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Un plan intégral pour le Barranco de Las Peñitas et Ajuy
FMHOY - Fuerteventura
Le Barranco de la Peñitas et sa continuité avec celui d’Ajuy et sa végétation sur ses coteaux, les palmiers et les gavias (champs avec des retenues d’eau) proches, est un endroit essentiel pour comprendre l’avenir géologique, culturel et de Biodiversité de l’île de Fuerteventura.
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¡Agua, agua, agua! Tal es la magua; / Que oprime el pecho de esta gente pobre; / Agua, Señor aunque sea salobre; / ¿para qué tierra, si les falta el agua?
De l’eau, de l’eau, de l’eau ! Quelle tristesse ;/Qui opprime la poitrine des gens pauvres ;/De l’eau, Seigneur, même si elle est salée ;/Pourquoi voulez-vous de la terre, si vous n’avez pas d’eau ?
Voici un vers de Miguel de Unamuno, qu’on retrouve dans la préface du livre « la cultura del agua » (la culture de l’eau) publié par le Cabildo de Fuerteventura, en 2015. Parce qu’il s’agit depuis toujours d’un des éléments définitionnels de l’île aride de Fuerteventura.
L’histoire nous montre le long chemin parcouru. Nous sommes passés du trinôme : pluie/sècheresse/émigration, à celui d’eau naturelle/eau industrielle dessalée/ immigration (avec le coût énergétique corollaire, la pollution atmosphérique et la consommation du territoire), puis à cet autre trinôme : eau/énergie renouvelable/ changement climatique.
En fait, en 2023, nous sommes en mesure d’aborder le problème de l’eau de plusieurs perspectives. L’eau comme facteur limitateur du développement, surtout concernant la production des aliments et le développement du secteur tertiaire, mais également comme opportunité pour innover avec des systèmes d’économie, de dépuration, d’agriculture écologique et de re-végétation. L’eau, ou plutôt, le manque d’eau comme facteur inhérent à la survie des populations, de conflits internationaux et d’émigrations ou comme facteur de transfert de connaissances, comme outil de transformation sociale et d’amitié entre les peuples. Le manque d’eau comme conséquence des changements climatiques et abondance extrême avec des phénomènes de pluies et d’inondations, ou d’adaptation et de mitigation face à ces conditions. En définitive, l’eau nous conditionne et nous devons aborder cet élément déterminant comme un défi et également comme une motivation pour développer de nouvelles stratégies qui combinent la nature, les connaissances et le développement économique, pour convertir les Canaries en laboratoire de la culture de l’eau renouvelable, décarbonatée et qui reverdit nos champs et nos villages. Cet ambitieux Plan Intégral de régénération du Barranco vise à unir les connaissances techniques, le savoir de la population, les prévisions climatiques futures, l’agroécologie et la socioéconomie. Tout cela en recherchant les meilleures connaissances disponibles sur la régénération, la remise en état des Barrancos en un lieu de grande signification environnemental et culturel pour l’île de Fuerteventura, comme c’est le cas avec ce barranco.
En appliquant les meilleures techniques de remise en état des écosystèmes des lits de rivières (Barrancos) et la réduction du risque d’inondation des zones urbaines de Rio Palmas et d’Ajuy, grâce à des solutions basées sur la nature.
En créant des actions significatives en matière d’utilisation durable et efficace de l’eau qui passe par le Barranco, qui aide à l’infiltration et à la remise à niveau de l’aquifère de l’île.
Un autre aspect important est d’aborder la prévention de la perte du sol fertile causée par les grandes coulées créées par les pluies torrentielles qui passent par les Barrancos, et la désertification en replantant de la végétation.
Et, en dernier, présenter des propositions d’actions qui auront un impact socioéconomique positif et aideront à la diminution de la dépopulation et la fracture générationnelle, en créant des opportunités avec l’agroécologie et la valorisation du paysage culturel. Il y a aussi l’amélioration agricole avec la révision et la mise en valeur des structures agricoles traditionnelles comme les gavias et les nateros (champs conçus avec des retenues d’eau).
Le plan agira aussi sur les aspects environnementaux pour améliorer la préservation de la riche biodiversité du Barranco, notamment les palmiers endémiques Phoenix canariensis de Rio Palmas, de Madre del Agua et d’Ajuy, qui souffrent de stress hydrique.
L’équipe de chercheurs et d’ingénieurs sera formée d’un prestigieux groupe d’ingénieurs hydrauliques des Ecologistas en Acción (Écologistes en action), mené par Santiago Martín Barajas à qui le Conseil pour la Transition Écologique et pour la Lutte contre le Changement Climatique a demandé d’élaborer ce plan. Il sera accompagné d’Eugenio Reyes de BemMajec-EA, en tant qu’expert en flore des Canaries et participation de la population, et de Tony Gallardo de AVANFUER-EA, en tant qu’expert de l’agencement des espaces naturels et de la Réserve de Biosphère. Il a d’ailleurs commencé ses travaux avec une visite sur le terrain depuis le Couvent de San Buenaventura jusqu’à l’embouchure sur la plage d’Ajuy, pour effectuer une analyse des endroits importants comme la zone de La Alberca et le barrage de Las Peñitas.