une base de données par des contributions habitantes massives, servant à identifier les lieux-clés des territoires et ainsi améliorer la lisibilité et la connectivité des ressources territoriales.
Cet outil collaboratif expérimental a été créé à partir de la méthodologie déployée dans cette étude. Sa qualité interactive confère à cette carte la possibilité d’être enrichie, modifiée, discutée afin de soulever des enjeux clés du territoire à travers un exercice contributif massif de la part des usagers du réseau social. Ce type d’outil, en guise d’ouverture méthodologique, a pour but de favoriser l’émergence d’un territoire partagé, pratiqué, et sensible. Il invite les habitants et visiteurs de lieux à une appropriation collective et une découverte du territoire, par les usages massifs du numérique. Partager des informations sur le territoire mais aussi questionner, par la spatialisation de lieux reconnus et appropriés, la notion de hauts-lieux sur le territoire afin d’identifier les enjeux territoriaux de manière originale. Les enjeux urbains rendus lisibles par cette méthodologie expérimentale, invitent à une lecture spatiale par les traces numériques laissées par les usagers, et une mise en scène des contenus générés (géoréférencements, photos, publications diverses) par les utilisateurs des réseaux sociaux. Ces contenus peuvent ainsi contribuer à la construction d’une mémoire dynamique et multimédia des lieux.
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FIGURE 95 : exemple d’intervention individuelle collaborative sur la carte ouverte « hauts-lieux numériques du PUCA »
Source : maps.google.com
L’application en ligne Google Maps Engine Lite permet à l’usager d’insérer directement de l’information sur son territoire approprié, proche et lointain. Cette méthodologie permet un outillage de recherche des hauts-lieux par une action individuelle et collective.
Le développement de cet outil dans le cadre de ce travail de recherche se veut être une invitation à investir le local par l’expression des hauts-lieux du numériques par les usages nouveaux comme le géoréférencement individuel des habitants sur le territoire. A travers la co-spatialité des espaces d’activités humaines et de géoréférencements spatiales sur Facebook par les habitants, on a pu faire l’hypothèse d’une lecture de ces spatialités numériques par le mouvement, par l’action, et par les flux quotidiens de fréquentations et d’usages des lieux d’activités. Ces CHECK-IN s’inscriraient dans ce processus de pérégrinations contemporaines par le numérique. A partir de cette hypothèse, la création d’un outil collaboratif marqué par l’intégration de la dynamique de géoréférencement et de crowdsourcing se présente comme un outil potentiel pour les travaux et enquêtes ultérieures sur les lieux reconnus et pratiqués du territoire.
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FIGURE 96 : créer une page de débat sur son territoire par l’intermédiaire des réseaux sociaux
Source : www.facebook.com
Les pages Facebook comme espaces de riveraineté numérique du territoire connecté sont des connecteurs des lieux et de reconnaissance virtuelle du territoire. Ces « espaces réticulaires » (BEAUDE, 2012) contribuent à la détection des hauts-lieux du territoire par un descripteur territorial en germe dans ce processus de recensement des CHECK-IN. Cela favoriserait-il également l’émergence des outils nouveaux de guides de l’action publiques par la lecture des usages citoyens ? De nombreuses autres plateformes permettent ces usages dont Twitter, Foursquare, Pica Pica, ou encore Rustlin. « A Méru, et dans la communauté de communes des Sablons, les questions territoriales liées au numérique sont devenues importantes car elles concernent la vie de tous les jours. On a une vraie utilisation à Méru de ces lieux d’interfaces avec des usagers qui s’en servent quotidiennement. » (Hugues de Léon, élu au NTIC, mairie de Méru, entretien téléphonique du 20 septembre 2013).
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FIGURE 97 : Quel usage de Facebook pourriez-vous avoir, vous correspondrait ?
Source : www.harrisinteractive.com
57% des utilisateurs pourraient utiliser Facebook pour encourager les initiatives locales, 50% déclarent utiliser les informations locales trouvées sur Facebook pour organiser des activités et des sorties entre amis, et une quasi majorité voit l’outil comme un moyen de promouvoir le territoire (localité de pays, ville, quartier, rue, adresse). Les usagers peuvent à leur tour créer des pages communautaires en lien avec un sujet territorial, un débat politique. Cet outil fait figure de véritable outil d’intermédiation entre la connaissance territorial des habitants et usagers du réseau Facebook, et les décisionnaires territoriaux. Des conversations métropolitaines s’y jouent et la quotidienneté des pratiques territoriales impriment une trace visible et spatialisable, comme cette étude cherche à le démontrer. L’outil collaboratif mis en place sur le site créé durant cette étude46 est une proposition à imaginer des lieux et hauts-lieux de dialogues urbains pour les habitants sur leur territoire environnant approprié et pratiqué. Ces exemples de cartographies collaboratives, potentiellement révélatrices de dynamiques territoriales et de hauts-lieux numériques du territoire, se veulent être les médium numériques de territoire, assurant la continuité entre deux espaces de pratiques, l’un physique et matériel, l’autre virtuel et informationnel. Ces cyberespaces en tant qu’espaces d’imaginaires et de pratiques collectives peuvent être lus comme de nouveaux outils, mis en place pour répondre à la fermeture progressive des lieux réels de confrontation démocratique, et à l’opacité des modalités de participation à la production urbaine, et à l’espace public, au sens de Jünger Habermas (HABERMAS, 1978). Ces espaces d’interaction, de témoignages et d’expressions, semblables à celui produit à l’issue de cette étude, peuvent-ils être des outils émergents de lisibilité territoriale et de détection de hauts-lieux numériques du territoire ?
46 www.francoisvienne.com/socialnetworkmap FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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CONCLUSION
Conclusion générale Les technologies de l’information et de la communication semblent en mesure de révéler et d’accompagner, à des degrés divers, les réorganisations spatiales et socio-économiques en cours dans les territoires de densités intermédiaires. Les empreintes numériques analysées ici par les contenus géolocalisés du réseau social Facebook permettent de lire le territoire à travers une variable spatialisée, issue d’un outil numérique a-spatial. L’analyse de ce cyberespace (BEAUDE, 2012) donne à voir une couche idéelle et virtuelle à l’observation du territoire comme espace de dynamiques et de pratiques du territoire. Cette géographie virtuelle en s’ajoutant à la géographie matérielle, introduit une couche de lisibilité par l’espace interactif des réseaux sociaux numériques. Cette hyper-réalité connectée auraitelle, comme le pensait Jean Baudrillard, dépassée la réalité ? Le cyberespace des sociabilités, comme celui que l’on observe sur Facebook entre utilisateurs connectés par des lieux, conduit-il à reconsidérer nos grilles de lecture du territoire et des interactions qui s’y produisent ? Le paradigme technologique de la connectivité du territoire contemporain invite à imaginer de nouvelles méthodologies d’analyse. L’analyse des géoréférencements numériques dans les territoires de densités intermédiaires révèle une dynamique d’appropriation des ressources territoriales et de reconnaissance d’une localité numérique vécue. L’intégration des outils numériques dans le quotidien des habitants des territoires dits périurbains, accompagne une transformation de la représentation du territoire habité. Le changement paradigmatique du numérique affecte de manière sensible ces territoires métropolitains, par une réappropriation progressive de son environnement proche. Les témoignages des habitants enquêtés par l’équipe PUCA ciblent de manière précise quels lieux et quelles aménités territoriales font repères dans un quotidien mobile complexe et mouvant. Ces lieux de repères (centres commerciaux, pharmacie, sport, loisirs, patrimoines, etc.) désignent des hauts-lieux caractérisés par des dynamiques de pratiques du territoire inscrites dans des temporalités hétérogènes. Les lieux géoréférencés sur le réseau social Facebook, en relayant la typologie de potentiels hauts-lieux identifiés par les habitants, révèlent une dynamique marquée par l’hybridation entre pratiques collectives du territoire, intensité des géoréférencements, et représentations de lieux pratiqués virtuellement par les fréquentations massives des espaces de partage et d’interactions numériques que sont les réseaux sociaux. Territoires pertinents d’observation de dynamiques spatiales par le numérique La boucle de causalité proposée en introduction ne se vérifie donc pas au regard du dynamisme théorique et observable des territoires de densités intermédiaires en matière de géoréférencement. L’accessibilité au réseau internet ne semble donc pas être un facteur déterminant de l’attractivité de ces territoires dont les contenus médiatiques géolocalisés
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révèlent des spatialités et des interactions multiples entre communautés d’usagers territorialisées. Les espaces périurbains montrent ainsi une assez forte réceptivité aux TIC, ce qui a permis durant ce travail de territorialiser les empreintes digitales laissées par les usagers sur des lieux emblématiques de leurs usages quotidiens et/ou événementiels à travers l’observation des lieux géoréférencés sur le réseau social Facebook. Ces espaces périurbains loin d’être le théâtre de l’immobile et du rejet du local s’observent par l’activité de leurs habitants sur l’environnement urbain local, à travers une action numérique de valorisation de son territoire par une incrémentation de données, territorialisées à sa propre identité numérique sur Facebook. Ces données virtuelles témoignent d’une reconnaissance en lien avec les propres mots des habitants de ces territoires, à travers les entretiens menés par les membres de l’atelier PUCA sur les communes de Méru, Ecouen et Senlis. Les centralités émergées du traitement statistique et cartographique de la série de géoréférencements numériques, donnent lieu à une lecture du territoire par la mobilité et l’action, par l’activité et la navigation du territoire (matérielle et virtuelle). Certaines figures de hauts-lieux par une lecture spatiale des données numériques émergent tel que la rue, le quartier, encore la figure théorique de focalité numérique à une échelle élargie. Le haut-lieu numérique de territoire s’envisage à plusieurs échelles, et situe une dynamique de territoire à la fois immatérielle et territorialisée, représentant un territoire à la fois virtuelle et pratiqué. L’analyse des données géoréférencés par les requêtes de ville sur Facebook, productrices d’une description spatialisée des usages contemporains numériques, invite à imaginer de nouveaux outils de production d’analyse spatiale. Ces données issues de crowdsourcing massif peuvent être un levier d’action en matière d’analyse urbaine par les usages. De nombreuses initiatives de territoires connectés sont initiés par les collectivités territoriales47. A la valeur ajoutée d’une détection des lieux de symboles et de pratiques en ligne, peut s’ajouter une fonction d’interaction cartographique avec les habitants. Limites et reproductibilité méthodologiques Les données géoréférencées répertoriées tendent à identifier des dynamiques spatiales et l’émergence de hauts-lieux du territoire par le prisme théorique du numérique. Cette méthodologie appliquée au territoire d’étude du programme du PUCA des LIEUX ET HAUTS LIEUX DES DENSITES INTERMEDIAIRES, par la reproductibilité méthodologique de production de données spatiales qu’elle propose, peut elle être appliquée à d’autres territoires ? On peut interroger et ouvrir des pistes de réflexion sur une possible reproductibilité méthodologique dans les territoires de densités très fortes comme en cœur aggloméré de la métropole parisienne, ou dans les territoires diffus et ruraux comme en région limousine, où se structurent des polarités et des configurations spatiales différenciées du territoire d’étude du PUCA. Cette reproduction méthodologique permettrait ainsi de rendre compte de la possible généralisation ou de la spécificité propre à l’étude menée dans ce travail.
47 http://www.interconnectes.com/fr/ (consulté le 12 octobre 2012) FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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Vers un outil méthodologique ? Le travail de description du territoire à travers les appartenances numériques, indique des spatialités muées par l’attractivité des territoires en services, loisirs, lieux de consommation et d’activité plus globalement. Ces spatialités observées font fortement échos au dynamisme des territoires de densités intermédiaires, appropriés à la fois par des populations locales, mais aussi plus lointaines. De la détection des hauts-lieux du territoire résulte une observation de hauts-lieux du territoire par des dynamiques d’intensité urbaine (intensité des usages de lieux d’activité), de mobilité (adhérence aux réseaux de transports) et de cognitivité (reconnaissance numérique du territoire). La construction d’un outil méthodologique de détection des hauts-lieux par un outil collaboratif ouvert est une perspective proposée et issue des travaux menés. Il serait ainsi possible de spatialiser (sans identifier précisément toutefois les contributeurs connectés) des hauts-lieux numériques, grâce à une démarche méthodologique reproductible et itérative. Le rapport entre TIC et territoire s’établit ici par l’apport spatialisé d’une interface, le réseau social numérique, informant sur la façon dont le territoire symbolique et pratiqué s’analyse par les interventions numériques des usagers du réseau Facebook. Il est toutefois recommandé de souligner, même si le territoire à l’étude est doté d’une forte connectivité numérique (couverture 3G), la détection des hauts-lieux numérique des territoires de densités intermédiaires ne peut se faire que part l’intervention des populations connectées. Bien qu’une large part de la population francilienne utilise quotidiennement ces plateformes, et notamment les populations jeunes, il est probable que ce type d’usage des TIC ne concernera pas l’ensemble de la population, mais une catégorie croissante, au regard des études sur les TIC qui chaque année révèlent une appropriation importante de ces outils d’interactivité quotidienne. Plus de 44% de la population française est déjà dotée d’un smartphone permettant les usages décrit dans ce travail, et le taux de pénétration des TIC dans les foyers français dépasseraient les 132% / an48. Les habitants, acteurs centraux de la dynamique des hauts-lieux numériques transforment le territoire et décrivent une représentation virtuelle de celui-ci en s’appropriant les outils numériques. Par la révolution paradigmatique du numérique, il s’agit donc d’interroger les catégories conceptuelles de description du territoire pour appréhender de nouvelles formes 2 .0 de réalités urbaines. La question de recherche posée dans la présente étude invite à penser les recompositions des lieux vécus et pratiqués dans les territoires périurbains par le réseau social numérique Facebook, et marqués par une fréquentation du territoire sur le mode des fonctions et des aménités, et ainsi des centralités et des organisations sociospatiales. Il s’agit d’inviter à lire l’espace par le virtuel, à décomposer les usages et les représentations par de nouvelles grilles de lecture, dont les avatars numériques individuels sur les réseaux sociaux sont inexorablement ancrés dans un espace où les proximités s’organisent non loin du territoire réel.
48 http://www.zdnet.fr/actualites/france-‐44-‐de-‐la-‐population-‐equipee-‐de-‐smartphones-‐en-‐majorite-‐sous-‐android-‐39791046.htm, (consulté le 12 juillet 2013) FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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TABLE DES MATIERES REMERCIEMENTS (p.1) RESUME / ABSTRACT (p.2) INTRODUCTION (p.3)
I – HABITER LES TERRITOIRES PERIURBAINS AVEC LES TIC Quelles représentations et relations entre numérique et territoire ? 1/ Les territoires de densités intermédiaires à l’heure du numérique (p.24) a) Présentation des territoires à l’étude (p.24) b) Territoires de densités intermédiaires comme espaces d’enjeux et d’attractivité (p.27) c) Connexions numériques des territoires périurbains (p.33)
2/De nouvelles formes d’habiter le territoire par les TIC (p.35) a) « Habiter » le périurbain avec le numérique (p.35) b) Un désir de local par l’expressivité numérique (p.38) c) Mise en récit du territoire par les TIC et les réseaux sociaux : médias sociaux et visualisation de données (p.42)
3/ Révéler l’hyperlocal : quotidien des usages numériques (p.49) a) réseaux sociaux et territoire de proximité : l’hyperlocal par les plateformes sociales relationnelles (p.49) b) Représentation de l’hyperlocal : le numérique comme vecteur d’individualisation de l’hyperlocal (p.50) c) Vers une représentation hyperlocal par le numérique ? (p.54)
II – ANALYSES DE DONNEES TERRITORIALES GEOLOCALISEES SUR LE RESEAU SOCIAL FACEBOOK Spatialisation de géoréférencements des espaces de proximité par les utilisateurs du réseau social numérique.
1/ Macro-analyse des données géoréférencées sur Facebook dans le périmètre d’étude du PUCA (p.58)
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a) Statistiques des géoréférencements (p.60) b) Densités intermédiaire et intensité de géoréférencements sur le territoire d’étude (p.69) c) Réseaux territoriaux et adhérence des données géoréférencées Facebook (p.74)
2/ Comparaison de trois configurations spatiales sur les territoires de densités intermédiaires : quelles différenciation qualitative à travers les géoréférencements ? (p.79)
a) Echos des enquêtes habitants et hauts-lieux de géoréférencement sur Facebook : analyse sémantique (p.79) b) Comparaison de configurations spatiales distinctes sur le territoire d’étude du PUCA : analyse spatiale (p.86)
3/ Analyse thématique des contenus géoréférencés (p.92)
a) Typologie de lieux géoréférencés et relations aux territoires : dynamiques et spatialités par les expressions numériques (p.92) b) Etude de cas : une commune de l’atelier PUCA : Méru (p.101) c) Proximités et numériques : interfaces numériques et relations à la morphologie urbain (p.106)
III - FOCALITES ET HAUTS-LIEUX NUMERIQUES DU TERRITOIRE SUR LES RESEAUX SOCIAUX Pôles, centres, et nœuds sur le territoire 2.0
1/ Focalité numérique : un nouveau descripteur territorial à l’échelle macro-spatiale (p.115) a/ Focalité numérique : échelle élargie (p.115) b/ Haut Lieu du Territoire dans l’espace numérique en réseau social (p.124) c/ Haut lieu numérique et services territoriaux : lieux numériques et dynamiques de services sur le territoire (p.127)
2/ étude de cas de haut lieu numérique : le cas de Persan (p.130)
a/ Haut lieu par la territorialité des contenus numériques spatialisés (p.131) b/ Haut lieu par les interactions dans l’espace des pages Facebook (p.134)
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3/ Géoréférencement et aménagement : spatialisation de wiki-territoriaux (p.135)
a/ Territoires 3.0 (p.136) b/ étude de cas à l’échelle locale : Méru, à travers les expérimentations d’usages de Facebook comme outil de production de spatialité numérique (p.140) c/ Un descripteur territorial comme nouvel outil de l’action publique : outil méthodologique issu de la recherche sur les territoires de densités intermédiaires du PUCA (p.145)
TABLE DES FIGURES INTRODUCTION
FIGURE 1 : Exemple de lieux géoréférencés en territoire de densités dispersées (p.6) FIGURE 2 : Logo de la fonction CHECK-IN sur le réseau social Facebook, outil d’intermédiation entre l’habitant et le lieu virtuellement publié (p.12) FIGURE 3 : Méthode de géoréférencement des lieux édités sur Facebook (p.13) FIGURE 4 : Requête d’adresse précise de lieux sur Google Maps (Méru, Picardie) (p. 14) FIGURE 5 : Résumé quantitatifs des données géoréférencées sur l’ensemble des 252 communes du terrain d’étude du PUCA (p.14) FIGURE 6 : Variables majeures et mineures des lieux géoréférencés sur Facebook dans les 252 communes PUCA (p. 15) FIGURE 7 : Boucle de causalité : quels liens entre géoréférencement / densité / accessibilité au réseau ? (p.16) FIGURE 8 : Aperçu de la spatialisation de géoréférencements numérique sur le territoire à l’étude (p.18)
PARTIE 1 : HABITER LES TERRITOIRES DE DENSITES INTERMEDIAIRES AVEC LES TIC
FIGURE 9 : Présentation densités de population du territoire du programme PUCA (p.26)
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FIGURE 10 : Présentation des taux d’équipements du territoire du programme PUCA (p.27) FIGURE 11 : Présentation des distances parcourues en km/jour par les habitants du territoire du programme PUCA (p. 29) FIGURE 12 : Typologie de paysages numériques des territoires de densités intermédiaires sur Google Street View (p.31) FIGURE 13 : Présentation des espaces fonciers d’activités du territoire d’étude du programme PUCA (p33) FIGURE 14 : Couverture du territoire de l’Oise et du Val d’Oise en réseau mobile 3G : détails de couverture des trois opérateurs nationaux (p.35)
FIGURE 15 : Aujourd'hui, vous arrive-t-il de lire ou de trouver des informations concernant votre ville ou votre quartier sur Facebook ? (p.40) FIGURE 16 : Lorsque vous lisez /trouvez des informations sur votre ville/quartier sur Facebook, de quels types de contenu vous plairait-il ? (p. 41) FIGURE 17 : Aujourd'hui, vous arrive-t-il de partager des informations ou des photos concernant vos centres d‘intérêt via Facebook ? (p. 42) FIGURE 18 : Trouveriez-vous intéressant de partager des informations concernant… (p. 44) FIGURE 19 : Tweetographie à l’échelle européenne (p. 44) FIGURE 20 : Utilisateur mobile de la géolocalisation d’un lieu sur smartphone (p. 45) FIGURE 21 : Paramétrage de la géolocalisation volontaire sur smartphone personnel (p.47) FIGURE 22 : Mise en récit du territoire par la génération et la visualisation de médias géolocalisés : exemple de l’API Tag Galaxy (p.49) FIGURE 23 : Symbole de la géolocalisation : scénographie artistique ou quand le réseau social rencontre le territoire (p.50) FIGURE 24 : Navigation numérique avec l’outil Google Street View : d’une vision géocentrique à une vision égocentrique augmentée du territoire (p.53) FIGURE 25 : Infographie sur l’essor des contenus locaux sur Facebook (p. 54) FIGURE 26 : Le graphe social de Facebook ou comment représenter le territoire par interactions numériques réticulaires en mouvement (p. 56) FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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PARTIE 2 : ANALYSES DE DONNEES TERRITORIALES GEOLOCALISEES SUR LE RESEAU SOCIAL FACEBOOK FIGURE 27 : 46 types des lieux géoréférencés sur Facebook (p.60) FIGURE 28 : Typologie des lieux géoréférencés en classes majeures et classes mineures (p. 62) FIGURE 29 : Graphique quantitatif de la typologie simplifiée des lieux géoréférencés sur Facebook (p. 64) FIGURE 30 : Restaurant géoréférencé sur Facebook : Au Parc Fleuri, L’Isle Adam (p. 65) FIGURE 31 : TripAdvisor : réseau social de partage d’adresses et d’avis sur les ressources territoriales (hôtels, restaurants, bars, musées, etc.) (p. 66) FIGURE 32 : Typologie des lieux géoréférencés relatifs aux loisirs : 15% des lieux géoréférencés (p. 68) FIGURE 33 : Centre commercial comme lieu d’identification des pratiques du territoire (p.69) FIGURE 34 : Typologie et graphique de lieux relative a des repères territoriaux (p.70) FIGURE 35 : Gare de Garges-Sarcelles géoréférencée par plus de 1000 utilisateurs du réseau social, empreinte numérique territorial d’un lieu de mobilité (p.71) FIGURE 36 : Projection en négatif du territoire et des lieux d’intensité de géoréférencements (p.72) FIGURE 37 : Densité de population à l’échelle de la zone d’étude et géoréférencement numérique des lieux sur Facebook (p.73) FIGURE 38 : Densité de population hab/km2, à l’échelle de la commune (p.74) FIGURE 39 : Densité de géoréférencement check/hab, à l’échelle de la commune (p.76) FIGURE 40 : Lieux de géoréférencements et réseaux de transports métropolitains (p.77) FIGURE 41 : Le territoire de proximité des CHECK-IN traversé par les réseaux (p.78) FIGURE 42 : Autoroute A1, un lieu structurant par l’émergence de reconnaissance numérique sur Facebook d’après 876 géoréférencements individuels (p.79) FIGURE 43 : Intensité numérique territoriale et zones d’activités (p.80) FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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FIGURE 45 : Question ouverte #1 à un habitant d’Ecouen (p.81)
FIGURE 44: Lieu évoqué et lieu géoréférencé : un environnement reconnu visible sur Facebook (p.82)
FIGURE 45 : Question ouverte #2 à un habitant d’Ecouen (p.82)
FIGURE 46 : Extrait des géoréférencements commerciaux (p.83)
FIGURE 47 : Quels sont les lieux d’activités qui vous sont importants dans votre ville ? (Méru) (p.84) FIGURE 48 : Quels seraient pour vous les hauts-lieux du territoire ? (Méru) (p.85) FIGURE 49 : Communes évoquées par les habitants dans l’enquête du PUCA dans les trois communes d’Ecouen, Méru, et Senlis: langage de la proximité territoriale (p.86) FIGURE 50 : Hauts-lieux potentiels pour les habitants enquêtés de Méru, Senlis et Ecouen ; et géoréférencements numériques (p.87) FIGURE 51 : Le cas des géoréférencement de Senlis, une centralité des densités intermédiaires (p.89) FIGURE 52 : Le cas des géoréférencements d’Ecouen, le front métropolitain (p.91) FIGURE 53 : Le cas des géoréférencements de Méru, une petite centralité des densités intermédiaires (p.93)
FIGURE 54 : Spatialisation de la typologie majeure SERVICES des géoréférencements numériques sur le territoire d’étude et détails typologique (p.95) FIGURE 55 : Spatialisation de la typologie majeure LOISIRS des géoréférencements numériques sur le territoire d’étude et détails typologique (p.97) FIGURE 56 : Spatialisation de la typologie majeure RESTAURANT/BAR géoréférencements numériques sur le territoire d’étude et détails typologique (p.98)
des
FIGURE 57 : Spatialisation de la typologie majeure REPERES TERRITORIAUX des géoréférencements numériques sur le territoire d’étude et détails typologique (p.100) FIGURE 58 : Spatialisation de la typologie majeure TOURISME des géoréférencements numériques sur le territoire d’étude et détails typologique (p.101)
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FIGURE 59 : Haut-lieu numérique et haut-lieu de pratiques multiscalaires : le Parc Astérix, à Plailly (p.102) FIGURE 60 : Site et situation de Méru (103) FIGURE 61 : Auchan Méru : catégories REPERE TERRITORIAL et SERVICES : 188 CHECKIN (p.104) FIGURE 62 : Contenus publics de la page Facebook de Auchan Méru, entre contenus promotionnels et plateformes de services (p.104) FIGURE 63 : Musée de la Nacre à Méru : TOURISME et patrimoine : une page Facebook communautaire : 109 CHECK-IN (p.105) FIGURE 64 : Musée de la Nacre à Méru : mise en réseaux d’itinéraires de loisirs collectifs géolocalisés (p.106) FIGURE 65 : Association ARM Roller Méru : REPERE et association : association ARM Roller Méru : 186 CHECK-IN (p.107) FIGURE 66 : Association ARM Roller-Méru : un espace numérique où se discute les pratiques du territoire (p.108) FIGURE 67 : Intensité territoriale des CHECK-IN à Persan (p.109) FIGURE 68 : Lieux géoréférencés en réseaux et interactions sociales sur Facebook (p.110) FIGURE 69 : Corridor de géoréférencement Facebook : la rue comme haut-lieu numérique du territoire (p.111) FIGURE 70 : Détails des catégories majeures géoréférencées à Chantilly (p.112) FIGURE 71 : Lieu numérique de connexité sociale : un espace public en réseau ? (p.112)
PARTIE 3 : FOCALITES ET HAUTS-LIEUX NUMERIQUES DU TERRITOIRE SUR LES RESEAUX SOCIAUX
FIGURE 72 : Focalité numérique du territoire : agglomération de CHECK-IN à échelle intermédiaire (p.117) FIGURE 73 : Focus sur un espace de focalité de géoréférencements numériques : le cas de Fosses (p.118)
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FIGURE 74 : Focalités numériques et densités de population (p.119) FIGURE 75 : Liens entre lieux géoréférencés : lieux connectés à la page Facebook de Chaumontel (p.121) FIGURE 76 : Intensités de géoréférencements et densités de population : des centralités émergeantes du territoire par les pratiques pérégrinales numériques (p.123) FIGURE 77 : Relation statistique théorique entre densité de géoréférencements numériques (CHECK-IN/hab) et densité de population (hab/km2) (p.124) FIGURE 78 : Cartographie des écarts au modèle théorique d'intensité de géoréférencement par densité territoriale : le dynamisme numérique des territoires peu denses (p.125) FIGURE 79 : The Power of Weak Ties (Jukka-Pekka Onnela) : une représentation artistique des lieux connectés en réseaux (p.128) FIGURE 80 : Espace de l’interaction et du partage d’information territorialisée sur Facebook : la page communautaire de la ville d’Ermont (p.128) FIGURE 81 : Analogie spatialisée entre grappes de proximité (BRES + MARIOLLE 2012) et géoréférencements du réseau Facebook (p.129)
FIGURE 82 : Schéma de la théorie des lieux centraux selon Walter Christaller, hiérarchisation des lieux d’interactivité spatiale (p.131)
FIGURE 83 : Focalité numérique dans la zone de Persan : liens entre réseaux, activités et géoréférencements numériques (p.133) FIGURE 84 : Diversité et complexité des géoréférencements numériques : cinq catégories majeures pour décrire les traces numériques sur le territoire (p.134) FIGURE 85 : Grappes de proximité et géoréférencements numériques : des hauts lieux numériques du marqués par l’attractivité de territoires en mouvement (p.137) FIGURE 86 : Mise en réseau de lieux à partir du territoire communal administratif (p.138) FIGURE 87 : La carte des 1000 lieux du Grand Paris (p.139) FIGURE 88 : Périmètre d’accessibilité de 1km autour des gares et lieux géoréférencés sur Facebook (p.141) FIGURE 89 : Lieux géoréférencés et adhérence au territoire de la mobilité : rayon de 1km autour du réseau viaire principal (p.141) FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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FIGURE 90 : Wiki-territorial institutionnel de Méru : hauts-lieux numériques du territoire reconnus par l’acteur public (p.142) FIGURE 91 : Lieux géoréférencés par les usagers de Facebook sur le territoire de la commune de Méru (p.14) FIGURE 92 : Services connectés collaboratifs et réseaux sociaux hyperlocaux : détection des hauts-lieux par les riverainetés numériques, les voisinages et les modalités de mutualisation des services entre habitants (p.144) FIGURE 93 : Carte Ouverte du Plateau de Saclay : outil ouvert et collaboratif pour la détection et le débat sur les hauts-lieux du territoire par le numérique (p.146) FIGURE 94 : Outil collaboratif expérimental de détection des hauts lieux du territoire par le numérique, sur la zone d’étude du programme PUCA (p.147) FIGURE 95 : Exemple d’intervention individuelle collaborative sur la carte ouverte « hautslieux numériques du PUCA » (p.148) FIGURE 96 : Créer une page de débat sur son territoire par l’intermédiaire des réseaux sociaux (p.148) FIGURE 97 : Quel usage de Facebook pourriez-vous avoir, vous correspondrait ? (p.149)
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SlideShare : Révéler l’hyperlocal : http://fr.slideshare.net/HubertGuillaud/rvler-lhyperlocal-presentation 12/5/2013 InternetActu.net : Comprendre le graphe social http://www.internetactu.net/2007/09/28/comprendre-le-graphe-social/ 1/6/2013 InternetActu.net : Comprendre Facebook : technologie relationnelle http://www.internetactu.net/2011/04/28/comprendre-facebook-23-facebook-technologierelationnelle/ 1/6/2013 InternetActu.net : Comprendre Facebook : le rôle social du bavardage http://www.internetactu.net/2011/03/15/comprendre-facebook-13-le-role-social-dubavardage/ 1/6/2013 InternetActu.net : Ta ville, trop smart pour toi http://www.internetactu.net/2012/10/02/ta-ville-trop-smart-pourtoi/?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+internetactu% 2FbcmJ+%28InternetActu.net%29 15/5/2013 LeMonde.fr : Facebook : plus de 20 millions d’utilisateurs en France http://www.lemonde.fr/technologies/article/2011/01/31/facebook-plus-de-20-millions-dutilisateurs-en-france_1473284_651865.html 6/8/2013 LeMonde.fr : Des publications sur Facebook vont pouvoir être intégrées à d'autres sites http://www.lemonde.fr/technologies/article/2013/07/31/des-publications-sur-facebookvont-pouvoir-etre-integrees-a-d-autres-sites_3455998_651865.html#xtor=RSS-3208 31/7/2013 LeMonde.fr : Le gouvernement lance les quartiers numériques http://lesclesdedemain.lemonde.fr/villes/le-gouvernement-lance-les-quartiers-numeriques_a-13-3008.html 31/7/2013 ScoopIt : Animation Numérique du Territoire http://www.scoop.it/t/animation-numerique-de-territoire 20/5/2013 ScoopIt : Infographics mobile and web : http://www.scoop.it/t/infographics-mobile-and-web 27/7/2013 FRANÇOIS VIENNE, MASTER 2 PRO & RECHERCHE AMENAGEMENT ET URBANISME, PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE, 2013
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La Cantine de Rennes : Ca bouge dans le périurbain ! http://www.lacantine-rennes.net/2011/05/ca-bouge-dans-le-periurbain/ 9/9/2012 Groupe Chronos : Le périurbain saisi par l’intermodalité http://www.groupechronos.org/blog/le-periurbain-saisi-par-l-intermodalite 11/9/2012 HAL : les espaces périurbains habités par le numérique http://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00647977 11/9/2012 Pop-up urbain : http://www.pop-up-urbain.com/rebonds-le-petit-genie-du-numerique-urbain-eivp-2012/ 12/11/2012 Insee : la croissance périurbaine depuis 45ans : http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1240 1/10/2012
Données
- Base de données créée : Une table attributaire des 1935 lieux des géoréférencements issues des données publiques Facebook a été créée dans le cadre de ce mémoire, sous format .xls, en partage (sur demande) sur Google Drive. - Données PUCA issues des résultats d’entretiens qualitatifs menés par l’équipe de recherche du CRIA : Grâce à l’accès à l’Espace Numérique de Travail (ENT) : Agora Project, mis à disposition, les analyses des entretiens qualitatifs menés par le PUCA en 2012-2013 sur les territoires de Méru, Ecouen, Senlis, ont été exploités dans les cadre de ce travail. - Données géographique IAU-IdF/IGN : • •
Données SIG de l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme et d’Ile-de-France IGN / BD TOPO Ile-de-France, et Picardie. (Système de coordonnées géographiques nationales : Lambert 93)
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- Outils techniques utilisées : • • • • • • • • • • • •
ESRI ArcGIS 9.3 API Google Maps API Google Maps Engine Lite Google Drive API Google Table Fusion Google Earth Pro Adobe Illustrator CS4 Adobe Photoshop CS4 Adobe In Design CS4 Wordle.net Taggalaxy.net Microsoft Office 2011 : Word, Excel, Power Point.
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Ce travail de recherche a été réalisé, dans le cadre de la formation Master Combiné Projet d’aménagement/ Dynamique, développement & aménagement des territoires de l’année universitaire 2012-2013, sous la direction de M. Nicolas DOUAY (Paris 7 Diderot) et de M. Renaud LE GOIX (Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Ce travail de recherche a été réalisé durant un stage conventionné de six mois (d‘avril à octobre 2013) avec l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (13 rue du Four, 75006 PARIS) et l’agence d’urbanisme et d’architecture Brès + Mariolle et Chercheurs Associés (15, rue de Chabrol, 75010 PARIS).
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