IB 2025_#5

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Le sys tème AURO : Une mobilité par c â ble autonome

Grâce à une technologie intelligente et connectée, nos téléphériques sans personnel d'exploitation en stations redéfinissent les standards de sécurité et de fiabilité, aussi bien dans les zones touristiques que dans les environnements urbains. Des caméras et des capteurs de pointe assurent un fonctionnement 100% autonome, tandis que le Poste Centralisé de Contrôle (PCC) garantit une supervision en temps réel pour une disponibilité maximale.

L'AURO "Autonomous Ropeway Operation" combine innovation technologique et expertise humaine pour redéfinir l'avenir de la mobilité par câble qui peut être étendue à plusieurs systèmes avec un seul Poste de contrôle.

doppelmayr.com

Montagne avec un M… comme Mutation INTRO

La montagne n’est pas un long fleuve tranquille… Elle se doit, elle aussi, de trouver des pistes pour l’avenir. A cet égard, l’année 2025 pourrait marquer ce tournant tant elle intègre la série de défis et d’opportunités uniques qui se dessinent devant elle désormais très clairement.

Défis et opportunités dans les domaines de l’économie circulaire et de la durabilité, tous deux clairement identifiés au cœur de toutes les réflexions et donnant de plus en plus souvent vie à des innovations qui transforment les équipements et infrastructures pour les rendre plus vertueux.

Défis et opportunités dans le secteur de la mobilité, en pleine transformation avec l’émergence de solutions plus écologiques et mieux adaptées aux spécificités des territoires montagneux. Le succès de fréquentation des nouveaux équipements installés illustre parfaitement cette dynamique.

Défis et opportunités dans l’intégration paysagère des équipements modernes grâce au design revisité des cabines, des pylones, mais aussi des gares qui s’intègrent désormais comme des atouts architecturaux dans le paysage en cumulant esthétique et fonctionnalité. Un nouveau regard est posé sur la conception des remontées mécaniques…

Défis et opportunités techniques et technologiques, mais aussi sociétaux avec une solidarité entre stations qui permet de mieux répondre aux enjeux économiques et environnementaux collectifs. Dans ce contexte, les observatoires de l’environnement jouent un rôle clé pour anticiper et mesurer l’impact du changement climatique sur nos montagnes, guidant ainsi les choix de gestion et de développement.

Défis et opportunités avec les Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver 2030 qui arrivent à grands pas dans les Alpes, offrant une énergie supplémentaire pour repenser la planète blanche.

Défis et opportunités, enfin, pour tous les acteurs de l’aménagement montagne mondial que Mountain Planet est si fier d’accueillir à Grenoble tous les deux ans : la mutation impulse un élan puissant dans le moteur d’une croissance qui devient plus porteuse de valeurs, exigences environnementales obligent ; mais aussi plus diversifiée grâce au câble urbain ou de loisirs ; et largement plus diversifiée sur le plan géographique, parfois même dans des destinations inattendues qui symbolisent à elles seules tout le sens du duo « défis et opportunités » qui soutient notre analyse et semble vouloir guider nos chemins dans les années à venir.

Jérôme Riff

Directeur général ALPEXPO, le parc évènementiel de Grenoble

Simone Bramante - Skyvertigo ©Skyway Monte Bianco

INNOVATION BOOK

EST ÉDITÉ PAR MOUNTAIN PLANET

ALPEXPO

Directeur de la publication : Jérôme Riff, Directeur général ALPEXPO, le parc évènementiel de Grenoble

Coordination : Nadine Chevalier, cheffe de projet salon international Mountain Planet

Attaché de presse : Alexandre Bérard, Alternative Média

CONCEPTION RÉALISATION

EDITIONS COSY

GERANT : Claude BORRANI

SAVOIE Technolac

18, ALLÉE DU LAC ST ANDRÉ

73 382 LE BOURGET DU LAC CEDEX

Tél : 00 33 (0)4 79 65 46 10

Fax : 00 33 (0)4 79 65 46 12

Site Internet : editions-cosy.com

Rédaction

Marie-France Sarrazin - Cécile Ronjat

Claude Trinidad - Véronique PilonAude Pollet-Thiollier

Traductions

UK et ALL : ACS Traduction

Direction artistique & maquette

Séverine Béchet • studiosbdesign.fr

Publicité

Fanny Marguet fanny@cosy-editions.com

Périodicité : Annuelle

Impression

TYPO LIBRIS

37, avenue des Châtelets 22440 PLOUFRAGAN

FRANCE

Dépôt Légal : à parution

ISSN 2418-0297

Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle par quelque procédé que ce soit des pages publiées dans le présent magazine faites sans l’autorisation de l’éditeur est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une part, les reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, et d’autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou d’information de l’oeuvre dans laquelle elles sont incorporées. (art. L.122-4, L.122-5 et L.335-2 du Code de propriété intellectuelle).

sommaire

INNOVATION BOOK BY MOUNTAIN PLANET

QUOI DE NEUF

ACTUS ET INNOVATIONS EN MONTAGNE

INTERNATIONAL

PLANÈTE MONTAGNE

ANALYSE

Chaque année Laurent Vanat planche sur l’état mondial du tourisme de la neige et de la montagne. Que faut-il retenir pour 2023-2024 ?

FOCUS

Quand la Chine s’est réveillée… Considéré comme un pays prometteur pour le développement du marché de l’aménagement montagne, la Chine pourrait-elle devenir un acteur clé dans ce secteur ?

STRATÉGIE

L’expansion et les acquisitions de domaines skiables font clairement partie de la stratégie de Vail Resorts et de son concurrent direct, Alterra Mountain Company. Après Andermatt et Crans Montana, d’autres cibles sont visées dans l’arc alpin. Analyse d’une force de frappe qui pourrait modifier le paysage économique des sports d’hiver en Europe.

EXPORT

Maroc, Inde, Pakistan, Afrique, Moyen-Orient... Les pays qui émergent dans le secteur ne laissent pas les acteurs indifférents. POMA, MND, Dopplemayr, Sunkid, TechnoAlpin, nous font part de leurs actions dans ces pays.

BILAN

Gros plan sur les investissements des domaines skiables français en 2024.

MOBILITÉ

Le Lyon–Turin et la gare internationale de Saint-Jeande-Maurienne seront-ils une aubaine économique pour la vallée et ses stations ?

DESIGN

Quand les gares de téléphériques deviennent inspirantes.

INTELLIGENCE NATURELLE FLEXION, RÉFLEXION

ÉCONOMIE CIRCULAIRE

A Serre Chevalier, la circularité s’infiltre dans tous les aspects de la gestion quotidienne.

ENVIRONNEMENT

• Vers la réhabilitation des pistes de ski et des milieux ouverts en montagne. Explications…

• Observatoire environnemental : quels sont les domaines skiables dotés et à quoi ça sert ?

• Chauffer ses locaux grâce aux calories des remontées, c’est possible !

AMÉNAGEMENT

Renouvellement des remontées mécaniques : une appétence pour les télécabines, en vue d’un fonctionnement été comme hiver.

SOLIDARITÉ

Confronté au changement, l’univers montagne se serre les coudes.

JOP 2030

L’héritage attendu par les Hautes-Alpes, département oublié en matière d’aménagement du territoire.

TÊTE DE PISTE

Interviews

• Fabrice Pannecoucke, Président du Conseil régional d’Auvergne Rhône-Alpes,

• Damien Robert, Directeur Général de la SOLIDEO. CLAP DE FIN

Mountain Planet 2026 à l’horizon.

QUOI DE NEUF

ACTUS ET INNOVATIONS EN MONTAGNE

QUOI DE NEUF

INTERVIEW

Anne Marty

Nouvelle présidente de Domaines Skiables de France

« Nous devons innover sur plein de sujets, mais avons des fragilités »

Votre présidence sera marquée par la RSE. Quels seront vos axes de travail ?

Nous avons pris la décision de mettre en place un pôle RSE doté de trois commissions. L’une est tournée vers nos salariés. Notre taux d’accidents du travail se révèle bien au-dessus d’autres branches professionnelles, elles aussi connues pour être des secteurs accidentogènes. Début février, nous avons organisé une première formation créée de toutes pièces, qui ne concerne que les dirigeants autour de la question : « Qu’est-ce qu’on met en place collectivement pour faire baisser cette sinistralité ? » Nous ne partons pas de zéro, car toutes les entreprises ont instigué des choses. Nous parvenons ponctuellement à faire baisser l’accidentologie la première

année, qui recommence l’année suivante. C’est une question de management et de pilotage, pas de moyens et d’engagements. La commission environnement, elle, chapeaute la réduction de l’empreinte carbone et le suivi des éco-engagements, voire au-delà : l’eau, la neige de culture, les carburants. Un travail est en cours sur la ressource hydrique.

Quels sont les leviers pour aller plus loin en matière environnementale ?

Il existe un moyen rapide et efficace pour tendre vers la neutralité carbone, c’est le HVO, un biocarburant, mais il est beaucoup plus cher. Cette commission peut trouver des moyens pour que de tels dispositifs soient accessibles au

plus grand nombre. C’est la raison pour laquelle nous avons créé la commission solidarité faisant la jonction avec les deux autres pour, notamment, aider les structures qui ne peuvent pas atteindre ces éco-engagements car elles n’ont pas les ressources financières ou humaines. Parmi nos 250 stations adhérentes, certaines possèdent un nombre de permanents réduit. Or toutes ces questions sont abordées hors saison. S’il n’y a pas ou peu de permanents, ces thématiques ne seront jamais traitées.

L’idée repose sur l’instauration d’une solidarité pragmatique pour, par exemple, reprendre un business plan ou des comptes de résultats, étudier les optimisations possibles, aider à renégocier et ré-étaler la dette. La solidarité financière existe depuis 20 ans chez DSF, à travers Nivalliance (une police d’assurance contre les aléas climatiques, NDLR). Souvent il manque juste une petite chose pour maintenir une entreprise à flot.

Y a-t-il d’autres défis à relever ?

Je dirais la simplification. Car c’est la montagne aménagée qui fait vivre la montagne aujourd’hui. Ces aménagements sont de plus en plus difficiles à mettre en œuvre. Remplacer une remontée obsolète, énergivore, aux 25 pylônes, d’un débit de 600 personnes/heure contre une nouvelle qui passe 2400 personnes/heure, ne reposant plus que sur 10 pylônes, moins consommatrice d’énergie, nécessite de refaire une étude globale d’impact, de tout recommencer à zéro. En général, il y a toujours quelque chose qui ne va pas et régulièrement des recours d’obstruction ralentissent les process. Or, on a entre six et huit mois pour réaliser nos projets. Si on rate le coche, on repart pour un an.

On arrive à des situations ubuesques où les projets ne sortent pas. On a besoin d’agilité. Nous sommes des chefs d’entreprise. Nous faisons vivre tout le territoire. Sans cette économie, ce sont des déserts qui se profilent. Il faut préserver notre montagne aménagée. Je ne dis pas qu’il faut faire n’importe quoi. Il faut que nous l’aménagions mieux.

Quelle est la place de l’innovation dans la gestion d’une station ?

Sur l'innovation technique des remontées mécaniques, je note des choses très positives. Les constructeurs se sont emparés des éco-engagements.

Nous avons besoin d’innover sur plein de sujets, mais avons des fragilités. Nous devons dématérialiser la billettique, basculer dans une nouvelle ère de vente de titres, de contrôle, pour passer avec nos téléphones. Notre profession réalisant 60% de son chiffre d’affaires sur six semaines seulement, pendant les vacances de février et de Noël, il ne faut pas prendre le moindre risque. Ce sujet billettique qui doit évoluer doit aussi être ultra-sécurisé. J’ai le sentiment que nous ne parvenons pas à trouver cet équilibre entre ces besoins de réassurance et de développements. Pareil sur les data. Il y a de grandes marges de progression.

Quant à l’innovation technique des remontées mécaniques, je note des choses très positives. Les constructeurs se sont emparés des éco-engagements.

Nous sommes ensuite attentifs à l’innovation autour des activités périphériques au ski. Nos clients viennent pour le ski, c’est très clair, mais apprécient les loisirs connexes. Nous voulons satisfaire et retenir le plus possible notre clientèle pour faire vivre l’écosystème.

QUOI

DÉCAPOTABLE

Construit en 2023, le téléphérique entre Zermatt et Furi a proposé cet été sa version décapotable, son rooftop ride. Depuis le balcon installé sur le toit de la remontée, les clients jouissent d'une magnifique vue sur le Cervin.

L'été, les clients peuvent réserver un parcours les cheveux au vent.

©Zermatt Bergbahnen AG

SATA group, la société exploitant la station des Deux-Alpes, en Isère, a réalisé l'un des plus gros investissements au monde en matière de transport par câble en remplaçant le Jandri Express, datant de 1985, par le Jandri 3S, inauguré cet hiver. Une prouesse technologique signée POMA garantissant stabilité et confort, y compris par météo difficile, conçue pour l'hiver comme pour l'été. Cette télécabine tricâbles de deux tronçons parcourt 6,4 km et 1480 m de dénivelé en seulement 17 mn contre 40 auparavant, à la vitesse de 8 m/s, grâce à sa double motorisation Direct drive, doublant ainsi le débit pour atteindre 3000 personnes par heure. Ses 55 cabines designées par l'Italien Pininfarina comptent 24 places assises et 8 debout et un écran connecté pour obtenir des informations sur le domaine skiable en temps réel. Au total, plus de 40 km de câbles ont été installés ! D'un point de vue environnemental, le nombre de pylônes a été réduit à sept, contre 17 avec l'installation précédente, la remontée fonctionne sans hydrocarbures et permet d'abaisser de 5 % la consommation électrique, tout en limitant les émissions acoustiques.

Le Jandri 3S a été mis en service cet hiver ©Lionel Royet

100% ALUMINIUM

La start-up américaine M1 a présenté en septembre dernier sur les pistes de Zermatt ses skis 100% aluminium, conçus à partir d'un seul bloc d'alliage d'aluminium solide de qualité aérospatiale. Flexibles et robustes, ils résistent aux conditions extrêmes, assurent une glisse fluide et rapide, et sont entièrement recyclables. Les réservations ont déjà commencé. Les premières paires seront disponibles cet automne et leur tarif devrait avoisiner ceux des skis haut de gamme.

Ces skis 100% aluminium de la start-up américaine M1 seront disponibles cet automne.

QUOI DE NEUF

10%

d’éléments neufs

C’est ce que comporte le nouveau télésiège débrayable des Roches Blanches, mis en service cet hiver à Val Cenis, essentiellement composé de pièces de seconde main relativement récentes, rachetées à d’autres stations. Cette approche permet de réduire de 90 % l’utilisation de matières premières pour dix fois moins d’émission de gaz à effet de serre. L’assemblage a été réalisé par POMA. Seules 35 des 400 tonnes du nouvel appareil ont été produites spécifiquement pour le chantier. L’ancien télésiège, exploité durant 35 ans, a été démonté de manière à préserver le plus de pièces possibles, amenées à être vendues pour réemploi. Ce cercle vertueux est complété par le recyclage quasi total des éléments ne pouvant pas être réutilisés.

Le nouveau télésiège débrayable des Roches Blanches est à 90% issu du réemploi.

A AVORIAZ, LA SECONDE VIE D’UNE RÉSIDENCE DE TOURISME EMBLÉMATIQUE

Pierre & Vacances réhabilite pour 20 M€ un bâtiment phare de la station d’Avoriaz (74), l’Hermine, ancienne résidence multipropriété de 16 étages, érigée en 1975, rebaptisée Capella. Dans le viseur, l’amélioration des performances énergétiques de l’édifice pour réduire de moitié sa consommation annuelle, passant de 353 kWh/m2 à 157 kWh/m2, et à obtenir le label Bâtiment bas carbone. L’enveloppe extérieure en bois sera conservée et entretenue. Pierre & Vacances va changer l’ensemble des fenêtres et procéder à un doublage intérieur grâce à un système de murs à ossature bois isolés avec de la laine de roche. Le bâtiment continuera d’être chauffé à l’électricité par le biais de systèmes plus efficaces, moins énergivores, intelligents et connectés. Dans ce même souci de lutter contre les déperditions énergétiques, la piscine sera couverte. Grâce à un diagnostic réalisé en amont du chantier, plastique, laine de verre, laine de roche, métal, bois, plâtre ont pu être revalorisés. Et plus de 13 tonnes de produits (électroménagers et sanitaires) ont été dirigés vers une plateforme de réemploi pour être revendus ensuite à des particuliers ou entreprises, ou donnés à des associations. Les 143 unités de 33 m2 garderont la même distribution mais seront remises au goût du jour. Le chantier a démarré en septembre 2024. En décembre 2025, Pierre & Vacances sera en mesure de livrer la moitié de la résidence. L’ouverture intégrale est programmée pour décembre 2026.

SKIS DE RANDO ÉLECTRIQUES

On connaissait le vélo ou la trottinette électriques, voici les skis de rando électriques. La société suisse E-outdoor a développé E-Skimo, un dispositif permettant de grimper jusqu’à 80% plus vite et de réduire l’effort de 30%. Chaque ski est doté d’un petit moteur et d’une batterie. Une chenille amovible est placée en dessous du ski. Le tout est relié à de nombreux capteurs pour activer et couper le moteur, en fonction des besoins. Et au moment de descendre, les moteurs et les batteries sont retirés.

Le système a été présenté au CES de Las Vegas en début d’année.

©E-outdoor

L’Hermine devient Capella, une résidence 4*. ©Pierre & Vacances

L’Alpine Top est vitrée du sol au plafond. ©Val d’Anniviers

Panoramique

Vitrée du sol au plafond, l’Alpine Top a été mise en service l’été dernier à Grimentz-Zinal, en Suisse. La cabine, conçue par Garaventa, relie Grimentz à l’Espace Weisshorn en 10 minutes et promet une immersion totale au cœur de la nature du Val d’Anniviers.

La remontée a été mise en service en décembre 2024. ©Big Sky Resort

LE PLUS LONG TÉLÉSIÈGE HUIT PLACES DU MONDE

Le 20 décembre 2024, la station américaine Big Sky Resort, dans le Montana, a inauguré Montana 8, le plus long télésiège huit places au monde, courant sur un peu plus de 2,6 km, signé Doppelmayr. Il rallie le sommet en seulement huit minutes, contre 12 avec l’installation précédente. Son câble en acier dernière génération réduit les vibrations, tandis que ses sièges chauffants et bulles panoramiques bleutées apportent davantage de confort aux usagers.

Le saviez-vous ?

L’engouement pour les activités de pleine nature va croissant sur un terrain montagneux en évolution constante, en proie au dérèglement climatique. Face aux crues dévastatrices ayant fortement impacté le parc national des Ecrins ces derniers mois, à la violence et à la récurrence de ces phénomènes, celui-ci va lancer un nouvel outil collaboratif. Il s’agit d’une plateforme fédératrice d’agrégation et de diffusion d’informations sur les conditions et les risques en haute montagne à destination du grand public, à l’instar de ce qui se pratique dans le massif du Mont-Blanc, à travers La Chamoniarde. Cette plateforme vise ainsi la diffusion d’une information précise et juste, issue des observations et des analyses de professionnels de la montagne – PGHM, CRS Alpes, Météo France, réseau RTM de l’ONF, guides de haute montagne, gardiens de refuges... – sur la qualité et la praticabilité des itinéraires à destination des randonneurs, des skieurs de randonnée, des raquettistes, des alpinistes, des grimpeurs... Elle couvrira d’abord le périmètre du parc, à cheval sur l’Isère et les Hautes-Alpes, avant de s’étendre à l’ensemble des deux départements pour répondre aux besoins des pratiquants d’activités en itinérance.

QUOI DE NEUF

L’ÉROSION S’ACCÉLÈRE

DANS LE MASSIF DU MONT-BLANC

Les déstabilisations rocheuses dans le massif du Mont-Blanc ont plus que doublé depuis le début du XXe siècle. C’est ce que révèle une étude conduite par des chercheurs de l’Institut des sciences de la terre et du laboratoire Environnements, dynamiques et territoires de la montagne, tous deux rattachés à l’Observatoire des sciences de l’univers de Grenoble, et du laboratoire Biogéosciences. Ces travaux, publiés dans la revue scientifique Earth and planetary science letters, montrent que cette recrudescence est directement liée à la crise climatique. Afin de quantifier l’impact de la crise climatique sur les déstabilisations rocheuses, les chercheurs ont combiné deux approches complémentaires : un inventaire détaillé des déstabilisations rocheuses récentes et l’analyse de marqueurs géochimiques naturels. Entre 2007 et 2011, les déstabilisations de plus de 100 m2 dans le bassin versant de la Mer de glace ont été inventoriées grâce à des professionnels de la montagne mobilisés dans une démarche de science participative. Pour étudier les chutes de pierres de plus petite ampleur, les chercheurs ont utilisé le Lidar, une technologie de télédétection qui utilise des faisceaux laser pour mesurer des distances et des mouvements précis en temps réel, qui a permis dans le cas présent de repérer les zones où des morceaux de roche qui se sont détachés avec le temps. En parallèle, des débris rocheux issus d’anciennes déstabilisations ont été étudiés afin de mieux comprendre l’intensité des processus érosifs passés. Les résultats révèlent une accélération marquée de l’érosion : les taux d’érosion des parois du massif ont doublé, passant de moins de 2,2 mm/an au début du XXe siècle à plus de 4,1 mm/an sur la période 2006-2011.

MND – Ce démonstrateur, installé sur le site de MND, dévoilé l’été dernier pour les 20 ans du groupe, fonctionne depuis le 3 décembre 2024.

MND installe une remontée mécanique dans sa cour

Il y a un an, à l’occasion de Mountain Planet, MND dévoilait en avant-première sa nouvelle gamme de transport par câble, Orizon. Le groupe français a vendu un premier modèle, une télécabine 10 places, à la station de Chimgan, en Ouzbékistan, mise en service en décembre prochain. Mais en réalité, le tout premier modèle a été monté au sein du siège de MND, à Sainte-Hélène-du-Lac (73). Doté de deux gares, de trois pylônes, de deux cabines – nombre qui peut grimper jusqu’à six ou sept –, le démonstrateur tourne depuis le 3 décembre, quasiment 24/24 h, soit l’équivalent de 10 ans d’exploitation normale condensée sur quatre à cinq mois pour éprouver l’appareil grandeur nature. Les clients sont ravis de découvrir cette machine « hors du commun » en situation. « Sachant que nous sommes un nouvel entrant sur le secteur, cela nous permet de prouver que nous savons faire », glisse Nicolas Chapuis, directeur général délégué de MND. Le groupe possédait déjà quelque expérience en la matière, en ayant noué un partenariat avec le constructeur suisse Bartholet et réalisé déjà plusieurs projets en France, aux Etats-Unis ou en Chine. Ce démonstrateur, c’est aussi l’occasion de démontrer les performances de l’appareil « dans les meilleurs standards du marché, pouvant parcourir 7 m/s. Nous sommes également les premiers à proposer une cabine 20 places sur une télécabine monocâble ».

©Ruka ski resort

Success story andalouse

En réduisant son endettement bancaire de moitié depuis 2018 et en investissant plus de 90 M€ dans la modernisation de ses infrastructures, aidée par 40 M€ de fonds européens Feder, la station de ski andalouse de Sierra Nevada a opéré une sacrée transformation financière depuis six ans, malgré la crise sanitaire. Parmi les choix stratégiques de la société publique Cetursa, figurent la rénovation de la télécabine Al Ándalus pour 20 M€, la construction d’un centre de production de neige visant à réduire les coûts énergétiques, l’installation de nouveaux enneigeurs et remontées mécaniques, d’un tapis roulant débutants, la digitalisation des accès et la création d’un nouveau centre de service à la clientèle. Sierra Nevada a également rénové son parking souterrain de quatre étages, renouvelé des enneigeurs et acheté de nouvelles dameuses. Un cercle vertueux s’est ainsi enclenché : l’hiver dernier, la station andalouse a obtenu des chiffres records de fréquentation alors que les conditions météo n’étaient pas toujours favorables. Parce qu’on ne change pas une stratégie gagnante, Certursa nourrit de nouveaux projets de modernisation et de diversification et se concentre aussi sur l’été. Elle mise ainsi sur des parcours de randonnée et de VTT, des circuits d’observation astronomique, et des camps. Toujours en quête de rationalisation et d’économies d’énergie, Sierra Nevada réfléchit à l’installation de systèmes de production de neige utilisant moins d’énergie et d’eau et poursuit la digitalisation de ses services.

DES PISTES AUX CHAMPS OU FORÊTS

Les Savoyards Renaud Vézier et Pierre-Yves Prost, ayant tous deux travaillé chez un constructeur d’engins de damage, ont lancé AllTracks Engineering en 2023, pour donner une seconde vie aux dameuses, exploitées pendant seulement sept ans en moyenne. La jeune entreprise reconditionne les dameuses mises au rebut pour les adapter aux besoins agricoles ou forestiers. Une solution qui fait sens pour des raisons environnementales – soit l’économie de 55 tonnes de CO2 émises lors de la fabrication de la machine – et de coût, l’appareil étant deux à trois fois moins cher qu’un tracteur. L’engin se prête parfaitement aux sites de méthanisation, à l’épandage, au broyage en zone humide, aux opérations de débardage en forêt... Doté de grandes capacités ascensionnelles et de poussée, d’une belle puissance et vitesse de déplacement, d’une faible pression au sol, il offre des conditions de travail sécurisées en montée comme en descente.

En combinant réduction de la dette et investissements stratégiques, la station andalouse a enclenché un cercle vertueux ©Sierra Nevada

SKIS

RENOUVELABLES ET RECYCLABLES

Head vient de lancer sa gamme Renew, des skis conçus à base de matériaux renouvelables et recyclables. Les clients peuvent renvoyer leurs skis usagés. La marque autrichienne réutilisera le noyau bois, la couche en fibre de verre et la protection de la spatule pour concevoir une autre paire de skis, et recyclera tout le reste.

Le saviez-vous ?

Logements 2 Saisons fait partie des six startups de la promotion 2025 de l’Alpes Tourisme Lab, le dispositif d’incubation qui vise à créer le tourisme en montagne de demain. Alors que trouver un logement relève du casse-tête pour les saisonniers, Logements 2 Saisons met en relation travailleurs et propriétaires, à travers sa plateforme, sécurisant et simplifiant la recherche.

QUOI DE NEUF
La jeune pousse offre une seconde vie aux dameuses ©AllTracks Engineering

Soixante logements destinés aux saisonniers seront livrés à Arc 1800. ©Atelier 419

Le saviez-vous ?

« La Tarentaise a vécu des années fastes en termes de construction touristique mais malheureusement sans politique de l’habitat pour l’accompagner », constate le maire de Bourg-Saint-Maurice, Guillaume Desrues. Face à la difficulté de loger la population permanente et les saisonniers, l’élu a décidé de prendre le taureau par les cornes. En 2024, le conseil municipal a entériné la création d’une Sem, issue d’un partenariat public/privé, réunissant la commune (l’actionnaire majoritaire à 51%), la Compagnie des Alpes, Savoisienne Habitat, AB Tourisme, le Crédit Agricole, la Caisse d’Epargne et l’hôpital. La Semilab vise la création de 120 logements d’ici à 2031. Les 60 premiers seront livrés en juillet 2026, dans le quartier de la Croisette, à Arc 1800, et pourront héberger jusqu’à 100 saisonniers pour des loyers bien inférieurs à ceux pratiqués dans le privé. Le groupement d’entreprises mené par le cabinet d’architecture Atelier 419 a été retenu pour construire ce bâtiment performant et durable. Coût de l’opération : entre 9 et 10 M€. Le permis de construire a été approuvé et la pose de la première pierre interviendra fin avril. La Semilab travaille à l’émergence d’autres programmes, plus petits, de 15 à 30 unités, et plutôt situés en vallée. Y seront logées en priorité les personnes travaillant dans les services publics et parapublics, tandis que les autres seront tirées au sort.

CONTRÔLE D’ACCÈS PAR L’IA

Damage électrique : retour d’expérience

Val Cenis est la première station française à avoir investi dans une dameuse 100% électrique, la Husky e-Motion, du constructeur Prinoth, acquise pour 350 000€. La station de Haute-Maurienne possède un parc de neuf dameuses thermiques et un modèle électrique, mis en service l’hiver 2022/2023, remplaçant une petite machine en fin de vie.

« Cette démarche entre dans le cadre de notre politique de développement durable, des 16 éco-engagements pris par DSF et de notre labellisation Flocon Vert. Nous sommes volontaires pour tester ce type d’équipement et Prinoth est avide de retours d’expérience constants pour faire évoluer la machine », indique Morgane Gauché, chargée de communication.

Cette dameuse électrique est utilisée pour la préparation des pistes de ski de fond, des sentiers piétons, des zones ludiques et des pistes de luge, soit des espaces relativement plats et proches des bornes de recharge. En plus d’être silencieuse, la machine présente un autre énorme avantage : un gain de 13 litres de carburant par heure d’utilisation et une baisse drastique des émissions de CO2, dix fois moindres que précédemment. Mais son utilisation requiert une réorganisation du fait d’une moins grande autonomie (trois heures) et se révèle inadaptée à des pentes raides. Pour l’heure, la station n’a pas besoin de renouveler d’autre dameuse. « Le jour où on sera capable de remplacer une grosse dameuse thermique par un modèle électrique équivalent, on sera intéressé », confie Morgane Gauché.

Val Cenis est la première station française à avoir investi dans une dameuse 100% électrique, la Husky e-Motion, du constructeur Prinoth ©OT HMV

SuperBagnères, dans les Pyrénées, teste OpenGate, un contrôle d’accès développé par Intence, fluide, sans barrière physique, qui détecte instantanément toute tentative de fraude, à savoir un partage de forfait ou un usage non autorisé. Cette solution permet aux visiteurs d’accéder aux remontées mécaniques sans tourniquet, sans embouteillage, simplement en marchant, leur identification étant assurée par l’intelligence artificielle.

Ecotourisme

EMBARQUEMENT IMMÉDIAT

Cet été 2024, Avoriaz s’est équipée de Back roll, support principalement en aluminium conçu par Partech, qui facilite le chargement et le déchargement de VTT sur tout type de télésiège. Il permet d’embarquer entre deux et quatre vélos de 20 à 29 pouces de manière fluide, sécurisée et rapide, en maintenant les deux roues du VTT sur le rack. Avoriaz a testé le dispositif avec succès cet été. ©Partech

Le Parc naturel régional du massif des Bauges a adopté sa nouvelle charte et 23 mesures visant à atténuer les effets du dérèglement climatique et à s’adapter, là où les températures augmentent plus vite qu’ailleurs, avec + 2,3 degrés de plus en 60 ans et une prévision de 1,5 à 2° de plus d’ici à 2050. Soit une baisse de 20 à 25% de l’enneigement sur les Préalpes. Les stations de ski du parc, de moyenne altitude, très affectées par le changement climatique, ont déjà amorcé leur transition vers un tourisme quatre saisons. La nouvelle charte va entériner l’investissement dans des projets favorisant des activités non dépendantes de l’enneigement et s’appuyer sur un écotourisme de découverte. « Notre territoire, toujours préservé, verra ses pôles touristiques opérer une transition vers un tourisme de découverte, plus diversifié et quatre saisons. L’objectif étant de préserver les emplois et les milieux naturels, de veiller à la fréquentation et de garantir l’acceptation sociale de ce nouveau tourisme. Les revenus du tourisme iront vers la protection des milieux naturels sensibles et l’éducation au territoire », résume Dominique Pommat, vice-président pour les communes de Savoie.

Il a dit

« En matière de transition énergétique, nous faisons ce que nous pouvons à notre niveau mais les vrais enjeux tournent autour de l’organisation du tourisme. Les gains pourraient s’avérer énormes si la fréquentation était étalée. Nous connaissons de plus en plus de pics qui rendent non seulement les vacances pas très agréables mais nous obligent en plus à avoir des infrastructures parfois surdimensionnées. Les zones de vacances sont mal découpées en France et sans concertation au niveau européen. Cela induit des bouchons sur les routes, une surconsommation d’essence, des trains saturés ne favorisant pas le recours à ce moyen de transport. En étalant aussi les départs et arrivées tous les jours au lieu d’une fois par semaine, nous multiplierions par six la capacité ferroviaire. »

PATRICK ARNAUD, directeur général du domaine skiable de Serre Chevalier

QUOI DE

Le saviez-vous ?

La marque Pyrégraine de Nèou est née en 2010 d’un double constat de la part du Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées, travaillant sur la restauration des écosystèmes dégradés. Premièrement, au-delà de 1500 m, les semences disponibles dans le commerce ne sont pas adaptées aux conditions d’altitude. Deuxièmement : il existe des enjeux de non contamination génétique sur ces espèces et milieux fragiles. D’où la pertinence de travailler à partir de semences sauvages et locales. « Nous disposions de peu de ressources pour commercialiser la filière. Nous avons donc créé la marque collective Pyrégraine », indique Manuel Delafoulhouze, chargé de restauration écologique au conservatoire botanique. Depuis 2020, le fonctionnement de la marque Pyrégraine de Nèou s’appuie sur Végétal local, marque nationale à valeur de label, propriété de l’Office français pour la biodiversité. Huit producteurs pyrénéens sont labellisés. Ces semences sauvages locales trouvent tout leur sens après un terrassement, un glissement de terrain, une érosion pour recréer des prairies, des pelouses... Manuel Delafoulhouze promeut la démarche et l’intérêt d’opter pour des semences locales, notamment auprès des domaines skiables qui restent les principaux aménageurs en altitude. Ils sont plusieurs à s’être lancés dans la démarche, comme Gourette, La Pierre Saint-Martin, Le Grand Tourmalet ou encore Peyragudes.

près de 160 % de pente, c’est le téléphérique le plus raide du monde.

RAIDE

Depuis décembre dernier, la Suisse détient un record, celui d’accueillir le téléphérique le plus raide du monde, construit par Garaventa. Les chiffres du premier tronçon du Shilthornbahn 20XX donnent le vertige, avec 775 mètres de dénivelé, une pente de 159,4 % sur un parcours de 1194 mètres. Il relie les villages suisses de Stechelberg et de Mürren, dans l’Oberland bernois. Deux autres tronçons jalonnent le parcours : entre Mürren et Birg puis jusqu’au sommet du Schilthorn, à près de 3000 mètres d’altitude. Soit 22 minutes d’ascension et une ouverture toute l’année.

Les télésièges premium sont largement répandus en Autriche.

RÉPANDUE EN AUTRICHE, LA TENDANCE DES SIÈGES CHAUFFANTS

RESTE MINORITAIRE EN FRANCE

Sièges chauffants et bulles protectrices peuvent rendre un trajet par télésiège plus confortable et séduisant par vent et temps glacial. Le principe est largement répandu en Autriche, comme à Ischgl ou Kitzbühel. Beaucoup moins en France. Le premier, le télésiège de Vinouve, de Doppelmayr, a été installé aux Karellis en 2006. Puis aux Arcs en 2017. Méribel et Val d’Isère s’y sont mises aussi, mais la tendance reste minoritaire en France. Car se pose l’argument financier de l’amortissement des coûts et de sa répercussion sur le prix des forfaits ou encore l’impact environnemental avec une consommation d’énergie nécessaire au chauffage des sièges. Sur ce dernier point, les constructeurs pointent la solution d’une alimentation par frottement ou par énergie solaire.

Avec
©Schilthorn Piz Gloria

Ce système à gaz, héliporté, permet de traiter rapidement de nombreux couloirs et zones, en fonction des risques avalancheux constatés. ©MND

LA CALIFORNIE ET LE KAZAKHSTAN PARÉS CONTRE LES RISQUES D’AVALANCHE

Le California department of transportation, l’organisme en charge des routes de l’État de Californie, teste depuis début janvier DaisyBellTM, le système héliporté de prévention des risques d’avalanche du groupe français MND, leader mondial de la prévention et du contrôle des risques avalancheux. Cette solution permettra de sécuriser les routes du côté Est de la Sierra Nevada, dans des zones nouvellement soumises aux risques d’avalanches. Le ministère des Situations d’urgence du Kazakhstan a lui aussi testé la solution sur le terrain, dans les régions montagneuses de l’Est, où sont répertoriées 619 zones à risque d’avalanches. DaisyBellTM est un système mobile de déclenchement d’avalanches sous hélicoptère, basé sur l’explosion d’un mélange gazeux hydrogène/ oxygène à l’intérieur d’un cône ouvert. Il assure précision, rapidité, mobilité, sécurité totale des utilisateurs, quelles que soient les conditions météorologiques.

100% de sensations dans des cabines sans vitres

719

C’est le nombre de stations de ski que comptait la Chine en 2024, soit 22 de plus en un an. Le pays se hisse désormais au premier rang mondial en nombre de stations de ski. Un classement à relativiser : leur taille, leur altitude, le nombre et le type de remontées mécaniques diffèrent grandement des géantes d’Europe et d’Amérique du Nord.

La Plagne a inauguré une première mondiale cet été, en collaboration avec POMA : deux cabines ouvertes dénommées Aérolive sur la ligne de la télécabine des Glaciers ralliant le nouveau sommet Live 3000, à 3080 m d’altitude. Une expérience sensorielle unique, chargée d’adrénaline, cheveux au vent. L’expérience dure 30 minutes, entre le briefing et l’ascension pour les six passagers harnachés et attachés à une ligne de vie, profitant pleinement du paysage grâce à un sol semi-ouvert en caillebotis et l’absence de vitres. Le Groupe POMA accompagne ses clients dans la diversification, toutes saisons, de leurs activités, en proposant des innovations s’adressant à tout type de public. Cette innovation a été récompensée l’an dernier au salon Mountain Planet. A la suite de quoi, POMA a reçu de nombreuses sollicitations en vue d’autres implantations dans le monde.

D’autres stations françaises et internationales s’intéressent au concept de la nouvelle gamme de véhicules Skyrider signée POMA. ©JnJ photo/La Plagne

NEIGE

DURABLE

Début octobre, les stations finlandaises non glaciaires de Levi et Ruka ont ouvert leurs domaines skiables... alors qu’il n’avait pas encore neigé. Depuis plusieurs années, elles collectent la neige à la fin du printemps, la stockent puis la ressortent à l’automne, selon le principe du snowfarming. Deux semaines sont nécessaires pour transformer les tas de neige bâchés en pistes skiables, en utilisant un tapis en polystyrène extrudé, un matériau utilisé pour l’isolation des maisons, d’une durée de vie de plus de 20 ans, développé par la société finlandaise, Snow Secure. Le principe permet de conserver la neige avec assez peu de déperdition, y compris par température chaude l’été. A Ruka, lorsque les monticules de neige sont découverts en octobre, il reste entre 80 et 90% de la neige conservée. Levi a adopté le principe alors qu’elle a été contrainte d’annuler à trois reprises les premières courses de slalom du calendrier de la Coupe du monde de ski alpin qui se tiennent la première ou de la deuxième semaine de novembre. Depuis qu’elle utilise le dispositif de snowfarming, ça n’est plus arrivé. Même si le principe a un coût certain, la station peut compter sur une saison hivernale de sept mois et demi, ce qui lui permet d’augmenter son résultat net de 15%. Le snowfarming permet de garantir une date d’ouverture, de sécuriser l’emploi et d’éviter le recours à la neige de culture, de ne plus dépendre des conditions météo et peut-être, pour les stations de basse et moyenne altitude, de pérenniser leur modèle. Depuis l’an dernier, Snow Secure exporte sa solution en Norvège, en Suisse, en Espagne, et aux Etats-Unis.

Deux semaines sont nécessaires pour transformer les tas de neige bâchés en pistes.

La station du Mont Serein met le cap sur l’été

Si depuis quelques années la petite station vauclusienne du Mont Serein se tourne vers les loisirs d’été, elle a clairement choisi de passer à la vitesse supérieure au printemps dernier, face à des hivers trop aléatoires en matière d’enneigement. La Société publique locale du Mont Ventoux a pris le parti de faire avec ce que la nature lui donne et tant mieux si la neige est au rendez-vous. Mais les investissements tourneront autour d’une reconversion estivale, misant sur le besoin de fraîcheur et la recherche de sensations. La station propose une offre déjà très étoffée entre devalkart, piste de tubing, parcours dans les arbres, trampoline avec élastiques, air park, trottinette électrique tout-terrain, paint-ball et bike park...

La station vauclusienne a choisi d’investir dans les loisirs d’été comme le devalkart. ©Station du Mont Serein
©Ruka ski resor

RITMO, QUÈSACO ?

La station des Orres est candidate à Ritmo, un nouveau programme européen Alcotra 2025-2028 aux côtés de partenaires français et italiens pour définir un process de rénovation des bâtiments touristiques efficace, novateur et réplicable à l’échelle du massif des Alpes.

« La loi Climat et résilience impose l’amélioration des étiquettes énergétiques et une forte réduction de la constructibilité, renforçant le besoin essentiel de mettre à niveau le parc immobilier existant. Mais c’est compliqué, il y a des verrous ; il faut les faire sauter. Il y a aussi la multiplicité des acteurs – les copropriétés, les syndics, les propriétaires –, accentué chez nous par une partie des lits touristiques labellisés Architecture contemporaine remarquable aux Orres 1650 », décrit le maire, Pierre Vollaire. Il s’agit aussi de promouvoir les filières locales de la rénovation des bâtiments et contribuer à leur montée en compétence par des outils comme les formations, les labels, une plateforme d’échanges de bonnes pratiques, de retours d’expérience et de partage des ressources technologiques. Et enfin, développer des approches communes de levée des verrous administratifs et financiers en collaboration avec les Régions Sud et Piémont impliquées.

La station haut-alpine se penche sur un process de rénovation des bâtiments touristiques réplicable ©Les Orres

C’est le montant investi par les domaines skiables français en 2024. Les remontées mécaniques neuves constituent le premier poste de dépenses avec 295 M€.

Les 10 stations françaises qui ont le plus investi en 2024

⁃ Les Deux Alpes 66,6 M€ HT

⁃ Val-Thorens Orelle 58,9 M€ HT

⁃ Les Arcs Peisey-Vallandry 50,2 M€ HT

⁃ Saint-Gervais Saint-Nicolas 45,2 M€ HT

⁃ Val d’Isère 26,6 M€ HT

⁃ Tignes 23,9 M€ HT

⁃ Chamonix Les Houches 22,7 M€ HT

⁃ Les Saisies 15,7 M€ HT

⁃ Gourette 15,6 M€ HT

⁃ Courchevel Le Praz La Tania 15,5 M€ HT

Source Montagne Leaders

QUOI

ÇA BALANCE À LA CLUSAZ

La station haut-savoyarde a fait le pari de l’innovation dans la diversification de son offre. Elle a investi 450 000€ dans une balançoire géante, dénommée justement La Bascule, à 1860 m d’altitude, sur la terrasse du Balcon des Aravis. Six minutes de sensations, plus ou moins fortes selon le degré d’intensité choisi, offrant la possibilité d’oser un départ à 90 degrés d’inclinaison ! L’occasion de contempler le paysage alpin de la vallée des Confins jusqu’à la chaîne des Aravis.

La station propose une nouvelle activité à sensations.

©La Clusaz

Il a dit

« Il existe de nombreuses opportunités d’usage de l’intelligence artificielle, notamment pour améliorer nos stratégies marketing.

L’IA va nous permettre de mieux connaître nos clients et donc de mieux cibler nos offres et proposer des services plus adaptés. L’IA peut aussi avoir une utilité pour développer des solutions plus performantes au service de l’exploitation des infrastructures touristiques ou pour optimiser nos consommations d’énergie par exemple. »

STEFAN SJÖSTRAND, président et CEO du groupe suédois SkiStar AB dans le cahier de tendances du Cluster Montagne

ENNEIGEUR INVISIBLE

A Zermatt, Demaclenko a installé un Ghost, une innovation introduite en 2023 : l’enneigeur est monté sur un élévateur hydraulique et peut être entièrement abaissé dans une fosse grâce à une trappe quand il n’est pas utilisé ou pendant l’été. D’où sa parfaite intégration dans l’environnement, aucun composant ne restant visible à la surface. La structure est conçue pour résister au poids des dameuses et peut donc être placée au milieu des pistes.

L’enneigeur est monté sur un élévateur hydraulique et peut être entièrement abaissé dans une fosse. ©Demaclenko

QUOI DE NEUF

Antoine Fayard

Directeur de clientèle

chez e-Liberty Services

Tarification dynamique par l’IA

« Personne n’est revenu en arrière »

E-LIBERTY SERVICES A INTÉGRÉ LA TARIFICATION

DYNAMIQUE À SES SOLUTIONS. UNE QUINZAINE DE DOMAINES SKIABLES ONT DÉJÀ ADOPTÉ L’OUTIL.

La tarification dynamique grâce à l’IA, comment ça marche ?

On a développé en interne un algorithme qui permet de venir modifier les prix en temps réel grâce à une analyse de l’historique des ventes. On va isoler les paramètres imprévisibles comme la météo ou la hauteur de neige de ceux qui sont prévisibles (vacances scolaires, changement de période, événement...). L’objectif de tout ça étant de déterminer la sensibilité au prix.

Le domaine skiable garde-t-il la mainmise sur la détermination des prix ?

C’est un outil délivré par l’IA mais piloté par l’humain. Les domaines skiables peuvent borner le travail fait par l’IA. Certains clients ont déjà un prix minimum validé avec des tours opérateurs ou des comités d’entreprise et la tarification dynamique ne doit pas aller en dessous. D’autres clients, comme N’Py, proposent un programme de fidélité en télépéage, et on va veiller à ce qu’il n’y ait pas de cannibalisation par la tarification dynamique à la journée.

Quelles sont les applications ?

On en a dégagé cinq principales :

1. Augmenter les revenus en vendant au meilleur prix, au meilleur moment

2. Limiter la dépendance à la météo en incitant le skieur à acheter bien en amont pour bénéficier d’un tarif

3. Lisser la fréquentation, y compris parfois en appliquant une tarification dynamique en fonction de l’heure de la journée : comme le pratique la Compagnie du Mont-Blanc pour l’Aiguille du Midi ou pour le tramway du Mont-Blanc, et N’Py pour le Pic du Midi

Antoine Fayard est directeur de clientèle chez e-Liberty Services. ©E-Liberty Services

4. Générer de la trésorerie en incitant le client final à acheter à l’avance

5. Simplifier la mise en vente des produits et leur configuration car le rôle premier de notre outil, c’est de générer des prix. Cela évite aux domaines skiables de réfléchir à une grille tarifaire ou à mettre en place des offres ponctuelles.

Quels sont les retours ? Est-ce que ça booste les revenus ? On a observé, sur la saison pleine de l’an dernier, une augmentation moyenne de 15% du chiffre d’affaires des produits vendus par ces outils et de 20% du nombre de titres vendus : c’est intéressant pour un domaine skiable qui tourne de toute façon à coûts fixes.

Cela fait quatre ans que l’outil est mis en place et personne n’est revenu en arrière. On a pris le parti de l’intégrer à nos solutions historiques. On ne s’est pas construits avec ça : on existe depuis 20 ans.

Quels sont vos clients ?

La Compagnie du Mont-Blanc, à Chamonix, est notre principal client en volume et historiquement le premier à nous avoir sollicités. Puis une quinzaine d’autres clients dont La Clusaz, Pra-Loup, Saint-Gervais, Megève, Orcières, Les 7 Laux, Villardde-Lans, Le Collet d’Allevard... Et entre cinq et dix qui devraient commencer l’an prochain.

Roule ma Boule conçoit des parcours pour boules en bois, installés en pleine nature, jouant sur la gravité.

©Frédéric Caul-Futy

CES STARTUPS LAURÉATES

DU CLUSTER MONTAGNE LABS

Le Cluster Montagne Labs accompagne cette année sept projets qui seront testés sur le terrain. La plateforme Alpvengers vise les territoires et les entreprises en leur proposant la création d’événements sportifs sur mesure, vertueux, durables et éphémères. Ingélo, filiale ingénierie de la Compagnie des Alpes, a développé un système mettant en mouvement l’eau des retenues collinaires pour favoriser son échange avec l’air, entraînant un refroidissement efficace et une production de neige de culture optimum, réduisant de 90% l’énergie consommée. Intence, à travers son innovation XP Connect, déploie une technologie de reconnaissance faciale associant le skieur à son forfait. Produit lancé cet hiver à Bagnères-de-Luchon. La plateforme Resalocal centralise toutes les données d’une destinationen temps réel pour faciliter les usages et la lecture du territoire par les visiteurs. Roule ma Boule conçoit, fabrique et aménage des parcours pour boules en bois sur mesure, composés de rigoles et d’éléments de jeux installés dans une pente. Comme ce parcours en forêt à Corrençon-en-Vercors.

Sentmi, projet de recherche porté par un consortium composé de Léon Grosse, Brochier Technologies, Inouid et le Locie, repose sur la création d’un capteur surfacique 2D à fibres optiques collé sur une fissure d’un ouvrage d’art. Le patch connecté donne une vision globale de l’état des infrastructures et envoie une alerte au gestionnaire en cas d’incident. XtrmUs propose la plateforme X-Community pour suivre le trajet et les postions en temps réel d’un sportif, destinée aux athlètes et organisateurs de compétitions de ski.

SKI CONNECTÉ

Le projet Smart Ski Experience, mené par le consortium Rossignol, Lumiplan et le CEA de Grenoble, consiste à proposer aux skieurs de connaître leur pratique et leurs performances en plaçant un capteur sur leurs skis, communiquant en Bluetooth avec leur smartphone. Un moyen de progresser, de se dépasser et de se mesurer aux autres. Les premières expérimentations grand public ont eu lieu aux championnats du monde de ski alpin 2023. Pour Rossignol, l’expérience est riche d’enseignements sur la pratique et l’état d’usure du matériel et pour Lumiplan dans l’amélioration de ses algorithmes alors que ses clients cherchent à mieux connaître les habitudes et les typologies des pratiquants. Reste maintenant à trouver un business model.

STATION SANS REMONTÉE, L’ESSAI ITALIEN…

En janvier 2023, ouvrait une station d’un nouveau genre en Italie : un domaine sans remontée mécanique.

Dans le nord de la Lombardie, la station de Homeland, à proximité de Montespluga, propose 11 itinéraires à gravir et à descendre de manière autonome, soit en étant accompagné par des guides alpins, au sein d’une zone de 36 kilomètres carrés de terrain horspiste. Un nouveau concept imaginé pour proposer une alternative plus durable, anticipant la fin du tout ski alpin.

A vrai dire, ça n’est pas la première tentative, Homeland s’inspirant de la station de Bluebird Backcountry, dans le Colorado, reposant uniquement sur le ski de randonnée... mais elle n’a pas survécu faute de rentabilité suffisante.

Fausse piste ?

Après Bluebird Backcountry (Colorado) qui a été un échec commercial, c’est en Italie, avec Homeland, que le concept de stations sans remontées tente de faire son chemin. ©Homeland

Décarbonation : la Compagnie des Pyrénées prend le taureau par les cornes

En 2022, l’ensemble des domaines skiables du réseau N’PY a comptabilisé précisément les émissions de gaz à effet de serre (GES) induites par leur activité. A la suite de ce bilan carbone, la Compagnie des Pyrénées a été retenue avec neuf autres entreprises nationales spécialisées dans le tourisme pour participer au protocole d’expérimentation de la méthodologie

ACT (assessing low carbon transition), lancée par l’ADEME Accompagnée par le cabinet lyonnais BL Evolution d’avril 2023 à l’automne 2024, la Compagnie des Pyrénées a réfléchi à la construction d’une stratégie de décarbonation et, plus largement, à un plan de transition de ses activités, impliquant tous les directeurs des stations de ski, les responsables QSE, ainsi que le conseil d’administration.

Tous les acteurs ont collectivement élaboré un plan d’action à court, moyen et long termes. « Cela a révélé que nous étions déjà dans une démarche de sobriété, qu’elle soit énergétique, propre aux déchets ou à la gestion de l’eau », déclare Arnaud Cercos, responsable développement technique et environnemental à la Compagnie des Pyrénées / N’PY. Et de citer l’achat d’énergie verte issue de centrales hydroélectriques locales, un parc de dameuses fonctionnant exclusivement au HVO à Peyragudes ou encore la suppression de tous les bus thermiques au profit d’une flotte électrique pour assurer le dernier kilomètre à Peyragudes. Il reste encore quelques leviers d’actions pour atteindre la neutralité carbone en station, dont le

recyclage des remontées mécaniques et des dameuses ou la fourniture des points restauration en circuit court. Finalement, seuls 8% de l’impact total des GES en station sont imputables aux domaines skiables. Le pourvoyeur principal restant le transport. Les clés sont donc entre les mains de la Région pour décarboner la venue en station. « Arriver en train et orienter des convois de transport en commun vers les stations pourrait être une solution », émet Arnaud Cercos. Encore faut-il convaincre le touriste de se déplacer différemment. « Il faut arriver à mobiliser tous les acteurs. Les domaines skiables ont déjà fait de réels pas en matière d’abaissement des GES, mais il reste un paquet d’actions à mettre en œuvre qui prendront du temps, car sociétales », admet M. Cercos.

Au-delà du seul bilan carbone, les personnes impliquées ont réfléchi à une vision consistant à faire de la montagne « un art de vivre, pas seulement une destination de consommation », et penser à une transition. « Comment faire venir des gens en dehors de l’hiver ou comment continuer à maintenir une activité confortable quand on n’a pas de neige ? », s’interroge le responsable développement technique et environnemental. Désormais, chaque investissement doit être envisagé autrement, priorisant le toute saison. L’an prochain, au Grand Tourmalet, un télésiège sera remplacé par une télécabine, plus fonctionnelle quelle que soit la saison et plus inclusive.

Peyragudes a troqué ses bus thermiques contre une flotte électrique. ©Compagnie des Pyrénées

INTERNATIONAL

PLANETE MONTAGNE

INTERNATIONAL PLANETE MONTAGNE / ANALYSE

« BUSINESS AS USUAL, SEASON 2 »

Faits, chiffres, fréquentations, tendances, enneigement… dans son rapport international du tourisme de la neige et de la montagne 2023/2024, le consultant suisse Laurent Vanat a passé au crible 68 pays. Avec 366 millions de journéesskieurs dans le monde, l’expert qualifie la saison passée de « business as usual, season 2 », en clin d’œil à la punchline du rapport 2022/2023. Décryptage.

MISE EN CONTEXTE

LE 17ÈME RAPPORT INTERNATIONAL DU TOURISME DE LA NEIGE ET DE LA MONTAGNE PORTE SUR : 68 pays 5898 stations de ski toutes tailles confondues dont :

• 1803 stations de plus de 4 remontées mécaniques,

• 730 stations de plus de 100 000 journées-skieurs à la saison.

ENNEIGEMENT & CONDITIONS CLIMATIQUES 2023/2024

(vs saison précédente)

↑ Excellent enneigement au Chili et en Argentine : des records de fréquentation,

↓ Douceur sur l’Europe de l’Est, la Russie, l’Australie,

↓ Moins bon enneigement aux USA,

La neige et le soleil restent les principaux facteurs de fréquentation, et tous les pays n’ont pas été logés à la même enseigne.

LE CHIFFRE

366 millions de journées-skieurs dans le monde pour la saison 2023/2024.

• Une fréquentation en recul de 1.3% par rapport l’année précédente, mais qui reste dans la moyenne des 25 dernières années,

• Pas de tendance baissière marquée.

LE TOP 5 DU CLASSEMENT MONDIAL (en nombre de journées-skieurs)

1. Etats-Unis : plus de 60.5 millions de journées-skieurs,

: 51.9 millions,

millions,

millions,

millions.

2. France
Autriche : 50.1
Italie : 32.0
Japon : 24.4

LES MEILLEURES PROGRESSIONS

Bon point pour la Chine, l’Italie confirme sa lancée

(saison 2023/2024 comparée à la moyenne des 5 années pré-covid, en nombre de journées-skieurs).

Chine + 5.9 millions de journées-skieurs

USA

Italie

Russie

+5.7 millions

+4.2 millions

+1.7 millions

Suède + 1.2 millions

Norvège + 0.7 million

Finlande + 0.4 million

Suisse + 0.4 million

CONTEXTE GEOPOLITIQUE

Tendance au nationalisme

Un contexte géopolitique qui influe sur le tourisme mondial de la neige et de la montagne :

Chine : marché intéressant pour l’export, la Chine se met à fabriquer ses propres remontées mécaniques, Russie : le pays va accélérer son développement autonome.

CONSOLIDATION DU SECTEUR MONDIAL

Une lente progression

Après les progressions de l’américain Vail Resort ou encore du français La Compagnie des Alpes, la tendance à la consolidation mondiale des exploitants de stations ralentit.

PRIX DES FORFAITS +13 à 19%

Sur les deux dernières années, on note une augmentation des prix des forfaits de 13 à 19% dans les grandes stations des USA, Chine, Italie, France, Autriche et Suisse.

Une augmentation plus importante que celles précédemment observées, qui s’explique par la hausse des coûts de l’énergie.

EUROPE

APPAUVRISSEMENT DE LA CLASSE MOYENNE

La paupérisation de la classe moyenne européenne, délaissée au profit des politiques extérieures, a une influence sur la santé des marchés domestiques de la neige et de la montagne.

NOUVELLES STATIONS

Dernièrement sorties de terre, zoom sur 3 nouvelles stations de ski, pas forcément là où on les attend :

• Russie : Manzherok, un beau domaine dans les règles de l’art,

• Arménie : Myler, une station en développement avec des ambitions affichées,

• République Tchèque : Orlické Záhořík, une toute petite station familiale qui rapproche le ski du grand public.

INTERNATIONAL

PLANETE MONTAGNE / ANALYSE

RESILIENCE DES STATIONS

ALPINES PAR RAPPORT AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

• Autriche, France : la fréquentation ne donne pas de vrais signes de déclin. Même si les dernières années ne sont pas les meilleures, l’explication se trouve hors du contexte du changement climatique

• Italie : les 2 dernières saisons sont les meilleures jamais réalisées

• Suisse : une érosion de la fréquentation, expliquée en partie seulement par le changement climatique

• 5% de baisse liée à la fermeture de stations,

• 39% de baisse liée à la diminution du nombre de jours d’exploitation dans une saison,

• 56% de baisse liée à diminution du nombre de skieurs dans un jour d’exploitation normal (raisons multiples : prix du forfait, impact du taux de change pour les skieurs étrangers, etc…).

LA DIGITALISATION NE TIENT PAS (encore) SES PROMESSES

Réserver l’intégralité des composantes d’un séjour (transport, transfert navette, hébergement, forfait, cours de ski, etc..) depuis les plateformes digitales des stations restent compliqué voire impossible. Manque d’intégration sur les sites officiels, rigidité des tours opérateurs, rareté des solutions API : la digitalisation, en amont du parcours client, n’est pas encore au rendez-vous.

PLUS DE SKIEURS AMERICAINS EN EUROPE & AU JAPON

Les saisons 2022/2023 et 2023/2024 affichent un record jamais atteint de skieurs américains dans les stations européennes et japonaises.

L’augmentation des prix du ski aux USA avec des forfaits avoisinant parfois les 300$, et l’insatisfaction par rapport à l’offre domestique, poussent les skieurs américains à davantage fréquenter les domaines européens et japonais.

ANALYSE

CE QU’IL FAUT RETENIR

« Business as usual season 2 » : c’est le mot d’ordre. La saison passée continue de montrer une industrie en bonne santé, et réaffirme le potentiel du ski dans les années à venir.

Le secteur de la montagne a encore des cartes à jouer, pour preuve une fréquentation mondiale largement dans la moyenne des deux dernières décennies. Les pays alpins conservent leur place sur l’échiquier mondial avec une progression constante de l’Italie depuis 2 ans et une expatriation, peu impactante sur les chiffres mais notable, des skieurs américains vers l’Europe. Désormais libérée des impacts tardifs du covid, la Chine affiche la meilleure progression internationale de la saison passée et de son histoire.

INTERNATIONAL PLANETE MONTAGNE / FOCUS

Quand la Chine s’est réveillée…

Considéré comme un pays prometteur pour le développement du marché de l’aménagement en montagne, la Chine pourrait-elle devenir un acteur clé dans ce secteur ?

En 2000, les domaines skiables n’existaient quasiment pas en Chine. Entre 2013 et 2020, le nombre de journées-skieurs a plus que doublé, stimulé par la perspective des Jeux Olympiques de Pékin.

Même si freiné par le Covid, le potentiel du pays comme grande nation du ski est sérieux. Focus sur l’Empire du Milieu.

Après l’euphorie JO, refroidie par la pandémie, ses sursauts à répétition et la contraction économique mondiale, les données de l’industrie du ski 2023 en Chine affichaient un léger ralentissement, avec un recul de 7.9% du nombre de journées-skieurs*. Là où les entreprises de la montagne fantasmaient un eldorado commercial, attisé par les prédictions étatiques visant les 300 millions de skieurs en 2030, la réalité est plus contrastée. Mais le contraste dans un pays d’un milliard d’habitants, capable de passer de quasiment 0 à plus de 700 stations de ski en moins de 25 ans, a tout de même du crédit. « Je suis en contact avec la Chine depuis 2015, juste avant qu’ils n’obtiennent officiellement les JO de 2022. Ils étaient très intéressés à en savoir plus sur l’industrie du ski. Sitôt que les Jeux leur ont été attribués, on a pu remarquer un énorme engouement pour le ski et un effort national d’une grande ampleur. Toutes les industries tiraient à la même corde, je n’ai jamais vu cela ailleurs. » expliquait il y a quelques mois le spécialiste du secteur Laurent Vanat à un média suisse, auteur d’un rapport annuel sur le tourisme de la neige et de la montagne.

Culture du froid et ambition politique

Si la Chine n’est pas une nation historique de ski, les deux-tiers de son territoire sont occupés par des montagnes avec des températures avoisinant régulièrement les -10 ou -20° dans le Nord. Là où d’autres pays n’ont pas de culture du froid, la Chine oui, sans compter une climatologie favorable à l’enneigement naturel. Avec une classe moyenne en plein essor, et 80% de skieurs débutants représentant une promesse pour la consommation d’activités et de matériel, le réservoir de clientèle est important. Surtout l’ambition de prendre des places sur l’échiquier mondial de l’aménagement de la montagne est un véritable dessein politique. Le 6 novembre 2024, le Conseil des Affaires d’État de la Chine annonçait un objectif de 169 milliards de dollars d’investissement pour l’économie de la glace et de la neige en 2027, et 208 milliards de dollars d’ici à 2030, soit une croissance annuelle d’environ 7.5%. Parmi les mesures, une priorité donnée à l’intégration des sports d’hiver dans le programme d’éducation physique des écoliers, formant ainsi la nouvelle génération de skieurs.

Le L* Snow World Indoor Skiing Theme Resort a ouvert ses portes le 6 septembre 2024 à Shanghai, dans la zone côtière de Lingang, huit ans après l’annonce de sa construction.

La Chine, championne de ski indoor

Dans le très attendu livre blanc 2023/2024 de l’industrie du ski en Chine, l’expert Benny Wu fait état d’une économie désormais en rebond avec un total de 719 stations de sport d’hiver, + 16% de journées-skieurs sur l’année et un développement conséquent des centres de glisse indoor. Bien sûr la situation s’analyse au regard de la configuration des stations chinoises : beaucoup sont équipées seulement de tapis roulants, 33 (sur 719) dépassent les 300m de dénivelé, et seules 16 possèdent plus de 4 remontées mécaniques. Pour autant, la Chine s’impose comme la championne toute catégorie du ski indoor avec 60 stations couvertes. En septembre dernier, elle inaugurait à Shanghai le « L* Snow World Indoor Skiing Theme Resort » : une boule à neige de presque 100 000m² avec quatre pistes de ski dont la plus grande piste intérieure du monde, des télécabines et télésièges, un centre commercial, des hôtels et restaurants ainsi qu’un parc aquatique de 20 000 m² sur le toit (ouverture 2025).

DONNEES CLES DU MARCHE DU SKI

2023/2024 EN CHINE*

• Nouvelles stations : + 30 ouvertes (15 indoor et 15 extérieures).

• Nombre total de stations : 719, soit 22 de plus que l'année précédente.

• Stations avec téléportés (téléphériques, télécabines, télésièges) : 176,en hausse de 10 versus 2022/2023

• Journées-skieurs : 23,08 millions, soit une hausse de 16,3 %

• Skieurs uniques : 12,8 millions

• Nombre de jour skié par personne : 1.8 jour, contre 1.77 l’année précédente

• Stations indoor : 60, soit 20% de plus qu’en 2022/2023. Ces stations couvertes ont attiré 4,88 millions de visites, une hausse de 33,7 %, grâce à leur accessibilité et leurs équipements modernes.

• Remontées mécaniques : + 30 nouveaux téléportés (télécabines, téléphériques, télésièges).

• Fréquentations des stations > 300m de dénivelé : + 51,07%

Station de ski dans la Province du Jilin, Province qui ambitionne d’attirer 230 millions de touristes hivernaux et générer 57.7 milliards de dollars de revenus d’ici 2027-2028.

Un laboratoire pour de nouveaux modèles

Des progressions annuelles qui donnent le tournis, mais aussi une stratégie ski et hors-ski qui plait à la clientèle chinoise. « En Chine, la proportion de “purs” skieurs est moindre. Une large partie de la population souhaite aller en station pour découvrir d’innombrables activités autour de la neige et de la glace. Sur le lac gelé de la station de Wanda-Changbaïshan, on compte par exemple plus de 50 activités de loisirs différentes » expliquait à la Tribune AURA Benoit Robert, directeur du Cluster Montagne. Aussi, il y a matière à tester de nouveaux modèles de parcours client ou de diversification de l’offre touristique non-skieur.

Perspectives d’avenir

Récemment le ministère chinois de la Culture et du Tourisme a dévoilé de nouveaux itinéraires nationaux de tourisme sur glace et neige pour la saison 2024-2025, encourageant le secteur à progresser. Son rapport estime à 520 millions le nombre de consommateurs d’activités neige/glace en 2025 (+21%), pour plus de 86 milliards de dollars de revenus. En parallèle, le Sud de la Chine réputé pour ses températures clémentes, fait le plein de skieurs, notamment grâce à ses centres indoor qui forment de parfaits terrains d’apprentissage pour les primopratiquants. Fin 2024, 50% des dix destinations glace/ neige les plus populaires de Chine se trouvaient au sud. Au Nord, la seule province de Jilin ambitionne d’attirer 230 millions de touristes hivernaux et générer 57.7 milliards de dollars de revenus d’ici 2027-2028. L’objectif : devenir un centre de classe mondiale pour le tourisme d’hiver grâce à la création de deux nouvelles stations de ski, et le fonctionnement annuel de 100 parcs à neige. Entre investissements étatiques, engouement populaire, montée en puissance de l’industrie de la neige et de la glace, indoor comme outdoor, la Chine prend des positions. « La Chine va encore gagner quelques rangs dans le classement mondial » estimait fin 2024 l’expert Laurent Vanat dans une interview accordée à un média suisse.

*Source : 2023/2024 China Ski Industry White Book

états-unis : LE SKI EN XXL

L’expansion et les acquisitions de domaine skiables font clairement partie de la stratégie de Vail Resorts et de son concurrent direct, Alterra Mountain Company. Après Andermatt et Crans Montana, d’autres cibles sont visées dans l’arc alpin.

Analyse d’une force de frappe qui a commencé à modfier le paysage économique des sports d’hiver en Europe.

La venue de ces géants américains fait beaucoup parler en Suisse. Certains y voient une opportunité de modernisation, d’autres sont inquiets pour le patrimoine helvétique.

Les deux premiers opérateurs de stations de ski aux USA, Vail Resorts et Alterra Mountain Company, qui se partagent la plupart des grands domaines américains, s’affrontent pour ajouter toujours plus de destinations à leur offre. Après avoir grossi plusieurs années sur leur propre territoire et aux alentours, ils s’intéressent à l’Europe. Il faut dire que le Vieux Continent, avec les plus belles stations du monde et un marché deux fois plus gros qu’en Amérique, a de quoi séduire. C’est Vail Resorts qui a ouvert le chemin en 2022 avec l’acquisition d’Andermatt-Sedrun, puis en 2024 celle de Crans Montana. Mais sa soif d’expansion n’est pas encore assouvie, et son concurrent Alterra pourrait bien suivre ses pas.

La conquête de l’Europe par la Suisse

Vail Resorts a récemment fait parler d’elle du côté de Verbier, où des rumeurs de rachat de la station se sont propagées dans les médias suisses. Selon le quotidien Zurichois Blick, 5 à 6 domaines skiables en Suisse et en Autriche sont dans le collimateur du géant, avec la Weisse Arena dans le canton des Grisons et les remontées mécaniques de Flims-Laax-Falera en tête de liste. «Nous ne répondons pas aux rumeurs ou spéculations concernant nos éventuels rachats en Europe. Notre processus d’acquisition est stratégique et étudié. Nous ne collectionnons pas les stations, nous nous concentrons sur les investissements dans nos destinations et l’amélioration de l’expérience client, en étroite collaboration avec les gens sur place. », nous a déclaré John Plack, directeur de la communication pour Vail Resorts. Parfois surnommée « The Evil Empire » dans le milieu, l’entreprise se défend d’être boulimique. « Nous investissons constamment pour nos clients, pour préserver les ressources naturelles et améliorer les conditions de vie dans les lieux où nous sommes implantés.

A Crans Montana nous avons prévu des investissements de plus de 30 millions de Francs Suisses, incluant 40 nouveaux enneigeurs et la réouverture du restaurant Plaine Morte », poursuit

John Plack. Le journal suisse allemand « NZZ am Sonntag » rapporte qu’Alterra prospecte également le marché à la recherche de remontées mécaniques ou de projets hôteliers. Au moins une grande station de ski aurait été sollicitée, mais sans succès. La rivale de Vail Resorts, détenue par des capitaux privés, est très discrète et ne souhaite pas communiquer sur sa stratégie. Quoiqu’il en soit, elle est bien décidée à ne pas se laisser intimider par sa concurrente. Elle est également active en Europe, dans un premier temps à la recherche de stations partenaires en tous cas, s’orientant pour l’instant vers des alliances prestigieuses plutôt que des acquisitions.

Pass Partout

L’Epic Pass pour Vail et le Ikon Pass pour Alterra sont des abonnements annuels vendus dès la fin de la saison pour l’hiver suivant. Contrairement au Magic pass, (Créé en Suisse par Magic Mountains Cooperation) centré sur les stations suisses, ces forfaits donnent accès à des domaines réputés dans le monde entier. En Europe, le match est serré : Chamonix, Zermatt, St-Moritz, Kitzbühel ou Skirama Dolomiti pour Alterra Mountain Company ; et les 3 Vallées, Verbier, Crans Montana, Arlberg ou Dolomiti Superski pour Vail Resorts. Ces « super-forfaits » comprennent un accès illimité aux stations appartenant au groupe et limité à quelques jours dans les destinations partenaires, indemnisées pour chaque journée de ski consommée, selon un montant que l’on dit conséquent. « Nous avons ou avons eu des accords commerciaux avec ces deux groupes sur quelques-unes de nos destinations. Ce sont des accords ponctuels, négociés avec les stations à la juste appréciation des équipes locales », nous explique David Ponson, Directeur Division Montagne et activités outdoor pour la Compagnie des Alpes. « Je ne sais pas si

VAIL RESORTS

42 Destinations (USA, Canada, Australie, Suisse)

Abonnement annuel : EPIC PASS (+ de 80 destinations)

Prix : Environ 1000 US$

• Accès illimité dans les 42 stations du groupe,

• Accès limité dans stations partenaires en Amérique, en Australie, en Europe et au Japon.

le modèle est duplicable chez nous, en tous cas à la CDA notre stratégie est centrée sur l’Europe uniquement. Ces mega pass obligent les groupes à surenchérir pour offrir à leurs clients de plus en plus de destinations. Leurs acquisitions sont davantage liées à « alimenter » leur Pass qu’à une stratégie d’implantation dans de nouveaux territoires. Globalement, ils investissent assez peu dans l’outil industriel sur leurs domaines. » La venue de ces géants américains fait beaucoup parler en Suisse. Certains y voient une opportunité de modernisation, d’autres sont inquiets pour le patrimoine helvétique. Plus largement, en Europe, la plupart des grandes stations auront tôt ou tard à choisir entre l’Epic Pass ou le Ikon Pass, ne serait-ce que pour des coopérations. Au niveau des acquisitions, ce n’est pas si simple, les modèles de gérance des remontées mécaniques en Europe étant différents et parfois complexes, rendant les négociations compliquées. Vail Resorts a subi cette année le contrecoup de la grève très médiatisée de ses pisteurs, qui a eu beaucoup d’impact sur son image. Par la suite, Late Apex Partners, l’un de ses gros actionnaires, a publié une lettre demandant la démission de sa présidente et conseillant à la compagnie de se concentrer sur les partenariats plutôt que les acquisitions gourmandes en capitaux. L’invasion américaine n’est peut-être pas pour tout de suite.

19 Destinations (USA et Canada)

Abonnement annuel : IKON PASS (+ de 60 destinations) Prix : Environ 1300 US$

• Accès illimité dans les 19 stations du groupe,

• Accès limité dans stations partenaires en Amérique, en Europe, Australie et Nouvelle Zélande, Japon, Chili.

ALTERRA MOUNTAIN COMPANY

Tendances et opportunités mondiales

Alors que les stations françaises ont continué à investir en 2024, notamment pour accompagner le développement de la montagne à l’année, les acteurs de l’aménagement n’en sont pas moins attentifs aux opportunités qui se présentent plus loin. Même si la situation géopolitique et climatique a rebattu les cartes dans certaines parties du globe, des marchés s’ouvrent, que ce soit pour équiper quelques nouvelles stations de ski, développer le tourisme 4 saisons, le câble urbain ou de loisirs, parfois dans des destinations inattendues. Tour du monde de ces pays

« émergents » et de quelques projets d’acteurs majeurs.

Laurent Vanat, expert international de l’économie des stations de ski, vient de publier son rapport sur l’état du ski dans le monde. « Le marché n’est pas mort, mais il y a beaucoup moins de nouvelles stations ou alors elles sortent en Chine, où les équipements sont désormais fabriqués sur place, et en Russie, où les fournisseurs occidentaux sont disqualifiés. »

Dès lors, dans les pays émergents, on se tourne davantage vers des projets urbains ou touristiques pour anticiper l’avenir.

Résilience des acteurs

Les changements politiques et climatiques font ressortir l’agilité des entreprises de l’aménagement de la montagne. « Avec la crise sans précédent du Covid, puis les municipales, les investissements ont été reportés et on voit sur 2024-25 un rebond de tous les projets. Mais on a un marché français ultra mature. » nous dit Mehdi Caillis, Directeur des affaires publiques et du transport urbain chez MND. « Dans le cadre de notre nouveau plan stratégique, notre évolution sera davantage axée vers l’urbain, en France mais aussi à l’export. »

Actuellement la part de l’export est d’environ 65% chez MND, tandis que pour POMA un environ un tiers du chiffre d’affaires est réalisé avec l’urbain et pour Doppelmayr les projets de câble urbain ou touristique représentent en moyenne 40% des revenus.

Asie

« Pour le transport par câble, c’est assez cyclique. Il y a eu l’Amérique du sud, puis l’Asie, essentiellement la Chine et la Corée du Sud, mais actuellement il y a moins de projets dans cette zone. », constate Mehdi Caillis. Le marché a ralenti après que des installations spectaculaires ont vu le

Tapis SUNKID sur la zone débutants à Myler, en Arménie. @Myler Mountain Resort

Enneigeurs

jour en Asie comme des cabines pour accéder à la muraille de Chine ou le plus long téléphérique tricâble par Doppelmayr (8 km), à Hon Thom au Vietnam.

• Après un câble à Simataï à proximité de la grande muraille ou des téléphériques rejoignant les sites sacrés en Corée, POMA va réaliser un système de transport urbain par câble afin de relier les quartiers de la ville d’Oulan Bator en Mongolie. Le projet comprend 122 cabines pour un trajet total de 6 km. Un investissement de 30 à 150 millions d’euros pour un système silencieux et 100% électrique.

Asie centrale /occidentale

Laurent Vanat explique : « Dans cette région, on entend parler épisodiquement de nouveaux projets, par exemple quand le Kazakhstan était candidat aux JO, mais ils ne voient pas le jour. Il faut tout de même noter une nouvelle station en Arménie, Myler, la troisième du pays. » C’est la société autrichienne SUNKID, leader mondial dans les équipements de loisirs 4 saisons, qui a installé les tapis pour les zones débutant de cette station. « En Asie Centrale, ils ont de grands projets mais leur population n’est pas skieuse. » poursuit l’expert, citant la très belle station de Shahdag en Azerbaïdjan, qui a des équipements à la pointe, mais une fréquentation très faible.

• « La zone d’Asie Centrale présente un potentiel intéressant, avec des projets parfois significatifs, mais souvent portés par une stratégie de développement ciblée sur un site touristique et pas nécessairement dans le cadre d’une stratégie nationale de développement des sports d’hiver. » explique Max Rougeaux, Responsable Marketing pour Technoalpin, qui a justement équipé la station de Shahdag en enneigeurs. Un chantier de grande ampleur, avec 130 enneigeurs, 8,5 kilomètres de matériel de ligne et une salle des machines avec 14 pompes, dont la mise en œuvre en l’espace de 6 mois a été un vrai tour de force, surtout en 2021, où les restrictions de déplacement et l’approvisionnement en matériel ont donné des sueurs froides aux entreprises.

De l’autre côté de la Mer Caspienne, en Ouzbékistan, le domaine skiable d’Amirsoy, l’un des plus grands et des plus modernes du pays a également été équipé par Technoalpin. C’est la première station du pays à avoir installé un système d’enneigement.

• L’Ouzbekistan représente également Le plus gros marché actuel pour MND avec une commande de 100 millions d’euros pour la station de Chimgan. Un projet cofinancé par un prêt inter-gouvernemental de l’État français encadré par l’OCDE, qui comprend une télécabine débrayable 10 places, un téléphérique de 80 places, 2 télésièges, 6 tapis de transport et un système d’enneigement automatique. « La volonté des autorités est de faire de Chimgan le lieu de villégiature de toute la société ouzbèque et même plus largement d’Asie centrale. » commente Mehdi Caillis.

L’État du Kirghizistan s’est rapproché de la Société des 3 Vallées (S3V) pour la création d’une station, « 3 Sommets », qui pourrait devenir également une référence en Asie centrale grâce à un site exceptionnel qui bénéficie d’un enneigement de qualité et d’une abondance en eau. Le développement de la station sera progressif, et l’ouverture est prévue pour décembre 2026.

Le projet à terme comprendra plus de 350 km de pistes et accueillera hiver comme été plus de 800 000 touristes. • C’est au Kazakhstan que SUNKID a installé une piste de luge 4 saisons nouvelle génération, Mountain Coaster 2.0. La société autrichienne travaille sur plus de 9 000 projets dans le monde entier. « Nous constatons une expansion très forte des équipements de loisirs été dans les montagnes du monde entier. », commente le CEO Emanuel Wohlfarter. « Le meilleur exemple est notre tapis de transport, qui il y a 29 ans était destiné uniquement aux skieurs et qui est utilisé aujourd’hui pour les bike parcs, les pistes de luge, les parcs aquatiques… ».

C’est au Kazakhstan que SUNKID a installé une piste de luge 4 saisons nouvelle génération, Mountain Coaster 2.0.

Technoalpin – Station de Shahdag en Azerbaïdjan.

INTERNATIONAL PLANETE MONTAGNE / EXPORT

Afrique

Sur ce continent, le potentiel au niveau des projets de transport par câble intéresse les acteurs du secteur. « Tout le monde regarde vers ce continent. Aujourd’hui les projets sont concentrés plutôt en Afrique du nord, mais d’autres pays s’intéressent au câble comme le Rwanda, la Côte d’Ivoire, le Sénégal... Ça commence à bouger, mais les temps de maturation sont longs. » constate Mehdi Caillis chez MND. « La problématique majeure quand on parle d’urbain c’est la capacité de l’état à financer, d’autant plus que le modèle économique, comme celui de tout type de transport public, ne permet pas de rentabiliser les infrastructures. »

• POMA travaille sur le futur téléphérique de la capitale de Madagascar. Maillon essentiel du transport urbain d’Antananarivo, cette première ligne de télécabine desservira 7 gares sur 8,7 km entre Antsako, Anosy et Ambatobe, avec une capacité de transport allant jusqu’à 40 000 passagers / jour dans un premier temps.

• Des projets liés au développement touristique s’ouvrent également en Afrique, par exemple avec la télécabine de DianaLand, un parc de loisirs à Agadir, installée en 2023 par l’autrichien Doppelmayr.

Une première au Maroc, qui permet lors d’un trajet de 6 minutes perché à 1 600 mètres, de profiter de vues époustouflantes sur l’océan Atlantique, le port et la vieille ville.

Dans cette partie du monde, l’île de La Réunion est particulièrement dynamique sur le développement du transport par câble, d’abord pour des questions de mobilité mais aussi d’attraction touristique. Le président de la CINOR, Maurice Gironcel, souhaite développer encore ces nouveaux modes de déplacements. « Aujourd’hui on ne parle plus de la mobilité, mais DES mobilités. » déclarait-il à l’agence Imaz Press, se félicitant que l’île soit en avance sur son temps dans ce domaine.

Après le premier métrocâble de l’Océan Indien, le Papang, réalisé par POMA en 2022 et qui connait un franc succès avec plus de 4,6 millions de passagers en 3 ans, la Cinor a annoncé la pose de la première pierre d’un deuxième téléphérique entre la Montagne et Bellepierre pour cette année, avec une réception prévue en 2028. A l’heure où nous écrivons ces lignes, le marché pour ce deuxième projet n’a pas encore été attribué.

La télécabine Doppelmayr du parc de loisirs Dianaland à Agadir.

Amérique du Sud et Antilles

« Dans les stations de ski, le Chili et l’Argentine ont connu une bonne saison en 2024. Mais il y a peu d’opportunités dans ces pays car les investissements sont rares. », commente Laurent Vanat. Côté urbain, le continent est pionnier dans le domaine.

« Les projets ont commencé là-bas, principalement pour des raisons de topographie. Dès 2004, on a vu apparaître des installations à Medellin et aujourd’hui il y a 3 ou 4 appels d’offres par an en Colombie. En Bolivie, il y a 10 lignes aujourd’hui et 2 nouvelles lignes sont prévues pour 2025. Un autre géant se réveille, le Mexique, avec déjà 5 projets réalisés et beaucoup d’autres en perspective. » poursuit Mehdi Caillis.

• Après la 1ère télécabine urbaine des Caraïbes à SaintDomingue, une ligne 100% horizontale survolant le fleuve Ozama, puis une 2ème ligne de 4,2 km dans le Nord-Ouest de la capitale inaugurée en mai 2023, la République Dominicaine fait de nouveau appel à POMA pour un projet de téléphérique. Un chantier démarré à l’automne 2021, cette fois à Santiago de los Caballeros, pour accompagner le développement urbain de la 2ème ville du pays.

• Sur le marché touristique, Doppelmayr réalise la télécabine la plus longue du monde dans l’État insulaire de La Dominique sur le site de Boiling Lake. D’une longueur de 6,6 kilomètres elle permettra aux visiteurs d’atteindre en quelques minutes la deuxième plus grande source thermale du monde.

Moyen-Orient

Dans cette région c’est en Arabie Saoudite que des projets devraient fleurir, avec un mix d’urbain et de touristique, le pays voulant diversifier son économie.

NEOM, projet pharaonique au milieu du désert et sa station de ski Trojena prévue pour accueillir les Jeux Asiatiques d’hiver en 2029 suscite bien des polémiques, mais même s’il a été revu à la baisse, il est bel et bien en train de se concrétiser. On peut déjà skier sous des dômes dans ce pays, mais cette station futuriste et construite selon une approche durable sera en plein air, grâce à un système d’enneigeurs alimentés par un lac qui surplombera la station, un immense réservoir d’eau de mer doté de 3 barrages dont le plus gros devrait mesurer 475 mètres de large et 145 mètres de haut et qui après désalinisation alimentera les canons à neige de la station.

Inde

En Inde, l’état mise sur les téléphériques urbains pour résoudre les problèmes de pollution et de circulation. Avec le programme Parvatmala, un programme national de développement de téléphériques le gouvernement a annoncé son intention de développer plus de 250 projets d’ici cinq ans. Le programme favorise le « Made in India » même si quelques projets pourront être confiés à des entreprises européennes. Présent et actif dans ce pays, POMA, qui a déjà réalisé deux projets de câble, croit depuis longtemps au marché de l’Inde.

La télécabine la plus longue du monde par Doppelmayr à La Dominique. ©input

PLANETE MONTAGNE / BILAN

Gros plan sur les investissements des domaines skiables français en 2024

568 millions d’euros, c’est le total des investissements des domaines skiables français pour l’année 2024. Etabli par l’enquête annuelle du magazine Montagne Leaders*, en partenariat avec Atout France et Domaines Skiables de France, le montant affiche une légère augmentation par rapport à l’année précédente. Un chiffre à analyser toutefois à la lumière d’un contexte inflationniste persistant et d’importants programmes neufs de remontées mécaniques.

1er poste national de dépenses

52% des investissements annuels dédiés aux remontées mécaniques.

EXEMPLES DE GRANDS PROGRAMMES NEUFS

• Solde de la construction de la télécabine du Jandri 3S aux 2 Alpes : un des plus gros investissements de transports par câble au monde = 50M€ en 2024 + 100M€ en 2023,

• Télécabines des Arcs, de Val d’Isère, de Val Thorens, de Valloire, de Saint-Gervais (L’Alpin & le Valléen) = 145 M€,

• Construction de plusieurs bâtiments pour améliorer le parcours client et l’offre servicielle (Avoriaz, Chamonix, La Féclaz, La Plagne, Val Thorens) = 71 M€.

LES CHIFFRES

568

millions

d’investissement pour les domaines skiables français en 2024

+ 63% par rapport à la moyenne décennale, +4 % par rapports aux investissements 2023 (546 M€), + 49.5% par rapport aux investissements 2022 (380 M€).

ANALYSE FINE DES CONSTRUCTION NOUVELLES

↓ Ça baisse pour les appareils

Influence du contexte inflationniste sur 10 ans :

• Coût du mètre linéaire multiplié par 2.8,

• Coût à la dénivelée produite multiplié par 3.1,

• Coût au débit multiplié par 2.2.

↑ Ça augmente pour les tapis

• 36 tapis neufs pour renouveler les zones d’apprentissage : x3 par rapport à la moyenne décennale,

• Une réponse à une population débutante importante.

ELLE A DIT

Présidente de Domaines Skiables de France

« Les chiffres de l’investissement 2024 traduisent les efforts que les opérateurs et élus font au quotidien pour maintenir et faire évoluer l’offre des stations. Quelle autre filière touristique réinvestit 34 % de son chiffre d’affaires comme le font les opérateurs de domaines skiables français cette année ? Un choix raisonné qui s’appuie aussi sur les études Climsnow® pour simuler l’état de l’enneigement en 2050 et 2080 afin d’orienter les investissements et de s’adapter au monde de demain. »

REPARTITION DES INVESTISSEMENTS PAR MASSIFS

• 279.4 M€ en Savoie

• 115.2 M€ en Haute-Savoie

• 88 M€ en Isère

• 44 M€ dans les Alpes du Sud

• 37.8M€ dans les Pyrénées

• 1.9 M€ dans les Vosges

• 1.3M€ dans le Jura

• 1.3M€ dans le Massif Central

REINVESTISSEMENT

34% c’est la part du chiffre d’affaires HT réinvesti par les opérateurs français, + 9 points par rapport à la moyenne décennale.

Volonté de proposer plus de services et d’expériences, sur l’offre neige et hors neige.

INTERNATIONAL PLANETE MONTAGNE / BILAN

TYPOLOGIE DES CLIENTELES : de plus en plus jeunes !

Clientèle de montagne

18-24 ans + 4 points

25 –34 ans + 9 points

Ski alpin & snowboard

35 – 49ans + 8 points

Ski de fond

18-24 ans + 6 points

25 – 34 ans + 11 points

TOP 10 DES STATIONS INVESTISSEUSES

3

4

Zoom sur les investissements en équipements de loisirs : 13 m€

24% de + que la moyenne à 5 ans

56% de + que la moyenne à 10 ans

INVESTISSEMENTS 2024 : CE QU’IL FAUT RETENIR

Une belle dynamique d’investissement qui renforce la vitalité sociale et économique des territoires montagneux, notamment dans la perspective des Jeux Olympiques et paralympiques 2030. Des investissements pensés autant pour l’hiver que pour l’été, accompagnant l’attractivité de la montagne en toute saison.

2015 – 2024 = 109 M€ investis 2004 – 2014 = 44 M€ investis

*Tous les chiffres de ce bilan des investissements 2024 des domaines skiables français sont issus de travail de grande qualité mené par Montagne Leaders. L’intégralité de l’enquête est à retrouver dans le numéro 306 du magazine paru le 24 février 2025, disponible sur abonnement ou auprès de www.montagneleaders.fr

L’ENNEIGEMENT BASÉ SUR L’ANALYSE

DES DONNÉES : PLUS D’INTELLIGENCE, DE PERFORMANCES ET DE DURABILITÉ

Conception et optimisation des installations, pilotage de la production

Grand chamboulement

Débuté en 2015, le chantier du tunnel ferroviaire Lyon-Turin va mobiliser d’ici 2033 des milliers de personnes pour creuser les 57,5 km de galeries reliant la France à l’Italie. Mais ce projet colossal va bien au-delà du chantier en lui-même et participe dès maintenant à dessiner l’avenir de la vallée de la Maurienne et de ses 45 000 habitants, ainsi que des stations environnantes.

Le dispositif exceptionnel Grand Chantier a été mis en place pour accompagner le chantier et le développement du territoire. Ainsi, Saint-Jean-deMaurienne s’offre-t-elle un grand coup de jeune avec de nouveaux aménagements et infrastructures, un relooking du cœur de ville, le développement de la gare internationale dans un quartier totalement repensé. L’hôpital bénéficie d’importants équipements et un tout nouveau centre de secours voit le jour. Tout n’est pas subventionné par le FAST (Fonds d’Accompagnement et de Soutien Territorial) en lien avec le chantier, mais entre le projet politique et celui du territoire, la dynamique est là, entraînant la vallée dans une spirale positive. « Ici on est au plein emploi, on recherche encore du monde. Entre les salariés du chantier et nos entreprises qui recrutent, les retombées sont importantes. » constate Philippe Rollet, Maire de Saint-Jean-de-Maurienne.

Monter en gamme

« Nous avons fait un choix assumé de ne pas opter pour des bases vie sur le chantier. L’effet est positif, beaucoup de biens se sont vendus ou rénovés. L’OPAC a fait un gros travail avec le TELT* pour rénover des logements et un autre bailleur va démarrer cette année la rénovation de 240 anciens logements ouvriers. Ce travail autour des salariés du Lyon-Turin nous permettra demain de libérer des logements de qualité. » poursuit M. Rollet.

Sur les rails

Avec le tunnel, Saint-Jean-de-Maurienne deviendra un point de convergence pour tous les modes de déplacement en Savoie, répondant à l’enjeu environnemental majeur qu’est la mobilité décarbonée. Mais l’objectif premier est d'augmenter la part du fret ferroviaire traversant les Alpes.

« On peut capter un tiers du trafic poids lourd, mais il faudra

« Pour demain, nous travaillons sur la consolidation de notre économie, axée essentiellement vers l’industrie. Nous devons développer le transfrontalier, renforcer nos liens avec l’Italie, capter des entreprises. Nous ouvrons également un modèle touristique de vallée qui va nous amener une autre clientèle, d’autres métiers. Nous misons beaucoup sur le cyclisme, étant entourés des plus beaux cols au monde ! Pour nous c’est un atout majeur et un produit d’appel pour la saison estivale. » INTERNATIONAL

instaurer une politique qui favorise ce type de transport. La Suisse est souvent citée en exemple, avec 70% du fret en ferroviaire, mais ils ont mis en place de l’incitatif. »

Un tourisme de vallée

Pôle d’Echanges Multimodal provisoire à Saint-Jean-de-Maurienne. ©megapixailes.com

Entrée du tunnel de base du Lyon-Turin à Saint-Julien-Montdenis.

©Caroline-MOUREAUX

Ici nous avons vécu de grands chantiers depuis 150 ans. Ils ont contribué à faire vivre la vallée.

L’histoire se poursuit.

Philippe Rollet,Maire de Saint-Jean-de-Maurienne.

Malgré d’inévitables controverses, le Lyon-Turin permet à l’un des plus grands chantiers d’infrastructure européen de s’ancrer dans un territoire qui en saisit toutes les opportunités. « Un deuxième chantier est prévu en 2040 pour les « accès français » avec 3 tunnels sous le Glandon, Belledonne et la Chartreuse. C’est bien pour nous, en termes de visibilité. Ici nous avons la chance d’avoir vécu de grands chantiers depuis 150 ans : la première ligne de chemin de fer, les barrages, l’industrie… Ils ont contribué à peupler la vallée, la faire vivre et prospérer. L’histoire se poursuit. » conclut M.Rollet.

* Tunnel Euralpin Lyon-Turin : Promoteur public créée pour construire et exploiter la nouvelle infrastructure, détenu à 50 % par l’État français et à 50 % par l’État italien.

LE LYON-TURIN EN CHIFFRES

Ligne TGV de 270 km (70% des voies en France et 30% en Italie)

Le plus long tunnel ferroviaire du monde 57,5 km 11 milliards d’euros

Jusqu’à 4.000 salariés à l’horizon 2026

Livraison accès italiens : 2033

Capacité du futur Lyon-Turin : 344 Trains/jour (frêt et voyageurs)

UN PEU PLUS HAUT…

LAURENT DELEGLISE,

Directeur Général du Domaine Skiable

Les Sybelles

« Nous suivons ce chantier avec grand intérêt, il va rendre notre produit plus performant et nous rapprocher de la clientèle italienne, mais aussi de celle des pays de l’Est et bien sûr des français. L’économie liée à ce projet est plutôt centrée sur la vallée, nos investissements ne sont pas dépendants de cela. Mais à la fin du chantier en 2033, il faudra être prêt pour offrir le meilleur à nos clients, hiver comme été, et faire vivre nos montagnes à l’année. C’est une chance d’avoir une gare internationale si proche de nos stations ! C’est l’avenir, le client de demain, s’il peut s’affranchir de la voiture il le fera. Aujourd’hui, le chaînon manquant c’est un valléen, pour arriver aux stations directement, qui aura pour vocation de servir notre clientèle mais aussi les locaux. Nous y travaillons. »

INTERNATIONAL

PLANETE MONTAGNE / DESIGN

Quand les gares de téléphériques deviennent inspirantes

Depuis le Kohlererbahn à Bolzano en 1908, considéré comme le premier téléphérique de montagne pour passagers, l’accès aux sommets, qui fut d’abord une prouesse technique, est devenu un voyage sensoriel. Aux 2 Alpes, à Courmayeur, Chamonix ou Val d’Isère, les nouvelles réalisations ont une ambition qui va au-delà de la simple fonction de transport. L’architecture des gares et leur aménagement font l’objet de projets d’envergure, mêlant esthétique, enjeux environnementaux et fonctions nouvelles. Certaines retrouvent même une seconde vie et se réinventent pour offrir une expérience toujours plus poussée, à l’image de l’ancienne gare d’arrivée de la télécabine avaline de la Daille qui deviendra dès début 2026 un nouvel espace de l’établissement Folie Douce après des travaux dantesques de rénovation menés par la famille Reversade.

L’exemple autrichien

En la matière les Autrichiens font figure de pionniers. A Mayrhofen, petite ville touristique autrichienne située au fond de la vallée de la Ziller dans le Tyrol, l’architecte Helmut Reitter a conçu par exemple les gares du Penkenbahn. La gare de départ, ultra moderne, à la façade épurée et lumineuse se dresse au centre du village. Imaginée comme un espace de vie, elle offre la possibilité de faire différentes activités et se présente comme une véritable gare avec ses plusieurs niveaux, ascenseurs, escalators et bancs. Mais le projet le plus emblématique dans le genre est sans conteste la gare d’arrivée du Gaislachkoglbahn située à Sölden, à 3040 mètres d’altitude, connu à travers le monde pour avoir accueilli l’un des derniers James Bond, 007 Spectre. Cette construction d’acier mince, tout en longueur, dans un design au look futuriste, est recouverte d’un film plastique transparent et résistant, ce qui donne au bâtiment un design très aérien qui ne déplore aucun angle caché et recoin. Juste à côté se dresse le restaurant panoramique et gastronomique Ice Q, une superposition de cubes de différentes longueur

Gare de départ du Penkenbahn, architecture signée Helmut Reitter et inaugurée en 2015.

et largeur tout de verre vêtu, comprenant un rooftop et une terrasse. Quand l’art des remontées mécaniques rencontre Hollywood…

Et l’architecture intégra le parcours client

En France, le design s’invite aussi de plus en plus dans les projets de gare. « Dans les années 2010, on s’est rendus compte en France, même si on est en retard sur l’Autriche, que les gares participaient à l’expérience client. » explique Johann Sevessand, Architecte Cofondateur chez ATEAM, qui a conçu les gares du Jandri aux 2 Alpes. « Il y a 15 ans, on ne « s’embarrassait » pas d’un architecte, mais aujourd’hui il fait partie des acteurs qui se mettent autour de la table pour réfléchir au service client, à la qualité, à l’intégration dans le paysage y compris l’été, à l’impact environnemental… A présent il faut que ce soit beau, qu’il y ait du sens, alors qu’avant, on voulait seulement

A Avoriaz, la gare réhabilitée du Prodains 3S Express vient d’être rénovée par l’agence d’architecture Haag & Baquet. Le bâtiment est désormais multifonction -une tendance-, à la fois siège de la SERMA, mais aussi bar-restaurant, consignes, bureaux, salles de réunion et toilettes publiques… ©Serma

que ça marche. C’est de la scénographie, intimement liée à l’architecture. Mais il faut rester humble et garder en tête que la base, c’est le fonctionnel, le côté impérieux du process.»

Il arrive cependant que le fond évolue avec la forme. Il en est ainsi du côté d’Avoriaz : en 2013, le téléphérique originel de 1961 laissa place au 3S Prodains Express ; aujourd’hui c’est la gare réhabilitée qui vient juste d’être inaugurée pour accueillir les bureaux de la Société d’exploitation des remontées mécaniques d’Avoriaz (SERMA). Le bâtiment, rénové par l’agence d’architecture Haag & Baquet, se veut plus écologique, mais aussi plus « social » puisqu’il présente une zone de vente repensée pour être plus proche des clients et répondre à leurs différents besoins ; un barrestaurant panoramique, le Spot Café ; des consignes skis/chaussures chauffantes et sécurisées ; des toilettes publiques ; ainsi que des bureaux et des salles de réunion. Ou comment la gare en mode vieille dame laisse place à une jeune fille bien dans son époque

La Gaislachkoglbahn et le restaurant Ice Q, tous deux immortalisés grâce à l’un des derniers James Bond, 007 Spectre. ©IceQ_Sunset_byRudiWyhlidal

INTERNATIONAL

PLANETE MONTAGNE / DESIGN

STELLA DEL COUIS

Architecte : Studio De Carlo Gualla, Italie

Lieu : Pila, Val d’Aoste, Italie

Equipement : Leitner

Mise en service : Hiver 2025-26

Cette télécabine dernière génération reliera dès l’hiver prochain Pila (1 800 m) à Couis (2 700 m) en seulement 15 minutes avec à l’arrivée un panorama des plus spectaculaires de la Vallée d’Aoste. Pour la station en altitude et son restaurant, le cabinet De Carlo Gualia a imaginé une étoile alpine dont chaque branche est orientée vers l’un des sommets environnants : le Grand Paradis, la Grande Rousse, le glacier du Ruitor, le Mont Blanc et le Grand Combin. Un belvédère s’avance vers le vide offrant un spectacle à couper le souffle. Le projet se distingue également par son efficacité énergétique, son intégration dans l’environnement et une approche raisonnée de sa construction.

VILLAGE CONCEPT EN ALTITUDE

L’histoire de la Folie Douce a commencé à Val-d’Isère, en haut de la télécabine de la Daille. C’est ici que Luc Reversade, le fondateur du groupe, pousse le concept encore plus loin en rachetant l’ancienne gare d’arrivée pour agrandir le complexe qui passera de 4800 à 5800 m2 et proposera de nouvelles expériences dès l’hiver prochain. « Par rapport à nos voisins italiens, allemands ou autrichiens, nous ne prenons pas assez en compte la clientèle dans sa globalité. » expliquet-il. « Les gens veulent skier bien sûr, mais aussi se régaler, s’amuser, contempler. Il faut penser au parcours des clients de tous types, y compris les enfants. Nous sommes avant tout des lieux de partage. » Ainsi, les bambins seront rois dans ce village avec un espace dédié au ski, un atelier chocolat, un coin « fashion kids » avec défilé de mode et une initiation à la composition musicale pour DJs en herbe. Les parents pourront visiter les boutiques, danser, boire un verre et manger dans l’un des 4 restaurants comme le nouveau Café de la Gare, dont l’atmosphère s’inspire du Musée Guggenheim.

L’ESPACE CARON 3200

Après la passerelle et la rotonde panoramique, Val Thorens a inauguré cet hiver l’espace Caron 3200, qui se présente comme une expérience verticale, panoramique, gustative, œnologique, culturelle et émotionnelle. Une promesse à la hauteur de ce projet hors normes réalisé dans des conditions extrêmes. Créé avec les architectes et paysagistes conseils de l’État, Caron 3200 s’intègre harmonieusement dans le décor, brut et minimaliste. Pour limiter l’impact l’environnement, l’utilisation de matières premières durables, la mise en place d’énergies renouvelables et la gestion de la ressource en eau ont ajouté des défis à ce projet d’exception. Plurifonctionnel, le bâtiment propose une salle modulable, une boutique de souvenirs, un lounge bar à vin, un restaurant et un rootfop avec terrasse panoramique.

© T.Loubere - OT Val Thorens

3S JANDRI

Architecte : Agence ATEAM Architectes, Crolles (Isère)

Lieu : Les 2 Alpes, France

Equipement : POMA

Mise en service : Hiver 2024-25

L’une des gares du nouveau Jandri imaginée par les architectes ATEAM.

Pour ce projet pharaonique, nouvelle colonne vertébrale des 2 Alpes, il a fallu de l’audace. Johann Sevessand, Architecte Cofondateur chez ATEAM raconte : « Il y a eu de multiples études de faisabilité, le plus difficile étant de trouver un concept déclinable sur les 3 gares, du village jusqu’au pied du glacier. Nous avons trouvé le bon langage entre le mouvement, les gabarits et la peau de cristal en trois teintes, qui évoquent selon la lecture le flocon blanc et le minéral. Nous avons utilisé le métal, le béton et le bois dès que cela était possible, et intégré au maximum les gares dans le paysage et la topographie. C’était une aventure folle, avec jusqu’à 380 employés en même temps sur le chantier et une base-vie à 2 600 mètres ! Il a fallu prendre la mesure de la démesure. Mais il y a eu une réelle cohésion entre la SATA, POMA, les entreprises… Aujourd’hui, nous sommes tous fiers de cette réalisation. »

LES GRANDS MONTETS

Architecte : J.Moolhuijzen, C.Baumann (partner and associate in charge)

Renzo Piano Building Workshop, architects

Lieu : Chamonix, France

Equipement : Doppelmayr

Mise en service : Hiver 2026-27

Image digitale de l’une des nouvelles gares prévues par l’architecte Renzo Piano aux Grands Montets. © Renzo Piano Building Workshop

Le domaine des Grands Montets à Chamonix se réinvente avec des gares conçues grâce au talent du Studio Renzo Piano, architecte connu pour de nombreuses institutions culturelles dans le monde, notamment le Centre Pompidou dans les années 70. « Le projet consiste en la reconstruction des gares et des remontées mécaniques en réinterrogeant l’acte de construire en montagne, dans un site aussi prestigieux que celui du Mont Blanc. Il a pour ambition de requalifier le site industriel vers un site durable et de modifier la perception de la remontée mécanique en transformant le transport de personnes vers un voyage. » décrit le cabinet d’architectes. Les quatre gares s’inspirent des cristaux de pyrite, dont la structure est constituée d’éléments en bois et en acier. En périphérie s’organisent des espaces accueil et service, un restaurant, des ateliers techniques et bureaux.

INTERNATIONAL PLANETE MONTAGNE / DESIGN

LE MONTE BIANCO SKYWAY

Architecte : STUDIO PROGETTI, Genua (IT)

Lieu : Courmayeur, Val d’Aoste, Italie

Equipement : Doppelmayr

Mise en service : 2015

Depuis Courmayeur, le Skyway Monte Bianco est un bijou technologique du massif du Mont Blanc. Des télécabines transparentes et pivotantes à 360° permettent d’atteindre les 3 466 mètres de la pointe Helbronner en à peine 18 minutes. A l’arrivée, un voyage au cœur du Mont Blanc mais aussi de nombreuses expériences : l’Infinity Room avec une projection d’images immersives, un jardin botanique avec plus de 900 espèces de plantes de montagne de tous les coins du monde, une cave d’affinage de vins mousseux uniques en leur genre, la librairie la plus haute d’Europe, 2 restaurants panoramiques, un cinéma ou encore des expositions.

Le fameux Skyway Monte Bianco, construit de 2011 à mai 2015 par Doppelmayr – Garaventa, un repère dans le paysage valdotain.

©Skyway Monte Bianco

INTELLIGENCE NATURELLE

FLEXION, REFLEXION

INTELLIGENCE NATURELLE

FLEXION, REFLEXION / ECONOMIE CIRCULAIRE

A Serre Chevalier, la circularité s’infiltre dans tous les aspects de la gestion quotidienne

Réparer plutôt que jeter, démonter pour récupérer, acheter durable et réparable : depuis un an, la station haut-alpine structure sa politique d'économie circulaire.

La télécabine du Pontillas a été démantelée avec précaution afin de récupérer le plus d’éléments possibles. ©SCV

Les résultats ont fait taire les sceptiques. Oui, la station de Serre Chevalier est parvenue à couvrir 34% de ses besoins énergétiques grâce aux énergies renouvelables. Ce volet terminé, et en parallèle d'une politique de sobriété, la station haut-alpine s'est lancée dans un autre chantier il y a un an : la structuration d'une démarche de circularité, de longue haleine. « Nous avons modifié notre politique d'achat et sommes dans une approche de récupération en réparant ce qui est cassé ou en démontant des pièces pour constituer un stock de marchandises d'occasion. Nous achetons aussi plus durable, plus réparable », informe Patrick Arnaud, directeur général de SCV domaine skiable, filiale de la Compagnie des Alpes. Cette manière de travailler se traduit dans tous les aspects quotidiens de la gestion de la station. Alors que Serre Chevalier pensait démonter proprement les anciennes gares de la télécabine du Pontillas pour récupérer des matériaux, une meilleure opportunité s'est présentée : deux clients, dont un agriculteur de la vallée, ont acheté pour une somme modique les deux bâtiments pour les transformer en hangars. Le domaine skiable en a profité pour récupérer de vieux planchers en mélèze qui dataient des années 1960. « C'est un vrai plaisir pour nos menuisiers de taper dans ce stock pour fabriquer des cabanes, des planchers. Pourtant, il faut enlever les clous, les raboter. C'est finalement plus simple d'acheter en scierie. » L'ancienne bâche d'une retenue collinaire a été démontée proprement, mise en rouleaux, et non pas arrachée pour partir en camion en vue d'être recyclée. Des parties de cette ancienne bâche ont

été distribuées aux salariés qui s'en servent pour protéger leurs remorques ou leur bûches de bois. Tandis que d'autres stations entendent en placer en fond de tranchée pour créer une étanchéité.

Serre Chevalier s'est ensuite équipée d'une imprimante

3D pour fabriquer de petites pièces. « Nous essayons de sélectionner les fournisseurs afin qu'ils nous donnent les plans 3D des pièces d'usure de leur matériel pour que l'on puisse les reproduire », glisse Patrick Arnaud.

« La circularité, la mère de la transition environnementale »

Plutôt que de racheter une dameuse neuve, le domaine skiable envisage de rétrofiter un engin en interne l'été prochain, en changeant un certain nombre de composants. Même principe pour les bornes de contrôle d'accès.

Si encore beaucoup de modèles sont très anciens, à l'intérieur, électroniquement, il n'y a plus rien d'origine.

« Pour éviter de tout changer, ce qui contient beaucoup de ferraille et de plastique, nous n'avons remplacé que les cartes électroniques. » D'ailleurs les supports physiques sont voués à disparaître. Cet hiver a marqué la mise en place de l'accès au domaine skiable avec un téléphone. « Nous sommes la première station française à proposer ça. Nous consommons environ 300 000 cartes. A terme, nous n'en aurons plus besoin du tout », se félicite-t-il. Inutile d'acheter un télésiège neuf pour remplacer la Cucumelle. L'équipe prospecte un appareil provenant d'une autre station qui ne ferait plus l'affaire en matière de débit ou démantelé car situé sur un glacier. Tous ces efforts ne sont pas motivés par l'aspect financier. « Un télésiège rétrofité coûte autant qu'un neuf », lâche Patrick Arnaud. En économie circulaire, il faut accepter de payer plus cher le même usage. Parfois on réalise des économies financières, parfois pas du tout. C'est un autre état d'esprit et c'est bon pour la planète, considère le directeur général. On aurait dû commencer par l'économie circulaire. C'est la base de tout car on adresse aussi bien le carbone, que les ressources de la planète, la biodiversité ou l'artificialisation des sols. C'est la mère de la transition environnementale. »

Vers la réhabilitation des pistes de ski et des milieux ouverts en montagne. Explications…

La réhabilitation des pistes de ski consiste à végétaliser les domaines skiables afin de répondre à un double objectif. D’une part, elle améliore l’esthétique des pistes en été, favorisant ainsi le tourisme estival. D’autre part, elle contribue à une meilleure conservation de l’enneigement, la neige adhérant plus efficacement à un couvert végétal que sur une piste en terre ou rocailleuse.

« Mais végétaliser une piste s’avère plus complexe qu’il n’y parait : l’altitude, la présence de nombreux cailloux, les violentes précipitations et la débâcle en fin d’hiver qui ont tendance à raviner les sols… Il faut aussi veiller à utiliser des espèces végétales pertinentes pour le lieu considéré (adaptées aux conditions de montagne, et correspondant aux espèces endémiques locales) » souligne Laurent Reynaud, Délégué Général de Domaines Skiables de France.

La préservation et la restauration des sols dans les terrains d’alpage revêtent une importance cruciale, non seulement pour garantir la pérennité des écosystèmes montagnards, mais aussi pour répondre aux besoins des différents acteurs, et notamment des exploitants agricoles. « Il faut aussi tenir compte des contraintes des agriculteurs qui font paître leurs troupeaux sur nos pistes et sont particulièrement attentifs à la qualité et à la quantité du fourrage qui pousse au printemps quand

la neige se retire. Cela joue sur la qualité du lait, et donc du fromage, voire sur la conformité aux AOC (reblochon, Beaufort, etc.) » poursuit Laurent Reynaud.

Une concertation entre agriculteurs et exploitants des domaines skiables

Pour ces raisons Domaines Skiables de France a conduit de multiples travaux avec différents cabinets d’études et partenaires du pastoralisme, optant pour une charte de coopération avec l’agriculture de montagne (dès 2014) intitulée « Sous la neige, les alpages ». En 2020 des éco-engagements ont été pris, dont plusieurs concernent le pastoralisme.

Un module de formation pour la réhabilitation opérationnelle des terrains d’alpage est en d’ailleurs cours de création. Il est réalisé par le pôle Formation et Certificats de Domaines Skiables de France à destination de tous les donneurs d’ordre de travaux en montagne, sociétés de remontées mécaniques, maîtrises d’œuvre, bureaux d’études et entreprises.

En 2020 des éco-engagements ont été pris, dont plusieurs concernent le pastoralisme.

INTELLIGENCE NATURELLE FLEXION, REFLEXION / ENVIRONNEMENT

Observatoire environnemental : à quoi ça sert ?

Observer, comprendre, agir

Paysage, faune et flore sont ainsi scrutés afin d’établir une photographie de la biodiversité locale…

Sentinelles du changement climatique, les observatoires environnementaux ont pour mission l’observation des espèces végétales et animales pour évaluer l’impact des aménagements et de la fréquentation touristique sur l’écosystème. Observer pour comprendre, agir pour préserver, communiquer pour éduquer. Paysage, faune et flore sont ainsi scrutés afin d’établir une photographie de la biodiversité locale, pour suivre son évolution et réfléchir à des solutions pour préserver les zones sensibles identifiées.

La multiplication de ces structures sur les domaines skiables permet d’adapter les pratiques afin de concilier tourisme et préservation de l’environnement.

« Les collectivités et l’Etat ont une connaissance souvent imprécise de la faune, la flore, voire de l’eau et des paysages sur le périmètre global d’un domaine skiable (sauf Parc Naturel ou espace particulier). Il est donc apparu utile aux domaines skiables de se doter d’observatoires permettant de prendre en compte le fonctionnement global d’un écosystème très large, pour croiser ces problématiques avec l’aménagement à long terme du domaine. Une démarche volontaire de leur part » explique Laurent Reynaud, Délégué Général Domaines Skiables de France. Dès 2007, la société de remontées mécaniques de Flaine Grand Massif a été pionnière en devenant la première station de ski à créer un observatoire environnemental. Parmi les actions phares, la création de réserves de migration hivernales pour le tétras-lyre et le lagopède alpin afin d’éviter le dérangement causé par les usagers du domaine skiable. D’autres initiatives de ce genre ont émergé.

« L’Observatoire Environnemental de la Société des 3 Vallées, créé en 2013, est un outil de connaissances, de préservation et d’aide à la décision qui regroupe et analyse les données sur la biodiversité, l’eau et les paysages du domaine skiable, que les études et inventaires naturalistes permettent d’enrichir chaque année. Un bilan des actions est réalisé chaque automne auprès des services de l’Etat, des communes, des socio-professionnels et des associations environnementales », détaille Jordan Fermaut, chargé de projet environnement - énergie à la S3V.

« En 2025, il comptabilise 25 habitats naturels, 9 espèces floristiques et 37 espèces d’animaux, dont le Tetra Lyre, le lagopède ou encore le renard et le cerf »

Des actions qui font boule de neige et désormais ce sont 69% des domaines des domaines skiables qui tiennent à jour un inventaire écologique (faune, flore, zones humides, zones d’hivernage, zones de reproduction, etc.), témoignant d’un engagement croissant des stations en faveur de la préservation de l’environnement.

INTELLIGENCE NATURELLE

FLEXION, REFLEXION / ENVIRONNEMENT

Chauffer ses locaux grâce aux calories des

remontées, c’est possible !

Le process, développé par Polyair industrie à la demande de Valmorel, est désormais déployé dans d’autres domaines skiables.

La télécabine de Planchamp a été équipée par Polyair Industrie d’un système de récupération d’air chaud. ©Valmorel

C’est l’histoire d’une expérimentation réussie qui se déploie peu à peu au sein d’autres domaines skiables. Cette initiative est née d’un constat dressé par Luc Carminati, directeur d’exploitation de Valmorel. Il trouvait dommage de perdre les calories issues des variateurs de fréquence, en gare d’arrivée, là où se situe la partie motrice des remontées mécaniques. Il a ainsi sollicité l’entreprise savoyarde Polyair industrie, experte en ventilation, aspiration, filtration et traitement d’air, pour plancher sur une solution. Défi relevé.

Polyair industrie a trouvé « un système assez simple », dixit son dirigeant, Antoine Henneron. L’énergie qui doit être extraite pour assurer le bon fonctionnement des équipements électriques est transférée à l’aide de ventilateurs dans les locaux occupés de la gare d’arrivée, dont les commandes, l’atelier, la salle de pause, évitant ainsi de consommer de l’énergie supplémentaire pour les chauffer.

Depuis 2023, Valmorel a équipé quatre remontées de ce procédé de récupération d’air chaud : les télésièges de La Biollène et du Mottet, la télécabine de Celliers et plus récemment, la télécabine de Planchamp, la plus grosse installation.

Ce procédé se prête à toute remontée. « C’est forcément intéressant techniquement et pour la planète car c’est mathématique, en réduisant de fait sa consommation

C’est forcément intéressant techniquement et pour la planète car c’est mathématique, en réduisant de fait sa consommation d’énergie.

d’énergie. Après, est-ce rentable sur les petites remontées ? Je n’en mets pas ma main à couper. Mais si on occulte la partie financière, dans tous les cas, on économise des calories », affirme M. Henneron. Difficile d’avancer un bilan économique et un temps de retour sur investissement. « Il faudrait mesurer le débit d’air transféré, sa température et savoir en parallèle quelle aurait dû être la consommation de chauffage sans l’instauration de ce système », souligne le chef d’entreprise. Le domaine skiable n’est pas en mesure de fournir des données chiffrées, « notamment le retour d’expérience sur les consommations, car elles n’ont pas été prises à l’époque pour établir une base de référence ».

Quoi qu’il en soit, Valmorel semble satisfaite de cette innovation qui, depuis, a fait des émules. Polyair industrie a équipé une dizaine de remontées au total, aux Sybelles ou à La Plagne notamment.

INTELLIGENCE NATURELLE

FLEXION, REFLEXION / AMENAGEMENT

Pourquoi ils optent pour la télécabine

Ses capacités techniques, son confort, son aspect inclusif et quatre saisons font du véhicule fermé un investissement d’avenir pour lequel l’engouement des domaines ne cesse de croître.

Sur 295,2 M€ consacrés à l’installation de 59 nouvelles remontées mécaniques en 2024, six constituent à elles seules près de la moitié de ce chiffre : des télécabines, de plus ou moins gros calibre. La palme du plus gros investissement revient aux Deux-Alpes et son Jandri 3 S dont le solde s’élève à 51,4 M€ sur un total de 148 M€. Son exploitant, SATA Group, nourrit une ambition commune à tous ses domaines de connexion, d’accessibilité, d’inclusion et d’anticipation de l’avenir. Ce que permet la télécabine. « Depuis que nous avons repris la DSP des Deux-Alpes, nous l’avons équipée d’un téléphérique, d’une télécabine et de trois télémix. A l’Alpe d’Huez, dans le cadre de notre projet Altitude 3300, nous allons construire cinq nouvelles télécabines qui remplaceront soit des télécabines existantes mais vieillissantes, soit des télésièges », énumère Fabrice Boutet, directeur général de SATA Group

Les enjeux sont multiples : répondre à un besoin quatre saisons, pouvoir continuer à « travailler en montagne dans 50 ans, avec peut-être de nouvelles activités qu’on ne connaît pas encore », et à l’Alpe d’Huez, « connecter tout le domaine pour que quelqu’un qui n’est pas à ski puisse passer de Villard-Reculas à Auris, de Vaujany à Huez, sans utiliser autre chose qu’une télécabine. Il y a une vraie stratégie derrière qui est le lien entre toutes nos destinations pour que personne ne soit isolé, peu importe la période ».

Deuxième gros investissement de 2024 : le Valléen et l’Alpin à Saint-Gervais (45 M€). Le maire, Jean-Marc Peillex, a toujours défendu son ambition de relier « Paris Châteletles-Halles à Saint-Gervais Le Châtelet sans voiture ». 2024 marque aussi le remplacement, à Val Thorens, du télésiège des Deux Lacs par une télécabine du même nom, arrivant plus haut. Elle assure une connexion directe avec les téléskis du Plateau et le funitel du Grand-Fond, permet de désengorger d’autres télésièges de la station, et offre un accès piéton à la tyrolienne. Avec ce nouvel appareil, la

station s’adresse aux enfants et aux débutants, facilitant leur embarquement et rendant le trajet plus confortable.

« C’est très inclusif, la télécabine »

Récemment, dans les Pyrénées, Anne Marty, directrice générale adjointe d’Altiservice, a fait le choix de remplacer deux télécabines par deux nouvelles télécabines.

L’une d’entre elles est un ascenseur valléen qui part de la commune de Font-Romeu et monte en station.

« Notre intérêt, c’est d’embarquer tout le monde, y compris les vélos, et faire en sorte que les voitures restent dans le parking au centre de la ville et polluent le moins possible la montagne. Il n’y avait pas d’alternative à la télécabine », insiste-t-elle. A Saint-Lary, la télécabine présente l’intérêt de monter à un point très haut du domaine, rendant la montagne accessible au plus grand nombre, y compris aux seniors et aux PMR, de faire rentrer les vélos.

« C’est très inclusif, la télécabine, juge la présidente de DSF. Elle permet d’ouvrir nos domaines skiables à des non skieurs qui peut-être le deviendront ensuite en accédant à des endroits incroyables. Et puis la télécabine n’est pas sujette à l’enneigement. Or, quand on monte un projet, c’est pour les 30 à 40 prochaines années. Ni vous ni moi ne connaissons la trajectoire. »

La station de Montgenèvre brandit le même argument et croit dur comme fer aux véhicules fermés, confortée par le succès rencontré par la nouvelle télécabine du Rocher de l’aigle (12 M€). Pour Daniel Garcin, directeur de la régie autonome des remontées mécaniques, ce type d’appareil coche toutes les cases : sécurité, convivialité, transport des personnes à mobilité réduite, des piétons, des animaux et possible utilisation quatre saisons. C’est dans cette logique qu’il a été décidé de remplacer la télécabine du Chalvet, le télésiège éponyme et le téléski des Fournéous par deux télécabines dix places empruntant l’actuel tracé des deux Chalvet. Une opération estimée à 30 M€ attendue pour Noël 2026.

Montgenèvre va remplacer la télécabine du Chalvet, le télésiège éponyme et le téléski des Fournéous par deux télécabines dix places empruntant l’actuel tracé des deux Chalvet. ©MFS

Anticiper le retour station

Chez sa voisine Serre Chevalier, la question de remplacer le télésiège du Bachas par une télécabine se pose à l’avenir pour s’affranchir du manque de neige et pouvoir redescendre les skieurs. « Ce que l’on constate, et c’est heureux, c’est que les clients prennent l’habitude de redescendre en télécabine, même si la piste dessous est ouverte. Car à Serre Chevalier, les pistes de retour sont relativement raides et en fin de saison, l’après-midi, ce n’est pas forcément là que l’on pratique le meilleur ski. C’est de bon augure car il se peut qu’on ait des périodes où le retour station ne sera pas possible à l’avenir si on veut être vigilant quant à la quantité de neige de culture que l’on produit. Mais ça ne sera pas perçu comme une grosse contrainte par les clients », observe Patrick Arnaud, directeur général de SCV domaine skiable. Nicolas Chapuis, directeur général délégué du groupe MND, confirme cet engouement pour les télécabines. « Depuis deux/trois ans, la tendance aux très grosses télécabines va en s’accentuant. Il y a cinq ou six ans, le marché était assez équilibré entre télésièges et télécabines. Là, en valeur, la télécabine domine le marché français. Pourquoi ? Car elle est plus facile à exploiter toute l’année, pour des raisons de sécurité, pour son débit et son confort, car elle assure tranquillité à l’exploitant et offre des possibilités, contrairement au télésiège, de haute altitude, de hauteur de survol, et un nombre de pylônes réduit. »

Courchevel, la télécabine est pensée comme mobilité du quotidien, comme celle reliant Le

La moyenne montagne y vient

Même son de cloche chez POMA. Depuis deux à trois ans, Pierre Ract, directeur commercial montagne France et Andorre chez le géant français des remontées mécaniques, constate une orientation du marché français vers les véhicules fermés, constituant, en 2024, environ 70% du marché de l’investissement neuf en volume d’appareils. « La majorité des investissements de ces dernières années a porté sur des appareils très structurants, que ce soient des départs ou des colonnes vertébrales de stations, installés pour 30 à 40 ans. Ces appareils doivent faire beaucoup de débit, répondre aux enjeux de transition, pensés comme mobilité du quotidien ludique et confortable, en reliant les interniveaux de stations, comme à Courchevel ou l’Alpe d’Huez, voire en endossant le rôle d’ascenseur valléen. » Les progrès techniques en la matière n’ont fait qu’accentuer le mouvement. Capables d’atteindre 7 mètres par seconde, les installations récentes nécessitent moins de véhicules, pouvant être stockés en gare désormais, si la météo le nécessite. « Il y a quelques années, il fallait prévoir de les sortir de la ligne donc créer un bâtiment de 100 à 300 m², contigu à la gare, coûteux et consommant du foncier », relève Pierre Ract. La télécabine n’est plus l’apanage des très gros domaines : même les stations de moyenne montagne y viennent. Pierre Ract prend l’exemple des Saisies, qui a installé sa première télécabine en 2021, et bientôt Crest-Voland... Oui, le véhicule fermé a véritablement de beaux jours devant lui.

A
Praz à 1850. ©MFS

INTELLIGENCE NATURELLE FLEXION, REFLEXION / SOLIDARITE

Confronté au changement, l’univers montagne se serre les coudes

Asa prise de fonctions, le 2 octobre dernier, la nouvelle présidente de Domaines skiables de France (DSF), Anne Marty, avait exprimé sa volonté de mettre en place une politique RSE (responsabilité sociétale des entreprises) en y incluant la solidarité entre stations. Cette commission existe désormais.

A vrai dire, cette solidarité n’est pas nouvelle. Depuis 2001, DSF possède Nivalliance, une police d’assurance contre les aléas climatiques, à laquelle chaque adhérent cotise au profit des plus fragiles visant à limiter les conséquences financières des accidents d’enneigement. Un dispositif de solidarité entre grands, moyens et petits domaines skiables unique au monde. L’hiver 2023/2024 s’étant révélé très éprouvant pour les stations de basse altitude, 3,8 M€ vont être versés à 73 sociétés de remontées mécaniques pour les soutenir.

Des remontées obsolètes démontées bénévolement

A DSF, la solidarité se matérialise aussi par le démontage des remontées mécaniques obsolètes, l’un des chantiers prioritaires de ses 16 éco-engagements. En 2023, les équipes ont identifié 70 appareils à démanteler répartis dans 41 sites. D’ores-et-déjà, 15 téléskis ont été démontés bénévolement par les sociétés de remontées mécaniques membres de DSF, prenant à leur charge les moyens humains et techniques nécessaires. Le syndicat des opérateurs de domaines skiables s’est donné pour objectif de réaliser trois démantèlements par an pour que les installations abandonnées ne constituent plus des risques de mise en danger de personnes ou d’animaux, et ne soient plus sources de pollution visuelle. Ça n’est pas rien si l’on considère que le démontage d’une installation coûte entre 10 000 et 30 000€ selon sa localisation, son accessibilité, sa nature, les outillages et les moyens humains et mécaniques nécessaires.

Anne Marty souhaite pousser plus loin encore cette notion de solidarité. « Quand une station décide de fermer, quelle que soit la façon dont elle est gérée, ses dirigeants se trouvent seuls face à leur problème. Souvent, ces stations n’emploient pas ou peu de permanents. Peut-être que

En 2024, trois remontées obsolètes ont été démontées à Retournemer, dans les Vosges. ©DSF

si on anticipait de quelques années ce mur de dettes, si on mettait en place une solidarité villageoise, on pourrait dans certains cas, si ce n’est empêcher, du moins retarder significativement l’échéance », relève-t-elle.

Un sursis pour L’Alpe du Grand Serre

Comment ne pas penser à L’Alpe du Grand Serre, en Isère, qui doit son salut, au moins pour cette saison, à un grand élan de solidarité de la part du milieu montagnard (ESF, ANMSM, DSF, Etat, commune, associations, cagnotte citoyenne...).

Alors que, début octobre 2024, au vu des problèmes financiers, les conseillers communautaires de la Matheysine s’étaient prononcés pour la fermeture immédiate de la station, ils sont revenus sur leur décision deux semaines plus tard, confiant à SATA Group, exploitant de

La Grave, Les 2 Alpes et L’Alpe d’Huez, la gestion en régie intéressée du domaine skiable pour deux ans, mais se laissant la possibilité de dénoncer le contrat à l’issue de la saison estivale 2025.

SATA Group intervient depuis trois ans en soutien matériel et technique dans la petite station iséroise. « La régie intéressée, c’est comme une mini-DSP (délégation de service public) de deux ans.

Nous avons répondu dans l’esprit de se dire que nous disposions de ce temps pour sortir un projet pérenne qui va les motiver à lancer une DSP sur 20 ou 30 ans », confie Fabrice Boutet, directeur général de SATA Group En réalité, la station est en sursis jusqu’en septembre 2025, date annoncée de sa fermeture définitive, à moins qu’une solution pérenne ne soit trouvée. Là encore, tout l’écosystème s’y emploie. « La ministre de la Ruralité, Françoise Gatel, est venue nous voir, la préfète, Catherine Séguin, aussi », poursuit M. Boutet, qui se félicite d’avoir réussi à « relancer cette machine »

et se réjouit du très bon début de saison, devançant les résultats de l’année record, à date.

Une station laboratoire

Fabrice Boutet espère que l’intercommunalité relancera une vraie DSP à laquelle son groupe pourra répondre, « et ne plus avoir à discuter tous les ans pour savoir ce qui va se passer. Sachant que les risques, dans ce cas-là, sont pris par le délégataire et non plus par la communauté de communes ». Le directeur général imagine L’Alpe du Grand Serre comme « un laboratoire pour toutes les stations de la moyenne montagne » avec l’opportunité d’y tester beaucoup de choses, ne reposant pas seulement sur le ski, mais aussi sur la randonnée, le vélo, la contemplation. Capitaliser sur le produit ski serait déjà une première étape, en réaménageant les pistes, en déployant une remontée mécanique pour atteindre un domaine skiable à 1850 m d’altitude, avec une neige et une bonne exposition garanties. Idéal pour un plateau débutants. Ce téléporté servirait également au printemps et l’été, emmenant, en plus des skieurs, des piétons, des personnes âgées, des personnes à mobilité réduite... pour leur faire profiter d’un « panorama incroyable » à condition d’aménager quelques sentiers de promenade ou de randonnée, par exemple. Fabrice Boutet envisage L’Alpe du Grand Serre comme « un refuge climatique aux portes de Grenoble ». Encore faut-il l’organiser pour qu’il puisse vivre en fin d’après-midi, en soirée, avec la possibilité d’y passer la nuit. L’avenir dira si ces efforts déployés ont payé et peuvent assurer la survie économique du territoire.

Fabrice Boutet, DG de SATA Group, et président de la nouvelle commission solidarité de DSF. ©Sata group
L’Alpe du Grand Serre doit réfléchir rapidement à un plan qui assurerait sa pérennité. ©Images et rêves

INTELLIGENCE NATURELLE FLEXION, REFLEXION / SOLIDARITE

Petites stations, gros enjeux économiques

« Parmi nos adhérents, nous comptons tout type d’entreprise, les très grosses et belles stations alpines, qui sont notre vitrine internationale, et à côté, les toutes petites stations qui, à l’échelle d’un territoire, pèsent très lourd économiquement et socialement. C’est ce qui fait que ces territoires tiennent encore », relève Anne Marty. L’Alpe du Grand Serre est loin d’être la seule à devoir statuer sur son avenir dès à présent, à être confrontée à une décision difficile, à réfléchir rapidement à sa nécessaire transition. Les stations ont besoin d’être épaulées, de se nourrir des expériences des autres pour réfléchir à leur évolution à court, moyen et long termes. C’est un peu le sens de la nouvelle commission solidarité de DSF, justement présidée par Fabrice Boutet. « Nous pouvons aussi les aider à construire les master plans de la transition. Chaque fois qu’on arrive devant les services de l’Etat avec un dossier, il n’est pas complet. Il faut montrer une vision à long terme, ce vers quoi on tend quand on veut de nouvelles installations, que ce soit une remontée mécanique, une réserve d’eau, des cheminements piétons, des pistes de VTT. Là encore il y a un savoir-faire dans les grandes stations », souligne Fabrice Boutet. Parce qu’il n’y a point de grande décision sans les élus, cette commission

peut aider à éclaircir les visions que chacun a pour son territoire. « C’est ce qu’on a fait avec Autrans-Méaudre-enVercors. J’y suis allé avec mon directeur des opérations en leur demandant quelle était leur vision pour leur territoire pour savoir ce qu’on pourrait y faire. »

Une assistance au quotidien

La solidarité se traduit aussi par l’appui aux petites stations dans la mise en œuvre de leurs éco-engagements. «Quel soutien administratif, humain, matériel nous sommes capables d’instaurer pour aider une destination à répondre aux enjeux de la transition, de la technique, des grandes visites, de la préparation et de la sécurisation des pistes, voire sur le plan fiscal et social », détaille le président de la commission. Tout cela gratuitement, en donnant de son temps, de sa logistique, de sa technique. Fabrice Boutet a l’habitude de donner un coup de pouce aux petites stations. Et de citer ces mécaniciens de L’Alpe d’Huez dépêchés au Col de Porte pour y réparer une dameuse, ces équipes des 2 Alpes envoyées au Mont Aigoual pour changer le câble de leur téléski, ces électriciens des 2 Alpes partis résoudre un problème électrique sur un téléski de L’Alpe du Grand Serre. Qui peut toujours compter sur la synergie de SATA Group

CES PETITES STATIONS DE SKI ASSOCIATIVES

La solidarité s’exprime parfois à travers le mode de gestion d’une station de ski. Il existe encore quelques stations associatives, notamment en Isère, qui tiennent grâce aux habitants, mobilisés pour maintenir la vie dans leur territoire de montagne, faire tourner quelques socioprofessionnels, permettre un ski accessible et former les skieurs de demain. Une partie du domaine de Saint-Hugues-les-Egaux, en Chartreuse, est gérée par une quinzaine de bénévoles depuis 2012. Ce petit domaine, alliant nordique et alpin, culminant entre 950 et 1100 m d’altitude, vise une clientèle familiale et de débutants. Sa gestion repose sur l’emploi de salariés très polyvalents et sur une organisation bien rodée où chacun est prêt à donner un coup de main. A l’instar des agriculteurs qui viennent faucher les pistes l’été, ou enlever les bouses de vaches sur le domaine de fond, voire réparer une perche de téléski. Depuis 1974, la station du Grand Plan, à 1360 m d’altitude, dans le massif de Belledonne, est gérée par des bénévoles, créée par les locaux pour que leurs enfants puissent skier. Aujourd’hui, 400 bénévoles gèrent le domaine, souvent dans les pas de leurs aïeux, mus par cette volonté de rendre le ski accessible. Les tarifs sont imbattables. Compter 50€ l’année pour les adultes et 40€ ou moins pour les enfants.

INTELLIGENCE NATURELLE FLEXION, REFLEXION / JOP 2030

LES HAUTES-ALPES VEULENT LEUR PART DU GATEAU

Spectatrices de l’effet JOP dans les Alpes du Nord, les Hautes-Alpes

n’en attendent pas moins alors qu’elles accueilleront les épreuves de freestyle des Jeux d’hiver 2030. Elles tablent sur un bel héritage en matière de logement et de désenclavement.

Moment de liesse au sein du monde politique, économique et sportif haut-alpin, lors de l’annonce de l’attribution de l’organisation des JOP d’hiver 2030 aux Alpes françaises. ©Addet

Pas un événement économique, sportif ou politique sans que le sujet ne revienne sur le tapis : les Hautes-Alpes deviendront terre d’accueil des JOP 2030. Des années que le microcosme attendait une telle opportunité. Celle d’exister, de briller sur la scène internationale et de prendre le train de l’aménagement, dans un territoire qui a été quelque peu oublié en la matière. Car si les Haut-Alpins ne supportent pas d’être comparés ou confondus avec les voisins savoyards, haut savoyards et isérois, ils attendent des retombées comparables à celles des JOP d’Albertville. « Nous avons passé les 30 dernières années à dire que les JOP avaient toujours lieu en Savoie. Ceux de 1992 ont profondément changé ce département. C’est une chance inouïe qui

se présente désormais à nous », considère le maire de Briançon, Arnaud Murgia. Les Hautes-Alpes sont en train de se désenclaver numériquement, mais du point de vue des mobilités, c’est une autre affaire. Une histoire d’occasions manquées. Facilement connectés au Sud par l’autoroute, les Haut-Alpins ont tiré un trait sur l’espoir de la voir se prolonger jusqu’à Grenoble. Il faut donc s’armer de patience sur des routes de montagne sinueuses par endroits, encombrées en saison, et en proie à une forte vulnérabilité géologique. Seulement 87 km séparent Gap de Briançon mais il faut près d’une heure et demie de voiture pour rallier les deux villes, quand tout va bien. Côté train, c’est encore pire. Compter entre 4h30 et 5 h pour rejoindre Marseille depuis Briançon à bord d’un

INTELLIGENCE NATURELLE FLEXION, REFLEXION / JOP 2030

Le

Département des HautesAlpes, lui, a chiffré à 200 M€ les travaux à réaliser sur les routes départementales dans les cinq prochaines années.

engin fonctionnant au gasoil. Dans la mesure où 93% des sites de compétition existent déjà pour cette candidature alpine jouant la carte de la sobriété, « les investissements ne porteront pas tant sur les sites olympiques que sur les infrastructures de transport et de logement », confirme le préfet des Hautes-Alpes, Dominique Dufour.

Un désenclavement routier et ferroviaire

Du côté des deux stations hôtes, Montgenèvre et Serre Chevalier, qui accueilleront des épreuves de ski et snowboard freestyle, les aménagements devraient se limiter à des travaux d’amélioration de pistes, des zones de stationnement, de neige de culture et à un changement de télésiège.

C’est donc sur le plan de l’accueil et des accès que se concentreront principalement les efforts. Le monde économique et politique réfléchit à la question depuis des mois en se réunissant régulièrement, chacun déroulant la liste de ses envies. La fédération du BTP 05 s’est prise à rêver en grand, recensant 1,2 milliard d’euros de projets à réaliser dans le cadre des JOP. « Il s’agit pour ce département oublié, de rattraper le retard pris depuis des décennies. Il ne possède pas d’infrastructures routières ou ferroviaires dignes d’un territoire qui reçoit des touristes toute l’année et bientôt théâtre d’un événement planétaire de cette ampleur », justifie son président, Nicolas Chabrand.

Le Département des Hautes-Alpes, lui, a chiffré à 250 M€ les travaux à réaliser sur les routes départementales dans les cinq prochaines années. « Il nous faut améliorer, en termes de sécurité, de fiabilité et de robustesse, la desserte du cluster briançonnais, mais aussi les liaisons interrégionales et internationales, reliant les sites des épreuves olympiques. Une attention particulière sera portée à la RD 1091 entre Grenoble et Briançon, aux RD 942 et RD 900 B entre Tallard et la RN 94 par la vallée de l’Avance, à la sécurisation et au renforcement de la RD 1075 qui relie les Alpes du Sud

aux Alpes du Nord », détaille son président, Jean-Marie Bernard. Il y voit une occasion unique de sécuriser les accès aux Hautes-Alpes, régulièrement victimes d’éboulements ou de glissements de terrain « puisque les infrastructures dont nous disposons n’ont jamais été adaptées à un événement aussi important que celui-ci ». La Région Sud a promis d’être au rendez-vous de la modernisation des transports, et en particulier du train, en accélérant la rénovation de l’étoile ferroviaire de Veynes pour garantir une liaison BriançonMarseille en 3h30. En fonction du scénario, ces travaux coûteraient entre 300 et 900 M€ selon les estimations de la SNCF.

Le village olympique construit sur la friche d’un ancien fort Vauban, à Briançon Côté héritage bâtimentaire, les attentes sont tout aussi élevées dans le nord du département qui peine à loger sa population permanente et ses saisonniers, du fait d’un foncier rare et cher. La solution envisagée pour loger les 1200 athlètes des épreuves haut-alpines et leur staff repose sur la reconversion d’un ancien site militaire dominant la ville de Briançon, le fort des Têtes. L’occasion de faire d’une pierre deux coups, à savoir créer du logement et trouver une issue heureuse à ce site Vauban abandonné par l’armée, dont la Ville ne sait que faire, et qui continue de se dégrader. Et il y a de quoi faire sur cet ensemble de 20 000 m². Une fois les Jeux terminés, le village olympique deviendra un quartier, avec commerces, services, et priorisant l’accession à la propriété et du logement à destination des saisonniers. Parce que ces Jeux se veulent sobres, le programme prévoit un accès à ce futur village olympique par ascenseur valléen depuis la ville basse. Il serait aussi relié aux sites de compétition de manière décarbonée pour éviter d’engorger les routes. La route entre Briançon et Monêtier-lesBains devrait être élargie pour créer une voie dédiée aux transports en commun. « Le fort des Têtes étant un site militaire, il comporte des axes, pour l’heure privés, qui pourraient éventuellement être remis en état en vue de devenir des liaisons douces », ajoute le préfet. Rome ne s’est pas faite en un jour et cinq ans paraissent courts pour accomplir tous ces projets. D’autant plus que l’instabilité politique nationale, la difficulté à voter un budget et à désigner le Comité d’organisation des JOP et la Société de livraison des ouvrages et équipements olympiques n’ont fait que retarder le processus.

TÊTE DE PISTE

INTERVIEW

Fabrice Pannekoucke

Président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes

« L’ère des JOP est désormais à la responsabilité, à la coopération et à la bonne intelligence »

Le nouveau président de la Région Auvergne-RhôneAlpes s’exprime sur l’opportunité des JOP 2030 et sa manière d’aborder l’organisation de l’événement.

Qu’attendez-vous des JOP 2030 en termes d’héritage ?

Notre candidature s’est inscrite dans une vision partagée avec le CIO : proposer des Jeux pensés de manière durable. Nous avons la conviction qu’il n’y a pas de territoire plus propice et de plus bel écrin pour le faire que nos Alpes françaises. Douze des treize infrastructures construites dans le cadre des Jeux d’Albertville sont aujourd’hui encore utilisables. Elles seront réutilisées pour les Jeux olympiques et paralympiques d’hiver de 2030. Les Alpes françaises disposent également d’un réseau de transports

décarbonés, avec un continuum entre le ferroviaire et les transports en commun. En termes d’héritage économique, une étude du cabinet indépendant Asterès, publiée en septembre, confirme que les JOP d’hiver 2030 pourraient générer près de 50 000 emplois sur l’ensemble du territoire français.

En termes d’héritage environnemental, nous allons notamment œuvrer à la décarbonation de nos mobilités. C’est tout le sens de cette candidature impulsée par Renaud Muselier et Laurent Wauquiez depuis 2023. Ces Jeux, que l’on veut inclusifs, sont surtout l’occasion de penser la montagne de demain. Nous avons beaucoup de défis à relever mais c’est une chance que nous devons saisir collectivement.

Vous vous êtes récemment rendu à Salt Lake City pour rencontrer les organisateurs des JOP 2034. Y a-t-il des pratiques dont les Alpes peuvent s’inspirer ?

Ce que nous avons observé à Salt Lake City était inspirant. L’utilisation faite des infrastructures de 2002 nous encourage à poursuivre le legs olympique présent dans les Alpes, berceau des Jeux d’hiver. Nous avons pu observer une logique d’héritage à long terme, avec des infrastructures adaptées aux besoins des habitants après l’événement. C’est une leçon précieuse pour nos territoires en France, notamment en montagne.

A Salt Lake City, nous avons vu comment les Jeux peuvent être un levier pour dynamiser l’économie locale, développer des infrastructures utiles à la population et renforcer l’attractivité touristique, tout en respectant l’environnement.

Vous souhaitez monter un groupe de travail avec Milan Cortina 2026, Salt Lake City 2034, et le projet Suisse 2038. Faut-il sortir de la vision franco-française pour réussir ces JOP 2030 ?

De la même manière que nous avons souhaité faire une candidature commune avec la Région Provence-AlpesCôte d’Azur, il nous a semblé naturel d’initier ce principe de partage d’expérience. En Auvergne-Rhône-Alpes, on aime jouer en équipe ! L’objectif n’est pas de sortir de la vision française, mais bien d’échanger sur les problématiques communes que peuvent rencontrer les organisateurs. Nous sommes bien loin des traditionnelles courses au gigantisme et aux budgets faramineux. L’ère des Jeux olympiques est désormais à la responsabilité, à la coopération et à la bonne intelligence.

A Salt Lake City, nous avons vu comment les Jeux peuvent être un levier pour dynamiser l’économie locale

A Salt Lake City, nous avons vu comment les Jeux peuvent être un levier pour dynamiser l’économie locale

Lors du sommet de la SUERA (Stratégie de l’Union européenne pour la région alpine) en Slovénie, vous avez appelé à un pacte européen de la montagne. Qu’entendez-vous par là ?

Au cours de l’assemblée générale de la SUERA, j’ai pu m’exprimer sur ce sujet en rappelant notre ambition en Auvergne-Rhône-Alpes : la création d’un « Pacte européen de la montagne ». Il faut accorder aux territoires de montagne, qui ont leurs besoins économiques, sociaux et environnementaux, une reconnaissance spécifique dans les politiques européennes, ainsi que des moyens adaptés.

Enfin, je suis convaincu que la SUERA doit favoriser la coopération interalpine pour la préparation des prochaines éditions des JOP d’hiver dans les Alpes : en 2026 en Italie, en 2030 en France et peut-être en 2038 en Suisse. Nous devons travailler avec des objectifs partagés, afin que le nouveau modèle de JOP d’hiver que nous allons organiser dans les Alpes, accélère la dynamique de transition des territoires de montagne en Europe, en regardant au-delà de 2030 : en matière de transition écologique, de sobriété, d’engagement de la jeunesse…

INTERVIEW

Damien Robert

Directeur général de la Solideo 2030

« Là où il faudra qu’on porte le plus notre effort, c’est sur la minimisation de notre empreinte »

Le patron de la Société de livraison des ouvrages olympiques 2030 dévoile sa manière d'envisager les Jeux d'hiver dans les Alpes, qui doivent laisser un héritage durable aux territoires hôtes, tout en minimisant l'empreinte carbone en phase chantier.

Combien y a-t-il de sites à rénover ou à construire ?

On a identifié à ce stade une trentaine d’ouvrages. 90% des équipements qui seront utilisés pour les Jeux existent, il faut les rénover. En matière d’hébergement, il y aura quatre villages, soit près de 1000 logements, qui mêlent constructions neuves et réhabilitations de bâtiments existants. Il faudra également construire ou moderniser des infrastructures (passerelles, routes…) pour améliorer l’accessibilité des sites de compétition et des futurs villages.

Comment concevoir des Jeux verts et durables ?

A chaque fois qu’il faudra entreprendre des travaux, il faudra le faire avec ce souci de minimiser l’empreinte, que ce soit du point de vue des matériaux et de leur acheminement, de l’énergie utilisée, ou de la préservation de la biodiversité : la faune, la flore et l’eau. Il faut, par ailleurs, s’assurer que nos chantiers bénéficient au tissu économique local.

Vous tenez beaucoup à la question de l’héritage... Les ouvrages que nous allons livrer auront tous une vie après les Jeux olympiques et paralympiques. La plupart d’entre eux ont déjà eu une histoire, un usage, puisqu’il s’agit essentiellement de rénovation. Notre intervention doit être pensée en anticipant leur usage futur, notamment au bénéfice des résidents, qu’ils soient touristes, saisonniers, ou habitants à l’année. Il faudra également

s’assurer que les logements créés (au total près de 1000 logements neufs ou rénovés) répondent le mieux possible au besoin du territoire, après les Jeux.

Cela veut dire de bien réfléchir à une programmation résidentielle adaptée et mixte (logement social, logement senior, logement saisonnier, logement touristique, …).

Ce sont les territoires qui connaissent leurs besoins.

C’est la raison pour laquelle la collaboration très étroite avec les collectivités est indispensable.

Quelle importance allez-vous accorder à l’innovation dans tous ces chantiers ?

Comme pour Paris 2024, nous allons dédier une enveloppe importante à l’innovation. Je ne crois pas à l’innovation tous azimuts. Il faut choisir ses combats pour être performant. Je pense que là où il faudra qu’on porte le plus notre effort, c’est sur la minimisation de notre empreinte.

Pour vous, à quoi peut ressembler la montagne de demain et comment les JOP peuvent-ils accélérer cette transition ?

Sur ce sujet, je citerais volontiers le président de la Région Sud, Renaud Muselier, qui a résumé l’enjeu : « On fait les Alpes 2030 pour penser les Alpes en 2050 ». Et je citerais également le président du COJO, Edgar Grospiron : « Les JOP ne vont pas tout résoudre mais ils peuvent être un accélérateur de transformation ».

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