HippiK 1

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Hippi K Trimestriel - N˚1 Du 12 mai au 4 août 2012 - 6,90 €

Le monde des courses

< Insolite : C. Pieux, superman d’Auteuil < Reportage : la nouvelle vie de Ready Cash

Comment

devenir jockey

la plus belle

pour aller au Prix de Diane

Trot :

les chevaux qui vont gagner

Dans ce numéro : Dominique Bœuf, Mickaël Barzalona, Louis Baudron

Mai/Juin/Juillet HIPPIK N˚1 - 6,90 €

Jockeys d’obstacles Un métier de fous !

L 16079 - 1 - F: 6,90  - RD

comme vous ne l’avez jamais vu



Hippi K Trimestriel - N˚1 Du 12 mai au 4 août 2012 - 6,90 €

Le monde des courses

< INSOLITE : C. PIEUX, SUPERMAN D’AUTEUIL < REPORTAGE : LA NOUVELLE VIE DE READY CASH

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comme vous ne l’avez jamais vu

Dans ce numéro : Dominique Bœuf, Mickaël Barzalona, Louis Baudron COUV HippiK.indd 1

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SOUS LES ORDRES MAI/JUIN/JUILLET 2012

6 A LA UNE

38 Entretien

Jockey d’obstacles, un métier de fous

Pascal Baudron, une affaire de famille

18 Entretien

42 Reportage exclusif

Les vérités de Dominique Bœuf

Ready Cash , plus belle la vie...

22 Reportage

48 Trot, Plat, OBStacles

Comment devient-on jockey professionnel

Les chevaux qui vont gagner

27 Rencontre

52 Métier du cheval

La nouvelle vie de Mickaël Barzalona

Ethologie

30 GROS PLAN

60 Mode de vie

L’amour des chevaux plus fort que tout

Etre la plus belle pour le Prix de Diane

32 Hors-piste

66 HISTOIRE

Le destin de Pauline

par Pierre-Joseph Goetz

4 HIPPIK N˚1 Mai/Juin/Juillet

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Hippi K Le monde des courses comme vous ne l’avez jamais vu

EDITO

E

n principe, on dit toujours d’un cheval qu’il va débuter sagement et qu’il montera en puissance au fur et à mesure de ses courses. C’est ce que nous comptons faire avec “HIPPIK” même si , dès le premier numéro, nous avons frappé un grand coup en allant à la rencontre du plus grand jockey d’obstacles de tous les temps, Christophe Pieux. A peine la course finie, nous sommes allés vivre un moment merveilleux en découvrant la “Peinture” Ready Cash. Quel cheval ! Je ne pensais pas qu’un cheval pouvait être aussi beau et magnifique avec une joie de vivre incroyable. En le voyant ainsi, je ne serais pas étonné de le voir remporter un troisième prix d’Amérique en 2013. Je suis tombé amoureux de ce cheval, d’une beauté incroyable. Il faut dire aussi que le talent de notre photographe “Olivier Houdart” a profité de la lumière ce jour là pour le mettre encore plus en valeur. HIPPIK, m’a permis aussi de découvrir une femme exceptionnelle, Valérie, qui malgré son handicap a une force incroyable pour continuer à pratiquer son sport de toujours. Comme quoi le cheval et l’humain c’est une véritable histoire d’amour. Et puis, et puis, Louis Baudron un jeune plein de talent, Mickael Barzalona, notre nouvelle star qui

part à l’aventure du monde entier en devenant la deuxième monte chez “Godolphin”. mais aussi Big Buck’s qui devrait détrôner Kauto Star, Notre charmante Pauline Prod’homme qui se mesure aux hommes ce qui est unique dans le sport. Et vous n’avez encore rien vu. Bref, une aventure extraordinaire, que j’espère vous partagerez avec nous. Nous demandons les témoignages de TOUS, propriétaires, éleveurs, entraîneurs, lads, journalistes,etc . Nous attendons vos idées, vos témoignages, vos photos. Ce magazine vous est ouvert….c’est le vôtre. Notre sport est beau, notre sport est magnifique. Maintenant, faisons en sorte tous ensemble de le rendre encore plus beau en offrant à nos athlètes que sont les jockeys et chevaux ce qu’ils méritent, c’est à dire une plus grande reconnaissance à travers ce qu’ils nous font vivre. Alors vive HIPPIK et que la fête commence.....

Eddy Eyrignoux directeur de la publication.

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A LA UNE

Jockey d’obstacles, Christophe Pieux :

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A LA UNE

le goût du risque

“Je ne suis pas fou”

C’est sur la piste de l’hippodrome d’Auteuil que nous avons donné rendezvous à Christophe Pieux. Un mois avant le Grand Steeple-Chase qu’il a déjà remporté à trois reprises, le plus grand jockey d’obstacles de tous les temps nous a accueillis dans son jardin, avec simplicité mais aussi un brin de folie. On comprend mieux pourquoi il est toujours au top à 45 ans. Texte : Stéphane Désenclos, Photos : Gwendoline Le Goff

Q

uand on rencontre Christophe Pieux pour la première fois, on pense davantage à un boxeur qu’à un jockey. Nez cassé, pommettes abîmées par les coups, cicatrices ici ou là, il porte ses 25 ans de carrières sur son visage. D’ailleurs, la comparaison lui plait. “Jockey, c’est un peu comme boxeur, si vous avez peur de prendre des coups, vous ne montez pas sur un ring”, explique l’homme aux deux mille victoires (on a bien dit deux mille) et aux… 30 fractures. Jockey d’obstacles, c’est pire que boxeur. Parce que si les coups d’un adversaire sont parfois durs à encaisser sur un ring, ils sont encadrés par des règles très strictes et souvent prévisibles. Dans un Steeple-Chase, tout peut arriver. Il suffit que le cheval se présente mal sur un obstacle et c’est la chute, qui peut avoir des conséquences terribles. Si elle est qualifiable par ses succès, la carrière d’un jockey l’est d’ailleurs tout autant par ses blessures. “Ce qui m’a beaucoup aidé, c’est de ne pas avoir été trop longtemps arrêté”, commente Christophe pour expliquer sa longévité. “Dans toute ma carrière, le maximum de temps où j’ai été éloigné des pistes, c’est un mois. Certains ont été arrêtés un an… Après, c’est dur de revenir”. Mai/Juin/Juillet HIPPIK N˚1 7


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Ce que Christophe ne dit pas forcément, c’est que c’est une véritable force de la nature. Ce qui lui permet au passage d’avoir une façon de monter bien à lui, étriers chaussés hauts, l’obligeant à faire des prouesses à la réception de chaque saut. Une méthode empruntée à la famille du plat, parent riche de l’hippisme. Un autre monde. “Pour vous donner un ordre de comparaison, le plat, c’est le football, l’obstacle, le rugby…” précise Christophe, pas jaloux. A la question : “Selon vous, quelle est la différence principale entre un jockey de plat et un jockey d’obstacle ?”, il répond du tac au tac : “10 kilos”. Pas seulement pourtant et il en est la preuve vivante. “J’ai couru en plat (ndlr : 51 victoires à son palmarès), mais j’ai choisi l’obstacle par passion”. Passion du risque ? “Non”, répond-t-il. Bien trop timidement pour qu’on le croie vraiment. Lui qui a pratiqué le parachutisme, le saut à l’élastique, la boxe ou encore le karting. “J’aime les sensations fortes, me lancer des défis, mais ma vraie passion, celle pour laquelle je fais ce métier, c’est le cheval”. Quoi qu’il en dise, ce n’est pas complètement un hasard s’il a rapidement opté pour l’obstacle, la voie la plus dure. Il en est conscient. “Certains jockeys viennent sur l’obstacle quand ils prennent du poids, mais après avoir pris deux ou trois claques, ils repartent”. Les claques, lui, on dirait qu’il aime ça. “Mais je ne suis pas maso, les risques sont calculés”, précise-t-il. Et des risques, il aime en prendre. “De toutes façons, je n’aurais jamais fait une aussi belle carrière en plat”, ajoute-t-il pour conclure sur le sujet. 8 HIPPIK N˚1 Mai/Juin/Juillet

Avant ses 14 ans, il n’avait pas mis les fesses sur un cheval C’est à l’âge de 14 ans que Christophe est tombé amoureux des chevaux. “J’étais en colonie de vacances. Nous devions nous occuper de chevaux de promenade. Il y a eu le déclic…” Avant ce jour, Christophe n’avait jamais mis les fesses sur un cheval. “J’ai quitté ma région, Pompadour, pour intégrer l’école AFASEC de Maisons-Laffitte, avec le regretté Léon Gaumondy pour maître d’apprentissage. Je suis ensuite entré au service d’Henri Lalanne, qui venait de s’installer, puis suis parti chez Guillaume Macaire, à RoyanLa Palmyre, pendant un an et demi. De là, j’ai rejoint Jacques Ortet, à Pau, où je suis resté 17 ans…” Quinze fois vainqueur de la cravache d’or, Christophe Pieux est une légende en chair et en os. Imaginez un footballeur qui remporterait le Ballon d’Or 15 fois de suite, ou un boxeur qui gagnerait 15 championnats du monde d’affilée ? Personne d’autre que lui n’est un meilleur symbole de ce métier de fous : jockey d’obstacle. “Mais c’est un fou !” fait remarquer en souriant l’un de ses amis. “Non, je ne suis pas fou, sinon, je n’aurais pas pu durer” rectifie Christophe. Pourtant, dans son entourage, on n’est pas prêt d’oublier ce jour où il a couru avec des côtes cassées. “On avait rendez-vous dans mon café pour boire un verre en fin de journée, mais Christophe s’est brisé les côtes lors d’une chute. Non seulement il a couru la course suivante, mais


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en plus il est venu nous rejoindre !”. Dans le jargon, on appelle cela un “dur au mal”. On pourrait aussi dire “un guerrier des courses”. Combien de fois ne l’a-t-on pas vu pratiquement sous le cheval en réception de saut. Combien de fois a-t-il terminé complètement cabossé ? Comme en 2009, lorsqu’il remporte son troisième Steeple-Chase de Paris sur Remember Rose. C’est avec la botte gauche en sang et la chair à vif qu’il a passé l’arrivée. Il se souvient et geste à l’appui, nous explique. “Après 4 kilomètres de course, dans le tournant d’Auteuil, alors que j’étais en tête, à la corde, Remember Rose cogne la lice. Une habitude qu’il avait, de frotter ses 500 kilos sur la barrière… Un morceau de la barrière s’était déboité et a coupé avec l’efficacité d’une lame de rasoir ma botte et mon pied”. Bilan : orteils cassés et ligaments sectionnés. “Mais j’avais gagné… Et ce n’était pas grand-chose, je n’ai été arrêté que très peu de temps”, conclut Christophe, un début de sourire aux lèvres. Pour gagner, il faut se faire peur ? “Peur, non, je ne suis pas un trouillard. Mais je mentirais en disant qu’il n’y a pas une certaine appréhension avant le départ d’une course. La peur, j’ai appris à la maîtriser”. Derrière ses airs de casse-cou à la technique si personnelle (et peu recommandée dans les écoles car trop dangereuse), qui promet “une chute environ toutes les dix montes”, se trouve un immense professionnel. Tout est calculé avec précision. A tel point qu’il connaît tous les obstacles d’Auteuil à la perfection. “Tous les obstacles sont

reconstitués dans les centres d’entraînements, en dehors du “rail ditch”. Les chevaux les passent plusieurs fois par semaine. En général, j’y vais 3 ou 4 jours avant l’épreuve pour monter les chevaux avec lesquels je vais courir”. Le reste du temps, ce sont des jockeys d’entraînement qui s’occupent des montures. “C’est organisé exactement comme une écurie de Formule 1, avec des pilotes d’essais, des ingénieurs… D’ailleurs, c’est le cheval qui fait 95% du boulot sur la piste”. 95% ? Un peu trop modeste Christophe qui a du mal à reconnaître le rôle essentiel du jockey. “Quand vous êtes à dix-huit, lancés en pleine ligne droite, il faut aussi anticiper sur les réactions des chevaux, explique t-il. Le pire c’est quand votre cheval est à mi-hauteur d’un autre. Là, il va le suivre et prendre son impulsion trop tôt sur l’obstacle. Il faut ou être à sa hauteur, ou derrière”. Une (petite) partie du boulot. “Le mental fait la différence” Réduire la carrière de Christophe à sa simple force physique et sa faculté hors du commun à encaisser les coups serait une grave erreur. “Tous ceux qui sont montés à cheval savent que quand il ne veut pas faire quelque chose, ce n’est surtout pas par la force qu’on arrive à se faire obéir. C’est surtout par la technique. C’est un sport dans lequel il faut être très fin”, explique le natif de Nogent-sur-Marne. Très fin et à la fois très fort. “Après, c’est le mental qui fait Mai/Juin/Juillet HIPPIK N˚1 9


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la différence”. Ce mental exceptionnel qui lui permet de rester au somment depuis plus de 20 ans, il ne l’a pas encore emmené jusqu’à ses limites. C’est sans doute pour cela qu’il continue. Sans même se l’avouer. A 45 ans (il les a fêtés le 15 avril dernier), il a tout connu, tout gagné, et pourtant… “Tant que la passion est là, je continue. Un jour, ça viendra comme ça. Je descendrai du cheval et je dirai “stop”. Ça viendra d’un seul coup, peut-être sans prévenir… Ce jour où je ne serais plus motivé, j’arrêterai”. Pour faire quoi ? Il ne sait pas encore. uù du moins ne veut pas en parler. Parce qu’il vit “dans le présent, et “n’aime que le concret”. D’ailleurs, ne comptez pas sur lui pour conseiller à quiconque de s’engager dans une carrière de jockey. “C’est un métier trop difficile, avec trop peu d’élus au bout du compte”. Et si c’était à refaire Christophe ? “Là oui, sans problème, je ne regrette rien. Mais je le répète, jamais je ne conseillerais à un jeune de faire ce métier”. Quand il dit ça, derrière ses yeux d’un vert limpide apparaît une certaine froideur jusque là dissimulée. On aperçoit alors l’ambiguïté du personnage. Si sûr de lui quand il aborde l’obstacle et presque étonné d’être encore au sommet aujourd’hui. C’est sans doute là aussi son secret de champion.

Le Raid Litch, son “juge de paix” “Ce n’est pas pour rien qu’on appelle le Raid Litch, “le juge de paix”. C’est ici que la course se joue. Il faut savoir qu’il y a 4 mètres entre le tronc de bois et la haie… Si vous n’avez pas assez d’élan ou une mauvaise prise d’appui, c’est la chute. J’ai monté un cheval, Oteuil SF, qui prenait appui avec les pattes de devant sur le tronc pour arriver à sauter. Le Raid Litch arrive après la butte qui a déjà fatigué le cheval. Il faut d’abord qu’il récupère, puis le conditionner pour qu’il donne tout ce qu’il a. Ici, on gagne ou on perd la course” 10 HIPPIK N˚1 Mai/Juin/Juillet


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Les blessures de Christophe Pieux - 12 avril 1986 : Fracture clavicule droite (12 jours d’arrêt) - 13 juillet 1986 : fracture du 5eme métatarsien ; pied droit (13 jours d’arrêt) - 4 janvier 1989 : traumatisme abdominal (4 jours d’arrêt) - 14 janvier 1990 : double fracture des métacarpiens ; main droite (24 jours d’arrêt) - 6 juin 1993 : Hématome jambe gauche + entorse cheville gauche (7 jours d’arrêt) - 20 octobre 1993 : Hématome mollet jambe droite (6 jours d’arrêt) - 21 mars 1994 : Contusion avec hématome région foie (25 jours d’arrêt) - 5 octobre 1994 : Traumatisme du genou gauche avec épanchement de synovie, traumatisme hanche gauche, entorse genou avec atteinte des ligaments (20 jours d’arrêt) - 7 juillet 1995 : Traumatisme genou gauche (9 jours d’arrêt) - 5 février 1996 : Lésion ménisque genou droit – intervention chirurgicale (24 jours d’arrêt) - 21 juillet 1999 : Hernie discale (14 jours d’arrêt) - 25 décembre 1999 : Traumatisme coude gauche (7 jours d’arrêt)

- 10 avril 2000 : Traumatisme dorsal (5 jours d’arrêt) - 8 janvier 2004 : Luxation acromio-claviculaire gauche (7 jours d’arrêt) - 24 janvier 2004 : Luxation acromio-claviculaire gauche (27 jours d’arrêt) - 29 mars 2004 : Fracture du Péroné jambe droite (13 jours d’arrêt) - 4 février 2005 : Hématome Psoas Iliaque : Abdomen (18 jours d’arrêt) - 24 janvier 2007 : Fracture épaule gauche (22 jours d’arrêt) - 22 juillet 2008 : Fracture du calcanéum pied droit (40 jours d’arrêt) - 24 mai 2009 : Fracture ouverte avec rupture des tendons du 2e orteil pied gauche – Intervention chirurgicale (45 jours d’arrêt) - 24 juin 2010 : Lésion apophyse transverse gauche de L3 et articulation transverse sacrée à gauche. (66 jours d’arrêt) - 6 novembre 2011 : Douleurs dos (27 jours d’arrêt) Mai/Juin/Juillet HIPPIK N˚1 11


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Gagner le Grand Steeple-Chase

de Paris

Le parcours du combattant Il n’existe pas de recette miracle pour former un champion de Steeple-Chase. Il s’agit avant tout d’un travail de longue haleine pour des chevaux qui ont, certes, des prédispositions, mais qui sont entrainés pour un jour réussir la course de leur vie. Texte : Philippe Chevalier (cravache d’or en 1990, vainqueur de l’épreuve en 1995 et 1999)

C

a y est, nous y sommes !!! Tous les prétendants au Grand Steeple-Chase de Paris, l’épreuve la plus convoitée, celle que tous les professionnels – entraîneurs, jockeys, propriétaires - rêvent de gagner au moins une fois dans leur carrière, vont bientôt s’aligner derrière les élastiques, prêts à en découdre. Mais avant d’être face à l’élastique, avant de s’élancer pour 5.800 mètres, franchir les vingt-trois obstacles de cet hippodrome magique, mais ô combien exigeant, qu’est Auteuil, beaucoup de travail en amont a été fait dans la préparation du cheval. Une chose est sûre : le Grand Steeple n’est pas une aventure dans laquelle on se lance par hasard… Tout commence dès le plus jeune âge. En fin d’année de 2 ans, les entraîneurs commencent à « amuser » leurs jeunes pousses en leur faisant franchir de petits fagots.

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Histoire de repérer, déjà, les plus ou moins doués ; ceux qui ont le geste, ceux que cela amuse. Faire un premier tri en quelque sorte. Ce qui ne veut pas dire que les moins doués ne courront jamais en obstacle. A force d’entraînement, on peut toujours, plus ou moins, y arriver. Puis vient l’année de 3 ans. L’année des grands débuts dans cette nouvelle spécialité qu’est l’obstacle. En règle générale, on commence par faire débuter la jeune recrue sur les haies puis, une fois qu’il a atteint ses limites ou qu’il manque de vitesse, tout en montrant de réelles qualités de sauteurs, l’opportunité du steeple se présente. Même si à cet âge-là un poulain domine sa génération, la route est encore très longue avant de l’imaginer au départ du Grand SteepleChase de Paris qu’il ne pourra, de toute façon, pas disputer avant l’âge de 5 ans. Mais le plus dur reste à faire : confirmer


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Mil dancer, vainqueur en 2011

pour certains, progresser pour d’autres et même durer, sachant que la blessure guette à tout moment chez ces athlètes à qui l’ont demande sans cesse de donner le meilleur d’euxmêmes, de se surpasser. A 4 ans, l’entraîneur commence à y voir un peu plus clair. Les aptitudes du cheval se révèlent de plus en plus, se font plus précises. Le cheval change encore, s’endurcit. Tout au long de la saison il devra évoluer sur des terrains, des distances et des parcours différents, affronter de nouveaux adversaires. Autant de paramètres importants qui, en plus de la qualité, vont s’avérer déterminants pour l’année suivante, dans l’idée d’envisager, ou pas, une participation à l’épreuve reine. 5 ans est une année charnière, relativement délicate à gérer pour un entraîneur, dans le sens ou son cheval, contrairement à l’année précédente où il n’a eu à affronter que ses contemporains, devra maintenant faire face aux « vieux ». Des aînés beaucoup plus expérimentés, plus aguerris aux combats difficiles, moins fragiles dans leur tête. Et là, deux choix surviennent : soit le présenter au départ des épreuves préparatoires de début d’année (Prix Clermont-Tonnerre, Troytown, Murat et Ingré), si l’on juge qu’à 5 ans il est apte à le faire, à encaisser ; ou bien opter pour la sagesse, en faisant l’impasse sur les épreuves de steeple du premier semestre en lui trouvant des tâches plus faciles, par exemple, sur les haies -, puis y revenir à l’automne pour « prendre la température ». Ce qui laisse, dans ce cas-là, un peu plus de temps au cheval pour finir de s’endurcir. Mais que ce soit à 5 ou 6 ans, une fois que la décision est prise de se lancer dans l’aventure du Grand Steeple, la préparation en elle-même doit être gérée avec la plus grande minutie au fur et à mesure que l’échéance approche. Aucun

intérêt d’avoir un cheval prêt, à cent pour cent, début mars, sachant que le célèbre groupe I se déroule le 20 mai. Le plus dur pour l’entraîneur va être justement de doser le travail de son élève, pour l’amener dans une condition physique croissante, devant atteindre cent vingt pour cent le jour J. Juger s’il a besoin des quatre courses de préparation. Décider s’il vaut mieux faire l’impasse sur la dernière afin de lui garder un maximum de fraîcheur (le choix qu’avait fait, entre autres, l’entourage de Rubi Ball l’an dernier). Plus l’échéance approche, plus l’entraîneur doit effectuer tout un travail d’observation dans les exercices du matin. Savoir, pouvoir sentir à quel moment le cheval a atteint son plafond de boulot, afin qu’il ne bascule pas dans le « trop ». Pouvoir déceler et interpréter tous les petits signes inhabituels susceptibles d’enrayer la bonne marche de la préparation : manque d’appétit, moins de gaieté… Sans oublier de devoir palier à toute sorte de petits « bobos » de dernières minutes, dont il se passerait bien. Et que dire de ce parcours atypique de 5.800 mètres, emprunté une seule fois dans l’année, à cette unique occasion ? Comment savoir si un cheval, qui n’a jamais parcouru plus de 4.400 mètres dans les épreuves préparatoires, va pouvoir tenir cette distance marathon ? Aura-t-il la même faculté d’accélération en fin de parcours ? Aucune certitude à ce sujet. Le verdict, ce sera sur la piste… Vous l’aurez bien compris, la route pour parvenir à aligner un cheval derrière les élastiques de cette magnifique épreuve est longue, semée d’embûches. Y participer, c’est déjà une victoire. Alors, quand on termine le parcours (dans un premier temps), que l’on prend une allocation, ou même mieux, quand le succès est au rendez-vous, comment définir ces instants magiques que l’on ressent ? Impossible à expliquer. Il faut le vivre… Mai/Juin/Juillet HIPPIK N˚1 13


Gras Savoye,

le n° 1 de l’assurance équestre Rencontre avec Delphine Garcia Dubois, en charge du développement de la filière hippique de Gras Savoye. Pouvez-vous nous présenter votre société ?

Il y a une quinzaine d’année, Gras Savoye, premier courtier d’assurances en France, a repris le cabinet de courtage en assurance Hipcover, spécialisé dans le milieu équestre. Aujourd’hui, la filière hippique de Gras Savoye a conservé le nom et fonctionne avec huit personnes. Nous assurons tout ce qui a trait au milieu équestre. Des chevaux bien sûr, dans tous les domaines (loisir, compétition de galop, trot ou obstacle, élevage, concours…), mais aussi des personnes, des hippodromes, des haras, des vans, des événements… Votre ancienneté est un gage de sérieux…

dans ce domaine, mais notre force c’est avant tout d’être tous issus du milieu hippique. Quand on s’adresse à nos clients, on sait de quoi on parle. C’est primordial pour mettre en place une relation de confiance avec les assurés…

Il est clair que beaucoup sont plus que de simples assurés. Quand je sais qu’un cheval assuré chez nous court par exemple, j’essaye de me rendre sur place. Nous tissons des liens de confiance grâce notamment à notre expérience du milieu. Moi-même, je suis jockey amateur. Mais les 8 personnes qui travaillent avec moi ont toutes un lien direct avec le milieu équestre. Nous partageons tous la même passion. C’est ainsi que Gras Savoye s’est retrouvé partenaire du Grand Steeple-Chase de Paris ?

Hipcover était le premier cabinet spécialisé dans l’assurance Pour nous, c’est logique. Nous soutenons toute la filière équestre et peut donc s’appuyer sur une grande expérience au travers de divers sponsorings et partenariats (Bonneau 14 HIPPIK N˚1 Mai/Juin/Juillet


International Poney, ventes Fences de chevaux de sport, journée des propriétaires à Vincennes...), le Grand Steeple est notre plus gros événement. Nous avons trouvé que cela avait du sens en terme de communication et d’image et au vu de notre implication dans le secteur. Il est plus difficile de communiquer sur l’assurance de grandes entreprises par exemple… Le milieu équestre offre cette possibilité, comme celui du cinéma, et du coeur de l’activité du groupe : la gestion et la couverture des risques. C’est plus qu’un simple partenariat…

Oui. Chaque année, le Grand Steeple-Chase est pour nous l’occasion de faire un événement interne, avec l’invitation de tous les collaborateurs de la société qui viennent en famille, et externe, avec la présence de nos meilleurs clients. Ce partenariat montre que nous nous sentons très impliqués dans le milieu équestre. Cette épreuve à risques, la plus grande course d’obstacles en France, est un parfait symbole de notre investissement. Aujourd’hui, vous devez vous sentir un peu comme chez vous à Auteuil ?

Ce qui est certain, c’est que nous sommes ravis de cette implication et du rôle que nous pouvons tenir. Nous sommes aussi des acteurs dans le milieu et pas uniquement pour un retour financier. Nous venons d’annoncer notre partenariat avec Duralock France, une société leader mondial sur le marché des clôtures en PVC de qualité (barrières et lices de course) qui équipe une multitude d’hippodromes à travers le monde. Duralock se lance maintenant dans la sécurisation des obstacles et ce projet déjà très avancé (phase de tests des prototypes - la commercialisation étant prévue à l’automne) nous a totalement convaincu puisqu’un des rôles essentiels du courtier en assurance est justement la prévention des risques Le but est d’être encore plus efficace ?

Avant d’assurer un site, nous effectuons une “visite de risques“, qui peut s’apparenter à un audit sécurité du site. Grâce à notre partenariat avec Duralock nous élargissons le champs de nos compétences et allons pouvoir bénéficier de leur grande expertise dans tout ce qui concerne

la sécurisation de la piste et du public. Entre nous, il n’y a pas d’échange d’argent, il est seulement question d’échanger nos compétences et d’en faire profiter nos clients. Et pour la petite histoire, le directeur de Duralock France, Jean-Philippe Boisgontier, est également Gentlemen Rider (jockey amateur), comme moi. Ce qui prouve que l’on se comprend mieux quand on est du milieu…

C’est évident. C’est un milieu de passionnés qui est très exigent et le meilleur moyen de bien le comprendre, c’est d’en faire partie. Vous êtes aussi particulièrement sensible aux problèmes d’assurance des jockeys…

Oui. Pour certains, les accidents ont des répercussions dramatiques, notamment lorsqu’ils impliquent une perte définitive de la licence de jockey pour raison médicale. C’est très compliqué d’être bien assuré car c’est un métier à haut risque, mais nous travaillons sur la mise en place de solutions qui puissent être efficaces. Même chose pour les chevaux. Il y a encore quelques années beaucoup de propriétaires n’assuraient pas leurs chevaux, particulièrement en obstacle, parce que c’était trop dangereux et donc trop cher. Mais aujourd’hui, nous pouvons apporter certaines solutions pour les aider, avec notamment des tarifs modulables et donc beaucoup plus abordables que par le passé. Face à la crise et au risque de perdre leur investissement sur un accident, les propriétaires sont de plus en plus nombreux à nous faire confiance. Recueillis par P.A. Pour toutes informations Gras Savoye Hipcover - Assurances Hippiques Tel: +33 1.41.43.55.96
 - Fax: +33 1.41.43.55.91 Mail: hipcover@grassavoye.com Site web: www.hipcover.com Mai/Juin/Juillet HIPPIK N˚1 15


Hors-Piste

Nathalie Desoutter et Eric Brion, Directeur d’Equidia Manuela Jollivet

Charlotte de Roüalle et Johan Victoire

Le monde hippique en tenuE de gala

C

omme il y a la soirée des César pour le cinéma ou celle des Trophées UNFP pour le football, il y a la soirée des Cravaches d’or pour le monde hippique. En dehors d’André Fabre, Cheval d’Or des entraineurs de plat, absent comme à son habitude, tout ce qui se fait de mieux dans le milieu s’était donné rendez-vous le10 avril dernier à l’Espace Cardin (Paris). L’occasion de voir les plus grands du moment en tenue de gala. L’occasion surtout de rendre un hommage mérité à ces hommes et ces femmes qui font la gloire du sport hippique. On retiendra notamment cette phrase de Christophe Soumillon, venu recevoir sa 4ème cravache d’or. « Je suis énervant, arrogant, et je sais que certains ne m’aiment pas. Mais je pense tout de même être un mec bien… ».

Maxime Guyon et Mme Guyon 16Ioritz HIPPIK N˚1 Mai/Juin/Juillet Mendizabal et son

épouse

La princesse Zahra Aga Khan


Hors-Piste

Bertrand Lestrade, Hubert Monzat et Loritz Mendizabal.

Jonathan Plouganou et sa fiancée.

JP Senechal, meilleur propriétaire 2011.

Jacques Ricou et Christophe Soumillon.

Miguel Blancpain et sa fiancée. Marjorie Turjman de France galop entourée de Barbara et Christophe-Patrice Lemaire

J. Ricou, P. Germond, Pdg du PMU, B. Bellinguier, Pdt de France Galop et C. Soumillon.

Olivier Peslier et Madame Peslier. Thomas Henderson reçoit des mains de Dominique Boeuf l’Etrier d’Or 2011.

Thomas et Julie Henderson. Mai/Juin/Juillet HIPPIK N˚1 17


ENTRETIEN

Dominique Boeuf remet l’Etrier d’Or à Thomas Henderson.

DOMINIQUE BŒUF : « En France, les courses sont les plus tactiques au monde » L’an dernier après sa victoire dans un quinté avec Kiléa à Craon au mois de septembre 2011, Dominique Bœuf a décidé de raccrocher ses bottes. Les turfistes et les professionnels ont été abasourdis par cette nouvelle soudaine. Mais le crack-jockey a pourtant mûrement réfléchi cette décision. Sa carrière est extraordinaire aussi bien par sa longévité que par son palmarès. Multiple Cravache d’Or, il a connu des hauts et des bas. Quelques mois après cette décision, Domino, comme le surnomment ceux qui le connaissent bien, nous parle de sa vie de jeune retraité, mais nous livre aussi ses vérités. Texte : Julie Rossi 18 HIPPIK N˚1 Mai/Juin/Juillet


ENTRETIEN

Dominique Boeuf passionné de golf, et très sollicité par ses nouvelles fonctions de consultant pour Gény Courses et Equidia. HIPPIK : Dominique pouvez-vous nous parler de votre nouvelle vie de jeune retraité ?

Pour en revenir à votre carrière de jockey, avez-vous des regrets ?

Dominique Bœuf : Je travaille chez Geny sur les quintés de plat et sur Equidia. J’essaie de faire des pronostics sérieux. Je ne voulais pas juste prêter mon nom. Je tiens à les faire moimême. Cela me permet de continuer à suivre les courses. J’enregistre les courses tous les jours et je les revisionne le soir en rentrant chez moi. Depuis que j’ai commencé je me rends compte que c’est pas évident, car je n’en ai pas encore donné un (rires !). Sur Equidia, je participe à l’émission Equidia Turf Club, tous les lundis soir. Je vais aussi faire les directs les dimanches de grandes courses. Je vais également aller en Angleterre à Ascot et pour le Derby D’Epsom et ensuite aux Etats-Unis pour la Breeder’s Cup. »

Non pas vraiment, j’ai commis des erreurs comme tout le monde mais cela fait partie du jeu. J’ai toujours eu beaucoup de plaisir à exercer mon métier. Je suis quelqu’un de passionné, donc je me suis toujours donné à fond. Si c’était à refaire que changeriez-vous ?

J’aurais adoré aller monter une saison à l’étranger, mais à mon époque ce n’était pas comme aujourd’hui. Les jockeys n’étaient pas appelés à monter dans le monde entier comme maintenant. J’aurais aimé passer une saison en Angleterre.

N’est-ce pas trop dur de passer de l’autre côté de la barrière ?

«

Non pas trop, j’ai toujours été à l’aise devant les caméras, donc je n’ai pas été trop désorienté.

J’aurais aimé passer une saison en Angleterre

»

L’ancien crack jockey aux côtés de Dominique Locqueneux, lors d’une remise de récompense à Vincennes. Mai/Juin/Juillet HIPPIK N˚1 19


ENTRETIEN

Dominique Boeuf remporte son premier Groupe I sur Groom Dancer en 1987. Pourquoi l’Angleterre, alors que beaucoup de jockeys vont en Asie ou dans les Emirats ?

C’était pour moi une priorité avant de celle de gagner à tout prix. J’ai également beaucoup travaillé.

Les courses en Angleterre font partie intégrante de la culture britannique, avec notamment le d’Epsom. Cela Qui pour vous est le jeune jockey d’aujouRd’hui ? fait partie de l’Histoire du pays et les enfants l’apprennent C’est pas évident comme question car ils sont nombreux dans les livres à l’école. à avoir du talent. La preuve en est que les jockeys français réussissent très bien à l’étranger. Pour les jeunes, la barre est Quelles sont pour vous les principales qualités très haute avec des jockeys comme Christophe Soumillon, pour devenir un crack-jockey ? Olivier Peslier et Christophe Lemaire. Je pense que cela relève Je pense que c’est un mélange de plusieurs paramètres. Il y le niveau. Si je devais citer un nom, même si encore une fois, a cinquante pour cent de travail. C’est un métier très exigeant il n’est pas seul, Maxime Guyon domine sa génération. qui demande beaucoup. Quarante pour cent de don avec les chevaux, savoir prendre une décision en très peu de temps, mais Comment expliquez-vous la grande réussite des cela ne s’apprend et ne s’explique pas non plus. Enfin, il y a aussi jockeys français à l’étranger ? dix pour cent de chance. Il ne faut pas être victime d’un accident, Avant tout, il y a la formation qui n’a aucun équivalent dans c’est une profession qui reste tout de même dangereuse. le monde. Le fait de monter sur beaucoup d’hippodromes différents est aussi une explication primordiale. Il faut En deux mots, votre meilleur et votre pire souvenir savoir s’adapter rapidement. Les courses françaises sont Le meilleur est ma victoire avec Vallée Enchantée à Hong également les plus tactiques au monde. Kong. Le pire, c’est à chaque fois que j’ai du laisser un cheval sur la piste. Malheureusement, c’est des choses qui arrivent et qui m’ont toujours beaucoup affecté. La seule issue pour donner Quelle a été votre principale qualité en tant que jockey ?

J’ai toujours monté pour les chevaux et en les respectant. 20 HIPPIK N˚1 Mai/Juin/Juillet

«

une autre dimension aux courses serait le sponsoring

»


«

ENTRETIEN

Une seule personne pourrait me faire remonter sur un cheval, ma fille

»

Pour quelle raison, les jockeys ne sont-ils pas considérés comme des athlètes de haut niveau ? Pensez-vous que cela puisse évoluer ?

Nous n’avons jamais été considérés comme tels et je ne crois pas que cela puisse changer dans l’état actuel des choses. En effet, la seule issue serait le sponsoring, qui aujourd’hui est totalement absent de notre sport. Cela donnerait une autre dimension aux courses. France Galop devrait assouplir les règles du sponsoring. A l’heure actuelle, c’est possible mais France Galop met trop de conditions sur les contrats et souhaite garder la main mise sur les sponsors. Alors c’est beaucoup trop compliqué pour les éventuels intéressés. Longtemps, on a pensé que les courses étaient délaissées par les investisseurs à cause de l’image du jeu ?

Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, puisqu’à présent on peut jouer sur tous les sports. Pourtant, rien n’a changé pour nous. Pourtant, il y a eu beaucoup d’efforts de faits au niveau médiatique, notamment avec Equidia, ou encore l’Equipe TV, ainsi que les radios comme RMC et RTL qui font également des émissions sur les courses, sans oublier la presse écrite. Pour quelles raisons, avez-vous choisi de mettre un terme A votre carrière, pour laquelle vous semblez conserver une grande passion ?

“Domino”, le retraité, travaille son swing 3/4 fois par semaine Dominique Bœuf mode d’emploi Date de Naissance : 6 juin 1968 Première victoire : 15 septembre 1984 avec Maydi au CroiséLaroche 1987 : première victoire de groupe I avec Groom Dancer, Prix Lupin 4 Cravaches d’Or : 1991, 1998, 2001 et 2002 2 Prix de Diane : Aquarelliste en 2001 et Bright Sky en 2002 En trois chiffres : 2500 victoires, 32 groupes I et 128 quintés.

J’en avais marre. Ma passion s’est un peu érodée, c’est logiquement que j’ai préféré ranger mes bottes. J’aurais Vous montez à cheval depuis votre enfance pu continuer, car je ne faisais pas une mauvaise année. continuez-vous à vous mettre en selle pour le Le jour où vous avez arrêté, avez-vous fait quelque chose de particulier. Un grand repas par exemple…

Non je n’ai pas changé grand-chose, sauf que le matin quand je quitte la maison au lieu d’aller à droite pour aller galoper les chevaux, je prends à gauche pour aller conduire ma fille Clémence à l’école. J’ai plus de temps à consacrer à ma famille. » L’ambiance du « vestiaire » vous manque-t-elle ?

plaisir ?

Je n’ai pas remonté depuis que j’ai arrêté. Une seule personne pourrait me faire remonter sur un cheval, ma fille. Je ne ressens pas le besoin de monter pour aller me promener sans compétition. Mais si on me demandait d’aller galoper un cheval comme Frankel, j’irais (rires !). Ne serait-ce que pour avoir les sensations que l’on a sur un tel phénomène. Vous qui aviez la réputation d’être un gagneur, l’adrénaline que procure la compétition ne vous manque-t-elle pas ?

Non pas vraiment j’ai l’occasion de voir mes potes de vestiaires régulièrement aux courses. Nous essayons également Je retrouve cette sensation en jouant au golf. Je participe de nous retrouver trois ou quatre fois par semaine pour d’ailleurs à quelques tournois. Je m’y suis vraiment mis à fond et avec passion. jouer au golf. Mai/Juin/Juillet HIPPIK N˚1 21


Reportage

AFASEC,

la fabrique de champions Les courses de chevaux sont un pur produit d’importation. Ce sont les nobles partis en Angleterre pour sauver leur vie lors de la Révolution Française qui ont ramené cette passion avec eux à leur retour d’exil. Ensuite… il a fallu former le personnel. Qui a eu cette idée folle, un jour, d’inventer l’école des courses... Les propriétaires de chevaux !

H

ippologie, curage de boxes, agronomie et système de fourrage… ce n’est pas dans n’importe quelle école que ces matières sont au programme. L’AFASEC, créé en 1988 de la fusion de deux structures associatives plus anciennes, regroupe 650 élèves dans 5 écoles en France. Près de 60% s’orientent vers le galop, notamment à Gouvieux, près de Chantilly, la seule école 100% consacrée à la discipline. Christophe Soumillon, 4 fois cravache d’or, a fait ses études au Moulin à Vent. 40 ans de d’apprentis sont passés par là. Mais d’abord, il faut y entrer. Et dans une structure pareille, l’important, c’est la MOTIVATION souligne Penny Szczepaniak, porte-parole de l’AFASEC. « Nous leur faisons passer un entretien pour déterminer leur projet professionnel, voir s’ils sont capables de vivre en internat, s’ils sont en bonne forme physique et quel est leur niveau de monte. Aujourd’hui, rares sont ceux qui n’ont jamais monté à cheval, au moins en équitation classique en club. Tout est pris en compte ».

Texte : Céline Maussang pur sang, terrorisés tant il y a de puissance dans nos chevaux qui ont de 3 à 8 ans. Ce n’est pas parce qu’ils n’avaient pas la qualité suffisante pour les courses qu’ils n’en ont pas une mentalité de compétiteur ». 8% d’abandons Les parents des élèves doivent rester toute une journée pendant le stage pour les impliquer dans ce que va être le quotidien de leur enfant et le soutenir. Malgré tout, 8% des jeunes passionnés qui intègrent l’AFASEC abandonneront en cours de route. « C’est rarement à cause du cheval, explique Hervé Gallorini, plutôt l’échec scolaire ou la dure réalité du métier. On les prévient bien que l’hiver, ils devront monter tous les jours, dans le froid… Ce n’est pas comme nourrir son poney sur sa console vidéo. »

Première sur un pur sang ! Ensuite, stage obligatoire sur cinq jours. Ils arrivent à peine sortis de l’enfance, âgés de 13 à 17 ans, et sont mis à cheval pour une gentille balade en forêt. Pour certains, c’est la première fois qu’ils mettent les fesses sur un pur sang. Et même si ceux de l’AFASEC sont des réformés des courses hippiques, ce sont loin d’être des « toutous » comme le souligne Hervé Gallorini, fils de l’entraîneur de Maisons-Laffitte, ancien jockey et désormais formateur à l’AFASEC. « Certains élèves sont débutants, d’autres sont détenteurs d’un galop 6, d’autres encore, ceux de l’ouest, ont l’expérience des courses de poneys. Mais les novices s’en sortent finalement mieux, ne sachant à quoi s’attendre tandis que ceux issus de l’équitation classique sortent parfois de leur première expérience avec un 22 HIPPIK N˚1 Mai/Juin/Juillet

Des élèves en cours à L’Afasec.


Reportage

Christophe Soumillon, cravache d’or 2011, sur Beauty Parlour, est passé par L’Afasec.

L’écurie d’apprentissage est le lien entre l’école et l’entraîneur. Les élèves prennent soin des chevaux ; cela va du curage des boxes à l’entraînement pur et dur. Ce sont aussi ces chevaux-là qu’ils prépareront aux déplacements pour aller sur les hippodromes disputer les courses AFASEC, épreuves non officielles qui permettent aux apprentis de prendre contact avec la compétition et l’ambiance des champs de course. Certains entraîneurs, à cette occasion, inscrivent aussi des chevaux de leur effectif, afin de faire une rentrée ou des débuts en toute discrétion… au point que France Galop a rendu obligatoire la déclaration de ces courses pourtant non supports de paris. En marge des cours traditionnels, l’écurie d’application, c’est le cœur de l’école pour beaucoup d’élèves qui attendent impatiemment de retrouver leurs chevaux. « ici, on parle le même langage, explique Hervé Gallorini. J’ai monté en course, été placé de groupe 1 à Auteuil, cela me donne une légitimité à leurs yeux. Je monte avec eux, je fais des galops au botte à botte, je corrige leurs défauts par la démonstration. J’utilise aussi beaucoup la vidéo pour débriefer leurs

exercices. » Le rôle du formateur pratique, c’est de leur inculquer un socle commun : ceux qui travaillent dans des écuries de plat sauteront quand même à l’AFASEC, ceux dont le maître d’apprentissage est tourné principalement vers l’obstacle complètera leurs acquis par le passage aux boîtes de départ à l’école. « Les entraîneurs et nous sommes complémentaires », conclut Hervé Gallorini. Une expérience à l’étranger Mais le français et les mathématiques ne sont pas en option : matières auxquelles s’ajoutent zootechnie, hippologie ainsi que l’anglais : « L’anglais est un cours incontournable, martèle Penny Szczepaniak, porte-parole de l’AFASEC. Les courses n’ont plus une dimension seulement française. Beaucoup de nos élèves seront amenés à aller à l’étranger, soit pour des stages, soit pour accompagner ou monter des chevaux de leur écurie, soit pour s’y installer. Nous avons créé un certificat au sein de l’EARS (European association of racing schools) qui permet des échanges avec les écoles anglaises, irlandaises, allemandes et italiennes ». Mai/Juin/Juillet HIPPIK N˚1 23


Reportage Et pour offrir un aspect plus ludique à la pédagogie, une course opposant une sélection d’élèves de chaque pays est organisée chaque année. En 2012, elle aura lieu le jour du prix de Diane à Chantilly, soit le 17 juin. L’an passé, c’est Yohann Bonnefoy qui s’est imposé à Doncaster et en 2010, encore un Français, Antoine Coutier, apprenti chez Fabrice Chappet: « Un grand souvenir, raconte le jeune homme. J’étais content d’être sélectionné. Il faut avoir de bonnes notes, une bonne attitude à l’école et de bonnes appréciations de son maître d’apprentissage. Ce trophée, gagné à Doncaster, dans une ambiance pleine de ferveur, ça a été le grand souvenir de mes années à l’AFASEC », ajoute celui qui est cité en exemple mais reste une exception avec un résultat de 18 au BAC PRO. « Je n’ai pas l’impression qu’il y ait une grande différence de niveau entre les apprentis européens. Mais la spécificité française, c’est peut-être une monte plus en finesse et en stratégie. Il faut dire que certains jockeys du vestiaire n’hésitent pas à transmettre leur expérience et nous donner des conseils comme Grégory Benoist, Thomas Huet et Thierry Thulliez ». Victoire, Guyon, Barzalona… Antoine Coutier a découvert les courses en vacances à Deauville. Ses parents acceptent de l’envoyer de Suisse au Moulin à Vent près de Chantilly où il traversera l’adolescence chez Bertrand Dutruel puis Fabrice Chappet : « Fabrice Chappet

donne sa chance aux jeunes apprentis en course. Aujourd’hui, j’ai plus d’une trentaine de victoires mais je ne pense pas encore au passage chez les pro (NDLR : passage automatique au cap des 70 succès). J’essaie de m’améliorer mais c’est sûr que les trajectoires de Mickael Barzalona ou Antoine Hamelin me font rêver ». Le premier cité a en effet signé à 21 ans un contrat avec la prestigieuse casaque Godolphin et a déménagé à Newmarket en Angleterre après avoir remporté, en moins d’un an, le derby d’Epsom et la Dubai World Cup…un exploit. Une ascension fulgurante qu’il doit à son talent comme à son maître d’apprentissage, André Fabre, qui, ces dernières années, a révélé de nombreux talents, de Johan Victoire à Maxime Guyon, lauréat de 6 groupes 1 en 2011. Mais sur l’ensemble des apprentis de l’AFASEC, seuls 5% deviendront jockeys, un seul chaque année décrochera l’étrier d’or qui récompense celui qui a gagné le plus de courses en une année, Thomas Henderson en 2011, un élève de l’AFASEC de Mont-de-Marsan. Outre les capacités, le talent et un soupçon de chance, il faut aussi traverser la puberté sans trop grandir. Si l’on interroge Antoine Coutier, qui à 20 ans pèse 50kg pour 1m69, il affirme que 80% des élèves veulent devenir jockey. Chez les professeurs, cela descend radicalement à 10% « mais certains n’osent pas nous le dire », admet Hervé Gallorini. « Un atout aujourd’hui, c’est la multiplication des courses à la télévision. Les jeunes sont plus facilement médiatisés. Ils ont plus de visibilité. Je tâche d’ailleurs de leur apprendre à soigner leur image. Pour aller aux courses, il faut bien s’habiller, que l’on soit à la tête d’un cheval que l’on emmène aux courses ou que l’on vienne monter et même si l’on est simple visiteur. Il faut suivre la tradition. Je leur explique que grâce au cheval, ils pourront voyager, en France mais aussi à l’étranger, qu’ils parleront parfois à des propriétaires très importants ». Alors que beaucoup rêvent de pouvoir avoir un rendez-vous d’affaire avec l’Aga Khan ou les Wertheimer, ces millionnaires - si ce n’est plus - prêtent en effet l’oreille à leurs jockeys, parlent de la forme du cheval avec son cavalier d’entraînement, saluent le lad qui a préparé le champion pour sa course… Entre les mailles du filet…

Dominique Boeuf lors de ses études à l’AFASEC 24 HIPPIK N˚1 Mai/Juin/Juillet

Alexis Achard, apprenti encore, a ainsi mis sa carrière de jockey débutant entre parenthèses pendant quelques mois l’hiver dernier pour accompagner celui dont l’entraîneur Mikel Delzangles lui avait confié la responsabilité : Dunaden. Le gamin dont la vocation lui est apparue sur grand écran, en regardant le film Seabiscuit, a accompagné son cheval jusqu’en Australie. Et même si c’est Christophe Lemaire qui a revêtu la soie de la casaque et reçu les honneurs de la victoire dans la Melbourne Cup, Alexis Achard était présent, à savourer l’ambiance indescriptible de cette course qui fait s’arrêter le pays des kangourous. Ce type d’aventure, il en arrive à d’autres, anonymes, qui vivent un rêve éveillé grâce à un


Reportage simple cheval… un grand champion. La confiance des entraîneurs est un point primordial : Fabrice Chappet qui chaque année prend deux apprentis souligne qu’il faut jouer le jeu mais regrette « que certains entraîneurs ne relèguent les apprentis qu’aux travaux de l’écurie du matin : leur avenir en tant que jockey est incertain mais il est important de les faire monter en course pour qu’ils comprennent tous les aspects du métier. Je pense même que les apprentis devraient suivre des cours d’équitation classique pour leur donner des bases qui seules se trouvent dans le jumping ou le dressage et qui peuvent être transposées aux chevaux de courses ». Mais l’AFASEC, ce ne sont pas seulement des formations de très jeunes adolescents. Aujourd’hui, après le CAPA (certificat d’aptitude professionnelle agricole), les élèves peuvent pousser jusqu’au BAC PRO en 3 ans et bientôt un BTS auquel travaille actuellement l’école afin d’offrir un BAC+2 à ces élèves dont certains étaient à la frontière de l’échec scolaire et finissent par rester 3 à 5 ans de plus à l’école. L’AFASEC accompagne les acteurs des courses tout au long de leurs carrières mais certains passent aussi entre les mailles du filet : c’est ainsi que Fabrice Chappet, quand on lui demande qui a été son meilleur apprenti répond ironiquement : «Il s’agit d’un petit gars qui n’a pas fait carrière en France car faute d’avoir fait l’AFASEC, il ne pouvait bénéficier de la décharge dans les mêmes conditions que les autres, ce qui est à mon avis une aberration. Heureusement, ce petit gars qui a monté ses premiers galops chez moi est parti faire carrière à l’étranger »… Son nom : Julien Leparoux, qui a décroché le titre de meilleur apprenti aux Etats-Unis en 2006, frôlé le titre de cravache d’or et qui se maintient dans le Top5 américain depuis.

cueillir les enfants du personnel des écuries, trop souvent obligé de cesser de travailler, faute de structures adaptées. Les entraîneurs louent les qualités de la gent féminine, beaucoup plus appliquée pour les soins des chevaux au quotidien, plus liée affectivement avec les éléments qu’elle a sous sa responsabilité… oui mais… plus motivée aussi pour devenir jockey. « Elle forme un excellent personnel, confirme Fabrice Chappet, mais il est plus difficile d’en faire des jockeys ». A ce jour, seule Delphine Santiago est parvenue à décrocher l’Etrier d’or quand elle était apprentie. Les femmes jockeys professionnelles sont 67 en France, un chiffre en constante hausse ces dernières années. Le nombre de courses réservées aux femmes a lui aussi augmenté : « Le niveau s’élève aussi à l’école, confie Hervé Gallorini dont le père Jean-Paul a révélé les premières célèbres femmes jockey de Béatrice Marie dans les années 80 à Nathalie Desoutter. Dans deux ou trois ans, elles vont vraiment exploser ». Travaux pratiques après les cours.

Le monde des courses doit aussi entamer une révolution : la féminisation des courses. Avec plus de 60% d’élèves au féminin depuis plus de cinq ans, il faut s’adapter. L’AFASEC va d’ailleurs créer dans plusieurs centres d’entraînement des crèches ouvertes dès 4 ou 5 heures du matin pour acFORMATIONS POUR ADULTES AUSSI L’AFASEC est également un outil de formation pour adultes : c’est au sein de l’école que d’anciens jockeys, des premiers garçons, des lads reviennent pour des formations diplômantes pour évoluer au sein d’une écurie ou devenir soi-même entraîneur. Et dans AFASEC, Association de formation et d’action sociale des écuries de courses, l’action sociale tient aussi à la sécurité car c’est le matin, à l’entraînement, que la majorité des accidents interviennent. L’école organise donc une formation de sauveteur secouriste pour les travailleurs agricoles (FSSTA). L’AFASEC DANS L’HEXAGONE Points rouges : les écoles (trot et galop) Points verts : les centres délocalisés. Mai/Juin/Juillet HIPPIK N˚1 25


Reportage

RENCONTRE AVEC L’ETRIER D’OR Thomas Henderson : C’était moins une ! C’est rare, l’Etrier d’Or 2011 a été formé à Montde-Marsan. Numéro un grâce à 43 succès, Thomas Henderson, fils d’entraîneur, a eu une vocation tardive. HIPPIK : Comment s’est déroulé votre entrée à l’AFASEC ? THOMAS HENDERSON : en fait, je ne voulais pas travailler dans les courses et puis j’avais vu ma sœur, Julie, commencer à gagner en cavalière et là, à trois jours de la fin des inscriptions, j’ai dit à ma mère « on y va ». H : que vouliez-vous faire ? TH : J’ai toujours voulu travailler au contact de la nature. J’avais envie de faire quelque chose en rapport avec la chasse. Garde Forestier, c’est une profession qui m’aurait beaucoup plu. H : Vous avez bénéficié d’un traitement de faveur à l’école… TH : Habitant Mont-de-Marsan, là où l’école est située, je n’étais pas en internat et je rentrais chez moi tous les soirs durant mes trois ans d’école. Mais sinon, pas d’autres avantages. H : vous avez eu aussi la chance d’un bon maître de stage. TH : Je suis entré chez Jean-Claude Rouget. J’y suis encore d’ailleurs. Il m’a donné ma chance. Et comme je voulais monter en course, je savais que là-bas, je pourrais monter de bons chevaux. H : Que retenez-vous de votre formation à l’AFASEC ? TH : Cela m’a donné les bases indispensables mais je regrette deux choses : il n’était pas évident d’avoir un suivi quand on désirait suivre

Thomas Henderson, Etrier d’Or 2011, aux côtés de son maître d’apprentissage Jean Claude Rouget. un régime alimentaire adapté à la monte en course. Et les formateurs de l’écurie d’application de Mont-de-Marsan étaient trop tournés vers l’équitation classique. H : Vous avez reçu votre étrier d’or des mains de Dominique Bœuf en avril dernier, impressionné ? TH : Non, je lui ai même dit que je gagnerai plus de cravaches d’or que lui (rires). NDLR : Dominique Bœuf a gagné quatre cravaches d’or. H : Et maintenant ? Pas de regrets de garde forestier ? TH : Aucun, plus les jours passent, plus la passion grandit. LES ALTERNATIVES Les maisons Familiales et Rurales (MFR) sont l’alternative à l’AFASEC : pour les métiers du cheval, les centres sont situés à Vimoutiers (61), Pouancé (49), Clairfontaine (02), Mornant en Forez (42) et Argentan (61). Elles délivrent des diplômes de niveau CAPA et BAC PRO. Renseignements : http://www.mfr.asso.fr

Une formation concrète, un métier de passion

/ ©Vincent Leloup

Formations en alternance 4ème - 3ème CAPA - BAC PRO BPREA Formation pour adultes

En piste pour un métier de 26 HIPPIK N˚1 Mai/Juin/Juillet

passion www.ecole-des-courses-hippiques.fr


VIP

Depuis la fin de l’hiver, Mickaël Barzalona a rejoint le prestigieuse écurie Godolphin en Angleterre. Résultat d’une ascension fulgurante pour le jockey de 20 ans. Il nous ouvre les portes de sa nouvelle vie.

La nouvelle vie

De barzalona

Texte : Julie Rosi, Photos : Panoramic et D.R.

D

Le jeune français soulevant le trophée de la Dubaï Worldcup.

epuis plusieurs saisons, les jockeys français s’exportent de plus en plus audelà de nos frontières avec une grande réussite. Un jeune connaît une ascension fulgurante, en à peine quelques mois sa carrière a pris une dimension impressionnante. C’est celle de Mickaël Barzalona. Il a débuté sa carrière en octobre 2007 et signé son premier gagnant en mai 2008. En 2009, il signe un contrat de seconde monte avec l’écurie des frères Wertheimer pour seconder Olivier Peslier. Au mois de juin 2011, il a connu le succès en devenant le plus jeune pilote après Lester Pigott a remporté le Derby d’Epsom en selle sur Pour Moi. Le jeune homme possède un sang-froid à toutes épreuves et a su gagner la confiance des plus grands. Apprenti chez André Fabre, il n’a cessé de gravir les échelons en seulement quelques mois. Depuis plusieurs saisons, il se rend à Dubaï pour y passer l’hiver et se mettre en selle sur les chevaux de la prestigieuse écurie Godolphin. Cet hiver, le Sheik Mohammed Al Maktoum lui fait une proposition qui ne se refuse pas, devenir le deuxième jockey de l’écurie en Angleterre afin de suppléer la légende Frankie Dettori, alors qu’il n’a que 20 ans. Mai/Juin/Juillet HIPPIK N˚1 27


VIP La petite perle française prend la pose dans les locaux de Godolphin.

Mickaël, expliquez-nous comment vous êtes devenu jockey ?

En 2009, vous avez signé un contrat de seconde monte pour l’Ecurie des frères Wertheimer. Que retenez-vous de cette expérience ?

J’ai toujours monté à cheval. Je me suis intéressé aux courses tardivement, vers l’âge de 10-12 ans. Avant je Ils m’ont fait confiance alors que j’étais encore très jeune. pratiquais le horse-ball. Mon grand-père est entraîneur J’ai beaucoup appris, car c’est une responsabilité de monter pour une telle écurie. Il faut faire preuve de sérieux et c’est en Corse et mon oncle jockey. » un travail d’équipe. Olivier (ndlr Peslier) m’a également Vous avez eu un patron d’apprentissage de renom, beaucoup aidé. » André Fabre…

J’ai passé les sélections à Cabries, mais je suis tout de suite parti à Paris sur les conseils de Sylvain Guillot et de ma famille. Je suis fier d’avoir été apprenti chez André Fabre. Il m’a fait confiance et m’a donné des bons chevaux à monter, comme Simon de Monfort avec qui j’ai gagné mon premier groupe ou encore Wavering, avec qui j’ai remporté le Prix Saint-Alary et enfin Pour Moi, qui m’a offert le Derby d’Epsom. Monsieur Fabre m’a beaucoup appris et je lui dois tout. » Pour en revenir à votre victoire dans le Derby d’Epsom, pensez-vous qu’elle vous a donné un sérieux coup de pouce?

Parlez-nous de votre nouvelle vie en Angleterre ?

Je suis arrivé voilà trois semaines. Les courses démarrent à peine en Angleterre. Il faut le temps que les choses se mettent en place. D’ici une semaine ou deux, tout devrait rentrer dans l’ordre. Il y a les courses presque tous les jours, même parfois il m’arrive de monter dans deux réunions différentes le même jour. Seule différence avec la France, on ne se déplace qu’en voiture alors c’est un peu plus contraignant.

Aujourd’hui, j’ai encore du mal à réaliser. Je ne me rends pas vraiment compte, mais oui je pense que cela a eu un impact sur ma carrière. Il y a deux ans vous aviez déclaré que vous aviez un seul regret c’est que votre ascension aille trop vite. On dirait que cela continue à s’accélérer.

En effet, j’ai toujours un peu ce sentiment. Maintenant, je dois impérativement maintenir le cap, même si la barre est très élevée. Mickaël sous ses nouvelles couleurs. 28 HIPPIK N˚1 Mai/Juin/Juillet


VIP

Mickaël lors de sa victoire à la Dubaï World Cup 2012. Quelles sont vos relations avec Frankie Dettori ? Vous donne-t-il des conseils ?

Travailler avec lui est un peu comme avec Olivier, on apprend beaucoup. J’ai la chance de pouvoir bénéficier des conseils de deux des meilleurs jockeys au monde. C’est plutôt pas (rires !). Il m’aide notamment à avoir des repères sur les champs de courses ou pour travailler les chevaux le matin. Les hippodromes sont très différents de la France. Il y a des montées, des descentes, des tournants, il faut donc s’y habituer afin de trouver des repères pour équilibrer les chevaux.

Lors de votre victoire dans la Dubai World Cup, on a entendu dire que c’est le sheik lui-même qui vous a choisi pour monter Monterosso ? Quelles sont vos relations avec lui, s’il y en a ?

Je l’ai entendu dire aussi (rires !). Le sheik participe beaucoup à l’entraînement dès qu’il vient en Angleterre. Il vient le matin à l’entraînement et s’entretient avec tout le personnel, pas seulement les jockeys. Comment vous partagez-vous les montes en règle générale ?

Je ne sais pas vraiment comment cela fonctionne, mais il n’y a aucune rivalité entre nous. Les montes sont partagées Qu’est que cela fait-il d’être un des premiers entre nous trois. Cela se passe très bien. Une fois, la saison pilotes d’une des plus grosses écuries du monde ? Je remercie l’écurie Wertheimer pour qui j’étais encore lancée, il y aura des partants partout dans le monde, donc sous contrat. Ils m’ont toujours soutenu et aidé. Cela a on ne devrait pas manquer de travail. été en quelque sorte une bonne école, car même si ce De g. à dr., les jockeys “Godolphin” : Mc Envoy, Dettori, n’est pas une aussi grosse écurie que Godolphin, c’est De Sousa, Barzalona. à peu près le même mode de fonctionnement. C’était une proposition que je ne pouvais refuser, une opportunité exceptionnelle. L’Ecurie Godolphin est la plus importante au monde et je suis très motivé pour faire le meilleur travail possible avec Frankie (ndlr Dettori) et Silvestre de Souza. Mai/Juin/Juillet HIPPIK N˚1 29


Rencontre

Valérie Salles , UNE PASSION indestructIble Quand la passion du cheval vous tient, elle ne vous lâche pas. Elle peut même vous obliger à vous battre pour profiter de la vie malgré les coups durs. C’est le cas pour Valérie Salles, ancienne jockey paraplégique à la suite d’un accident et aujourd’hui en course pour un titre olympique aux jeux paralympiques de Londres. Texte : Julie Rossi - Photos : Marc de Tienda

N

ée en 1974 dans le Sud-Ouest à Talence, Valérie Salles est un modèle de courage pour tous. Jockey chez Guillaume Macaire en 1996, elle n’a qu’un but : réussir en obstacle. Mais le sort en décide autrement. Victime d’un accident à l’entraînement qui la laisse paraplégique, elle n’a alors qu’un objectif, remonter à cheval. Sa force de caractère et surtout sa passion du cheval la conduisent à se lancer dans la compétition de dressage. Son palmarès ferait pâlir les meilleurs, avec plusieurs titres de Championne de France de 2001 à 2007 et même les Jeux Olympiques Handisport en 2007. La jeune femme, toujours aussi déterminée, a un nouveau but : les Jeux Olympiques de Londres en fin août début septembre 2012. Hippik : Valérie, où puisez-vous toute cette énergie ?

Valérie Salles : C’est mon caractère. Je veux toujours aller au bout de mes limites. Je pense que dans la vie, il faut avancer. Malgré les obstacles, il ne faut jamais baisser les bras, avoir un but. Vous êtes un exemple pour de nombreuses personnes. En avez-vous conscience ?

Je veux montrer une image positive. J’ai essayé de prouver aux personnes dans mon cas, qu’il était primordial de ne pas se laisser aller. Dans les centres de rééducation où je suis allée apporter mon témoignage, j’ai tenté de prouver aux filles que même si on était dans un fauteuil roulant, on en était pas moins des femmes. C’est à nous d’aller vers les gens. Quel a été votre état d’esprit après votre accident ?

Avant tout, je n’avais qu’un objectif : remonter à cheval. Après je me suis documentée pour me donner les moyens d’y arriver. 30 HIPPIK N˚1 Mai/Juin/Juillet


Rencontre Avant ce drame, aviez-vous conscience des risques du métier de jockey ?

Oui, bien sûr. Jockey est un métier à très hauts risques. Tous ceux qui l’exercent le savent. Valérie lorsque l’on vous écoute parler, vous donnez l’impression d’avoir besoin de cet esprit de compétition ?

Depuis enfant, j’ai toujours voulu être performante. J’aime gagner. J’ai fait de l’athlétisme. J’ai pratiqué le horse-ball, le concours complet… Pourquoi avoir choisi la discipline du dressage ?

Ce n’est pas un choix, mais plutôt une obligation. En effet dans ma catégorie (handisport), c’est la seule discipline qui est autorisée. Le saut d’obstacles étant évidemment trop dangereux.

L’important est de monter sur le podium. Votre accident n’a en rien altéré cette volonté !

Non, en effet. Au début avec tout le travail que j’avais accompli, j’étais déjà ravie de participer. Puis les choses ont évolué. Je suis arrivée à un stade où l’important est de monter sur le podium. En 2004, vous avez subi un nouveau coup dur aux jeux Olympiques d’Athènes : la perte de votre cheval, Arestote.

Cela a été un choc. Si je suis arrivée là où j’en suis aujourd’hui c’est en grande partie avec lui. C’était un cheval qui avait été battu et borgne. J’ai passé énormément de temps avec lui. Je me suis inspirée d’un livre pour enfants pour parvenir à mes fins avec lui. Nous sommes allés au bout ensemble, car la veille de sa disparition nous étions deuxième au classement provisoire. Cette lourde perte semble vous avoir encore plus marquée que votre accident ?

Pour atteindre ce niveau, comment vous préparezvous ?

Au début, je faisais de la musculation, mais je devenais un peu trop masculine (rires) alors j’ai tout arrêté. En revanche, je me prépare beaucoup mentalement afin d’éviter le stress de la compétition.

C’est vrai. J’ai mis beaucoup de temps à m’en remettre. Il y Parlez-nous DE votre nouveau cheval a encore pas si longtemps j’avais du mal à m’attacher à un Je le loue à l’Ecurie Boisselier. Il vient de l’élevage d’Hulm et c’est anglo-arabe ce qui n’est pas courant dans notre disautre cheval. cipline. Il vient du concours complet et a très bien accepté mes codes, le fauteuil et la nouvelle méthode de travail. Sa La notion de complicité avec l’animal est capitale principale qualité est son très bon caractère et son mental. dans votre situation ? J’accorde ma confiance aux chevaux qui, en retour, me le rendent bien. Ils ressentent que je n’ai aucune appréhen- L’objectif aujourd’hui, ce sont les Jeux de Londres… En effet, j’ai un programme chargé de concours et sion. Ils m’aident presque. d’entraînement en vue de Londres avec mon nouveau Quel conseil donneriez-vous à une personne cheval Menzana d’Hulm. Tout a été mis en œuvre pour handicapée ? atteindre cet objectif. Les compétitions s’enchaînent en Avant tout, il faut savoir que l’accident n’arrive pas qu’aux France et en Europe. J’ai notamment fait 2ème au CPEDI autres et que tout va très vite. L’existence continue. J’en de Deauville début avril. Le cheval a eu un petit break et du profite. Il est possible de faire autant, même plus, que les 4 au 8 mai, c’est direction l’Allemagne pour le CPEDI de valides. A la limite, je profite plus de la vie depuis que je Mannheim. Toute la préparation se passe pour le moment suis dans un fauteuil. pour le mieux. Mai/Juin/Juillet HIPPIK N˚1 31


HORS-PISTE

Le destin de Pauline Révélationdecesderniersmois,PaulineProd’hommeestunedesraresfemmes jockeys qui gagne. Agée de 24 ans, la fille de Didier Prod’homme séduit également par son charme et sa bonne humeur. Rencontre avec une jeune femme au destin tout tracé, bien dans ses bottes. Texte : Stéphane Désenclos, Photos : Gwendoline Le Goff et Jean-Baptiste Autissier

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HORS-PISTE Pauline Prod’homme en selle sur Da Paolino.

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HORS-PISTE

Si Didier, le papa de Pauline est aussi son mentor, Sylvie, sa maman, la suit de très près.

“J

e ne me souviens pas avoir dit que je voulais faire autre chose. Depuis toute petite, je veux être entraîneur”. Le destin de Pauline Prod’homme est écrit depuis toujours. Son grand-père, Maurice, a été un crack jockey d’obstacles, avant de devenir entraîneur réputé puis de passer le flambeau à son fils Didier, avec la réussite que l’on sait. C’est dire s’il était difficile, voire impossible, pour elle d’y échapper. Mais la vie emprunte parfois des chemins de traverse. Et aujourd’hui, c’est comme “jockeytte” professionnelle que la jeune femme de 24 ans (elle les aura au mois de juin) s’est faite une place dans le milieu difficile des courses hippiques. “En fait, cela s’est fait un peu par hasard”, explique Pauline. “Je montais en amateur, mais quand je suis devenue entraîneur adjointe de mon père, étant professionnelle dans le milieu, je n’avais plus le droit de poursuivre dans les mêmes conditions. Alors, pour continuer de monter, j’ai été obligée de demander une licence de jockey professionnel”. Un passage forcé uniquement motivé par le plaisir de monter. “D’autant plus qu’en 2008, pour ma dernière année en amateur, je n’avais rien gagné, donc je m’attendais à des moments difficiles…” Mais le destin ne s’est pas trompé. Montée pour la première fois sur des chevaux de course à l’âge de

34 HIPPIK N˚1 Mai/Juin/Juillet

11 ans (“il m’arrivait de sécher l’école pour monter”) Pauline est faite pour gagner. Très vite, elle se met à s’imposer régulièrement (une victoire toutes les dix montes en moyenne) dans des courses souvent réservées aux hommes et fait ses classes avec brio. Presque étonnée elle-même de gagner autant et si tôt, Pauline continue de vivre comme dans un rêve. “Je vis mon rêve de toujours. Je n’aurais peut-être pas eu le même avec un autre nom, je ne me pose pas réellement la question, c’est comme ça. Mais, c’est vrai que je me mets essentiellement en selle pour mon père, même si j’ai gagné pour Monsieur Demercastel. Et puis, mon but suprême, est de devenir entraîneur. Je « profite » de mon poids, 52 kilos, pour assouvir ma passion de la compétition. C’est un plus mais, l’important, c’est d’être avec les chevaux”. A l’âge où d’autres pensent d’abord à faire du shopping ou passer du temps avec leur petit ami, Pauline voue sa vie à sa passion. Plus souvent en pantalon qu’en jupe, elle n’en garde pas moins une part de féminité. “Ce n’est pas parce que l’on est toujours en pantalon, qu’on ne peut pas s’habiller un peu”, précise-t-elle en souriant. En revanche, quand on s’investit à ce point, on n’a plus vraiment le temps de faire autre chose. “Du coup, nos amis, nos fréquentations sont essentiellement du


HORS-PISTE

Cette photo est presque un collector et c’est dommage…

même milieu” précise-t-elle comme s’il s’agissait d’une fatalité. Après avoir fréquenté un jockey, Pauline est aujourd’hui avec “un garçon du milieu”. Quelqu’un “qui peut me comprendre, partager ma passion”. Habillée “en fille”, le temps d’une séance photo, dans les écuries en train de s’occuper des chevaux ou en selle cravache à la main, c’est une jeune fille épanouie. Et tant pis si elle a plus de copains que de copines. “Je ne fréquente pas trop les filles, surtout dans notre microcosme. Elles sont souvent beaucoup trop superficielles”. Sur un cheval aussi, on sent bien qu’elles préfèrent les hommes. “Mes collègues masculins sont vraiment charmants avec moi. Ils me taquinent gentiment et n’hésitent pas à prodiguer des conseils précieux (…) Gagner face à eux est toujours très gratifiant. La compétition entre femmes est, elle, plus exacerbée. Nous avons moins l’occasion de monter, ce qui explique sans doute les petites tensions qu’il peut y avoir parfois entre nous”. Bien dans son époque, la jeune fille née à Maison-Laffite se reconnaît un défaut majeur : elle dit trop souvent ce qu’elle pense et “ce n’est pas toujours apprécié”. En dehors du cheval, Pauline pratique la natation, “quand j’ai le temps” et s’offre quelques sorties au cinéma. Jamais trop tard, debout à 5 heures oblige. Les chevaux n’attendent pas.

Son avenir, elle le voit toujours comme entraîneur. “Je vais continuer à monter encore un an, jusqu’à mes 25 ans, puis ensuite je partirai sans doute faire des stages pour continuer d’apprendre le métier d’entraîneur. Préparer les chevaux est quelque chose qui me plaît particulièrement. J’aime passer le poteau en tête, mais je vis avec la même intensité les victoires remportées par nos pensionnaires lorsqu’ils sont pilotés par d’autres”. Le destin, lui, n’a pas de pilote, et pour Pauline, il a choisi le meilleur des parcours.

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Rencontre

Louis Baudron au milieu de ses chevaux, prêts à sortir.

Louis Baudron :

“J’ai tout pris à mes grandS-pères” Petit fils de Gilles Baudron et Jean-Pierre Dubois, Louis Baudron réussit avec insolence dans les nombreux domaines qu’il touche. Eleveur et entraineur, en galop ou en trot, on se demande qui peut l’arrêter. Vous nous direz, avec de telles patriarches, tout est permis… Texte : Eddy Eyrignoux, Photos : Jean-Baptiste Autissier

L

e 23 avril 1986, A Laval, tous les courtiers au monde surveillent avec impatience la naissance du poulain qui, au vu de sa génétique, va battre tous les records d’enchères. Sauf que ce beau bébé, ne ressemble pas du tout à un poulain lorsqu’il sort du ventre de sa maman… Il ne pèse “que” 3,950 KG et ne mesure “que” 51 cm Il s’agit de Louis Baudron, né de Jean-Pierre Dubois et de Véronique Baudron. Avouez qu’avec de telles origines, son destin était tout tracé. Mais Louis a quelque chose en plus que ces ancêtres. En effet, dans son Haras (eh oui !..) de

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Saint Leonard des Parcs dans l’Orne, acheté un an après s’être mis à son compte, où l’attendent tous les jours ses 45 chevaux à l’entrainement, ses 35 poulinières trotteuses et 8 poulinières galopeuses, il supervise l’entrainement de ses galopeurs entrainés par sa charmante épouse, qui s’orientait vers le métier de sociologue avant de croiser sa route. “Le galop ? nous faisons çà en amateur”, dit-il en toute simplicité, alors qu’il a déjà remporté 50% des courses qu’il a courues. Un tel personnage méritait bien qu’on se déplace pour le rencontrer.


Eleveur, propriétaire entraîneur, driver, à 20 ans, c’est fou non ?

Pour moi c’est une suite logique. J’ai monté très jeune, j’ai fait des courses de poneys très jeune également et vers 11/12 ans, je travaillais chez mon père et ensuite je suis parti finir ma formation chez Michel Donio, le compagnon de ma maman, après être passé par l’AFASEC. Je me sentais prêt. J’ai fait les choses naturellement et sans aucune arrière pensée. Vous avez l’air d’avoir une grande confiance en vous ?

«

Rencontre

Je ne me prends pas la tête. je fais les choses par passion et ne me retourne jamais. Mon but est d’avancer et de prendre le meilleur.

»

Vous drivez et entrainez d’ailleurs des chevaux à eux, cela arrive t-il qu’il vous reprochent une défaite ?

Disons que je ne me prends pas la tête. je fais les choses par passion et ne me retourne jamais. Mon but est d’avancer et de Non jamais ! c’est toujours du positif. Nous sommes très prendre le meilleur. soudés, nous sommes très famille. Ça sert pour garder la sérénité et pouvoir analyser les défaites calmement. A propos du meilleur, vous avez pris quoi à votre père et vos grands père ?

Tout. C’était de grands professionnels donc j’ai tout intérêt à m’inspirer de ce qu’ils ont fait. D’ailleurs ils me conseillent toujours. Ils ont toujours un petit conseil à me donner c’est ma richesse. Rendez vous compte, la chance que j’ai d’être conseillé par Mrs Dubois et Baudron.

Famille c’est un mot qui revient souvent dans votre bouche…

C’est vrai car c’est très important la famille. Ma mère et mon père élèvent, mes grands pères aussi et m’envoient régulièrement des chevaux. Ils en donnent aussi à mon frère Jean, il n’y a pas de différence.

Louis au sulky lors d’une séance de travail avec son équipe.

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Rencontre

Avec Amandine, lors d’un trop rare moment de détente. Votre frère entraîne aussi, vous êtes rivaux donc ?

Pas du tout. On a chacun nos qualités et nos défauts. Comme je vous le disais nous sommes très famille, donc on souhaite vraiment à l’autre de réussir. Aucune rivalité entre nous. D’ailleurs on ne parle jamais de chevaux quand on se voit.

Louis j’exagère en disant que vous êtes incroyable et un peu fou ? A 20 ans, chef d’entreprise, à 21 ans vous vous installez dans votre haras, vous élevez, vous entraînez, vous drivez, vous entrainez des galopeurs tout çà en faisant 100 000 km par an !

Comme je vous le disais, je suis passionné par ce que je fais et çà compte énormément et avec le soutien de ma femme Si vous aviez un moment fort à retenir entre vous et et de toute ma famille, çà passe tout seul. Et j’ai une devise. la famille ? Ne jamais rien regretter çà ne sert à rien ! L’important c’est Il y en a deux très forts. Quand j’ai gagné pour ma maman d’avancer et de se fixer des objectifs. lors de ma première victoire avec Kojak Blue mais aussi mon premier groupe avec Mara Bourbon pour mon grand Et quels sont vos objectifs ? père. De gagner un maximum de courses et bien sûr la plus belle : Le Prix d’Amérique. On vous voit partout et notamment à Cagnes…

J’adore voyager et quand j’estime que j’ai un bon engagement je ne regarde pas les kilomètres, je mets les chevaux dans le camion et on y va. D’ailleurs cet hiver comme j’ai eu quelques chevaux de malade, je n’ai pu faire le meeting de Vincennes et comme j’estimais avoir des bonnes “cartouches” pour Cagnes j’ai fait pas mal d’aller retour Cà représente combien de kilomètres parcourus dans une année quand on est un globe trotteur (facile..) comme vous ?

Environ 100 000 km. Louis sous l’oeil de ses patriarches. 40 HIPPIK N˚1 Mai/Juin/Juillet



Reportage

Ready Cash, plus belle la vie Philippe Allaire, l’un des co-propriétaires de Ready Cash, le répète à l’envi : « J’ai entraîné des cadors ; mais comme Ready Cash, jamais ! C’est le cheval d’une vie. » Et pourtant, Philippe, 51 ans, fils du héros Pierre Désiré Allaire, ne tire jamais la couverture à lui. Au point de nous intimer l’ordre d’échanger avec les autres acteurs de l’insolente réussite du champion français. « Je suis quelqu’un de simple » insiste-t-il. « Je n’ai rien à vous dire de mieux que ceux qui s’en occupent au quotidien, ici au haras, ou chez ‘’Duval’’ (ndlr : Thierry Duvaldestin, l’entraîneur). Ils méritent aussi la lumière ! » Voilà, c’est tout ce que nous réussirons à tirer de Philippe Allaire, maître des lieux de ce magnifique haras de Bouttemont, situé au cœur du pays d’Auge, à Victot Pontfol, village de 119 habitants et un crack, Ready Cash… que nous avons accompagné tout au long d’une journée riche en rencontres et en échanges Texte : Henry Lamyr, Photos : Olivier Houdart

«A

près avoir gagné sa vie tout au long du dernier hiver à Vincennes (847 000 € pour un compte en banque de 2 998 200 €), Ready Cash est parti folâtrer. Dans le Calvados, un carnet de bal l’attendait depuis des mois, succès oblige ! Et six jours sur sept, le joyau du trot français procréé, son coup de rein facturé 12 000 €… A la plus grande joie de dizaines d’éleveurs patients… et de ses fidèles compagnons du printemps, Constanza et Christophe… Grâce à un modèle et des allures sortant véritablement de l’ordinaire, Ready Cash a dominé sa génération, puis toutes les générations. Et cet hiver, selon son entraîneur, il avait la tête plus « longue ». « Il était plus puissant, plus sûr ; il allait chercher plus loin. » Fort d’un palmarès extraordinaire avec notamment deux prix d’Amérique, d’un moral et d’un moteur encore neufs, Ready Cash pourrait rejoindre l’inégalé Ourasi, et ses quatre succès dans “la plus belle’’. Christophe Toulorge, ami d’apprentissage de Philippe Allaire qui lui a confié la responsabilité du cheval pendant la saison de monte, signe tout de suite. « Pour tout vous dire, j’y crois car il n’a jamais été aussi bien…»

42 HIPPIK N˚1 Mai/Juin/Juillet


Reportage

Christophe, le régisseur L’homme est un fidèle depuis vingt ans. Il fut le premier à s’installer au sulky de Ready Cash lors de son débourrage comme il l’avait fait auparavant avec la plupart des autres champions de son copain de classe. « J’ai effectué le débourrage; dès le début il avait les symptômes d’un futur grand cheval. Au bout de deux mois, j’avais fait ce commentaire à Philippe (Allaire) : « Animal surpuissant, capable de se dépla-cer à grande vitesse sur des distances plus ou moins longues.» Je ne me suis pas beaucoup trompé… (rires). Puis à son arrivée à Grosbois, Philippe le jugea ‘’hors normes’’ ! » Si Ready Cash est devenu ce qu’il est, le mérite en revient à Philippe Allaire. « Il l’a fabriqué pour en faire un jeune cheval avant de l’endurcir. Et surtout, Philippe a eu l’idée géniale de le confier à Thierry Duvaldestin. Aucun entraîneur au monde n’aurait eu l’humilité de prendre cette décision… En fait, deux hommes doivent être honorés : Pierre Tebirent, l’éleveur, qui a eu l’audace de mettre sa jument à Indy de Vive, et qui a cru à ce cheval de groupe II, certes bien né mais pas le meilleur en piste des rejetons de Viking’s Way, et donc Philippe Allaire. C’est l’histoire de deux hommes ! » De son côté, Thierry Duvaldestin affirme régulièrement que « Philippe Allaire a mis de l’intelligence à la place de l’orgueil.» Fier, calme et serein Est-ce le plus grand champion des années Allaire fils ? « Je ne sais pas ! » coupe Christophe Toulorge. « C’est difficile à dire car ce n’est pas respectueux de comparer des

champions. Avec le « Grand » (ndlr : surnom de Philippe Allaire), j’ai connu aussi Gai Brillant ou Holly du Locton, qui ont tout gagné. Il y a eu Jardy et aussi Kesaco Phedo, ce dernier acheté puis façonné par Philippe. Mais il n’a pas été récompensé sur ce coup là… » Mais alors, qu’a-t-il vraiment de plus que les autres compétiteurs du moment ? « Tout ! Il est supérieur aux autres…Il a une grande origine, la vitesse, la tenue et il dure… En plus, il est magnifique ! Et les éleveurs, français ou étrangers (ndlr : 100 cartes pour juments françaises et un nombre illimité pour les étrangères) ne se trompent pas ; ils viennent avec leurs meilleurs “papiers’’ (Etta Extra, Pearl Queen, Mony Maker, etc.). Vous l’avez vu saillir… C’était beau, non ? A proximité du leurre (en l’occurrence Spandelle, une jument “maison’’), il était fier, calme, serein. Et ses muscles, vous les avez vus ? » Emu aux larmes, le ton saccadé, Christophe Toulorge poursuit : « Je pense qu’il va nous aider à finir nos jours et bien ! Il va contribuer à notre fin d’existence ; il va faciliter la vie aussi à beaucoup de gens, moi le premier. Toutes les personnes qui ont approché Ready Cash à un moment ou à un autre, ont toutes été récompensées. C’est un succès collectif. Et ce n’est pas fini ! Il va remettre ça l’hiver prochain sur la piste et puis, et surtout, il y a aussi sa deuxième carrière, celle de futur grand reproducteur. En l’accueillant ici, au haras, Philippe a amené la sérénité dans notre famille.» Intarissable sur le sujet, impossible d’interrompre le flot de paroles de Christophe… « Ready Cash, c’est un peu comme la Joconde, il a l’air d’avoir été peint ! Alec Head m’avait dit ça d’une propre sœur de Holly du Locton ; je la Mai/Juin/Juillet HIPPIK N˚1 43


Reportage

voyais avec les yeux d’un marchand d’art. Quand je lui ai demandé ce qu’il en pensait, il m’avait répondu : « Tu sais, la Joconde n’a été peinte qu’une fois… » Ready Cash, c’est un tableau rare, une œuvre d’art. Et moi, je suis le gardien du musée ! » Clés en main, Christophe Toulorge a la confiance de Philippe Allaire. « Sa confiance me bouleverse ! » comme disait Audiard au sujet de Gabin. C’est une complicité de tous les instants avec Philippe, pas une question d’argent ou de gloire. Mais vous savez, l’essentiel, c’est que le cheval soit bien, ici, dans ce havre de paix. Et si le cheval va, nous, sans exception, on va bien aussi ! »

44 HIPPIK N˚1 Mai/Juin/Juillet

Constanza, l’ange gardien Arrivée en France en 2004, Constanza Flores travailla comme lad chez Franck Ouvrie avant de rejoindre, trois ans plus tard, l’effectif de Philippe Allaire. A Grosbois, elle fut directement attachée au service de Ready Cash, à la veille de son succès dans le critérium des 3 ans, le 7 décembre 2008. « Mon plus beau souvenir, c’est sa première victoire dans le prix Marcel Laurent, avec Franck Nivard, le 30 novembre 2009 » raconte cette métisse blonde, moitié suédoise et chilienne. C’était le véritable début de sa carrière face à de très bons chevaux, et pour la première fois plus vieux ; il confirmait tout le bien qu’on pensait de lui à 3 et 4 ans… » C’était la course référence, celle qui l’a complètement lancé dans le grand bain…Et qui lui offrit l’opportunité de courir une première fois le prix d’Amérique (ndlr : distancé à mi-parcours avec Jos Verbeeck à son sulky). Cette consécration rapide et toujours actuelle ne serait-elle pas montée à la tête du crack ? « Non, pas du tout. » rétorque Constanza. «Ready Cash est gentil, il me respecte mais il possède beaucoup de caractère ; on se domine tous les deux ; mais quand il ne veut pas, il ne veut pas ; et je ne peux rien dire, rien faire. A part mordre de temps en temps pour jouer, c’est un amour de cheval. Au paddock, il tape pas mal dans un ballon… C’est un cheval très


Reportage actif qui a besoin de bouger. Sinon, il s’énerverait facilement… et nous le ferait vite savoir ! » Alors ses journées sont bien remplies… Un gros dormeur « Ici, au haras, quand il effectue la monte (ndlr : du lundi au samedi), il rentre du paddock vers 6h 30 après une nuit à la belle étoile, sanglé dans des couvertures. Il mange une première fois et il fait une première sieste. C’est un gros dormeur, il est tout le temps couché au box ! C’est aussi un gros mangeur… » reconnaît Constanza. « Il adore les carottes et les pommes; avec moi, c’est à volonté ! Vers 8h30, en route pour une première sortie sur la piste ; il jogge 45 minutes pour garder le forme. Une douche, une ration de foin et un petit dodo avant des soins et une beauté pour aller se présenter, à 10h 30, au vétérinaire qui le récolte… A son retour, je le lâche au paddock afin qu’il puisse manger de l’herbe avant de revenir au box pour une nouvelle sieste. Puis, je le sors à la promenade vers 15h pendant une bonne heure avant un pansage et une nouvelle ration, un nouveau passage au paddock et un retour au box avant une ultime collation prise vers 20h, cette fois au paddock où il y restera… dormir ! » Pendant la saison de monte, il ne perd pas de poids et il n’en prend pas non plus. « Ce n’est pas un cheval

stressé ; il est hyper calme. Je suis avec lui tous les jours. Je n’aime pas le laisser seul ; je vis donc au haras jour et nuit ». Le reste de l’année, celui à qui Constanzia noue tendrement un fil d’argent au toupet, lui manque énormément. «Depuis qu’il travaille chez Thierry Duvaldestin, je dois partager la garde avec Tristan de Genouillac, son lad (rires). C’est cinq et sept mois chacun… » Constanza s’occupe également de sa propre sœur, Upper Class, classique elle aussi. Il y a aussi un petit frère, Acédécé par Coktail Jet. « Ici, il y a environ une quinzaine de A à l’entraînement (ndlr : des poulains âgés de 2 ans) issus de la première année de monte de Ready Cash. Et je peux vous dire que ca se présente bien pour eux… et leurs propriétaires ! » annonce la même dans un large sourire. A l’occasion de la vente de yearlings de Trotting promotion en septembre 2011, les acquéreurs avaient déjà fait confiance à Ready Cash, qui a fait afficher un prix moyen de 42 000 € par produit vendu. Un premier signe !

«

Toutes les personnes qui ont approché Ready Cash à un moment ou à un autre, ont TOUTES été récompensées

»

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Reportage

Une fertilité exceptionnelle Arianne Valère, vétérinaire, fait partie aussi de la ‘’maison’’ ! Du lundi au samedi, elle procède à la récolte du champion puis à l’insémination des juments. « C’est un réel plaisir de travailler ici ; c’est fonctionnel agréable et convivial. J’ai eu le privilège d’être associée à l’élaboration des plans des bâtiments pour la partie reproduction ». « Ready Cash est un cheval fin dans tous les sens du terme, en piste, au paddock, au box, dans la station de monte. Il est très intelligent. Ici, tout doit être parfait et minuté. Sinon, il s’en rend compte et on le voit rapidement à son comportement. C’est un grand professionnel avec une sacrée personnalité ! » « Il connaît son travail, ça se passe donc très bien même s’il joue un petit peu avec Sandrine Lecourtois, qui l’accompagne cinq minutes par jour le temps du passage sur le mannequin. Ready Cash est excellent en tout, à l’image d’une semence exceptionnelle (ndlr : 4 milliards de spermatozoïdes par récolte). Il pourrait « satisfaire » une vingtaine de juments par éjaculat mais en moyenne nous en faisons trois à quatre par jour. Il remplit très bien ; il y a très peu de poulinières qui reviennent. C’est rare de disposer d’une telle fertilité… » 46 HIPPIK N˚1 Mai/Juin/Juillet


Reportage

€talon, ça rapporte ! Etalon.- n.m.: cheval entier destiné à la reproduction. Un cheval de courses, pur sang ou trotteur, est une valeur marchande. Elle est établie selon son pedigree, son âge, son espérance de gains, et sa valorisation au haras, en temps que reproducteur. Un étalon peut saillir jusqu’à cent juments françaises et un nombre illimité d’étrangères chaque saison (janvier à juillet) et sa période d’activité sexuelle peut durer une vingtaine d’années. Si l’étalon dévoile rapidement un potentiel améliorateur, il deviendra un véritable enjeu financier. La syndication se réalise en général sur la base de 80 parts, 20 parts étant mises à la disposition de l’étalonnier, qui prend en charge l’entretien et la commercialisation. Chaque part donne droit à une saillie annuelle de l’étalon. Et le paiement de la saillie (après un petit versement à la

réservation, très souvent reportable) est généré à la naissance du poulain, 48h vivant. Chez les trotteurs, environ 500 étalons sont sollicités chaque saison. Un peu plus de 80 % des juments sont fécondées par insémination artificielle en sperme frais. Le principe consiste à prélever l’étalon, en recourant à un mannequin, afin de récolter son éjaculat et de le fractionner, en plusieurs doses. Avec un seul « saut », plusieurs poulinières peuvent dont être satisfaites… Pour la saison de monte 2012, les deux étalons les plus chers du marché des trotteurs sont Love You et Goetmals Wood (4 + 23 000 €) tous deux estampillés « Dubois » comme le troisième Coktail Jet (3 + 17 000 €). Ces étalons sont listes pleines chaque année, comme beaucoup de leurs poursuivants, à l’image de Ready Cash (2 + 12 000 €), qui effectue sa quatrième année de monte. Ces prix haut de gamme cachent des disparités, sachant que la majorité des étalons est tarifée dans la fourchette 1 000/4 000 € avec un prix moyen de 2 500 €.

Un cheval d’exception Nom : READY CASH Naissance : 20 mai 2005 Race : trotteur français, 1m 65 Père : Indy de Vive Mère : Kidéa Père de mère : Extrême dream Robe : bai foncé Eleveur : Pierre Tebirent Propriétaire : Philippe Allaire Entraîneur : Thierry Duvaldestin Driver : Franck Nivard Qualifié le 15 juin 2007 50 courses, 32 victoires, 6 places (au 15/04/2012) 1’10’’3 à 6 ans à Vincennes 2 998 200 € de gains (au 15/04/2012) Etalon, classique Performances principales 1er prix d’Amérique 2011, 2012 1er prix de France 2011 1er critérium des jeunes 2008 1er critérium des 3 ans 2008 1er prix Albert Viel 2008 1er prix de Bretagne 2011 1er prix de Bourbonnais 2011 1er prix de Bourgogne 2011, 2012 1er prix Marcel Laurent 2009, 2010 2e prix de Sélection 2009 2e prix de Paris 2012 3e prix de Belgique 2012 3e prix de France 2012

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TROT : Dans les jumelles de… Pierre-Joseph Goetz, le maître de Vincennes

Les chevaux à suivre Le regard et les conseils experts de Pierre-Joseph Goetz, d’après ce qu’il a pu voir ces derniers jours sur les champs de course. Des performances analysées et qui laissent augurer de belles choses au cours des prochaines semaines. VIC DU CORTAn’a pas de gains. A fini son parcours sur le pied de 12’’ 5. Va prochainement ouvrir son compte en banque. Entraîné par Marco Smorgon, un Italien de qualité qui, en outre, adore la France.

Texas Charm, pas loin d’être un champion. VINCENNES - Samedi 7 Avril RADJAH DE L’ABBAYE- compliqué certes mais n’est pas sur son parcours préféré. A absolument racheter sur 2700 mètres où il a beaucoup d’argent à gagner. TEXAS CHARMlui qui était classique monté devient un classique attelé. Sait conclure comme à la parade derrière la barre des 10’’. Il n’est pas loin d’être un champion. - Mardi 10 Avril UPSALA GEDEun finish qui sort de l’ordinaire pour

cette « ORLANDO VICI » effectuant en l’occasion sa rentrée. A suivre en toute quiétude chez les femelles de 4 ans n’ayant pas gagné 130.000€.

grande piste de Vincennes dans des courses fermées à 50.000 euros. - Samedi 14 Avril

SIBELLE DU PORTO- souvent malheureuse, devrait, avec l’aide Maxime Bézier, récupérer pas mal d’argent à l’attelagePour moins de 100.000 euros.et à la place.

REFLET GEDEauteur d’une superbe reprise de compétition. Va prochainement gagner sans problème dans les épreuves pour n’ayant pas gagné 300.000 euros sur le grand anneau du plateau de Gravelle avec le bon Tony Le Beller.

ULTRA SECRETEcette « GROS GRAIN » si elle est encore mal située ne manque pas de moyens et devrait mieux faire sur la

ROSE D’ACADIEa fait les grands boulevards aujourd’hui. Elle s’amende et va faire sien un quinté sur les longues distances.

- Vendredi 13 Avril

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VOLCAN D’URZYassocié à J.Ph. Dubois, il pourrait s’acheminer vers les semi-classiques réservés à sa génération des 3 ans. Sa ligne droite en moins de 12’’ aujourd’hui. Julien, Etienne et leur père, sont « prodigious » même si pas faciles à toucher au guichet. Surtout, insistez après une défaite malheureuse et doublez la mise. -Vendredi 20 Avril RAGTIME DU PARC- après un passage à vide, il se retrouve totalement et s’avère désormais compétitif entre les brancards. De gros quintés en perspective en besace. Mais surtout pour les places dans un premier temps, il est encore fragile. SCARLET KEPcontrainte aux extérieurs, elle fait

preuve de beaucoup de courage. C’est très prometteur sur tous les tracés sélectifs dans des lots n’ayant pas gagné 130.000 euros. SWEDISHMANdes impressions folles. Il sait faire des bouts sur le pied de 10’’ sur le grand anneau de Vincennes. A l’Etranger il va faire hisser le drapeau tricolore aux faîtes de podiums. A Solvalla en particulier. VENDETTA DE JOUDES- formée gentiment par Julien et Jean-Philippe Dubois, sera à nouveau vue à son avantage dans les prochaines semaines. VIGNA NOBILEsemble s’être assagie et devrait répéter ce succès. Louis Baudron, très doué, revient en grande forme. -Mardi 24 Avril TERRE ROUGE- à ne pas condamner et à reprendre dans des lots de 150.000 euros tant à l’attelage qu’au monté. TOSCANE DE BRUYERE- même

si JB. Bossuet n’a plus de classiques, il va gagner avec cette jument malheureuse. VANIKA DU RUEL- formidable classique. VIF D’OR DU POLI- en digne rejeton de « FONTAINE DU POLI », un nouvel hongre « QUEMEU D’ECUBLEI » pour Jonathan Carré. VIVA ISLAND- très bonne classique aux allures impériales. ENGHIEN Sol dur- ne convient que peu au trotteurs montés surtout ceux fragiles des membres-Jeudi 19 Avril ROYALE RINGEAT- après une traversée du désert, elle se refait un moral chez les amateurs, concluant en souplesse. Dans cette catégorie elle est quelque déclassée sur les longs parcours. TESSYA- sous la houlette du 1er manager de RAPIDE LEBEL, cette jument, à l’instar des compagnons de box, est en forme. Après


TROT : Dans les jumelles de… Pierre-Joseph Goetz, le maître de Vincennes avoir été extrêmement malheureuse, sa ligne droite fut magnifique. A reprendre sur les 2800 mètres d’Enghien ou les 2700 mètres- grande piste de Vincennes. -Samedi 21 Avril PATHWAY- à l’instar de certains représentants du tandem M. Ruault-A. Cayron, il semble totalement se retrouver. Alliant tenue et vélocité, il a sa place dans les quintés. TABRIZ DU THEILLET- un grand modèle, pas facile à manier, plus à même de s’exprimer sur les longs parcours où il a encore des euros à glaner. ULEO- beau modèle, trop cool au départ. A entreprendre sur 2600 mètres-Enghien/ Vincennes, dans des lots n’ayant pas gagné 100.000 euros. BORDEAUX L’un des tracés le plus sélectif de France- corde à droite-Mercredi 4 Avril PRINCE CHARMANTun dernier kilomètre assez étonnant. Il vieillit remarquablement et va répéter dans le sud-Ouest lors des prochaines réunions PMU. - Mercredi 25 Avril JAG JUNIOR- devient plus gourmand avec Thomas Levesque. Va se réaliser en un « bon » PRINCE DU VERGERJMB l’a fait progresser de plusieurs secondes. C’est géant. VERRINE D’OCCAGNES- en

devenir. Lots de moins de 50.000 euros. CAEN Grand périmètre de 2000 mètres- corde à droitepiste plate- où l’on est curieusement tenu de figurer dans le groupe de tête pour faire l’arrivée, car on ne peut pratiquement jamais venir dans le parcours, lequel ne comprend pas de temps morts. On y trotte 2 secondes plus vite que sur les 2800 mètres de la grande piste de Vincennes. - Dimanche 22 Avril UKULELE- un JP. Viel qui est extrêmement malheureux. Va prendre sa revanche prochainement quel que soit le parcours dans une épreuve pour n’ayant pas gagné 50.000 euros. UN FAN PELLOIS- finit en trombe. Va remplir d’aise G.A. normand qui en a fait l’acquisition le 24 Avril eux ventes de Cabourg. VENICIO BELLOl’emporte la queue en trompette. J. Niskanen bien armé en jeunes chevaux. VIVE LE FOOT- ce pensionnaire de J. Lepennetier fait belle impression. Il semble avoir trouvé sa voie sous la selle. CHARTRES Tracé de 1000 mètres- le premier échelon est très avantagé-Dimanche 8 Avril TI AMO DU DESERTtrès estimé par son entourage, ce hongre devrait dans sa catégorie, moins de 100.000 euros, répéter cette victoire.

CORDEMAIS Corde à gauche- sol pas trop rapide- tenue indispensable -Dimanche 22 Avril HORGAN AIMEF- orchestré par J-L. Bigeon. A entreprendre dans les courses pour n’ayant pas gagné 50.000 euros. QUICKLY TIMEtourne autour de ses adversaires dans cette épreuve réservée aux amateurs. STORMY DE TOUVOIS- un dernier kilomètre sur le pied de 13’’. Ce devrait être suffisant pour faire figure de vainqueur dans des lots n’ayant pas gagné 100.000 euros. TSAR DE L’ESQUEun grand gabarit doté de beaucoup de tenue qui devrait bien vieillir. Chances évidents au trot monté, sur les longs parcours, pour n’ayant pas gagné 60.000 euros. ELBEUF - Dimanche 15 Avril RABOLIOT DU VALentraîné par P. Toutain, un homme adroit, il a raison d’un lot de belle qualité. Capable de rééditer ce succès en région parisienne. Adepte de la corde à main gauche. LA CAPELLE Hippodrome du Nord le plus compétitif avec un pourtour de 1600 mètres d’où des notes et résultats sortant de l’ordinaire. Il est judicieux d’y jouer le papier-Dimanche 18 Mars RAPIDE D’EPUISAYdernier kilomètre sur le

pied de 11’’, ce qui est assez exceptionnel sur ce tracé. ’ Peut gagner sans problème, cet été, à Vincennes.

tracé- bon sol- tout pour plaire aux turfistes et aux professionnels-

SEVIGNY- mise dans du coton par J. Lesne, elle termine de remarquable manière et s’avère également en retard de gains.

SAINT LEGER- sous la selle, c’est super et avec Margot on dégrafe sa bourse au PMU. Lots moins de 80.000 euros.

SIBELLA DE FORCEfinit bien en retrait avec un dernier km en 12’’. Elle commence à bien vieillir et cette probante perf sera suivie d’autres, surtout pour les places néanmoins. STHIERIC- l’emporte en cheval d’avenir. Devrait rééditer sans problème sur les longs parcours. - Jeudi 5 Avril RACETRACK- a connu des fortunes divers jusqu’à ses 7 ans. Incontrôlable, il semble s’amender et apparait en retard de gains. Sa fin de course en 1’11’’7 est de bon augure pour ses prochaines tentatives. Gageons qu’il ne courra plus jamais les réclamers. SOURCE D’ARGENTde gros moyens actuels. Sur les longs parcours, ce devrait être du nanan dans sa catégorie. - Lundi 9 Avril QUARTZ D’AUNOU- a toujours montré des moyens et semble retrouver toutes ses sensations. A suivre les yeux fermés dans les petits quintés et les belles épreuves régionales. LAVAL Un Président à l’écoute de son public- infrastructures intéressantes- bon

- Mercredi 25 Avril

SANCHO TURGOTextra avec F. Anne dans les quintés pour moins de 400.000 euros SOLEIL DE BAFFAIScoaché par le mentor de « GENERAL DU POMMEAU ». A suivre en province dans des épreuves pour moins de 50.000 euros. TEXANE PAULCAles grands extérieurs aujourd’hui. Elle vaut mieux que cette perfA reprendre dans les lots de moins de 80.000€UN DU BUISSON- un abonnement à souscrire avec B. Desmontils aux rênes sur les longs parcours. Lots moins de 50.000 euros. UNITED DU TAY J-E Dubois avec pour driver Y. Lebourgeois, c’est atypique mais saignant. A reprendre à la gagne dans les épreuves pour moins de 60.000 euros. LE MANS Un hippodrome à main gauche avec de longues lignes droites- Jeudi 12 Avril SMETANA- remarquablement après une faute en début de parcours et DAI, cette élève de J. Ph Borodajko serait susceptible de décrocher une place dans un quinté en Mai/Juin/Juillet HIPPIK N˚1 49


TROT : Dans les jumelles de… Pierre-Joseph Goetz, le maître de Vincennes nocturne à Vincennes à cote substantielle. TEAM DES VALLEESfin de parcours tout en souplesse le long de la corde avec un chrono derrière la barre des 12’’ pour le dernier kilomètre. TINO DE TORTIEREpas beaucoup de gains par rapport à sa qualité. Devrait remettre les pendules à l’heure à la faveur des RDV provinciaux avec PMU. TOSCAN DES LOYAUX- compliqué certes mais d’indéniables moyens. Pas de gains. Il pourrait grappiller des places à très grosse cote dans des épreuves fermées à 50.000 euros. TRESOR DU LUPIN- ce JP. Marmion se balade dans cette course réservée aux apprentis, bouclant son dernier kilomètre en 1’12’’. Vu ses gains, faites en un abonnement dans les joutes de moins de 80.000 euros. LISIEUX L’un des hippodromes les plus sélectifs, corde à droite, de NormandieIl est dommage que le sol ne prête pas à la vitesse. De gros travaux sont prévus en fin d’année. S’avérera, l’an prochain, une piste incontournable. - Dimanche 8 Avril RICARDO DES ECUSarrive dans sa période préférée et affectionne tout particulièrement Cabourg, corde à droite, durant l’été. Il n’a rien perdu de ses moyens de l’an passé où il concluait sur le pied de 13’’, ce qui est extra sur cet hippodrome. 50 HIPPIK N˚1 Mai/Juin/Juillet

ULTRA FISH- trois courses seulement à son actif. Il semble déjà en devenir et sera à entreprendre dans des lots n’ayant pas gagné 30.000 euros et ce même en région parisienne. UZOU- mis dans du coton par son entourage, il termine sur le pied de 15’’ sur une piste au sol fouillant où on ne parle pas de records de vitesse. Belle impression. Il a beaucoup d’argent à prendre. VASIMEDE- s’impose comme un cheval d’avenir. Son entourage l’estime être sans doute la relève de ROSE D’ACADIE, bien connue dans les semi-classiques. LYON-LA-SOIE Corde à droite- sol pas trop rapide. - Dimanche 8 Avril PETIT PIERRICAIS- à entreprendre lors des castings régionaux sur les longues distances. Il arrive dans sa meilleure période. SIRE DE LA CREUSEl’emporte de la tête et des épaules. - Mercredi 11 Avril ELTON SILVIO- il était bon, il y a un an. Fin de course remarquée aujourd’hui qui laisse à penser qu’il se retrouve. Peut trouver de bons engagements dans les petits quintés de longue haleine. Un élève de JL. Peupion, dit le Grand Blond, et de son fils. LUDWINE- dernier kilomètre sous la barre des

13’’, sur une piste à main droite. Une Etrangère qui va manger le pain des Français. - Samedi 14 Avril QUILIO ADA- après avoir perdu beaucoup de terrain au départ, il s’est joué de ses adversaires. Les moyens de se mettre en exergue à Paris, dans des lots n’ayant pas gagné 200.000€. MAURE DE BRETAGNE Hippodrome sélectif de l’Ouest de la France- Les dirigeants sont efficaces-je vous conseille d’investir au PMU dans les bonnes épreuves, les meilleurs pouvant s’exprimer. Jouez les chevaux de tenue. - Lundi 23 Avril RANDOLINA- les grands extérieurs aujourd’hui. Va décrocher des places à belle cote dans sa catégorie de gains- 100.000 euros. RETOUR DU TRESOR- un redoutable finisseur pour les hippodromes demandant une grande tenue. Surtout en province dans des lots 120/150.000 euros. RUMBA PAZENAISErelève d’accident. Elle est en énorme retard de gains et peut sans problème s’imposer dans un quinté avec JMB. SAFARI DREAMsemble avoir désormais trouvé sa voie au trot monté. TYCOON- brillant achat. Va rééditer ce succès dans la limite de ses gains 80.000 euros.

URFEE JALLERIEprépare les prochaines semaines. Du nanan dans les lots n’ayant pas gagné 80.000 euros. REIMS Hippodrome, corde à droite, où les chevaux véloces sont avantagés. - Dimanche 22 Avril ROUBLE DES DUCSà son affaire chez les amateurs. ROUPIE- son amateur n’a pas su l’utiliser-de gros moyens en retrait qui sont passés inaperçus. A reprendre chez les gentlemen du trot. SIRTAKI- a de l’argent à prendre et ce même contre les meilleurs parisiens dans sa catégorie, n’ayant pas gagné 200.000 euros. TIBETAIN JIEL- semble avoir trouvé sa voie avec l’homme sur le dos. SAINT-MALO Hippodrome à main droite- Quelque peu balayé par le vent, le sol ne convient guère aux jambes fragiles. - Samedi 21 Avril ACTION WIND ASune Suédoise susceptible de grappiller quelques lots dans l’Hexagone à cote substantielle. Elle reste sur des contreperformances. QUARTHELEMYparticulièrement malheureux, aujourd’hui. Cheval de tenue, il devrait se placer prochainement dans un petit évènement en province, sur les longs parcours. TIRELLO- entraîné par

JMB, il s’amende et se retrouve en retard de gains. TITI DER MAD- un W. Hallais compliqué qui a déçu cet hiver. Il va se réhabiliter. VISAGE PALE- coaché par Fabrice Souloy, il peut émettre de légitimes prétentions dans les lots de moins de 50.000 euros. VIRE Corde à droite- réservé à ses spécialistes- sol peu rapide- des dirigeants très accueillants avec les turfistes dont l’intention n’est pas, et ce n’est pas fréquent, de leur soutirer un maximum d’euros- au restaurant au particulier.- Lundi 16 Avril TAORMINA D’EMa peu couru dans sa carrière. Cette semirentrée n’est pas passée inaperçue. Va surprendre rapidement dans des lots n’ayant pas gagné 30. 000 euros. VERY KOOL DU CAUX- un bon parcours après un mauvais départ. VIF GALBE- très grosse impression sur le pied de 13’’ dans le dernier kilomètre. C’est exceptionnel pour un 3 ans en province. Un abonnement à souscrire.


PLAT : Dans les jumelles de… Patrick Alain Sauvat Impérial Noir femelle de 4 ans. Elle a connu des problèmes de sante tout l’hiver, elle revient en forme et se retrouve bien placée au poids. En bon terrain ou sur une piste en sable fibrée et sur une distance de 1200 m ou 1300 m, elle devrait tirer l’épingle du jeu. Cristal Rocket Femelle de 3 ans. Pour sa première participation a Paris à l’âge de 4 ans et à Saint Cloud, elle avait trop tiré. Si elle se calme, elle est capable de gagner une course B en bon terrain. Gold Save The King Hongre de 5 ans. En dernier lieu dans un Quinte, il a très bien fini en terrain souple. S’il retrouve les mêmes conditions, sur 2000 m ou 2400 m il gagnera son Quinte. Rock Me Baby Femelle de 3 ans. Elle vient de courir en terrain lourd mais malheureusement sur une distance trop longue pour ses aptitudes. Il faut absolument la reprendre sur 1600m en bon terrain. Assagie Femelle de 3 ans. Elle vient d effectuer ses débuts en compétition face a des chevaux qui avait déjà couru. Elle termine ce jour là 3ème dans un terrain lourd. Prochainement sur 2000 m ou plus, et dans un terrain souple elle devrait s’imposer.

Gold Save The king devrait gagner son quinté.

OBTSTACLE : Dans les jumelles de notre reporter Lord Drop Hongre de 3 ans a débuté honorablement dans un terrain profond. Vu ses origines, ce poulain devrait vite remporter sa course dans un terrain moins souple. Rhialco, cet hongre de 7 ans, devrait, si le fait de courir à 3 semaines ne le dérange pas, être un prétendant plus que sérieux à la victoire du Grand Steeple Chase de Paris. La paire d’amis Pieux-Coveliers en rêve depuis de nombreuses années. Question de Chance, hongre de 8 ans a fait une superbe rentrée le 28 Avril dernier sur l’hippodrome d’Auteuil. Ce cheval très régulier devrait vite franchir la ligne d’arrivée en tête dans une de ses prochaines courses. Another Sensation, Hongre de 3 ans, devrait trouver rapidement le chemin de la victoire par rapport à ce qu’il a montré lors de ses débuts. Le protégé de Monsieur Pariente a encore une bonne marge de progression. Very Heaven, hongre de 3 ans et frère du champion Usual Suspects, a démontré une très belle pointe finale pour finir dernièrement à Auteuil. Il devrait confirmer rapidement.

Net Lovely et Rhialco au coude à coude cela pourrait se reproduire le 20 Mai. Mai/Juin/Juillet HIPPIK N˚1 51


Métiers du cheval

Les hommes qui murmurent aux oreilles des chevaux Depuis la sortie, en 1998, sur les écrans du monde entier de « L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux », inspiré du livre éponyme de Nicholas Evans, un engouement est né autour de l’éthologie équine, principalement autour des techniques de dressage américaines, basées sur la communication entre l’homme et le cheval. En on a vu dans ce nouveau mot et dans ses praticiens, les « Chuchoteurs », le remède quasi miraculeux pour venir à bout des tares comportementales de nombre d’équidés. L’éthologie (nom scientifique), s’applique aussi aux chevaux de course. Texte et photos : Alexandra lombard

«U

n cheval de concours, un cheval de trait ou un cheval de course reste un cheval ! » s’amuse Sylvie Gorse, « Il y a certes, dans les chevaux de galop, un influx peut-être plus important, le sang chaud, des caractères parfois plus trempés, mais cela reste des chevaux ! » Depuis plus de dix ans, elle et son mari, Thierry, mettent l’éthologie équine en pratique dans leur centre de pré-entraînement et de débourrage au haras du Tilleul. Deux mois sont nécessaires pour inculquer les règles de savoir vivre en écurie et mettre les chevaux aux trois allures, sur la main et dans le calme. « Ce n’est pas parce qu’ils sont destinés à la course et à la vitesse que tout doit être précipité ! » souligne Thierry. Les éleveurs l’ont bien compris, Ariette Forien, régisseuse du haras de la Reboursière et de Montaigu, en tête : « Le but n’est pas de vendre un cheval brut qui va s’avérer dangereux à l’entraînement. Le but est de vendre un cheval qui connaît déjà l’homme, son contact et son action afin qu’au moment où l’entraînement commence vraiment, le cheval soit prêt. Les Gorse sont d’excellents dresseurs de chevaux et d’excellents cavaliers. Lorsque nos poulains sortent de chez eux ils sont calmes et prêts à travailler. » Même son de cloche chez l’entraîneur deauvillais Eric Danel : « Ils peuvent prendre le temps nécessaire à bien dresser un cheval et peuvent l’attendre ce qui n’est pas forcément possible au sein d’une écurie. D’une part parce que nous ne disposons pas forcément du personnel adéquat, d’autre part parce que nous courons toujours après le temps. Lorsque les chevaux arrivent ensuite dans mes boxes, je n’ai plus qu’à les emmener à la piste pour le travail. Ils dressent magnifiquement les chevaux à partir de zéro. C’est un métier. Et nous aurions, dans les courses, tous beaucoup à apprendre d’eux. »

il était devenu vicieux. « Il n’avait plus envie », se souvient Thierry, « Pourtant il est arrivé magnifique, avec les oreilles bien droites… » Mais la simple vue d’une piste herbeuse ou en sable, la perspective d’une course l’avait rendu revêche. Ce n’est que petit à petit, en lui laissant le temps de « décompresser », que les Gorse ont fini par le convaincre de se remettre en route. Grand Art, a, lui aussi fait un stage de trois mois au haras du Tilleul. « Il mettait tout le monde par terre, bon ou mauvais cavalier. C’était impossible de tenir dessus, » reprend Thierry Gorse, « On lui a laissé du temps, tranquille, avant de lui remettre une selle. Le cheval a recouru plus calme. Mais attention ! Nous ne sommes pas des magiciens ! Ce n’est pas parce qu’un cheval fait une escale par chez nous qu’il va se mettre à gagner toutes ses courses ! Notre rôle à nous est de le remettre d’aplomb et de lui redonner du moral. » A l’entraîneur ou au propriétaire d’estimer la nécessité de mettre un cheval en pension. Freddy Head a, de son côté fait appel à Nicolas Blondeau pour Goldikova, entre autres : « Elle entrait vraiment très mal dans les boîtes et j’avais déjà eu l’opportunité d’apprécier la méthode de Nicolas Blondeau sur d’autres chevaux au haras. Il a su redonner confiance à la jument avec le succès que l’on sait. Par ailleurs, lorsque j’ai un poulain ou une pouliche compliqué, je n’hésite pas à le solliciter afin que l’entraînement puisse toujours se dérouler dans les meilleures conditions possibles. Alain de Royer Dupré a souvent travaillé avec Thierry Dhaussy : « Il est important, dans notre métier, de savoir rester ouvert à toutes les formes de disciplines afin de saisir le meilleur de ce qui se présente. L’éthologie peutêtre un atout dès le débourrage à condition, comme le reste, que ce soit très bien fait. Puis, l’éthologue peut prendre un temps précieux dont nous ne disposons pas forcément au sein Ils ont sauvé Jokari d’une écurie de course. Je n’hésite pas à faire appel aux services des éthologues équins, d’ailleurs, l’une des pouliches Reste le cas des chevaux compliqués. Jokari, par exemple, in- que j’entraîne doit bientôt partir en stage. » Rendez-vous au terdit d’hippodrome pendant 18 mois par France Galop, tant moment du Prix de Diane, début juin !

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Métiers du cheval

Thierry et Sylvie Gorse sont un peu “les psys” des chevaux La clé de la réussite

Séance de galop pour Demokles avec Thierry Gorce et Pascalino avec Diane Chaudet

Thierry Gorse effectue un travail de débourrage sur Cause You’re Mine (22 mois) montée par Diane Chaudet.

L’éthologie est « la science des comportements des espèces animales dans leur milieu naturel » (dictionnaire Le Robert). L’éthologie équine y ajoute le milieu « non naturel » de l’écurie et le contact avec l’Homme. « Tout bon cavalier, tout homme ou femme de cheval, pratique à un degré ou à un autre, l’éthologie équine » confie Sylvie Gorse, « C’est la clef de la réussite d’un couple cheval / cavalier. » Poulains, pouliches, chevaux « à problèmes », viennent grossir les rangs de la trentaine d’équidés en pension dans leurs boxes au haras du Tilleul, dans l’Orne. A l’évocation du mot « éthologie », Sylvie éclate de rire : « On met un peu tout ce qu’on veut dedans et on semble découvrir le rapport existant entre l’homme et le cheval. Mais les premiers ouvrages datent de 1500 avant JC ! » De fait, en tapant « éthologue équin » dans un moteur de recherche, ce dernier affichera pas moins de 170 000 résultats. « Dans notre société moderne, nous avons perdu le bon sens du rapport à l’animal. Là on parle de chevaux, mais c’est un peu la même chose pour les chiens ou les chats. D’où une mésentente, parfois dangereuse, avec l’animal. Le dialogue et la confiance ont été rompus. Notre métier est donc de les restaurer. » Sans à-coups, sans violence, sans cris. « Le cheval est un animal hyper hiérarchisé », reprend Sylvie Gorse, « Dans un troupeau, il y a toujours un leader, une femelle, le plus souvent. Il faut donc recréer de façon artificielle cette hiérarchie, l’Homme devenant le chef, et la confiance qui en découle. »

«

L’éthologie peut-être un atout dès le débourrage à condition, comme le reste, que ce soit très bien fait Alain de Royer Dupré

»

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GROS PLAN

Big Buck’s refait l’histoire

«L

e 12 avril dernier à Liverpool, dans le cadre du meeting d’Aintree, l’histoire avait rendezvous avec la piste. Ce jour-là, Big Buck’s a remporté sa dix-septième victoire de rang, effaçant ainsi des tableaux le vieux record de Sir Ken qui avait enchaîné seize victoires consécutives sur les obstacles dans les années 50. Avec cette 17ème victoire d’affilée acquise dans le Liverpool Hurdle (Groupe I), le cheval d’origine française (il est né dans la formidable poulinière Buck’s de l’élevage d’Henri Poulat, et s’est révélé dans notre pays) est entré dans la légende de l’obstacle anglais. Depuis qu’il a traversé la Manche en 2007, le fils de Cadoudal a pris l’habitude de dégoûter ses adversaires en enfilant les victoires comme les perles. A tel point qu’au moment de se présenter sur la ligne de départ du Liverpool Hurdle Race (qu’il avait déjà remporté à trois reprises), Big Buck’s était invaincu depuis janvier 2009 ! Brillant vainqueur de Cheltenham moins d’un mois plus tôt, le partenaire de

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Le cheval d’origine française a gagné 17 fois de suite et efface un record datant des années 50 !

Ruby Walsh (un des plus grands jockeys irlandais, fils de l’entraîneur Ted Walsh) s’est facilement ouvert la porte de la légende en dominant l’épreuve de Liverpool. Le cheval de neuf ans a même dû être ralenti par son jockey dans la dernière ligne droite. “C’est une partie de plaisir de le monter. C’est un cheval incroyable”, commente Ruby Walsh qui avoue n’avoir pratiquement jamais à “le bousculer”. “Si Dieu le veut et qu’il reste en bonne condition, il durera aussi longtemps que Kauto Star*”, commente pour sa part son entraineur, le célèbre Paul Nicholls. * Formé par Paul Nicholls, Kauto Star détient le record du nombre de victoires. Il a notamment été le premier cheval à remporter deux fois le Grand Steeple anglais de Cheltenham et reste le seul cheval à avoir gagné cinq fois le King George VI Chase. On le dit proche de la retraite après avoir été arrêté au bout d’un tour dans le Cheltenham 2012, en mars dernier.


GROS PLAN

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RENDEZ-VOUS

RENDEZ-VOUSLE 16 JUIN, HIPPODROME DE VINCENNES Pomerol de Laumac.

UNE JOURNEE D’ENFER Un rendez-vous à ne surtout pas manquer pour tous les amateurs de trot. Le 16 Juin prochain, les meilleurs professionnels européens vont sortir leur grosse artillerie. Embarquement immédiat pour Vincennes,

Présentation : Pierre-Joseph GOETZ

Rendez-vous pour un après-midi de gala, avec plusieurs courses de haute tenue.

Dans ce Prix Ballière, le polyvalent à l’instar de BELLINO II, JAG DE BELLOUET - 1’10’1 le 19 Juin 2005 - Prix Albert Viel - 200.000 € - Attelé - 2700 mètres 4 groupes I GP - 3 Ans - PEARL QUEEN, la championne de Th. - Prix d’Essai des 3 Ans - 200.000 € - Monté - 2175 mètres- Duvaldestin qui a fait chavirer tous les cœurs, lauréate GP - Record du parcours, le monstre gentil, SCIPION DU sur le pied de 1’12’’6 devançant le mâle PRINCE GOUTIER - 1’11’’9 le 12 Décembre 2009 D’ESPACE (1’12’’7) en 2006 - record des 3 ans - Au - Prix du Président de la République - 240.000€ - Monté- même âge, le champion du Sud-Ouest, TIMOKO 2850m - GP - 4 Ans - Record du tracé SINGALO - 1’12’’2 égalera ce chrono le 12 Décembre 2010. le 11 Septembre 2010 - Prix René Ballière - 200.000 € - Attelé - Autostart - 2100 mètres 1 groupe II - GP - 4 à 10 Ans inclus - Mêmes conditions que dans le Prix de - Prix Xavier de Saint-Palais - 120.000 € - Monté - 2175 l’Atlantique à Enghien et le Prix de France à Vincennes mètres - GP - 5 Ans - Impérissable souvenir - la victoire de

NOUBA TURGOT - tandem E. Raffin/F. Anne - Sur les Record KOOL DU CAUX, record du monde sur la rangs, en sa jeunesse, d’un gros réclamer, elle accèdera au distance (2100m), 1’09’8 le 11 Février 2007 statut de crack sous la selle.

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RENDEZ-VOUS Comme quoi, au trot, tous les rêves sont permis. 2 groupes III

- Prix Raymond Fouard - 85.000€ - Attelé - 2700 mètres - GP - pour 4 ans n’ayant pas gagné 221.000 € - Prix de Grasse course Européenne - Autostart - Attelé 2700 mètres - GP - pour 5 et 6 Ans n’ayant pas gagné la coquette somme, à cet âge, de 253.000 € - Sans oublier une Epreuve A - Prix de Grosbois - course Européenne- 80.000 € - Attelé 2850m - GP - pour 6 à 10 Ans avec un recul à 315.000€ et fermée à 651.000 euros - En piste, les meilleurs vainqueurs des Quintés courus ces dernières années. On aimerait y retrouver POMEROL DE LAUMAC, un fils de VIKING’WAY (également géniteur de JAG DE BELLOUET le phénomène attelé/monté). Il reste sur un superbe succès acquis le 11 Février 2012 et dispose d’un bon engagement ici. En conclusion, si l’on fait l’addition, une réunion plus magique encore que celle de l’Epreuve Reine ou de l’Elitloppet à Solvalla (Suède) dont il ne faut néanmoins pas minimiser l’impact mondial pour réunir des cracks hors normes.

Foin de digressions, revenons-en à des considérations plus techniques. Le rendez-vous est fixé à 12h15 ce 16 Juin 2012 pour un programme composé de 11 courses. Et qui sait si nos champions à quatre jambes ne vont se faire voler la vedette par mon, par votre, par notre, Le Dieu du Stade Jean-Michel Bazire. Deux grands regrets néanmoins - l’absence de READY CASH, lauréat de l’Amérique et de RAPIDE LE BEL qui ne se rencontreront peut-être jamais. Le premier fait la monte et ne reprendra la compétition qu’à l’automne. Le second est exclu de groupes I du fait de son état de hongre. Il ne pourra en conséquence enthousiasmer au plus haut niveau que les tribunes étrangères. - et de celle de SAN PAIL, un nord-Américain, qui a eu raison du précité dans la Breeders Crown le 30 Octobre 2011. A noter que maître absolu chez lui, il ne s’est jamais déplacé pour jouter en France. Aurait- il peur de nous ?

JOURNEE MYTHIQUE Quoiqu’il en soit, c’est avec un appétit grandissant que j’attends cette après-midi de gala. - plus savoureuse que le meilleur chocolat, la plus belle femme, le plus grandiose des paysages, le plus étincelant diamantAthée convaincu, j’eus l’heur, un jour, de rencontrer le Pape (JR Gougeon) à Vincennes et suis entré en religion. Touché par la grâce, je renouvelle tous les ans mes vœux de baptême lors de cette journée mythique. Il ne m’est pas nécessaire de passer par le confessionnal. J’ai communié à toutes les célébrations de l’année- celle du matin à 11 heures- la Grand-messe de l’après-midi à 13h45 et les Vêpres des mardi et vendredi sur le plateau de Gravelle à 19h55. J’ai fait douce pénitence, égrenant le chapelet des hippodromes français, en particulier celui d’Enghien, où j’ai notamment assisté, cette année, à la victoire de S. Ernault au sulky de MAIN WISE AS dans l’Atlantique. J’ai pratiqué Lisieux, sa basilique et sa corde à main droite, sur le chemin de Caen et de son Prix des Ducs de Normandie (QUAKER JET en 2011), un formidable tremplin pour le René Ballière de ce fameux 16 Juin. Et, comme en politique, réussissent ceux qui savent tourner aussi bien à main gauche qu’à main droite.

Eric Raffin n’aura pas la chance de driver son “crack” Rapide Lebel lors de cette grande journée. Mai/Juin/Juillet HIPPIK N˚1 57


ZOOM

Hippi K Le monde des courses comme vous ne l’avez jamais vu

Des sensations fortes De l’action

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A LA ZOOM

Des couleurs

Le monde des courses

comme vous ne l’avez jamais vu

Des sentiments

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Mode de vie

La plus belle pour le Prix de Diane Chaque année au Prix de Diane, les chapeaux volent presque la vedette aux chevaux...

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Je ne suis pas pour la mode. Je pense que depuis quelques années, chacun se fait son style et son propre look

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ui sera la plus belle pour aller au Prix de Diane ? Chaque année sur l’hippodrome de Chantilly, la célèbre épreuve consacrée aux pouliches de 3 ans fait autant parler d’elle pour son pic-nique chic que pour les courses qui se succèdent. Crée en 1843, le Prix de Diane est d’ailleurs considéré comme le prix de l’élégance et de la distinction, grâce notamment à son défilé de chapeaux, reconnu dans le monde entier. 36 000 personnes (le record) se sont promenées dans le Parc du château de Chantilly l’année dernière, toutes (ou presque) plus élégantes les unes que les autres. Si le chapeau est un peu “le point sur le i” d’une tenue vestimentaire, comme l’explique la créatrice Sandrine Bourg (voir pages 62 et 63),

60 HIPPIK N˚1 Mai/Juin/Juillet

»

il est ce jour de juin, le clou du spectacle. Chacun redoublant d’originalité et de goût (voir parfois de manque de goût), pour être la plus belle ou le plus beau. “Ce jour-là à Chantilly, vous vous faites davantage remarquer si vous ne portez pas de chapeau, que le contraire”, nous racontait cette épouse de modeste propriétaire qui ne manquerait pour rien au monde ce rendez-vous. Si le prix du plus beau chapeau a aujourd’hui disparu, la tradition est restée. Après vous avoir proposé un florilège de belles photos (le Prix de Diane est aussi le paradis des photographes), nous avons surtout chercher à en savoir plus sur la mode des chapeaux. Il est encore temps de suivre les conseils de Sandrine Bourg pour être la plus belle le 17 juin prochain.


Mode de vie

Il y en a pour tous les goûts au château de Chantilly.

S’il finit toujours par prendre le dessus (logique), le chapeau n’est pas forcément au départ l’objet essentiel de l’élégance qui va se chercher jusque dans les plus petites détails...

Charmante bourgeoise qui s’en va pic-niquer lors de l’édition 2011 du Prix de Diane.

Photos : Starface Mai/Juin/Juillet HIPPIK N˚1 61


Mode de vie

Sandrine Bourg (créatrice de mode)

« le chapeau reflète votre personnalité » Texte : Julie Rossi, Photos : Jean-Baptiste Autissier

S

ouvent on pense aux chapeaux comme un accessoire folklorique, mais il n’en est rien. Il y en a pour toutes les bourses. Confectionner un chapeau est un métier à part entière qui est resté très artisanal. Sandrine Bourg fait partie des rares à exercer la profession de modiste. A dix-huit ans, elle décide de prendre la direction de Paris à la Chambre Syndicale de la couture parisienne pour passer son CAP. Elle intègre alors l’atelier de Madame Josette modiste renommée sur la place parisienne. A bout de 7 ans, elle s’envole pour Londres chez un des plus grands, modiste attitré de la reine d’Angleterre, bien connu pour ses chapeaux, notamment à Ascot ou à Epsom. Puis après sept ans passés de l’autre côté de la Manche, elle décide de franchir le pas et de s’installer à son compte à Paris. Considérée comme capitale de la mode, Paris est là où on trouve tous les fournisseurs ainsi que les grands couturiers.

62 HIPPIK N˚1 Mai/Juin/Juillet

On parle de têtes à chapeaux, mythe ou réalité pour vous qui les créEZ ?

Je pense qu’il a un chapeau pour chaque tête et une solution à chaque problème. Un chapeau est une histoire de cœur. Une femme doit être heureuse de porter son chapeau et surtout à l’aise en toutes circonstances. Il y a une expression qui illustre très bien ce que j’ai besoin de ressentir quand je fais un chapeau pour quelqu’un. La personne « doit tomber en amour ». Comment choisir le chapeau idéal pour une occasion ? Conseils.

C’est un peu une question piège. Il faut avant tout vraiment avoir envie de porter un chapeau. Si on vient me voir et que je ne sens pas la personne motivée pour porter un chapeau, je préfère ne pas le créer. J’ai besoin d’avoir un échange avec mes clientes, de les connaître. Un chapeau est un peu comme le reflet de la personnalité.


Mode de vie

Vos clientes vous demandent-elles ce qu’elles veulent ou vous laissent-elles carte blanche ?

Il y a plusieurs cas de figures. La plupart du temps, les femmes ne se connaissent pas bien et ne savent pas comment faire. En revanche, certaines ont l’habitude de se faire faire des chapeaux et me disent ce qu’elles souhaitent ou du moins m’aiguillent. Le choix du chapeau vient souvent en dernier. Les femmes viennent avec une tenue et leurs accessoires, ensuite je m’adapte pour leur faire le chapeau le plus adéquat pour elles. Un chapeau termine une tenue, c’est un peu comme le point sur un I.

Pour quelle occasion particulière porte-t-on un chapeau ?

Les mariages, les baptêmes et autres fêtes, mais également le Prix de Diane. C’est un événement qui est synonyme d’élégance et parfois extravagance, il est donc normal que les chapeaux soient de la partie. Pour ma part, je préfère confectionner des chapeaux élégants plutôt que de réaliser des pièces le plus excentriques possibles.

Pouvez-.vous nous dire quelles sont les tendances de cette année en terme de couleurs de formes et de styles ?

Je ne suis pas pour la mode. Je pense que depuis quelques années, chacun se fait son style et son propre look. Internet et la rue sont devenus une grande source d’inspiration pour les stylistes et par la même occasion pour les modistes. On voit de plus en plus de gens qui portent des chapeaux. Il y en a à présent pour toutes les bourses. On peut trouver des chapeaux très bien dans des magasins de prêt-à-porter comme les Galeries Lafayette ou encore des magasins tels Gap ou H&M.

Créatrice réputée, Sandrine préfère l’élégance à l’excentricité. C’est dans son atelier parisien qu’elle confectionne quelques un des plus beaux chapeaux portés lors du Prix de Diane.

Peut-on utiliser un chapeau plusieurs fois ?

On peut tout à fait mettre un chapeau plusieurs fois. J’encourage souvent mes clientes à prêter leurs chapeaux. Il m’arrive également de changer un ou deux éléments à des chapeaux que j’ai fais, mais je pense que changer totalement un chapeau est un sacrilège, je préfère parler de faire revivre un chapeau. Je ne vends pas, je fais des chapeaux. Le port de chapeau est synonyme d’élégance. Le port du chapeau a une période été un peu désuet ou pensez vous qu’un chapeau est indémodable.

Les modistes sont un peu les parents pauvres de la mode. Dans tous les sens du terme, en effet, comme on vient nous voir en dernier. Les clientes nous disent souvent qu’elles n’ont pas les moyens d’investir des mille et des cents dans un chapeau. Notre métier est moins reconnu que la profession de styliste. Les anglais étaient en quelque sorte les précurseurs dans ce domaine là, mais les choses ont bien évolué. Il y a une sorte de renouveau depuis quelques années. En effet, les années 90 ont été catastrophiques pour nous puisque la tendance était au grunge, donc les chapeaux ne faisaient pas partie de la mouvance. A présent, on voit des chapeaux un peu partout, notamment avec les chanteurs de R&B, même les hommes s’y remettent de plus en plus. Mai/Juin/Juillet HIPPIK N˚1 63


Télévision

Equidia au rythme du

Gras Savoye Grand Steeple-Chase de Paris

Épique, mythique, dramatique... Le Grand Steeple-Chase de Paris est l’une des courses d’obstacle les plus prestigieuses au monde. L’endurance des compétiteurs est mise à rude épreuve avec un périple long de 5800 mètres, jalonné de 23 obstacles dont le redoutable Rail-Ditch and Fence. A trois semaines de la 134ème édition du Grand Steeple, Equidia met les petits plats dans les grands.

P

our la première fois de son histoire, Equidia inaugure un dispositif exclusif destiné à couvrir l’actualité précédant la course évènement. Une rubrique spéciale sera quotidiennement consacrée au Grand Steeple dans les JT de la rédaction avec la participation exceptionnelle de Jacques Ricou. Le quintuple cravache d’or se confiera au micro de Céline Maussang sur chacune des difficultés d’Auteuil. De surcroît, Equidia fait interagir télévision et réseaux sociaux, par exemple via Twitter où un hashtag* a été spécialement créé pour permettre aux passionnés du Grand Steeple de suivre l’information en temps réel. Le matin du 20 mai, Laurent Broomhead et ses experts vous donnent rendez-vous dans la Grande Matinale pour décrypter les chances des prétendants au titre. Ils seront relayés en début d’après-midi par Manuela Jollivet qui assurera la présentation en direct du Grand Prix, assistée du consultant vedette Dominique Vincent, triple vainqueur du Grand Steeple. Le duo pourra compter sur l’œil averti des tours de contrôle de la Butte Mortemart : François Pradeau à au rond de présentation et aux écuries, et Patrick-Alain Sauvat au vestiaire des jockeys. Le chef d’orchestre Gilles Chopard, responsable des grands formats sur Equidia, sera à la baguette pour superviser en coulisses le déroulement des opérations. Enfin pour couronner le tout, les solistes Stéphane Costes et Bernard de Croix vont joueront leur plus beau répertoire pour commenter et ainsi vous faire vivre une course qui s’annonce plus spectaculaire que jamais !

64 HIPPIK N˚1 Mai/Juin/Juillet

Manuela Jollivet assure la présentation en direct. Le premier Grand Steeple Haute Définition de l’histoire Les équipes techniques redoublent d’efforts afin de plonger les téléspectateurs d’Equidia en immersion comme l’explique Jacques Laurent, directeur de production chez Leo Vision : « 29 caméras se chargent de retransmettre la course et de montrer ce qu’il se passe dans les boxes, le rond de présentation et les tribunes. Deux cars télé sont stationnés à proximité de l’hippodrome d’Auteuil : le premier est focalisé sur le traitement des images du Grand Steeple, le second est dédié aux autres courses de la réunion pour s’assurer du déroulement régulier des programmes de la chaîne ». Dans un souci de modernisation de la diffusion télévisuelle, les techniciens ont été équipés de matériel de pointe : « Une caméra super loupe capable de capter jusqu’à 1000 images par seconde permet de proposer aux téléspectateurs de magnifiques ralentis et des mini-caméras de type gopro ont été installées aux abords des obstacles. Les images sont ensuite retransmises à l’aide d’une trentaine de faisceaux numériques. Par ailleurs, afin d’enjoliver la présentation des partants du Grand Steeple, un procédé d’incrustation d’images virtuelles permet de projeter sur la piste les casaques de chacun des protagonistes. Et cerise sur le gâteau, toutes les images seront enregistrées en HD ! Rares sont les évènements sportifs à faire l’objet d’un tel déploiement de moyens ».


Télévision

Grêce à Equidia, vous vivrez le Grand Steeple-Chase comme si vous y étiez

Les confidences des experts Figures emblématiques d’Equidia, Manuela Jollivet et Gianni Caggiula reviennent sur leurs plus grands souvenirs du Grand Steeple Chase de Paris.

avant l’épreuve. Il a fallu que SOS médecins m’administre à quelques heures du direct des piqûres de cortisone pour que je récupère ma voix ! Gianni : La victoire de Sleeping Jack en 2005, qui coïncidait Votre premier Grand Steeple ? d’ailleurs avec la 1500ème de Christophe Pieux et la première Manuela : Le Grand Steeple 1982. J’avais 7 ans et mon père de Jacques Ortet. Emu aux larmes, le professionnel palois me menait à la victoire Metatero pour le compte d’André Fabre. glissait à l’oreille : « J’ai enfin remporté le Grand Steeple. A C’est un souvenir inoubliable ! présent, je suis un entraîneur qui compte ». J’ai même eu la Gianni : C’était en 1978 et j’étais également âgé de 7 ans. chance de caresser le chanfrein du lauréat dans son box. J’assistais à la victoire de Mon Filleul, un cheval entraîné par Bernard Sécly. Je suis devenu un fan inconditionnel de Votre favori de cœur pour l’édition 2012 ? l’homme de Lamorlaye dont je connaissais tous les chevaux Manuela et Gianni : Mid Dancer sans hésiter. C’est un sur le bout des doigts ! cheval polyvalent et complet, l’un des rares à avoir gagné la Grande Course de Haies d’Auteuil et le Grand Steeple. Ce Le Grand Steeple le plus marquant en tant serait fantastique qu’il réalise le triplé et qu’il égale les records que journaliste pour Equidia ? de Hyères III et Katko ! Manuela : En 2006, l’année du premier sacre de Princesse d’Anjou. J’assurais la présentation du Grand Steeple et j’étais * ce prefixe regroupe tous les messages concernant un sujet tellement anxieuse que je suis devenue aphone deux jours particulier sur twitter Mai/Juin/Juillet HIPPIK N˚1 65


HISTOIRE

Si Vincennes m’était conté Par Pierre-Joseph Goetz

D

ans les années 70-80, la fratrie GOUGEON n’avait pas véritablement d’opposants parmi les cash drivers français. Epoque qui vit néanmoins l’éclosion des artistes allemands, les frères Gerard et Roman KRÜGER (très appréciés par Henri LEVESQUE), de Hans FROMMING (OZO/DELMONICA HANOVER) et d’un jeune Belge Joss VERBEECK. Les plus grands propriétaires de l’Hexagone firent appel à leur talent. Joss permit à Albert VIEL de remporter son seul Amérique avec ABO VOLO. Les célèbres couleurs – casaque rose/ toque noire-portées par une génération magique – MON TOURBILLON/MOKTAR/ MARCO BONHEUR- ou encore le fantastique ULTRA DUCAL, pour sa part d’un nez, s’échouaient d’année en année aux portes de la consécration. Il n’en reste pas moins que les GOUGEON furent les premiers grands professionnels français.

Hippi K Le monde des courses comme vous ne l’avez jamais vu

Edité par Panoramic Communication Adresse : 34, rue Kléber 92300 Levallois Perret Tel : 0177635594 contact@hippik-mag.fr Directeur de la publication et de la rédaction : Eddy Eyrignoux e.eyrignoux@hippik-mag.fr redaction@hippik-mag.fr RÉDACTION Rédacteur en Chef : Stéphane Désenclos s.desenclos@ hippik-mag.fr Ont collaboré à ce numéro : Pierre-Joseph Goetz, Julie Rosi, Henry Lamyr, Céline Maussang, Philippe Chevalier, Alexandra Lombard Maquette : FtoDesign Photo : Panoramic, sauf mention spéciale FABRICATION Impression Imprimerie RAS 6, avenue de Tissonvilliers 95400 Villiers-le-Bel Toute reproduction, même partielle, des articles et iconographies publiés dans HIPPIK sans l’accord écrit de la société éditrice est interdite, conformément à la loi du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et artistique. La rédaction ne retourne pas les documents et n’est pas responsable de la perte ou de la détérioration des textes et photos qui lui ont été adressés pour appréciation. Nº de commission paritaire : en cours NºISSN : en cours Dépôt légal à parution

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Précurseurs d’une ère nouvelle

21 victoires d’affilée pour le tandem JR- OURASI

L’aîné Jean-René, driver et coach perfectionniste, concocta de nouvelles manières de travailler les trotteurs ce qui fut d’ailleurs également le cas de Pierre-Désiré Allaire (GRANDPRE/ FAKIR DU VIVIER), grand découvreur d’une certaine UNE DE MAI soigneur hors pair et d’une passion si communicative qu’il agrémenta le salon des propriétaires de célébrités telles Michel SARDOU, Mireille DARC, Alain DELON. Le cadet, Michel-Marcel dit Minou, un Fakir tant entre les brancards que sur la selle (FANDANGO, détenteur du plus grand nombre de victoires consécutives -38/l’étonnante QUEILA GEDE, la diva des plus grandes courses montées qui aura raison, avec aux rênes Roger BAUDRON, de l’invincible OURASI drivé pour la dernière fois par JR dans un Amérique mémorable. L’année suivante, le roi déchu récupèrera sa couronne à 10 ans avec Minou). Minou qui n’avait pas son pareil pour anticiper une faute ou remettre son partenaire en deux trois mouvements dans les allures. La légende laisse entendre qu’il mettait sciemment son cheval à la faute afin de lui permettre de souffler dans l’ultime virage et de repartir de plus belle dans la ligne droite.

Le Roi OURASI, cheval brutal, sujet à des coliques néphrétiques (sans doute la raison de son caractère fort ombrageux) et peu maniable. Il lui fallait tourner très progressivement autour de ses adversaires mais, quand il enclenchait le turbo, n’en faisait qu’une bouchée sur les grands boulevards. A contrario, avec UNE DE MAI, des parcours tout en souplesse. Mais de victoire dans l’Amérique, il n’y en eut point. La course d’attente en tête, où JR excellait, s’avéra la meilleure tactique pour HADOL DU VIVIER / ROQUEPINE (Henri LEVESQUE l’avait choisi comme son cash driver) et autre BELLINO II, et ce même si ce dernier se voyait tenu parfois de rendre de 25 à 75 mètres. Ce dont d’ailleurs il fit fi avec succès. Une indécence, à mon sentiment, qu’un tel surcroît de distance à combler pour les cracks de l’époque Aurait-t-on, même un instant, envisagé d’infliger ces conditions extrêmes à leurs homologues humains sur les pistes d’athlétisme ! Et pourtant, ils ont vaillamment porté haut les couleurs de leurs maisons respectives jusqu’à leurs 10 ans, date de la retraite en France.


Hippi K Le monde des courses comme vous ne l’avez jamais vu

Hippik N°2 SERA EN KIOSQUES

LE 4 août



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