Voces del mundo

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VOCES DEL MUNDO Deslocalizaci贸n Anabell Guerrero

漏 Design H2O, 2013


Š Design H2O, 2013


Voces del mundo - Deslocalización

25.04.13 - 24.05.13

à R. Matas, en pensée Aquí la tierra ha desaparecido. Y con ella las raíces, secas piedras al sol, semillas de montaña. Aquí los ojos se embelesan. Y aquí las manos. Las manos y los pies. Marcados por el trabajo. Manos de cocineras, manos de madres. Expresivas. Calientes. * El proyecto “Voces del mundo” de Anabell Guerrero nace en Evry, Essonne, Francia; de donde, sin embargo, no se muestra nada. Nos ponemos en marcha con destino a la periferia del sur de París en la línea D del RER (Red Express Regional), de la Estación de Lyon a Evry-Courcouronnes y seguimos luego en autobús hasta la plaza Jules Vallès. Ni quiosco, ni pequeño café. La ciudad es como el paradigma del urbanismo de los 70’-80’. Planificado y descontrolado a la vez. Pero ¿por qué ha decidido venir Anabell? Después de Juvisy, Viry, Grigny, los sucesivos nombres a lo largo del Sena, aparece el de Evry entre un desorden de torres de hormigón y losas construidas sobre campos de patatas y trigo arrasados. Erigidas según el mismo criterio en que debieron de delimitarse las fronteras coloniales, sin contemplaciones, a base de tendeles sobre plano, para nadie. Nadie. Pese a que Evry, como otras unidades similares, es una ciudad, obviamente, habitada, abarrotada: 53.000 habitantes. © Design H2O, 2013


Epinettes. Aunettes. Parque de las liebres. Bosque salvaje. Bosque Guillaume… topónimos desprovistos de cualquier sentido, indiferentes a todos; provengan de El Sahel, España, África Central o Algeria. No les gustaba Essonne cuando llegaron y hoy, apenas algo más. Flujo, movimiento, tensión. Al llegar a las Pirámides tomando la Avenida Jacquard, tras la Plaza de las Terrazas, aparece el carácter tectónico en estado bruto. Árboles en raquíticos maceteros de hormigón, escasez de flores, bancos de funeraria y fachadas de baldosas reventadas, cuyos restos irisan el suelo. Es de este universo, donde la tierra ya sólo está presente en balcones o grandes jardineras de rosales de treinta años, de este tumulto de ciudad desordenada, de donde emerge un objeto estético, un sistema ejemplar: cincuenta y cuatro imágenes que estructuran la belleza del mundo en un guante, un pañuelo de la periferia. La de allí, bajo la estación. Bajo mi casa. Ciudad representada, encarnada a través de sus habitantes ocasionales. Restos, retazos, recuerdos, miradas. La artista ha retratado, literalmente, a estos hombres y mujeres cual flores talladas, estereotipos sin referencias al entorno, a la tipología social. En las antípodas del clásico documentalismo, su fotografía se de-socializa. Escenificada, ensalzada. Sublimada. Hay que contar algo nuevo. Ahora podemos ver el interior de Evry. La piel vuelta, el corazón, la palpitación. El son del caos. Una y ninguna, y todas las historias a la vez. Una obra del exilio de cada emigrante, de su singularidad sin nombre, su identidad universal. Sólo un conjunto de líneas sobre la palma de una mano o la planta de un pie; sutil detalle de un tejido, joya. Por ejemplo: a partir del rostro completamente oculto de una mujer joven de dedos muy delgados y delicados, los dedos, las manos se convierten en tótem o árbol. El observador recorre las manos, los dedos, y acaba acariciando el rostro oculto, del que aprende la gracia. “Separo tus manos, me acerco a tu rostro. ¿Quieres?” Esta aproximación afectiva a las manos de la chica vietnamita humaniza la serie y le infunde su espíritu. © Design H2O, 2013


* Con Voces del mundo nace una geometría variable, polifónica, polimórfica, en rizomas, libre. Hospitalaria. Paradójica. Hermosa. Y como los ríos, o los portulanos de antaño, las arrugas nostálgicas sobre la piel y los surcos de la palma de la mano evocan caminos a ningún lugar desde una urbe a la que sólo se elude. La ciudad ha desaparecido de la representación. Mejor así. * La ciudad está muerta. No existe, jamás existió, no interesa. Lo importante son los encuentros de sus mujeres y hombres amparados por lo que les es próximo; el entorno, el trabajo, la familia. Sin muros. Sin base. Sin certeza. En la cumbre de Babel. En lo alto. Los recuerdo. * Entre el cielo y la tierra, aquí y allá y a pesar de todo, contribuyen entre sí y con la artista en la composición de la partitura sacra de “Voces del mundo”. Véronique Donnat

Cámara: Hasselblad 500 C/M Copias: Copias color: Lambda Copias blanco y negro: Papel baritado sobre aluminio Fotografías: Evry (Francia), 2006-2007 Voces del mundo (texto): Véronique Donnat, febrero 2013 Traducción y versión: Àlex Castro / Joaquim Ruiz Millet © Design H2O, 2013


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Voix du monde

25.04.13 - 24.05.13

à R. Matas, en pensée Ici la terre a disparu. Et avec elle, les racines, pierres sèches au soleil, glaneurs dans les montagnes. Ici les yeux sont bouche bée. Et voici des mains. Des mains et des pieds. Nervurés. Mains de cuisinières, mains de mères. Expressives. Chaudes. * Le projet Voix du monde d’Anabell Guerrero est né à Evry, Essonne, France. D’Evry pourtant, on ne verra rien. Allons. Destination grande couronne, banlieue sud de Paris. Par la ligne D du RER, prendre un train au départ de la gare de Lyon. Descendre à Evry-Courcouronnes. Attraper au hasard un bus pour la place Jules Vallès. Pas de kiosque à journaux, pas de petit café. Cette ville est le comble du montage urbanistique et architectural des années 70-80. Pensé et impensé. Qu’y est venue faire Anabell ? Après Juvisy, Viry, Grigny, tous ces noms voisins le long de la Seine, Evry advient donc dans un bric-à-brac de tours béton et de dalles, érigées en arasant les champs de pommes de terre et de blé, à la manière dont on a sans doute dû dessiner les frontières coloniales, sans aucun ménagement, au cordeau, sur une carte major, pour personne. Personne. Evry comme d’autres sont évidemment les villes de personne pleines de gens. 53 000 habitants. © Design H2O, 2013


Epinettes. Aunettes. Parc aux lièvres. Bois sauvage. Bois Guillaume… Ici demeurent des toponymes désormais dépourvus de sens. De toutes façons les gens s’en fichent, qui viennent du Sahel, d’Espagne, de Centrafrique ou d’Algérie. L’Essonne ne leur ressemblait pas à leur arrivée. Elle leur ressemble à peine un peu plus aujourd’hui. Flux, marche, tension. Qui rejoint les Pyramides en prenant l’allée Jacquard, puis la place des Terrasses, en éprouve la minéralité brute. Les arbres sont logés dans des cuves de ciment, étroites. Peu de fleurs. Des bancs de pompes funèbres. Le revêtement est couvert de cloques qui pètent et auréolent le sol sous nos pas. De cet univers où la terre s’est absentée jusqu’aux balcons où de grosses jardinières hébergent encore des rosiers de trente ans, de ce tohu bohu de la ville en vrac, surgit un objet artistique, une organisation magistrale : cinquante quatre images organisant la beauté du monde dans un vide-poche, un mouchoir de banlieue. Là. En bas de la gare. En bas de chez moi. Voici la ville figurée. Incarnée par ses habitants de passage. Bribes d’habitants, morceaux, souvenirs, regards. L’artiste a littéralement cueilli ces portraits d’hommes et de femmes, comme des fleurs coupées, par des clichés déconnectés de toute référence à l’environnement, à la topologie sociale. Loin du document, la photographie s’est désocialisée. Elle est ici mise en scène, montée. Sublimée. Car il faut désormais dire autre chose. D’Evry alors on voit l’intérieur. La peau retournée, le cœur, les palpitations. Le chant chaotique. Une histoire et aucune histoire, et toutes les histoires. Une œuvre où se loge l’exil de chaque exilé, sa singularité sans nom, son identité universelle. L’artiste ne donnera aucun indice sinon le nombre de sillons sur la paume d’une main ou la plante d’un pied, le détail soigné d’un tissu, un bijou. Et ceci : Du visage entièrement caché d’une jeune femme aux doigts particulièrement fins et délicats, ces doigts, ces mains se muent en totem, en arbre. Le regard remonte le long des mains, des doigts, et vient caresser le visage enfoui dont on devine la grâce. Je détache tes mains, je m’approche de ton visage. Veux-tu ? Cette caresse du regard sur les mains de l’amie vietnamienne humanise la série, et l’inonde. © Design H2O, 2013


* Avec Voix du monde est née une œuvre à géométrie variable, polyphonique, polymorphe, en rhizomes, libre. Libre de donner l’hospitalité. Paradoxale. Belle. Et si les fleuves ou les portulans d’un autre temps, dessinent des rides de nostalgie sur l’épiderme, si les sillons à fleur de paume évoquent des chemins de nulle part, sinon dans une cité que l’artiste a éludée, la ville s’est totalement, parfaitement absentée de la représentation. Et c’est tant mieux. * La ville est morte. Elle n’existe pas, n’a jamais existé, n’a aucun intérêt. Ce qui importe, c’est le rendez-vous de ces femmes et hommes à l’abri de la défiguration de proximité, habitat, emploi, famille. Hors les murs, hors sol. Sans certitude. Au sommet de Babel. Tout en haut. Je me les rappelle. * Entre le ciel et la terre, ici et là, et malgré tout, les unes et les autres contribuent ainsi, avec l’artiste, à la partition sanctuarisée des voix du monde. Véronique Donnat

© Design H2O, 2013


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www.anabellguerrero.com Š Design H2O, 2013


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Edición numerada y firmada por la autora y el galerista de 5 ejemplares, tres numerados en cifras romanas y dos en números árabes para la fotógrafa y el galerista.

Joaquim Ruiz Millet Galeria H2O

Carrer Verdi, 152. 08012 Barcelona Tel. (34) 934 151 801 / Fax (34) 934 154 143 galeria@h2o.es http://www.h2o.es

© Diseño, H2O, abril 2013

Anabell Guerrero Fotógrafa


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