Les Amis de Saint Benoît Labre / Mai 2017
HENDAYE Passage de saint Benoît-Joseph Labre
au presbytère L’énigme du tableau de l’église Saint Vincent
ALLEMAGNE
Sur les pas du saint Pèlerin à Rottweil et Villingen-Schwenningen La Fuggerei
VERQUIÈRES
Le témoignage de Michèle
Textes et Photographies
Actualités Didier NOËL
Association Française Saint Benoît Labre d’Amettes 12 bis rue de l’église 62260 Amettes (France) Tél : 03 21 02 34 15 ass.benoit.labre@neuf.fr
RAYMOND MARTEL
Association Canadienne Les Amis de Saint Benoît Labre
http://www.amis-benoit-labre.net/
Auteur et webmestre : Droits d’auteur
RAYMOND MARTEL
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PHOTO DE COUVERTURE: Hendaye, église Saint Vincent.
Sommaire 06 - 13
Avant-propos
Il est et demeure le saint des petits et des humbles. Il me semble que ce dernier mot humble est plus profond, plus simple, plus central. C’est en partant de là qu’on arrivera le plus aisément au cœur de la réalité labrienne, parce qu’on ne peut étudier ce principe sans le voir s’étendre, se développer, s’épanouir.
Témoignage 14 - 27 On nous écrit de Verquières Michèle RICARD: ”ma démarche de pèlerinage à Amettes n’avait pas vraiment d’explication, juste sentir une main qui vous presse dans le dos, simplement aller vers un lieu où d’autres ont fait et font encore l’expérience de Dieu. Ce Saint était venu jusque chez moi, je décidais donc d’aller chez lui”.
Pèlerinage
28 - 76 Sur les pas du saint Pèlerin
Sur les routes du Bade-Wurtemberg, pèlerinage sur les traces de saint Benoît-Joseph Labre à Rottweil et Villingen-Schwenningen.
77 - 98 La Fuggerei
En 1783 vivait à la « Fuggerei » un pauvre indigent imprimeur catholique, Johann Georg Bullmann. Ce monsieur diffusa en langue allemande les premières biographies de saint Benoît-Joseph Labre.
Histoire 98 -162 Le pays Basque, Hendaye Le passage de Saint Benoît-Joseph Labre à Hendaye. et L’énigme du tableau de l’église Saint Vincent
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Avant-propos ............. LES AMIS DE SAINT BENOÎT LABRE
Chères amies
, Chers amis,
« Je ne manque pas de prier Dieu pour vous tous les jours. Je vous demande pardon de toutes les peines que je peux vous avoir causées, et vous prie de m’accorder votre bénédiction, afin que Dieu bénisse mes desseins. C’est par l’ordre de sa Providence que j’ai entrepris le voyage que je fais ». hers Amis, c’est par cette phrase de Benoît-Joseph, oh combien symbolique, pour chacun et chacune d’entre nous que j’ouvre ce n°15 des « Chemins de traverse ». Il arrive bien en retard et j’en suis conscient, mais les différents voyages que j’ai entrepris pour mener à bien cette longue recherche en Allemagne, en Bavière et au pays Basque, le tout suivi de mes nombreuses activités ne me laissant pas suffisamment de temps pour tout le reste des recherches que je souhaitais mener en Bavière et au pays Basque. En concertation avec le Père Raymond Martel, j’ai décidé de retarder la sortie de ce nouveau numéro de quelques mois pour pouvoir me rendre à Hendaye en février 2017 sur l’un des lieux témoins des pérégrinations du saint Vagabond. Au pays Basque, nous savons bien peu de choses au regard des autres aventures auxquelles je vous ai habitué tout au long de ces années où j’ai scruté la moindre des informations
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liées à son histoire. Benoît-Joseph a laissé peu de traces écrites, mais sa populaire sainteté l’a révélé à ses contemporains, et au-delà de cette ferveur, qui hâta son processus de béatification, c’est tout un pan de son histoire au sein des populations qu’il rencontra au cours de ses aventures sur les routes d’Europe que je redécouvre, parfois au hasard d’un mot, d’une phrase notés à part dans mes archives, Théophile Gautier disait : « Le hasard, c’est peut-être le pseudonyme de Dieu quand il ne veut pas signer ». e devais découvrir par la suite que la tradition de son passage à Hendaye existait bien avant l’écriture des nombreuses biographies écrites sur la vie de saint Benoît-Joseph Labre.
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De nombreuses bourgades se réclament du passage du saint Pèlerin et bien des mémoires transmises de génération en génération ont alimenté ce que nous appelons aujourd’hui « la tradition orale » ; cette tradition a pris naissance à Rome pour s’amplifier à partir de 1783, quand la rumeur de sa sainteté embrasa la quasi-totalité de l’Europe. Le procès d’information fut entamé le 13 mai 1783, moins d’un mois après son décès. Il fut déclaré vénérable le 31 mars 1792.
“Il y aura une route, une voie, qu’on appellera la voie sainte; nul impur n’y passera. elle n’est que pour eux seuls; ceux qui la suivront, les simples mêmes, ne s’égareront pas”. Isaïe 35:8
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“Le pouvoir rend idiot et le pouvoir absolu rend absolument idiot : puis l’argent c’est la même chose. Les gens qui ont de l’argent ne pensent qu’à l’argent qui leur manque. C’est très terrifiant. Et puis l’argent fige les hommes, les rend immobiles. Or un homme, c’est fait pour être mobile”. Jacques Brel Vingt jours plus tard, la France déclarait la guerre à l’Autriche et à la Prusse, face aux événements révolutionnaires agitant l’ensemble du pays. De 1789 à 1799, la Révolution va entraîner la France et l’Europe dans des bouleversements et des tragédies dont elles se seraient volontiers passé. L’idée révolutionnaire, soucieuse d’éradiquer définitivement les fondements mêmes du christianisme, adoptent en 1790, par décret de l’Assemblée constituante, la « Constitution civile du clergé ». À l’époque, terrifiante dans ses conséquences, cette loi entraînera la rupture entre la Révolution et l’Église. Nombreux furent les prêtres réfractaires à la loi. En mai 1792, l’Assemblée constituante décrète alors l’exil hors du Royaume pour tous les prêtres insoumis. Partout en France, les pillages, émeutes, attentats et incendies éclataient à Hendaye, le curé du bourg, le Père Dominique Galbarret choisit de ne pas prêter serment à la loi de 1790 en s’exilant en Espagne dans la ville de Fontarabie, toute proche de la frontière. Ce curé basque, très charismatique à Hendaye, est celui qui quelques années plus tôt avait accueilli en son presbytère du quartier de Zubernoa, un pèlerin étranger répondant au nom de Benoît-Joseph Labre. La haine du clergé est à ce moment le grand moteur révolutionnaire et tous ces événements sordides et malheureux vont détruire partout comme à Hendaye des archives paroissiales renfermant des informations précieuses sur des lieux, des témoignages concernant l’histoire. C’est à cette époque, avec l’exil du curé Galbarret, que nous avons failli perdre cette belle anecdote concernant le passage de saint Benoît-Joseph Labre au presbytère d’Hendaye, le saint séjournant quelque temps au village et poursuivant ensuite sa route vers l’Espagne. 8
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a Révolution n’arrêtera pas la tradition orale de circuler dans la mémoire collective ; elle fera vivre jusqu’à nos jours cet épisode de sa vie à Hendaye, nous le redécouvrons aujourd’hui. Ce qui est intéressant dans cette anecdote, c’est avant tout un point très intéressant : l’endroit exact du franchissement de la frontière vers l’Espagne par le saint Pèlerin estimé vers la fin de l’été 1773 ou début 1774 ; la tradition affirme qu’il suivait l’antique chemin menant à Compostelle : « le Camino d’el Norte », ce qui ne prouve pas bien entendu que le saint se soit rendu à Santiago, mais un doute subsiste et vous lirez plus loin, chers Amis, avec ma découverte à la Bibliothèque nationale que ce doute pourrait devenir une certitude. Vous découvrirez ensuite l’énigme du trésor de la sacristie de l’église d’Hendaye, un tableau peint par un peintre anonyme, exceptionnel, rare copie d’un original célèbre, représentant un saint Voyageur ; saint Benoît-Joseph Labre portant la date de 1784. Nos pas, chers Amis, nous conduiront d’abord en Allemagne pour un pèlerinage sur les traces du saint dans le pays de Baden-Württemberg, dans les villes de Rottweil et Villingen-Schwenningen, pour ensuite se poursuivre vers la Bavière, dans la ville allemande d’Augsbourg ; nous y ferons connaissance avec « La Fuggerei », un ensemble de logements sociaux allemands à l’ancienne, créés en 1516 par le banquier Jacob Fugger ; la Fuggerei constitue le plus vieil ensemble de logements sociaux du monde existant encore. Nous y ferons connaissance de Johann Georg Bullmann, un imprimeur qui diffusa en Allemagne les premières biographies du saint. Nous pourrons y lire aussi le témoignage à l’accent du Sud-Ouest, authentique et généreux, d’une paroissienne de Verquières dans le Var, que certains à Amettes connaissent déjà : il s’agit de mon amie « Michèle de Verquières » (Michèle
Ricard), elle nous révélera ses impressions sur son pèlerinage à Amettes en 2016. (Michèle sera avec nous cette année pour la neuvaine 2017 à Amettes). Verquières est l’une des plus petites communes des Bouches-du-Rhône, sa tradition orale relate un souvenir attachant : le passage au village de saint Benoît-Joseph Labre. Les Verquiérois se souviennent de lui donnant à d’autres pauvres, le produit de sa mendicité ; en souvenir de son passage, une rue du village porte son nom. Le pèlerinage labrien, c’est se déplacer, rencontrer des gens sur la route, au hasard des étapes et partager les anecdotes des vieux récits de pèlerinage. Cette enquête en Allemagne, à défaut de trouver des réponses précises, fut un choix de « traditions orale », m’appuyant sur l’excellent travail du Père Desnoyers, pour orienter ma quête en Allemagne. Desnoyers est actuellement le meilleur hagiographe « mobile » du saint ; son livre en 2 tomes, « Le bienheureux Benoît-Joseph Labre », demeure une référence pour les chercheurs. Son chemin et son histoire renvoient à un nécessaire appauvrissement où nous devons faire des choix, ne retenir que l’essentiel. Pérégriner, c’est accepter de ne pas avoir de « chez soi » pendant plusieurs semaines ; c’est la première étape vers le renoncement… Ce nouveau numéro 15 des “Chemins de traverse” est consacré à cette tradition orale. Je disais plus haut que ce fut un choix de traditions: quelques explications sont nécessaires pour bien comprendre le phénomène. De quoi s’agit-il ? La tradition orale liée à Benoît-Joseph Labre est véhiculée en Europe depuis le 16 avril 1783. A cette époque, le petit peuple qui ne savait pas toujours écrire, transmettrait son histoire oralement, de génération en génération. Or de nombreux récits dans les pérégrinations du saint Pèlerin ont d’abord été véhiculées oralement avant d’être fixées par écrit dans les registres paroissiaux. Pour exemple, certains des livres de la Bible furent écrits en se basant sur la tradition orale.
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n France, la Révolution de 1789 et les années qui suivirent ne facilitera pas l’échange de ces informations avec Rome lors de l’instruction du dossier Benoît-Joseph Labre. Et dans ce numéro, vous découvrirez qu’aujourd’hui encore, certaines personnes refusent de considérer la tradition orale comme une source historique. Le Père Jean Ladame fut l’un ces adeptes de la Positio Super Dubio. Rejetant la moindre de ces traditions, il déclara dans sa préface que, lui, savait et que le travail des autres hagiographes était un tissu de « balivernes ». Il a, par ailleurs, presque entièrement écrit sa biographie « un mystique en haillons », en parlant de lui-même à la troisième personne. Voilà un bien étrange biographe dont les écrits « orientés » par un intellectualisme poussé jusqu’à l’absurde, ne sont pour des raisons obscures que l’expression des peurs et des profondes antipathies de l’auteur. Que peut-il comprendre par de tels propos à l’histoire, à la psychologie de Benoît-Joseph Labre ? Dans son livre, l’être qu’il était par nature, est pratiquement nié, puisqu’il l’immobilise dans la rigidité d’un carcan rationnel, où l’être spirituel y est parfaitement ignoré. Il prétend faire figurer dans ses écrits non seulement le réel mais aussi la vérité, en niant l’action spirituelle que Benoît-Joseph eut malgré lui, parmi les populations rencontrées au long de ses années d’errance. l est même regrettable que cette biographie fût choisie par le Père Christophe Hadevis, prêtre du diocèse d’Autun pour l’écriture du scénario de la bande dessinée : « Quelques écorces d’oranges amères - Une vie de Benoît Labre ». Résultat : cette bande dessinée rapporte des faits incohérents où la voix du petit peuple a été effacée. La vie de saint BenoîtJoseph Labre y est ici tronquée, vidée de sa substance qui est le chemin de pèlerin itinérant, semé d’aventures que la charité et la vie d’oraison de ses années de pèlerinage ont forgé au sein des populations d’Europe.
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Pourtant, c’est lui, le petit peuple, qui fera de lui cette image toujours vivante, via la tradition, et qui criera le jour de sa mort à Rome : « Le saint est mort, le saint est mort ».
Frère Alexis, fl.
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Voilà, en peu de mots, ma conception de la vie de saint Benoît-Joseph Labre que je tente, ici, d’exposer pour vous, chers Amis. Je sais que je ne sais pas grand-chose ou presque, mais j’essaie d’apprendre chaque jour de lui. Quant au reste, le vent l’emporta sans qu’aucune trace n’en fut trouvée.
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Autant en emporte les mot
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Il est et demeure le saint des petits et des humbles. Il me semble que ce dernier mot, « humble » est plus profond, plus simple, plus central. C’est en partant de là qu’on arrivera le plus aisément au cœur de la réalité labrienne, parce qu’on ne peut étudier ce principe sans le voir s’étendre, se développer, s’épanouir. Arrivé là, on tient la pensée maîtresse qui met l’unité partout et qui unit la Positio Super Dubio à la tradition orale dans une synthèse indissoluble de la vie du saint Vagabond d’Amettes. « Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées. » disait le prophète Isaïe. e clôture cette brève présentation par cette parole de Jacques Brel : « Il n’y a que les gens totalement immobiles qui ne font jamais rien qui arrivent à traverser la vie en disant que tous les autres sont des cons. Dès que l’on fait les choses, on devient d’une humilité fantastique. Dès que l’on va voir, on n’a plus peur ».
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REMERCIEMENTS
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n Allemagne, je tiens à remercier chaleureusement mon ami Dieter Ambs de Waldkirch (Baden-Württemberg) pour les bons moments partagés.
Je tiens également à remercier monsieur Franz Karg de la Fugger-Archiv d’Augsbourg pour ses réponses éclairées dans ma quête d’informations sur la « Buchhandlung von Johann Georg Bullmann ». A Hendaye, je remercie très chaleureusement le Père Jean-Marc Lavigne pour son accueil, sa générosité et sa gentillesse. Je remercie mon cher supérieur de ma fraternité saint Benoît-Joseph Labre, le Père Samuel, pour son aide dans ma recherche de localisation du tableau du peintre lyonnais André Bley. Je remercie également le Père Yohannes Teklemariam Bache, OFM Cap. Direttore del Museo Francescano, pour la photographie du tableau de Bley, propriété de la collection privée du Musée Franciscain de Rome. Merci à mon Ami, Jean Capelain, pour le travail d’expertise du tableau d’André Bley. Merci enfin à mon Ami, le Père Raymond Martel, pour sa patience et grande générosité, merci Père... Frère Alexis, fl.
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“La référence des références en matière de biographie dédiées à saint Benoît-Joseph Labre. L’excellent travail du Père Desnoyers: Le bienheureux Benoît-Joseph Labre, en deux tomes”.
LES AMIS DE SAINT BENOIT LABRE Saint Benoît-Joseph Labre, l’Européen .
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Kein Mensch ist illegal.
Mes Chemins de Traverse avec Saint Benoît-Joseph Labre N° 15
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“Église Saint Vérédème de Verquières”
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Michèle Ricard
“Qu’est-ce qui poussait Benoît-Joseph Labre à cheminer presque continuellement” ?
Témoignage: on nous écrit de Verquières “ Inscrite dans l’inventaire des monuments historiques l’église Saint Vérédème est de style roman, fortifiée au XIV siècle avant d’être agrandie au XIX siècle. Son ancienne tour carrée lui sert aujourd’hui de clocher, il est ajouré sur ses quatre faces par des larges baies en plein cintre. Celles-ci sont inspirées du mausolée des Antiques de Saint-Rémy-deProvence. L’église est composée d’une nef en berceau brisé et d’abside semi-circulaire. A l’intérieur vous y verrez les saints populaires de ce pays, les statues de saint Vérédème, saint Gens, saint Roch et une toile représentant saint Benoît-Joseph Labre datant de la fin du XVIIIème siècle, un baptistère médiéval monolithe et un crucifix du XVIIIème siècle”.
De l’occasion d’une rencontre naît ce pèlerinage à Amettes. Par Michèle Ricard, paroissienne de Verquières
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e mémoire de paroissiens, le tableau de Benoît-Joseph Labre est depuis toujours dans notre église St Vérédème à Verquières. Quand et comment est-il arrivé chez nous ? Et ce Saint pour nous qui est-il ? En août 2015, la venue de la communauté des Labriens de Chaîgnes dans notre village pour voir ce tableau allait troubler notre légendaire sieste provençale. Mai 2016, frère Alexis revient en Provence, cette fois pour donner une conférence et nous remettre une tuile
de la maison du Saint. Lors de cet exposé, nous découvrons un Benoît Labre proche de nous, à notre hauteur, ayant vécu une vie humble et sans superflu et ayant peut-être fait un passage à Verquières. Un tournant dans ma vie professionnelle et plus tard au cours d’une conversation téléphonique avec frère Alexis une phrase: « Notre rencontre n’est pas fortuite » allaient façonner la suite. Germe alors l’idée d’aller en pèlerinage à Amettes pour la neuvaine annuelle. De l’occasion d’une rencontre naît ce pèlerinage.
Mes Chemins de Traverse avec Saint Benoît-Joseph Labre N° 15
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u’est-ce qui poussait Benoît Joseph Labre à cheminer presque continuellement ? et moi ? Qu’est-ce qui me pousse à faire ce pèlerinage? Dans quel but ? De nos jours,les motifs sont nombreux et rebattus: se libérer du quotidien, des rythmes fous, de l’ennui, faire une pause, peut être aller vérifier s’il reste encore quelques tuiles sur le toit de la maison natale du Saint. Plus sérieusement, ma démarche n’avait pas vraiment d’explication, juste sentir une main qui vous presse dans le dos, simplement aller vers un lieu où d’autres ont fait et font encore l’expérience de Dieu. Ce Saint était venu jusque chez moi, je décidais donc d’aller chez lui.
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près avoir lu des centaines de pages, tous « les chemins de traverses » que m’avait adressés Frère Alexis, j’étais certaine d’avoir encore des choses à découvrir sur la vie et le charisme de Benoît Joseph Labre. Après avoir été rejeté de plusieurs monastères, il trouvait encore le courage de vivre comme il l’entendait dans une époque certainement peu libérale. Combien sommes-nous comme lui à chercher notre place dans l’Eglise sans la trouver mais en continuant malgré tout à suivre ce chemin de solitude. Benoît-Joseph un modèle à suivre. C’est donc avec un voile d’appréhension que j’ai pris seule la route le 27 août 2016 pour parcourir les 1000 km qui me séparent d’Amettes, avec pour boussole Benoît-Joseph Labre et mon GPS. Rien de dit à l’avance, allais-je faire des rencontres ou bien me retrouver un peu seule au milieu de pèlerins habitués des lieux.
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“Les antiques de Glanum à Saint Rémy de Provence, Présentation; on nous écrit de Verquières l’arc municipal et le mausolée années 20 à 30 av JC. Le clocher de l’église Saint Vérédème est inspirée de ce mausolée”.
Mes Chemins de Traverse avec Saint Benoît-Joseph Labre N° 15
“La rue Saint Benoît Labre de Verquières”.
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u terme de mon voyage, je découvre toute étonnée un village verdoyant et tout fleuri sous un ciel bleu très loin des clichés véhiculés d’un Nord minier, gris et pluvieux
récompensés par la présence tous les jours de centaines de personnes venues témoigner de leur attachement à Benoît Joseph Labre et de leur fierté d’appartenir à ce lieu qui a vu naître « leur Saint ». Mon accent me trahit, d’où venez-vous ? Venue seule de mon Sud tous me manifesteront une attention et une disponibilité de tous les instants, tous auront pour moi un mot gentil, une invitation à dîner un moment à partager avec eux comme des amis de toujours, des rencontres inoubliables, des rencontres qui enrichissent. J’ai vraiment vécu le temps présent, savouré chaque minute sachant que je redescendrais de mon petit nuage à la fin de la semaine.
Il y a un après « Amettes », pas une journée depuis, sans que défile devant mes yeux un moment ou un autre de cette « rencontre » et une irrésistible envie de poursuivre …
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avec des maisons bien alignées. e vais alors vivre des moments magiques, de la première à la dernière messe de clôture de la neuvaine je croise des personnes d’un dévouement sans égal, des organisateurs bénévoles bien
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“Saint patron de l’église de Verquières”.
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ors de la messe de clôture on me demandera de lire la prière universelle. Au début de la lecture quelques secondes de surprise dans l’assistance (toujours mon accent) je savoure mon petit moment de gloire mais surtout je suis très touchée d’avoir été accueillie, acceptée, que chacun m’ait accordé sa confiance, qu’on me fasse participer entièrement et pleinement à cette célébration, sentir que je fais partie de cette grande et belle famille, de cette communauté, le maillon d’une chaîne qui voue une foi profonde et sincère à Benoît-Joseph Labre. Trois cœurs ce n’est pas de trop pour garder chaque
instant gravé.
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’ai trouvé le chemin du retour un peu long, c’était le 5 septembre jour de mon anniversaire. C’est promis je reviendrai mais cette fois avec par avance la joie de les retrouver tous. Il y a un après « Amettes », pas une journée depuis sans que défile devant mes yeux un moment ou un autre de cette « rencontre » et une irrésistible envie de poursuivre … Michèle Ricard Verquières, lundi 28 novembre 2016.
“Verquières est une charmante petite commune française, située dans le département des Bouches-du-Rhône en région Provence-Alpes-Côte d’Azur”. “La paroisse de Verquières est regroupée avec les paroisses de Saint-Rémy-deProvence, Eygalières, Mollégès, SaintAndiol, Plan-d’Orgon et Cabannes.”
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LES AMIS DE SAINT BENOIT LABRE Saint Benoît-Joseph Labre, l’Européen .
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Les villes de Rottweil et de Villingen un périple que je vais aborder en suivant ensemble cette route où la légende raconte: « Un saint Pèlerin en haillons, nommé Benoît-Joseph Labre est passé ».
TEXTES - PHOTOGRAPHIES - DIDIER NOËL 28
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KANDEL LA MONTAGNE DES FORCES
Mes Chemins de Traverse avec Saint Benoît-Joseph Labre N° 15
Baden-Württemberg
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LES AMIS DE SAINT BENOÎT LABRE
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Chères amies, chers amis,
près quelques mois de sommeil, me voilà de retour sur « Les chemins de traverse ». Je tenais tout d’abord à remercier chacune et chacun d’entre vous, sincèrement et fraternellement, pour vos nombreux messages lors du dernier numéro, votre soutien m’a beaucoup touché. Vous l’aurez compris, comme je l’avais évoqué dans le dernier numéro (voir Chemins de traverse n°14), je suis de retour pour un pèlerinage « outreRhin » un peu particulier, dans deux villes d’Allemagne que la tradition orale donne comme lieux de passage du pèlerin d’Amettes. Il s’agit de Rottweil et Villingen. Un périple riche d’enseignements et de réflexions que j’aurai plaisir à vous faire partager dans ces quelques lignes. C’est depuis, le Land du BadenWürttemberg, ou plus précisément depuis le haut sommet du Kandel (1242 m), assis à l’ombre de la chapelle Saint-Pie, inaugurée le 28 septembre 1958 par Mgr Hermann Josef Schäufele (Archevêque de Fribourg-en-Brisgau), que j’écris ce nouveau périple sur les pas de saint Benoît-Joseph Labre. Le massif du Kandel est le plus haut sommet de la Forêt-Noire du centre. Il est situé sur la commune d’Emmendingen, entre Waldkirch, Sankt Peter et Sankt Märgen. Le Bade-Wurtemberg, situé entre la Suisse et la France, est une
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région qui constituait un ensemble du point de vue politique, économique et religieux très important jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Ce pèlerinage fait par ailleurs suite à mes recherches à Sankt Märgen et sur une partie méconnue de l’itinéraire qu’emprunta le saint vagabond en Allemagne. Grâce à mes nombreuses investigations à WaldshutTiengen (Voir Chemins de traverse n°13), j’avais appris qu’une partie de cet itinéraire existait encore dans la tradition orale non officielle liant le saint Pèlerin à cette terre d’Allemagne. Le Kandel, « Berg der Kräfte » (la montagne des forces) est un endroit merveilleux qui a quelque chose de spécial. Je l’avais découvert lors de ma visite à Sankt Märgen en août 2015 ; il s’agit pour moi de bien plus qu’une simple sensation, chers Amis. Le côté spirituel de ce panorama grandiose et monumental qu’offre la nature de ce lieu équivaut à mes yeux aux clichés d’un carnet de voyage exceptionnel. Au-delà de cette montagne, qui encadre si admirablement ce bel endroit, s’élève la gracieuse chapelle Saint-Pie. Assis à quelques mètres d’elle, je m’interroge et j’observe la procession des nombreux pèlerins qui entrent dans la maison de Dieu. Certains pour visiter et d’autres plus recueillis, guidés par les secrètes circonstances qui les ont amenés en ce lieu. Chercheurs de Dieu ou de miséricorde, ils marchent en présence de Dieu ; pèlerins, ils symbolisent l’unité du peuple. Tous sont liés les uns aux autres,
“ Le Kandel, Berg der Kräfte (la montagne des forces)”
Mes Chemins de Traverse avec Saint Benoît-Joseph Labre N° 15 ils sont les bien-aimés du Père. Le pèlerin qui entre dans la chapelle SaintPie n’adore pas Dieu tout seul. “ Il est conscient de la présence de tous ses frères et sœurs. Cela l’incite à remercier Dieu pour leur présence. L’adoration est une activité de groupe. C’est une affaire entre Dieu et son peuple”.
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e fait, les arrivants et les partants étaient si nombreux que je fus saisi du regard par ce que le Seigneur faisait de beau et de bon dans notre vie humaine. « Venez donc à moi vous qui êtes affligés, venez à moi vous qui tombez le long du chemin, écrasés sous le poids de vos misères et de vos souffrances, je vous relèverai et je vous soulagerai. » Ici c’est le Père qui monte chaque jour, sur la montagne attendant à la porte de la chapelle Saint-Pie le retour de l’enfant prodigue… Quelle foule splendide faite de respect, de tendresse et d’espérance ; chacun de leurs pas semble dire : « Nous voici Seigneur ! Vous nous avez appelés !... » « L’église est le lieu de la miséricorde de Dieu où chacun se sent écouté, aimé, pardonné, et encouragé à vivre selon la bonne vie de l’évangile. L’église doit garder ses portes ouvertes, afin que tous puissent entrer ». (4)
Je reconnais, chers Amis, que je suis bien
souvent dans la course, débordé par de multiples activités, et ce pèlerinage sur les traces de saint Benoît-Joseph Labre est comme une bénédiction pour moi, une force à laquelle je m’accroche pour ne jamais oublier l’essentiel de ma mission de serviteur à la suite du Christ. De toute évidence, depuis ce sommet, rien ne pouvait me laisser croire au plus petit clin d’œil de la providence,
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ce cortège de pèlerins m’accueille et m’invite à la réflexion. A l’heure où, depuis cette table du Kandel, j’écris ces quelques mots, je pense à une parole de Pierre répondant à Jésus : « Tu es le Christ le Fils du Dieu vivant » et la réponse de Jésus : « Ce n’est pas ton intelligence qui t’a fait comprendre cela ; C’est mon Père dans les cieux qui te l’a révélé. Et moi je te dis : tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise, je te donnerai les clés
“ Sankt Pius Kapelle, Kandel.”
du Royaume des cieux. » À cet instant, Pierre donne sa foi et son amitié pour une aventure merveilleuse; il ne soupçonne pas encore la manière dont la promesse du Christ va façonner sa vie jusqu’à son but ultime. Jésus lui a confié une famille, des amis, une mission... Solitaire et rebelle de nature, depuis que j’ai décidé de le suivre au service des Amis de saint Benoît-Joseph Labre, je dois bien vous admettre qu’Il me fait
passer par des chemins que je n’aurai jamais envisagé de prendre… Je donne ici la mesure de cette parole du Pape François : « Jésus est le Seigneur du risque, du toujours “au-delà”. Jésus n’est pas le Seigneur du confort, de la sécurité et de la commodité. Pour suivre Jésus, il faut avoir une dose de courage, il faut se décider à échanger le divan contre une paire de chaussures qui t’aideront à marcher, sur
des routes jamais rêvées et même pas imaginées, sur des routes qui peuvent ouvrir de nouveaux horizons, capables de propager la joie, cette joie qui naît de l’amour de Dieu, la joie que laisse dans ton cœur chaque geste, chaque attitude de miséricorde ». Au fil des années à le suivre, les pas du pèlerin d’Amettes ont transformé mon cœur et mon esprit. Ainsi chaque jour, je prends davantage conscience de cette mission qui m’est confiée, elle n’est certes
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pas sans épreuves et sans souffrances, mais elle oriente petit à petit mon existence et ma foi. Comme le disait il y a peu mon bon ami le Père Raymond Martel : « Il y a un avant et un après ».Il s’agit pour moi de répondre à cet appel : « Qu’est-ce que Dieu veut de moi ?» et tenter de le suivre de mon mieux. C’est Dieu qui suscite malgré cette part de ma faiblesse humaine ralentissant son action. Mais je pense que le Seigneur les utilise…
LES AMIS DE SAINT BENOÎT LABRE Saint Benoît-Joseph Labre, l’Européen .
“Wir sind alle Ausländer”
SANKT MÄRGEN LA VALLÉE DE GLOTTERTAL
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Mes Chemins de Traverse avec Saint Benoît-Joseph Labre N° 15
TEXTE - PHOTOGRAPHIE - DIDIER NOËL
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e Bade-Wurtemberg est limitrophe de la France et de la Suisse. En Allemagne même, il est limitrophe des « Länder » de Rhénanie-Palatinat, de Hesse et de Bavière. Le Land de Bade-Wurtemberg a été créé en 1952, succédant aux anciens Länder d’après-guerre de Bade, de Wurtemberg-Bade et de WurtembergHohenzollern, eux-mêmes successeurs du Margraviat puis Grand-duché de Bade, duché puis royaume de Wurtemberg, province prussienne de Hohenzollern. La ville de Villingen-Schwenningen est le chef-lieu de l’arrondissement de ForêtNoire-Baar (Schwarzwald-Baar-Kreis) et la ville de Rottweil est le chef-lieu de l’arrondissement de Rottweil (Landkreis Rottweil). Le Kandel quant à lui se trouve dans l’arrondissement d’Emmendingen (Landkreis Emmendingen) qui en est
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aussi le chef-lieu. La Forêt-Noire est l’une des plus pittoresques contrées que l’on puisse visiter au sud de l’Allemagne. Du côté de la France, j’y suis entré en passant par Waldkirch, charmante ville adossée aux montagnes et voisine de la ville de Fribourg-en-Brisgau (18 km), rendue célèbre par son université (Albert-Ludwigs-Universität Freiburg). Ces promenades sont délicieuses et les rues de Waldkirch sont propres (les rues propres d’Allemagne ne ressemblent en rien à celles de France ; ici le terme de propreté est synonyme d’absence de salissures, incluant les papiers, les poubelles et les nuisances olfactives. Elle implique des procédés de nettoyage importants et surtout beaucoup de civisme). Ses belles maisons, ses monuments anciens et la tranquillité, dont on y jouit, en font une ville où il fait bon vivre.
Mes Chemins de Traverse avec Saint Benoît-Joseph Labre N° 15
“Pieta de la Soldatenkapelle, l’inscription dit: Ne pleure pas Marie, les écritures seront accomplies par la42 résurrection et l’ascension de ton fils.”
En sortant de Waldkirch, il y a une vaste plaine que l’on appelle la vallée de Glottertal avec ses nombreux pâturages et ses vignobles. En suivant cette route, on arrive à l’abbaye bénédictine Sankt Peter, datant du XIe siècle, et à la Soldatenkapelle rendue célèbre par la phrase inscrite au-dessus de sa porte d’entrée : « Wer glaubt ist nicht allein » (Celui qui croit n’est pas seul). Cette parole est extraite de l’homélie : « l’Eglise est vivante » du Pape Benoît XVI prononcée pour l’inauguration de son pontificat sur la place Saint-Pierre de Rome, le dimanche 24 avril 2005. En continuant, on trouve la route bordée du nord au sud par de petites montagnes et par le Kandel véritablement adossé à la ville. Cet endroit est avec le village de Sankt Märgen à l’est mon lieu de détente préféré en Allemagne ; il est aussi l’endroit idéal de ceux qui aiment le calme, le repos et les charmes de la nature. En été, les verdoyantes prairies alentour sont émaillées de fleurs des champs et couvertes de troupeaux, de montagnes boisées couronnées de bouquets de sapins séculaires, d’une riche végétation.
P
ar trois fois, au cours de ces jours si intenses, le chant des litanies des saints nous a accompagné: durant les funérailles de notre Saint-Père Jean-Paul II; à l’occasion de l’entrée des Cardinaux en Conclave, et aujourd’hui encore, nous les avons chantées à nouveau, accompagnées de l’invocation: Tu illum adjuva – soutiens le nouveau Successeur de saint Pierre. Chaque fois, de manière toute particulière, j’ai ressenti, pendant cette prière chantée, une grande consolation. Combien nous nous sommes-nous sentis abandonnés après le départ de Jean-Paul II! Pendant plus de 26 ans, ce Pape a été notre pasteur et notre guide sur le chemin à travers ce temps. Il a franchi le seuil vers l’autre vie – entrant dans le mystère de Dieu. Mais il n’accomplissait pas ce passage tout seul. Celui qui croit n’est jamais seul – il ne l’est pas dans la vie, et pas même dans la mort. À ce moment-là, nous avons pu invoquer les saints de tous les siècles – ses amis, ses frères dans la foi, sachant qu’ils ont été le cortège vivant qui l’a accompagné dans l’audelà, jusqu’à la gloire de Dieu. Nous savons que son arrivée était attendue. Nous savons désormais qu’il est parmi les siens et qu’il est vraiment chez lui. De nouveau, nous avons été consolés alors que nous accomplissions l’entrée solennelle en conclave pour élire celui que le Seigneur avait choisi. Comment pouvions-nous reconnaître son nom? Comment 115 Évêques, provenant de toutes les cultures et de nombreux pays, pouvaient-ils trouver celui auquel le Seigneur désirait conférer la mission de lier et de délier ? Encore une fois, nous le savions: nous savions que nous n’étions pas seuls, nous nous savions entourés, conduits et guidés par les amis de Dieu [...] HOMÉLIE DE SA SAINTETÉ BENOÎT XVI Place Saint-Pierre Dimanche 24 avril 2005
SANKT PETER
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“Sankt Peter (Saint-Pierre) est une commune de Bade-Wurtemberg, L’abbaye bénédictine de Sankt Peter fut élevée de 1724 à 1754, elle remonte au XIe siècle.”
TEXTES - PHOTOGRAPHIES - DIDIER NOËL
T
elle en est l’impression d’ensemble. Ce récit se doit de rassurer les timides voyageurs et pèlerins qui souhaiteraient suivre les pas de saint BenoîtJoseph Labre dans le pays de Bade.
En prenant, au nord de la ville, la route B294 pour Rottweil (85 km), les vallées se succèdent, chacune offrant un spectacle ravissant. La route est balisée de calvaires ; dans toute la Forêt-Noire, les calvaires de route sont très présents.
ROTTWEIL
L
e périple sur les traces de notre ami Benoît-Joseph Labre, que je vais vous conter depuis Rottweil et Villingen, ne nous donnera pas de vestiges historiques liés au saint.
Je n’ai trouvé ni statue ni relique, juste cette légende de son passage sur ces routes de la Forêt-Noire. Cependant, il était important à mes yeux, chers Amis, de me rendre en ces lieux. Depuis l’ouverture de l’Europe, ces deux villes sont placées dans le prolongement des grandes voies conduisant à Saint-Jacquesde-Compostelle (Jakobsweg). La ville de Rottweil est dans l’axe de l’ancienne route des Romains, la « Neckar-Alb-Aare », d’une longueur d’environ 400 km. Elle suit le tracé de l’ancienne Via Romana, une
voie indiquée sur une carte très ancienne, la Tabula Peutingeriana. Elle reliait le camp de Vindonissa (Windisch dans l’Argovie suisse) à la colonie de Grinario (Köngen près de Stuttgart). La ville très ancienne fut fondée par les Romains au 1er siècle après J.-C. Le contraste entre la vieille ville médiévale et la ville nouvelle est impressionnant et la juxtaposition de ces deux paysages urbains distincts la revêt d’un intérêt historique et architectural hors du commun. La principale attraction annuelle est le célèbre carnaval appelé « Narrensprung » (La cavalcade des fous). La ville de Rottweil est connue pour son centre-ville médiéval et baroque mais aussi pour le chien Rottweiler qui autrefois était un chien de boucher,
mais surtout un chien utilisé pour tracter les wagonnets dans les mines. (1) Rottweil se situe à environ 90 km au sud de Stuttgart ; elle fut la première étape de mon périple. Fondée par les Romains sous l’empereur Vespasien et sa XIe légion stationnée à Vindonissa, en l’an 73 après J.-C., Rottweil devint au haut Moyen Âge un centre administratif alaman. Ce qui fait d’elle la plus ancienne ville du Bade-Wurtemberg ; cette commune romaine s’appelait alors « Arae Flaviae ». La Rottweil romaine était le cheflieu d’une civitas, sorte de colonie romaine et à l’époque la seule municipalité romaine de l’actuel BadeWurtemberg. L’empereur Domitien (90 après J.-C.) n’ayant pas donné
“Devant la porte latérale de la Kapellenkirche” trop d’importance à cette région éloignée, « Arae Flaviae » ne se développera pas durant les deux siècles suivants. À la suite de la chute de Rottweil et de son abandon en l’an 260 par les Romains devant les hordes alamanes, la ville ne fut que peu habitée et perdit son nom latin. Eu égard aux infrastructures laissées par les Romains, un duché alaman s’y établit et le nom Rotuvila est évoqué pour la première fois en 771 dans un acte de la cour impériale carolingienne du Saint Empire Romain Germanique. Celuici attacha beaucoup d’importance à la « pace » de Rotuvila pour son rôle de cour de justice de l’empire. Rôle qui durera longtemps jusque dans la deuxième partie du Moyen Âge, époque pendant 48
laquelle, la ville fut déplacée et construite sur un promontoire rocheux surplombant le Neckar. C’est la ville médiévale que l’on connaît aujourd’hui avec ses maisons bourgeoises à colombages et ses nombreuses églises. Époque où Rotuvila devient Rotwil, puis plus tard Rottweil. Rot étant la couleur rouge, synonyme de la couleur des bâtiments et des ruines romaines encore visibles pendant le Moyen Âge. Le centre médiéval de Rottweil, avec ses fontaines et ses maisons bourgeoises, est presque sans égal et présente une image pittoresque unique de ce que pouvait être une ville bourgeoise à cette époque. En y ajoutant la cathédrale, édifiée entre 1430 et 1534, l’église baroque des Dominicains, la tour
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Kapellenkirche
Mes Chemins de Traverse avec Saint Benoît-Joseph Labre N° 15
“L’église de la chapelle (Kapellenkirche) est le symbole de la ville de Rottweil. La construction antérieure était une église de pèlerinage marial qui fut reconnue en 1313 comme chapelle de Notre Dame. On l’a construite au XIVe siècle. Sa tour fait partie des monuments les plus importants du gothique flamboyant du Bade-Wurtemberg.” TEXTES - PHOTOGRAPHIES - DIDIER NOËL
haute et l’église de la chapelle (Kapellenkirche), cette dernière est l’un des monuments les plus importants de la période gothique tardif dans le BadeWurtemberg. Elle a reçu en 1983 le titre de monument culturel d’importance nationale. L’église Prediger et la chapelle Saint-Laurent (Lorenzkapelle) donnent à Rottweil une silhouette incomparable. Au XVIIIe siècle, des pèlerins comme BenoîtJoseph Labre, venant de Rottweil, sont mentionnés à l’abbaye de Saint-Gall ; c’est en effet cette période qu’aurait pu connaître notre saint pèlerin. Bien que la plupart des fortifications médiévales eussent été démontées au cours des âges, la tour à poudre, la porte noire et le pont-haut évoquent une cité bien conservée. La guerre de Trente Ans fut le début de la fin de Rottweil en tant que ville franche car elle fut intégrée dans le royaume du Wurtemberg en 1802.
D
e nos jours, une sorte d’aura spirituelle règne encore dans le centre-ville historique de cette ancienne ville médiévale et lui donne une atmosphère joyeuse
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; les pèlerins de Saint-Jacques qui la traversent de nos jours, témoignent d’une quête spirituelle, d’une démarche de foi, loin des préoccupations quotidiennes. Ces chemins de traverse ne nous rappellent-ils pas que le but du pèlerinage n’est pas de sortir de soi mais de s’éveiller lentement et d’être présent par l’intériorité, celle-là même dont nous parle l’histoire de saint Benoît-Joseph Labre. Ici le secret de la vie, ici le secret de la sainteté, c’est bien la prière et elle témoigne de l’espérance du peuple de Dieu. Chercheurs de Dieu, ces étranges voyageurs traversent les époques en balisant le chemin de résonances multiples, imprimant leurs pas d’histoires personnelles, de secrètes circonstances ou d’une conversion spectaculaire… même ces lieux méconnus du passage de saint Benoît-Joseph Labre apportent une note bien particulière à Villingen et à Rottweil. Et je dois bien vous confier, chers Amis, que j’ai la plus grande tendresse pour ces pèlerins qui cheminent en pensant à l’aboutissement et non à la voie par laquelle ils arrivent au cœur de Dieu.
Mes Chemins de Traverse avec Saint Benoît-Joseph Labre N° 15
“ 54Rottweil, Kapellenkirche, la Porte de la Miséricorde .”
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enoît-Joseph Labre, le mendiant étincelant, a parcouru les routes dans une extrême solitude, voulue, consentie ; sa pauvreté sera le vecteur de sa quête. Son humilité exemplaire et son détachement admirable firent de lui un être libre. La force de cet homme profond prend appui sur une intensité intérieure et une volonté à toute épreuve. Aujourd’hui encore, la trace de ses pas nous conduit à approfondir cette démarche personnelle, ce voyage qui permet au croyant ou toute personne à la recherche de réponses de cheminer dans un esprit de foi et de convictions religieuses. « Qui dit pèlerinage, dit sortir de chez soi pour aller visiter un sanctuaire. Le chez-soi d’où ce Benoît-Joseph est sorti, irrévocablement sorti : « Egredere, sors », c’est lui-même, c’est sa propre chair, c’est son propre jugement, sa propre volonté ; et le sanctuaire vers lequel il tend et soupire sans cesse, c’est le Seigneur en la présence duquel il veut toujours être ».
jamais à satisfaire. Son itinéraire se perd dans l’inconnu et la légende des routes d’Europe. Son histoire est jalonnée de rencontres avec les habitants des villages traversés. Il frappait aux portes des maisons demandant l’hospitalité ; hôte d’un soir ou de quelques jours, il y vivait parfois des aventures aux intrigues compliquées et difficiles ; il édifiait les personnes par sa bienveillance délicate et, en quelque sorte, suppliante. Hôte d’un soir, il faisait parfois la lecture et charmait par la douceur de ces mots les petits enfants qui ressentaient un attrait tout particulier pour lui ;
(Au XVIIIe siècle existait encore en Allemagne une pratique curieuse appelée « Les sorts des saints ou sortes sanctorum ». Dans les chaumières de la Forêt-Noire, les habitants cherchaient à connaître l’avenir par l’inspection des Saintes Ecritures. On ouvrait le livre au hasard et l’on prenait pour un présage certain la première phrase que l’on y rencontrait. Les livres consultés outes les routes, tout les chemins le plus souvent étaient les Evangiles ; mais du « Schwarzwaldweg » sont on interrogeait aussi les livres de l’Ancien parcourus aujourd’hui, par une Testament, les Psaumes et le livre des Rois.) foule immense de voyageurs. Les pèlerins viennent de divers Il consolait les malades, il leur inspirait horizons. Je parle du pèlerin d’aujourd’hui, moins par ses discours que par ses comme celui d’hier qui était pèlerin à exemples la force d’accepter leur sa façon, comme nous le sommes à la épreuve. En échange de l’hospitalité nôtre. Benoît-Joseph Labre n’était pas très reçue, il a souvent fait don de l’aisance différent de nous-mêmes ; lui aussi, alors et parfois de la santé. La bénédiction de enfant, avait grandi, désiré, étudié et rêvé. Dieu entrait avec lui dans les maisons, Mais il ne se retrouvait lui-même que le peuple de la Forêt-Noire l’appelait « dans la solitude du chemin : là était son der Pilger Gottes », le Pèlerin de Dieu. trésor, un choix, libre d’une liberté qui Les longues veilles, les jeûnes et les s’étendait au travers de celle des autres. flagellations sous lesquels Benoît-Joseph Pas après pas, il avançait sur des sentiers Labre courbait son corps, jour après où il pouvait lentement s’étirer, respirer jour, consumaient inexorablement sa vie et confier à la providence l’odeur du terrestre. Pas après pas, il se dirigeait monde, avec une exigence qu’il n’arrivait vers un pays où il fait bon vivre.
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“Le cachet (Stempel) de Rottweil délivré pour le credential des marcheurs de Saint-Jacques-de-Compostelle.”
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hargé des odeurs épicées des sapins de la Forêt-Noire, le vent accompagnait ce pauvre pèlerin qui confiait son existence à la providence ; sur son passage, les murmures mélodieux du vent chantaient la gloire de Dieu depuis les plus hauts sommets du pays de Bade. Le pèlerin d’Amettes, au cœur plus grand que les deux mains réunies,
voulait partager avec Dieu la rudesse de ce vaste pays. Poussé par le vent, il marchait heureux sur la terre fleurie, en haillons au milieu de ses paysages, parcourant les sentiers qui descendent les montagnes, égrenant son long chapelet, priant et répétant inlassablement : « De ma vie, Dieu la veut ainsi. »
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andis que la nature chantait l’harmonie de ses riantes images par des sons confus, ses pas, mêlés des bruits du dur labeur humain, rythmaient le quotidien harassant des hommes de son temps…Seul, à la nuit tombée, dans ces lieux de passage, il accomplissait un perpétuel chemin de la croix, hommage au Père éternel. Il pérégrinait jusqu’au bout de ses forces sous la conduite du Tout-puissant. Sa vie n’était plus que voyage ; tel était le prix de tant de marches. Ce pèlerinage en Allemagne en plein XVIIIe siècle est un périple qui le fit passer par d’innombrables églises et villages dont il ne reste malheureusement que peu d’empreintes. Je saisis l’occasion de rappeler l’importance des sanctuaires mariaux dans la foi de ce pays, les lieux de culte dédiés à Marie étaient les préférés du saint d’Amettes. Ce saint à vocation européenne a visité, en France, en Italie, en Suisse et en Allemagne, les principales cités mariales. Malgré le manque de documents, nous pouvons, cependant, aisément imaginer sa course sur ces routes de montagne et de plaine, à travers des forêts majestueuses et de gracieuses prairies ; sa volonté de visiter certains sanctuaires, à l’écart des grandes artères, lui faisait prendre des routes inconnues, le cœur accroché aux liens de la providence… ailleurs, sans autre raison que de suivre cet appel intérieur où Dieu l’attendait. Benoît-Joseph a renoncé à sa famille, à sa patrie et à toutes les joies de ce monde. Il est désormais pèlerin pour Dieu et mène la vie d’un autre Alexis. Chrétien d’aujourd’hui, il est vain d’essayer de trouver une signification logique à son itinéraire, chacun de ses pas est fait d’avance et de recul, de 58
rencontres et de solitude, d’allers et retours incompréhensibles où il aimait se perdre. En plein hiver 1773, sur le « Schwarzwaldweg », errant de nuit sur le revers de la montagne, il ne s’aperçoit ni de la neige, ni du vent, ni du froid qui pénètrent et enveloppent sa « carcasse » comme un manteau d’argent. Pour lui, c’est une belle nuit pour une oraison. Dans cet instant qui déroule ses affres interminables toutes endimanchées de givre, BenoîtJoseph veille et prie ; il témoigne de la souffrance du Christ au jardin de Gethsémani… Saisi d’un immense respect, devant une sérénité, une constance dans la grandeur d’âme que ne pouvaient altérer ni les rigueurs de la température ni les outrages des hommes, pèlerin sur ses traces en terre d’Allemagne, chers Amis, j’éprouve une émotion familière qui me dépasse, je sens que cela vient de plus grand que moi, une réciprocité de présence bienveillante est à mes côtés. Pèlerin, dans l’aube du matin, il m’a suffi de m’asseoir un moment sur le bord de cette route et d’attendre les premières lueurs du jour poindre à l’horizon, pour y apercevoir une force, un espoir, un amour renaissant, une résurrection de la vie, messager d’un jour nouveau, apportant avec lui, de nouvelles espérances et un nouveau départ…
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nutile de vous dire que l’endroit a bien changé depuis le passage du saint pèlerin d’Amettes. Je me suis longuement attardé dans la « Kapellenkirche », lieu de passage et étape des pèlerins de SaintJacques. Chacun peut y recevoir le fameux « Stempel » (cachet) sur le credential,véritable « passeport du pèlerin », héritier de la lettre que l’êveque
“ La route est balisée de calvaires ; dans le pays du Bade-Wurtemberg, les calvaires de route sont très présents.”
Mes Chemins de Traverse avec Saint BenoÎt-Joseph Labre N° 15
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“Ein zerlumpter heiliger Pilger namens Benedikt Labre kam vorbei.” “Un saint pèlerin en haillons, nommé Benoît Labre, est passé ici”.
“ Sur la route de Villingen - Schwenningen avec mes fidèles compagnons, Joseph et Julie.”
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remettait traditionnellement à ceux qui souhaitaient entreprendre le pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Cette lettre de créance attestait la condition de pèlerin de celui qui la détenait, invitant les autorités diverses, l’Église et tous les hommes rencontrés en chemin à lui offrir aide et protection. L’année 2016 marque aussi un autre événement, l’année de la Miséricorde. À Rottweil, le troisième dimanche de l’Avent 2015, le Père (Pfarrer) Martin Stöffelmaier a ouvert une Porte Sainte dans la « Kapellenkirche ». Ainsi, cette Porte Sainte de la miséricorde dans Rottweil est une invitation adressée aux nombreux pèlerins qui la franchissent « à faire l’expérience de l’amour de Dieu qui console, pardonne et donne l’espérance. » (Misericordiae Vultus Pape François) J’ai ainsi franchi, moi aussi, cette Porte Sainte, scellant mon pèlerinage. Il fait écho à la vie de saint BenoîtJoseph Labre et véhicule une sensation qu’aucune autre ne remplace, un sentiment d’indépendance unique, où l’on sent que l’on s’appartient, où l’on se repose tout entier sur la miséricorde du Père, un instant de foi profonde où l’on jouit pleinement du droit souverain d’être libre et responsable de sa pensée, de sa parole et de ses choix devant Dieu… et puis cet ailleurs, cet ailleurs que je désire tant. Comme je vous l’ai dit plus haut, je n’ai pas trouvé de traces du passage de notre saint vagabond à Rottweil ni même à Villingen, cette dernière étant la deuxième étape de ce périple que je vais aborder maintenant en suivant cette route où la légende raconte qu’ « un saint pèlerin en haillons nommé Benoît Labre est passé ici». (Ein zerlumpter heiliger Pilger namens Benedikt Labre kam vorbei).
LES AMIS DE SAIN Saint Benoît-Joseph
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NT BENOIT LABRE Labre, l’Européen .
VILLINGEN-
B
enoît-Joseph Labre n’a pas connu cette ville moderne deVillingen avec ce bruit et ce tumulte autoroutier. En effet, ce qu’il entendit jadis devait être bien différent. Villingen n’est plus celle qu’elle était lors de son passage, les anciennes maisons demeurent encore dans la vieille ville historique, mais toutes traces semblent avoir disparu. Les grands centres de pèlerinage de Suisse et 66
d’Allemagne ont attiré le saint vagabond. Chemin faisant, de plus humbles chapelles ou calvaires attireront sa dévotion comme ici à Villingen, augmentant ses étapes comme en 1775 où il s’attardera dans des lieux qui nous sont encore aujourd’hui inconnus. Qu’importe la longueur exacte de ses passages au Bade-Wurtemberg, c’est ici l’âme du pèlerin pour Dieu qu’il nous convient de découvrir... Au début de
-SCHWENNINGEN
sa vie itinérante à Assise le mardi 20 novembre 1770, il a pris le cordon de l’archiconfrérie de saint François, c’est le Père Temple, lui-même franciscain qui le lui remit. Dès 1783, l’imagerie populaire dans les tableaux et les nombreuses gravures le représentant montre toujours BenoîtJoseph avec ce fameux cordon ceignant ses reins. Son accoutrement pour le moins curieux devait attiser la méfiance sur son
passage. Pourtant la tradition populaire en Allemagne en garde un souvenir élogieux et admiratif. Ici sur cette route de la ForêtNoire, comme dans la ville de WaldshutTiengen, sa légende véhicule les mêmes remarques que les observateurs qui témoignèrent au procès de béatification à Rome. Cette tradition dit que son visage rayonnait d’une lumière qui laissait entrevoir cet autre monde révélant par sa
Mes Chemins de Traverse avec Saint Benoît-Joseph Labre N° 15
“La cathédrale Notre-Dame en grès rouge. La cons courant du XIIème siècle dans le style roman mais de la cathédrale furent détruites par un incendie. Le reconstruit en style gothique. Les deux tours d’une h été ajoutées au cours des XVème et XVIème siècles. A éléments de style baroque sont ajoutés (autel, plafond 68
struction a débuté dans le en 1271, certaines parties Le choeur, entre autres, est hauteur de 50 mètres ont Au cours du XVIIIème, des ds...)”
seule présence ce qui serait un jour. A l’église, ses prières sans fin, les genoux sur la pierre froide, son visage éclairant ses cheveux roux dans une continuelle union avec Dieu, le corps en avant pour ne jamais perdre de vue la sainte présence du tabernacle. L’image qu’il renvoyait de lui-même suscitait l’admiration des paysans de la Forêt-Noire. C’est avec cette belle description du saint d’Amettes que je suis arrivé à Villingen.
V
illingen-Schwenningen est située dans le sud-ouest du Land de Bade-Wurtemberg. (Distant de Rottweil de 20 km). Avec 81 000 habitants, la commune est la plus grande de l’arrondissement de Forêt-Noire-Baar. (2) La particularité de la ville réside dans le fait qu’elle se compose de nos jours de deux entités correspondant à deux anciennes villes autrefois indépendantes, à savoir Villingen et Schwenningen. Les deux anciennes communes ont fusionné en 1972 pour devenir Villingen-Schwenningen. Une autre particularité est géographique : entre les deux anciennes communes, distantes de moins de 5 km, passe selon un axe nord-sud la ligne de partage des eaux entre la mer du Nord au nord et la mer Noire à l’est. Les deux villes se situent de part et d’autre de la frontière historique entre le Grand-duché de Bade et le royaume de Wurtemberg. Leur unification administrative a été réalisée en 1972 sous l’impulsion du Land de Bade-Wurtemberg. Une particularité intéressante dans l’histoire de saint Benoît-Joseph Labre, certaines personnes ont rapporté que le saint aurait traversé l’Autriche. Nous retrouvons ici l’origine de cette information, en effet, l’histoire des deux anciennes villes de Rottweil et de Villingen, très différente pour chacune
d’entre elles, démontre que Villingen a appartenu à l’Autriche antérieure pendant environ 500 ans. C’est en 1806 qu’elle rejoint le Bade. Schwenningen, elle, conserve pendant longtemps un caractère villageois. C’est seulement avec l’industrialisation que le nombre d’habitants a rapidement évolué. La ville s’est en effet développée en devenant une place importante de l’industrie horlogère. En 1907, Schwenningen devient le plus grand village de BadeWurtemberg avec 13 000 habitants. La fusion de Villingen et Schwenningen le 1er janvier 1972 est liée à une profonde réforme administrative du Bade-Wurtemberg, menant à une forte diminution du nombre de villes dans le Land entre 1968 et 1975. Le but était de conférer un réel poids économique et politique à l’agglomération au sein du Land. Déjà en 1969, Villingen et Schwenningen avaient décidé, par l’intermédiaire d’un comité, de mener une politique commune.
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Villingen-Schwenningen, La Fontaine de la basilique de Klaus Ringwald, artiste originaire de la ForĂŞt-Noire.
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“Villingen-Schwenningen, La Vierge de la Basilique”. 74
L J
a Providence suscite parfois des rencontres ou des découvertes intéressantes ; à VillingenSchwenningen, j’ai évidemment recherché comme à Rottweil, les diverses biographies publiées en langue allemande dans le but évident de trouver quelques informations sur ses périples en Allemagne. e parle évidemment des biographies des origines, celles parues dans les premières années qui suivirent sa mort à Rome, de loin les plus importantes. Quatre études biographiques traduites en allemand retinrent mon attention : celle de Jean-Baptiste Alegiani, docteur en théologie et avocat en la cause de béatification (1783). La seconde, celle de l’abbé Guiseppe-Loreto Marconi qui fut le confesseur de Benoît-Joseph Labre et lecteur au collège Romain (1783). La troisième, celle d’un prêtre germanique, l’abbé Max Von Auer, chapelain au sanctuaire Saint Salvator de Gmünd, le livre est paru à Stuttgart en 1862, soit 79 ans après sa mort. (Gmünd est une ville de Basse-Autriche, chef-lieu du district dans le Waldviertel, située au nord-ouest de la région du Bundesland). La dernière est celle d’un illustre érudit jésuite, le Père Hermann Goldhagen, né à Mayence en 1718, professeur de théologie et conseiller ecclésiastique de Munich. Laborieux écrivain, on lui doit un grand nombre d’ouvrages de philologie, le plus remarquable est une édition du nouveau testament avec des variantes, qui vit le jour à Mayence en 1753 en 2 volumes. On lui doit aussi une biographie de saint BenoîtJoseph Labre, écrite en 1784 et rééditée en 1785 sous le titre « Erstlinge der Andacht zu dem ehrwürdigen Benedikt Joseph Labre ». Ce livre est admirable et aussi complet en description que celui de l’illustre Père Desnoyers qui reste actuellement la référence dans les biographies du saint.
Mes Chemins de Traverse avec Saint BenoÎt-Joseph Labre N° 15
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“ Pèlerin, dans l’aube du matin, il m’a suffi de m’asseoir un moment sur le bord de cette route et d’attendre les premières lueurs du jour poindre à l’horizon, pour y apercevoir une force, un espoir, un amour renaissant, une résurrection de la vie, messager d’un jour nouveau, apportant avec lui, de nouvelles espérances et un nouveau départ .”
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Mes Chemins de Traverse avec Saint Benoît-Joseph Labre N° 15
Cependant, le Père Goldhagen nous livre une description plus précise des miracles attribués à son intercession. En reprenant ses paroles, il livre dans sa préface « que l’on doit considérer la merveilleuse histoire du vénérable Labre, mendiant et serviteur de Dieu, en pleine capitale du monde chrétien, surtout en ce temps-là, comme un véritable triomphe de la religion catholique et de la morale évangélique et ce, sans 80
souffrir de contradictions. Afin de rendre ce triomphe encore plus populaire, on avait déjà rédigé en France en 1783 un livret sous autorisation qui portait le titre suivant : « Prémices de dévotion envers le vénérable Benoît-Joseph Labre » (l’auteur français est anonyme). En conséquence de quoi, on a écrit ces présents propos, mais sous une autre forme parce qu’on a jugé bon de d’abord faire connaître la vie du vénérable Labre ainsi que les miracles
“Imprimé à la Fuggerei par Johann Georg Bullmann à Augsburg en 1784”. accomplis par son intercession. On a donc regroupé ici ce qui était éparpillé dans le Journal de la Religion et on y a ajouté quelques informations. On peut voir dans le sommaire de ce livre que nous parlerons des autres miracles dans des annexes. » Le Père Hermann Goldhagen décédera à Munich le 22 avril 1794. Et bien évidemment avant de conclure ce pèlerinage sur les pas de saint BenoîtJoseph Labre, je ferai un aparté
sur la première et la dernière des biographies, celle de l’abbé Alegiani. Cette découverte que j’ai faite est intéressante car elle exprime avec force ce charisme véhiculé par les nombreux miracles que la ferveur populaire avait mis en valeur en Allemagne après la mort du saint. Afin de situer cette partie d’histoire, cette anecdote commence dans la ville d’Augsbourg (c’est dans cette ville de Bavière que furent
Mes Chemins de Traverse avec Saint Benoît-Joseph Labre N° 15 éditées dès 1783 les premières biographies de saint Benoît-joseph Labre en langue allemande).
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lle commence avec un certain Jacob Fugger, dit le « Riche ». La famille Fugger est une famille de marchands et de banquiers du Saint-Empire romain germanique qui domine la finance européenne à la fin du Moyen Âge et pendant la Renaissance. On considère que Jacob Fugger rassembla la plus grande fortune privée de son temps. À son époque, il contrôle la plupart des marchés financiers, dans l’acier, le textile, l’or, le cuivre, le plomb, etc. Cet homme très fortuné décida un jour de bâtir à Augsbourg un ensemble de logements destiné à abriter les habitants nécessiteux de la ville.
S
a construction date de 1521 et les critères d’admission fixés par Jacob Fugger sont stricts ; en effet, on doit avoir vécu au moins deux ans à Augsbourg (Bavière) et être dans le besoin sans en être responsable. Il faut obligatoirement être catholique et une base essentielle du règlement intérieur fixé par Fugger est la récitation quotidienne de trois prières (d’un Pater, d’un Ave et d’un Gloria). La “Fuggerei” ne donnait pas seulement un toit à ces indigents, elle remplissait également une fonction de contrôle social. Ainsi, son architecture, du fait de la disposition spatiale de ses rues et bâtiments, rendait impossible tout comportement déshonorant, tel que la boisson, le jeu ou la luxure. De cette manière, elle représentait les pauvres en marchands honorables agissant de concert en parfaite harmonie avec les valeurs politiques fondatrices de la société allemande de l’époque.
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“Imprimé à la Fuggerei par Johann Georg Bullmann à Augsburg en 1785”.
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Mes Chemins de Traverse avec Saint Benoît-Joseph Labre N° 15
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outes les maisons sont construites à l’identique les unes des autres et chacun dispose d’une habitation de deux petites pièces (60 m²); les habitations du rez-de-chaussée disposent d’un jardin, les logements à l’étage d’un grenier ; tous disposent d’une entrée particulière. Cette petite ville dans la ville s’étalait sur huit ruelles entourées d’un mur d’enceinte où trois portes permettent d’accéder aux habitations. Les ruelles bordées portaient des noms évocateurs, amusants dont voici la liste : Herrengasse (La ruelle des messieurs), Ochsengasse (La ruelle des bœufs), Neue Gasse (La ruelle nouvelle), Gartengasse (La ruelle du jardin), Hintere Gasse (La ruelle du fond), Mittlere Gasse (La ruelle du milieu), Finstere Gasse (La ruelle sombre), et Saugasse (La ruelle de la truie ou ruelle sale).De nos jours à Augsbourg, les soixante-six maisons à pignon sur deux étages totalisant 140 habitations existent encore et accueillent toujours des déshérités. Cinq cents ans plus tard, le prix du loyer n’a pas augmenté depuis la fondation, le loyer annuel correspond toujours à un florin rhénan, c’est-à-dire l’équivalent, de nos jours, de 88 centimes d’euro par an. Elles sont, comme à l’origine, exclusivement et uniquement réservées aux pauvres de confession catholique, avec l’obligation morale, de prier trois fois par jour pour les fondateurs. Avec ses jardins, son église et ses propres services administratifs, la « Fuggerei » dispose aujourd’hui d’un musée. Il se situe au n° 13 de l’ancienne habitation de son résident le plus célèbre, le grandpère de Wolfgang Amadeus Mozart. La cité de Jacob Fugger représente aujourd’hui le plus vieil ensemble de logements sociaux du monde. Vous me direz : « Quel rapport avec saint Benoît-Joseph Labre ? ». En effet, le pèlerin d’Amettes n’est jamais passé à Augsbourg 86
et n’a jamais mis les pieds en Bavière… Et pourtant en 1783, vivait à la “ Fuggerei” un pauvre indigent « katholischer Buchhandler » (imprimeur catholique) répondant au nom de Johann Georg Bullmann. Il y habitait au n° 45 de la Herrengasse. Ce monsieur diffusa en langue allemande les premières biographies de Jean-Baptiste Alegiani (Premier biographe de Benoît-Joseph Labre dont la biographie sortit en août 1783 à Rome). Bullmann fut donc le premier à propager à partir de la ville d’Augsbourg la vie du saint Pèlerin, écrite par l’abbé Alegiani. Par la suite, elle fut même rééditée par ses soins en 1784 et 1785 à la « Fuggerei ». Il est étonnant de
“Le livre de l’abbé Max Von Auer, chapelain au sanctuaire Saint Salvator de Gmünd, est paru à Stuttgart en 1862, soit 79 ans après sa mort. Gmünd est une ville de Basse-Autriche, chef-lieu du district dans le Waldviertel, située au nordouest de la région du Bundesland”.
Mes Chemins de Traverse avec Saint Benoît-Joseph Labre N° 15 constater, chers Amis, qu’un indigent fut le premier à diffuser la vie du plus pauvre des pèlerins. La biographie de l’abbé Giuseppe-Loreto Marconi ne parut à Rome qu’à partir d’octobre 1783 : “Ragguaglio della vita del servo di Dio Bene-
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detto Giuseppe Labre francese, scritto dal suo medesimo confessore”, imprimé par Barbiellini à Rome en 1783, avec privilège pontifical (du pape Pie VI) du 21 juin 1783 et à ma connaissance, elle ne fut traduite en allemand qu’en 1785 à Augsbourg.
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à où d’autres y verront l’effet d’un hasard, je tiens ici à affirmer la sollicitude de la Providence de la bienveillance de Dieu. Lors de mes recherches dans les différentes bibliothèques (plus d’une centaine), j’ai relevé cet important document, seul témoignage du passé de cet homme à qui je rends hommage aujourd’hui. En effet, à la Deutsche Nationalbibliothek, la bibliothèque nationale allemande de Leipzig (DNB), j’ai retrouvé le portrait de Johann Georg Bullmann, cet imprimeur d’Augsbourg qui vivait dans la cité de la Fuggerei. Une trouvaille magnifique et inespérée. C’est au cours d’une discussion et d’une rencontre providentielles à WaldshutTiengen, il y a quelques années, qui m’ont permis d’entreprendre et de relater ce pèlerinage. Cette légende du passage de Benoît-Joseph Labre à Rottweil et à Villingen-Schwenningen, me fit découvrir cette information pour la moins surprenante dans le charisme du saint diffusé en Allemagne dans les premières années après sa mort à Rome. A la fin de ce n°15, un glossaire-index permettra à chacun de retrouver les différentes biographies qui m’ont permis de connaître l’histoire de Jakob Fugger, et dans les notes j’ai signalé les adresses Internet qui vous donneront accès aux écrits des historiens que je considère comme très importants dans les récits biographiques et hagiographiques liés à l’histoire de ce « Saint au cœur plus grand que les deux mains réunies ». Dans ce pèlerinage, j’ai voulu mettre l’accent sur le caractère de sainteté du personnage que raconte la vie du pèlerin pour Dieu, Benoît-Joseph Labre, et donner au-delà de la démarche historique liée à cette légende de la Forêt-Noire, un résumé bref de ce qu’il contient d’intéressant pour la
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compréhension de ce présent article. C’est avec cette belle révélation que je quitte cette ville bien tumultueuse de Villingen-Schwenningen, chers Amis. Pour conclure ce récit, je reprendrai les paroles sages du Père Hermann Goldhagen : « Mon Dieu, fais-moi voir clairement que la terre est petite, que le ciel est grand, que le temps est court et que l’éternité est longue » « Mein Gott, laβ mich klar ersehen, wie klein die Erde, wie groß der Himmel, wie kurz die Zeit, wie lang die Ewigkeit sei ». Oui le temps est court, mais l’éternité est longue... Il y a une lumière sur ta route, vieux compagnon des bons et des mauvais jours, elle rayonne dans chaque buisson, dans chaque frémissement des feuilles, partout, elle témoigne de l’enchaînement perpétuel de la vie et de la mort, creuset magnifique et vivant où tout disparaît pour renaître. Pauvre inconnu aux pieds de feu, dans ta profonde paix, tu t’effaces une fois encore laissant place au Christ glorieux, le premier et le dernier, le vivant, le mort et le ressuscité. « Guide-nous, cher vagabond, nous les voyageurs, sur un chemin rocailleux qui monte et mène vers cette immense lumière d’amour éternel. Que ton exemple de pèlerin pour Dieu nous accompagne, détache-nous de nousmêmes et remplis-nous d’amour ». J’ai accompli ce pèlerinage, pour chacun d’entre vous, tout en parlant à Dieu en l’aimant. Au rythme de mes pas, avec lui, nous avons porté l’espoir et les secrets qui habitent mon cœur de pèlerin. J’ai contemplé les lieux familiers marquant les passages de ce cher compagnon en Allemagne et en d’autres lieux. Ensemble, nous avons parcouru les chemins de traverse qui témoignent
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de nos errances vers cet « ailleurs » pour moi tant désiré. La trace de ses pas est devenue une traînée de feu qui marque pour toujours l’héroïcité de ses actes. L’amitié simple était son art. Il l’entourait d’une immense attention et d’une tendresse délicate...
A
mi pèlerin, aujourd’hui encore, il est presque impossible, de faire un tracé exact sur une carte de ses étranges pérégrinations en Allemagne. Il y eut beaucoup d’étapes et la plupart nous sont inconnues et le resteront probablement mais il nous faut garder
l’essentiel de son message de pauvreté et d’abandon à la providence : « La grâce nous suffit ». C’est dans la faiblesse que Dieu déploie sa puissance. Soyons pétris d’une pauvreté qui enseigne la solidarité, le partage et la charité. Soyons les pédagogues d’une pauvreté qui s’apprend avec les humbles, les pauvres, les handicapés, les malades et tous ceux qui vivent en marge du monde. Ami pèlerin, l’avenir est entre nos mains. Frère Alexis,fl.
“Wir sind alle Ausländer”
BIOGRAPHIES TEXTES - PHOTOGRAPHIES - DIDIER NOËL LES AMIS DE SAINT BENOÎT LABRE
“Livre de Mark Häberlein: The Fuggers of Augsburg: Pursuing Wealth and Honor in Renaissance Germany – Éditeur University of Virginia Press, 2012. ISBN 0813932440, 978-0813932446”.
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“Livre de Martin Kluger: Die Fuggerei - Ein Führer durch die älteste Sozialsiedlung der Welt (Taschenbuch – Edition 28 Mai 2009) ISBN 978-3939645160”
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“Livre de Greg Steinmetz,: Der reichste Mann der Weltgeschichte Leben und Werk des Jakob Fugger: – Éditeur Kindle, Juni 2016 . ISBN 978-3-89879-961-4”.
“Livre de Mark Kluger: Die Bank der Fugger - Ein glanzvolles Kapitel europïscher Wirtschaftskirche. ISBN 978-3939645429”.
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“Livre de Mark Kluger: Jakob Fugger (1459-1525) - Sein Leben in Bildern. ISBN 978- 3939645146”.
SAINT BENOÃŽT-JOSEPH LABR
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RE AU PRESBYTÈRE D'HENDAYE
Mes Chemins de Traverse avec Saint Benoît-Joseph Labre N° 15
EL DÍA A DÍA CON DIOS ÉGLISE SAINT VINCENT L’ÉNIGME DU TABLEAU D’HENDAYE
SAINT BENOIT-JOSEPH LAB TEXTES - PHOTOGRAPHIES - DIDIER NOËL - OMER COLSON
Au XVIIIe siècle, alors que la société française se tourne vers la science et la technologie, un pèlerin mendiant est venu rappeler aux hommes des vérités éternelles. Fin 1773 ou début 1774, (la date est malheureusement imprécise) un étranger vint frapper à la porte du presbytère d’Hendaye. L’abbé Dominique Galbarret a probablement ouvert lui-même la porte à cet étranger, homme à l’allure atypique, une sorte de pèlerin itinérant comme on en voyait tant à certaines périodes au village. Son extérieur, ses habits, tout annonçait une pauvreté extrême ; il portait un chapeau usé, un manteau long qui tombaient par endroits en lambeaux. Son regard, son entretien, sa conduite exprimaient un caractère d’une modeste simplicité qu’on ne pouvait s’empêcher d’admirer. Il disait qu’il s’appelait Benoît-Joseph Labre d’Amettes au diocèse de Boulogne.
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Plus tard au cours, de mes recherches, je devais découvrir que la tradition existait bien avant l’écriture des nombreuses biographies écrites sur la vie de saint Benoît-Joseph Labre”.
RE À HENDAYE
C
hers Amis, voici un an déjà que j’ai redécouvert dans mes travaux de recherche une anecdote que j’avais placée à part, il y a quelques années. En effet dans ces notes, je relate les souvenirs d’une exposition de 1983, dédiée au saint de l’Artois chez les sœurs dominicaines de l’Esquif à Boulogne-sur-Mer. (1) (L’Esquif est aujourd’hui disparu) Sorti de la rue, j’étais hébergé à l’époque par les sœurs dominicaines et j’ai préparé cette exposition du Père Hingrez avec l’une des sœurs, sœur Gisèle). Durant toutes ses années, je n’avais pas porté d’intérêt à cette anecdote
car elle n’avait pas de relation directe avec l’ensemble des pérégrinations du saint, et au regard du peu d’indices qui entouraient ces informations, elle serait très certainement restée dans l’ombre d’un des classeurs de ma bibliothèque … mais l’action de la Providence en avait décidé autrement. En effet, parmi les nombreux documents de l’exposition, l’abbé Bernard Hingrez avait placé la reproduction d’une gravure représentant le saint Vagabond, peint à Rome en 1777 par le peintre lyonnais, André Bley. (La légende placée sous la gravure disait Beatus Benedictus Joseph Labre, d’après le tableau d’André Bley Rome 1777 gravé par Voysard) (4).
“Le Bourg d’Hendaye".
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El día a día con Dios Le jour le jour avec Dieu
Dédié à la Révérende Mère Thérèse de Saint-Augustin, religieuse carmélite de Saint-Denis. Placée à côté, une note manuscrite : voir Hendaye, passage au pays Basque probable avec un point d’interrogation. J’ai bien entendu, lu et relu les biographies anciennes et toutes les informations que je classe depuis des années sans trouver d’informations significatives parlant de la ville d’Hendaye, mais quelques indices géographiques en Espagne me laissaient penser qu’il y avait là un début de piste à creuser qui éclairerait peut-être les nombreuses zones d’ombre des itinéraires du saint. A cet instant-là, les indices bien maigres me font un peu douter, mais néanmoins, je pensais que si l’anecdote était vraie, on n’en donnait pas la date, ni l’histoire qui s’y rattachait. J’avais presque l’envie d’arrêter ce début d’enquête, faute d’indices historiques. C’était cependant sans compter sur la bienveillante Providence. Ainsi, l’anecdote m’entraîna au-delà de toutes mes espérances vers une nouvelle aventure par les chemins de traverse.
obligé dans les itinéraires de voyage vers l’Espagne et de ceux qui envisagent le grand pèlerinage vers SaintJacques-de-Compostelle ; ici les pèlerins suivent le Camino del Norte ou « Chemin du Nord ». Ce chemin de pèlerinage est antérieur au très connu Camino francés. Le « Camino del Norte » débute à Bayonne pour rejoindre Irun (Espagne), il longe ensuite la côte nord de l’Espagne jusqu’en Galice, à Ribadeo, où son tracé plonge vers le Sud-Ouest pour rejoindre le Camino francés à Arzúa. Cet endroit est très fréquenté en été par les nombreux touristes ; les plages de Biarritz, de Saint Jean-de-Luz et de Hendaye sont des lieux que je fuis naturellement, eh oui, fidèle à ce labrien que je suis, je préfère, la solitude des petits villages reculés de l’Aude pyrénéenne. Décidé à en apprendre davantage, je consultais le site internet de la paroisse Saint-Vincent d’Hendaye, et quelle ne fut pas ma surprise de trouver sur le site, la photographie d’un tableau représentant notre saint mendiant, avec une courte phrase relatant son passage dans cette ville basque.
e ne savais rien ou presque de cette ville basque de Hendaye, sinon qu’elle était un haut lieu du tourisme d’hier et d’aujourd’hui, et qu’elle constituait un arrêt
(Plus tard au cours, de mes recherches, je devais découvrir que la tradition existait bien avant l’écriture des nombreuses biographies écrites sur la vie de saint Benoît-Joseph Labre).
J 106
Saint Benoît-Joseph Labre, l’Européen .
Pages extraites du journal “ Affiches, Annonces, de Toulouse et du HautLanguedoc; 15 & 22 octobre 1783 108
Mes Chemins de Traverse avec Saint Benoît-Joseph Labre N° 15 Le saint Pèlerin attendait, m’attendait à Hendaye. J’imagine encore aujourd’hui avec peine pourquoi j’avais choisi cette information parmi des centaines d’autres phrases de mes notes, là où chaque mot de mes documents et chaque ligne de ces lectures me montrent un chemin différent. Mes nuits entières, mes instants de loisirs, mes week-ends n’y suffisent pas et n’y suffiront certainement pas. Je devais aller plus loin encore sans vraiment savoir où cette aventure me conduirait une fois de plus. Il me semblait aussi que l’itinéraire me faisait passer par des endroits nouveaux, que je n’aurais probablement jamais empruntés si je n’y avais été conduit. Les traces de son culte et de ses pérégrinations me
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sont ainsi signalées, peu à peu, parfois hors de ses itinéraires reconnus. Et il reste beaucoup à découvrir sur son histoire, même si aujourd’hui encore certains biographes aux affirmations hasardeuses voire présomptueuses, déclarent que nous savons tout ou presque ; cependant ce mot « presque » représente pour moi de longues pages d’histoire à redécouvrir. En vérité, nous ignorons beaucoup de choses à son sujet. Tout au plus quelques bribes éparses d’itinéraire reconstruites à partir de ses passeports et de témoignages vivants, et il faut bien admettre que nous ne savons pas grand-chose de son histoire ou « presque ». La quasi-totalité de ses biographies et hagiographies sont écrites d’après des sources que la
tradition orale a conservées de son existence. A ma connaissance, il n’existe que deux biographies fondées sur la « positio super dubio », celle du Père Jean Ladame, dont nous savons aujourd’hui qu’elle contient d’importantes erreurs. La deuxième, plus récente, mieux écrite, plus étayée, repose sur cette “positio (5).” L’auteur semble néanmoins vouloir accorder la primauté à une interprétation particulière et juste de la vie du saint Pèlerin en accordant une place importante au charisme que ce saint français déclencha à sa suite à partir de 1783. Pour les autres sources, il les place bien évidemment dans un contexte inutile en reléguant de cette manière les témoignages de la tradition orale ou toutes autres interprétations
Chemin actuel du Camino del Norte
au second plan, pour ne pas dire au rang des interprétations théâtrales, puisque que non écrites donc non historiques. À la lecture, nous sentons bien que ses efforts intellectuels tendent vers un absolutisme hagiographique réducteur, processus faisant ainsi table rase des autres historiens qui avant lui ont beaucoup travaillé sur le mythe Benoît-Joseph Labre. Dans ces deux livres de controverse, chacun semble dire à l’autre : « Moi, j’ai raison ! ». J’entends par là que la focalisation sur le dogme historique a pour résultat de nous faire oublier la croyance. Certes, il faut garder l’esprit critique mais ne perdons pas notre liberté de rêver … et de croire.
HENDAYE
Chemin primitif du Camino del Norte, emprunté par le saint Pèlerin
LES TEXTES OFFICIELS GÉ
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“La Positio Super Dubio, 1787”.
NÉRAUX DE “RÉFÉRENCE”
“La Positio Super Virtutibus, 1828”.
“J’avais entendu dire que mon ami, Omer Colson, fidèle serviteur et gardien du sanctuaire d’Amettes, rêvait de m’accompagner sur l’une de mes enquêtes...”
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Mes Chemins de Traverse avec Saint Benoît-Joseph Labre N° 15 La vie de saint Benoît-Joseph Labre est une histoire extraordinaire et une part importante de la vie de l’église qui fit en son temps ce qui lui incombait, sous la poussée de la « vox populi ». Depuis ce 16 avril 1783, la foule de ces petites gens qui le saluent, criant à qui veut l’entendre : «Il est mort, le saint » n’a pas cessé de dire :« Le saint Pèlerin de Dieu est venu ici, il est passé chez nous ».
L
a tradition orale est née ce jourlà à Rome, c’est elle qui donna l’impulsion pour que le procès d’information soit entamé le 13 mai 1783, moins d’un mois après son décès. Il fut déclaré vénérable le 31 mars 1792, béatifié le 20 mai 1860 et canonisé le 8 décembre 1881. Aujourd’hui le mythe populaire continue à l’élever sur les autels, « Il est vivant, le saint ! »…
ÉGLISE SAINT VINCENT J’avais pris la liberté d’écrire au Père Jean-Marc Lavigne, prêtre de la paroisse Saint-Vincent d’Hendaye, qui m’a répondu : « Vous serez le bienvenu le 20 février à Hendaye pour votre travail d’écriture sur les pèlerinages de saint Benoît-Joseph Labre. Vous retrouverez à Hendaye le lieu où il s’était arrêté. Je crois qu’on parle aussi d’un banc où il s’était reposé. Ceci dit, l’abbé Dominique Galbarret était bien curé de l’église St Vincent d’Hendaye de 1768 à 1792, d’après nos sources. Nous avons aussi un très beau tableau à la sacristie, une pièce unique, un pastel de 1787 représentant le mendiant Benoît Labre (visage de profil) avant sa canonisation. J’habite au 7, rue du Vieux Fort à Hendaye (64700). Je pourrai vous rencontrer au presbytère, donc à cette adresse, le 20 février ».C’est sans idée préconçue que je décidais de reprendre mes pérégrinations à la
suite du saint Pèlerin. Au cours de mes nombreuses activités, j’avais entendu dire que mon ami, Omer Colson, fidèle serviteur et gardien du sanctuaire d’Amettes, rêvait de m’accompagner sur l’une de mes enquêtes. C’est la confidence que son épouse, Denise, m’avait faite ; Omer étant trop timide pour oser me le demander. J’étais bien évidemment d’accord pour l’emmener, d’autant plus que l’histoire d’Omer est reliée avec force au saint pèlerin. (Omer est un miraculé du saint pèlerin). Je lui en avais fait la surprise en octobre 2016, lors de la dernière assemblée générale de l’association Saint Benoît Labre d’Amettes, déclarant à tous qu’il serait du voyage pour ce long périple à venir au pays Basque. Le départ était prévu pour le 19 février à 3 heures du matin depuis le péage d’autoroute de Lillers. « Omer m’a par ailleurs confié lors de notre voyage que, depuis plusieurs semaines, il comptait les jours qui nous séparaient de cette heure bénie où nous devions nous mettre en route vers cette église Saint Vincent, témoin du passage du saint. » Agréable, détendu et convivial, le voyage vers Hendaye fut long. Je révélais alors à Omer que nous allions nous rendre en priorité dans l’ancien quartier de Zubernoa, pour voir une villa ancienne qui fut autrefois le presbytère de l’église Saint Vincent ; c’est à la porte de cette maison que saint Benoît-Joseph Labre vint frapper pour y recevoir l’hospitalité avant de traverser la rivière « Bidassoa » et de poursuivre son voyage en Espagne qui le mènerait peut-être à Saint-Jacques-deCompostelle. Beaucoup de biographes, comme le chanoine François Gaquère et le Père Desnoyers et d’autres, ont évoqués le possible voyage du saint à Compostelle. Mais certains ont déclaré que les itinéraires du saint Vagabond n’ont jamais été polarisés sur Santiago.
Mes Chemins de Traverse avec Saint BenoÎt-Joseph Labre N° 15
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ITALIE. Rome (le 6 septembre) Le procès d’information auquel on a travaillé par ordre du cardinal- vicaire , pour l’examen des vertus et des miracles du serviteur de Dieu, Benoît- Joseph Labre, vient d’être terminé. Il est très volumineux; plus de 80 témoins ont été entendus (“c’est bien peu”). On est occupé à copier les pièces de la procédure pour les mettre sous les yeux de la congrégation des Rites , qui accordera sans doute à Benoît-Joseph Labre le titre de vénérable, et qui ordonnera qu’il soit procédé à sa béatification. Mme Louise de France, religieuse carmélite, a prouvé d’une manière éclatante l’intérêt qu’elle prend à une cause qui honore le siècle, édifie les fidèles et peut servir à ranimer la foi : elle a donné 15 mille livre tournois pour les frais du procès. (La livre tournois était une monnaie de compte française valant 240 deniers ou 20 sous, utilisée en France sous l’Ancien Régime. Elle remplace progressivement la livre parisis à partir du XIIIe siècle et est remplacée par le franc français en 1795.) Extrait du Journal politique ou Gazette des gazettes. (Octobre 1785, page 19)
LES TEXTES OFFICIELS GÉ
“La Positio Super Novis Miraculis, 1869 canonisation”. 118
NÉRAUX DE “RÉFÉRENCE”
“La Positio Super Novis Miraculis, 1853”. et la Segonda Positio Super Novis Miraculis, 1857” (Béatification et canonisation)
Mes Chemins de Traverse avec Saint Benoît-Joseph Labre N° 15
“Le Village d’Es Bòrdes, province de Lérida en Catalogne, Espagne”.
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Cependant j’ai retrouvé à la Bibliothèque Nationale de Paris un ouvrage écrit en 1894 sous le titre suivant : « Quatre ans en exil par Guillaume Bernard à travers l’Espagne, souvenirs, récits, voyages et anecdotes. Abbé Bernard, Guillaume (18..-19.. ;) Date d’édition : 1894 ».
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ans ce livre, l’auteur, l’abbé Bernard Guillaume, a écrit : « A l’Hôpital Royal, on nous montre la chambre où a logé saint Benoît-Joseph Labre. Il a prié devant l’autel où nous prions aussi, et où nous vénérons le corps de saint Théodore, rapporté de Rome. Mais ce qui prime sur tout autre monument et tout autre souvenir à Santiago, c’est la grande basilique de Saint-Jacques dont le portail est la copie de celui du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Toutes ces coupoles, ces dômes, qui ont été ajoutés à une époque plus moderne, rappellent le style byzantin ». ’hôpital Royal est également connu historiquement sous le nom « d’hôpital royal de SaintJacques-de-Compostelle ». Le Père Guillaume Bernard relate avec force ses péripéties en Espagne, un exil, qui est la conséquence des mesures d’expulsion prises par le gouvernement français en 1801(3). Les lois anticléricales de Jules Ferry en 1880 conduisirent de nombreux membres de congrégations religieuses catholiques (plus de 5000) à quitter la France : « Quatre ans en exil passés dans la péninsule ibérique ont été, pour celui qui écrit ces lignes, féconds en observations instructives et en enseignements multipliés, et ont fait naître en lui des sentiments de respect et de sympathique admiration pour cette illustre nation ». Les historiens de saint Benoît-Joseph Labre ont toujours été évasifs sur cette partie de son itinéraire au point de nier dernièrement les traditions ou les anec-
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dotes locales et populaires. Pourtant l’histoire peut également se faire en utilisant les traditions orales fournies par les vieux paysans qui témoignèrent et celles, souvent de même nature et provenance, que celles consignées de longue date par les notables, les religieux et les prêtres des paroisses. En guise de réponse à ce témoignage de l’abbé Guillaume, il convient de recenser les « traditions orales » les mieux représentées en Espagne, en France et ailleurs, relatées par certains écrits biographiques des plus sérieux. J’avoue à chaque instant ma surprise, lors de mes déplacements sur les traces du saint, d’une ferveur locale, très attachée à ces anecdotes. En voici une parmi tant d’autres: Isabel Maria Pena Deo, âgée de 86 ans et organiste de la paroisse Saint-Michel de Vielha, qui, le 21 avril 1998, témoigne, en ces termes, d’une tradition orale aranaise: « Je tiens ce témoignage de Madame Aurèlia Moga, morte à Vielha (Espagne) en 1973, à l’âge de 97 ans. Elle était originaire du petit village du Val d’Aran, nommé « Es Bòrdes » (province de Lérida en Catalogne, Espagne) ; elle tenait d’une tradition familiale transmise de génération en génération la recommandation suivante émanant de ces ancêtres, plus exactement de son trisaïeul, qui eut soin de la transmettre à sa descendance. Lui-même l’avait reçue en direct d’un pauvre pèlerin français Benoît-Joseph Labre que l’on disait être saint, qui passant au village, prêchait la dévotion au Saint-Sacrement aux habitants. Peut-être, avait-il remarqué combien ceux-ci vivaient pauvrement… Il déclarait, de la part du bon Dieu, que jamais personne ne manquerait du nécessaire pour survivre, si on la mettait en pratique. Ce qui fut absolument vrai,
Mes Chemins de Traverse avec Saint Benoît-Joseph Labre N° 15
en pratique. Ce qui fut absolument vrai, disait-elle ». La source de ce témoignage est consignée par le Père Mossèn jusèp Amiell, chanoine de la cathédrale Santa Maria de La Seu d’Urgell, en Espagne. Le village d’Es Bòrdes est situé à 45 km de celui de Saint-Bertrand-deComminges, voilà un jalon de plus sur la route de l’abbaye de Montserrat. (Le Val d’Aran est l’endroit où il y a le plus de lieux de culte voués à Notre Dame). Au bout du compte, seuls les grands itinéraires ont connu une importante diffusion ; d’une façon générale, les anecdotes issues de cette « tradition orale » furent reléguées à l’arrière-plan de l’histoire du saint Vagabond. Ainsi le souvenir du passage de saint Benoît-Joseph Labre, en tel ou tel lieu, résonne encore aujourd’hui de ces histoires encore bien vivantes. Les sanctuaires de l’Espagne, l’abbaye de NotreDame du Montserrat (Catalogne), Saragosse (Notre-Dame du Pilier), Burgos (le Saint Christ de la Capilla del Sanctissimo Christo), Saint-Jacques-deCompostelle (Santiago), Bilbao (pays basque espagnol, capitale de la province de Biscaye, le Camino del Norte passant par la ville). Hendaye (pays basque français) et d’autres qui nous sont encore inconnus, représentent des faits historiques indéniables, témoignant d’eux-mêmes. Objet d’une constante vénération, il reste l’un des saints les plus populaires de ce XXème siècle. Finalement, que peut-on attendre de nos traditions locales ? D’abord, la reconnaissance sur le terrain de “témoins” qui, plus que d’autres, “ ont une histoire à raconter “. Ils sont un apport non négligeable à la découverte des diverses pérégrinations, à condition de classer les récits avec discernement, entre ce qui fut et ce qui appartient à la légende… Les 122
anecdotes sur les périples de saint Benoît-Joseph Labre ne doivent pas être des points de détails inutiles de l’histoire puisqu’elles furent rapportées par ses contemporains. Elles en sont en quelque sorte la matière première.
C
’est pourquoi, bien que raconté et écrit, il ne fait aucun doute que ce témoignage de l’abbé Guillaume Bernard ne laisse planer aucun soupçon sur la véracité de ses dires. C’est à ce sujet qu’est en effet consacré ce numéro 15 des Chemins de traverse : l’espace et le lieu où se déroulèrent les évènements relient l’histoire du saint Pèlerin à un moment important, à savoir le passage à Hendaye et son itinéraire vers l’Espagne. Il est évident que des témoignages existent sur son éventuel pèlerinage à Santiago. La relation qui lie saint Benoît-Joseph Labre au lieu et le lieu à la tradition, pose la question du rôle sacralisant de la sainteté qui, aux travers de ses pérégrinations, s’approprie un endroit destiné à devenir point de convergence de la piété des religieux ou des foules. Certes, ces histoires et cette appropriation sont le résultat de la tradition, et pour moi, chers Amis, la question de la distinction entre ce qui procède de la tradition orale et ce qui a trait au mythe et à l’histoire «officielle» demeure toujours ouverte. Les endroits où Benoît-Joseph Labre est populaire apportent une note bien particulière. On a de la tendresse pour le voyageur qui comme moi cherche un témoignage, une découverte, une grâce, quelques mots... Ces histoires sont les résonances multiples des chemins de traverse avec saint Labre.
“Témoignage Bernard”.
de
l’abbé
Guillaume
VIAJERO: El Padre Bernard Guillaume, BIBLIOGRAFÍADEL VIAJE: Quatre ans en exil. A travers l´Espagne. Souvenirs, récits,voyages et anecdotes. Lille - Paris, Edit. Desclée de Brouwer et Cie., 1894. FECHA DEL VIAJE: 1887-1891. ITINERARIO: …, Hiendelaencina, Jadraque, Sigüenza, Horna, Guadalajara,Toledo,... NACIONALIDAD: Francés.
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Mes Chemins de Traverse avec Saint Benoît-Joseph Labre N° 15
BIOGRAFÍA: Sabemos poco del escritor francés G. Bernard, que estuvo exiliadoen España durante cuatro años, hecho que motivó su libro deviajes. En dicho libro se incluye un amplio itinerario por la penínsulaibérica. En dos ocasiones pasó por la provincia de Guadalajara, laprimera procedente de Soria con el objetivo de visitar las minas de Hiendelaencina, y la segunda desde Madrid visitando Guadalajaraen esta ocasión en tren. También publicaría dos años más tarde ellibro « Recuerdos de España».
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“L’abbé Dominique Galbarret naquit le 31 mai 1735, à Hendaye, dans cette maison, la villa de Galbarreta”. 126
H
endaye, lieu important dans l’histoire du Pèlerin pour Dieu, que le lecteur va suivre ici, étape par étape. Lors de la béatification en 1860, les fêtes en son honneur se poursuivirent depuis Rome jusqu’à Amettes, vingt mille pèlerins y assistèrent. Environ dix jours plus tard, à Bayonne, dans la chapelle des cloîtres de la cathédrale, la société de secours mutuels, répondant plus précisément au nom de « société de saint Jacques » célébrait sa fête patronale, le dimanche 29 juillet 1860. Maître Alexandre Saubot Damborgez, notaire à Bayonne et vice-président de la société, présenta son rapport annuel. Il y fut question de Benoît-Joseph Labre en sa qualité de pèlerin. Maître Saubot déclara lors de son exposé que Labre, au cours d’un pèlerinage à Saint-Jacquesde-Compostelle, avait reçu l’hospitalité au presbytère d’Hendaye, chez l’abbé Dominique Galbarret, curé de la ville. L’abbé Dominique Galbarret est un Hendayais de souche ; il était le fils de Martin Galbarret et de Gracieuse Darancette. Dominique naquit le 31 mai 1735, à Hendaye, dans la maison de Galbarreta (aujourd’hui centre AZUREVA) (6). Le jeune homme fut ordonné prêtre le 7 juin 1757, à l’âge de 22 ans. Une dizaine d’années plus tard, après avoir été vicaire, l’abbé Galbarret sera nommé curé de SaintVincent d’Hendaye, en 1768. Lors des événements de la Révolution française, le père Dominique Galbarret refusa de prêter le serment de la Constitution civile du clergé approuvée par l’Assemblée nationale. Un communiqué de la municipalité indiquait : « A Hendaye, non content de prêcher contre la constitution, le curé et son vicaire, provisoirement remplacés à la demande de la municipalité, ont volé
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l’église Saint-Vincent en enlevant les vases d’argent et les ornements ». C’est en septembre 1791 que le curé quittait ses ouailles pour s’exiler à Fontarabie. Avant son départ, il avait voulu emporter avec lui les vases ecclésiastiques pour les soustraire à la profanation avec l’aide de son vicaire Pierre-Vincent Camprand, né lui aussi à Hendaye, en 1765. Mais malheureusement, il dut les restituer à peu près dans le même temps sous la menace d’être arrêté tel un voleur par un détachement du 80e Régiment. Il s’exila de l’autre côté de la Bidassoa et choisit la ville de Fontarabie toute proche. Cependant avant son départ, il prononça un interdit au nom de l’évêque de Bayonne, au père Cauteranne, qui devait le remplacer comme curé d’Hendaye. Le père Jean-François Cauteranne, curé constitutionnel, et ancien aumônier du fort d’Hendaye ex-récollet, avait fait allégeance à la constitution en prêtant le fameux serment. Les Hendayais lui rendirent la vie impossible comme à un « intrus » et de ce fait, l’ex-moine partit très vite. Il fut remplacé « par un plus misérable prêtre ». Dès 1792, l’abbé Dominique Dithurbide, ex-curé constitutionnel de Ciboure, s’installait à la cure de Hendaye… Encore une fois, les Hendayais lui firent subir les pires avanies si bien qu’il quitta la paroisse Saint-Vincent à son tour. Le prêtre abdiqua et retourna dans la vie civile en s’engageant dans les hôpitaux de l’armée des Pyrénées occidentales. Durant toute la durée de son exil qui dura de 1792 à 1803 à Fontarabie, le père Galbarret continua, en cachette, à administrer les sacrements à ses chers Hendayais. D’où il veilla sur le sort de son troupeau, en bon pasteur, traversant de nuit la Bidassoa où ses paroissiens venaient clandestinement jusqu’à lui. 128
“Afin de fuir la persécution révolutionnaire, l’abbé Dominique Galbarret s’exila de l’autre côté de la Bidassoa et choisit la ville espagnole de Fontarabie toute proche”.
“La Révolution française de 1789 et so détruisirent entièrement le village d’He contribua à effacer toute autre preuve é disait du village à l’époque : Hendaye n’e décombres. Ses habitants sont dispersés, solitude et le deuil. Quelques rares mais ces pans de murs cachés sous le lierre qu au milieu de catacombes”.
Sur la gravure à gauche, les ruines d’Hend le village de Fontarabie, lieu d’exil de l’a
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on anticléricalisme, issu du “Siècle des Lumières”, endaye. Plus tard en 1813, la guerre avec l’Espagne écrite de son passage au pays Basque. Voici ce qu’on existe réellement que sur la carte ; elle n’offre que des , son industrie tuée. Je vois partout la dévastation, la sons s’élèvent à travers ses rues désertes et au-dessus ui se plaît à les tenir embrassés, on croit se promener
daye, en face de l’autre côté de la Bidassoa, l’Espagne, abbé Dominique Galbarret.
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La Révolution de 1789 sur le bourg d’Hendaye, où la vie était rythmée par la religion, l’application de la loi de 1792 sur la Constitution civile du clergé, fit de nombreuses victimes à Hendaye comme dans les autres communes du pays basque. Les hommes à la cocarde tricolore commirent des atrocités sans nom ; ils pillèrent l’église et le presbytère emportant les objets du culte, semant partout la terreur. Beaucoup d’Hendayais eurent à se cacher et à fuir. Les tortures subies par les paroissiens furent le lourd tribut des chrétiens basques. Dès la signature du Concordat par Pie VII et Bonaparte, le curé Dominique Galbarret put rentrer de son exil en 1803 (en l’An XI, correspondant aux années 1802 et 1803 du calendrier grégorien) et se consacrer à la reconstruction de l’église Saint Vincent dont il redevint le curé. Le bourg d’Hendaye était en ruines ; pauvre, l’abbé ne disposait que de ses bras et de celui de ses paroissiens. Cependant, quatre ans plus tard, il eut la joie de l’ouvrir de nouveau au culte. Il allait conserver cette charge de pasteur des âmes jusqu’à son décès survenu le 27 mars 1812, à l’âge de 77 ans, suivant l’acte de décès, signé par le maire Etienne Pellot et ses
adjoints. Martin Diron, 59 ans, curandier, et Etienne Etcheverry, 45 ans, cordonnier : « Dominique Galbarret, né le trente-et-un du mois de May, l’an mil sept cent trente-cinq, est décédé ce jour vingt-sept du courant à deux heures et un quart de la nuit dans la maison de Tipitoneberria de cette dite commune après avoir servi ladite commune en qualité de curé desservant 46 ans durant ».
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e bon curé basque, à la dévotion très charismatique, vivait en haut du chemin de Zubernoa. Son presbytère, bâtiment à un étage, à peu de distance de l’église Saint Vincent, dont la grille, qui ne se fermait jamais, servait d’entrée au jardin, situé derrière la maison à bonne distance du chemin. L’abbé Galbarret, disait-on, était toujours environné de pauvres et de malheureux ; il ne pouvait sortir de son presbytère sans les voir se presser sur sa route ; sa bienfaisance sans bornes avait versé bien des oboles dans le sein de ses chers paroissiens. Sa piété, son humilité et sa détermination légendaires de curé basque lui avaient acquis l’estime et l’admiration de tous au village.
“La villa Dravasa, en 1774, était située en haut du chemin de Zubernoa (de nos jours rue du Commandant Passicot). À l’époque du passage du saint, la maison n’avait qu’un étage. Le saint s’est assis chaque jour sur le petit banc en pierre qui aujourd’hui existe toujours devant l’ancien presbytère d’Hendaye”. 132
“La villa Dravasa, ancien presbytère de l’église Saint Vincent. C’est dans cette maison que l’abbé Galbarret hébergea Benoît-Joseph Labre”.
1773
1774
Dessin de Jean Capelain
1776
“L’étranger avait certainement, comme à son habitude, baissé les yeux avec respect avant de demander au bon curé Galbarret s’il pouvait lui donner l’hospitalité. Le saint Vagabond vint à trois reprises en Espagne, en 1773, 1774 et 1776”. 134
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Fin 1773 ou début 1774, la date est malheureusement imprécise, un étranger vint frapper à la porte du presbytère, l’abbé a probablement ouvert lui-même la porte à cet étranger, homme à l’allure atypique, une sorte de pèlerin itinérant comme on en voyait tant à certaines périodes au village. Son extérieur, ses habits, tout annonçait une pauvreté extrême; il portait un chapeau usé, un manteau long qui tombaient par endroits en lambeaux. Son regard, son entretien, sa conduite, exprimaient un caractère d’une modeste simplicité qu’on ne pouvait s’empêcher d’admirer. Sans doute l’avait-il aperçu quelques heures auparavant à la célébration de la messe ; son recueillement à l’élévation du Très Saint Sacrifice, les marques d’une ferveur céleste éclairant son visage pour y peindre les sentiments d’un cœur noble. Immobile, dans un ravissement profond, à la vue de la grandeur du mystère, il devait être pénétré d’une religieuse contemplation. L’étranger avait certainement, comme à son habitude baissé les yeux avec respect avant de demander au bon curé Galbarret s’il pouvait lui donner l’hospitalité. « C’est, poursuivit-t-il, des personnes de votre paroisse qui m’ont envoyé vers vous, je suis Benoît-Joseph Labre, je viens d’Amettes au diocèse de Boulogne, je cherche le moyen de traverser la grande rivière (la Bidassoa) pour poursuivre ma route… ». L’abbé consentit à recevoir ce pauvre dont l’attitude donnait l’impression de s’être tellement habitué à souffrir sans se plaindre et même avec joie les humiliations les plus pénibles à l’amour-propre, qu’elles ne faisaient plus aucune impression sur lui. Pour quelques jours, il devint l’hôte du Père Galbarret au presbytère”.
Je crains de m’étendre trop sur les détails de cette tradition du saint à Hendaye mais la connaissance des lieux explique et justifie bien des détails de sa vie, et cette vie est si intéressante, que l’on me pardonnera bien quelques longueurs à ce sujet. BenoîtJoseph Labre avait 26 ans lorsqu’il vint à frapper à la porte du presbytère d’Hendaye, il cherchait à prendre le bac de Santiago sur la Bidassoa. Une route qui le mena peut-être jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle, c’est ce qu’affirme la tradition basque. Il s’est assis chaque jour sur le petit banc en pierre du presbytère d’Hendaye. De nos jours, l’ancien presbytère et le petit banc existent toujours (la villa Dravasa, située aujourd’hui en haut de la rue du Commandant Passicot). Il y sollicitait l’aumône afin d’avoir suffisamment pour payer le bac qui lui permettrait de franchir la Bidassoa. La population basque, généreuse avec l’hôte de l’abbé, le nourrissait mais il n’acceptait que les restes de nourriture. C’est malheureusement tout ce que nous savons de cette brève histoire au presbytère, en compagnie de l’abbé Galbarret. Un jour, il avait, dit-on, suffisamment d’argent (don généreux des paroissiens basques du village) pour prendre le bac de Santiago et passer en Espagne. Un matin le saint était parti…
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l fit si grande impression au village, qu’en 1783, lorsque parvint à Hendaye la rumeur de la mort en sainteté d’un pauvre pèlerin à Rome, répondant au nom de Benoît-Joseph Labre, chacun au village se remémora alors qu’ils avaient reçu un saint. L’abbé Galbarret le consigna dans ses registres paroissiaux et tous en gardèrent un souvenir intarissable… Malheureusement, la Révolution française de 1789 et son
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anticléricalisme, issu du « Siècle des Lumières », détruisirent entièrement le bourg d’Hendaye. Plus tard en 1813, la guerre avec l’Espagne contribua à effacer toute autre preuve écrite de son passage au pays Basque. Voici ce qu’on disait du village à l’époque : « Hendaye n’existe réellement que sur la carte ; elle n’offre que des décombres. Ses habitants sont dispersés, son industrie tuée. Je vois partout la dévastation, la solitude et le deuil. Quelques rares maisons s’élèvent à travers ses rues désertes et au-dessus ces pans de murs cachés sous le lierre qui se plaît à les tenir embrassés, On croit se promener au milieu de catacombes. » Cependant les détails de son séjour au village ne s’effacèrent jamais de la mémoire collective et la tradition que le saint Vagabond vint un jour les visiter, fut transmise de génération en génération. Elle perdure encore de nos jours. Suscitant toujours la très grande ferveur du petit peuple pour sa vie exemplaire, la survivance de saint BenoîtJoseph Labre ne s’est pas terminée le 16 avril 1783 par les actes de canonisation ou par la « positio super dubio ». Son culte renforcé par la tradition orale et les nombreux miracles eurent des conséquences très variées : par exemple sur des poètes tels que Verlaine, Germain Nouveau (Frère Humilis) mais aussi plus proche de nous, sur le syndicalisme chrétien (J.O.C., C.F.T.C), la “société saint Labre” créée tout suite après, en 1882, en donnant de nombreux animateurs à l’action sociale, etc. Je disais plus haut que l’église avait fait ce qui lui incombait pour sanctifier ce « marcheur à la suite du Christ » mais c’est le peuple, comme ici à Hendaye qui œuvra à sa promotion officielle en donnant vie à son histoire. 136
Son périple inspire, au premier abord, la stupeur, puis le respect, l’encouragement enfin, pour nos pèlerins d’aujourd’hui et de demain marcheurs à sa suite, sur les chemins de traverse. Mais revenons à l’objet principal, de notre pèlerinage au pays Basque, Omer Colson et moimême témoignons ici de ce que nous avons vu, entendu et ressenti au fil des jours, de ce que nos yeux ont vu et de ce que nous y avons entendu. Les endroits que nos pas ont foulés tout au long de ce pèlerinage et qui nous a profondément marqués au pays Basque comme en Espagne. L’expérience devant la villa Dravasa, (l’ancien presbytère) restera gravée dans nos cœurs ; notre rencontre enfin avec le Père Jean-Marc Lavigne à Hendaye fut aussi l’occasion de nouer des liens fraternels entre le village d’Amettes et Hendaye en offrant à la paroisse au nom du Père Raymond Martel (diocèse d’Amos au Canada) et monsieur Jean Capelain, président de l’association Saint Labre (Amettes, diocèse d’Arras), un reliquaire contenant une tuile de la maison natale de saint Benoît-Joseph Labre, un moment émouvant qui eut une belle conclusion. Ainsi avant notre départ du pays Basque, le Père Jean-Marc m’avait demandé d’écrire un bref historique sur le saint Vagabond. Il m’avait fait part de son désir de voir mis à l’honneur la relique et le tableau dans l’église Saint Vincent. C’est maintenant chose faite, sur le site internet de la paroisse Notre-Dame de la Bidassoa, vous pouvez maintenant voir l’article suivant : « Le portrait de saint Benoît-Joseph Labre est maintenant visible par tous dans notre église Saint Vincent d’Hendaye ». Désormais le tableau et la relique sont placés dans l’église, à la vénération de tous, sous la galerie non loin de la Vierge à l’Enfant.
“Le presbytère de l’église Saint Vincent”.
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“Omer et votre serviteur refaisant le geste de Benoît-Joseph sur l’antique banc de pierre de l’ancien presbytère d’Hendaye à
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“À Érin, une anecdote raconte que, lorsqu’il était encore avec son oncle l’abbé Vincent, la vertu première de Benoît-Joseph était la charité; elle était si notoire que les pauvres, quand ils le rencontraient au presbytère, disaient en sortant: M. Benoît y était aujourd’hui, nous avons reçu d’abondantes aumônes. Si, au contraire, il était absent, ils disaient tristement: Il n’y avait rien à faire
l’endroit même où le saint pèlerin sollicitait l’aumône afin d’avoir l’argent nécessaire pour payer le bac et franchir la Bidassoa”.
au presbytère, nous n’avons trouvé ni l’oncle, ni le neveu. Un jour, trois pauvres étrangers se présentent en demandant l’aumône; les domestiques les refusèrent durement; mais Benoît l’a entendu, il les rappelle tout ému: Venez, je vous ferai la charité. Et lorsqu’ils furent partis, il recommanda aux domestiques de ne plus agir ainsi une autre fois, car telle n’était pas l’intention de M. le curé”.
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“La remise du reliquaire, une tuile de la maison natale du saint, au Père Jean-Marc Lavigne”.
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Ce reliquaire représente une présence, un symbole, un gage d’amitié, reliant notre paroisse d’Amettes, à la paroisse Notre-Dame de Bidassoa. Le voyageur ou le pèlerin d’aujourd’hui, de passage
à Hendaye, pourra venir y demander l’intercession de celui qui, un jour de 1774, a dit au Père Dominique Galbarret : « Loués soient Jésus et Marie. Qu’ils soient loués à jamais ».
LES AMIS DE SAINT BENOIT LABRE Saint Benoît-Joseph Labre l’ Européen .
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LES AMIS DE SAINT BENOÎT LABRE Saint Benoît-Joseph Labre, l’Européen .
“Il fit si grande impression au village, qu’en 1783, lorsque parvint à Hendaye la rumeur de la mort en sainteté d’un pauvre pèlerin à Rome, répondant au nom de Benoît-Joseph Labre, chacun au village se remémora alors qu’ils avaient reçu un saint. L’abbé Galbarret le consigna dans ses registres paroissiaux et tous en gardèrent un souvenir intarissable”…
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“Hendaye et l’énigme du tableau de l’église Saint Vincent”.
L’énigme du tableau d’Hendaye
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a paroisse Saint-Vincent possède un tableau de BenoîtJoseph Labre, don fait à la paroisse d’Hendaye par une famille de touristes en 1954. Il est la réplique parfaite d’un tableau peint à Rome en 1777 par le peintre André Bley. En effet, Benoît-Joseph Labre, cet extatique qui passait de longues heures dans les églises romaines, priant debout, étonnamment immobile, son seul regard laissant deviner ce qui l’habitait, avait au moins attiré l’attention de ce peintre qui effectivement le prit pour modèle. Bley l’aborde et le convainc de poser pour lui. André Bley qui, dans une lettre adressée à son frère en 1783, après la mort de Labre, décrit ainsi les circonstances de leur rencontre : « En l’année 1777, lorsque je méditais le grand tableau de la vocation de saint Pierre, [. . .] je rencontrai dans une rue de Rome un jeune homme mis en mendiant qui portait une petite barbe rousse. J’observais cet homme et pensais que sa tête pourrait bien me servir pour celle du Christ que j’avais à faire ». La paroisse Saint Vincent possède un tableau très ancien, peint par un artiste anonyme; en atteste la date apposée au dos: elle indique l’année 1787 (il y a donc deux siècles). Ce tableau exceptionnel, rare, copie d’un original très célèbre représentant saint Benoît-Joseph Labre. A l’arrière de ce tableau, vous avez l’origine de ce portrait exécuté sur l’ordre de Mademoiselle Antoinette-Rosalie de Loyac la Bachellerie de Chaudon, née et baptisée le 18 septembre 1738, à Chaudon (Eure-et-Loir), diocèse de Chartres. Après quelques recherches, j’ai découvert qu’elle était la fille de Jean-Baptiste-Antoine de Loyac et de Marie-Claude Grenet de Châtillon. Elle décédera dans l’admiration de tous le 14 juin 1787. Son blason se décrivait ainsi: “d’azur, au chevron d’or, surmonté d’un croissant d’argent et accompagné en chef de deux étoiles d’or, et en pointe d’un cygne d’argent becqué et membré de gueules”.
Armes de la famille Loyac.
Blason adopté le 31 mars 1986 par la ville de Saint-Etienne-la-Geneste en Corrèze.
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L
a famille de Loyac, seigneurs de la Chassaigne, de Mormoulin, de la Bachellerie, de la Veix, de la Fage, de Puy-Donnarel, de Chaudon, de Malaret, est originaire du Limousin, puis fixée en Beauce, diocèse de Chartres. Cette maison est l’une des plus anciennes dans l’ordre de la noblesse des provinces du Limousin et de la Beauce; elle a rendu des services distingués à la France et fourni des officiers généraux et des capitaines expérimentés aux armées du roi, des gouverneurs de citadelles et de la Bastille, des gentilshommes de la Chambre du roi, des pages du duc d’Orléans, régent du royaume et des chevaliers à l’ordre souverain de SaintJean-de-Jérusalem (Malte) et à l’ordre de Notre-Dame-du-Mont-Carmel et de Saint-Lazare; elle a été maintenue dans sa noblesse d’ancienne extraction le 28 octobre 1697, par jugement de M. de Bernage, intendant de Limoges, et a fait ses preuves par devant M. d’Hozier, juge d’armes de France, le 10 septembre 1739. Mademoiselle Antoinette-Rosalie de Loyac légua à sa mort ce tableau à l’une de ses amies, Madame Carman d’Hozier. (Mademoiselle de Loyac, meurt célibataire à l’âge de 49 ans le 14 juin 1787) Grace à mes frères de la fraternité Saint Benoît-Joseph Labre et de mon supérieur le Père Samuel, j’ai obtenu l’information inespérée concernant le tableau original peint par André Bley. Beaucoup le croyaient perdu depuis longtemps, eh bien il n’en est rien ; il se trouve toujours à Rome, gardé précieusement dans une salle du musée franciscain, à l’adresse suivante Via Piemonte, 70 Roma 00187, Italie. Ce musée a la particularité d’être inscrit parmi les musées privés. Hors du contrôle de l’État, tels les musées mineurs, diocésains ou religieux, il n’est ouvert
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au public que sur demande. L’examen du tableau original, peint par André Bley, montre une dimension de très petite taille. Nous pouvons remarquer au travers de cette œuvre unique, originale et authentique qu’il est bien plus petit que sa copie d’Hendaye. Le visage du saint peint par Bley est orienté vers la droite, alors que celui d’Hendaye est peint le visage orienté vers la gauche. Ceci marque un point important dans l’origine du tableau. Cela tend à démontrer que les méthodes de travail du peintre qui a peint ce portrait, exécuté sur l’ordre de mademoiselle Antoinette-Rosalie de Loyac, s’est servi d’une des gravures d’Etienne-Claude Voisard.
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our l’histoire le saint Pèlerin d’Amettes avait été portraitisé de son vivant. Le peintre lyonnais Bley avait fixé les traits de son visage en 1777. À la mort du saint, plusieurs prêtres et religieux voulurent avoir son portrait en leur nom propre ou pour leur communauté et s’adressèrent à des artistes locaux. Mais la diffusion du dessin de Bley a suivi un cheminement original : Louise de France, (Vénérable Mère Thérèse de Saint Augustin) carmélite à SaintDenis, a obtenu qu’il lui soit remis pour être gravé à Paris par Voisard (EtienneClaude Voisard, graveur à la pointe et au burin, né à Paris en 1746, fut l’un des élèves de Bernard Baron 1696-1762). l a gravé divers sujets d’après différents maîtres. On a de lui une bonne gravure du tableau du peintre lyonnais.En effet, Madame Louise de France se procura le portrait du saint qu’avait peint Bley. L’Abbé Duret rapporte aussi qu’elle avait proposé à un frère cadet de saint Benoît Labre, lui-même frère hospitalier de Saint Jean de Dieu,
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“La vénérable Mère Thérèse de Saint-Augustin née Louise-Marie de France, dernière des enfants de Louis XV et de Marie Leszczynska; elle naquit à Versailles, le 15 juillet 1737 ”.
“Le tableau peint par André Bley en 1777 se trouve toujours à Rome, gardé précieusement dans une salle du Musée Franciscain”. “J’ai quelques petites connaissances dans l’art du portrait. Je pense pouvoir confirmer que ce tableau est le modèle de la gravure bien connue. Le portrait dévoile une grande habileté du peintre. Je sens qu’il a travaillé devant un modèle. Je retrouve bien les traits de Benoît. La gravure est plus sèche. Je décèle une interprétation d’après le tableau. Le graveur a exagéré les formes : le menton, le creux sous les sourcils… Un détail m’intrigue : l’orientation du regard. Sur le tableau de Bley, Benoît regarde vers la droite, ce qui est classique dans l’art du portrait. Le tableau d’Hendaye regarde dans l’autre sens. Le peintre a dû travailler à partir d’une gravure qui, logiquement, est en miroir. Or, nous connaissons une version de la gravure dans le même sens que le tableau de Bley. Il a sans doute existé une gravure originale, en miroir par rapport à Bley, qui a servi de modèle à Hendaye”. Jean Capelain, Président de l’association saint Benoît Labre. “En effet, cette gravure est celle réalisée à Paris par Etienne-Claude Voisard, sur ordre de Madame Louise de France”. Frère Alexis
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“À gauche, portrait gravé à Paris par EtienneClaude Voisard, graveur à la pointe et au burin, né à Paris en 1746, fut l’un des élèves de Bernard Baron (1696-1762). Il a gravé divers sujets d’après différents maîtres. On a de lui cette bonne gravure du tableau du peintre lyonnais André Bley.”
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de le défrayer du voyage qu’il allait entreprendre pour se rendre à leur maison de Rome ; mais il refusa, en disant que l’esprit de son état s’y opposait et qu’il était obligé de voyager en demandant l’aumône. (Source Abbé Duret Journal de la Bibliothèque Municipale de Lyon, MS, 5423) « Louise-Marie de France (1737 - 1787), dite Madame Louise ou Madame Dernière, était la plus jeune des enfants de Louis XV. Elle veut fuir la noblesse de sa naissance. Elle prit l’habit le 10 octobre 1770 et prononça ses vœux le 12 septembre 1771 au carmel de Saint-Denis, choisissant comme nom religieux celui de soeur Thérèse de Saint-Augustin. Elle est élue prieure, du carmel en novembre 1773, puis réélue en 1785. Elle meurt à l’âge de cinquante ans au Carmel de saint Denis, le 23 décembre 1787. Ses dernières paroles furent: « Au paradis ! Vite ! Au grand galop ! » Au Carmel, elle doit apprendre à se mettre au service de Dieu. La pauvreté l’attire : elle admire Benoît-Joseph Labre dont l’exemple lui reste inaccessible. Elle veut être tout à Dieu pour sauver son âme, son père, sa famille, son pays. Dans l’opinion, on associait très vite Mère Thérèse de Saint Augustin à saint Benoît-Joseph Labre, sans doute parce que l’on savait la dévotion que la carmélite portait à ce dernier, mais aussi parce qu’ils représentaient deux tentatives parallèles de pauvreté extrême et choisie… » (Source : Bernard Hours, spécialiste de Mme Louise de France). n octobre 1793, les barbares révolutionnaires saccagent les tombes de Saint Denis et se rendent au Carmel voisin afin de déterrer le cercueil de Madame Louise, une fois ouvert ils contemplent le corps de la princesse en décomposi-
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tion ornée de ses austères vêtements de carmélite… Une fois la minute de voyeurisme passé, ils se jettent sur le corps, le giflent, lui crachent dessus, arrachent cheveux et chairs, avant de le jeter dans la fosse commune. En 1873, elle fut déclarée vénérable par le bienheureux pape Pie IX. Il serait bon de rechercher ultérieurement les liens qui existent peutêtre entre Mademoiselle la marquise Antoinette-Rosalie de Loyac à Madame Louise de France afin d’en apprendre davantage sur l’origine du tableau qui porte au dos l’année 1787, son exécution est donc antérieure à cette date. De 1783, année du décès de BenoîtJoseph Labre, à 1787, nous avons une fourchette très courte de quatre années pour situer cette oeuvre anonyme. Une autre caractéristique du tableau reste cependant un mystère, les couleurs sont presque identiques au portrait d’origine, ce qui porte à croire que l’artiste anonyme a copié ce tableau en ayant connaissance des couleurs de l’original. Nous n’en avons malheureusement aucune certitude. La seule chose que nous puissions affirmer sans hésitation, c’est qu’il fut peint en mémoire de saint Benoît-Joseph Labre. En témoigne l’inscription encore visible de la main de Madame Carman d’Hozier, dont voici la transcription telle qu’elle se présente sur le dos du tableau: Dernier et précieux don de mon incomparable amie mademoiselle Antoinette Rosalie de Loyac la Bachellerie de Chaudon, morte le 14 juin 1787, à une heure du matin, jeudi de l’Octave du Saint Sacrement ; née le 18 septembre 1738. Des vertus sublimes, sans être exagérées aux yeux de ceux qui l’entouraient. La perfection voilée par l’humilité sous l’apparence de la vie
commune. La religion la plus épurée est telle qu’elle est admirable, lorsqu’elle grandit une grande âme. La douceur dans la société, la confiance générale méritée par la discrétion la plus sacrée. L’esprit le plus droit, les conseils les plus sages, l’amabilité dans le monde, sans chercher à se faire valoir. L’esprit le plus agréable, des mœurs les plus douces. Bonne amie, bonne maîtresse chérie mais respectée de ses domestiques, regrettée à jamais des pauvres pour lesquels elle exerçait la charité la plus
étendue, pleurée à jamais de ses amis ! Voilà le faible abrégé de ses perfections ! Ceux qui, après moi, possèderont ce tableau, le garderont avec respect, et j’éprouverais la plus vive affliction, si je pensais qu’on oublie la vénération qu’il mérite. Le 27 juin, à Chartres, 1787 Carman d’Hozier
“Ici la sainteté a le droit d’entrer parmi les éléments de l’histoire. À Hendaye ou ailleurs, les périples multiples du saint Pèlerin présentent des faits proprement miraculeux; les uns providentiels, les autres, pour ainsi dire merveilleux. Ils entrent dans la foi de l’Église dans laquelle l’intelligence s’ouvre à la lumière de Dieu ”. Frère Alexis.
“La signature du document, Madame de Carman d’Hozier était la légataire du tableau en 1787”.
“Au dos du tableau, le document qui relate les mérites de Mademoiselle Antoinette Rosalie de Loyac la Bachellerie de Chaudon, rédigé de la main de Madame de Carman, comtesse d’Hozier”.
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Armes de la famille d’Hozier. D’azur à une bande d’or accompagnée de six étoiles du même posées en orle. Devise : Et Habet Sua Sidera Tellus (La terre a aussi ses astres)
“Le pont Saint-Jacques sur la Bidassoa”
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e nom de Loyac s’est éteint en France en la personne de JeanBaptiste-Marie-Charles-Antoine, marquis de Loyac, la Bachellerie de Chaudon (La Bachellerie banlieue de Tulle). Né le 16 mai 1788, sous intendant militaire, chevalier de la Légion d’honneur, décédé le 28 mai 1869, dans son chateau de Vandoeuvre, près du Mans. Le marquis de Loyac avait conservé des relations avec sa ville natale, qu’il avait quittée à la Révolution et dans laquelle il revenait quelquefois. (Source: la généalogie de Loyac, dans le Nobiliaire de saint Allais. Tome xx, p. 19) La famille de Loyac a été représentée en Bas-Limousin par
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deux de ses branches jusqu’à la Révolution. La Maison de Loyac fut établie en pays Chartrain au XVIIème siècle, par suite de l’alliance de Jean-Baptiste de Loyac, chevalier, seigneur de la Bachellerie, la Faye et autres lieux, avec Anne-Charlotte Bochart, dame de Chaudon et de Mormoulin en 1668. Une fois un ouvrage imprimé, distribué, vendu, déposé dans des bibliothèques, comment des années après sur un sujet qui nous est parfois inconnu rétablir la vérité ? Dans son livre, “Hendaye son histoire “, l’abbé Manuel Michelena a commis une erreur d’interprétation de la signature apposée en bas du document lié au ta-
l’épouse du comte Jean-François Louis d’Hozier, né le 6 avril 1733 et décédé le 23 avril 1811. Je laisse ici le soin au Père Lavigne et à des généalogistes de faire ce travail de recherche approfondie.
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n guise de conclusion, les légataires de ce tableau peuvent reposer en paix car nul ne doute, chers Amis, que ce tableau a retrouvé la vénération qu’il mérite dans l’église Saint Vincent d’Hendaye. Comme je l’ai écrit au Père Jean-Marc Lavigne: “Les saints sont là pour nous aider à cheminer sur les traces de Jésus et saint Benoît Labre est l’un de ceuxlà”. Le saint Pèlerin d’Amettes est passé à Hendaye. Hébergé par ses habitants, il a marqué de son empreinte ce beau village du pays Basque et l’ épisode de sa courte pérégrination perdure encore aujourd’hui... “Persévérez dans l’affection fraternelle. N’oubliez pas l’hospitalité, car c’est grâce à elle que quelques-uns, hébergèrent des anges”. Hébreux 13-2
bleau: il a en effet confondu la lettre Z avec un P dans le nom “Hozier” la traduisant par “Hopier”. Une interprétation qui semble être passée inaperçue pendant de nombreuses années. Quand à la légataire du tableau, Madame CARMAN D’HOZIER. Au vu du manque de renseignement précis, il est presque impossible d’affirmer une quelconque information. Cependant après beaucoup de recherches, il pourrait s’agir de Madame Elisabeth Charlotte du Vergé de Saint-Etienne de Carman d’Hozier, née le le 13 janvier 1759 et décédée le 21 février 1825; elle était
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our conclure, je souhaite, Chers Amis, Chers paroissiennes et paroissiens, vous transmettre ma conviction que le hasard n’existe pas. Seule existe la Providence, et le projet du Père JeanMarc Lavigne, votre prêtre, de remettre dans l’église Saint Vincent le portrait de saint Benoît-Joseph Labre n’est pas un hasard. Il est un phare providentiel qui éclaire avec persévérance la foi et le chemin des Hommes de bonne volonté vers l’espérance et l’avenir de tout un peuple, DE VOUS PEUPLE BASQUE ! C’est vous qui, un jour de 1774, avez fait vôtre cette parole de Matthieu 25-35 “J’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli”. Frère Alexis, fl, Hendaye le 21 février 2017
SOURCES
TEXTES - PHOTOGRAPHIES - DIDIER NOËL LES AMIS DE SAINT BENOÎT LABRE
Vie de Benoît-Joseph Labre, mort à Rome en odeur de sainteté” - 1783-1784 - traduction en français du livre “Ragguaglio della vita del servo di Dio Benedetto Giuseppe Labre francese scritto dal suo medesimo confessore” de l‘abbé Giuseppe Loreto MARCONI;(10)ce livre est une référence incontournable.
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De sa Picardie natale à Rome ou à Einsiedeln, de Saint-Claude à L’Isle-sur-la-Sorgue, les mille voyages de Benoît-Joseph Labre tissent le roman d’un marcheur et d’un rêveur impénitent, en butte à des refus et à des humiliations qui, loin de le décourager, le stimulent. On ne sait jamais trop s’il s’agit d’un voyou, d’un hérétique ou d’un idiot, mais son passage laisse de telles traces dans les esprits que lorsqu’il meurt, un jeudi saint à Rome, la foule des pauvres proclame, comme si cela allait de soi, son absolue sainteté. Bien plus tard, au village d’Amettes, on vit deux vagabonds qui s’appelaient Germain Nouveau et Paul Verlaine, pour qui Benoît demeure, comme pour moi, pour nous, une figure emblématique du “saisissement et de la peine d’une pureté indicibles”.
“Traduit de l’italien (11) par l’abbé Joseph-Marie ROUBAUD”.
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“Bande dessinée d’août 1963, la vie de saint Benoît-Joseph Labre en espagnol. Auteurs de la publication: le Père Jésuite CARLOS DE MARIA Y CAMPOS, Javier Peñalosa, Alfonso Tirado, E. Velázquez M”.
NOTES
TEXTES - PHOTOGRAPHIES - DIDIER NOËL LES AMIS DE SAINT BENOÎT LABRE
(A) https://fr.wikipedia.org/wiki/Rottweil (B) https://fr.wikipedia.org/wiki/Villingen-Schwenningen (C) Paulin BÉDARD La joie du Pèlerin . (D) Misericordiae Vultus - Bulle d’indiction du Pape François, Jubilé extraordinaire de la Miséricorde Photo ci-dessus : Une plaque commémorative rappelle que le grand-père de Mozart a habité ici. Il s’agit d’un appartement de trois pièces, une chambre, un salon et une cuisine, dans l’état architectural d’origine, ce qui nous montre comment vivaient les gens à cette époque. (E) Le Père Goldhagen Hermann Jésuite né à Mayence en 1718 professeur de théologie conseiller écclésiastique de Munich. il mouru dans cette dernière ville le 22 avril 1794 Laborieus écrivain on lui doit un grand nombres d’ouvrages de philologie le plus remarquable est une edition du nouveau testament avec des variantes, qui vit le jour à Mayence en 1753 en 2 volumes. On lui doit aussi une biographie de Saint Benoît-Joseph Labre. Il a écrit en latin et en Allemand de nombreux ouvrages classiques et des dissertations (1) Présentes à Boulogne-sur-Mer dès 1871, les dominicaines de la congrégation Notre-Dame de Grâce prennent en charge des jeunes filles en difficulté. Celles de la congrégation romaine de Saint Dominique, résultant de la fusion de 5 congrégations, viennent s’installer en 1981le quartier de capécure, et y fondent un lieu de formation en sciences humaines, bibliques et théologiques, l’Esquif. (2) Situé à l’embouchure de la Bidassoa, Fontarabie (Hondarribia) est une ville de longue tradition maritime et touristique de la côte de Guipúzcoa. Sa vieille ville fortifiée fourmille d’édifices seigneuriaux et a été classé Monument historique et artistique. Selon la légende, Fontarabie fut fondée par le roi wisigoth Reccared au VIe siècle ap. J.-C. Le nom de cette ville apparaît pour la première fois dans la charte de ville (« carta-puebla ») que le roi navarrais Sanche le Sage accorda à St-Sébastien en 1150. C’est aussi au Moyen Âge que Fontarabie reçut de la couronne de Castille le « fuero » de St-Sébastien.La ville subit plusieurs sièges au cours de son histoire, le plus célèbre ayant eu lieu au XVIIe siècle. Sa condition de place forte dans l’estuaire de la Bidassoa est à l’origine de ses imposants remparts entourant la ville. Leur bon état de conservation a valu à la ville d’être classée Monument historique et artistique. Enceinte fortifiée la place d’armes se trouve dans la partie haute de la ville. Sur celle-ci se dresse le château de l’empereur Charles Quint, forteresse en pierre reconvertie aujourd’hui en Parador. Face à celui-ci est organisée chaque année en septembre la parade traditionnelle qui est l’un des rendez-vous les plus importants du calendrier festif de la ville. Dans les environs, vous trouverez la paroisse de Santa María de la Asunción. Cette église de style gothique fut construite au XVe siècle. En revanche sa tour baroque date du XVIIIe siècle. Ses rues pavées sont jalonnées de nombreuses maisons blasonnées et de palais. En franchissant la Porte de Santa María, située sur le pan sud des remparts, vous accèderez à l’une des rues les plus fréquentées : la Calle Mayor. Elle se distingue par la grande façade baroque de l’hôtel de ville (XVIIIe s.) arborant deux blasons des armes de la ville et de grandes arcades. A deux pas de celle-ci, dans la même rue, vous pourrez admirer le palais de Casadevante, édifice seigneurial du XVIIe siècle de style baroque. Citons aussi le palais de Zuloaga orné d’un magnifique escalier en pierre et la maison des Guevara qui date du XVIIIe siècle.Hors des murs, en bord de mer, vous trouverez le quartier de La Marina qui est certainement le plus ancien de la ville et offre l’ambiance la plus populaire de Fontarabie. Ses rues, en particulier celle San Pedro, sont jalonnées de maisons de pêcheurs colorées typiques qui constituent un lieu idéal pour flâner ou pour prendre l’apéritif.Mais,
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outre le fait que ce soit une ville côtière, Fontarabie possède une longue tradition touristique. Ainsi, sa vaste plage constitue l’un de ses principaux pour les estivants qui s’y rendent. Vous pourrez y pratiquer de nombreux sports nautiques : natation, plongée sous-marine, planche à voile, ski nautique, etc.La plage se trouve entre le quartier de La Marina et le port de pêche, point de départ des excursions menant au château de San Telmo (XVIe s.) et au phare d’Higuer qui offre une vue magnifique sur la côte. Le Fort de Guadalupe est situé sur le territoire de la commune, dans l’espace naturel singulier du mont Jaizkibel. Non loin de cet imposant bastion défensif, vous trouverez l’ermitage de Guadalupe qui fut érigé au XVIe siècle pour y vénérer la Vierge.Cet ermitage est au centre des fêtes patronales de Fontarabie qui ont lieu début septembre. En effet, à cette occasion, ses habitants organisent vers ce sanctuaire une procession qui attire les foules.Cet acte religieux a lieu dans le cadre de la Parade populaire au cours de laquelle les habitants, en vertu d’une promesse faite à la Vierge de Guadalupe en 1639, commémorent la grande victoire des hommes de la cité après subi un siège. Au cours de cette parade, de grands défilés sont organisés. Parcourant les rues et les places de la vieille ville, ils sont toujours accompagnés de roulements de tambours et de pétards.Environs et gastronomieLa province de Guipúzcoa offre un littoral doté de belles plages et de villages pittoresques. Irún, belle ville frontalière dont le centre historique est dominé par l’église du Juncal (XVIe s.) se trouve en face de Fontarabie. Nous vous conseillons de vous rendre aussi sur la place San Juan Harria où se dresse l’hôtel de ville baroque.Et à quelques kilomètres, St-Sébastien, capitale de la province de Guipúzcoa. Cette ville élégante, station balnéaire traditionnelle, est bâtie autour d’une baie entre les monts Urgull et Igeldo. La célèbre plage de la Concha, le nouveau quartier aristocratique et sa vie culturelle intense, font de cette ville l’une des plus attrayantes du littoral cantabre. Les villes de Zarautz, Getaria, Deba et Mutriku possèdent aussi de beaux monuments et de vastes plages.Mais le patrimoine de cette province basque n’est pas seulement historique, car elle possède des Parcs naturels très importants parmi lesquels nous pouvons citer ceux d’Aitzkorri, Aralar, Aiako-Harria et Pagoeta.Rien de tel que la gastronomie pour découvrir la culture basque. Fontarabie est une vitrine parfaite de la province de Guipúzcoa et vous permettra de découvrir ses recettes les plus représentatives. Les poissons provenant de la côte sont les ingrédients de plats tels que les « kokotxas » (joues de colin à la sauce verte), le pageot grillé, le « marmitako » (ragoût à base de bonite et de pommes de terre) ou le « txangurro » (araignée de mer). Les produits maraîchers et les excellentes viandes provenant de l’intérieur de la province viennent enrichir le patrimoine culinaire de la région. Quant aux vins, rien de tel qu’un chacolí A.O.C. de Guetaria/Guetariako Txakolina. (3) L’abbé Bernard Guillaume était en exil en conséquence des décrets français du 29 mars 1880. Dans leurs programmes électoraux de 1869, Gambetta et Jules Ferry, têtes de file du républicanisme, annonçaient déjà leur volonté ferme d’œuvrer en vue d’établir une séparation nette des Eglises et de l’Etat. Après la guerre franco-allemande et l’écroulement du Second Empire, l’adoption des lois constitutionnelles de 1875 et l’impressionnante série de victoires républicaines aux diverses consultations des années 1876-1879 acculèrent Mac-Mahon à la démission, le 30 janvier 1879. Avec la mise en place d’un gouvernement affranchi des menaces monarchistes, eut lieu une vague de révocations de fonctionnaires, de magistrats, de militaires, de diplomates. Les religieux semblaient ne pas avoir eu à pâtir de ces mesures d’épuration immédiate, mais le ton montait fortement depuis 1872. Issue du ministère de l’Instruction Publique dirigé par Jules Ferry, la première attaque vint d’un projet de loi, dont l’article 7 excluait du droit de collation des grades les enseignants congréganistes. Il fut adopté le 9 juillet 1879 à la chambre des Députés, mais repoussé le 9 mars 1880 par le Sénat, dont la majorité avait quelque peu dérapé. A l’issue d’un nouvel affrontement entre les deux assemblés, le gouvernement coupa court à toute hésitation, par la publication de deux décrets, le 29 mars. Le premier prononçait la dissolution, dans un délai de trois mois, de la Compagnie de Jésus, considérée comme l’instrument idéal de la Papauté et de l’ultramontanisme contre le nouveau régime. (4) Le Graveur Etienne Claude Voysard ou Voisard (1746-1812 ). (5) Abbé Jean LADAME, 1918 : Né le 3 juin à La Chapelle-de-Bragny, 1942 : Ordonné prêtre le 15 février, 1942 : Professeur de philosophie à Rimont puis à Saint-Lazare à Autun, 1959 : Curé de Saint-Léger-sur-Dheune et annexes, 1963 : Supérieur des chapelains de Paray-le-Monial, 1976 : Directeur de l’archiconfrérie de Cluny, 2000 : Décède le 7 juillet. Nous devons au Père Ladame de nombreuses vies de saints, parmi lesquelles une controverse célèbre « Un mystique en haillons, saint Benoit-Joseph-Labre ». (6) Au sein de l’Église catholique, une positio (en latin : positio super virtutibus : position sur les vertus) est un document ou un ensemble de documents utilisés dans le processus de canonisation, par lequel une personne est déclarée vénérable, la seconde des quatre étapes sur le chemin de la sainteté catholique. Elle recueille les éléments de preuve (biographie, vertus, miracle), obtenus par une enquête diocésaine, sur les vertus héroïques du candidat (foi, espérance, charité, etc.) sous une forme appropriée. Elle est préparée par un rapporteur chargé de sa présentation à la Congrégation pour les causes des saints. Lors de cette présentation, la positio est examinée par un comité d’experts en histoire et en théologie : si la preuve présentée est jugée appropriée, le collège de cardinaux et d’évêques peut alors faire une recommandation au pape afin que le candidat soit déclaré vénérable. Les positios peuvent présenter plus de 1 000 pages. Le temps entre la préparation d’une positio et une recommandation de la commission d’historiens et de théologiens peut souvent se mesurer en décennies.
(7) Pére Etienne Haramboure, né à Ciboure en 1799, professeur à Larressore, prêtre en 1825, missionnaire à Hasparren jusqu’en 1830, Auônier des Dames Ursulines à Pau en 1831, supérieur à Larressore en 1834, chanoine titulaire de Bayonne en 1850, vicaire général du diocèse en 1852, décédé en 1869. (8) Pour la petite histoire, il s’agit de l’ancienne ferme où naquit Dominique de GALBARRET curé d’Hendaye sous la révolution. Ce dernier, prêtre réfractaire ayant refusé de prêter serment à la Constitution, s’enfuit à Hondarribia (où quelques paroissiens d’Hendaye/Urrugne continuèrent ainsi à pratiquer secrètement leur culte). Ses biens furent confisqués et vendus au bénéfice de l’Etat. (9) Le noyau principal du Musée Franciscain fut constitué grâce au Frère Louis-Antoine de Porrentruy (France) qui commença par recueillir un ensemble iconographique pour illustrer un volume sur Saint François, publié à Paris en 1884 sous le titre de «Saint François d’Assise». Avec les documents recueillis pour le volume, dont il n’avait utilisé qu’une partie mais qui par la suite fut continuellement enrichie, Louis-Antoine organisa, en 1885, au couvent de Marseille, un Musée Franciscain. Celui-ci fut inauguré en octobre 1889 par le Ministre Général Bernard d’Andermatt. L’année suivante, il fut nécessaire d’agrandir le musée en lui donnant une salle supplémentaire un peu plus grande, pour faire place à tous les nouveaux documents qui venaient s’y ajouter. En 1896 il fut nécessaire d’ouvrir une troisième grande salle. Cependant, dans les années 1903-1904, il fut nécessaire d’enlever les pièces les plus importantes et utiles pour l’histoire artistique franciscaine. De fait, en 1905, selon les lois maçonniques de 1901, furent vendus à la criée tous les objets présents dans le Musée. À la fin de 1912, avec les pièces sauvées par le Père Louis-Antoine, celui-ci fut ouvert à nouveau à Rome, à la Curie Générale de Via Boncompagni. Ensuite, en 1927, le musée fut transféré à l’Institut Historique d’Assise et ouvert solennellement le 29 Novembre 1929. A partir de cette date, le musée partagera le même sort que l’Institut Historique. Caractéristiques du Musée Franciscain Le Musée Franciscain n’est pas un musée artistique, historique ou archéologique, même s’il possède un certain nombre de pièces de grande qualité artistique et de grande valeur historique. Il se place dans la catégorie des musées spécialisés. Avec les objets exposés dans ses différentes salles, le musée illustre l’histoire de l’Ordre Franciscain. Bien que l’idée ait surgie sur l’initiative d’un frère Capucin, le fondateur ne s’est pas limité à rassembler des objets propres à son Ordre, mais il étend son intérêt à tout l’Ordre Franciscain, à tous ceux qui se sont fait remarquer par leur forme de sainteté, de culture ou de sens social. Cela couvre en premier lieu les trois principales ramifications du Premier, du Second, et du Troisième Ordre et, ensuite, à travers les différentes familles et réformes internes de l’Ordre, comme les conventuels, les frères mineurs, les capucins, observants, récollets, réformés et autres. Autant que cela fut possible le franciscanisme de toutes les nations a été inclus, également celles où des franciscains sont partis comme missionnaires. Une caractéristique spéciale du musée consiste dans le fait que les documents de l’art et de la culture franciscaine s’étendent à travers les siècles, du XIIIème au XXème. Le Musée Franciscain, avec le décret ministériel (n° 246) du 15 de septembre 1965, fut inscrit parmi les musées privés. Hors du contrôle de l’État, tels les musées mineurs, diocésains ou religieux, il n’est ouvert au public que sur demande. (10) L’abbé Marconi, Giuseppe Loreto (17..-17..) Professeur au collège romain, & confesseur du serviteur de Dieu Benoist-Joseph Labre. Notices bibliographiques liées: Vie de Benoit-Joseph Labre, mort a Rome en odeur de sainteté, traduit de l’italien de M. Marconi, lecteur du college romain, confesseur du serviteur de Dieu / A Paris, : chez Guillot, libraire de Monsieur, frere du Roi, rue Saint-Jacques, vis-à-vis celle des Mathurins. , M. DCC. LXXXIV. Avec approbation & privilége Vie édifiante de Benoit-Joseph Labre, mort à Rome en odeur de sainteté le 16 avril 1783, composée... par M. M*** [l’Abbé Giuseppe Loreto Marconi] / A Avignon : chez la veuve Rusand... et à , 1784 The life of the venerable Benedict Joseph Labre, who died at Rome... April, 1783 / Translated from the French ; by Mr. James Barnard. Together with an appendix / London : printed by J. P. Coghlan , 1785 Le pénitent, conduit au tribunal de la pénitence & à la table eucharistique [Texte imprimé] : sur les traces de S. Louis de Gonzague ou instruction - pratique pour recevoir dignement les sacremens de pénitence & d’eucharistie ... / traduit de l’italien de M. l’Abbé Marconi ... par l’auteur de la traduction de la vie & du tableau des vertus de Benoit-Joseph Labre [Joseph-Marie Roubaud] / Paris : Berton ; Lesclapart , 1786 Vie de Benoît-Joseph Labre, mort à Rome en odeur de sainteté [Texte imprimé] / traduit de l’italien de M. Marconi,... / Paris : Limoges , 1852 The life of the venerable benedict Joseph Labre, who died at Rome, in the odour of sanctity, on the sixteenth of April, 1783. [Ressource électronique] : Translated from the French, by Mr. James Barnard. Together with an appendix, giving an account of several miracles, said to have been wrought by his intercession: soon after his death / Marconi, Giuseppe Loreto / [Farmington Hills, Mich] : Cengage Gale , 2009
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The life of the venerable Benedict Joseph Labre, [Ressource électronique] : who died at Rome, in the odour of sanctity, on the sixteenth of April, 1783. Translated from the French. Together with an appendix, Giving an Account of several Miracles, said to have been wrought by his Intercession: soon after his Death / Marconi, Giuseppe Loreto / [Farmington Hills, Mich] : Cengage Gale , 2009 The life of the venerable Benedict Joseph Labre, [Ressource électronique] : who died at Rome, In The Odour Of Sanctity, ON The Sixteenth Of April, 1783. Translated from the French, by the Reverend Mr. James Barnard. Ex-President of the English College at Lisbon, and Vicar-General of the London District. Together with an appendix, Giving an Account of several Miracles, said to have been wrought by his Intercession: soon after his Death / Marconi, Giuseppe Loreto / [Farmington Hills, Mich] : Cengage Gale , 2009 The life of the venerable benedict Joseph Labre, who died at Rome, in the odour of sanctity, on the sixteenth of April, 1783. [Ressource électronique] : Translated from the French by the Reverend Mr. James Barnar ex-president of the English [college] at Lisbon, and vicar-general of London district. Together with an appendix, giving an account of several miracles, said to have been wrought by his intercession, soon after his death / Marconi, Giuseppe Loreto / [Farmington Hills, Mich] : Cengage Gale , 2009 Ragguaglio della vita del servo di Dio Benedetto Giuseppe Labre francese scritto dal suo medesimo confessore. (11) L’abbé Joseph-Marie Roubaud, jésuite, poëte et traducteur; est né à Avignon le 16 janvier 1735, baptisé à la paroisse NotreDame la Principale, fils de Pierre Pascal Roubaud et de Marguerite Tressol, il appartient à une famille nombreuse. Son père a, en effet, vingt et un enfants. Il meurt à Paris le 26 septembre 1797. le 7 septembre 1752. Il entre dans la Compagnie de Jésus. Il est successivement professeur de grammaire à Embrun, de rhétorique à Chalon-sur-Saône et de grammaire à Aix-en-Provence. C’est là qu’il se trouve au moment de la suppression de l’Ordre. Il quitte alors la province pour Paris où il rejoint son frère Pierre Joseph André avec lequel il travaille aux feuilles des «économistes». En 1775, il est de retour dans sa patrie et devient rédacteur du Courrier d’Avignon lorsque ce journal est de nouveau publié. Mais il est relevé de ses fonctions, probablement en mars 1776, et reprend le chemin de Paris. A partir de mai, il assure la rédaction de la Gazette d’agriculture en remplacement de son frère Pierre Joseph André alors malade ; il loge à la Communauté des Eudistes, rue des Postes. Il consacre ses dernières années à l’étude et la littérature, publiant des traductions de Vies d’hommes religieux. Dans une lettre datée de septembre 1776, il affirme qu’on lui a antérieurement proposé un poste de secrétaire d’ambassade (car il sait «les langues» «et à peu près ce qui se passe en Europe»), mais qu’il n’était prêt à accepter que le poste d’Angleterre où réside un de ses frères ; or ce poste n’était pas alors vacant. Il à traduit de l’Italien trois ouvrages de l’ abbé Marconi: La vie du Bienheureux Laurent de Brindes (1784); la vie et tableau des vertus de Benoît-Joseph Labre (1785), le pénitent conduit au tribunal de la pénitence (1786). En 1776, cet abbé rédigea le “Journal d’Avignon”. Les Sources bibliographiques : « Vie de Benoît-Joseph Labre », G. L. Marconi, 1783, ouvrage italien dont il existe plusieurs traductions françaises. « Le bienheureux Benoît-Joseph Labre », F.M.J. Desnoyers, Lille, 2 Tomes, 1862. « Le saint pauvre de Jésus-Christ, Benoît-Joseph Labre », François Gaquère, 1748, Avignon, 1954. « Le vagabond de Dieu Saint Benoît Labre », Joseph Richard, Éd. S.O.S, 1976. « Benoît Labre, errance et sainteté. Histoire d’un culte, 1783-1983 », Yves Marie Hilaire, Éditions du Cerf, 1984. « Benoît Labre Le pouilleux de Dieu », Herver Brejon, Éditions Paris-Méditerranée, 1999. « Benoît Labre. Entre contestations et rayonnement », Marc Loison, Salvator, 2014
A bientĂ´t sur les chemins de traverse, chers Amis de saint BenoĂŽt-Joseph Labre.
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