FBA 16 Les Nombres

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Frères Bien

N° 16

Aimés

9 octobre 2003 _________________________________________________________________________

Thème de la réunion: Les Nombres Nous avions déjà travaillé sur ce thème il y a plus d'un an (Cf. FBA n°3), mais il s'agit là d'un sujet intarissable. Nous vous présentons donc aujourd'hui trois planches, de styles très différents, mais qui témoignent de notre volonté profonde de laisser parler nos cœurs, sans fard, sans esprit de prosélytisme par rapport à nos obédiences respectives, parce que nous avons été élevés dans une culture que nous n'avions pas choisie au départ, parce que nous sommes respectueux de toutes les croyances, quelles qu'elles soient, si elles sont sincères. En fait, c'est cela qui semble le plus important, parce qu'au-delà de la pensée de Montaigne qui disait :" Nulle proposition ne m'étonne, nulle croyance ne me blesse, quelque contraire qu'elle soit à la mienne "…il faut lui adjoindre celle de Cicéron, qui écrivait dans "Des Devoirs. I.XLI":

" Il faut regarder non seulement à ce que chacun dit, mais encore à ce que chacun pense, et même au motif que chacun a de penser ce qu'il pense ".

La planche intitulée "Du point au trait" nous a été envoyée par un Frère de la Grande Loge Européenne des Rites Confédérés qui demeure au Nord Est de la France, et qui ignorait que nous évoquerions ce mois ci Euclide. Une petite perle que je me fais un plaisir de partager avec vous. Ce qui signifie que si vous possédez une planche que vous aimeriez partager, soit sur un sujet qui a déjà été traité dans FBA, soit sur un sujet que vous aimeriez voir traité, FBA vous est ouvert. Vous trouverez aussi en fin de ce n° le texte de la Table d'Emeraude, traduit par Fulcanelli, qui servira de base pour nos prochains travaux. Lisez le, relisez le… nous allons essayer d'entrer progressivement dans la voie alchimique qui imprègne notre chemin depuis le cabinet de réflexion. GH

Les nombres Petite réflexion :


Le chiffre est le signe servant à représenter le nombre qui est, lui, le rapport entre une quantité en comparaison avec l'unité qui la représente. Autrement dit le chiffre symbolise le nombre. Une autre réflexion : Que dire d'une date comme le 02-02-2002 ? Une curieuse coïncidence temporelle de nombres pairs apurés qui n'arrive que quelques rares fois par millénaire. Et alors ? diront certains. Alors, rien sans doute, si l'on s'en tient au raisonnement cartésien si ancré dans la culture française. Pas depuis longtemps, pourtant. Il fut une époque où la soif de connaissance des hommes les poussait à embrasser tous les champs du savoir à la fois : arithmétique, philosophie, astronomie, théologie, etc... Tout était lié, tout avait un sens. Jusqu'au XVIIème siècle les plus érudits ont tenté de décoder et de décrypter ces mystérieuses et mystiques correspondances, avant qu'on ne les taxe de sorcellerie , et que les sciences ne repartent chacune de leur côté. Petit voyage dans le temps, au pays des nombres, du hasard, du calcul et du destin. Tout a commencé par quelqu'un qui, à vrai dire, au point de vue scolaire n'a pas laissé pour beaucoup un souvenir particulièrement agréable ou impérissable : Pythagore et son théorème. Il a été le premier à penser que les nombres avaient une âme, ou du moins un sens et qu'il nous appartenait à tous de le chercher. A un détail près : il avait sans doute, malgré les connaissances de l'époque, beaucoup plus d'arguments pour mener ses recherches que le simple sujet. Son nom est pratiquement devenu synonyme de philosophie symbolique mathématique, quelque peu éclipsée par la réflexion doctrinale sur les dieux, la législation et la politique, la religion et son culte, sa définition d'un genre de vie ascético-spirituel, l'étude de la nature et de l'harmonie cosmique au sein desquelles le nombre tient évidemment une place prépondérante. Cette réflexion sur la symbolique des nombres, Pythagore n'est pas le seul à la mener. Platon, Plutarque et d'autres esprits pas toujours très connus viendront l'enrichir, la compléter, voire la remettre en cause. Pour nos esprits tout juste au-dessus de celui du profane, même si nous connaissons 3,5,7 et plus, peu rompus à la rhétorique mathématique, surtout quand elle verse dans l'existentiel et le métaphysique, je me contenterai de visiter les grandes lignes de la pensée de ces honorables « Pères fondateurs », même si je frôle des plus modernes comme Poincaré ou encore plus, le Professeur Rocard.


Pour eux, les nombres sont l'essence même de la vie, en ce sens qu'ils la rythment, comme ils rythment les saisons, et les âges qui la ponctuent. Les mesures, les proportions numériques introduisent et garantissent l'ordre, aussi bien cosmique qu'humain, macrocosme et microcosme; hors du nombre c'est le chaos, et la vie émergea du chaos ; ce texte de la Genèse confirme ce que la symbolique des nombres démontre : la création est une division et non une multiplication ! La création se fait par distinction et non par séparation proprement dite. Selon l'une des principales lois de la physique, la création ne devrait pas exister ! Parce que selon la physique, tous les systèmes ne peuvent naturellement évoluer que vers des systèmes de moindre énergie à cause de la déperdition. Sauf s'il y a intervention extérieure. Notre univers évoluerait donc, non pas vers sa simple destruction, mais vers une organisation toujours plus parfaite, tendant sans doute vers l'unité primordiale dont il est issu. Si l'on enfermait des milliards d'atomes dans un espace clos, ils pourraient, quelques millions d'années plus tard, donner naissance à des structures complexes. Ce que les hommes appellent Dieu serait peut-être cette force à l'œuvre dans toute chose pour la ramener inexorablement vers l'unité. Mais sortons du chaos pour revenir à l'ordre des nombres. Les premiers résultats sur les nombres entiers ont été obtenus parce que les mathématiciens du moment avaient à leur disposition un outil concret : des cailloux ( calculus qui signifie cailloux et a donné calcul ). Un effort d'imagination, une transposition mentale a permis de passer des cailloux aux points, qui dessinés concrètement, espacés et disposés en figures simples ( lignes horizontales et verticales ) ont permis de découvrir leurs carrés. Cette réflexion s'appuie sur la notion de « tetractys » qui signifie quaternité: ensemble des quatre choses, et sa célèbre formule : 1 + 2 + 3 + 4 = :10.

Les spécialistes de l'exégèse pythagoricienne, à commencer par Pythagore luimême, y voient l'un des piliers de l'harmonie. Au 2ème siècle de notre ère, un certain Théon de Smyrne va étendre cette notion à celle de la décade et donner un sens plus accessible aux travaux des grecs anciens. Car l'homme n'a pu atteindre la notion abstraite de nombre que parce qu'il a longuement regardé des objets présentant un caractère commun,


une ressemblance incitant à les assembler, à les réunir au moins dans la mémoire. Inversement, l'homme n'a pu bien concevoir, étudier, transmettre, enseigner la notion abstraite qu'il avait peu à peu conquise qu'en l'illustrant de schémas concrets nés de son imagination, souvent réalisés de ses propres mains et sur lesquels s'est structurée et exercée progressivement son intuition. Une grande notion philosophique a aussi découlé de ces découvertes dans l'esprit de ces érudits : L'Egalité. Une autre invention découle de ces découvertes,: le dé à jouer. La magie et le symbolisme des chiffres et des nombres ont toujours eu une influence profonde sur le public. Il est facile de tourner les chiffres et les nombres de telle manière qu'on les contraigne à la fin à dire ce que l'on souhaitait entendre disait Marcel Brion, (voir le début de la planche ou certaines années comme 1961 qui fut dite année ambiguë, car le nombre retourné reste inchangé… et alors ! ). Pourtant, l'utilisation du nombre comme symbole est intéressante, quand ce ne serait que du point de vue de l'étude de l'évolution des civilisations. Toutes les religions font référence au nombre et elles aussi le façonnent à leur besoins. Seules les sociétés initiatiques ont une approche rudimentaire du nombre qu'elles laissent à leurs adeptes le soin d'étudier et d'évaluer, se basant sur quelques nombres qui leurs sont personnels. Je ne me lancerai donc pas dans des études fastidieuses que nous avons déjà commencées lors d' une planche précédente. Ce savoir des nombres, inspiré de l'astronomie, de la physique, de la géométrie et bien sûr principalement de l'arithmétique, on le retrouve dans un texte, considéré aujourd'hui comme le manifeste de l'arithmologie hellénique : les théologoumènes. Notions barbares que seul un bon sens intellectuel permet de déchiffrer. Viennent ensuite les études des écritures saintes, surtout par Saint Augustin, l'instituteur ( sens étymologique du terme), et des spéculations arithmologiques en milieu chrétien occidental sur le 3, le 5, le 7, le 13 et surtout le 666. Puis vient le Moyen Age et la mystique religieuse du nombre où l'on va chercher une correspondance chiffrée entre Ancien et Nouveau testament. Comme plus tard les Chartrains, les Victorins et les Cisterciens qui pousseront plus loin encore leurs analyses. Question d'époque peut être, mais le siècle des Lumières ne fut pas non plus très faste pour l'arithmologie. Auréolé de ses orientations académiques et de sa chasse aux superstitions il fut le temps d'une floraison de courants de pensées théosophiques : doctrines fondées sur la théorie d'une sagesse divine,


omniprésente dans l'univers et dans l'homme ; théories mystiques, mais surtout applications maçonniques où la culture des nombres s'apparente à une science humaine initiatique. Tous les nombres sont la langue de la nature. Et si les figures géométriques manifestent dans l'espace ce que les nombres figurent dans le temps, ils accordent à ses derniers un aspect plus qualitatif, une valeur intérieure apte à élever l'homme. Depuis les années 1850 la symbolique des nombres n'en finit plus de se décliner en ouvrages qui deviennent de moins en moins académiques et de plus en plus mercantiles, certains même tournés ouvertement vers l'occultisme. Drôle d'époque où les mathématiques, si rigides, trouvent des applications dans des domaines de plus en plus divers. Le mouvement New Age et l'essor pris par certaines

philosophies

visant

à

montrer

la

voie

du

bonheur

et

de

l'épanouissement personnel sont sans doute pour quelque chose sur l'éclosion d'une nouvelle science humaine pour certains, ou art divinatoire pour d'autres : la numérologie. Loin de la science admise, les nombres se jouent aujourd'hui de plus en plus de l'Histoire pour devenir le terreau de cette méthode aux conclusions qui demeurent encore pour beaucoup contestées. Enfant de la symbolique des nombres et de l'arithmologie, issue de deux grands courants que sont la Kabbale hébraïque

et

l'école

pythagoricienne,

elle

s'appuie

sur

la

relation

nombres/lettres se servant en cela du potentiel représentatif du symbolisme des nombres. Mais on dérive rapidement vers le divinatoire et l'occultisme, où elle est censée permettre au consultant de démêler les fils embrouillés de son avenir : on y parle de Chemin de Vie, de nombre d'expression, d'année personnelle ou encore de nombre karmique. Je ne prendrais pas de position là-dessus utilisant moi-même la numérologie mais ses adeptes sont de plus en plus nombreux. Même les cabinets de recrutement s'y sont mis pour mieux cerner la personnalité et les potentialités des candidats malgré les interdictions légales. En leur temps, les polémistes catholiques n'auraient pas hésiter à taxer ces méthodes divinatoires de sorcelleries. Le mystère ne sera sans doute jamais levé: à vous d'étudier et de voir, les mystères des nombres sont toujours là, ainsi que leurs faces cachées. J'ai dit.


JFL ____________________________________________________________

Les nombres Le manuscrit "Regius" (1390) fait état de l'invention de la maçonnerie en Egypte par Euclide, géomètre grec qui enseignait à Alexandrie sous le règne de Ptolémée 1er (323-283 avant notre ère). On y raconte…

L'histoire de grands seigneurs et grandes dames, Qui, certes, avaient beaucoup d'enfants. Et n'avaient pas de revenus pour en prendre soin, Ni en ville, ni à la campagne ou dans les bois… Ils envoyèrent chercher de grands clercs, Pour leur enseigner alors de bons métiers;

…Sur la prière de ces seigneurs ils inventèrent la géométrie Et lui donnèrent le nom de maçonnerie, A ce plus honnête de tous les métiers. Les enfants de ces seigneurs se mirent, A apprendre de lui le métier de géométrie, Ce qu'il fit très soigneusement… …… Pourtant ce grand clerc ordonna A celui qui était plus élevé dans ce degré, Qu'il devait enseigner les plus simples d'esprit Pour être parfait en cet honnête métier; Et ainsi ils doivent s'instruire l'un l'autre, Et s'aimer ensemble comme soeur et frère. Il est frappant de constater que les statuts de l'art de géométrie, selon Euclide, consistent avant toute chose en une succession de devoirs moraux (transmission d'un savoir aux plus simples d'esprit, partage de ce savoir entre tous, amour fraternel…). Dans " les Éléments ", Euclide présente dix propositions de départ, 5 axiomes et 5 postulats. (Voir in fine) De ces dix propositions, il déduisit des centaines de théorèmes. Il démontra aussi qu'il existe une infinité de nombres premiers et qu'ils sont espacés irrégulièrement.


Ces nombres premiers constituent les "briques de construction" de tous les nombres entiers, comparables en cela aux particules constitutives de la matière. Mais "quid" des particules messagères qui véhiculent les divers types de forces ? (photons, par exemple, pour la force électromagnétique…). Elles sont aux particules constitutives de la matière ce que sont les nombres irrationnels aux nombres rationnels. Les premiers maçons ne manquèrent pas de remarquer les relations qui unissaient les nombres entre eux. La 47ème proposition d'Euclide, plus connue sous le nom de théorème de Pythagore, prendra une grande importance dans l'élaboration de leur symbolisme des nombres.

Dans chaque triangle rectangle, le carré de l'hypoténuse est égal à la somme des carrés des deux autres côtés.

Ce théorème était connu déjà bien avant Pythagore, en Egypte et en Chine (manuscrit de Chou Pei). C'est la racine de toute la géométrie et la pierre d'angle des mathématiques. Outre le fait que lors de la création d'une Loge au rite Egyptien, on trace sur le sol un rectangle formé de deux triangles rectangles de côtés 3, 4 et 5, sur lequel sera disposé le Pavé mosaïque, on retrouve ce symbole au 20ème et au 25ème degré du REAA. Notons au passage qu'il s'agit de la projection sur terre d'un triangle équilatéral "céleste" (coupé en deux triangles rectangles par sa hauteur), et que l'on passe ainsi d'un triangle équilatéral parfait représentant le temple Universel, à un carré long parfait. Ce que l'on appelle "image", n'est donc pas nécessairement image identique, mais projection "déformée", composée des mêmes éléments, plus ou moins ordonnés, telles les cartes d'un jeu que l'on aurait battu. A chaque élément correspond son double, mais sous une forme chaotique. Rex Hutchens, dans son livre " Le pont vers la lumière" décrit le décor du 25ème degré:


La cérémonie a lieu dans quatre appartements. Ils sont tous remarquables dans leur simplicité. Le premier s'appelle la Chambre de la terre. ... le deuxième appartement s'appelle la Chambre des planètes. Le troisième appartement... est dénommé la Chambre du soleil et de la lune.... La chambre principale s'appelle la Chambre de la lumière. Neuf lumières (bougies) sont arrangées sur l'autel par groupes de trois, formant une représentation du théorème de Pythagore...

Il s'agit là d'un degré philosophique et moral qui constitue une explication des symboles maçonniques et dont le sens profond, signifié à l'initié au travers de la renaissance d'Osiris au milieu de diverses Puissances de la Nature, tend à lui montrer que la Loi du Mal et des Ténèbres n'est que temporaire, alors que celle de la Lumière et du Bien sera éternelle.

Chaque élément représenté est relié à un élément constitutif du Temple Universel et n'en est que le symbole. Il n'existe que par l'existence, la réalité de son double; Mais relisons tout d'abord Albert Pike: Les dix premiers nombres sont 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Leurs carrés sont 1 4 9 16 25 36 49 64 81 100 Et 3 5 7 9 11 13 15 17 19 Sont les différences entre chaque carré et celui qui le précède, Nous donnant les nombres sacrés 3, 5, 7 et 9. Or ces nombres, les carrés de 3 et 4, ajoutés l'un à l'autre, nous donnent le carré de 5, ainsi que celui de 6 et 8, le carré de 10. (Morals and dogma) 3, 5, 7, 9…, sont les nombres invisibles qui relient 1 et 4, 4 et 9, 9 et 16, 16 et 25…et c'est en cela qu'ils sont sacrés. Plutarque, dans son "Isis et Osiris" écrit: Il faut donc se représenter le côté de l'angle droit comme figurant le mâle, la base du triangle comme figurant la femelle, et l'hypoténuse, le produit des deux. De même, on doit considérer Osiris comme le premier principe, Isis comme la substance qui en reçoit les influences, et Horus comme l'effet qui résulte de l'union de l'un et de l'autre Et puisque nous sommes chez Plutarque, restons-y quelques instants: Il faut donc se servir des mythes, non point comme des raisons absolument probantes ,mais pour prendre en chacun les traits de ressemblance qui se concilient avec notre pensée. Lors donc que nous parlons de matière, il ne faut pas nous laisser entraîner par les opinions de quelques philosophes, et nous la figurer comme un corps privé d'âme, sans qualité, sans activité et sans énergie propre. En effet, nous appelons huile, une matière pour parfum; l'or, une matière pour statues; mais ni l'huile ni l'or ne sont dépourvus de toute qualité….


Lorsque nous parlons de nombres, nous nous référons aux textes fondateurs, qu'ils soient égyptiens ou maçonniques. Le "Dumfries" (1710) décrit ainsi " les tout premiers débuts de la maçonnerie: Il y a sept arts libéraux. Le premier est l'art des nombres qui enseigne les vertus intellectuelles. Le second est la grammaire jointe à la rhétorique, qui enseignent l'éloquence, et comment parler en termes subtils. Le troisième est la philosophie qui est l'amour de la sagesse grâce auquel, à l'aide d'une règle des contraires, on réconcilie les deux termes d'une contradiction, redresse les choses courbes, et blanchit les noires. Le quatrième est la musique qui apprend à chanter et à jouer à la harpe et à l'orgue ainsi qu'à toutes les autres sortes d'instruments de musique. Il faut avoir présent à l'esprit que cet art n'a ni milieu ni fin. Le cinquième est la logique qui permet de discerner le vrai du faux, et sert de guide aux juges et aux hommes de loi. Le sixième est la géométrie, qui apprend à mesurer les cieux matériels et toutes les dimensions de la terre ainsi que tout ce qu'elle contient. Le septième et dernier est les sciences d'astronomie et d'astrologie qui apprennent à connaître la course du soleil, de la lune et des étoiles qui ornent les cieux. Les sept arts ensemble se fondent sur la géométrie, ce qui nous permet de déduire qu'elle est l'art le plus excellent parce qu'elle soutient les autres.

A chaque nombre donc, sa vertu, son symbole et Schwaller de Lubig nous en rappelle la valeur symbolique chez les Egyptiens: (Cf.FBA N°3) .

Un est toujours l'origine. Deux indique toujours les compléments, les oppositions, la sexualité. Trois parle toujours du ternaire originel. Quatre est relié aux quatre éléments. Cinq appartient à la quintessence, à la surévolution, au dépassement des 4 éléments. Six est le nombre de l'équilibre, la complémentation des opposés, le fruit de leur œuvre. Sept est le Nombre de la Nature terrestre, manifestation des Neuf puissances. Huit est un nombre de mort pour la résurrection. Dix est la synthèse, l'origine de la nature phénoménale et son but. Douze rappelle le zodiaque et met en rapport avec lui.

Il y a donc le nombre et ce qu'il représente, soit emblématiquement, soit symboliquement, mais il y a aussi ce qui le relie invisiblement aux autres nombres et le fait participer d'un autre symbole, plus global, à l'image d'une molécule composée de multiples atomes, ayant chacun leur spécificité. Comme dans tout symbole, il y a la partie visible, que l'on peut appeler consciente, et celle qui reste invisible impalpable pour celui qui ne sait la saisir, et que l'on peut nommer inconsciente.


La force qui relie une particule à une autre, sans laquelle elle ne saurait exister, tant le jour ne saurait être s'il n'y avait de nuit, tant le bien ne saurait être s'il n'y avait de mal, représente assez bien cette part inconsciente du nombre. Ainsi chaque nombre est relié plus ou moins directement à la totalité des nombres, comme s'il était un des milliards de nœuds formant les mailles d'un filet. Et si l'un d'entre eux vient à disparaître, c'est l'équilibre de l'univers qui disparaît. Dans le maillage du carré magique de côté 3,tout est équilibré autour du 5.

4

9

2

3

5

7

8

1

6

Les extrêmes sont complémentaires : 4 + 6 = 8 + 2 = 9 + 1 = 3 + 7 Si l'on prend un carré magique de côté 5, on obtient: 11

24

7

20

3

4

12

25

8

16

17

5

13

21

9

10

18

1

14

22

23

6

19

2

15

On retrouve le même équilibre autour du 13 : 18 + 8 = 14 + 12 ….. Mais aussi égal à 23 + 3 = 11 + 15 = 7 + 19…

L'équilibre naît de la symétrie qui procède d'un ordre, où tout être (mathématique ici) participe à l'équilibre de l'univers, où chacun a luimême besoin d'un autre être pour participer à cet équilibre. Nous sommes ici dans un monde où la dualité règne, mais qui nous laisse entrevoir le principe de polarité dont nous parlent les enseignements de la philosophie hermétique de l'ancienne Egypte.


Si tout est Double, l'homme n'est donc qu'une infime partie de la projection sur Terre de celui que les Egyptiens appelaient " l'Un qui est unique et n'a pas son second ". Les nombres qui nous permettent de recréer en rêve le lien brisé qui nous unissait à lui sont-ils de simples particules messagères échappées de notre inconscient, ou sont-ils le message muet de la Parole perdue que nous ne savons plus déchiffrer ? Qu'avons-nous à transmettre à nos enfants, sinon notre certitude que la Lumière est éternelle, et que pour participer à l'équilibre de l'univers, il importe avant tout de nous aimer comme frères et sœurs ?

Annexe : Euclide: 5 axiomes et 5 postulats Axiomes:  Deux choses égales à une troisième sont égales entre elles  Des choses égales ajoutées à des choses égales font des tous égaux  Des choses égales retranchées à des choses égales font des restes égaux  Deux choses qui coïncident l'une avec l'autre sont égales  Le tout est plus grand que la partie Postulats: - Dans le plan  Par deux points, il passe une droite  Un segment de droite peut être prolongé à l'infini dans les deux directions  De tout point, on peut tracer un cercle de n'importe quel rayon avec ce point pour centre  Tous les angles droits sont égaux entre eux  Deux droites qui coupent une troisième droite avec des angles dont la somme est inférieure à deux angles droits se rencontrent

Du point au trait


ALGDGADLU J'ai rêvé et je voudrai vous emmener écouter THABIT IBN QURRA le meilleur barbier de Bagdad. Je viens en cette ville du Caire en cette année 888 de l’ère chrétienne vous parler de Jérusalem, et des documents précieux que j’y ai trouvé. Médecin expérimenté, chimiste très profond, astrologue qui ne se trompe point, grammairien achevé, parfait rhétoricien, logicien subtil, un historien qui sait l’histoire de tous les royaumes de l’univers, possédant en ma mémoire les parties de la philosophie, toutes nos lois et traditions, mais c’est seulement de poésie, d’architecture et des raffinements de la géométrie accomplis dans l‘astronomie, dont je viens vous discourir en cette vieille terre d’Egypte, au pied de la grande pyramide. Ainsi parlait le barbier des Milles Et Une Nuits Quel est ce livre, ces documents trouvés? Une lettre à ERATOSTHENE D’ARCHIMEDE sur un palimpseste, les treize livres des éléments D’EUCLIDE, le papyrus du batteur d’or (Moscou). Venez mes amis de la maison de la sagesse, MUHAMMAD, IBN MUSA ,ALKHWARIZMI, AL QUHI, IBN SAHL, IBN AL- HAYTHAM. Prenez mon pas soyez mon œil, le point sera notre porte la droite notre guide. Que ces symboles nous donnent l’image de l’univers pour que notre pensée en appréhende le sens ! Que ces symboles nous racontent le mythe de la création pour que notre œil en suive le rite ! Que ces symboles nous chantent l’allégorie du monde pour que notre esprit en subisse l’initiation ! Que cette forêt primitive de symboles nous restitue à celui que nous avons un jour appris à nommer de son vrai nom, au reste imprononçable (exode III, 15). Ainsi parlait le meilleur barbier de Bagdad & Ce grain de sable, dit-il, que je prends est notre point. Plus petite unité symbolique, seule elle n’a pas de sens. Mais associez la avec un autre symbole dans l’écriture par exemple et il réglera la respiration et la compréhension. Juxtaposons ces grains noirs sur cette pierre blanche et nous aurons un effet de gris. Cette trame est la base de la reproduction en demi ton. C’est aussi le plus petit des damiers.


Plaçons 2 grains espacés, il ne passe qu’une seule droite entre ces 2 points. Ceci ne se démontre pas, il est l’évidence de l’intuition et la base de toute compréhension mathématique du monde. Plaçons un troisième grain à coté, il ne passe qu’une seule droite parallèle à la première en ce point. Multiplions les grains, plaçons en un quatrième, un cinquième un sixième Alors si une droite tombant sur 2 droites, fait les angles intérieurs du même côté plus petit que 2 droits, ces droites, prolongées à l’infini, se rencontreront du côté où les angles sont plus petits que 2 droits. (5° axiome d’Euclide). Qu’avons-nous appris par ce premier des symboles, le plus simple, que nous montre ce grain de sable. Il a multiplié par 100 le sens de l’écriture et la compréhension des hommes par les hommes Il a donné une technique de reproduction des couleurs chatoyantes de la vie Il a fait 5 axiomes qui éclaireront l’esprit et la pensée dans le monde pour les siècles à venir. L’art, la parole et l’esprit sont contenus dans ce grain de sable, il en sortira les œuvres les plus hautes, voyageurs qui passez, regardez, c’est là où s’est posé le premier levier de l’esprit. Ainsi parlait-on pendant que s’allongeait l’ombre de la grande pyramide. & Puis vint le moment du soir ou l’esprit tendant des droites entre les étoiles, peuple le firmament du dessin des constellations. Celles-ci nous racontent en partie, l’histoire de l’humanité et témoignent de notre tradition à la lecture symbolique de l’univers. Et pourtant dirent-ils, rien n’est plus éloigné de l’anatomie humaine que de tracer une droite. Les articulations de l’épaule et du coude, du poignet et de la main, des instincts et des besoins rendent l’exercice périlleux. Que faire mes frères pour lire la nature sans s’y noyer ? Telle était la question posée à 08h00 du soir. La nature nous invite plus sûrement à tracer des cercles ou tout au moins des courbes, mais à la différence du scribe, l’architecte a créé ses arts et ses outils. Prenons la règle se dirent-ils, et ayant ainsi fait, ils prirent aussi l’outil pour lire le monde physique et symbolique. Et ils découvrirent que l’outil n’était pas qu’un prolongement du corps, mais qu’il corrigeait aussi l’anatomie. Puis regardant autour d’eux le barbier demanda à l’architecte : -« quelles droites font sens dans la pyramide ? » -« Les arêtes des triangles sans aucun doute. » -« Pourquoi n’est-ce pas les 4 côtés de la base ? » -« Parce que si tu crois que l’horizontale t’est donnée par le macrocosme tu te trompes, elle n’existe jamais réellement. La nature suggère, elle ne livre pas. »


-« Alors comment construire ? » -« La seule vraie droite nous est donnée à nous autres par le fil à plomb. Plus qu’un centre, il définit d’abord un sens. Et à partir de cela toutes les autres dimensions peuvent être dérivées. L’horizontale intuitive nous est donnée, la verticale reste à créer, c’est là le véritable travail de l’architecte. -« Si je comprends bien dit le philosophe, c’est à partir de la verticale, d’où nous arrive ce que l’homme ne peut contrôler, foudre, pluie, rayons du soleil, que nous pourrons tracer la notion concrète de l’horizontal et dominer le monde. C’est l’axe entre le ciel et la terre qui donne sa dimension à la terre ? » -« Prendre le monde par le niveau, le comprendre par le fil à plomb, le recréer par le calcul, c’est là le véritable travail de l’architecte. Mourir pour renaître. » -« Mais le temps échappe à ta droite l’ami ? » -« Que non barbier, le temps du cadran solaire c’est le ciel qui s’appuie sur la ligne verticale, plantée dans le sable. » & Et resserrant autour d’eux les étoffes colorées aux trames serrées, leurs voix autour du brasier montaient vers la nuit. -« Ta droite lie donc le ciel à la terre, elle est représentée par les colonnes dans les temples. » Un autre reprit : « par les rayons du soleil dehors » Puis un autre : « par l’épée qui juge et tranche la vie. » -« Nous nous éloignons de notre sujet ? » -« Non, nous y sommes. De notre point, centre et origine de toutes choses, nous traçons une droite qui finit sur un autre point qui est la fin mais aussi le foyer du mouvement retour. Notre droite lie bien le ciel à la terre, et la terre au ciel. » Le meilleur des barbiers s’exprima à son tour : « Cette droite verticale lie la cause à l’effet, elle part du point incréé vers le créé, ou l'inverse, selon ta philosophie, ta religion, et ta croyance. Mais en même temps, pour nous, elle sépare l’orient de l’occident, le nord du sud, c'est la ligne qui sépare les deux battants de la grande porte. Tracer ta première ligne c’est faire preuve de ta détermination de lier mais aussi de séparer. Or cette volonté est l’acte qui préside et précède la connaissance. » « Là, tu nous trompes et tu te trompes toi-même barbier. La création des anciens n’a pas été faite par l’épée, mais par le cœur. » -« Non la création à été faite par un axe présentant 2 faces et 2 fils, c’est bien un muscle mais pas celui auquel tu pense l’historien. » Et le barbier ayant ainsi dit, il plongea dans la perplexité le petit groupe pendant que montait la lune au zénith, séparant en part égale la nuit.


& -« Ne nous fais plus attendre quel est ce muscle merveilleux ? » -« La langue mes FF, qui créa le monde par le verbe, et sépara le chaos de l’ordre." -" En es-tu sûr, barbier?" -"Vous venez, vous les hommes éclairés, de faire la première des erreurs, vous avez confondu sceptre et création » Le débat ouvert entre la primauté du cœur ou de la langue, de la prééminence du sang sur le verbe, de la prépondérance de l'acte ou de l'intention, du pointu et du rond, plongea un instant les esprits dans le chaos. Pendant ce temps l'eau dans un bol en terre cuite bouillait sur le feu en chantonnant et s'envolait en volutes légères de vapeurs dans l'air immobile et sec. & La conversation alors reprit Que nous reproches-tu coiffeur ??? -

" Je te reproche, ô mon ami, de suivre des évidences qui sont des intuitions et qui, si tu n'y prends pas garde, se termineront en dogmes." "Les inclinaisons du cœur sont changeantes et intolérantes. Mais revenons à nos propos géométriques. Tu abordes le cercle sans avoir maîtrisé la droite." - "Le fait que le segment de droite soit le plus court chemin d’un point à un autre est un théorème, pas un axiome malgré son évidence. Les truismes n’expliquent pas le monde." -« Prenons la proposition suivante : Tout corps persévère dans l’état dans lequel il se trouve soit de repos sur un point, soit en mouvement uniforme sur une droite, à moins que quelques forces n’agissent sur lui et le forcent à changer d’état ? »Cette idée est on ne peut plus contraire au sens commun. (1° loi de NEWTON) N'a-t-on jamais vu un corps auquel on ne touche pas continuer son mouvement indéfiniment ? Si peu conforme qu’elle soit à notre entendement, elle explique pourtant le mouvement des planètes. » Mais la lune au zénith dispersa les quelques braises qui rougeoyaient encore. Et du point à la ligne ils ne purent aborder le cercle ni les 2 nombres merveilleux qui le gouvernent, pourtant inscrits dans cette dernière réponse du barbier. C’est de cette nuit merveilleuse dont je voulais vous parler ce soir. Et après ? &


Il fut minuit et l’image rompit d’avec le sens. Mais gardant en leur mémoire cette soirée magnifique, et l'espoir en la cohérence de l’univers, ils se séparèrent pour cheminer en direction de toutes les universités de l’Espagne à Constantinople portant pour un temps la lumière. Ceci est un rêve bien sûr, mais les rêveurs n’éclairent-ils pas le monde et l’histoire des mille et une nuits n’a-t-elle pas sauvé la princesse. ? Le monde, même illuminé, n’en reste pas moins merveilleusement énigmatique, et n’est-ce pas souvent mieux ainsi ? J'ai dit. PK ERATHOSTENE : mathématicien , astronome et philosophe grec de l'école d'Alexandrie : nombres premiers et circonférence de la terre ( entre 284 et 192 Av. JC) 1

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ARCHIMEDE : Ecole d'Alexandrie .Hydrostatique, mécanique subtile moulage, levier, (287-212 Av. JC) calcul d'aires et de volumes curvilignes


EUCLIDE : (300-200 Av.JC) Alexandrie. Synthèse mathématique de son temps

QURA ( YCHITES) Tribu arabe à laquelle appartenait Mahomet . IBN AL- HAYTHAM : mathématicien astronome opticien (Bassora 965 Le Caire 1039)

IBN SAHL: IBN SINA AVICENNE médecin et philosophe iranien Boukhara 980 - Hamadhan 1037) canon de la médecine (interprétation d'Aristote.)

IBN MUSA IBN AL(720-757) créateur de la livre de Kalila et

MUQAFFA écrivain prose littéraire ( Dimna)


AL MUTANABBI poète auteur d'un divan poétique (Kufa 915- Bagdad 965) La réalité n'est pas la soeur du rêve; les cours des vents répondent-ils toujours à l'attente des voiliers? (Al Mutannabi)

La Table d'Emeraude Traduction de Fulcanelli, Les Demeures Philosophales :

Il est vrai, sans mensonge, certain et très véritable : Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ; par ces choses se font les miracles d'une seule chose. Et comme toutes les choses sont et proviennent d'un, par la méditation d'un, ainsi toutes les choses sont nées de cette chose unique par adaptation. Le Soleil en est le père, et la Lune la mère. Le vent l'a porté dans son ventre. La terre est sa nourrice et son réceptacle. Le Père de tout, le Thélème du monde universel est ici. Sa force ou puissance est entière si elle est convertie en terre. Tu sépareras la terre du feu, le subtil de l'épais, doucement avec grande industrie. Il monte de la terre et descend du ciel, et reçoit la force des choses supérieures et des choses


inférieures. Tu auras par ce moyen la gloire du monde, et toute obscurité s'enfuira de toi. C'est la force, forte de toute force, car elle vaincra toute chose subtile et pénétrera toute chose solide. Ainsi, le monde a été créé. De cela sortiront d'admirables adaptations, desquelles le moyen est ici donné. C'est pourquoi j'ai été appelé Hermès Trismégiste, ayant les trois parties de la philosophie universelle. Ce que j'ai dit de l’oeuvre solaire est complet.

La prochaine réunion se tiendra donc le jeudi 6 novembre, sur le thème de la Table d'Emeraude. Lieu et heure vous seront précisés ultérieurement.


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