Le Petit Cinévore 04

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Le premier hebdo cinéma 100% gratuit - Tous les mardis sur GuidesGratuits.com

LE PETIT

CINEVORE

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N°04 - Semaine du 2 au 8 mars 2011


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L’Intégrale de la Saga sera disponible en qualité Blu-ray en Septembre 2011 Commandez-la dès aujourd’hui pour la recevoir le jour de la sortie !


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Le numéro 4

Découvrez le premier magazine cinéma qui ne vous donnera pas une seule nouvelle des Césars, des Oscars, des Gérards, des Razzies... Les remises de prix, qu’elles soient sérieuses ou pas, ça nous gonfle. C’est comme ça... On préfère passer notre temps à vous parler de ce qui arrive plutôt que de revenir sur ce que vous avez déjà vu (ou volontairement évité, non ?). On attends plus que jamais vos avis, critiques, idées, par mail sur cinevore@funtribe.com ! Vous pouvez aussi proposer vos articles et critiques, les meilleurs seront diffusés et récompensés ! è

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Premières images

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Rise of the Apes De : Rupert Wyatt Avec : James Franco, John Lithgow, Freida Pinto... Sortie le 30 novembre 2011

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est le retour de la Planète des Singes à la Fox ! Après un remake signé Tim Burton, cette nouvelle version se déroulera de nos jours, alors qu’un scientifique mène des expériences pour rendre les singes intelligents. S’en suivra une véritable guerre avec les humains pour la suprématie ! En dehors de la présence de James Franco, le film devrait offrir une nouvelle vision du monde inspiré par le roman de Pierre Boule, grâce au travail de Weta Digital qui, fort de l’expérience acquise sur Avatar, proposera pour la première fois des singes en images de synthèse et non des acteurs grimés !

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Premières images

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Very Bad Trip 2

De : Todd Phillips Avec Bradley Cooper, Zach Galifianakis, Ed Helms, Justin Bartha, Ken Jeong... Sortie le 8 juin 2011

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hil, Stu, Alan et Doug s’offrent un voyage exotique en Thaïlande, à l’occasion du mariage de Stu. Après l’inoubliable soirée d’enterrement de sa vie de garçon à Las Vegas, Stu ne veut rien laisser au hasard et opte pour un brunch léger, sans risque, avant la cérémonie. Bien sûr, rien ne se passera comme prévu !

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News

Sucker Punch s’affiche !

Short Toys

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es héros de Toy Story seront de retour dans deux courts-métrages ! Le premier sera présenté en introduction de Cars 2, et permet de retrouver nos héros en vacances à Hawaii. Le second court sera présenté en ouverture du nouveau film des Muppets.

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e prochain film de Zack « Watchmen » Snyder continue d’affoler les fans ! Après des bandesannonces que certains regardent en boucle tant c’est du bonheur, le marketing prend maintenant le relai en offrant de nouvelles affiches teasing très régulièrement ! La nouvelle série, ambiance « seconde guerre mondiale », est encore une réussite et continue parfaitement à abreuver les fans en attendant le 30 mars pour découvrir enfin le film !

Chaud 2012 !

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i l’année 2012 nous laisse vivre jusqu’à l’été, ce serait pas mal ! Le line-up des blockbusters américains a effectivement de quoi faire envie. Au programme donc, Men In Black 3 (en 3D), The Amazing Spider-Man ou encore une nouvelle version de Total Recall avec Colin Farrell. On pourra aussi se délecter d’un The Bourne Legacy, dont le rôle de Jason Bourne pourrait être interprété par Shia LaBeouf, même si les noms de Jake Gyllenhaal et Tobey Maguire sont également régulièrement cités !

En bref

Après les frères Coen, c’est à Quentin Tatentino de s’attaquer au western pour un nouveau film qui lorgnerait plus du côté du western spaghetti et qui nous permettra de retrouver l’excellent Christoph Waltz ! Christopher Nolan et Zack Snyder, producteur et réalisateur du nouveau Superman reboot, souhaitent que le Général Zod soit le méchant du film. Et tous les deux espèrent bien convaincre Viggo Mortensen de rejoindre l’aventure ! A condition que le planning très chargé de l’acteur le permette... Jon M. Chu, le réalisateur de Justin Bieber : Never Say Never, vient d’être propulsé aux commandes de la suite de G.I. Joe, annoncé pour 2012. Nicolas Cage reprend son rôle dans Ghost Rider: Spirit of Vengeance, suite du premier du nom. Voilà qui ne nous excite pas plus que ça ! Louis Leterrier prend les commandes du film catastrophe de science-fction G. Le projet serait un croisement entre Le Jour d’après et Taken ! Rien que ça... 24 : le film, pourrait finalement bien être réalisé ! Encore mieux, selon Kiefer Sutherland, l’ami Tony Scott pourrait même être aux commandes. Les adieux de Jack Bauer pourraient être finalement plus musclés que prévu ! Après son jeu vidéo phare Resident Evil, c’est la saga Devil May Cry de Capcom qui devrait être adaptée au cinéma, pour le bonheur des fans d’action horrifique !

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Nazes en série ! L’

éternel problème des films de super-héros, c’est le vivier disponible chez Marvel ou DC Comics qui permet à tout le monde de se lancer dans la bataille. Hélas, pour un Batman, un Iron Man ou un Watchmen, combien de Daredevil et de Ghost Rider ? Dans la catégorie «on y croit pas», voici venir Thor, le super-héros nordique, dont la vraie curiosité est d’être réalisé par Kenneth Branagh et de nous offrir une dose de Natalie Portman... Et Captain America... No comment !

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UNE PURE AFFAIRE è 10


Un avocat à l’existence monotone découvre un sac rempli de drogue. Une trouvaille qui va enfin lui permettre de vivre la vie dont il rêve pour sa famille… Le synopsis faisait envie : grâce à une réalisation maîtrisée et un casting impeccable, c’est encore mieux que ça ! La comédie est acide, parfaitement amorale et pertinente. C’est très politiquement incorrect, et méchamment drôle.

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avid Pelame se rêvait grand avocat, avec voiture de luxe et grande vie. Transparent et inoffensif, il n’est qu’un avocat de plus dans un grand cabinet où son cruel manque de charisme lui vaut de faire partie du décor. Une femme, deux enfants, un pavillon : David s’est enfermé dans une vie de famille d’une plate monotonie, où le seul piment à la forme de cigarettes, fumées en cachette au sous-sol… David ne peut cependant pas se sortir de la tête qu’il méritait mieux, et désespère d’une seconde chance. Qui lui tombe dessus de la manière la plus étrange, un soir de Noël. Alors qu’il promène son chien, il se retrouve en possession d’un sac rempli de drogue, et d’un téléphone bourdonnant des appels d’acheteurs impatients. Très vite, David envisage le contenu de ce sac comme une option très rémunératrice pour ajouter du frisson dans sa vie, et du beurre dans les épinards de la petite famille. Mais on ne s’improvise pas dealer si facilement. Encore que. David fait ses premières armes sous le nom de Goliath, armé d’une amabilité

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exemplaire. Une activité qui va vite manger tout son temps libre, jusqu’à éveiller les soupçons de sa femme. La colère calmée après quelques explications, celle-ci ne tarde pas à se laisser séduire à son tour, ajoutant à l’opération un pragmatisme de mère de famille… Une pure affaire est un film à savourer sans retenue parce qu’il incarne ce que tant d’autres voudraient paraître : avec candeur, tendresse et humanité, il est profondément amoral. Lorsque les Pelame, modèle formaté de la famille au-dessus de tout soupçon, s’accommodent à merveille de trafiquer de l’héroïne, ils le font avec une bonne conscience immaculée. Maladroits et pleins de bonne volonté, ils s’attaquent à ce commerce comme on livrerait des pizzas. Et la bonne surprise ne s’arrête pas là, car le film ne se contente pas d’accumuler les situations hilarantes, il joue aussi avec. Teintant la comédie de frissons menaçants, qu’il s’agisse d’un gamin en manque ou d’un gros mafieux flippant à souhait, le film est


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è toujours en phase avec la réalité. Évitant dans la foulée le malsain et l’éloge de la drogue ou de ce succès si facile. Les zygomatiques au beau fixe, il enfonce carrément le clou de l’idéal contemporain de la réussite. L’argent a si peu d’odeur de nos jours qu’après tout, une ascension sociale en vaut bien une autre… Et si, fidèle à la nouvelle Britannique dont il s’inspire, le film ne manque pas de mettre ses héros face à leurs responsabilités, il ose, plaisir suprême, en changer la conclusion. Une pure affaire assume son immoralité jusqu’au mot fin ! Pour tenir la note d’une comédie aussi innocemment venimeuse, il fallait des acteurs qui nous épargnent la caricature, mais sachent profiter de tous les clichés. En David Pelame, François Damiens nous livre une formidable composition : pathétique, mais terriblement attachant, on ne doute à aucun moment de son bon coeur. Acolyte parfaite, Pascale Arbillot révèle sous ses dehors de mère de famille rangée une énergie et une fraîcheur qui

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force l’admiration. Ces deux natures comiques pourtant si différentes s’accordent à merveille. Le casting qui les entoure ne souffre de fait d’aucune fausse note : on apprécie tout particulièrement Gilles Cohen, génialement inquiétant en malfaisant suprême, et Laurent Lafitte en super « winner » qu’on aimerait tant baffer à tour de bras... Une pure affaire est une production Quad, qui est en train de devenir une référence en la matière puisqu’à l’origine de cartons comme Tellement Proche ou L’arnacoeur. Des producteurs au feeling décidément sûr : Une pure affaire est un premier film pour son réalisateur. Que dire de plus sinon : encore !

L’avis du Petit Cinévore Dans une société en crise où la réussite se compte uniquement en billets de banque, Une Pure Affaire invite une famille respectable à s’investir dans le trafic de drogue. Et la vocation leur vient tout naturellement, sans le moindre problème de conscience ! Enfin une comédie franchement immorale où le rire est aussi joyeux qu’acide. En parents indignes, Damiens et Arbillot sont formidables. C.M.


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Infos

Comédie Réalisé par Alexandre Coffre Avec François Damiens, Pascale Arbillot, Laurent Lafitte, Gilles Cohen… Durée : 1h28 Sortie en salles le 2 mars 2011 Internet : www.unepureaffaire-lefilm.com

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Amis d’enfance liés par un destin commun, un garçon et deux filles découvrent l’atroce réalité de leur ra d’être… Fidèle au livre de Ishiguro ison , l’argument du fantastique est déto urné au profit du portrait poignant d’une jeunesse sacrifiée, dévoilant peu à peu une société aussi paisible qu’effrayante. Un scénario intrigant à souhait, servi par une atmosphère fascinant e et des personnages qui ne vous quittent plus.

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athy, Ruth et Tommy grandissent à Hailsham, un pensionnat coupé du monde où ils sont choyés et protégés de tout. Au point que les plus atroces menaces pèsent sur tous ceux qui en franchiraient les limites... Du monde extérieur ils ne savent rien. Et d’eux-mêmes, ils savent seulement qu’ils sont destinés à un avenir exceptionnel, qu’ils sauveront des vies. Alors que l’adolescence aiguise les attirances entre les jeunes gens, les trois amis quittent enfin le havre de paix d’Hailsham pour un cottage partagé par de jeunes adultes comme eux. En même temps qu’ils font l’apprentissage de la maturité, du sexe, des aspirations à la vie de couple, ils se familiarisent avec leur vocation « d’aidants ». La réalité de leur condition leur apparaît peu à peu de plus en plus cruellement : ils ne sont que des répliques biologiques vouées à guérir et soigner en donnant leurs organes, subissant la mauvaise conscience d’une population bien consciente de la situation. Certains, comme Kathy, choisissent même d’accompagner les donneurs au cours de leur chemin de croix, en attendant de donner ses organes à son tour. Clefs d’une révolution médicale qui a changé la

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société, ils sont voués à disparaître pour que d’autres vivent. Et seul l’amour qu’ils nourrissent les uns pour les autres leur permet de donne une raison à tout cela… Ne vous couvrez pas de ridicule. Non, Kazuo Ishiguro n’est pas le nouveau mangaka en vogue. Ishiguro est un écrivain britannique, et très probablement l’un des plus marquants de ce siècle. En 6 romans seulement, il s’est imposé comme une plume majeure de la littérature contemporaine, et son dernier roman, Never let me go (Auprès de moi toujours, édition Stock), l’une de ses plus belles réussites. Après Les vestiges du jour, adapté avec brio par James Ivory, c’est au tour de ce roman inclassable de séduire le septième art. Inclassable parce qu’Ichiguro y détourne un genre, la science-fiction, pour construire une bouleversante parabole sur la condition humaine, la notion de vie, de sacrifice, de dignité aussi. Une intrigue construite autour d’un thème qui tient de l’anticipation, mais qui apparaît si proche de nos préoccupations qu’il en devient immédiatement pertinent. Si les greffes d’organe devenaient la panacée pour une vie future,


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è qu’adviendrait-il de ceux qui seront conçus pour porter ces organes ? À l’heure des « bébés médicaments », la question est brûlante. Le réalisateur Mark Romanek et le scénariste Alex Garland se sont attachés à en reprendre plus que l’intrigue de Ichiguro : raffinement de la mise en scène, soin apporté aux atmosphères parfaitement intemporelles, ils se sont visiblement inspirés du style narratif de Ichiguro.

des acteurs apporte beaucoup au récit. Touchant, Andrew Garfield conserve la fraîcheur d’un petit garçon rêveur jusqu’à sa fin, et Keira Knightley compose un fascinant personnage, terriblement douloureux. Mais c’est Carey Mulligan qui nous touche au cœur, lumineuse de douceur et de bonté. Et plus ces trois-là se soumettent, plus le spectateur a les tripes qui se tordent pour eux... Avec ces atours de fables morbides, Never let me go est un appel à la vigilance, à la réflexion. Une réflexion brillante sur la valeur de la vie. Ainsi qu’une invitation à lire les livres de Kazuo Ishiguro, ce que l’on ne saurait trop vous conseiller.

C’est très audacieux, mais finalement convaincant. Nous sommes piégés dans un livre d’images trop apaisant et chaleureux pour être honnête, avant que peu à peu, la vérité apparaisse… Le rythme est mesuré, pas trop lent, mais surtout construit avec une rigueur chronologique aussi inexorable que le sort de ses héros. Des personnages Sous ses allures terriblement british et si aimable, l’intrigue dévoile bouleversants, car sacrifiés au nom du son venin au fur et à mesure que ses personnages sacrifiés nous mythe de la vie éternelle, ils n’expriment touchent par leur calvaire. Avec une économie d’effet surprenante, aucune révolte. Par éducation ou parce plus proche de la fable que de la SF, l’intrigue se construit qu’il n’y aucune autre option, ils subissent, même après avoir renoncé à l’ignorance habilement, évoquant des préoccupations qui seront tôt ou tard de l’enfance, même lorsque l’amoralité de les nôtres. Qui prend toute sa force par la fragilité de ce « miracle » devient évidente. Le talent F.L. ses personnages.

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Drame Réalisé par Mark Romanek Avec Carey Mulligan, Andrew Garfield, Keira Knightley, Charlotte Rampling… Durée : 1h43 Sortie en salles le 2 mars 2011 Internet : www.neverletmego-lefilm.com

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Deux vieux ados anglais s’offrent la tournée américaine des lieux cultes de la science-fiction. Et rencontrent Paul, un authentique Alien en fuite… C’est au réalisateur de Supergrave que le duo Pegg/Forst s’acoquine pour cette comédie épatante, tout entière à la gloire de la SF et des films sur les extraterrestres. Un road movie d’autant plus réussi que Paul est un E.T. déglingué très convaincant.

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raeme et Clive sont potes depuis toujours, et partagent une passion débordante pour la science-fiction. Une addiction adolescente que ces deux Anglais couronnent en s’offrant un voyage pour le fameux Comic-Con. Et pour que leur séjour aux États-Unis soit parfait, les deux dévoreurs de comics louent un camping-car afin de visiter tous ces lieux qui ont marqué les grandes heures de l’ufologie… Ballade dont le point d’orgue est un accident de voiture. Dont émerge un alien. Qui une fois la panique passée, s’avère extrêmement… commun. Il boit, il fume, son humour bien tassé n’est pas toujours de très bon goût, et il se montre vite extrêmement familier. Ce qui est compréhensible puisqu’il est enfermé depuis 60 ans dans une base militaire secrète, « invité » par le gouvernement américain à partager ses connaissances. Il ne compte plus les inventions qu’il a initiées, les extra-terrestres de cinéma qui lui ressemblent. LE alien originel, c’est lui ! Et maintenant qu’il n’a plus rien à offrir à ses geôliers, il doit filer d’urgence et rentrer chez lui. Rendez-vous est pris avec ses sauveurs, mais il doit d’abord échapper à ceux qui le traquent. Pas mal

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crétins, ces « hommes en noir » n’en sont pas moins implacables. Pour se sauver, Paul ne peut compter que sur Graeme et Clive… Le duo Simon Pegg/Nick Forst est enfin reformé, et s’est forcément une très bonne nouvelle ! Après avoir revisité le film de zombie et le film d’action, les voilà qui s’attaquent à cette science-fiction qu’ils adorent, invitant l’archétype de l’alien à les rejoindre dans un road movie mouvementé à souhait. Véritable film de geeks, Paul est une gourmandise pour tous les cinglés de SF, les drogués de Star Wars, Star Trek et autres X-Files, tous ses fanas insatiables qui vont au Comi-Con comme d’autres partent en pèlerinage. Pour donner un exemple, lorsque Paul s’entretient avec Spielberg au téléphone, c’est le vrai Steven qui cause dans le poste… Multipliant à rythme soutenu références et clins d’œil, le duo enchaîne les gags qui ne sont pas toujours d’une inspiration égale, mais déboulent à un tel rythme que l’on néglige vite les petites baisses de régime. Paul laisse au spectateur cet agréable sentiment de rigoler autant que ceux qui


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è ont fait le film… La comédie est réussie et si on apprécie la façon dont le film soigne le cas des fondamentalistes religieux antidarwiniens, on peut trouver le résultat un peu trop inoffensif, juste un peu moins impertinent que dans leurs précédentes collaborations. Serait-ce l’effet de s’être expatrié chez l’Oncle Sam ? En quelque sorte, car ça n’est pas là le dernier volet de la Blood and Ice Cream Trilogy !

de Paul l’extraterrestre. Mais est beaucoup aidé en cela par une intégration de la créature passablement irréprochable. Pour la VF, notons que la voix de Paul a été confiée à Philippe Manœuvre, ce qui ne manque pas d’audace ! L’équipe fonctionne bien, d’autant qu’elle peut compter sur des seconds rôles à la hauteur parmi lesquels des bras cassés du FBI comme on aime, Jason Bateman en flingueur assermenté, et dans le rôle de la grande méchante, l’incontournable Sigourney Weaver. Plus personne n’ignore désormais que les extraterrestres sont parmi nous, qu’ils fument des joints, boivent de la bière, et trouvent rigolo de montrer leurs fesses. On n’en attendait pas moins de Pegg et Frost…

Pour qui l’ignorerait encore, cette trilogie annoncée se compose des films écrits par Simon Pegg et Edgar Wright, réalisés par ce dernier et interprétés par Simon Pegg et Nick Forst. Aussi appelé la Three Flavours Cornetto Trilogy – la « trilogie aux cornets aux trois saveurs »… - de par la présence systématique du célèbre cornet de glace d’une saveur spécifique pour chaque film. Rouge Fraise pour Shaun of the dead, bleu classique pour Hot Fuzz, et on attend Sans leur complice Edgar Wright, le duo Pegg / Frost impatiemment le chocolat à la menthe du s’expatrie chez l’Oncle Sam devant la caméra du réalisateur The world’s End à venir… Pour Paul, le duo britannique passe devant la caméra de Greg d’Adventureland, mais leur sens du délire ne faillit pas. Mottola, heureux réalisateur de Superbad et On s’amuse de bon cœur à suivre la fuite de ce E.T. politiquement Adventureland. Une influence américaine incorrect, où les vrais extra-terrestres sont souvent les américains renforcée par l’omniprésence de Seth Rogen, eux-mêmes… Très fun. qui s’efface à peine derrière l’interprétation F.L.

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Comédie Réalisé par Greg Mottola Avec Simon Pegg, Nick Frost, Jane Lynch, Jason Bateman… Durée : 1h42 Sortie en salles le 2 mars 2011

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À Berlin pour une conférence, un scientifique américain est victime d’un accident de voiture. À son réveil, personne ne le reconnaît, pas même sa femme… Adaptant un roman de Didier Van Cauwelart, le réalisateur de l’épatant Esther construit un thriller qui préfère l’action à la psychologie. Le résultat n’en est pas moins plaisant. 29


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ttendu à Berlin pour une conférence importante sur la biologie, le docteur Martin Harris égare la mallette contenant ses papiers. Laissant sa femme à leur hôtel, il repart immédiatement pour l’aéroport dans le taxi d’une jeune femme. Sur la route, la voiture fait une violente sortie de route et finit dans le fleuve. Harris ne doit la vie qu’à l’énergie de la conductrice, qui s’éclipse sitôt les secours arrivés sur place. Lorsque Harris se réveille de 4 jours de comas, sa mémoire est encore fragile. Mais il tient à tout prix à retrouver sa femme à leur hôtel. C’est le début de son cauchemar : le Docteur Harris est déjà là, discutant dans le salon avec les autres invités de la conférence. Et lorsqu’il se présente à sa femme, celle-ci affirme ne l’avoir jamais vu. Alors qu’il s’enfuit dans les rues de Berlin, Harris n’a plus qu’une piste pour ne pas devenir

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fou : retrouver la conductrice du taxi dans lequel il a eu l’accident… Il était inévitable que « Hors de moi », le roman de Didier Van Cauwelart, soit adapté en film. Cet ingénieux suspens n’attendait que le bon réalisateur pour cela. Et Jaume Collet-Serra est un excellent choix. Après Esther, petit bijou horrifique, il y avait là matière à prendre aux tripes le spectateur. Si le résultat ne manque pas d’efficacité, on peut être plus nuancé sur les choix de l’adaptation. Avant même d’explorer les raisons de ce cauchemar, le film se devait de savourer ces heures de panique paranoïaque où le héros est le seul à être convaincu de son identité. De fait, la première partie est très plaisante, et en homme fébrile, vacillant au bord de la folie, Liam Neeson est assez convaincant.


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è On regrette par contre que le film n’en profite pas pour plonger bien plus loin dans l’abîme. Le décor d’un Berlin en hiver s’y prêtait à merveille. Mais assez vite, un peu trop sûrement, l’intrigue psychologique cède le pas à l’action, les dangers s’accumulant à toute vitesse pour l’amnésique. Sur ce périlleux parcours intervient un autre personnage bigrement intéressant : Ersnt Jurgen, ex de la Stasi fier de son passé devenu détective besogneux. Rôle confié, idée géniale, à Bruno Ganz, mais qui a juste le temps d’installer son personnage et de servir quelques explications essentielles. Dommage.

Aidan Quinn et Frank Langella ne déméritent pas, jusqu’à un final qui plaira aux amateurs de gros effets. Est-ce à cause de cette affiche séduisante ? Mais on pense plus à Taken qu’à Frantic après avoir vu ce Sans Identité. Et si l’on regrette un manque de finesse et quelques raccourcis qui ne profitent pas de tout le potentiel de ce fascinant piège, le film accroche l’attention sans faute et nous emporte sans difficulté jusqu’à un dénouement pas trop prévisible, ce qui est appréciable.

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Le choix du réalisateur convient cependant à Liam Neeson, décidément très à l’aise dans le registre de l’action. Un héros bien servi par le soutien de Diane Kruger, finalement convaincante en belle immigrée clandestine et solide compagnon de mésaventure. Face à eux, la belle January Jones (Mad Men),

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Liam Neeson est l’acteur idéal pour ce suspens habile, et le réalisateur de Esther un bon choix. Mais on regrette que le film quitte un peu vite la noirceur d’une folie latente au profit du polar et de l’action. Les amateurs de Taken vont apprécier, les inconditionnels de Frantic peut-être un peu moins. Le résultat reste convaincant. F.L.


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Thriller Réalisé par Jaume Collet-Serra Avec Liam Neeson, Diane Kruger, January Jones, Bruno Ganz… Durée : 1h50 Site internet : www.sansidentite-lefilm.com Sortie en salles le 2 mars 2011

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Sitôt libéré de prison, un colosse très en rogne monte dans sa voiture et se lance dans une série de meurtres vengeurs. La police tente de l’arrêter... Finies les bluettes pour The Rock ! Le flingue en pogne, Dwayne Johnson mène tambour battant ce film d’action à l’ancienne. Pas d’une grande légèreté, mais bigrement efficace !

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l n’a pas de nom. Juste une tonne de muscles menaçants et un regard de colère. Et c’est son dernier jour de prison. Une prison où il n’a pas perdu son temps : régnant sur les trafics, il a accumulé un beau pécule. Au prix de quelques membres brisés parmi ses compagnons de cellule, qui saluent son départ de toute leur haine. Sitôt sorti de la prison, bouillonnant d’impatience et de rage, c’est en courant qu’il se met en route. Jusqu’à la casse où est planquée sa voiture. Sitôt que le moteur a redémarré, il redevient « Le Conducteur » et part pour sa mortelle croisade. Chauffeur lors d’un braquage pour lequel il a été condamné, il a vu son frère être abattu par des voleurs venus voler les voleurs. Et les tuer. Il a survécu à une balle dans la tête, et entend venger son frère en tuant chaque membre du gang. Un massacre qui commence quelques heures après sa sortie de prison… Lui est Flic. On ne le devine guère à sa façon de se droguer. Pourtant, il fait des efforts, pour être un père moins minable, un ex moins méprisable. À quelques heures de la retraite, les meurtres du Conducteur vont le pousser à redevenir le flic qu’il était…

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Dans la catégorie du surbodybuildé, du titan au bord de l’explosion de testostérone, rares sont ceux qui peuvent s’imposer sur grand écran autrement qu’en faire-valoir. Le plus crédible étant indubitablement Dwayne Johnson, ex-icône du ring sous le nom de The Rock. Mais ces dernières années, ses nombreux admirateurs se faisaient du mouron pour le chérubin, qui n’en finissait plus d’explorer un réel potentiel comique. De Maxi Papa à Fée malgré lui, l’escalade devenait préoccupante ! Dwayne était-il perdu pour la baston et les grandeurs de l’écartèlement à mains nues ? C’est comme le vélo : ça ne s’oublie pas. Et c’est un The Rock en pleine forme, monolithique à souhait, qui prend les commandes de ce Faster entièrement dévoué à un héros taciturne et monomaniaque à la psychologie aussi épaisse qu’un comics. Vu par la tranche. De ce genre d’histoire où les personnages principaux sont si carrés, si aisément identifiables, qu’ils n’ont même pas besoin de nom… Et même si on aurait aimé une intrigue un peu moins prévisible, le résultat est fort agréable. D’autant qu’il est bien entouré Le Conducteur : par un Flic en fin de parcours


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è incarné par Billy Bob Thornton, et un Tueur professionnel assez surprenant, esthète du cadavre joué par Oliver JacksonCohen. Un joli trio de mecs foncièrement infréquentables.

Food, Barbershop…) et pour un film historico-consternant, Les chemin de la dignité. Après Notorious Big, Tillman semble se plaire dans l’action pure. C’est prometteur. Amateurs de chevauchées sanglantes et de règlements de compte entre bûcherons, voilà un film qui devrait vous rassasier. Avec en vedette un Dwayne Johnson qui n’a rien à envier au Terminator. Version robot.

Une fois n’est pas coutume, les femmes ont des rôles secondaires, mais intéressants, qu’il s’agisse de la flic Carla Gugino, de la sulfureuse et bienveillante tueuse jouée par Maggie Grace, de l’ex-femme du héros (Jennifer Carpenter), ou du flic (épatante Moon Bloodgood). Mais à bien y réfléchir, la meilleure surprise vient de derrière la Une vengeance à 100 à l’heure, un héros qui pense avec ses biceps caméra, puisque ce road movie velu, et qui nous épargne agréablement les couplets de et qui parle avec son flingue, des tas de gens infréquentables et la police qui compte les points, ça vous tente ? Faster nous épargne la rédemption et de la découverte de la foi, les ambitions démesurées et se concentre sur une action vitaminée, est signé d’un réalisateur qui ne nous avait pas habitué à ce rythme soutenu. Georges confiant à des acteurs de qualité des rôles taillés d’une pièce. Rien Tillman Jr est en effet plus connu pour ses d’exceptionnel, mais la formule fonctionne bien. chroniques familiales très populaires (Soul F.L.

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Action Réalisé par Georges Tilmman Jr Avec Dwayne Johnson, Billy Bob Thornton, Oliver Jackson-Cohen, Carla Gugino … Durée : 1h38 Sortie en salles le 2 mars 2011 Internet : www.faster-lefilm.com

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Winter’s Bone Seule soutien pour sa famille, Ree refuse de perdre sa maison. Elle devra pour cela retrouver son père, et affronter la loi du silence qui règne dans les forêts sauvages des Ozarks… Des personnages en acier trempé au cœur sec, une intrigue forte, une atmosphère à découper au couteau, ce Winter’s Bone est une perle du cinéma indépendant américain.

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u haut de ses 17 ans, Ree s’occupe de sa famille : un frère et une sœur plus jeunes, et une mère « malade » qui communique à peine avec les siens. Le frigo est souvent vide, mais au moins ils ont un toit au-dessus de leur tête. Cette vieille maison au cœur de la forêt des Ozarks est leur seule richesse, et tant qu’ils peuvent y vivre, ils peuvent y garder leur dignité. La jeune fille à l’habitude de vivre dans ce coin sauvage et dur. Car c’est une Dolly, comme son père. Ce père toujours entre deux séjours en prison, bien connu pour exceller dans la fabrication très périlleuse de Meth, et qui ne s’est plus montré depuis longtemps. Les nouvelles qu’elle apprend de lui sont une catastrophe : pour sortir de prison, leur père a engagé la maison. S’il ne se rend pas à son procès, la maison sera saisie, et ils se retrouveront sans rien. Ree refuse cette fatalité, et se met en tête de retrouver son père. Mais dans les clans familiaux extrêmement fermés qui peuplent ces montagnes déshéritées du sud du Missouri, c’est le silence qui prime. Et Ree va avant tout devoir percer le mystère qui entoure ce père dont plus personne ne veut entendre parler…

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Winter’s Bone est d’abord un roman signé Daniel Woodrell (Un hiver de glace, chez Rivage en roman

et chez Casterman en BD). Un roman violent et froid comme une rafale de vent, qui prend place dans un coin paumé du côté des montagnes Ozark. De ces coins inhospitaliers à tout point de vue où la pauvreté a trouvé un bel allié avec la production de drogue, ses trafics et ses ravages. Un territoire loin de tout où les familles, plus ou moins liées entre elles, fonctionnent comme des clans hermétiquement fermés aux étrangers. C’est Debra Granik qui signe la réalisation et co-signe l’adaptation du livre avec sa productrice Anne Rossellini. Auréolée d’un prix de la mise en scène à Sundance pour son premier film, Winter’s Bone est seulement son second long-métrage. Et le résultat est impressionnant. Tournant sur les lieux mêmes de l’intrigue, conseillé par des habitants dont certains ont intégré le casting, le film est d’une crédibilité palpable, jusqu’à nous inviter dans ces communautés fermées. Sans pour autant céder à un quelconque enjolivement. Le film évoque sans fard la réalité de la jeunesse, confrontée à des conditions de vie difficiles et à des adultes prisonniers de leur dépendance à la drogue. On finit le film avec une vision plus riche de ces contrées lointaines, sans pour autant envisager de les inclure au circuit des vacances prochaines… Fer de lance de l’intrigue, Jennifer Lawrence est Ree. Et elle est impressionnante. Déjà remarquée dans Loin de la terre brûlée - qui lui a rapporté un prix à Venise - la puissance de son interprétation la place en tête des nouveaux visages à ne surtout pas perdre de vue. Ce qui sera difficile, puisqu’elle sera la nouvelle Mystique dans X-Men : Firts Class et au coté de Mel Gibson et Jodie Foster dans le prochain film de l’actrice. Pour le pire et péniblement le meilleur, Ree croise une brochette de gueules impressionnantes, tous dotés d’une présence à vous dissuader de vous balader seul dans leur forêt. Parmi ces écorchés vifs, un seul visage vraiment connu : le musicien et acteur John Hawkes (American Gangster, Une nuit en enfer, la série Lost…). Sa conversation très menaçante avec le shérif est un bijou du genre. Winter’s Bone est une démonstration de plus que la qualité d’un film ne tient pas à la taille de son budget. Meilleur film et meilleur scénario à Sundance, Prix du jury à Deauville, et ça n’est probablement pas fini. À ne surtout pas rater !

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Infos OSCARS

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2011 - 4 NOMINATIONS

MEILLEUR FILM - MEILLEUR ACTRICE MEILLEUR SCÉNARIO ADAPTÉ - MEILLEUR SECOND RÔLE MASCULIN

WINTER S BONE UN FILM DE

DEBRA GRANIK

Aprè

“Remarquable. Un film qui vous prend aux tripes. “ Rolling Stones “Une réussite absolue. “ New York Times

L’avis du Petit Cinévore

Pour son second long-métrage, Debra Granik signe une chronique redoutable des oubliés du rêve américain. Une quête désespérée pour la survivance et la dignité menée par une toute jeune fille qui refuse de subir l’ordre des choses imposées par les adultes. Un film puissant qui impose le talent de Jennifer Lawrence. Redoutable ! F.L.

PRETTY PICTURES et ROADSIDE ATTRACTIONS présentent une production ANONYMOUS CONTENT et WINTER’S BONE PRODUCTION un film de DEBRA GRANIK “WINTER’S BONE” avec JENNIFER LAWRENCE JOHN HAWKES KEVIN BREZNAHAN DALE DICKEY GARRET DILLAHUNT SHERYL LEE TATE TAYLOR musique DICKON HINCHLIFFE casting KERRY BARDEN et PAULN SCHNEE, C.S.A co-productrice KATE DEAN montage AFFONSO GONCALVES directeur artistique MARK WHITE directeur de la photo MICHAEL MCDONOUGH producteurs exécutifs JONATHAN SCHEUER et SHAWN SIMON producteurs ANNE ROSELLINI et ALIX MADIGAN-YORKIN d’après le livre de DANIEL WOODRELL adapté à l’écran par DEBRA GRANIK et ANNE ROSELLINI réalisé par DEBRA GRANIK distribué par PRETTY PICTURES

www.prettypictures.fr

Drame Réalisé par Debra Granik Avec Jennifer Lawrence, John Hawkes, Kevin Breznahan, Dale Dickey… Durée : 1h40 Sortie en salles le 2 mars 2011

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Si loin, si bon

Le voleur de lumière En réparant les lignes électriques d’un petit village, Svet-Ake est plus qu’un simple électricien. Il consolide avec humour et humanité les liens d’un peuple qui, en dépit des difficultés, est tourné vers son avenir… Ce message d’espoir, plein de poésie et de sourires, est à déguster sans hésiter. Un film venu de loin qui fait du bien.

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ans les immensités Kirghizes, et jusque dans ce petit village des bords du lac Issyk-Koul, il y a toujours ces fils électriques qui s’étendent de poteau en poteau, qui relient les hommes entre eux et à la leur passé, un héritage soviétique dont il ne reste que des lambeaux. Des fils qui n’apportent pas toujours la lumière. C’est alors qu’intervient Svet-Ake. Héros bienveillant et électricien habile, c’est lui qui répare, bidouille, détourne s’il le faut. Une énergie et une philosophie qui fait plus que raviver les lumières. Dépassant les douleurs d’un pays malmené par son histoire, Svet-Ake apporte l’énergie la plus précieuse, celle qui réchauffe les cœurs et esquisse les sourires. Et rêve pour ce petit monde plein d’espoir d’une électricité prise au vent avec des éoliennes…

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Vous situez le Kirghizstan ? Non ? Vraiment pas ? Trois fois plus petit que la France, le Kirghizstan s’étend entre le Kazakhstan au nord, la Chine à l’est, l’Ouzbékistan à l’ouest et le Pakistan au sud. Et depuis que le bloc soviétique a cessé d’être, son indépendance a vu deux régimes autoritaires se succéder à sa tête en moins de dix ans, incapables d’améliorer des conditions de vie difficiles… Et pourtant, c’est de ce pays en ébullition politique que nous vient cette bulle d’optimisme. D’autres ont renoncé, comme Djamshed Usmonov, réalisateur Tadjik qui s’est résolu à venir en France et sort son nouveau film cette semaine (Le roman de ma femme). Aktan Arym Kubat, lui, est resté dans son pays. Et son parcours incarne à merveille ce cinéma venu de si loin, et qui nous est si proche. À l’origine, Aktan n’était même pas cinéaste de formation. Et dans l’exbloc soviétique, c’était pourtant le seul sésame pour rentrer dans le cercle très fermé du cinéma. Lui était peintre, et c’est en tant que tel qu’il signa des décors, puis des dessins préparatoires, avant de se familiariser avec chaque poste du plateau de tournage. Jusqu’à l’écriture et la réalisation d’un premier documentaire récompensé. Une trilogie sur l’adolescence Kirghize lui permit de se faire remarquer au-delà de l’URSS, surtout grâce au remarquable Le fils adoptif, où il faisait jouer à son fils Mirlan un rôle qui lui était cher, Aktan étant lui-même un enfant adopté. Pour Le voleur de lumière, il rêvait d’un film réalisé en liberté, sans scénario. Mais

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les bouleversements politiques l’en ont empêché. Initié en 2001, le film a évolué au fil des rencontres et des expériences avant d’être tourné en à peine un mois, 9 ans plus tard… pour sortir en même temps que la révolution du 7 avril ensanglantait le pays, prêtant à son film des vertus prophétiques Un film qui est pour le réalisateur une étape : pour la première fois il devient acteur, incarnant à merveille le rôle de Svet-Ake. Et il change de nom. Aktan Abdykalykov est devenu Aktan Arym Kubat, pour rendre respectivement hommage à son père biologique et son père adoptif. Même dans son nom, il revendique le droit et le devoir d’évoluer, et ainsi, comme il l’explique, de se « débarrasser du poids de la célébrité »… Après tant d’épreuve et de difficulté, on attend un témoignage âpre, une lucidité dépressive. Mais comme souvent avec ces images venues de coins que l’on est incapable de situer sur une carte, elles nous emballent, nous réchauffent. La chronique est touchante et attachante, évoquant avec inspiration la réalité d’une société et de son état d’esprit. Le sourire de ce Voleur de lumière nous fait penser à d’autres visages croisés récemment en salle, comme l’amitié des deux Marocains de La pépinière du désert, décidés à vaincre le désert avec le vent des éoliennes, la générosité des enfants de la Traversée du Zanzskar, prêts à affronter l’Himalaya pour recevoir une éducation, ou la complicité d’un père d’un fils dans le paradis hors du temps de Alamar. En revenant à l’essentiel, en même temps que de bousculer nos certitudes, ce cinéma d’ailleurs nous ramène avec humilité à l’essentiel du cinéma. Aktan Arym Kubat ne cache pas qu’il regarde peu de films, et lit encore moins. Son inspiration, son énergie, il la trouve dans tout ce qui compose son quotidien, ceux qui l’entourent. Fiction ou documentaire, la frontière n’est pas toujours bien définie, au-delà de leur qualité graphique, ces films ont en commun un but, un pragmatisme qui fonctionne à la chaleur humaine, ce bon sens universel qui manque tant aux productions aussi fortunées que formatées des grands studios. Alors quand une petite lucarne d’ailleurs comme celle-ci s’ouvre dans votre salle obscure, n’hésitez pas à venir profiter de sa lumière.


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Infos

un film de Aktan Arym Kubat

zed présente une production pallas film, oy art, a.s.a.p films et volya films en coproduction avec zdf/ arte un film de aktan arym kubat «le voleur de lumière» avec aktan arym kubat, taalaikan abazova, askat sulaimanov, asan amanov et stanbek toichubaev son bakyt niyazalievpro chef décorateur talgat asyrankulov montage petar markovic musique andré matthias image hassan kydyraliyev producteur associé alexander bohr produit par altynai koichumanova, cedomir kolar, thanassis karathanos, marc baschet, karl baumgartner et denis vaslin écrit par aktan arym kubat, talip ibraimov réalisé par aktan arym kubat avec le soutien de mitteldeutsche medienförderung, fonds sud cinema, world cinema fund, hubert bals fund, the netherlands film fund www.levoleurdelumiere.com

Drame Réalisé par Aktan Arym Kubat Avec Aktan Arym Kubat, Taalaïkan Abazova, Askat Sulaimanov… Durée : 1h16 Sortie en salles le 2 mars 2011

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Critiques

Pas vus... Pas pris ! Les films dont on a raté les projections presse... ou alors on était pas invités, tout simplement ! Avant l’aube de Raphaël Jacoulot Alors qu’une disparition a lieu dans l’hôtel où il travaille, un jeune en réinsertion décide de protéger le patron de l’établissement… Après le fascinant Barrage, Jacoulot esquisse une intrigue qui fait envie, portée par un duo de caractère : le trop discret Jean-Pierre Bacri et Vincent Rothiers, l’outsiders des jeunes premiers. On y croit beaucoup.

Le bal des menteurs: le procès Clearstream de Daniel Leconte Après l’épatant C’est dur d’être aimé par des cons, qui retraçait le procès de Charlie Hebdo pour avoir fait paraître les fameuses caricatures « sacrilèges », Leconte entreprend de raconter comme un thriller un procès encore plus compliqué : celui de Clearstream. Le casting est de première classe, les enjeux toujours d’actualité et… la procédure si compliquée qu’un petit récapitulatif n’est pas inutile !

Correspondances de Laurence Petit-Jouvet C’est d’abord en France que l’atelier de création audiovisuelle a invité les femmes de la communauté Malienne à concevoir une « lettre filmée », l’essentiel n’étant pas l’hypothétique destinataire mais l’expression de leurs préoccupations, de leurs passions. L’expérience a été répétée à Bamako et Kayes, au Mali. L’ensemble de ces « lettres » compose un portrait unique de la femme malienne, par-delà les distances...

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Don Quichotte – Le ballet du Théâtre du Bolchoï Après le Iphigénie en Tauride du Metropolitan Opera de New York, dont nous parlions dans le précédent Petit Cinevore, c’est au tour du Don Quichotte, le ballet de Léon Minkus donné en représentation par le théâtre de Bolchoï, de s’inviter dans les salles obscures. Tous les passionnés de danse qui n’habiteraient pas dans les environs du fameux Théâtre de Moscou, sont donc invités à se connecter sur le site de Ciel Ecran, qui répertorie les salles qui participent au cycle des rediffusions en direct… Indices de Vincent Glenn Le niveau de vie d’un pays est incarné par le fameux PIB, systématiquement évoqué par les médias et les marchés comme indicateur de croissance. Mais comment est calculé ce chiffre ? Et est-il encore représentatif de quoi que ce soit ? En détaillant les aberrations de ce symbole, l’équipe de Glenn s’emploie à évoquer les choix qui s’offrent à la société de consommation.

Jazzmix de Olivier Taieb Amateurs de jazz, tous en salles ! Cette ballade filmée dans New-York nous emmène dans les clubs les plus importants de Manhattan. Avec un programme à se pourlécher les babines de mélomane, puisque le but est de saisir sur pellicule l’intense activité de l’avant-garde de la scène jazz de la grosse pomme. Pourtant difficiles, les connaisseurs lui ont réservé un accueil élogieux.

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La permission de minuit de Delphine Glèze Après le très austère Cavaliers Seuls qui parlait de la fin de vie, Delphine Glèze met en vedette un jeune garçon atteint d’une terrible maladie qui l’oblige à fuir la lumière, et le médecin avec lequel il entretient une relation qui dépasse l’amitié. Une histoire qui commence lorsque le médecin apprend sa mutation… Une réalisatrice prometteuse pour un thème à fleur d’émotion servi par un Vincent Lindon au top ? A voir donc !

Le roman de ma femme de Djamshed Usmonov Abandonnée soudainement par Paul, Eve s’efforce de faire face aux dettes énormes qu’il lui a laissé. Un avocat, ami de son mari, va alors se présenter pour la sortir de cette situation… Avec Léa Seydoux et Olivier Gourmet en vedette, ce film est le premier réalisé en France par le tadjik Usmonov. Une intrigue très influencée par la littérature française, de Simenon à Flaubert…

Sale temps pour les pêcheurs de Alvaro Brechner Avec une prime de 1000 dollars, le Prince Orsini embarque son poulain Jacob dans un défi sur le ring qui met toute une bourgade d’Uruguay en ébullition… Déjà deux ans et 5 nominations que ce bijou tragi-comique conquiert les publics. Inspiré par une nouvelle d’un auteur culte de la littérature sud-américaine, ce film est à découvrir à tout prix pour se faire du bien, mais aussi pour faire connaissance avec un réalisateur à suivre de très près.

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