OR DEPUIS CES TEMPS… A M. Or depuis ces temps je m’étais résolu (Colombe blessée, Poète abattu) A ne guère chanter l’Amour ; Ce Soleil qui nous joue mille tours ! Cependant, quand parfois, seul dans ma solitude, Je me souviens d’elle et de son beau visage ; Quand je me souviens de son regard timide et sage, Mes larmes troublaient ma paisible habitude ; Je regarde, impuissant, mon cahier... Et regrettais, là, de l’avoir aimer tout entier ! Je laissais ma douleur gouverner mon cœur, Espérant l’expier par mes pleurs… Hélas l’Amour est un tyran qui n’épargne personne ! Et j’ai été vaincu ; sous ma plume l’Amour chansonne ; J’ai brisé les chaines de mon amertume, de mon remords, Et vers toi, me voici chantant, encore et encore. Quand je pince ma lyre, ô Muse de l’Espérance ! J’entends ta douce voix psalmodiant les divines stances De l’Amour. Et j’entends ton cœur qui me dit : «Je ne t’ai jamais quitté, pas une seul fois, mon Ami !» Oh n’est-ce pas là le Vrai Amour : sentir l’être aimé Vivre au-dedans de soi-même, comme sa moitié ? L’entendre nous chuchoter tout bas, et secrètement : «Nous somme la fleur de nos sentiments» ? S’il le faut, pour ainsi revoir tes verts yeux, S’il le faut, pour sentir la douceur de tes tendres lèvres d’élixir, Je remplirai de ton nom ces pages où je vois ma douleur languir, Je prêterai ma Lyre à l’Amour et à ses cieux. Or depuis ces temps je m’étais résolu (Colombe blessée, Poète abattu) A ne guère chanter l’Amour : J’ai eu tort : - seul l’Amour dur le Jour.