LIVRET DE RECONNAISSANCE DES PRINCIPAUX RAVAGEURS ET MALADIES DES JARDINS
Sommaire
Les ravageurs
Les maladies
Pour aller plus loin…
Édito………… p. 3 Présentation de la FREDON Martinique………… p. 4
Les ravageurs………… p. 7
• Les piqueurs suceurs………… p. 8 • Les « grignoteurs »………… p. 11 • Les foreurs………… p. 14 • Les « gaspilleurs »………… p. 17
Les maladies………… p. 21
• Les maladies fongiques………… p. 22 • Les maladies bactériennes………… p. 33 • Les maladies virales………… p. 38
Pour aller plus loin… ………… p. 42
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Édito Ce livret s’inscrit dans un contexte d’interdiction d’utilisation des pesticides par les jardiniers amateurs et dans les espaces verts ouverts au public.
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es solutions de biocontrôle sont alors proposées aux professionnels et aux jardiniers amateurs. Il s’agit de méthodes alternatives naturelles ou tirées de substances naturelles. Ces méthodes sont basées sur la connaissance et la reconnaissance des différents éléments composant un jardin dont les bio-agresseurs (maladies et ravageurs) des plantes. Ainsi, connaître et savoir reconnaître les bioagresseurs, leur comportement, les conditions de leur développement, leurs dégâts ou symptômes permet d’employer les bonnes méthodes de lutte préventive et curative. L’objectif de ce livret n’est pas de fournir des connaissances poussées sur toutes les maladies et tous les ravageurs des cultures, car ils sont trop nombreux mais plutôt d’aider les jardiniers amateurs à identifier les bioagresseurs les plus régulièrement rencontrés dans les jardins, à reconnaître leurs dégâts ou symptômes et à employer les bonnes méthodes de lutte. Pour plus d’information, consulter la rubrique « Pour aller plus loin » à la fin de ce livret ou contacter la FREDON au 0596 735 888.
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Présentation de la FREDON Martinique Créée en 1958, la FREDON Martinique (Fédération REgionale de Défense contre les Organismes Nuisibles) fait partie du réseau d’acteurs de la santé du végétal au service de l’agriculture, de l’environnement, du paysage, de la biodiversité et de la santé publique. Elle est également membre du réseau national FREDON France, réparti sur l’ensemble du territoire français.
L
a FREDON est un syndicat professionnel agricole à vocation technique. Elle anime et coordonne les actions des GDON (Groupements de Défense contre les Organismes Nuisibles) , associations communales ou intercommunales composées d’agriculteurs et de jardiniers amateurs. Elle est reconnue Organisme à Vocation Sanitaire (OVS). C’est la structure opérationnelle chargée d’intervenir avec l’État (DAAF), par le biais de missions déléguées, dans la surveillance, la prévention et la lutte contre les organismes nuisibles aux végétaux. Elle travaille également en étroite collaboration avec de nombreuses structures locales : Chambre d’Agriculture, CAEC, Organisations de producteurs, Agence Régionale de Santé, Office De l’Eau, DEAL, Communautés d’Agglomération…
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La FREDON réalise différentes missions auprès des jardiniers amateurs : - Diagnostics phytosanitaires des maladies, ravageurs et problèmes non parasitaires sur les végétaux, et conseils sur les méthodes de lutte respectueuses de l’environnement grâce à la Clinique du Végétal® - Sensibilisation au jardinage sans pesticides au travers de réunions d’information, d’ateliers de jardinage et de promotion des insectes auxiliaires des jardins - Mise en place d’actions d’observation et de surveillance biologique du territoire permettant de s’assurer du bon état sanitaire des végétaux - Organisation, généralisation, synchronisation et exécution des luttes collectives notamment par les campagnes de dératisation.
La Clinique du Végétal® réceptionne des échantillons divers (fleurs, fruits, légumes, insectes) afin de déterminer l’agent responsable des dégâts. Elle est en mesure de détecter des maladies parasitaires (champignon, bactérie, virus, insecte) et non parasitaires (facteurs climatiques, physiologiques ou nutritionnels).
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Publications La FREDON Martinique a édité de nombreux périodiques, ouvrages et guides techniques à l’attention des agriculteurs, des jardiniers amateurs et des collectivités. Les principaux outils utiles aux jardiniers amateurs sont les suivants :
Point Fédé
Lettre d’information de la FREDON avec des articles relatifs aux actualités de la FREDON (3 parutions/an). Document disponible sous format papier à la FREDON ou en téléchargement sur le site internet de la FREDON www.fredon972.org.
Brochures autour des méthodes alternatives aux pesticides
Trois documents pour jardiner en préservant sa santé et l’environnement et qui apportent des conseils pratiques pour les bonnes pratiques de jardinage tout en respectant les règles d’usage. Un format papier est disponible à la FREDON et un format électronique est consultable sur le site www.fredon972.org. agricoles les zones non risques phyto dans Transition Zéro el » ne veut pas dire sans Qui dit « natur
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Mémento de la Protection des Cultures en Martinique
Recueil de fiches techniques qui aborde l’ensemble des principales problématiques liées aux productions légumières et fruitières locales. Il permet une meilleure identification pour le diagnostic des bioagresseurs des cultures et présente les moyens de lutte appropriés, disponibles et efficaces. Format papier des fiches techniques disponible à la Clinique du Végétal® et format numérique, sur le site de la FREDON.
Les ravageurs
Les piqueurs suceurs p. 8 Les « grignoteurs » p. 11 Les foreurs p. 14 Les « gaspilleurs » p. 17 7
Les piqueurs suceurs
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Aleurode adulte
Aleurodes sur tomate
Larve de puceron
Pucerons sur feuille d’agrume
CaractĂŠristiques types des principales familles de cochenilles
Colonies de cochenilles sur agrume
• Description Les aleurodes, les pucerons et les cochenilles sont de petits insectes possédant de longues antennes, une pièce buccale piqueuse (rostre) articulée et deux paires d'ailes en forme de toit lorsqu’elles sont au repos. Ils parasitent les plantes en les piquant afin de sucer leur sève et se développent en passant par plusieurs stades : les œufs, les larves dépourvues d’ailes, et ensuite le stade d’adultes généralement ailés. • Plantes cibles Ils colonisent de nombreux types de plantes : arbres fruitiers (goyaviers, agrumes), cultures maraîchères notamment celle de la famille des cucurbitacées (concombres) et des solanacées (tomates) et cultures ornementales (hibiscus, ixoras, rosiers…). • Conditions d’infestation Ces insectes sont présents toute l’année et la prolifération est épisodique. • Dégâts En cas d’infestation, les insectes piqueurs suceurs provoquent un jaunissement et un dépérissement des parties de plantes atteintes, puis un affaiblissement général de la plante qui finit par mourir. De même, en se nourrissant, ils peuvent transmettre des maladies (virus principalement). Par ailleurs, à la surface des feuilles, ils sécrètent un liquide riche en sucres appelé le miellat qui favorise le développement d’un champignon noir, collant et à l’aspect poudreux : la fumagine. Cette dernière empêche la plante de capter la lumière nécessaire à son développement et à la production des fruits.
Dégâts de cochenilles sur agrume
Déformation sur feuilles de tomate
Fumagine sur agrume
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Dégâts de pucerons sur melon
Dégâts de pucerons sur agrume
• Dégâts (suite) Le miellat attire également des fourmis qui le consomment et qui, en échange, offrent à la colonie des insectes piqueurs suceurs une protection contre leurs prédateurs que l’on appelle également auxiliaires (coccinelles par exemple). • Moyens de lutte En général, l’action des auxiliaires est suffisante pour maintenir les dégâts à un niveau acceptable. Il suffit de favoriser la présence de ces prédateurs avec des plantes qui vont les attirer (aneth par exemple) et en évitant d’utiliser des produits qui pourraient avoir un impact néfaste sur eux. Si l’infestation persiste, il faut : - Éliminer les parties de plante les plus infestées (Cf. page 15, encadré sur l'élimination des déchets contaminés). - Nettoyer les plantes au savon noir (sous les feuilles et directement sur les insectes) et effectuer
Coccinelle sur pied d’aneth
une taille pour limiter l’installation de la fumagine. - Empêcher l’élevage par les fourmis en détruisant les fourmilières.
Larve de chrysope dévorant des pucerons
Le saviez-vous ? L'observation régulière de la face inférieure des feuilles permet de détecter au plus tôt la présence de ces ravageurs et d'agir avant leur prolifération. 10
Les « grignoteurs »
Achatine
Hannetons adultes
Charançon sur agrume
Chenille gloutonne sur allamanda
Limace sur chou
Chenille arpenteuse
Courtilière
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• Description Il s'agit de ravageurs de différentes familles : les Gastéropodes (escargots, limaces), les Gryllotalpidées (courtilières), les Lépidoptères (chenilles) ou les Coléoptères (hannetons, charançons). Ils arborent souvent des couleurs qui leur permettent de se confondre dans leur environnement : du vert pour ceux qui se cachent dans les feuilles et des couleurs plus sombres pour ceux qui se cachent au niveau du sol. Ils sont pour la plupart actifs la nuit et se protègent du soleil en journée soit en se cachant dans les feuilles (Pyrale des cucurbitacées, teigne, piéride) soit en se cachant dans le sol (noctuelles, courtilières, hannetons, charançons) ou sous des objets posés au sol (escargots, limaces). • Plantes cibles Certains « grignoteurs » s’attaquent spécifiquement à une famille de plantes (Pyrale des cucurbitacées, Teigne et Piéride des Brassicacées sur chou, noctuelles, charançons, hannetons sur Agrumes)
tandis que d’autres, sont plus généralistes (escargots, limaces). Dégâts de chenilles sur chou
Dégâts d’escargot sur papaye
Dégâts de chenille noctuelle sur tomate
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• Dégâts Leur surnom de grignoteur est dû au fait qu’ils découpent, broutent ou râpent partiellement les organes tendres des plantes : jeunes feuilles, espaces entre les nervures des feuilles, face inférieure des feuilles, bourgeons, certains fruits, semences, jeunes pousses, tiges, racines… rien n’est épargné par ces grignoteurs compulsifs ! Les dégâts qu’ils causent affectent considérablement le développement et la croissance des plantes. De plus, les escargots et limaces peuvent être vecteurs de l’Angiostrongylose, pour l’homme (maladie transmise par un parasite se trouvant dans les escargots, les limaces et les rats).
• Moyens de lutte La lutte contre ces « grignoteurs » passe par plusieurs méthodes : - Utiliser des plants sans symptômes (vérifier la présence d’œufs ou de larves surtout dans les bourgeons, la face inférieure et le pétiole des feuilles). - Éviter de planter successivement les mêmes familles de plantes. - Éliminer les déchets de cultures. - Effectuer un griffage et un binage régulier du sol afin de détruire les galeries, les œufs et d’exposer les larves et adultes à leurs prédateurs tels que les oiseaux. - Favoriser les prédateurs de ces insectes (oiseaux, parasitoïdes, araignées, coccinelles…) en installant des plantes leur pourvoyant abris et nourriture. - Dresser des obstacles physiques (aspersion d’eau au crépuscule sur les choux contre la Teigne, coquilles d’œufs broyés contre les escargots et les limaces, marc de café au pied des plantes contre les courtilières).
- Utiliser des produits de biocontrôle tels que : - le Bt (produit à base Bacillus thuringiensis) contre les chenilles ou le phosphate ferrique contre les escargots et les limaces. - les pièges (lumineux contre les hannetons, à appât contre les courtilières, la bière contre les escargots et les limaces). - les PNPP (purin d’ortie sur les semences ou sur les jeunes pousses contre les courtilières).
Le saviez-vous ? La Chrysope est un auxiliaire des jardins que l’on retrouve en Martinique et dont la larve se nourrit de pucerons, de petites chenilles et de certaines larves d’aleurodes. Elle a été mise en élevage par la FREDON Martinique pour être utilisée sur plantes ornementales, maraîchères et arbres fruitiers. Pour plus de renseignements, contacter la FREDON Martinique. 13
Les foreurs
Charanรงon du bananier
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Charanรงon de la patate
Larve de charanรงon de la patate
Larve de charanรงon du palmier
Larve de mouche mineuse
Mouche des fruits adultes
Larve de mouche des fruits
• Description Les ravageurs que nous appelons ici foreurs sont des insectes de l’ordre des diptères ou des coléoptères. Les diptères sont des insectes dont les adultes possèdent une paire d’ailes visibles. Ceux présentés ici sont des mouches qui se différencient des moustiques par leurs courtes antennes. Les coléoptères, eux, sont des insectes dont les adultes possèdent des ailes protégées par des élytres et sont dépourvus de pinces à l’extrémité postérieure du corps à l’inverse des perce-oreilles. • Plantes cibles C’est surtout le stade larvaire qui cause des ravages. Il s’attaque aux fruits, aux feuilles, aux tiges ou aux tubercules de tout type de plante.
Galeries de larve de charançon de la patate
Dégâts de charançon de la patate
Développement secondaire de champignons autour de piqûres de ponte de mouches des fruits
Dégâts de larve de charançon du palmier
Le saviez-vous ? Avant de jeter vos déchets verts contaminés au composteur, disposez-les en plein soleil pendant au moins 3 jours, sur une feuille de tôle, à plat sur le sol et recouvrez-les d'une bâche plastique transparente hermétiquement fermée. Cela fera monter la température et permettra de s'assurer que les bioagresseurs sont bien éliminés. 15
• Dégâts Les piqûres des adultes et les galeries des larves sont des portes d’entrée à d’autres ravageurs ou à des maladies. Les organes attaqués finissent par s’abîmer. Galeries de mouche mineuse serpentine sur cive
Dégâts de mouche mineuse en forme de plaque sur laitue
Désherbage manuel
Quiscale merle (mâle)
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• Moyens de lutte Le cycle de vie en plusieurs stades de développement rend la lutte difficile contre ces insectes, car les différents stades n’évoluent pas de façon identique. Cette lutte passe par plusieurs méthodes à combiner afin de « casser » leur cycle de vie : - Utiliser des plants sans symptômes (vérifier la présence de piqûre ou de galeries sur les jeunes plants, les boutures ou les tubercules).
- Éviter de planter successivement les mêmes familles de plantes. - Effectuer des rotations avec des familles de plantes différentes de celles qui sont attaquées. - Éliminer les parties de plantes infestées ainsi que les déchets de cultures. - Gérer les mauvaises herbes à proximité de votre jardin car elles peuvent servir d’hôte aux ravageurs. - Favoriser les prédateurs de ces insectes (oiseaux, parasitoïdes, araignées, coccinelles…) en installant des plantes leur pourvoyant abris et nourriture.
Les « gaspilleurs »
Surmulot
Souris grise
Rat noir
Artibée
Saltator Gros Bec
Sporophile Rouge-Gorge (mâle)
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• Description Ils sont de l’ordre des Rongeurs, des Chiroptères (Chauves-souris) ou des Passereaux. Parmi les Rongeurs, on distingue : - le rat noir (Rattus rattus) est reconnaissable à sa longue queue finement annelée. C’est un bon grimpeur qui niche en hauteur. Il mange de tout (omnivore) et est présent sur tout le territoire. - le rat d’égout ou surmulot (Rattus norvegicus) est également omnivore mais se rencontre généralement dans les zones urbaines. C’est un bon nageur. Il creuse des terriers et des galeries dans lesquels il loge ses nids. - et enfin la souris grise (Mus musculus), elle se nourrit principalement de grains et vit à proximité ou dans les habitations humaines.
Excréments de rat-volant sur goyavier
Sporophile Rouge Gorge (femelle)
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Chez les Chiroptères, seules 2 des 11 espèces qui vivent en Martinique sont surnommées Rats-volants en raison de leur grande taille (jusqu’à 50 g pour une envergure de près de 50 cm) et de leur régime alimentaire (fruits mais aussi insectes). Le brachyphylle est reconnaissable par son nez en forme de groin de cochon tandis que l’artibée possède un nez surmonté d’une lancette très proéminente. Chez les Passereaux qui causent le plus de dégâts dans nos jardins, il s’agit du Sporophile rouge-gorge ou du Gros-bec dont le dessus est vert olive et le dessous gris, avec une queue assez longue et grise. Leur bec court et puissant leur permet de casser les graines et de percer la peau d’un grand nombre de fruits.
• Plantes cibles Les « gaspilleurs » raffolent des bons fruits sucrés des arbres et des cultures maraîchères. • Conditions d’infestation Ils sont présents toute l’année, mais ils ont tendance à causer des dégâts dans les cultures particulièrement si celles-ci constituent leurs seules ressources alimentaires. • Dégâts Leurs dégâts se reconnaissent aux fruits raclés (rats-volants), piqués (oiseaux) ou rongés (rongeurs) souvent accompagnés de miettes. Dans cet ouvrage, nous leur avons donné le nom de « gaspilleurs » à cause de ces nombreux fruits entamés, mais presque jamais entièrement consommés qu’ils laissent après leur passage. Par ailleurs, le Sporophile est responsable de dégâts sur papayes, christophines et cocotiers à cause des fleurs qu’il arrache pour consommer le nectar. La souris, quant à elle, ne ravage pas que les semences. Elle grignote aussi le papier, la lingerie et les denrées alimentaires. Outre les dégâts qu’ils causent, certains sont vecteurs de maladie (Leptospirose chez les Rongeurs).
Dégâts de rat-volant sur goyave
Dégâts d’oiseau sur christophine
Dégâts de souris sur semences
Dégâts de rat sur patate
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• Moyens de lutte Les Rats-volants, le Sporophile et le Gros-bec sont des espèces protégées. Les techniques autorisées pour limiter leur impact dans le jardin sont l’effarouchement par des mécanismes visuels ou sonores, le détournement vers des essences plus attractives ou l’utilisation de filets pour leur empêcher l’accès Filet de protection contre les oiseaux et les chiroptères aux fruits. Quant aux rongeurs cités, leur prolifération peut présenter un danger. Il est alors nécessaire de mettre en place des mesures spécifiques de lutte obligatoire, sur tout ou partie du territoire. C’est la raison pour laquelle deux campagnes de dératisation sont réalisées sur tout le territoire afin de prévenir la prolifération de ces rongeurs. La pose d’appâts peut être Piège à rongeurs complétée par la pose de pièges et doit être combinée avec des méthodes préventives telles que : - le ramassage des ordures et des VHU qui constituent des refuges et des lieux de reproduction pour ces ravageurs. - le nettoyage des abords des maisons qui passe par le désherbage, le ramassage des fruits tombés et la mise à l’abri des aliments pour animaux afin de ne laisser aucune nourriture disponible pour les rongeurs. - la réparation des ouvertures et passages que peuvent emprunter les rongeurs (persiennes cassées, portes abîmées, bas de porte, espaces entre la toiture et le faux plafond…). Le saviez-vous ? Pensez à vous protéger avec des gants lorsque vous manipulez des objets souillés par les rongeurs ! Ils peuvent transmettre des maladies !
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Les maladies
Les maladies fongiques p. 22 Les maladies bactĂŠriennes p. 33 Les maladies virales p. 38 21
Les maladies fongiques
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Anthracnose sur piment
Mildiou sur courgette
OĂŻdium sur melon
Cercosporiose sur bananier
Cercosporiose sur persil
SymptĂ´mes de gommose sur tronc
« Les Phytophthora » • Description Les Phytophtora spp. sont des champignons présents dans les sols sous une forme latente. Lorsqu’ils rencontrent des conditions de développement adéquates, ils entrent en phase active et peuvent infecter les jeunes racines des agrumes ou le tronc, les branches Gommose sur écorce d’agrume voire les fruits à proximité du sol. Les Phytophthora spp. peuvent également s’introduire directement dans les feuilles, les jeunes tiges ou le bois via des blessures, les cicatrices florales (vestiges des pièces florales) ou des fissures dans l’écorce. • Plantes sensibles Toutes les variétés d’agrumes sont sensibles aux Phytophtora. • Conditions de développement Ces champignons entrent en phase active lorsque l’humidité du sol est importante et durable (période pluvieuse, arrosage excessif, mauvais drainage...) et que les températures sont élevées (supérieures à 30 °C). • Symptômes Les Phytophtora spp. sont responsables de deux types de symptômes bien différents sur agrumes : La gommose du bois Elle se caractérise par la formation de gomme à la surface du tronc ou des branches charpentières (souvent juste au-dessus de la zone greffée). Au départ, on observe que l’écorce est partiellement colorée par une tache brune. Par la suite, elle se craquèle et se dessèche petit à petit. Elle finit par tomber en écailles, laissant à nu certaines parties du tronc. Une quantité importante de gomme suinte alors au niveau de la partie affectée. Le tronc peut être atteint sur une partie ou sur toute sa circonférence. Dans ce cas, la circulation de la sève peut être totalement interrompue, ayant alors des répercussions sur le feuillage. 23
Pourriture brune sur fruit
Finalement, l’arbre dépérit progressivement. Si l’attaque est partielle, les feuilles et les rameaux des branches les plus proches des zones touchées se dessèchent et meurent en peu de temps. Les arbres atteints ont une production réduite et des fruits de moins bonne qualité.
La pourriture brune des fruits Une autre expression de la maladie se manifeste sur les fruits. Elle progresse entre juillet et décembre (hivernage) : les fruits jaunissent de façon prématurée en commençant au niveau de la cicatrice florale ; puis des taches brunes apparaissent en s’élargissant progressivement. Les fruits tombent rapidement au sol. Il arrive néanmoins que certains fruits ne présentent aucun symptôme sur la partie extérieure au moment de la récolte, mais sont atteints à l’intérieur. • Moyens de lutte La meilleure défense est de maintenir des conditions défavorables aux Phytophthora spp. via des mesures prophylactiques : - S’assurer du bon drainage du sol où l’arbre sera implanté. - Transplanter les arbres sur de petites buttes plutôt que dans des dépressions favorables à la formation de flaques. - Une végétation abondante maintient une humidité favorable au champignon, il est donc préférable de maintenir un enherbement ras. - Utiliser des plants greffés sur des porte-greffes résistants aux Phytophthora spp. - Pratiquer le greffage haut, pour protéger le greffon des contaminations. - En cas d’arrosage, éviter l’aspersion sur le feuillage. - Tailler les branches fructifères de façon à ce qu’elles soient à plus de 60 cm du sol. L’élimination des branches basses réduit la propagation du champignon.
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« L’Anthracnose » • Description Cette maladie est causée par le champignon Colletotrichum gloeosporioides. Il est présent dans la plupart des régions tropicales. Il peut s’attaquer aussi bien aux feuilles qu’aux fruits. Il infecte d’abord les fruits verts immatures. Il pénètre par la cuticule des fruits, croît et les symptômes apparaissent en cours de maturation du fruit. L’Anthracnose affaiblit la plante et la rend vulnérable à d’autres maladies plus graves.
Anthracnose sur piment
• Plantes sensibles Il s’attaque à un très large éventail d’espèces végétales (arbres fruitiers, cultures maraîchères, plantes ornementales…). • Conditions de développement Ce champignon se trouve favorisé par des températures élevées autour de 28 °C et par une forte humidité (supérieure à 90 %). Il peut être transporté par le vent et l’eau, et se conserve dans les débris végétaux. • Symptômes Les symptômes sont assez variables selon les espèces ou parties de plantes contaminées. Dans le doute, il vaut mieux avoir recours à un spécialiste (par exemple, la Clinique du végétal® de la FREDON) pour un diagnostic phytosanitaire. À titre d’exemple, sur certains fruits, on peut observer l’apparition de taches circulaires imbibées d’eau. Ces taches peuvent atteindre plusieurs centimètres de diamètre. Elles peuvent être surmontées d’une gelée orangée sous forme d’anneaux contenant des spores (cellules reproductives du champignon).
Anthracnose sur corossol
Anthracnose sur feuilles d’igname
Anthracnose sur romarin
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Anthracnose sur papaye
Un second type de symptôme peut apparaître : il s’agit de taches circulaires irrégulières brun rougeâtre (1-10 mm de diamètre). Elles peuvent être nettement bien définies sur le fruit ou alors légèrement creusées. Lorsque les fruits mûrissent, ces taches s’agrandissent (jusqu’à 20 mm de diamètre) . On peut aussi observer des nécroses circulaires brunes bordées de jaune sur les feuilles et le dessèchement des jeunes tiges.
• Moyens de lutte D’une manière générale, pour lutter contre cette maladie, il convient de suivre les recommandations suivantes : - Veiller à ce que l’espace planté soit bien ensoleillé. - S’assurer qu’il n’y ait pas d’eau stagnante et que le sol soit bien drainé. - Pour l’obtention de plants, utiliser des semences issues de fruits sans symptômes. - Éviter de mettre des plants sans symptômes à côté de plants malades. - Espacer les plants pour favoriser l’aération. - Veiller au bon désherbage du site. - Éviter d’arroser les plants (feuilles et fruits) par aspersion, préférer l’arrosage directement au pied des plants (goutte-à-goutte ou aspersion localisée). - Tailler et éliminer les branches desséchées en veillant à désinfecter les outils de taille (alcool à 70°). - Réaliser une récolte précoce des fruits et éliminer les fruits pourris et les feuilles malades. - Après la récolte, éliminer les plants trop atteints.
Anthracnose sur feuille de goyavier
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Pour les arbres : - Les branches les plus basses doivent être taillées de façon à ce qu’elles ne touchent pas le sol. Cette taille assure une meilleure ventilation et un séchage plus rapide du feuillage. - Tailler l’arbre avant la floraison, en veillant à éliminer les branches mortes, permet à la lumière de pénétrer au centre de l’arbre. - Les feuilles mortes et les fruits attaqués sur pied et au sol doivent être éliminés.
« L’Oïdium » • Description C’est une maladie causée par des champignons appartenant à la famille des Erysiphacées. Le champignon développe des filaments appelés mycélium qui s’installent à la surface de l’épiderme de la plante colonisée et s’y fixe pour se nourrir. • Plantes sensibles On observe cette maladie surtout sur les plantes de la famille des Cucurbitacées et des Solanacées, mais elle peut toucher un très large éventail de plantes cultivées. • Conditions de développement Elle prolifère généralement par temps chaud associé à une forte humidité ambiante. Toutefois, certaines souches peuvent se développer par temps sec. L’incubation dure de trois à sept jours, puis le champignon se multiplie s’il trouve sur son nouvel hôte des conditions favorables à son développement. Ainsi, l’épidémie peut se développer très rapidement. • Symptômes Le champignon se manifeste par l’apparition de nombreuses petites taches poudreuses, blanches à grisâtres, qui apparaissent sur les deux faces des feuilles, sur les pétioles, les tiges et plus rarement et de manière très discrète sur les fruits. Sur feuilles, les taches finissent par se rejoindre et former un revêtement continu appelé feutrage, de couleur blanc à blanc-grisâtre à l’aspect farineux. Cette maladie entraîne une déformation (gondolements et boursouflures) des feuilles. La déformation perturbe la croissance de la plante et la production des fruits.
Oïdium sur persil
Oïdium sur courgette
Oïdium sur gombo
Oïdium sur tomate
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• Moyens de lutte Plusieurs techniques permettent de limiter l’incidence de cette maladie sur les cultures. Il faut : - Espacer les plants pour éviter que l’humidité ne stagne et pour endiguer la propagation de l’oïdium, car celui-ci se propage par contact. - Éviter l’arrosage excessif et arroser le pied des plantes. - Supprimer immédiatement les parties touchées en les mettant directement dans un sac plastique pour éviter toute dissémination des champignons lors de leur transport. - Éviter les fumures trop riches en azote qui favorisent les maladies fongiques (il est préférable d’apporter du compost plutôt que du fumier).
« La Cercosporiose en cultures maraîchères » • Description Il s’agit d’une maladie provoquée par divers champignons du genre Cercospora. Ceux-ci peuvent subsister plusieurs mois dans les débris végétaux. Cercosporiose sur gombo
Cercosporiose sur persil
Cercosporiose sur laitue
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• Plantes sensibles Cette maladie s’observe beaucoup sur la laitue, le persil, le céleri et le gombo. • Conditions de développement Le développement est favorisé par un temps humide (pluies fréquentes) et chaud (20-30 °C) et la propagation se fait avec l’eau de la pluie, l’arrosage par aspersion ou le vent. • Symptômes La maladie se traduit généralement par des petites taches sur la face inférieure ou supérieure des feuilles qui évoluent en nécroses (centre grisâtre) entourées d’un halo brun à noir lui-même entouré d'un halo jaune plus ou moins prononcé. À la longue, les feuilles finissent par se dessécher et mourir.
• Moyens de lutte La lutte se fait principalement au stade jeune de la maladie en éliminant les feuilles qui commencent à être atteintes quand il s’agit de légumesfruits. Sur ces cultures, plus les feuilles sont atteintes, plus l’impact sur le développement des fruits est élevé et le rendement diminué. Concernant la laitue, l’élimination des feuilles atteintes se fait à la récolte, la densité des taches étant plus élevée sur les feuilles plus âgées (extérieur de la pomme) que sur les feuilles jeunes (intérieur de la pomme). Les champignons responsables de la Cercosporiose peuvent subsister plusieurs mois dans le sol. C’est pourquoi, il faut éviter de replanter des plantes sensibles à ces champignons pendant une durée prolongée notamment en cas de forte infestation. Il faut aussi créer des conditions défavorables à leur développement : - Réduire l’humidité en s’assurant du bon drainage du sol, en gérant l’enherbement entre les plantes et aux abords de la zone plantée. - Bien fertiliser ses plantes afin qu’elles soient plus résistantes contre les maladies. - Si possible, utiliser des semences issues de plants sans symptômes. - Éviter de circuler près des plantes malades quand elles sont mouillées. - Éviter l’arrosage par aspersion.
« Les Cercosporioses du bananier » • Description Il s’agit de maladies causées par des champignons microscopiques. Elles se développent exclusivement sur les feuilles de bananiers et les fruits restent comestibles. • Plantes sensibles Tous les bananiers sont concernés par la cercosporiose noire et peuvent être des foyers d’infestation. Certaines variétés comme la banane Plantain sont tolérantes à la cercosporiose jaune. • Conditions de développement Ces maladies se développent favorablement en milieu tropical humide et sont véhiculées par le vent.
Cercosporiose noire sur bananier
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Cercosporiose jaune sur bananier
• Symptômes De petites taches en forme de tiret apparaissent sur les feuilles. Les lésions en s’élargissant se nécrosent et s’entourent d'un halo noir plus ou moins prononcé lui-même entouré d’un halo jaune. La zone centrale de la lésion se dessèche et tourne généralement au gris sur la face supérieure de la feuille pour la cercosporiose jaune ; et sur les deux faces pour la cercosporiose noire. • Moyens de lutte Pour protéger ses bananiers, il faut pratiquer un effeuillage sanitaire régulier (élimination des feuilles jaunes, avec des parties sèches, pendantes ou sales)
Cercosporiose noire sur bananier
des bananiers et laisser les feuilles sur place face supérieure contre terre pour limiter les risques de contamination.
« Le Mildiou » • Description Ce champignon appelé Pseudoperonospora cubensis s’attaque aux parties aériennes des plantes et principalement aux feuilles. Il se développe rapidement en s’attaquant aux cellules végétales. Il produit des spores qui, une fois germées, vont pouvoir infecter de nouvelles feuilles en moins d’une heure en pénétrant par les stomates (l’équivalent des pores sur notre peau) présents à la surface de celles-ci. Des spores mobiles dans l’eau (les zoospores) peuvent également être libérées en grand nombre. • Plantes sensibles On observe le Mildiou surtout sur les plantes de la famille des Cucurbitacées.
Mildiou sur concombre
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• Conditions de développement La maladie est favorisée par les périodes où l’humidité est forte et les températures fraîches.
• Symptômes Au début de l’infection, des taches jaunes apparaissent sur les feuilles les plus âgées des plants et des lésions peuvent apparaître sur la face supérieure de celles-ci. Les cellules végétales attaquées vont mourir et devenir brunes, diminuant alors les capacités de la plante à capter la lumière. Un feutrage duveteux est observable sous les lésions : il s’agit d’un symptôme spécifique de cette maladie. Des sporanges (organes contenant les spores) noirs apparaissent alors sur cette excroissance duveteuse. Dans le cas du concombre, les taches jaunes sont angulaires, car limitées par les nervures de la feuille. Pour les autres cucurbitacées, les taches ont des formes plus irrégulières. Les fruits ne développent pas de symptômes, mais leur croissance est fortement limitée à cause du dépérissement rapide de la plante. • Moyens de lutte L’impact important de cette maladie sur les cucurbitacées et son développement rapide imposent d’utiliser plusieurs techniques de lutte et de prophylaxie : - À l’achat en pépinière puis lors du repiquage, il est nécessaire de vérifier que les plants sont exempts de maladie. - Il ne faut pas cultiver sur une même zone des plants d’âges différents. - L’air doit circuler correctement dans les différentes parties du jardin et entre les plants afin de limiter l’humidité ambiante. - L’arrosage au pied des plantes doit être préféré à l’aspersion sur le feuillage car cela permet d’éviter les éclaboussures et donc la dispersion des spores. - Les cucurbitacées présentes dans les bords de champ (cucurbitacées sauvages) doivent être impérativement éliminées. - Une surveillance régulière des plantes du jardin peut permettre de déceler rapidement les premiers symptômes. - Le matériel de jardinage doit être désinfecté avant de passer d’une partie du jardin à une autre. Pensez à laver votre tenue de travail régulièrement. - Le travail dans les parties infectées du jardin doit se faire après celui effectué dans les parties saines. - En fin de cultures, les plants doivent être éliminés afin de ne pas être source de mildiou pour les cultures suivantes. 31
« Le Scab » • Description C’est une maladie pouvant être provoquée par le champignon aérien Elsinoe fawcettii (sur agrumes) ou le champignon Cladosporium sp. (sur fruit de la passion par exemple). Ceux-ci se propagent par le vent, la pluie et les insectes. • Plantes sensibles Cette maladie a été observée sur Agrumes et Passiflores.
Scab sur agrume (fruits)
• Conditions de développement L’importance et la fréquence des infections sont favorisées lors des périodes de chaleur et d’humidité. • Symptômes Le Scab se caractérise par la présence de pustules liégeuses et irrégulières sur les fruits, les rameaux et les feuilles. Il s’installe sur les organes jeunes et peut diminuer le rendement en cas de fortes attaques.
Scab sur agrume (feuilles)
Scab sur pomme-liane
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• Moyens de lutte Pour limiter la présence de ce pathogène, il faut : - Éliminer les parties de plantes les plus infectées pour éviter la propagation de la maladie. - Ramasser les parties de plantes ou fruits infectés tombés à terre et les éliminer. - Procéder à une taille afin de faciliter l’aération et éviter que les parties basses de la plante ne touchent le sol.
Les maladies bactériennes
Chancre sur fruit d’agrume
Greening sur feuille d’agrume
Flétrissement bactérien sur anthurium
Flétrissement bactérien sur aubergine
Flétrissement bactérien sur tomate
Flétrissement bactérien sur melon
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« Le Chancre citrique »
Taches caractéristiques sur fruit
Taches caractéristiques sur feuilles
Taches sur limetier de Tahiti
Désinfection des outils de jardinage
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• Description Il s’agit d’une maladie provoquée par une bactérie qui vit exclusivement dans les feuilles, fruits ou tiges des agrumes. Celle-ci pénètre dans la plante par les petites plaies (lésions) voire par les stomates des feuilles. Elle ne circule pas dans la plante, mais reste au niveau de ces lésions jusqu’à former un chancre, c’est-à-dire une grosse tache en relief caractéristique de la maladie. En dehors des agrumes, elle peut vivre jusqu’à 3 jours dans l’eau. Elle peut se transmettre par des outils ou vêtements souillés ainsi que lors du transport de matériel végétal infecté (fruits, plants, greffons, marcottes, boutures). • Plantes sensibles Tous les agrumes (orangers, pomelos, limettiers…) sont concernés, de même que l’espèce Poncirus trifoliata qui est souvent utilisée comme porte-greffe. • Symptômes Les symptômes peuvent se développer sur tous les organes aériens en croissance (feuilles, fruits et tiges). Il s’agit de lésions grises puis brunes craquelées, en forme de cratère avec une bordure huileuse et un halo jaune. L’arbre finit par dépérir. Sur les limes de Tahiti, les symptômes ont un aspect plus liégeux et une couleur plus homogène et peuvent être confondus avec le Scab des agrumes (voir rubrique sur le Scab).
• Moyens de lutte Cette bactérie a le statut de danger phytosanitaire de première catégorie à la Martinique (arrêté du 31/07/2000) et dans l’hexagone. Elle peut mettre en péril tous les agrumes en Martinique. La lutte contre le chancre citrique est obligatoire. Comme il n’existe pas de traitement contre cette maladie, les arbres malades doivent être coupés et détruits. Pour ne pas propager la maladie : - Il ne faut pas s’occuper des agrumes lorsqu’il vient de pleuvoir. - Il faut désinfecter les outils de taille entre chaque arbre avec de l’alcool ou un bactéricide. - Il faut se laver les mains entre chaque arbre lors de la cueillette. - Il ne faut pas recevoir ni donner des boutures ou marcottes d’agrumes. - Il faut se procurer ses plants dans des pépinières professionnelles.
« Le Greening » • Description Le Greening des agrumes également appelé Huanglongbing (HLB) est une maladie causée par une bactérie qui attaque le système vasculaire de la plante. En Martinique, cette bactérie est transmise par le Psylle asiatique des agrumes (Diaphorina citri) qui a été découvert sur l’île en 2012. La bactérie prolifère dans les vaisseaux transporteurs de sève élaborée qui contiennent l’eau et les sucres fabriqués lors de la photosynthèse et perturbe la circulation de cette dernière. • Plantes sensibles Tous les agrumes peuvent être touchés. Il existe des hôtes ne présentant pas de symptômes : c’est le cas du Buis de chine Murraya paniculata dont se nourrit également le Psylle asiatique.
Psylle asiatique adulte
Larve de Psylle asiatique
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Buis de Chine
Décoloration des feuilles
Fruits asymétriques
• Symptômes Lorsque le transport de la sève élaborée est perturbé, les feuilles commencent à jaunir et des marbrures jaunes apparaissent le long des nervures principales. Ces symptômes peuvent être confondus avec ceux d’autres facteurs (Tristeza, Phytophthora, cochenilles, carences). À mesure que la maladie évolue, on peut constater la décoloration des feuilles d’un seul secteur de l’arbre et la présence de petits fruits asymétriques avec des graines avortées. Le feuillage finit par tomber et les branches sèchent jusqu’à la mort de l’arbre. • Moyens de lutte Comme il n’existe pas de traitement curatif contre cette maladie, il faut utiliser des plants sans symptômes issus de pépinières qualifiées prenant les précautions nécessaires pour garantir la qualité des plants (serres anti-insectes, greffons résistants à la maladie…). Pour des raisons sanitaires, l’importation de plants d’agrumes est interdite en Martinique quelle que soit leur origine.
« Le Flétrissement bactérien » • Description C’est une maladie causée par une bactérie présente dans le sol Ralstonia solanacearum. Elle pénètre dans la plante par les racines ou par des plaies sur la tige, puis colonise les vaisseaux conducteurs de sève, ce qui finit par bloquer l’alimentation de la plante en eau et en nutriments. Ralstonia solanacearum peut vivre plusieurs années dans le sol et est véhiculée par l’eau, le sol, les outils de jardinage contaminés ou les bottes transportant de la terre contaminée. 36
• Plantes sensibles Il peut s’agir de plantes de la famille des Cucurbitacées (melon, concombre…), des Solanacées (tomate, piment…) et des Aracées (anthurium…). D’autres plantes telles que le pourpier, l’herbe amère ou le Caya blanc résistent et deviennent des réservoirs de la maladie. • Conditions de développement Le flétrissement bactérien se retrouve principalement dans les régions chaudes et humides du globe. • Symptômes On observe un flétrissement progressif de la plante s’accompagnant de nécroses au niveau des feuilles et des tiges. La plante finit par mourir généralement en moins de 15 jours. • Moyens de lutte Il n’y a pas de traitement pour lutter contre cette maladie. On peut seulement prévenir son apparition ou limiter sa prolifération. Pour cela, il faut : - Éviter de planter successivement des cultures sensibles à la bactérie. - Réaliser des rotations avec des Alliacées telles que les oignons pays ou des Brassicacées comme le radis. - Limiter la présence des plantes réservoirs. - Maîtriser l’enherbement autour du jardin. - Limiter la présence d’eau stagnante. - Espacer les plants. - Entretenir les parties du potager qui sont en bonne santé avant de s’occuper des parties malades. - Bien nettoyer les outils de jardinage. - Éliminer les plantes malades.
Plant de tomate flétri
Taches nécrotiques avancées sur anthurium
Plant de courgette flétri
Parcelle de pastèque contaminée
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Les maladies virales
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Arbre atteint par la Tristeza
Décoloration sur feuilles d’ananas
Décoloration et nanisme sur tomate
Cloques sur feuilles de piments
Marbrures sur feuille d’orchidée
Déformation sur feuille de chou
« La Tristeza » • Description C’est une maladie causée par le virus Citrus Tristeza Virus. Elle peut être plus ou moins virulente selon la souche du virus. Elle est transmise, soit par des pucerons (en particulier le puceron brun des agrumes, Toxoptera citricidus), soit par greffage ou lors du transport de matériel végétal contaminé.
Pertes de feuilles due à la Tristeza
• Plantes sensibles Le virus de la Tristeza est le plus important virus pathogène des espèces du genre Citrus. • Symptômes Il n’existe pas de symptômes spécifiques à la Tristeza si bien qu’elle peut se traduire par : - des nécroses des vaisseaux conducteurs de sève élaborée qui contiennent l’eau et les sucres fabriqués par les parties aériennes de la plante lors de la photosynthèse. - une altération de certaines cellules de ces vaisseaux. - un dépérissement progressif de la plante (perte des feuilles, dessèchement des branches). - une décoloration brun cuivre du feuillage associé à un enroulement des feuilles. - des fruits plus petits ou de moindre qualité. En conséquence, il vaut mieux avoir recours à un spécialiste pour effectuer un bon diagnostic. • Moyens de lutte Il n’existe pas de traitement contre la Tristeza. Il est conseillé d’éliminer les arbres fortement infectés. Une fois qu’un arbre ou un jeune plant est infecté par le virus de la Tristeza, il n’est pas possible de supprimer le virus ni de ralentir son développement, d’où l’intérêt d’éviter l’installation de la maladie en utilisant tous les moyens possibles de façon préventive. Ainsi, en cas de nouvelle plantation, il faut utiliser des plants sans symptômes issus de pépinières prenant les précautions nécessaires pour garantir la qualité des plants (serres anti-insectes, greffons résistants à la maladie...). La FREDON Martinique dispose d’une unité de diagnostic phytosanitaire appelée la Clinique du végétal®. 39
« Les Bégomovirus »
Feuilles enroulées (PYMV)
Décoloration et nanisme (TYLCV)
• Description Deux virus du genre Bégomovirus sévissent en particulier sur la tomate : le Potato Yellow Mosaic Virus (PYMV) détecté en Martinique en 1992 et le Tomato Yellow Leaf Curl Virus (TYLCV) détecté, lui, en 2002. Ces virus sont uniquement transmis par l’aleurode du tabac Bemisia tabaci (voir rubrique sur les insectes piqueurs suceurs). Ils ne sont ni transmis par les semences, ni par contact. • Plantes sensibles Ils touchent surtout la tomate. Cependant, d’autres cultures telles que le haricot, le piment et le poivron peuvent être atteintes mais avec un plus faible impact.
• Symptômes Les symptômes apparaissent 10 à 20 jours après la contamination de la plante. Le PYMV et le TYLCV ont des symptômes différents : - PYMV : Alternance de taches décolorées jaunes réparties sur l’ensemble de la feuille (mosaïques), enroulement des feuilles, réduction modérée de la taille des feuilles, rabougrissement du plant ; - TYLCV : Jaunissement plus ou moins marqué des feuilles, partant du bord extérieur de la feuille vers la nervure principale, feuilles en forme de cuillère (repli du bord des folioles vers le haut), forte réduction de la taille des feuilles, nanisme du plant. Le TYLCV et le PYMV peuvent être présents en association sur un plant de tomate. Dans ce cas, les symptômes du TYLCV masquent ceux du PYMV.
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Ces deux virus peuvent entraîner des pertes de rendement importantes : 40 à 60 % pour le PYMV et jusqu’à 100 % pour le TYLCV. La sévérité de l’attaque dépend de la précocité de la contamination. • Moyens de lutte Il n’existe pas de traitement curatif contre les virus. Il faut adopter des méthodes permettant d’éviter ou de retarder la contamination. Pour cela, il faut : - Vérifier la présence de symptômes ou d’aleurodes sur les plants, lors de l’achat. - Lutter contre les aleurodes (voir rubrique sur les insectes piqueurs suceurs).
Il existe de nombreux autres virus des plantes qui se manifestent par divers autres symptômes que ceux évoqués : déformations en cloques, filiformismes des feuilles, mosaïques, marbrures… (Cf. Page 38 les maladies virales) Il n’existe pas non plus de traitements contre ces virus mais il convient d’adopter des mesures préventives telles que l’utilisation de plants sans symptômes, l’élimination des plants malades et la lutte contre les vecteurs de ces virus s’ils sont identifiés.
Filiformisme sur courgette
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Pour aller plus loin… Sites internet et publications utiles www.fredon972.org - Mémento de la Protection des cultures en Martinique, Fédération Régionale de Défense contre les organismes Nuisibles. - Point Fédé n°23 - Point Fédé n°33 https://www.jardiner-autrement.fr/ http://caribfruits.cirad.fr/production_fruitiere_integree/protection_raisonnee_d es_vergers_maladies_ravageurs_et_auxiliaires http://daaf.martinique.agriculture.gouv.fr/La-cercosporiose-noire https://bsvguyane.wordpress.com/les-cercosporioses-du-bananier/ https://bsvguyane.wordpress.com/la-maladie-du-scab-elsinoe-fawcetti/ http://www.martinique.developpement-durable.gouv.fr/les-chiropteres-en-martinique-a1200.html
Remerciements À tous ceux qui ont contribué à cet ouvrage.
Crédit photos FREDON Martinique
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Notes
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Bénéficiez de conseils pratiques sur les méthodes alternatives aux pesticides au travers des ateliers de jardinage réalisés à la FREDON Martinique, à l’attention des amateurs de jardins. Pour vous inscrire, contactez-nous à l’adresse ci-dessous : FREDON Martinique Route du Lycée Agricole, Chemin Tolobe, Croix Rivail, 97224 Ducos Tél. 0596 73 58 88 • Fax 0596 71 77 42 • Mail. contact@fredon972.org • www.fredon972.org Partenaires
Essentiel Conseil • Photo : FREDON Martinique • Juillet 2019
Une méthode de lutte n’est efficace que si celle-ci est bien employée. Cela passe notamment par un bon diagnostic de l’état de santé de votre plante. Si vous n’êtes pas sûrs des dégâts ou des symptômes que vous voyez sur vos plantes et si vous souhaitez des conseils sur l’emploi des méthodes de lutte, vous pouvez vous rapprocher de la Clinique du Végétal® située à la FREDON Martinique.