Les voyages de Gulliver

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Cinéma

Les voyages de Gulliver Un gentil menteur s’embarque pour un reportage en mer… et se retrouve prisonnier d’un royaume de lilliputiens. C’est au tour du facétieux Jack Black de revisiter Gulliver. Et contre toute attente, entre idées amusantes et effets spéciaux convaincants, cette aventure à découvrir en famille s’avère bien moins décevante qu’on ne pouvait le craindre.

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oilà des années que Lemuel Gulliver végète au service courrier d’un grand journal newyorkais. Des années que son cœur s’arrête de battre quand il croise l’adorable Darcy Silverman, délicieuse chef de rubrique… mais sans pour autant être capable de lui adresser la parole. Plus concentré sur ses parties de jeu vidéo que son avenir, il est en train de tout louper. Quand cette vérité lui saute à la figure, il ose enfin parler à Darcy. Et au lieu de l’inviter à dîner comme prévu, se fait passer pour un journaliste globe-trotteur. Grâce à quelques articles fauchés sur internet, Lemuel se fait même passer pour un reporter prometteur et accepte dans la foulée un reportage au cœur du triangle des Bermudes. Aussi peu doué pour écrire que pour manœuvrer un bateau, il se retrouve emporté par une tempête de cauchemars. Quand il se réveille, il est ligoté sur une plage, et un général de 8 centimètres de haut à la tête de son armée lui annonce qu’il est désormais la propriété du royaume... Dans la catégorie, nous avons aussi Roméo et Juliette, L’île au trésor, Le comte de Montecristo, et Les trois mousquetaires. Le bijou de conte surréaliste imaginé par Jonathan Swift en 1721 est indestructible et résiste à toutes les attaques, y compris les plus artistiquement nuisibles. Au regard de l’affiche, on pouvait craindre que notre cher Jack Black, à l’image d’un autre chouchou vieillissant, Eddie Murphy, ne se retrouve perdu dans la catégorie des exactions filmiques superflues. Ce Gulliver serait-il pour Jack ce que furent pour Eddie Appelez-moi Dave, Pluto Nash et autres Dans ses rêves ? Indubitablement pas. Notre héros rock et grassouillet ne nous épargne pas quelques gags « pipi caca » - qui font malgré tout se gondoler les mouflets… - mais parviens à éviter presque entièrement le ridicule. Emballé par l’aventure au point de s’impliquer comme producteur, Jack Black s’avère au

début du film plutôt sobre, parvenant à donner à son personnage assez de densité pour être convaincant. Ado attardé et rêveur éveillé, il jouit illico d’un gros capital tendresse, qui l’autorise à nous emmener sans faute jusqu’au bout de l’histoire, jusqu’à retrouver ses mauvaises habitudes de joyeux déconneur. Sommet de son art, un final en forme de comédie musicale où il se lance, épaulé par tout le mini-casting, dans une reprise échevelée du « War » de Edwin Starr ! Un moment bien fun, mais minimisé par le fait que dans le jeune public, ce tube soul des seventies n’est peut-être plus très populaire. Les bémols ne manquent pas. Les personnages sont très lisses, le récit linéaire, l’arrivée de Darcy un peu rapide – la fin un poil précipitée – et l’humour pas toujours fin. Plus regrettable, le passage de Gulliver dans le monde des géants se limite à une maison de poupée inquiétante, pour le plaisir de voir Jack en robe à gros nœuds roses… Mais soyons juste, le film est plein d’idées sympa et visuellement réussies, comme la construction de la maison des rêves de Gulliver par des ouvriers de 8 centimètres, ou encore ce home cinéma revisité pour accros de Star Wars… L’exploitation intéressante du monde très cyberpunk de Liluput nous offre même quelques images séduisantes, comme cette ballade du géant dans la ville, en conversation avec son mini-pote qui galope sur le toit des maisons pour le suivre… Saluons là le travail de la déco (Gavin Bocquet) et des effets spéciaux, orchestrés par les géants de Weta (Le Seigneur des anneaux, Avatar…) et Hydraulx (2012), qui a su créer un méga robot très Victorien. N’oublions pas un casting de lilliputiens agréable, tout particulièrement Emily Blunt en princesse de Telenovelas, et Chris O’Dowd en général furieux et parfaitement méchant. Rappelons enfin que si le rythme de cette comédie gavée d’effets spéciaux est agréable c’est aussi grâce au savoir-faire du réalisateur. Si Rob Lettermen signe là son premier film avec acteurs, on lui doit tout de même Gang de requins et le génial Monstres contre Aliens ! Allez savoir si c’est un hasard, mais il semblerait que le projet d’un remake de L’homme qui rétrécit avec Eddie Murphy en vedette soit toujours dans les tuyaux hollywoodiens…

Infos

L’avis de CpourlesParents.com On peut faire confiance à Jack Black pour trouver l’équilibre entre délire et bonne blague. Son Gulliver est attachant et les gags fonctionnent bien. Les plus grands s’amusent aussi des nombreux clins d’œils, mais la bonne surprise vient d’un Lilliput séduisant, avec des images qui nourrissent l’imagination. Une comédie sans prétention, mais qui sait faire voyager les amateurs de fantastiques. C.M.

L’avis des enfants C’est génial quand t’es un géant, et que des tous petits bonshommes te construisent une maison.. J’adore quand il va se battre contre tous les bateaux. Et quand il éteint le feu en faisant pipi dessus… C’est marrant, et c’est bien fait je trouve… C’est un film très bien si on aime les effets spéciaux. Ivan, 8 ans

Comédie Réalisé par Rob Letterman Avec Jack Black, Jason Segel, Emily Blunt, Amanda Peet… Durée : 1h25 Sortie en salles le 23 février 2011

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