INNOVATION BOOK
For sustainable innovations
TRI-Line : une nouvelle ère du téléphérique commence...
Fidèle à sa réputation de Pionnier et de Maître dans l'innovati on, Dop pelmayr lan ce une nouvelle gamme de téléphérique avec la "TRI-L ine". En combinant la technologie 3S (2 câbles porteur et 1 câb le tracteur) et celle de la D-Lin e (monocâble), Doppelmayr a conçu un syst ème qui réunit les avantages des deux tech nologies. Grâce à sa sobriét é énergétiqu e et à l 'étendue de ses qualités, la "TRI-Line" a sa place dans tous le s domaines d'application -hiver, été et tran sport urbain.
Avec des cabin es spacieuses et panoramiq ues, pouvant accueillir 20 personnes, et grâce à ses caractéristiques élevée s, l a "TRI-Line" pourra transporter jusqu'à 8 000 passagers par heure et par di rection, une nouvelle référence dans le monde du téléphériq u e. La première "TRI-Line" au monde est déjà en cours d e construction pour "Hoch-Ybrig" en Suisse : succès i mmédiat.
INNOVATION BOOK BY MOUNTAIN PLANET / ÉDITION 2023
Action !
Si l’on se fie aux enseignements majeurs qui ressortent des différents baromètres financés par l’ADEME, l’environnement fait désormais partie des principales préoccupations des Français. En 2019 le sujet était même en pole position desdites préoccupations, à égalité avec l’emploi.
Une très bonne nouvelle qui met néanmoins en relief l’inertie des prises de conscience en la matière : le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) alerte sur le sujet depuis 1988.
35 ans de petits pas, de débats, de réflexions qui ne doivent en aucun s’atténuer tant le sujet est devant nous, mais qui en même temps doivent être ponctués par les mises en avant des paliers vers la transition, des ACTIONS concrètes.
Dans l’univers montagne elles ne manquent pas, même elles fourmillent si on prend le temps de les chercher, les comprendre et les mettre en lumière.
Dans les rangs des acteurs du changement au sommet on compte des élus, des associations et à travers elles bien souvent les habitants de ces territoires, des industriels, des patrons de PME, de TPE, des inventeurs pas fous du tout, des clusters, des domaines skiables, petits ou grands, alpins et nordiques, des chercheurs fondamentaux, ou pas, sans oublier quantité de nos exposants Mountain Planet, bref plus personne en réalité omet d’intégrer dans sa réflexion la notion et la nécessité de transition, à court, moyen et long terme.
Quelle que soit la spécialité de chacun, aucune stratégie ne fait l’impasse, et il faudrait manquer sincèrement d’objectivité pour ne pas voir qu’ils cherchent à mieux partager la ressource en eau, tentent d’abandonner les énergies fossiles, mettent en place des solutions de mobilité plus douces, repensent les installations énergétiques, développent des plateformes de réservation de transports multimodaux, font parler les données météo pour mieux gérer les territoires, bref qu’ils AGISSENT
L’intention de cet INNOVATION BOOK #3 est bien de se tourner vers ce concret, de dire ce qui se fait… Plus besoin d’être persuadé, l’heure est à l’ACTION !
Jérôme Riff DIRECTEUR GÉNÉRAL ALPEXPOSOM MAI RE
BOOK BY MOUNTAIN PLANET /
EDITION 20 23
8 INTRODUCTION
– ANALYSE
• Les effets du changement climatique en station de montagne
• A l’heure où les Réseaux Sociaux exacerbent les débats autour des effets du changement climatique en montagne, le magazine Innovation Book a tenu à faire entendre les avis de vrais spécialistes qui éclairent les débats depuis un certain temps déjà à travers de nombreuses études et analyses.
• Focus : L’Ademe présente sa Stratégie Tourisme
22 INTERVIEWS
• Laurent Wauquiez, président du conseil régional d’Aura : 3 questions sur le retour sur les résultats du fonds de soutien régional.
• Dominique Thillaud, directeur de la Compagnie des Alpes : « L’enjeu, c’est l’équilibre entre la dimension environnementale et les conséquences sociales de cette transition ».
• Charlotte Rotureau, accompagnatrice du changement : comment adapter l’évènementiel à l’heure de la transition écologique ?
www.mountain-planet.com
Carport solaire pour voitures électriques
SUNWIND ENERGY a mis au point un carport solaire photovoltaïque innovant
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Puissance solaire Pv installée P = 6 Kwc
Structure métalique normée pour des altitudes supérieures à 1000 m ( Vent et Neige)
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SOM MAI RE
INNOVATION
BOOK BY
MOUNTAIN PLANET /
EDITION 20 23
28 INNOVATIONS MONTAGNE : DÉJÀ LÀ ET À VENIR
• L’enjeu de la ressource en eau en montagne
• Mobilité, damage et enneigement
• La tech d’aujourd’hui
68 INTERNATIONAL
• TROJENA, le site montagne du désormais fameux projet Neom en Arabie Saoudite, s’est vu attribuer les Jeux asiatiques d’hiver. Utopie ou vision futuriste ?
• Benjamín Plasencia Sidauy, spécialiste des courses de vélo Enduro en montagne, nous confie sa vision sur ce marché en plein développement.
• J.O 2024 de Paris : quelles actions concrètes pour limiter l’empreinte écologique ?
• Smart Valley Valle d’Aosta
74 CLAP DE FIN
Le parc évènementiel de Grenoble accueillera à nouveau le grand rendez-vous international de toute la filière montagne du 16-18 AVRIL 2024.
SPLENDEUR ET CHANGEMENTS
A l’heure où les Réseaux Sociaux exacerbent les débats autour des effets du changement climatique en montagne, le magazine Innovation Book a tenu à faire entendre les avis de vrais spécialistes qui éclairent les débats depuis un certain temps déjà à travers de nombreuses études et analyses. On pense au GIEC bien sûr, et à de nombreux autres nous alimentant de données bien plus profondes que n’importe quel Post vengeur.
On pense aussi à l’Observatoire Régional Climat Air Energie, à l’Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique, à l’Association INTERPRAEVENT, organisateur du symposium sur « l’occurrence, la réduction et la restauration des catastrophes naturelles dans les régions de montagne », à l’Association Nationale des Maires de Stations de Montagne, Domaines skiables de France, FIANET, l’Association Nationale des Elus de Montagne et la CIPRA, tous devant faire référence pour établir un état des lieux sérieux avant réaménagement.
On pense enfin et surtout à tous ces acteurs de l’industrie de l’aménagement en montagne, exposants le plus souvent du Mountain Planet, petits ou gros, français ou internationaux, qui mettent en œuvre depuis bien longtemps au quotidien l’innovation pour proposer durant notre salon des produits, services et autres technologies qui contribuent à cette transition.
INTRODUCTION / ANALYSE
ÉTAT DES LIEUX
PRÉCIEUSE NATURE
La montagne est fortement dépendante du tourisme, avec 20 milliards de retombées économiques à l’année. Les 350 stations de ski représentent 18 000 emplois directs, avec plus généralement 120 000 emplois qui dépendent de l’ouverture des domaines skiables en hiver. (DP Avenir Montagnes). L’emploi se caractérise par la saisonnalité et la pluralité. L’activité « ski » représente environ 80% du chiffre d’affaires du tourisme autour de la neige. L’aménagement est également calqué sur le tourisme, entre immobilier de tourisme et logements saisonniers.
LES CONCLUSIONS DU 6ÈME RAPPORT DU GIEC, qui comprennent un volet entier sur les montagnes soulignent l’urgence d’intensifier les efforts pour s’adapter au changement dans ces zones où le réchauffement est plus intense et visible. Le rapport fait ressortir l’impact des hommes sur le réchauffement, les interactions entre le climat, les écosystèmes et l’activité humaine, avec des effets en cascade sur les vallées fortement dépendantes de la santé économique et écologique des montagnes.
RAPPORT INTERNATIONAL 2023
DU TOURISME NEIGE ET MONTAGNE
Comme chaque année les organisateurs du salon international de l’aménagement en montagne
MOUNTAIN PLANET et l’expert Suisse Laurent Vanat nous ont dévoilé en avant-première les chiffres et les tendances du marché mondial du tourisme de neige et de montagne.
Si vous n'avez pas pu assister à la conférence de presse du 4 Avril dernier, retrouvez-là en ligne sur le site du salon : www.mountain-planet.com
Publié chaque année en avril depuis 12 ans, ce rapport répertorie et analyse les données de plus de 2.000 stations de ski dans 68 pays. Faits, chiffres, investissements, fréquentations, tendances, enneigement… il scrute et détaille l’industrie du ski, de la neige, de la montagne et son évolution, met en lumière la situation, les tendances d’évolutions et le potentiel du marché du ski.
UNE FRAGILITÉ À PRÉSERVER
Le recul des glaciers est l’une des conséquences les plus spectaculaires du réchauffement climatique. Il implique d’ores et déjà des changements, comme la fermeture des glaciers de Val d’Isère puis de Tignes l’été dernier. Mais au-delà de priver les skieurs d’une pratique estivale, ce phénomène fait boule de neige… 68% des zones d’agriculture irriguées dans les vallées dépendent de l’eau qui ruissèle des montagnes. Selon l’ONERC (Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique) « L’évolution annuelle d’un glacier tempéré résulte des effets antagonistes des précipitations neigeuses hivernales et des températures estivales. Ils sont les éléments du milieu naturel les plus sensibles aux variations de températures ». L’organisme a mesuré le recul des glaciers français, qui ont perdu 25m (équivalent eau) en moyenne en 20 ans. Quant au niveau d’enneigement, « On observe une réduction significative du stock nival le 1er mai sur tous les massifs : -12 % par décennie par rapport à la normale 1981-2010 ».
Les massifs alpins abritent une biodiversité riche
Près de 30 000 espèces animales et 13 000 espèces végétales jouant un rôle majeur pour atténuer les effets du changement (Source : Les Alpes, entre nature et culture, WWF). Les Cahiers de recherche « Analyse des effets économiques du changement climatique en station de montagne » – Green Cross France et Territoires (GCFT) décrivent que l’augmentation de la végétation au-delà de 1700m et la diminution des neiges éternelles entraînent une perte de biodiversité et accentuent le réchauffement par effet d’albédo (capacité d’une surface à réfléchir la lumière et limiter le dégel des sols). Ce qui provoque des risques d’éboulements et glissements de terrain, des risques de tarissement des ressources en eau. L’analyse précise également que les pratiques agricoles et pastorales, qui jouent un rôle majeur dans la préservation du paysage, doivent s’adapter aux phénomènes climatiques : sécheresse, gelées, vent, orages… qui entraînent dans leur sillage une avancée de la phénologie, une fragilisation accrue et le développement de certains ravageurs.
La Montagne en France, c’est
43% d’espaces naturels protégés (dont 7 parcs nationaux)
58% de la surface couverte de forêts et de milieux semi-naturels
38% de la surface occupée par des terres agricoles (DP Avenir Montagnes)
DES VALISES TRÈS LOURDES
La montagne est donc particulièrement sensible au bouleversement climatique. Et même si le tourisme ne peut porter tout le poids du réchauffement, force est de constater qu’en France il est responsable de 11% des émissions de GES, principalement en raison du transport, de l’hébergement et de la restauration.
Dans les régions fortement touristiques, on constate jusqu’à :
• +211% de consommation d’eau
• +287% de consommation annuelle d’énergie
• +27% de production de déchets par rapport à la moyenne nationale (ADEME).
Selon l’ORCAE, le bâtiment (résidentiel et tertiaire) est responsable de 22,5% des émissions de CO2 en région Auvergne Rhône Alpes. Dans les stations, 38% des logements sont énergivores (DPE F et G) contre 21% sur le reste du territoire.
Les transports représentent 25% des GES émis dans la région. Le train est encore peu développé pour les trajets jusque dans les stations de ski. Récemment, l’ANMSM (Association Nationale des Maires de Stations de Montagne) appelait à « renforcer les efforts pour améliorer l’accès à la montagne », en faisant évoluer l’offre ferroviaire complétée par une offre de transports multimodale, qui couvre les derniers kilomètres jusqu’à l’hébergement en station. Le constat est sans appel, soulevant la question de l’évolution du tourisme
de montagne. La diversification a déjà commencé, avec une hausse de la fréquentation l’été. Mais la dépendance de l’économie de montagne à l’activité « ski » implique de nuancer le débat. La diversification apporte des solutions complémentaires, qui attireront de nouveaux publics. L’émergence de « nouveaux touristes » suite notamment aux périodes de pandémie ouvre une nouvelle fenêtre sur la montagne. Sans pour autant fermer la grande porte des domaines skiables.
SOURCES
-Climate challenge annual report
-Green Cross France et Territoires (GCFT) - Les Cahiers de recherche : analyse des effets économiques du changement climatique en station de montagne
-6ème rapport du GIEC
-ORCAE (Observatoire Régional Climat Air Energie
-ONERC (Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique)
-Convention des entreprises pour le climat – 11 entreprises engagées dans les Alpes dont Alpexpo, organisateur du salon Mountain Planet
-Booklet of good practices for the sustainable development of mountain areas
-Association INTERPRAEVENT, organisateur du symposium sur «l’occurrence, la réduction et la restauration des catastrophes naturelles dans les régions de montagne».
-ANMSM (Association Nationale des Maires de Stations de Montagne)
-Emmanuelle GEORGE chez IRSTEA : Directrice du LESSEM (Laboratoire EcoSystèmes et Sociétés En Montagne)
-ANEM- Accompagnerment des territoires alpins dans le développement durable et l’adaptation au changement climatique
-CIPRA-Maîtriser les flux touristiques
LE 8ÈME RAPPORT SUR L’ÉTAT DES ALPES
(Convention Alpine) constate que la qualité de l’air dans les Alpes est plutôt bonne en général. Néanmoins, plusieurs vallées des Alpes subissent des pollutions excessives, comme c’est le cas pour la vallée de l’Arve, surtout pendant les mois d’hiver. Dans l’ensemble, les teneurs en particules de diamètre supérieur à 2,5 μm sont trop élevées au regard des valeurs préconisées par l’Organisation Mondiale de la Santé. Mais le sujet reste tabou et les actions sont timides, à l’image de l’Euro-vignette classifiée de « mesurette ».
L’ADEME PRÉSENTE SA STRATÉGIE TOURISME
Favoriser la transition écologique, permettre de profiter des opportunités qu’elle représente et aider les professionnels du secteur à centrer leur attractivité sur une offre plus locale ou plus durable sont les objectifs de cette stratégie. A cet effet de nombreux dispositifs sont mis en place.
3 priorités d’actions ont été dégagées
1. Sensibiliser et orienter le secteur au vu des enjeux environnementaux et des dispositifs existants
2. Accompagner les professionnels pour agir à court terme mais aussi à long terme pour préparer l’avenir
3. Développer des partenariats stratégiques qui ont la capacité de fédérer les acteurs du secteur et de démultiplier le déploiement des bonnes pratiques
Compte-tenu de la forte transversalité du secteur, l’ADEME concentre son intervention auprès des :
• Acteurs du transport et des mobilités : développement des mobilités actives, encouragement d’un report avion ou voiture vers les transports en commun, etc.
• Hébergements touristiques : rénovation thermique des bâtiments, développement des énergies renouvelables, etc.
Pour
94% des français, les massifs français comptent parmi les plus belles richesses de notre patrimoine. Lorsqu’on leur demande quelles notions ils associent aux vacances à la montagne, « l’air pur » arrive en tête (50%).
(Enquête inédite, réalisée par OpinionWay pour l’Association Nationale des Maires des Stations de Montagne).
• Restaurants : développement de l’alimentation durable, lutte contre le gaspillage alimentaire, etc.
• Sites touristiques et activités de loisirs : écocitoyenneté, développement d’offres touristiques d’accélération de la transition écologique, etc.
• Territoires : partage d’expertise et accompagnement pour l’adaptation au changement climatique, à la décarbonation et au tourisme d’affaire…
ACTION(S), RÉACTION(S)
SOULEVER DES MONTAGNES
Le chemin est long pour arriver au sommet et apercevoir de nouveaux horizons, mais on avance, on s’assure, on équipe la voie. Les groupes d’études et de réflexion portant sur la situation climatique et l’avenir touristique en montagne sont très nombreux, que ce soit au niveau local, national ou international, apportant des arguments pour le passage à l’action. Les fonds débloqués à tous les niveaux affluent pour financer des recherches, des actions et accompagner cette transition. Régulation des flux touristiques, amélioration de la qualité de l’air et de l’eau, actions en faveur de l’agriculture, de la mobilité, de la diversification, de l’éducation, recherche et développement des acteurs de l’aménagement… Prémices d’une révolution blanche… et verte.
DES TERRITOIRES À LA LOUPE
Au sein de l’INRAE, le Laboratoire EcoSystèmes et Sociétés En Montagne (LESSEM) développe des recherches sur les dynamiques des socioécosystèmes en montagne. « Notre métier premier c’est de documenter, de produire de la connaissance. » déclare Emmanuelle George, Chercheure en aménagement touristique de montagne et Cheffe de département adjointe ACT. « On fait également beaucoup de recherche objectivée afin de mettre à disposition d’un ensemble d’acteurs des indicateurs, des méthodologies dans une logique d’aide à la décision. Nous travaillons avec les acteurs porteurs de politique publique mais aussi avec des acteurs économiques, des collectivités locales. ». Emmanuelle George coordonne le programme INTERREG Espaces Alpins appelé TRANSTAT (Transition des Stations et des Territoires de Montagne). « Avec des partenaires Slovènes, Italiens, Autrichiens et Suisses, nous réfléchissons à des chemins de transition en fonction de leurs caractéristiques. Nous avons construit un réseau de stations qui se sont engagées dans cette transition sur la base d’un futur désiré, en fonction de leur fragilité mais aussi de leurs forces. »
Au sein de la fondation de l’USMB, la Chaire de Recherche Tourisme Durable rassemble et fédère des projets autour des actions qui sont menées par des destinations sur la question du tourisme durable et se penche sur l’évolution de la demande. « Nous avons étudié les championnats du monde de ski alpin sur la mise en œuvre de leur démarche RSE et comment elle s’articule avec les projets de territoire des deux destinations, Courchevel et Méribel. L’étude est encore en cours mais la démarche est intéressante parce qu’avec cette charte le comité d’organisation a obtenu dans un temps court la certification ISO 21000. En peu de temps, beaucoup d’avancées vont être faites suite à cet événement, à la fois des avancées de fond mais aussi en termes de savoir-faire, de façons de s’organiser. » explique Dominique Kreziak, chercheuse Marketing Environnement Tourisme et Responsable scientifique de la Chaire. « L’événement a servi de démonstrateur, d’inspiration pour les manifestations de ce type »
poursuit Dominique. « Ces démarches sont systématiquement des démarches de progrès. Nous avons conscience du chemin qui reste à faire ! »
Cette interaction entre la science et le terrain se constate aussi avec la montée en puissance de CLIMSNOW, un consortium public-privé entre Météo-France, l’Inrae et Dianeige (cabinet spécialisé dans l’aménagement des stations de montagne) dont la mission est de quantifier l’impact du changement climatique sur l’enneigement en stations. Leur analyse évalue la capacité des stations à maintenir leur exploitation selon quels efforts, quelles modalités et à quelle échéance. Avec déjà plus de 110 diagnostics, l’outil est de plus en plus utilisé. Le préfet de Haute-Savoie envisagerait même de soumettre toute nouvelle demande d’équipement cet organisme.
PARLONS PEU, AGISSONS BIEN
Depuis plusieurs années, le Cluster Montagne accompagne ses membres dans la mise en œuvre d’actions concrètes pour accompagner leur transition : après une première action pilote (en collaboration avec DSF et OSV) avec 15 structures et la publication du Guide sectoriel ADEME*, 5 nouvelles entreprises viennent de terminer un cycle de 6 mois d’accompagnement à la mise en œuvre de leur « plan d’action transition » : Abamo&Co, Abest, MND, Sunconseil et Val d’Isère Tourisme. En 2023, une action sur la RSE est également proposée aux membres du Cluster Montagne. L’occasion de souligner, si nécessaire, que les entreprises se mobilisent pour s’adapter !
* https://librairie.ademe.fr/changement-climatique-etenergie/5418-realisation-de-bilans-de-gaz-a-effet-deserre-et-strategie-climatique-associee.html
ACTION !
Réduire l’émission des GES passe avant tout par l’économie d’énergie. Aux Etats Unis, le Climate Challenge Annual, qui existe depuis 11 ans et compte à ce jour 35 stations de ski américaines fournit aux destinations un cadre pour s’engager sur plusieurs années dans un processus de réduction des émissions de CO2, partager leurs actions dans le milieu et collaborer les unes avec les autres pour créer une force et une puissance collective. Les objectifs, fixés par les stations elles-mêmes, ne sont pas spectaculaires mais concrets et réalistes. Les participants qui les atteignent gagnent des badges décernés par le Sustainable Slopes Program, un programme de la NSAA (National Ski Areas Association) de laquelle ils reçoivent également des subventions pour mettre en œuvre des actions tangibles.
Plus proche de chez nous, les Domaines Skiables de France ont établi une feuille de route environnementale pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2037. Dameuses à hydrogène, déploiement d’un bilan carbone dans tous les domaines, écoconduite et utilisation raisonnée des engins de damage et des remontées mécaniques…
De nombreuses stations ont déjà adopté ces pratiques, encouragées par la hausse du prix de l’énergie.
PARTAGE DES EAUX
Les retenues collinaires font débat et sont le plus souvent associées à la neige « à tout prix » et au sacrifice de nos ressources et paysages. Pourtant, elles sont aujourd’hui mieux conçues pour s’intégrer à leur environnement et servir à de multiples usages. L’Association des Maires des Stations de Montagne a produit un « Livre Bleu sur les retenues collinaires », résultat d’une réflexion collective des élus de stations. Sans minimiser l’impact écologique que peuvent avoir ces lacs artificiels, le rapport conclut que « ces impacts ne doivent pas faire oublier qu’un équilibre peut être trouvé entre économie et gestion durable de l’eau » et que « les retenues collinaires sont aussi le moyen d’allier écologie et économie à travers la diversification de l’activité touristique. »
Dans leur charte « Eco-engagements », les Domaines Skiables de France s’engagent à optimiser les volumes de neige produits, à stocker l’eau afin de lisser le prélèvement dans le temps et à partager la ressource avec les éleveurs en cas de sécheresse.
LES ENNEIGEURS SE RÉINVENTENT
La PME savoyarde WeSnow est pionnière dans la fabrication de neige « à énergie positive » grâce à des enneigeurs qui fonctionnent comme des pompes à chaleur. « On fabrique une neige très froide et très sèche à base de glace écaille, sur le principe d’un grand congélateur à -26°C. Cette production libère des calories que l’on capture grâce à un échangeur afin de restituer le double de l’énergie consommée. » explique Bertrand Lambla, directeur de la société. WeSnow a déjà équipé Super Besse avec 9 enneigeurs qui blanchissent le bas du domaine quelle que soit la température et restituent l’énergie pour chauffer des bâtiments municipaux. Wesnow.fr
MOBILITÉ INCITER POUR MOINS POLLUER
Aux Saisies, la plateforme lessaisies-express.com permet d’agréger tous les moyens de transport disponibles pour arriver jusqu’à son hébergement dans la station. « On prend en compte le dernier kilomètre, puisqu’on intègre dans le trajet les navettes gratuites pour amener les vacanciers au plus proche de leur hébergement. » explique Fabienne Roux, directrice de la communication des Saisies. Afin d’inciter les vacanciers à voyager plus propre, la station offre 10% de réduction sur le forfait à ceux qui utilisent la solution train+bus. Côté pratique, on peut réserver sur ce site à la fois le transport, le forfait et les consignes à ski.
Euromontana est
pour la coopération et le développement des zones de montagne.
Sa mission est de promouvoir des montagnes vivantes en œuvrant pour le développement global et durable et l’amélioration de la qualité de vie. L’association édite un « Livre de bonnes pratiques » recensant des « success stories » en faveur de la transition. On peut y lire que dans la vallée de Pitztal en Autriche, une application a été conçue pour inciter les travailleurs à co-voiturer grâce à un système de points utilisables dans les commerces partenaires. Plus de 80 municipalités et entreprises sont à ce jour partenaires de l’application. Au nord du Portugal, dans la région montagneuse de Terras de-Tràs-Os-Montes, on facilite l’accès aux services administratifs pour les habitants, en particulier les personnes âgées, grâce à des bus « administratifs » équipés, qui évitent à ces personnes isolées de se déplacer en ville.
En France, grâce aux fonds débloqués dans le cadre du Plan Avenir Montagnes, les solutions pour une mobilité plus douces se multiplient. Par exemple, dans le Briançonnais, c’est la cohérence des transports en commun qui sera améliorée grâce, en partie, à l’apport de l’Etat.
l’association européenne multi-sectorielle
Gérer les flux touristiques
Les montagnes sont de plus en plus fréquentées, et la durée des séjours raccourcie, augmentant le trafic. La Délégation française de la CIPRA basée à Grenoble agit dans une logique de partenariat avec les acteurs de toutes les régions alpines françaises et de coopération transfrontalière. Dans le cadre du projet speciAlps2, achevé en 2022, des mesures ont été prises pour maîtriser la fréquentation touristique dans différentes régions des Alpes souffrant de l’afflux des touristes. Limitation de l’accès aux véhicules, parkings payants, transports publics, interdiction de circulation certains jours mais également travail sur la communication, sur les solutions d’éco-mobilité.
« La pression sur les espaces naturels va probablement continuer d’augmenter, en particulier sous l’effet du réchauffement climatique, constate la responsable du projet, Magdalena Holzer. Il n’y aura jamais assez d’initiatives telles que speciAlps2 pour maintenir une expérience touristique de qualité et renforcer l’apprentissage mutuel à l’échelle alpine. »
FORMICÂBLE !
Le câblage au service de l’exploitation forestière
Le débardage par câble a connu une évolution différente en France et en Suisse depuis plusieurs décennies. 300 000 m3 sont récoltés annuellement en Suisse, contre moins de 50 000 m3 dans les Alpes du Nord. Or, cette technique permet d’extraire le bois avec un minimum d’impact sur le sol et la biodiversité. Il évite la création de routes pour les gros engins, limite la production des GES et le bruit qui perturbe la faune. Le projet Formicable, coordonné par le Pôle Excellence Bois, est une coopération franco-suisse.
Ses objectifs ont été de :
Biodiversité
15 millions d’euros ont notamment été mobilisés pour la restauration de sentiers et de la biodiversité qui ont permis de financer 85 projets.
- Former de la main d’œuvre forestière aux techniques de câblage ;
- Mettre en place des formations reconnues pour les apprentis forestiers et les professionnels ;
- Favoriser une exploitation économiquement viable et écologiquement favorable.
RÉSULTAT : 6 jeunes formés en préparation à la certification ingénierie en sécurité fonctionnelle – 200 personnes formées via les outils pédagogiques
L’axe majeur du fonds « Avenir montagnes » concerne les équipements touristiques durables liés à la diversification 4 saisons, la modernisation des équipements et la protection de la biodiversité.
UN COUP DE JEUNE
Un rapport récent d’Euromontana sur la jeunesse constate que 66% des jeunes résidant en montagne aimeraient rester et travailler sur place, mais l’offre dans le transport, l’éducation et le travail est insuffisante.
Or la diversification de l’offre et l’animation 4 saisons en montagne passe par une dynamisation des territoires notamment avec les nouvelles générations. Des initiatives sont mises en œuvre pour les aider et les séduire ! Toujours dans le « Booklet of good practices » de l’association, on peut constater que les actions en faveur de la jeunesse fleurissent dans les stations de montagne. Dans les Pyrénées, on offre une formation aux métiers de la montagne à des mineurs isolés réfugiés. A ce jour, sur les 15 jeunes accompagnés par ce projet baptisé AVENIR, 8 ont trouvé un travail, les autres sont encore en formation. La majorité d’entre eux ont décidé de rester dans les Pyrénées. En Norvège, le projet YESpecilalists encourage l’esprit d’entreprise des jeunes vivant en montagne et accompagne leurs projets. S’étalant de 2020 à 2023, le programme est soutenu par Erasmus et le portail européen de la jeunesse. Dans la région d’Aragon, en Espagne, on aide les jeunes à trouver du travail afin qu’ils restent sur place, grâce à un programme qui les met en relation avec des entreprises, les assiste dans leur installation et leur propose une aide financière. 156 entreprises de la région ont rejoint ce programme « Arago Retorno Joven ». Grâce à cette initiative, 332 jeunes se sont installés à ce jour dans la région.
DES INITIATIVES PRIVÉES
Parallèlement aux programmes de recherche et d’aide à la transition, des initiatives privées voient le jour. Créée en décembre 2020, la CEC (Convention des Entreprises pour le Climat, dont Alpexpo, organisateur du salon Mountain Planet fait partie) réunit 150 décideuses et décideurs économiques. Sa vocation est d’organiser des parcours de prise de conscience et de transformation pour ces décideurs. « Le fait que les gens s’approprient les données scientifiques que nous partageons, cela permet de partager la charge mentale de l’action pour le climat. Est-ce aux scientifiques de porter seuls cette charge mentale ? Non, les décideurs doivent la porter également. Et plus on a de leviers d’action, plus cette charge doit être forte. » a déclaré Valérie Masson Delmotte, paléoclimatologue et coprésidente du groupe de travail 1 du GIEC, lors de la dernière session de la convention en octobre dernier.
Les 150 membres de la Convention des Entreprises pour le Climat ont adopté 10 propositions politiques en faveur du climat, des mesures exigeantes et ambitieuses en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique, les pollutions et l’érosion de la biodiversité. Au cours de six sessions de 2 jours réparties sur 11 mois, les dirigeants sélectionnés ont été entourés des meilleurs experts scientifiques et pédagogiques pour repenser leur entreprise et activités. L’horizon : réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 avec un impératif de protection de la biodiversité et de régénération du vivant.
DES FONDS
POUR AGIR
• Le Fonds « Avenir Montagnes » doté de 331 M€ comprenant un volet de 300 M€, co-financé avec les régions, pour soutenir les investissements en lien avec les axes du plan, et un volet de 31 M€ d’accompagnement à l’ingénierie des territoires qui en ont besoin pour monter ce type d’investissements. Plus de 670 projets déjà accompagnés selon 3 axes : favoriser la diversification de l’offre et la conquête de nouvelles clientèles, accélérer la transition écologique des activités touristiques de montagne, dynamiser l’immobilier de loisir et enrayer la formation de « lits froids ».
• À l’occasion de la signature de la Convention interrégionale du massif des Alpes (CIMA) 2021-2027, l’État, les régions Sud et Auvergne-Rhône-Alpes ainsi que l’Agence de l’eau Rhône-MéditerranéeCorse ont convenu de mobiliser plus de
250 millions d’euros pour la montagne.
77 millions d’euros proviennent du fonds Avenir Montagnes Investissement programmé en 2021 et 2022, et 173 autres seront financés jusqu’en 2027 autour de quatre axes thématiques qui concernent la préservation de l’environnement et la transition vers un massif alpin plus résilient.
• Le plan Destination France dote l’ADEME de moyens financiers complémentaires pour mener une action « coup de poing » sur une partie du secteur. L’ADEME pilote 4 mesures du plan, avec plus de 30M€ de budget sur la période 2023-2024 : Hébergements et restaurants, Formes émergentes de tourisme, Vélotourisme et Empreinte carbone.
Lors des états généraux de la transition du tourisme Fabrice Pannekoucke, Président d’Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme soulignait que le terme « Tourisme bienveillant » (www.tourismebienveillant.org) choisi par la région marquait son engagement à ne pas opposer tourisme durable et économie. Il rappelait que « l’activité économique reste capitale lorsqu’elle est au service de l’emploi et de la vie locale. » Les actions en faveur de l’environnement sont nombreuses, sûrement pas aussi rapides et spectaculaires que certains le souhaiteraient, mais elles sont encouragées, soulignées, mesurées, suivies. A chaque touriste bienveillant de faire également sa part.
Etiquettes vertes
• L’Ecolabel européen est un outil d’éco-conception de service et de valorisation de l’engagement des hébergeurs touristiques. C’est l’ADEME qui assure le déploiement et la valorisation de l’Ecolabel européen sur le territoire français au travers notamment des financements dédiés. Délivré à des hébergements touristiques, ce label garantit une excellence écologique, un faible impact environnemental tout au long du cycle de vie du service : consommation d’eau et d’énergie, production de déchets, utilisation d’énergies renouvelables… C’est un outil précieux pour guider les professionnels mais aussi un gage de qualité pour les touristes, de plus en plus sensibles à l’impact environnemental de leurs vacances.
• Lancée en 2015 par Mountain Riders, association bien connue pour ses actions de ramassage des déchets sur les domaines skiables, la démarche Flocon Vert valorise les destinations touristiques ayant une politique de développement durable ambitieuse. Les destinations sont évaluées selon 20 critères portant sur la gouvernance, l’économie locale, les dynamiques sociales et culturelle et la gestion durable des ressources. « Avec désormais 20 destinations labellisées notre volonté est d’aller activement au contact des visiteurs, touristes, pratiquants, usagers pour les inviter à suivre le Flocon Vert et ainsi contribuer à la nécessité de faire évoluer les comportements pour un tourisme conscient et responsable ».
Laurent Wauquiez, PRÉSIDENT DE LA RÉGION AUVERGNE-RHÔNE-ALPES
La Région Auvergne-Rhône-Alpes a fait de la montagne sa priorité, en déployant deux dispositifs d'aides, le Plan montagne 2 et le Plan tourisme, pour l'accompagner dans ses transitions énergétique et économique.
Quels sont les retours de votre Plan montagne 2, doté de 100 M€ ? Pouvez-vous détailler les premiers projets sélectionnés et en fonction de quels paramètres ils l’ont été ?
« Pour les années à venir, dans le contexte notamment du réchauffement climatique, l’enjeu majeur pour nos stations est de tendre vers la diversification touristique. C’est l’objectif de ce second Plan Montagne qui vise à faire d’Auvergne-Rhône-Alpes la première montagne durable d’Europe. Le ski reste un puissant atout pour l’attractivité de nos massifs et c’est pour cela que la sécurisation de l’enneigement continue d’être un axe majeur de notre action. Cependant, nous devons également développer l’installation de nouveaux équipements permettant à nos stations d’allonger les saisons et ainsi de renforcer leur offre touristique. Parmi les premiers projets que nous avons accompagnés, nous avons par exemple investi dans une grande luge sur rail à La Norma, en Savoie, la tyrolienne XXL de Chamrousse qui,
Dans tous les secteurs, la transition et la diversification sont des défis majeurs à relever pour préserver l’attractivité de notre territoire. C’est l’objectif de notre Plan Tourisme qui représente 300 M€ qui vont être investis dans six filières d’excellence de notre région.
avec ses 1900 m, sera la plus longue de France, ou encore dans les différents équipements ludiques de glisse, utilisables en été comme en hiver, de la station des Planards, à Chamonix. Quant aux critères de sélection, nous avons une méthode de travail : le lien avec les acteurs sur le terrain. Ce sont eux qui sont les mieux à même de connaître les projets qui sont utiles et bénéfiques pour leur territoire. Par ailleurs, nous sommes attentifs à l’impact environnemental des aménagements en nous assurant qu’ils s’inscrivent pleinement dans le paysage de nos massifs. »
Vous avez lancé, en parallèle, un Plan tourisme régional 2022-2028 pour, entre autres, accélérer la transition touristique en montagne. Quels sont les contours de ce nouveau plan, que vise-t-il et ne se télescope-t-il pas avec le Plan montagne 2 ?
« Auvergne-Rhône-Alpes abrite le premier domaine skiable du monde, ce qui signifie qu’évidemment la montagne est l’un des atouts touristiques majeurs de notre territoire, et qu’à ce titre, il était légitime qu’un plan spécifique lui soit dédié. Cependant, elle n’est pas la seule. Nous sommes également en tête de toutes les régions françaises sur les activités outdoor ou encore sur la gastronomie. Dans tous les secteurs, la transition et la diversification sont des défis majeurs à relever pour préserver l’attractivité de notre territoire. C’est l’objectif de notre Plan Tourisme qui représente 300 M€ qui vont être investis dans six filières d’excellence de notre région : la montagne, bien sûr, mais aussi la pleine nature, les itinérances, le thermalisme, la gastronomie et l’œnotourisme. À cela, s’ajoute un soutien
à l’hôtellerie indépendante, aux centres de vacances et à la rénovation d’hébergements professionnels. Avec ce plan, nous avons à cœur de favoriser le développement d’un tourisme local qui met en avant nos traditions et l’histoire de notre territoire. Il ne se superpose pas au Plan Montagne, les deux sont complémentaires. »
Dans la diversification des stations été comme hiver, point central du Plan montagne 2, quelle place l’innovation peutelle prendre ?
« Effectivement, l’innovation est au cœur de notre action. C’est en proposant de nouveaux équipements et de nouvelles expériences que nos stations parviendront à se démarquer et à attirer de nouvelles clientèles. Je pense, par exemple, au développement de l’usage des vélos électriques ces dernières années qui a stimulé la fréquentation en été, comme en témoigne la station des Gets, devenue une référence en Europe en la matière. C’est aussi l’innovation qui nous permet de limiter l’impact environnemental des équipements en réfléchissant à leur usage sur plusieurs saisons, à l’utilisation de nouveaux matériaux pour leur réalisation ou encore aux contraintes morphologiques des sites. Quelques exemples qui illustrent le sens de ce que nous voulons faire dans notre région : relever les défis environnementaux non pas par la décroissance, que nous proposent certains extrémistes, mais par l’innovation, l’investissement et le travail en commun avec nos entreprises et les acteurs de nos territoires. »
« L’innovation est au cœur de notre action »©CHARLES PIETRI, RÉGION AUVERGNE-RHÔNE-ALPES
Dominique
Thillaud, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA COMPAGNIE DES ALPES
Investir et s’investir
Vous avancez rapidement pour réduire votre impact écologique. Même si la saison n’est pas terminée, pouvezvous déjà dresser un pré-bilan environnemental de cet hiver ?
Je n’ai pas les chiffres définitifs mais d’ores et déjà notre décision de plus avoir recours sur aucun de nos domaines aux énergies fossiles va nous permettre de réduire de près de 70% nos émissions de CO2 sur les Scopes 1 et 2 (chiffre exact à confirmer en fin de saison). Pour nous c’est très important. Et j’ajouterais que sur les domaines sur lesquels nous n’assurons pas le damage (Tignes, Val d’Isère et Les Menuires) nous avons pris à notre charge le surcoût du HVO (bio-carburant). Nos 8 domaines sont les seuls en France à ne plus utiliser d’énergie fossile pour le damage. Pour ce qui est du Travelski Express (trains affrêtés depuis Londres), nous n’avons pas encore les chiffres puisque l’opération se poursuit jusqu’au mois d’avril, mais le remplissage et très satisfaisant. On espère pouvoir poursuivre l’expérience. De plus, cette année nous avons rajouté des trains depuis Paris vers Bourg-Saint-Maurice ou Modane.
En tant qu’acteur majeur en montagne, considérez-vous que vous devez être un exemple pour toute la filière ?
On fait tout ce qu’on peut pour aller dans le bon sens. Si d’autres veulent nous suivre, libre à eux. On a notre objectif, il est annoncé, vérifié chaque année. On est à fond sur nos domaines, en étroite collaboration avec les élus de ces stations. On fait ça tous ensemble et on le fait avec une réelle conviction et envie. L’environnement est un sujet grave que nous devons traiter, nous le traitons comme une entreprise normale, c’est-à-dire loin des opinions, avec ordre, méthode, discipline et dans la durée. L’enjeu est très important puisque nous allons investir d’ici à 2030 plus
de 50 millions d’euros uniquement pour l’atteinte du net zéro carbone. Nous sommes tellement engagés, pour nous, pour nos clients et pour les élus et habitants des communes des stations, que nous avons alloué des moyens exceptionnels.
Vous visez le Net Zéro Carbone Scope 1 et 2 d’ici 2030. Concernant le Scope 3, quelles sont vos ambitions ?
Nous voulons que les choses soient carrées et scientifiques. C’est pourquoi dans un premier temps nous allons faire calculer notre Scope 3 en tonnes de CO2 pour la totalité de nos sites d’ici 2024. D’ici là, on prend des initiatives, notamment avec les trains. On fait travailler des entreprises de la région et des gens qui sont engagés dans une démarche conforme aux accords de Paris. On n’apporte plus notre assistance technique sur des projets de stations de ski ou d’activités type « Snow Dome » à l’international s’il n’y a pas assez de neige naturelle. Il y a d’autres postes sur lesquels nous travaillons, le Scope 3 est un sujet sur lequel nous allons contribuer, et fortement. Nous ne faisons pas de compensation, mais de la réduction en dur, et pour les émissions résiduelles, nous faisons de la séquestration locale par des plantations. Nous avons signé le plus gros accord jamais signé en France avec L’ONF pour mener ce projet.
Y a-t-il une volonté du groupe d’intégrer sur ce chemin vertueux les acquisitions récentes, voire d’en faire des alliés ?
Nous avons racheté MMV en fin d’année dernière. Evidemment, ils vont atteindre eux aussi le net zéro carbone, ils font partie du groupe. Pour les Scopes 1 et 2, c’est obligatoire a minima pour faire partie de la compagnie des Alpes. Nous n’avons pas d’ambition dans les restaurants d’altitude, les magasins de ski, les
L’environnement est un sujet grave. Nous le traitons comme une entreprise normale, c’est-à-dire loin des opinions, avec ordre, méthode, discipline et dans la durée.
écoles de ski, il y a d’autres opérateurs qui font cela très bien. En revanche dès qu’une activité impliquera l’augmentation des lits chauds, on va s’y investir, notamment sur la rénovation des passoires thermiques du siècle dernier, où il y a un chantier énorme à mener. Le sens de l’histoire va vers la rénovation. C’est surtout pour cela que nous avons acheté MMV, avec leurs compétences et leur savoir-faire, pour participer avec d’autres à la rénovation de ces passoires thermiques. Il faut passer du studio ou deux pièces cabine à un produit qui soit attractif été comme hiver. Rénover avec un minimum de services, d’activités offertes pour les visiteurs. Dans cette optique, nous avons acquis Evolution2 car c’est l’opérateur de référence sur les activités outdoor, notamment l’été. Cette acquisition permet d’enrichir et d’améliorer l’attractivité de la montagne l’été, dans la logique d’une diversification nécessaire.
AIMER LE FUTUR
C’est transformer son expérience pour innover
Guilbaut Colas
Et vous, comment
aimez-vous le futur ?
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Charlotte Rotureau, ACCOMPAGNATRICE DU CHANGEMENT, FONDATRICE D’EVVI (EVÈNEMENT VIVANT)
Comment adapter l’évènementiel à l’heure de la transition écologique ?
Comment impulser la prise de conscience nécessaire à la transition de l’évènementiel vers un modèle plus durable ?
« Il y a des niveaux de prise de conscience différents, liés à un attachement plus ou moins fort au modèle traditionnel des évènements. Selon moi, il y a 3 niveaux à franchir pour réinventer les modèles.
Le niveau 1, c’est le niveau « écoresponsabilité » : quelles actions je mets en place sur le transport, les déchets, l’alimentaire, la sobriété énergétique, l’eau. Il n’y a pas encore de plan coordonné mais des actions. C’est une étape importante mais pas suffisante pour faire face aux enjeux actuels et à venir.
Le niveau 2, correspond à la « structuration » d’une démarche globale. Là on vient déjà questionner le modèle plus en profondeur en travaillant sur plusieurs axes : le bien-être au travail, la gouvernance partagée et notamment la répartition du pouvoir et de la capacité d’agir, l’engagement de nos bénévoles et de nos partenaires, nos politiques d’achat, etc. On questionne nos valeurs, notre vision, nos impacts. On aborde une vision systémique du sujet en interrogeant le rôle de notre événement et son héritage, l’empreinte qu’il laisse sur le territoire.
Enfin le niveau 3, c’est le niveau « transformation ». Là on vient casser les codes par la projection : comment je pense mon évènement à 5 ou 10 ans pour aller vers un monde plus respectueux du vivant ?
Çaquestionne le sens même du projet sur un territoire. Accompagner le changement, c’est amener à passer d’un niveau à l’autre.
Comment construit-on alors cette démarche collective de transition ?
« L’évènementiel est un enchaînement de tâches et d’actions réalisées par des personnes et des organisations. C’est un village qui doit faire face aux mêmes difficultés qu’un territoire dans une échelle temps réduite. Tous les acteurs de la filière doivent se mettre en mouvement pour changer : organisateurs, prestataires, sponsors, villes hôtes et même le public dans sa manière de consommer l’évènement. Aller au-delà de l’éco-responsabilité va demander aux acteurs de la filière de changer de regard sur la construction et le sens des événements. Ceci va déboucher sur des choix qui auront un impact sur l’écosystème et le territoire. En tant qu’organisateur, il va falloir accepter de réinterroger le juste dimensionnement des événements, leurs périmètres d’attractivité, leurs formats et durées. Ceci va nécessiter de créer des espaces de dialogue, de débat pour permettre à toutes les opinions de s’exprimer. Il va s’agir de sortir des logiques compétitives pour créer de la coopération et de l’entraide. On le sait, l’aspect économique est un gros frein au changement, alors pourquoi n’envisageonsnous pas des levées de fonds pour l’innovation écologique et sociale comme on le fait pour la technologie ? Ces financements permettraient de créer les espaces sécurisés pour essayer de nouvelles modalités de faire et d’organiser. »
Se réinventer est une opportunité d’incarner les valeurs d’un nouveau monde ?
« Les événements peuvent être considérés comme des laboratoires de la transformation. Pourquoi ne pas tester de nouveaux dispositifs ou politiques publiques via ces créneaux de communication ?
Les événements peuvent être considérés comme des laboratoires de la transformation. Pourquoi ne pas tester de nouveaux dispositifs ou politiques publiques via ces créneaux de communication ?
Les événements contribuent à faire vivre des imaginaires, à nous de savoir quelles valeurs et éthiques nous voulons partager et insuffler à travers ces rassemblements publics. Pour permettre une transférabilité des pratiques écologiques d’un événement à la maison, il n’y a pas de secret, il faut que le public y soit confronté régulièrement. L’événement peut donc avoir un rôle clé pour construire une mutation sociétale profonde. »
QUEL BILAN CARBONE POUR LES MONDIAUX DE SKI ALPIN 2023 À COURCHEVEL-MERIBEL
Avec 12 jours de compétition, 600 athlètes de 75 nations et 150 000 spectateurs, les mondiaux de ski alpin se classent dans la catégorie des évènements à impacts. Aussi, dès la candidature, le comité d’organisation a signé la charte des 15 engagements écoresponsables élaborée par le ministère des Sports et WWF.
Pour aller plus loin, une politique RSE a été mise en place, organisée autour de 9 objectifs stratégiques chiffrés et 4 grandes thématiques que sont la préservation des écosystèmes, l’écoresponsabilité, l’inclusion des publics et la sensibilisation. La volonté : transformer l’éphémère en pérenne et laisser un héritage aux prochaines générations.
DEVELOPPEMENT DURABLE : pour acter ses engagements, le championnat du monde de ski alpin 2023 est le 1er évènement de sport d’hiver à se lancer dans la certification ISO 20121, la seule norme pour des systèmes de management responsable appliqués à l’activité événementielle.
MOBILITE : transporter 3000 à 5000 personnes/jour en transport en commun – 90 véhicules de la flotte RATP Dev dont 17 roulant au bioGNV – pour assurer les liaisons régionales, locales et intersites.
RESTAURATION : recyclage de 80% des déchets. Priorité donnée aux emballages écoresponsables.
ELECTRICITE : raccordement au réseau électrique pour éviter les groupes électrogènes : 100% des besoins couverts, hors production TV. De même que 100% de la neige de culture produite à partir d’électricité renouvelable.
SENSIBILISATION & INCLUSION : 6 000 jeunes sensibilisés à la protection de la montagne et au réchauffement climatique. 25 % du public a bénéficié de tarifs réduits ou de gratuité. Pour privilégier les locaux et les clients des stations, six fans zones gratuites étaient accessibles à ski le long des pistes afin de suivre les épreuves.
BILAN CARBONE : un objectif de 20 % de réduction des émissions de CO2 par rapport au bilan carbone des finales de la Coupe du monde organisées en 2022 sur les mêmes sites. Concrètement : passer de 192 kg de CO2 émis par spectateur à 100 kg.
Ingrid Beutler et Neil Beecroft, collaborateurs de l’agence The Shift, ont aidé l’évènement mondial à réduire son empreinte carbone. Mission réussie… LE NOUVELLISTEINNOVATIONS MONTAGNE : DÉJÀ LÀ ET À VENIR
Par Cécile Ronjat et Marie-France SarrazinL’ENJEU DE LA RESSOURCE EN EAU EN MONTAGNE
INNOVATIONS MONTAGNE : DÉJÀ LÀ ET À VENIR
RESERVES D’ALTITUDE ET ABREUVOIRS À VACHES
La sécheresse de l’été 2022 a pointé du doigt les enjeux du partage de l’eau en montagne. A Saint-Gervais, la création en 2018 d’un lac de 35 000m3 pour la production de neige de culture a permis la réhabilitation de l’alpage de Joux, abandonné depuis 70 ans. « Nous avons l’immense chance d’avoir ce partage d’eau avec la STBMA de Saint-Gervais et pouvoir abreuver les animaux avec l’eau de la retenue collinaire. Sans ça, on ne pourrait pas rester ici l’été » explique Flavie Melendez-Rigole de la ferme des Roches Fleuries. Aux Saisies, sur les 4 lacs artificiels, 3 sont mis à disposition des agriculteurs en été. En complément, les travaux de la nouvelle télécabine de Rosière ont permis d’enterrer 4km de canalisation jusqu’au sommet de Bisanne, également destinées à l’adduction d’eau pour les éleveurs des différents versants. Ces exemples du partage de l’eau entre tourisme du ski et agriculture, montrent les enjeux essentiels de la gestion multiusages de la ressource dans un monde qui se réchauffe.
ELLE A DIT
Daniela Santanchè, ministre italienne du Tourisme
« La neige produite artificiellement peut être restituée à l’agriculture : après des mois de sécheresse un cercle vertueux se crée »
(Table ronde sur l’urgence neige dans les Apennins, janvier 2023)
A
Le système hydraulique utilise la force de l’eau qui circule dans le réseau de neige de culture de La Thuile pour faire tourner les deux turbines qui produisent l’électricité injectée ensuite sur le réseau électrique italien de la Compagnie des eaux du val d’Aoste.
Quand les enneigeurs produisent de l’électricité propre
Depuis l’installation de turbines hydroélectriques sur son réseau de neige de culture il y a presque 6 ans, le domaine skiable de La Thuile en Italie produit de l’énergie propre. Le système hydraulique capte de l’eau d’une source en altitude, acheminée vers les turbines en bas de la station via le réseau d’enneigement. L’électricité ainsi produite est ensuite vendue au réseau électrique italien. Ce projet mené par le constructeur savoyard MND Group, ancre une expertise nécessaire dans l’accompagnement des domaines skiables vers la durabilité et la pérennisation des infrastructures hors saison hivernale. A Serre-Chevalier aussi l’usine à neige se transforme en microcentrale hydroélectrique dès l’hiver passé, et l’initiative va être dupliquée Aux Arcs, à Tignes et aux Menuires.
STEPSOL, UN STOCKAGE
D’ÉNERGIE ROBUSTE
QUI VIENT S’INSÉRER INTELLIGEMMENT
DANS LES ÉQUIPEMENTS DE PRODUCTION DE NEIGE DE CULTURE
La solution STEPSol brevetée après 3 ans de recherche et développement avec le CEA et l’INP Grenoble, utilise les retenues de montagne et les canalisations de stations de ski. Le principe, simple, de ce stockage d’énergie repose sur le fonctionnement de la STEP*: une pompe fait monter l’eau du bassin bas vers le bassin haut quand le coût de l’énergie est bas, l’eau redescend et actionne une turbine quand le coût de l’énergie est élevé. Au-delà de la belle idée de créer un actif de stockage en réutilisant les équipements de neige de culture et ce de manière non invasive, où est l’innovation ? STEPSol a développé un outil de dimensionnement spécifique et des algorithmes de pilotage pour optimiser le système. Après une étude de faisabilité technico-économique concluante réalisée dans les équipements de la station de Villard-de-Lans, un premier projet est en cours de développement. Il est également accompagné par l’intégrateur d’électricité savoyard Energy Pool.
Une étude de faisabilité technico-économique réalisée dans les équipements de la station de Villard-de-Lans s’est avérée concluante.
LE CHIFFRE
3, 2, 1
3, 2, 1 ce sont les chiffres de la centrale hydroélectrique de Grand’Maison. Trois, c’est le nombre de villes qu’elle peut alimenter en simultané (Grenoble, Lyon et Chambéry), et aussi le nombre de minutes qu’il faut pour démarrer la centrale et fournir de l’électricité au réseau électrique français. Deux, c’est l’équivalent du nombre de réacteurs nucléaires qu’elle représente en termes de puissance. Un, c’est son rang européen.
EVOQUA
Solutions mobiles et d’urgence utilisant des récipients en carbone pour éliminer les contaminants des flux de liquide et de vapeur.
SOS, LA TECHNO AU SECOURS DE L’EAU
Le rapport 2019 des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau estime que d’ici à 2050 la demande mondiale dépassera d’un tiers son niveau actuel. Pour économiser la ressource, la technologie avance des solutions. Piste 1 : la gestion des eaux usées. De la collecte, en passant par la distribution et l’utilisation, des systèmes de pompes, des équipements d’analyse et de traitements, des échangeurs thermiques et des systèmes de distribution permettent désormais de valoriser les eaux usées. Chez Evoqua Water, on innove par des équipements de désinfection et de filtration haute pureté. Thermo Fischer et Danaher commercialisent des technologies avancées de purification. Piste 2 : le suivi intelligent de l’eau par des capteurs, des logiciels et des réseaux intelligents connectés comme chez Itron, pour pister la consommation, l’utilisation, la distribution et même les fuites. Dernière piste : la technologie dans l’agriculture pour plus de durabilité et une gestion rationnalisée des besoins.
Le bien-être, carte maîtresse des stations thermales de montagne
Dans la stratégie de diversification des territoires de montagne, les communes thermales ont une carte à jouer, en quête d’une clientèle plus large et d’une image dépoussiérée.
Au sortir du Covid, qui a fortement impacté et impacte encore le thermalisme, et à l’heure du déploiement du Plan Avenir montagnes, l’Association nationale des élus de la montagne (Anem) a commandité une étude intitulée « Stations thermales de montagne, nouvelle destination bien-être ». « L’eau thermale et l’altitude ont des vertus reconnues, ces stations se trouvent au cœur d’un patrimoine naturel et culturel riche et possèdent déjà des infrastructures pour accueillir des touristes. Elles ont de l’or au bout des doigts », observe-t-on à l’Anem. Encore faut-il l’exploiter.
Ces 47 stations présentent des profils bien différents : certaines ne misent que sur le thermalisme, d’autres sont centrées sur la santé ou combinent sport et bien-être, d’autres encore proposent une offre généraliste mal coordonnée. Il ressort du rapport l’intérêt de ces stations à surfer sur les aspirations actuelles pour un tourisme plus vert, tourné vers le bien-être. Selon Atout France, depuis 2015, le secteur du bien-être connaît une croissance annuelle comprise entre 8 et 12% en France. 51% des stations thermales de montagne proposent déjà des activités bien-être, premier pas vers une conversion en destination bien-être qui revêt quatre profils prédominants : déconnexion-reconnexion, détente, santé ou ressourcement. L’étude de l’Anem pointe enfin la nécessité de structurer une stratégie collective nationale, en développant une identité commune et en construisant une offre cohérente. Pour entamer leur transition, ces stations peuvent s’appuyer sur des dispositifs dont plusieurs d’entre elles profitent déjà : le Plan Avenir Montagnes (31 stations concernées), Petites villes de demain ou Action cœur de ville.
Pyrénées, Vosges, Alpes, Massif Central, Jura : les grands massifs montagneux abritent 50% des stations thermales de France. En image ici le spa Aquensis à Bagnères-deBigorre.
HYDROÉLECTRICTÉ : ZOOM SUR LA CENTRALE DE GRAND’MAISON
En amont de la vallée de la Romanche, Grand’Maison est la Station de Transfert d’Énergie par Pompage (STEP) la plus puissante d’Europe avec 1800 MWe de puissance installée. La retenue supérieure (le barrage de Grand’Maison à 1695m, d’une capacité de 140 millions m3) est reliée 950m plus bas à un bassin inférieur (lac du Verney, 14,3 millions de m3). La centrale de Grand’Maison est composée de deux usines, une extérieure dotée de 4 groupes turbines et une autre souterraine constituée de 8 groupes réversibles, qui fonctionnent à la fois comme turbines et comme pompes. En période de forte consommation, la centrale turbine l’eau de la retenue supérieure, qui rejoint le bassin aval. En période creuse, l’eau du bassin inférieur est pompée vers la retenue supérieure. Le système permet ainsi de faire face rapidement aux pointes de consommation et d’utiliser l’électricité produite « en trop » dans les périodes de plus faible consommation.
Le dérèglement climatique, en particulier en montagne, où il est particulièrement tangible, impose une meilleure gouvernance de la ressource en eau, qui passe par une meilleure gestion des données. Watershed monitoring, à travers son logiciel Enki, propose une gestion intégrée et participative pour obtenir des informations géolocalisées et aider le décideur à prendre des décisions éclairées en matière de protection et de gestion. L’entreprise produit une analyse scientifique du bassin versant, des sources de pollution et de chaleur, et de l’utilisation du territoire ; une analyse de vulnérabilité en étudiant l’aménagement, la qualité des infrastructures, les compétences présentes dans les équipes. « On travaille de la source au robinet jusqu’au rejet pour développer des indices de performance et des communications entre les différents décideurs et le public », résume Sarah Goubet, chargée de projet. Agiro, gestionnaire de l’eau du bassin versant du lac Saint-Charles (Québec), a adopté le logiciel pour suivre la qualité et la quantité d’eau du bassin versant, proposer des plans de protection et de restauration et travailler sur un projet de solidarité amont-aval. En France, le Syndicat intercommunal du bassin d’Arcachon a développé une base de données sur la qualité de l’eau. « L’utilisation d’Enki a amélioré leur prise de décisions et la rédaction de leur rapport, qui leur prenait de quelques semaines à deux mois contre quelques jours désormais. »
PRÉDIRE L’APPARITION DES CYANOBACTERIES
Les cyanobactéries impactent non seulement la santé des écosystèmes mais aussi celle de l’homme et des animaux qui en ingéreraient ou se baigneraient dans les lacs, étangs et cours d’eau contaminés. Ces efflorescences d’algues bleu-vert tendent à se multiplier du fait du réchauffement climatique et présentent un risque sanitaire majeur impactant l’eau potable, la baignade, la pêche ou encore l’agriculture. « Il existe des méthodes pour les détecter depuis l’espace. Mais c’est trop tard car elles sont déjà là », résume Mathieu Damour, responsable intelligence artificielle chez Scalian. A travers le projet Nerthus, l’entreprise a développé une solution de prédiction de la contamination de l’eau par agent biologique sensible au réchauffement climatique, en récupérant des données spatiales, météorologiques et de terrain. Cet outil permet de prédire son apparition quelques jours avant pour alerter les décideurs, les consommateurs, les entreprises et les agriculteurs d’un territoire donné. « L’étude de faisabilité menée en 2021/2022 a démontré la viabilité commerciale de notre approche, sa faisabilité scientifique et technique. Le Centre national d’études spatiales a validé nos travaux. Nous sommes partis sur un process d’industrialisation qui va nous permettre de déployer cette solution dans différents territoires », annonce M. Damour.
Suivre la qualité d’une goutte d’eau, de sa source à son rejet
RESSOURCE EN EAU : L’INSTRUMENTATION NE FAIT PAS TOUT
D’ici 10 ou 20 ans, l’hydrosystème en montagne sera complètement bouleversé du fait du dérèglement climatique : une hausse de la température moyenne plus rapide qu’en plaine, une alternance entre très chaud et très froid beaucoup plus brutale, des précipitations similaires en quantité mais réparties différemment sur l’année, une évolution du régime des torrents, un pic de crue avancé au printemps et, de fait, un mode de remplissage des ressources en eau modifié.
Côté consommation, il faut s’attendre à une demande accrue en station, entre la multiplication des spas, la couverture en neige artificielle, le développement des micro-centrales hydroélectriques et des installations agricoles rendues possibles par des températures plus douces.
L’impact est aussi économique pour les territoires qui vivent des activités liées à l’eau.
« Entre la ressource en eau que l’on maîtrise moins mais qui va diminuer et les usages qui augmentent, comment faire ?, s’interroge Marion Douarche, géographe, directrice du bureau d’études Cimeo, à SaintChaffrey (Hautes-Alpes). On sait comment piloter l’énergie ou l’eau dans les tuyaux, mais piloter l’eau en milieu naturel, c’est plus dur. » D’autant plus que les sources d’information sur la ressource en eau manquent, sont disparates, et ne sont pas représentatives de tous les milieux. Même constat du côté des usages. Marion Dourache plaide pour une instrumentation pertinente doublée d’un suivi de terrain régulier pour affiner la connaissance. « Ça coûte cher mais c’est nécessaire. »
Le niveau du lac de Serre-Ponçon est scruté à la loupe du fait de ses multiples usages : alimentation en eau, production d’hydroélectricité, régulation des crues et tourisme.
Prédire le niveau d’une nappe phréatique
Le pôle intelligence artificielle d’Atos a mené un projet avec une vingtaine de partenaires de l’Hérault _ des collectivités, des syndicats mixtes, la chambre d’agriculture, l’Agence de l’eau, Météo France et d’autres entreprises technologiques sur la prédiction du niveau des nappes phréatiques et l’impact du changement climatique sur elles. L’outil développé exploite des données de piézomètres, de précipitations et de températures pour simuler le comportement d’une nappe. « Nous obtenons une bonne précision de prédiction sur deux à trois ans. Nous en sommes encore au stade des prototypes », annonce Antoine Olgiati, responsable innovation Sud-Est chez Atos. Ndlr : Un piézomètre mesure la pression des liquides.
MOBILITÉ, DAMAGE ET ENNEIGEMENT
START AND SKI à Valloire
Cette remontée mécanique est en pause en vous attendant et redémarre à votre arrivée. Pour limiter les dépenses énergétiques et préserver les ressources certains appareils peuvent être à l’arrêt en l’absence de skieurs.
LA NOUVELLE TÉLÉCABINE TROIS CÂBLES DE DOPPELMAYR
Doppelmayr a sorti une nouvelle télécabine trois câbles dénommée TRI-line, dont le premier modèle est en cours d’installation en Suisse, dans la station de Hoch-Ybrig. Elle cumule les avantages de la D-Line et du téléphérique 3S, tout en étant compacte. Ce nouveau produit se caractérise par une grande stabilité au vent, une emprise au sol réduite, une facilité et une rapidité de montage. Une télécabine connectée dont les fonctions peuvent être intégrées et contrôlées directement via le système de commande Doppelmayr connect, et compatible avec le système de pilotage autonome AURO. TRI-line permet d’embarquer jusqu’à 8000 passagers par heure, au sein de cabines de 20 places, dont 12 assises, qui s’adaptent à toutes les configurations, pour des activités été comme hiver en station ou encore en milieu urbain. Ses portes électriques s’ouvrent des deux côtés et assurent une entrée et une sortie de plain-pied, particulièrement adaptée aux personnes à mobilité réduite.
LA COMPAGNIE DES ALPES ABANDONNE LES ÉNERGIES
FOSSILES POUR LE DAMAGE
L’ensemble des domaines skiables opérés par la Compagnie Des Alpes a abandonné à l’hiver 2022/2023 les énergies fossiles pour le damage de ses pistes. C’est désormais une carburation HVO (Hydrotreated Vegetable Oil – Huile Végétale Hydrotraitée) qui fait tourner les moteurs. Biocarburant fabriqué à partir d’huiles végétales durables, ou à partir de retraitement des déchets (graisses et huiles végétales usagées – hors huile de palme), il est de même structure chimique qu’un carburant standard et ne présente aucune difficulté à être utilisé à 100% dans un moteur. Le carburant HVO réduit les émissions de CO2 de 90% et celles de particules fines de 65%. La migration de l’intégralité des 130 dameuses permettra, sur l’ensemble de la saison 2022-2023, une réduction de 9.900 tonnes équivalent CO2 à l’usage par an, soit l’équivalent de 72% des émissions carbone directes des activités montagne hors électricité.
90%
C’est la part du damage dans les émissions de CO2 d’un domaine skiable
LA NEIGE DE CULTURE, C’EST D’LA THERMODYNAMIQUE !
De l’air froid, de l’eau, voilà les deux ingrédients de la neige de culture. Point de chimie ou de produit magique. En pulvérisant, via les enneigeurs, des gouttelettes d’eau sous pression dans un air froid, elles gèlent et se transforment en cristaux de glace, qui à la fonte des neiges sont restitués à la nature. Les nouvelles technologies ont permis d’abaisser la température de démarrage des enneigeurs, rendant la production de neige possible à isotherme positif, avec les bonnes conditions météorologiques. Au regard de la faible hauteur de chute d’une neige de culture (du haut des enneigeurs ou des lances jusqu’au sol), la neige produite présente une structure de cristaux légèrement différente de la neige naturelle, et des flocons plus petits. Sinon pas d’autre différence dans le jeu des sept erreurs.
L’ALPE D’HUEZ PASSE A L’HYDROGÈNE
Pour avancer vers la neutralité carbone, l’Alpe d’Huez, un des domaines exploités par SATA Group, a testé à l’hiver 22/23 un prototype de dameuse à hydrogène issu du rétrofit d’une dameuse thermique. Cette phase de développement et de mise au point se poursuivra également sur l’hiver 2023-2024. SATA Group a déjà commandé à GCK (Green Corp Konnection) le retrofit de cinq dameuses et de trois bus à hydrogène.
Production de neige : quel investissement, quelle fiabilite ?
A la question de l’investissement, il faut bien opposer la variable du modèle des enneigeurs. Chez TechnoAlpin, le TR10, l’enneigeur ventilateur doté de la plus grande capacité d’enneigement sur le marché, produit dans des conditions idéales environ 10 camions de neige par heure. L’enneigeur ventilateur TR10 automatisé affiche un prix équivalent à un break de moyenne gamme, quand une lance représente un investissement d’un tiers de ce montant. La durée de vie du matériel couvre plusieurs décennies. Aujourd’hui, grâce à des systèmes de gestion intelligents intégrés aux machines, les enneigeurs modernes automatiques requièrent jusqu’à 30% d’énergie en moins que les installations manuelles. Quant à la ressource en eau : 1m3 d’eau permet de produire en moyenne 2,5 mètres cubes de neige, sachant qu’il faut 1 000 mètres cubes d’eau pour l’enneigement de base d’une piste d’un hectare (env. 30 cm de hauteur de neige).
ZOOM SNOWFARMING L’EXEMPLE DE BANFF SUNSHINE AU CANADA
En Alberta à Banff Sunshine, le snowfarming se pratique depuis le milieu des années 70. La station installe des kilomètres de clôtures au-dessus de la limite des arbres pour capturer les grandes quantités de neige soufflées par le vent. Sans cela, elle serait perdue ou répandue trop aléatoirement. Lorsque les pistes viennent à manquer de neige, le personnel étend alors cette réserve naturelle sur des zones ciblées. Avec un accès restreint à l’eau, empêchant la production de neige de culture, le snowfarming est un bon moyen de tirer le meilleur parti des ressources naturelles.
« C’est l’enneigement de Mère Nature que nous capturons », explique Ian Curran, directeur des opérations en montagne de Banff Sunshine.
« Nous utilisons les ressources disponibles et optimisons les conditions créées par la météo. »
ASCENSEURS VALLÉENS DANS
LES ALPES FRANCAISES
Si le Funiflaine (Magland/Flaine) a été abandonné, d’autres projets d’ascenseurs valléens sont en cours.
Au Pays du Mont-Blanc, le projet Saint-Gervais/Le Fayet estimé à 14 millions d’euros pourrait voir son chantier débuter au printemps 2023. En Tarentaise, la liaison Bozel/ Courchevel vise une mise en service à l’horizon 2024, pour l’heure la proposition de la Société des 3 Vallées, seul opérateur à avoir répondu à l’appel d’offre est en cours. En Oisans, le projet Bourg d’Oisans/Huez, estimé à 40 millions d’euros, est également en cours, avec une mise en service estimée à la saison d’hiver 24/25. Sont encore à l’étude : les projets Aime/La Plagne, Bourg-Saint-Maurice/ La Rosière, et Chamrousse Le Recoin/Roche Béranger. Enfin, d’autres projets sont évoqués, à des stades plus ou moins avancés de réflexion : la liaison entre Thônes et La Clusaz, entre Saint-Michel-de-Maurienne, Valloire ou Valmeinier dans les Alpes du Nord, la liaison entre Guillestre et Risoul, et entre Barcelonnette et Le Sauze dans les Alpes du Sud.
… ET A L’INTERNATIONAL
- Plus de 300 liaisons en Suisse
- Autriche : Le projet Vorarlberg Wälderbahn Dornbirn Lichtenstein collectivité porteur de projet 2 sites, le Penkenbahn à Mayrhofen, le 3S Eisgrat de Stubaier Gletscher, ….
- Italie : à Bolzano le téléphérique de Colle (Kohlerer Bahn), le téléphérique du Renon (Rittner Seilbahn), le téléphérique de San Genesio Atesino (JenesienSeilbahn)
- Chine, Vietnam, Pérou, Chili : installations d’ascenseurs vallée/ville/montagne pour l’accès à des sites touristiques
5 000 m3
C’est la réserve de neige nécessaire, conservée avec la technique du snowfarming, pour enneiger une piste de ski de fond de 3km.
C’EST LA DATE DE LA PREMIÈRE UTILISATION DE LA TECHNIQUE DU SNOWFARMING EN FRANCE, À PRÉMANON AU STADE DES TUFFES (JURA).
LA PAROLE A
Léo Guilbert, directeur de Nordic France, le gestionnaire national des domaines nordiques. « Le snowfarming est une forme de recyclage si on veut. La neige de culture se conserve mieux car elle est plus dense et elle résiste mieux aux aléas climatiques. »
Bessans a conservé 11 000 m3 de neige en 2021-22. D.
SNOWFARMING : OÙ EST LE PROBLEME ?
La traduction littérale « cultiver de la neige » est finalement une bonne projection de ce qu’est le snowfarming. Concrètement, il s’agit de conserver la neige d’un hiver à l’autre, neige de culture ou neige naturelle, en la stockant sous forme de gros monticules, isolés du redoux du printemps et des chaleurs de l’été par 50 centimètres de sciure de bois. A la fin de l’automne, la neige est débarrassée de sa sciure (conservée pour une prochaine utilisation), puis décompactée et étalée sur les pistes. Au domaine nordique des Glières, la technique permet une ouverture anticipée de la saison. Les Confins-La Clusaz, les Saisies, Bessans (11 000 m³ conservés à la saison 2021/2022) et le Grand-Bornand l’utilisent également.
La polémique ? L’utilisation des ressources en eau pour fabriquer, en complément de la neige naturelle, la neige de culture ensuite « snowfarmée ». C’est la controverse qu’a subi le Grand-Bornand en décembre 2022, lorsque 12 000m3 de neige stockée sur un site de plus haute altitude avaient été transportés par camion jusqu’au Stade Sylvie Becaert, afin de préparer les pistes des épreuves de la Coupe du monde de biathlon. La polémique questionnerait davantage la hiérarchisation des usages de l’eau que le procédé de conservation de la neige en lui-même.
SCIENCE : QUAND L’AVENIR DE L’ENNEIGEMENT SE LIT DANS LES CARTES
FUNIFLAINE ABANDONNE
Face aux surcoûts, le Funiflaine qui devait relier en moins de 20 minutes la vallée de l’Arve, au départ de Magland, à la station de Flaine en 2025 a été abandonné au printemps dernier. Estimé à 88.5 millions d’euros, le budget risquait une hausse de 30% pour absorber la flambée des prix des matières premières et le retard. Le Syndicat mixte Funiflaine (SMF) a adopté le 17 mai 2022 une délibération confirmant son arrêt.
Grâce à Climsnow (consortium Dianeige, INRAE et Météo-France), un outil de modélisation de l’évolution de l’enneigement, avec des perspectives allant jusqu’à 2100, les scientifiques sont désormais capables de prédire l’avenir de la neige en montagne. Dans les supercalculateurs tournent plusieurs données : l’altitude, l’inclinaison des pentes, l’orientation du soleil, la nature de la neige, la température ou encore la vitesse du vent, le tout modélisé sur des cartes en plusieurs scénarios, plus ou moins favorables selon le niveau des émissions de gaz à effet de serre. En offrant une visibilité sur l’avenir du manteau neigeux dans un monde qui se réchauffe, Climsnow éclaire les stations sur la viabilité des investissements en matériel de neige de culture et peut aiguiller sur des projets d’aménagement plus durables à horizon 2050 voire au-delà. Et ce pour chaque station, chaque piste ou même chaque sous-secteur de piste. En deux ans, l’équipe a déjà réalisé des projections pour 135 stations françaises dont les 48 de la Région Sud, qui lui a commandité une étude spécifique.
135
C’est le nombre de stations de ski étudiées depuis 2020 par Climsnow, l’outil prédictif du manteau neigeux mis en place par Météo France, Dianeige et l’Inrae.INNOVATIONS MONTAGNE : DÉJÀ LÀ ET À VENIR
Benjamin Beaudet, directeur général de Beti et Bertolami, élu talent européen mobilité 2022 lors de la European Mobility Expo
HUB DE MARCHANDISES EN MONTAGNE : EN REFLEXION
Après avoir testé en 2019 Beti, sa navette électrique autonome à Val Thorens, l’autocariste Drômois Bertolami poursuit ses réflexions sur le concept d’hôtel de marchandises en station. Le principe : un hub de marchandises en vallée servant de plateforme logistique, à partir de laquelle marchandises et passagers embarqueraient à destination de la station via une navette décarbonée. « En montagne, le concept a besoin de faire son chemin. Le temps de la réflexion est long eu égard à une priorisation budgétaire sur d’autres projets comme les ascenseurs valléens. Là où la navette historique de station était gratuite, la navette autonome se heurte à une autre réalité économique. Nous continuons donc notre pédagogie à l’égard des territoires de montagne et nous balisons le terrain réglementaire et juridique français » explique
Benjamin Beaudet, directeur général de Beti et Bertolami, élu talent européen mobilité 2022 lors de la European Mobility Expo. Si la montagne est encore en réflexion, la communauté de communes de Val de Drôme et la centrale électrique de Cruas-Meysse ont, elles, sauté le pas de la navette autonome avec la mise en service de véhicules Beti pour offrir aux usagers un service de mobilité horizontale automatisée.
TAXI VOLANT, LE FUTUR C’EST MAINTENANT
On promet des taxis volants dans le ciel parisien en 2024, pour les Jeux Olympiques. Le projet porté par la start-up allemande Volocopter, le groupe ADP et la RATP a déjà fait l’objet d’un vol en conditions réelles en novembre dernier. Les Volocity, ces aéronefs électriques à décollage et atterrissage vertical, pareils à des drones XXL surmontés de 18 rotors et 9 batteries, pourraient transporter deux personnes (le pilote et un passager), mais également servir dans les domaines de la logistique, de la maintenance et de la surveillance, du sanitaire et du transport médical. Deux lignes sont envisagées à Paris : de l’héliport d’Issy-les-Moulineaux à l’aérodrome de Saint-Cyr-l’École, et de l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle à un site implanté sur les quais d’Austerlitz. Si les vols de 2024 sont une vitrine, le développement commercial vise la fin de la décennie.
Le coût d’une course : le même que celui d’un VTC assure-t-on.
A quand les taxis volants en montagne ?
TRAVELSKI EXPRESS DE NOUVELLES DESTINATIONS EN 2022/2023. LES VACANCES AU SKI VONT BON TRAIN
Mis en place à l’hiver 21/22 au départ de la gare de Saint-Pancras à Londres (en remplacement de l’Eurostar supprimé depuis le Covid), Travelski Express accélère son développement en proposant dès l’hiver 22/23 le train depuis Paris vers de nouvelles stations des Alpes françaises. Avec ce changement de vitesse sur le rail, Travelski, le spécialiste des séjours aux sports d’hiver racheté en 2018 par la Compagnie des Alpes, entend bien faire de l’offre packagée train + séjour un levier de l’expérience client au service de la transition des territoires de montagne. « En tant que tour-opérateur, nous avons un rôle à jouer dans la transition économique des Alpes » explique Guillaume de Marcillac, son directeur général. Au bilan de la saison 21/22 sur la ligne Londres/Les Alpes 5000 britanniques transportés. Pour 22/23, l’offre s’étoffe donc au départ de la Gare de Lyon à Paris à destination de 5 gares des Alpes (Chambéry, Moûtiers, Bourg-Saint-Maurice, Saint-Jean-de-Maurienne, Modane), pour un total de 21 stations de ski desservies en Maurienne et en Tarentaise. 18 000 sièges sont proposés à la vente cette année.
SKIER SANS VOLER
Skier sans voler, c’est le leitmotiv de Ski Flight Free, une campagne visant à encourager les skieurs à voyager autrement que par avion pour se rendre dans les stations alpines. Dans le viseur : la réduction des émissions de CO2, et parmi les alternatives à l’avion : le train. Sur son site web et ses réseaux sociaux, Ski Flight Free pointe l’actualité des lignes ferroviaires en montagne, propose des études de cas ligne par ligne, décrypte l’usage des énergies renouvelables en station, partage des études sur les attentes clients en matière de voyage durable et l’aménagement des territoires. « Le changement climatique indique qu’il est temps d’essayer de voyager en train » explique Iain Martin, le fondateur de la nouvelle campagne Ski Flight Free. skiflightfree.org
LE MOT DE
Robi : mission accomplie
« Robi », le robot à bagages de la station Suisse de Saas-Fee, a rempli sa mission avec 450 trajets à l’été dernier et 660 kilomètres au compteur. Testé entre octobre et novembre 2021, puis à l’été 2022, l’assistant à bagages autonome contrôlé à distance a très bien été accueilli par la population et les vacanciers. Validé en mode « follow me » où il suivait le client, Robi a également été testé en mode automatisé avec repérage via une carte virtuelle. Ce projet pilote va désormais donner lieu à une phase d’évaluation des données test et des données comportementales des utilisateurs.
Anne de Bortoli, experte en transports de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées de Paris.
« Le niveau d’empreinte carbone du téléphérique urbain est trois fois moins impactant que le bus et cinq fois moins que la voiture ».
TCHOU TCHOU
LE DOMAINE SKIABLE SNOW SPACE SALZBURG (AUTRICHE)
ACHEMINE SES CLIENTS EN TRAIN GRATUITEMENT
Depuis cet hiver, il est possible, pour tout achat en ligne d’un billet de ski ou de randonnée à ski, de se rendre gratuitement dans l’un des grands domaines skiables Snow Space Salzburg à Flachau, Wagrain et St. Johann/Alpendorfen en transports en commun depuis toute la province de Salzbourg. Une initiative qui s’intègre dans la stratégie globale du domaine skiable de réduire de manière significative les émissions de CO2 et d’atteindre la neutralité carbone dès 2025. La réflexion sur le trafic (responsable d’environ 70% des émissions d’une journée de ski) s’avère la colonne vertébrale de la stratégie de développement durable de la station. Cette nouvelle offre est rendue possible grâce à une coopération entre Snow Space Salzburg Bergbahnen, l’Association des transports de Salzbourg et le Land de Salzbourg.
- Arrivée de tout le pays avec les transports en commun possible gratuitement
- Mesures de trafic régional et longue distance
- L’objectif est une journée de ski neutre en CO2
LE TELEPHERIQUE
URBAIN CONTRE LA POLLUTION
Mises en service au printemps 2022, les deux dernières lignes urbaines livrées par Poma, à Toulouse et à Saint-Denis de la Réunion, enregistrent déjà 1 million de voyageurs. La France, pionnière en Europe, ouvre la voie à une mobilité qui a du sens, en intégrant dans ses espaces urbains, un transport accessible à tous, rapide et écologique. Plus long téléphérique urbain jamais construit en France (3km), la ligne Toulousaine Téléo est capable de transporter 8000 passagers/jour, induisant de fait une réduction du trafic routier. A propos des téléphériques urbains, Anne de Bortoli, experte en transports de l’Ecole nationale des ponts et chaussées de Paris précise : « Ils présentent un très bon bilan carbone. Il faut absolument réduire au maximum les émissions de gaz à effet de serre en ville, et favoriser le transport en commun électrifié, c’est l’avenir ».
Focus : Comparatif : quel est le moyen de transport le plus polluant ?
1. 14 g de CO2/passager/km pour le train
2. 42 g de CO2/passager/km pour une petite voiture
3. 55 g de CO2/passager/km pour une voiture moyenne
4. 68 g de CO2/passager/km pour un bus
5. 72 g de CO2/passager/km pour un deux-roues motorisé
6. 285 g de CO2/passager/km pour un avion (source : rapports de l’Agence Européenne de l’Environnement - 2019) DR
Exit la motorisation thermique
GCK a fait de la décarbonation des transports sa spécialité.
L’entreprise savoyarde possède une expertise reconnue en matière de rétrofit électrique et hydrogène des véhicules thermiques. L’an dernier, l’exploitant du domaine skiable de L’Alpe d’Huez, Sata Group, et Resalp, l’exploitant des bus urbains de la station, lui commandaient respectivement cinq dameuses et trois bus à hydrogène rétrofités.
Comment ça marche ? Chaque dameuse est équipée d’un moteur électrique de 320 kW avec un couple maximal de 850 Nexton-mètre. La pile à combustible, capable de produire 150 kW, est alimentée par 70 kg d’hydrogène à 700 bars, couplée à une batterie.
Cette transformation n’impacte en rien le travail des conducteurs de dameuses, avec des capacités d’ascension et d’accélération similaires et une autonomie de huit heures. La Kässbohrer Pistenbully rétrofitée conserve ses caractéristiques fonctionnelles, capable de se déplacer sur des pentes fortes et d’atteindre une vitesse maximale de 23 km/h. « Nous finalisons l’intégration des éléments afin d’opérer des tests sur piste dès la fin de l’hiver en vue d’une mise en service de la première dameuse l’hiver prochain », indique Sébastien de Chaunac, directeur marketing de GCK.
Pour les bus, le processus d’homologation demeure plus long. « Ils sont testés en zone fermée sur le circuit de Charade, près de ClermontFerrand. » Leur mise en service devrait intervenir entre 2024 et 2025. GCK rétrofite aussi des véhicules utilitaires, des poids-lourds, des engins de chantier et même des bateaux. Elle honorera ainsi des commandes d’autocars rétrofités à l’hydrogène pour le transporteur ardéchois Ginhoux et la Région Auvergne-Rhône-Alpes, et équipera en moteurs électriques les cinq bateaux de croisière de la Compagnie des bateaux du lac d’Annecy.
2022 aura, globalement, été une année de très forte croissance pour le groupe, chapeautant huit sociétés, et passant de 65 à 150 collaborateurs. Une année notamment marquée par l’inauguration de son site industriel de Lempdes, dans le Puy-de-Dôme, et le lancement de sa société de distribution d’hydrogène, Flex’hy. « En 2023, nous passerons certainement la barre des 200 employés et visons le doublement de notre chiffre d’affaires. Nous continuerons de développer nos moteurs électriques et de combustion hydrogène et espérons l’homologation de la plupart des véhicules que nous rétrofitons pour pouvoir lancer la production en série de certains d’entre eux à la fin de l’année. »
BUS ELECTRIQUE :
VALBUS AU COURANT
A Val d’Isère, l’ensemble du réseau de transport en commun gratuit, Valbus, abandonne les énergies fossiles au profit d’une énergie plus propre. Toute la flotte sera progressivement renouvelée, avec un objectif de 15 bus électriques d’ici 2025 et une économie attendue de 18 tonnes d’équivalent CO2 par an et par véhicule.
QUADRICYCLE TOUT TERRAIN
E-Spider, c’est son nom, est un quadricycle tout terrain, électrique, léger, silencieux et respectueux de l’environnement. Il développe des capacités de franchissement inédites et son look unique a déjà fait le buzz sur les réseaux sociaux. Construit par la société drômoise Swincar, il évolue en silence en terrain accidenté grâce à quatre roues motrices et directrices, totalement indépendantes, assurant une liaison au sol optimisée. E-Spider est accessible à tous, y compris aux personnes à mobilité réduite.
INNOVATIONS MONTAGNE : DÉJÀ LÀ ET À VENIR
TIGNES LANCE SA PLATEFORME DE RESERVATION DE TRANSPORTS MULTIMODAUX
GoTignes est une plateforme de réservation de transport basée sur la technologie unique d’Antidots. Elle permet de réserver et payer en une fois son trajet en intégrant tous les modes de transport, et en privilégiant les alternatives les plus vertueuses. Sur chaque itinéraire, les émissions de CO2 et le temps de transit sont affichés, et la solution la moins carbonée est proposée par défaut. GOTignes.net offre ainsi un compagnon de voyage sur-mesure qui optimise les trajets tout en incitant à la réduction du bilan carbone.
BESOIN ELECTRIQUE CROISSANT
La neutralité carbone à horizon 2050 impose de remplacer l’énergie fossile par une énergie plus propre. Sur les 1600 terawattheure consommés en France aujourd’hui, une très grande partie provient des énergies fossiles et 25% de l’électricité. « Même en réduisant nos consommations de 40%, le recours à l’électricité sera croissant (55%) », annonce Gilles Odone, délégué RTE Méditerranée. L’organisme a regardé quels étaient les moyens possibles pour fournir cette électricité et a bâti 14 scénarios. Si la France choisit de sortir du nucléaire et atteint 100% d’énergies renouvelables en 2050, « d’un point de vue électrique, c’est possible, mais il faudrait avoir 21 fois plus de solaire, 4 fois plus d’éoliennes terrestres, implanter 62 giga watt d’éoliennes en mer ». RTE a monté un scénario avec 50% de nucléaire et 50% d’énergies renouvelables et un autre mixant 26% de nucléaire avec de l’énergie renouvelable. « Tous les scénarios imaginés tiennent électriquement la route. Plus on intégrera dans la production des énergies renouvelables, puis il faudra augmenter les interconnexions puisqu’on aura davantage besoin des pays voisins », prévient Gilles Odone.
GERER FINEMENT SON APPORT EN NEIGE DE CULTURE
Produire la bonne quantité de neige, au bon moment, c’est ce que permet Prosnow, une interface web interactive financée par l’Europe, conçue par 13 partenaires scientifiques, dont Météo France et Dianeige, et 9 stations pilotes allemandes, suisses, autrichiennes, italiennes et françaises. L’outil fournit aux exploitants des domaines skiables des projections quotidiennes ou saisonnières, à l’échelle d’une station, d’un secteur. Son petit-frère, Tipsnow, développé par Météo France et Dianeige, permet de savoir si, avec un stock de neige donné, une station est capable de tenir jusqu’à la fin des vacances ou de la saison.
Tipsnow permet de savoir si la quantité de neige sera suffisante pour tenir jusqu’à la fin de la saison.
La neutralité carbone à horizon 2050 impose de remplacer l’énergie fossile par une énergie plus propre.
ANTIDOTS FREEPIKRECHARGE FLEXIBLE
A l’horizon 2050, est-ce que les 30 millions de véhicules électriques présents sur le marché seront gérables ?
Si tout le monde se met à l’avenir à charger son véhicule en même temps et dans un même périmètre, ça peut poser problème. Consommer au meilleur moment, c’est le nerf de la guerre. Partant de ce postulat, le projet aVEnir, piloté par Enedis pour le compte de l’Ademe, en collaboration avec les universités de Grenoble et d’Aix-Marseille, se projette dans le déploiement à large échelle de la recharge intelligente des véhicules électriques et la nécessaire flexibilité que cela induit. Ce projet, d’un coût de 10 M€, repose sur l’étude de 12 sites en condition réelle, qu’ils se trouvent en voirie, en résidentiel ou en tertiaire, et l’analyse de 42 enquêtes sur les comportements des usagers. Il rassemble une grande partie de l’écosystème de la mobilité : Enedis, les constructeurs de voitures, fabricants de bornes, fournisseurs d’énergie, opérateurs de bornes... « La flexibilité, c’est amener son véhicule au moment le plus opportun pour le brancher, par exemple lors d’une production excédentaire locale photovoltaïque, ou le brancher plus longtemps. Il faut informer les usagers en amont et mettre une tarification incitative », propose Frédéric Rychen, professeur à la faculté d’économie et de gestion d’Aix-Marseille. « La voiture peut aussi être déchargée pour alimenter le système en cas de pic de consommation », ajoute Gilles Odone, délégué RTE Méditerranée.
DAMEUSE QUATRE SAISONS
Une dameuse est conçue pour circuler sur la neige, pas sur d’autres revêtements, au risque de détériorer son chenillage. IDM a conçu ColorLine, un chenillage été/hiver, qui répond aux enjeux climatiques et de diversification des activités. Ses barrettes en aluminium et polyuréthane permettent de rouler sur de la neige dure, molle, de la terre, du béton, de sortir d’un garage, traverser une route, damer de faibles épaisseurs de neige, d’arpenter tout type de chemins pentus. Tout en déplaçant la neige efficacement, ce qui est sa fonction première !
Consommer local
« Vu le poids des batteries que contient un véhicule électrique, il faut un électron local pour l’alimenter pas un électron qui aura parcouru 400 km, sinon on aura raté le pari », considère Stéphane Raizin, directeur général de Territoire d’énergie des Hautes-Alpes. Consommer de l’électricité produite localement signifie gagner sur les pertes, de manière générale. « Mais il ne faut pas dépendre exclusivement d’une production locale qui reviendrait à multiplier les systèmes de production. Pour alimenter une maison, il faut un grand nombre de panneaux photovoltaïques, voire de batteries pour consommer la nuit, soit des investissements lourds. La mutualisation a quand même du sens. Bien sûr, il faut varier les moyens : l’éolien, le photovoltaïque, l’hydroélectrique. Aujourd’hui, la production est très centralisée mais petit à petit se décentralise », analyse Gilles Odone, délégué RTE Méditerranée.
LA LEITHWOLF H2 MOTION, LA PREMIÈRE DAMEUSE À
MOTEUR HYDROGÈNE AU
MONDE
A l’occasion de la coupe du monde de ski organisée à Flachau, en Autriche, le constructeur de dameuses italien Prinoth a présenté la première dameuse à moteur hydrogène au monde, la Leithwolf h2 Motion, équipée d’un moteur à combustion interne du groupe italien FTP Industrial, le XC 13. Un moteur flexible multicarburant conçu à partir d’une base unique. Ce moteur version hydrogène de 13 litres et six cylindres délivre une puissance de 460 ch (338 kW) et 2000 Nm de couple. L’hydrogène est stocké dans cinq réservoirs situés à l’arrière de la dameuse et permet plus de trois heures d’autonomie. La Leithwolf h2 Motion, encore en phase de test, n’est pas encore mise sur le marché.
IL A DIT
« Un véhicule électrique, c’est une batterie sur quatre roues qui peut rendre des services à la maison. Il contient plus de cinq jours de consommation électrique d’un ménage moyen, largement de quoi passer les pointes. »
Stéphane Raizin, directeur général de Territoire d’énergie des Hautes-Alpes
INNOVER POUR UNE MOBILITÉ DURABLE
Évolutivité, adaptabilité, durabilité, sobriété… Soucieuse de réduire l’empreinte de l’Homme sur l’environnement, POMA concentre le meilleur de son innovation dans une sélection de produits et de services plus performants et éco-responsables.
Au sein d’une initiative baptisée LIFE R’way (Low Impact For the Environnement), le groupe français s’inscrit dans une démarche de Développement Durable et s’engage sur les axes d’amélioration suivants : moins de matières premières, moins d’énergie dans les process de fabrication, sécurité des travailleurs avec moins de consommables et d’impact chantier, consommation énergétique réduite, circuits courts, recyclabilité ou revalorisation en fin de vie...
Coup d’œil sur quelques-unes des solutions POMA pour une mobilité douce et durable :
• JUSQU’A 20% DE GAINS ÉNERGETIQUES AVEC
ÉCODRIVE, qui régule de façon automatique la vitesse d’un téléporté en fonction de l’affluence.
ECODRIVE est entièrement paramétrable et offre un suivi des gains d’énergie interfacé avec la plateforme de services digitalisés SKADII.
• LES BANDAGES INNOVANTS CODÉVELOPPÉS
PAR POMA et MICHELIN offrent une solution performante sur l’ensemble de leur cycle de vie. Jusqu’à 10% d’économies d’énergies grâce à leur faible résistance au roulement, une durée de vie doublée, une fabrication française avec un processus peu carboné, des matériaux biosourcés, la prise en charge de leur recyclage en fin de vie… Les produits seront disponibles courant 2023 pour une mobilité encore plus durable !
• L’OPTION POWER, LA RÉPONSE SOLAIRE grâce à des panneaux photovoltaïques semi-rigides innovants installés en toiture de gare et à la surface spécialement conçue pour optimiser le rendement des cellules. Labellisés « PV Cycle » par une organisation internationale qui gère leur fin de vie et leur recyclage, les modules intégrés en toiture de gare LIFE permettent de produire jusqu’à 28% d’énergie en plus.
www.poma.net
INNOVATIONS
C’est la somme investie en 2022 sur les domaines skiables français.
En hausse de 41,8 % par rapport à la saison précédente et supérieur de 17,1 % à la moyenne décennale, ce montant s’affiche comme le deuxième plus haut de la décennie. En France, les exploitants ont ainsi réinvesti cette année 26,1 % de leur chiffre d’affaires hors taxes.
Damage optimal
Economiser du carburant, du CO2, de l’eau, de l’électricité et gagner en productivité, c’est ce que permet le procédé développé par l’entreprise Snowsat, adopté, entre autres, par la station de L’Alpe d’Huez. Grâce à un GPS embarqué au sein de sa dameuse, le conducteur connaît précisément l’épaisseur du manteau neigeux, sous son véhicule et même jusqu’à 50 m à l’avant, ou encore sur les côtés, sur une superficie pouvant atteindre 2600 m² avec SNOWsat LiDAR. Il peut ainsi optimiser le damage, déplacer la neige de manière ciblée, créer une piste homogène, y compris lorsqu’il y a peu de neige disponible, et maximiser le nombre de jours skiables. Autre avantage corollaire : les données sur les hauteurs de neige contribuent à une planification plus fine de la production de neige de culture.
Grâce au GPS embarqué, le conducteur connaît précisément l’épaisseur du manteau neigeux.
CM DUPON SORT LA PREMIÈRE DAMEUSE ÉLECTRIQUE AU MONDE DE TAILLE STANDARD
L’an dernier, lors du salon Mountain Planet, Romain Dupon, à la tête de CM Dupon, à Pontcharra (Isère), a présenté la première dameuse entièrement électrique au monde de taille standard, conçue à la demande de la Compagnie des Alpes (CDA). Testée à La Plagne l’hiver dernier à l’issue de deux ans de travail, le modèle de présérie de l’Alpine B400 est mis sur neige cet hiver pour valider son industrialisation en vue de sa commercialisation. Le constructeur est en discussion avec plusieurs stations françaises et étrangères pour déployer ce modèle.
Cette dameuse électrique, entièrement rechargeable en deux heures, présente une autonomie de six heures, un rendement
énergétique deux fois plus important que que celui d’un véhicule thermique, une puissance de traction instantanée et une durée de vie accrue, estimée à 10 ans, contre 7 ans en moyenne pour le thermique. Si elle est plus chère à l’achat, elle l’est finalement moins en prenant en compte les frais de fonctionnement. « La machine est plus simple à entretenir car elle n’a plus d’hydraulique de haute pression. Elle est aussi rétrofitable », argumente Romain Dupon.
La CDA, toujours en quête de décarbonation, a demandé à CM Dupon de développer un range extender H2, une motorisation à hydrogène, que l’exploitant devrait tester en 2024 dans l’une de ses stations.
La première dameuse entièrement électrique au monde de taille standard a été présentée l’an dernier, lors du salon Mountain Planet.
LA TECH
D’AUJOURD’HUI
Le système ConnX développé par LEITNER, a pour base un téléphérique dont la cabine en gare se transforme en véhicule autonome qui peut ensuite continuer sur sa propre voie.
L’intelligence artificielle s’invite dans le milieu du drone
L’ascension du drone ne fait que commencer, en particulier en montagne où l’engin offre de multiples applications : recherche de victimes d’avalanches, maintenance et inspection technique évitant à l’homme de prendre des risques, cartographie d’une zone en 3D, thermographie des infrastructures, nivologie... Val Thorens et Serre Chevalier se sont déjà emparées de l’outil et ont fait appel à Patrolair pour les y aider. La jeune société d’Aix-en-Provence est avant tout un organisme de formation des télépilotes professionnels de drones. « Notre spécialité : former les dronistes à l’utilisation de la machine pour des missions particulières », indique Antoine Fleischmann, directeur général de Patrolair. Car un drone mal maîtrisé peut vite s’avérer dangereux. Pour compléter ses prestations, Patrolair vient de lancer UAV Suite, un outil reposant sur l’intelligence artificielle pour suivre l’exploitation, améliorer l’efficacité et la sécurité des missions. Il s’agit d’une base de données mutualisée assurant un retour d’expérience entre utilisateurs. Une première mondiale. « Cet outil existait dans l’aéronautique, pas dans le secteur du drone. Cette première version ne demande qu’à s’enrichir. » Elle le sera petit à petit grâce à la filiale R&D créée par Patrolair.
UAV Suite assure une traçabilité du comportement du pilote et de son drone pour en tirer des enseignements partagés.
FOCUS : L’HYDROGÈNE SOLIDE, DE QUOI PARLE-T-ON ?
En 2008 la société grenobloise McPhy développait une première mondiale avec le stockage d’hydrogène solide sous forme d’hydrures métalliques. Le procédé de base : l’hydrogène absorbé par du magnésium. Broyé en fine poudre, le magnésium offre une grande surface de contact avec l’hydrogène. L’ajout d’additifs permet ensuite d’accélérer le processus d’hydrogénation et de déshydrogénation du magnésium. Selon la température et la pression du milieu, les atomes d’hydrogène sont « absorbés » ou « désorbés ». L’hydrogène ainsi capturé est stocké sous la forme de pastilles d’hydrures de magnésium et peut être utilisé à la demande grâce à un équipement de reconversion d’hydrogène en électricité. Le stockage est totalement réversible et la quasi-intégralité de l’énergie hydrogène stockée est récupérée au terme du processus. D’autres hydrures métalliques que ceux de magnésium peuvent être employés pour des applications particulières comme le stockage embarqué pour les transports.
INTÉGRER LE PHOTOVOLTAÏQUE FLOTTANT EN MONTAGNE
La start-up savoyarde HéliosLite travaille à intégrer le photovoltaïque flottant au milieu extrême de la montagne, via la pose de trackers solaires sur retenues collinaires ou barrages d’altitude. Parmi les dossiers en cours : le projet expérimental HéliosLite / Société des 3 Vallées pour le déploiement d’une centrale flottante de 245kWc sur la retenue collinaire de l’Ariondaz à Courchevel, à 2 000 mètres d’altitude, afin d’alimenter le réseau de distribution électrique privé. Le défi est pour l’instant au déneigement des structures flottantes pour maintenir la production photovoltaïque malgré la neige et la prise en glace de la retenue. Une solution technique actuellement testée est en passe d’être adoptée : 90 modules sur 9 flotteurs à deux pans orientés Est / Ouest et dotés d’un système d’arrosage sur l’arête. A ce jour, la production photovoltaïque est conforme aux objectifs, et le déneigement répond parfaitement aux attentes. Cette solution pourrait être bien être déployée dès cet été sur la centrale flottante de la retenue collinaire de l’Ariondaz.
HYDROGÈNE EN MONTAGNE : QUOI DE NEUF ?
AMETHyST :
Co-piloté en France par le pôle de compétitivité Tenerrdis et l’agence Auvergne-Rhône-Alpes
Énergie Environnement avec le soutien de la Région Auvergne Rhône-Alpes et de la Commission
Européenne, le projet européen Interreg AMETHyST* ambitionne de décarboner le secteur du tourisme alpin grâce au vecteur énergétique hydrogène. L’idée : partager les expériences et cartographier les bonnes pratiques autour de l’hydrogène afin d’apporter des solutions concrètes aux collectivités. « AMETHyST vise à soutenir et évaluer le déploiement de solutions hydrogène pour décarboner les activités touristiques qui sont au cœur de l’espace alpin. S’appuyant sur une démarche de partage de connaissances, il vise à guider les autorités publiques afin qu’elles intègrent l’hydrogène au sein de leurs instruments de planification énergétique et climatique »
explique Hervé Muguerra, Responsable Projets Européens chez Tenerrdis. Les chiffres clés d’AMETHyST : un budget de 1.95 M€ pour une durée de 36 mois et un consortium de 10 partenaires issus des 6 pays de l’arc alpin (France, Italie, Suisse, Allemagne, Autriche, et Slovénie).
AMETHyST = A MultipurposE and Tran sectorial Hydrogen Support for decarbonized alpine Territories
L’hydrogène pour décarboner le secteur du tourisme alpin
Quand les enneigeurs s’inspirent des pompes à chaleur
La PME savoyarde WeSnow a développé des enneigeurs moins consommateurs d’eau qui fonctionnent sur le principe des pompes à chaleur en transformant l’air rejeté.
« Par le biais d’un système de vannes, on récupère cette énergie. On l'amène dans des échangeurs à plaque pour faire une boucle d'eau chaude » explique Didier Speck Directeur associé chez WeSnow. Cette boucle d’eau peut être ensuite utilisée pour le chauffage de bâtiments, de bureaux, de piscines, de gares de télécabines ou d’hangars à dameuses. La technologie restitue deux fois plus d'énergie qu'elle n'en utilise pour la production de neige.
LA DONNÉE ET SON PARTAGE
Tous les ans, la station des Orres (Hautes-Alpes) accueille le forum Ocova qui réunit des acteurs technologiques, institutionnels et financiers autour du numérique et de l’énergie pour bâtir la montagne de demain. La 19e édition, le 9 janvier dernier, était consacrée à l’apport des technologies numériques dans les transitions écologique et économique de la montagne. « Le but est que les territoires de montagne puissent bénéficier d’innovations que l’on trouve en général dans les métropoles. Les problématiques ne sont pas les mêmes en montagne, terres peu densément peuplées. Il s’agit d’instaurer des solutions plus adaptées dont les réseaux LoRa à longue portée et faible consommation d’énergie », résume le maire des Orres et organisateur du forum, Pierre Vollaire. L’internet des objets et l’intelligence artificielle sont au cœur de l’événement et les dernières innovations y sont présentées. Mais les organisateurs partent du postulat que la technologie seule ne sert à rien, qu’il faut partager la donnée, faire collaborer des acteurs transverses et agir à l’échelle d’un territoire et non plus d’une station pour obtenir des résultats tangibles. Ce forum met justement les acteurs en réseau et aboutit à des montages de projets.
CHRYSALIS : VALORISATION ENERGÉTIQUE DES DÉCHETS PLASTIQUES
Transformer les déchets plastiques en carburant, c’est la mission de Chrysalis, une machine issue de mécénat d’Antargaz au profit de l’association Earthwake. Comment ça marche : la pyrolyse, un système de combustion sans oxygène et à très haute température, permet de casser les molécules des polymères et rendre au plastique sa forme liquide de pétrole. Avec 40 kg de déchets plastiques chauffés à 450°C, la Chrysalis est capable de produire jusqu’à 40 L de carburant. Bouteilles de lait, de produits ménagers, bouchons en plastiques, gourdes, sacs poubelle, contenants alimentaires plastiques, la majorité des plastiques en polyéthylène et polypropylène peut ainsi être récupérée, triée, broyée et pyrolysée. Cette solution innovante de valorisation énergétique des déchets plastiques est l’illustration d’un modèle d’économie circulaire performant.
40%
C’est l’eau d’irrigation économisée par la Ville de Menton, en croisant diverses sources issues de capteurs, du monitoring des vannes et des prévisions météo, permettant de déterminer précisément les besoins en eau, secteur par secteur. Solution d’aide à la décision basée sur les données déployée par EGM. L’entreprise niçoise planche aussi sur l’accès des pompiers du Var aux pistes DFCI (pistes de défense des forêts contre les incendies). « Ces voies traversent des propriétés privées fermées par des portails. Nous travaillons à un moyen de les ouvrir, sans mettre un code, grâce à une liaison satellite », informe Gilles Orazi, ingénieur R&D chez EGM. Autre cas pratique avec le Département des Pyrénées-Orientales qui souhaitait obtenir des statistiques d’usage des parkings de covoiturage. « Nous avons placé des caméras qui surveillent, calculent le temps passé dans ces parkings. Nous les avons couplées à une base technique des immatriculations pour savoir quel type de véhicule reste, sert au covoiturage et d’avoir une idée des émissions de CO2 évitées. »
IL A DIT
« La technologie ce n’est pas tout, mais c’est indispensable. Si on veut agir sur la transition écologique, il faut déjà disposer de connaissances et donc collecter des données de terrain issues d’un ensemble de systèmes. Il faut ensuite les organiser pour comprendre avant d’aboutir au contrôle et à l’amélioration des situations. Mais la technologie seule ne sert à rien. Il faut partager les données entre les parties prenantes. »
C’est le gain financier qu’enregistre la commune de Montgenèvre sur la facture de gaz du centre balnéo et spa Durancia. Bénéfice amoindri par l’augmentation des prix de l’énergie. Dans le cadre du programme européen Leader, la station des Hautes-Alpes a fait appel au syndicat d’énergie Territoire d’énergie 05 pour conduire un diagnostic de performance énergétique sur trois bâtiments énergivores avant d’envisager un plan d’action visant à réduire leur consommation. Ce programme a déjà été décliné sur Durancia et les résultats sont plus que prometteurs. Le syndicat d’énergie a mis en place une série de dispositifs pour piloter précisément la production de chauffage et d’eau chaude sanitaire, les centrales de traitement d’air et les vannes de régulation pour la température des bassins. Bilan : le centre a réduit sa consommation de gaz de 26% sur la saison hivernale 2021/2022 et de 39% cet été.
SOBRIÉTÉ ACCÉLÉRÉE
Les stations sont en première ligne face à la flambée des prix de l’énergie. Avec des situations très disparates selon l’échéance du contrat d’électricité. « Début 2022, certains ont obtenu des prix, déjà assez élevés, de 350€ le MWh. Mais la situation s’est révélée épouvantable entre juin et décembre, avec 800€ le MWh en moyenne, pouvant parfois monter jusqu’à 1000€ ! », s’exclame Anne Marty, vice-présidente de Domaines skiables de France et directrice générale d’Altiservice. Une situation encore plombée par une activité en demi-teinte pendant les vacances de Noël. Quand bien même elles parviendraient à réaliser un bon hiver, certaines d’entre elles pourraient atteindre des résultats d’exploitation négatifs. Au-delà de raisons purement économiques, les stations travaillent depuis plusieurs années à la réduction de leur empreinte énergétique. Et l’inflation a sans doute accéléré le processus. Altiservice, qui exploite les stations de Saint-Lary et Font-Romeu Pyrénées 2000, a instauré trois mesures phares, dont deux concernent les remontées mécaniques. « En période de faible activité, nous mettons à l’arrêt les remontées doublons », indique Anne Marty. L’exploitant régule aussi la vitesse des appareils en fonction de la file d’attente. « En réduisant la vitesse d’un mètre par seconde, nous gagnons 20% de consommation électrique, sans que le client ne s’en rende compte. » La troisième porte sur l’optimisation du damage en mesurant précisément l’épaisseur du manteau neigeux grâce à un GPS embarqué. « L’intérêt est double : nous économisons du gasoil car les dameuses ne repassent jamais au même endroit, puis de l’électricité et de l’eau en ne produisant que la neige de culture nécessaire. » Cette gestion plus fine, plus rigoureuse, se traduit ensuite par la multiplication des sous-compteurs pour connaître les consommations de chaque appareil, la régulation de la température et la vérification des réglages des radiateurs en fin de journée par les chefs de secteur. Ne dit-on pas que les petits ruisseaux font les grandes rivières ?
Yann Bidault, chef de projet Ocova
SMART TERRITOIRE
L’internet des objets et l’intelligence artificielle peuvent grandement faciliter la gestion quotidienne des collectivités, en rationalisant leur fonctionnement, l’énergie consommée, les coûts et, in fine, les accompagner dans leur transition écologique. La communauté de communes de Serre-Ponçon, dans les Hautes-Alpes, s’est lancée dans la démarche de territoire intelligent, avec l’aide de l’entreprise de services numériques Atos pour optimiser la gestion de l’énergie, de l’eau, des déchets et des mobilités. Tout repose sur la collecte de données et son partage entre les parties prenantes concernées. Quatre ateliers ont permis de déterminer 25 premiers cas d’usage en fonction des besoins exprimés et de la donnée disponible, pour, ensuite, imaginer des solutions. En matière de mobilité, par exemple. Les conditions de circulation et d’accès aux stations demeurent un sujet sensible en saison, pour ce territoire touristique. Informer au mieux l’usager sur l’état du réseau et l’inciter à prendre la bonne décision présentent ainsi un grand intérêt. « Des solutions intégrées à des caméras de surveillance pour connaître l’état de remplissage d’un parking ou le trafic routier existent. On peut aussi s’appuyer sur les connexions bluetooth pour avoir une idée de la fréquentation dans divers espaces et extraire d’autres informations comme les temps de stationnement, les types de véhicule présents. Dans un deuxième temps, on peut venir implémenter des applications prédictives sur la circulation et le stationnement », indique Léa Duran, scientifique de la donnée chez Atos. Reste aujourd’hui à collecter le plus de données possibles et à trouver des financements.
IL A DIT
« Le programme européen Smart Altitude a permis d’abaisser les consommations énergétiques et les émissions de gaz à effet de serre de 20 stations en Europe. Pour aller plus vite et plus loin, la dynamique des stations doit être pensée à plus large échelle, celle d’un territoire, en lien avec la Région, autour des domaines de l’énergie, de l’eau et de la mobilité, pour pouvoir atteindre les objectifs de neutralité carbone à court terme. »
Pierre Vollaire, maire des Orres et organisateur du forum Ocova
INNOVATIONS MONTAGNE : DÉJÀ LÀ ET À VENIR
La rénovation du bâti en montagne, un pan très important des actions de transition !
50%
C'est la part de logements considérés comme étant des passoires énergétiques (classés F ou G) dans les stations de ski françaises, alors que la moyenne nationale frôle les 17%. Heero, fintech spécialisée dans la rénovation énergétique, a étudié la performance énergétique dans 70 stations. Les logements les plus énergivores se situent dans les Alpes et les Pyrénées.
A contrario, les plus vertueux se trouvent dans les Vosges, le Jura ou le Massif central. En cause : l'altitude, les facteurs climatiques, l'âge de construction des bâtiments dont beaucoup datent d'avant le choc pétrolier, les matériaux employés...
Or, si l'étiquette énergétique n'impacte pour l'heure que le parc locatif longue durée, les meublés de tourisme pourraient ne pas y échapper non plus. « Le ministre du Logement, Olivier Klein, a indiqué que les locations de vacances et meublés touristiques seront également concernés, ce qui va avoir un impact très négatif pour les stations de ski qui risquent de voir leur parc locatif diminuer en moyenne de moitié dès 2028, soit dans 5 ans seulement ! Car pour certaines d’entre elles, il sera matériellement impossible de rénover l’ensemble des logements concernés d’ici là… », déplore Romain Villain, directeur général de Heero.
Les enjeux sont bien sûr écologiques, mais aussi économiques : les biens mal classés risquent de voir leur valeur diminuer sur le marché de la revente. Mais les travaux de rénovation ont un coût, peuvent être rendus difficiles par l'altitude ou la taille du logement et ne dépendent pas que de la volonté d'un seul propriétaire, mais bien de la copropriété selon les opérations envisagées. Certaines collectivités se sont déjà emparées du sujet et des aides existent.
TOP 5 DES STATIONS AUX LOGEMENTS LES PLUS ENERGIVORES
1. Isola 2000 (Massif du Mercantour) : 90% de passoires thermiques parmi le parc immobilier
2. Piau Engaly (Hautes Pyrénées, Vallée d’Aure) : 86%
3. La Pierre Saint-Martin (Pyrénées Atlantiques, Massif de la Pierre Saint-Martin) : 79%
4. Puy-Saint-Vincent (Massif des Ecrins) : 76%
5. Barèges (Hautes Pyrénées, Val de la Batsus): 74%
TOP 5 DES STATIONS AUX LOGEMENTS LES MOINS ENERGIVORES
1. Espace alpin Bellefontaine (Massif du Jura) : 15% de passoires thermiques parmi le parc immobilier
2. Le Markestein (Massif des Vosges) : 18%
3. Le Champ du Feu (Massif des Vosges) : 20%
4. La Combe Saint-Pierre (Massif du Jura) : 21%
5. La Mongie (Hautes Pyrénées) : 26%
UNE PISCINE CHAUFFÉE PAR UN DATA CENTER
Récupérer les calories perdues en vue de chauffer un équipement énergivore, la commune de Chamrousse y réfléchit sérieusement. Pour diversifier son offre touristique, la station iséroise entend réaliser un pôle de loisirs, comprenant un complexe aquatique, un espace bien-être, un bowling et des activités sportives et ludiques. Un projet qui devrait avoisiner les 20 M€. Pour réduire la facture et l’empreinte énergétique de l’équipement, la municipalité ambitionne la création d’un data center à proximité, dont la chaleur fatale (ou chaleur perdue) pourrait couvrir la moitié des besoins du pôle de loisirs. Un programme doublement vertueux puisque l’installation d’un centre de stockage et de traitement des données en altitude permet de refroidir naturellement le bâtiment et de diminuer sa consommation électrique.
DES ÉOLIENNES FIXÉES
AUX CÂBLES DES REMONTÉES
BergWind s’est donné pour mission de trouver puis d’utiliser de nouveaux espaces pour produire des énergies renouvelables. La start-up autrichienne travaille au développement d’éoliennes fixées aux câbles des remontées mécaniques hors saison, l’énergie produite pouvant être autoconsommée ou réinjectée dans le réseau. Les avantages sont multiples. Nul besoin d’emprise au sol pour ces éoliennes et de moyens pharaoniques pour les installer ; elles sont facilement intégrables à l’infrastructure existante, à la place des cabines et des sièges. Elles permettent aussi d’augmenter la rentabilité des remontées, qui subissent l’augmentation des prix de l’énergie et qui ne sont exploitées qu’une partie de l’année.
UN PANNEAU SOLAIRE SUR-MESURE BIENTÔT FABRIQUÉ EN FRANCE
Sunwind Energy a révolutionné le monde du solaire en concevant eV+, des panneaux photovoltaïques semi-rigides, modulables en taille et en forme, intégrables à 100% sur des supports comme les gares de remontées mécaniques, les télécabines, les bandes transporteuses... Un produit particulièrement adapté à la montagne, qui assure un excellent rendement grâce à ses cellules microcristallines. Avec l'aide de l'Ines, du CEA, et un coup de pouce financier de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, l'entreprise se donne deux à trois ans pour fabriquer ses propres panneaux de A à Z, dans son usine de Villard-Bonnot. « Nous voulons un produit aux cellules performantes, recyclable, biosourcé, en utilisant les filières européennes _ la Scandinavie peut fournir du silicium et la France du polymère recyclable ou recyclé _, et assemblé en France », détaille Xavier Duport, dirigeant de Sunwind Energy. La société ne fabriquera pas de panneau solaire cadré classique mais restera bien sur son créneau, proposant de nouvelles technologies et de nouvelles formes : un panneau léger, complètement intégré en façade ou en toiture, en enlevant l'aluminium et le verre. Son ambition : devenir le fabricant du panneau sur-mesure.
Le constructeur de remontées mécaniques Poma intègre à sa chaîne de production les panneaux solaires développés par Sunwind Energy, laquelle se donne deux à trois ans pour fabriquer ses propres panneaux de A à Z, dans son usine de Villard-Bonnot (38).
Son prototype, financé grâce à cette première subvention de 100.000€, et testé en laboratoire à l'Ines, devrait être validé en septembre 2023.
Pour Xavier Duport, tous les voyants sont au vert, entre le gouvernement désireux d'accélérer le développement des énergies renouvelables et l'Europe qui souhaite rapatrier sur ses terres l'ingénierie du solaire. A la clé, des moyens financiers pour un enjeu de taille : retrouver la maîtrise de son approvisionnement, tout en concevant des cellules à haut rendement. Si la Chine produit plus de 80% des cellules au plan mondial, le point fort de la France demeure véritablement la R & D « depuis le boom photovoltaïque au début des années 2000 ». Un exemple parmi tant d'autres, les cellules à hétérojonction du CEA-Ines, affichant un rendement record de près de 25%.
PARIS 2024
QUELLES ACTIONS CONCRÈTES POUR LIMITER
L’EMPREINTE ÉCOLOGIQUE DES J.O PARISIENS ?
DES ACTIONS DE RÉDUCTION CIBLÉES
Opérations des jeux
- 100% d’électricité renouvelable pour les Jeux
- Service de restauration durable pour 15 millions de repas servis pendant l’événement
- Numérique responsable
- Engagement zéro gaspillage et objectif zéro déchets
Constructions
- 95% de sites temporaires ou existants
- Des constructions permanentes bas carbone
TOUR D’HORIZON DES ENGAGEMENTS PRIS. AMERSFOORT
- Des constructions temporaires sobres
Déplacements
- Un service de mobilité propre pour la famille olympique
- 100% des sites accessibles en transports en commun ou mobilité active
Un bilan carbone neutre ou négatif
- 55% d’émissions de gaz à effets de serre par rapport à Londres 2012 et l’ambition d’être le 1er évènement mondial à contribution positive pour le climat
- Paris 2024 vise à rattraper ses émissions de CO2 grâce à la compensation via des projets de prévention et de capture de CO2, des émissions qui ne peuvent être évitées.
Au-delà de la méthode ERC (Eviter, Réduire, Compenser) l’organisation des jeux va plus loin en ajoutant deux étapes :
- Anticiper grâce à un outil d’estimation de l’impact carbone
- Eviter grâce à l’utilisation d’infrastructures existantes
La mobilisation de tous les acteurs des JO
- Lancement d’une appli « Coach Climat » qui aide les collaborateurs à comprendre et réduire leur impact écologique
- Une stratégie « achats » responsable qui engage les partenaires et fournisseurs à appliquer des critères de durabilité
Une concertation avec des experts du climat
- Un Comité de Transformation Ecologique des Jeux, présidé par Gilles Bœuf expert biodiversité et professeur à la Sorbonne, composé au total de 9 experts
- Une Collaboration avec le WWF France pour la construction de la stratégie
- Une participation à l’initiative « Sports for Climate Action » de la Convention Cadres des Nations Unies sur les changements climatiques
COMMENT LE VAL D’AOSTE BOOSTE LA R&D
La région autonome du Val d’Aoste, en Italie, avec le soutien financier de l’Europe (Feder), a souhaité donner un coup de pouce à l’innovation en montagne en déployant son programme, Smart Valley.
Il coordonne huit projets R&D en aidant les porteurs dans la recherche de financements, la communication ou encore l’apprentissage et encourage l’échange de connaissances et de technologies entre les bénéficiaires et les centres de recherche régionaux. « D’habitude, chacun mène son projet séparément. Smart Valley signe une nouvelle manière de collaborer, crée une émulation, conduit à d’autres projets et idées », se félicite Roberta Davisod, consultante chez FI group, spécialiste du conseil en stratégies de financements publics en faveur de la R&D.
Quintetto fait partie des huit heureux élus. Cette petite entreprise, spécialisée dans la R & D depuis 2005, développe le Qroom + project. Jusqu’à quatre personnes communiquent simultanément et à distance par hologramme et peuvent s’échanger des documents. Autre univers, celui des musées. Le 3D Lab du Polytechnique de Turin travaille sur son Media project : une application mobile en guise de guide ; une plateforme web pour les opérateurs culturels, dont le musée archéologique d’Herculanum, intégrant 3D, réalités virtuelle et augmentée ; une étude sur les émotions ressenties par les visiteurs le long sur parcours. Pour une visite 3.0 immersive, aux contenus enrichis, en présentiel ou à distance.
Côté tourisme, la société Kria a imaginé Montur pour mesurer les flux, les caractéristiques et les habitudes des visiteurs dans le Val d’Aoste, en utilisant des caméras et des capteurs déjà présents sur le territoire, et l’intelligence artificielle.
Smart Valley finance aussi l’entreprise CCS dans la formulation d’un nouveau biostimulant microbien pour la valorisation des prairies de fauche du Val d’Aoste, à partir de champignons et de bactéries. Les objectifs visés : un meilleur rendement, de plus grandes qualités nutritionnelles pour l’alimentation animale et un stockage du CO2 accru dans les micro-agrégats.
NEOM, UN AUTRE LAS VEGAS DANS UN AUTRE DÉSERT…
Sports olympiques, sports de glisse, sport digital, puis méta sport réunis sur un seul site : utopie ou vision futuriste ? C’est en tout cas la promesse… déjà la réflexion que pose Trojena, le site montagne du projet Neom au cœur du désert d’Arabie Saoudite !
Aussi fou que cela puisse paraitre, les Jeux asiatiques d’hiver de 2029 se dérouleront à Trojena, une ville futuriste qui n’existe pas encore mais qui fait partie du projet titanesque d’urbanisme nommé Neom (une mégalopole de 250 fois la taille de Paris).
Située à environ 70 kilomètres au nord de The Line, entre les massifs montagneux de Hedjaz dans le désert d’Arabie saoudite, elle est destinée à devenir un véritable eldorado du loisir, de l’aventure et de la culture pour la région.
La future zone touristique d’environ 60 km carrés devrait se loger entre 1500 et 2600 mètres d’altitude. Le site comprendra un immense lac artificiel d’eau douce, un village troglodyte 4.0 nommé « The Vault » en forme de V renversé, des résidences de luxe où l’on trouvera 3600 chambres d’hôtel et 2200 logements, au bord du lac, une station de ski excentrée plus en amont, ainsi qu’un observatoire permettant de profiter des vues imprenables sur les montagnes et le désert saoudien.
Les équipes d’architectes derrière ce projet faramineux espèrent que Trojena deviendra, à l’issue de sa construction, une destination prisée des touristes du monde entier, aussi bien en quête d’aventures que de luxe.
Patrick Bayeux, observateur du sport mondial, consultant, enseignant chercheur et Docteur en sciences de gestion, compare le projet de Neom et de ses 3 sites (Oxagon, The Line et Trojena) à Las Vegas où il n’y avait rien il y a un siècle et qui aujourd’hui compte 650 000 habitants et en moyenne 40 millions de touristes chaque année. Sans doute peut-on penser que ce seront les perspectives d’affluences de Neom et Trojena…
Plus proche de nous, en France, le même Patrick Bayeux étend sa comparaison aux côtes du Roussillon sur lesquelles il n’y avait rien avant que naissent les stations balnéaires de Port-Camargue au Grau-du-Roi, la Grande-Motte, le Cap d’Agde, Gruissan, Port Leucate, Port Barcares et Saint Cyprien. Comparaison n’est pas raison dit-on, mais force est de constater que dans le cas présent cela amène à relativiser les polémiques qui fusent et à balayer devant nos portes…
Le pari fou d’une ville futuriste, accueillant une station de ski, en plein air, au bon milieu d’un désert !
MOUNTAIN BIKE
L’ENDURO AU SOMMET
En France, comme à l’international, on connaît le potentiel du vélo sous toutes ses formes pour le développement du tourisme estival. Le succès du format « Enduro », qui fait désormais partie des programmes UCI, ne doit rien au hasard. Benjamín Plasencia Sidauy, directeur commercial de la société Epic Enduro Series, organisatrice d’événements de type Mountain Bike Enduro, nous aide à en comprendre les principales raisons :
Un circuit bien pensé
D’environ 35km avec 1500 mètres de dénivelé cumulé avec 5 spéciales (9km de descentes), le circuit type imaginé par Epic Enduro Series est abordable par un large panel de pratiquants. La durée approximative est de 5 heures du début à la fin du circuit et seules les étapes spéciales (descente de plus de 20 minutes) sont chronométrées.
Des pratiquants de tous âges
La cible à laquelle s’adresse Epic Enduro Series est largeenfants, jeunes et adultes- et d’un niveau socio-économique plutôt élevé.
Un rayonnement touristique sur le long terme
Au Mexique, où Epic Enduro Series a développé des pistes totalement dédiées à l’Enduro, comme Taxco de Alarcón,
Guerrero, et Oaxaca, les taux de fréquentation sont très bons. Les événements organisés régulièrement servent ainsi à dynamiser ces lieux, à les promouvoir et à générer des bénéfices économiques pour les socio-professionnels locaux.
Un accès facilité Parmi les disciplines du VTT, l’Enduro est celle qui a connu la plus grande croissance ces dernières années en raison du plaisir qu’elle procure par rapport aux efforts fournis, notamment grâce au développement des vélos assistés électriquement.
Une économie dynamique
L’Enduro est le segment le plus rentable pour l’industrie du cyclisme en raison de la forte consommation de pièces détachées. Pour les sites équipés les perspectives économiques sont également prometteuses. « Nous évoluons sur un marché très solide, confie Benjamín Plasencia Sidauy, le pouvoir d’achat des participants à nos événements est très élevé, ils voyagent constamment à l’étranger, c’est ce qui nous pousse à croire que nos évènements pourraient aussi promouvoir des destinations françaises. » A bon entendeur…
16-18 AVRIL 2024
LE GRAND RENDEZ-VOUS INTERNATIONAL DE TOUTE LA FILIÈRE MONTAGNE
Depuis 1974, le parc évènementiel de Grenoble organise et accueille tous les deux ans le plus grand rassemblement international des professionnels du monde de la montagne. La diversité, la représentativité et la qualité des exposants font de ce salon un carrefour mondial unique, un lieu d’affaires et d’échanges et une plateforme de prospective incontournable. Mountain Planet 2024 sera le 50ème anniversaire ce de rendez-vous international de la profession. Ce salon permettra à l’ensemble des écosystèmes français et internationaux de se retrouver pour aborder les enjeux futurs de l’aménagement en montagne et relancer ses différentes filières. En 2024, Mountain Planet reviendra avec des nouveautés :
- Un village des startups
- Les dernières innovations du secteur
- Un nouveau site internet plus éco responsable
- Des solutions aux enjeux de développement durable
LES ACTIONNAIRES D’ALPEXPO
LES MEMBRES DU COMITÉ RESTREINT CO-PRÉSIDENTS
ANEM – DOMAINES SKIABLES DE FRANCE – ALPEXPO
MEMBRES
AFMONT – ANMSM – CCI DE GRENOBLE – CCI DE SAVOIE – CLUSTER
PROCHAINE EDITION
ma montagne, AUTREMENT plus durable.
Pionnier du transport par câble, POMA engage LIFE R’way, une démarche innovante avec une sélection de produits à faible impact environnemental.
Dès aujourd’hui, imaginons ensemble une mobilité toujours plus durable, pour connecter les hommes et les territoires en harmonie avec notre environnement.