Frères Bien
N° 5
Aimés
25 avril 2002 _________________________________________________________________________ Thème de la réunion : « La liberté » Quelques pistes de réflexion " De grands rois, des ducs et des lords Ont déposé leurs épées Pour rendre grâce à nos mystères Et ils n'ont jamais eu honte De s'entendre nommer Avec un MAÇON libre et accepté. …………………………………… Alors unissons-nous main dans la main Tenons –nous ferme les uns les autres Soyons joyeux et montrons un brillant visage Quel mortel peut se vanter D'un si noble Toast Qu'un MAÇON franc et accepté. " Chant des Apprentis ( F Mathieu Birkhead . XVIIIème siècle ) ______________________________________________________________________ " Insignes d'Etat qui nourrissent notre orgueil Distinctions importunes et vaines Par les vrais Maçons sont laissés de côté Les fils nés libres de l'Art dédaignent de tels jouets." Le chant des Compagnons ( F Charles Delafaye Esq. XVIIIème siècle) ___________________________________________________________________________ " (Que) le plus jeune des fils dudit roi, le prince Edwin, (qui) avait été instruit en Maçonnerie, assuma les charges de Maître Maçon à cause de l'amour qu'il avait pour ledit métier et les honorables principes sur lesquels il est fondé, qu'il acheta une charte de liberté de son père, le roi Athelstan, pour les Maçons qui avaient le droit de correction entre eux (comme on disait autrefois), c'est-à-dire la liberté et le pouvoir de s'administrer eux-mêmes, d'amender ce qui pouvait advenir de mal et de tenir une communication ou Assemblée générale annuelle. Constitutions d'Anderson. 1723 ( Edwin aurait été baptisé en 627. La légende qu'Athelstan et son fils Edwin aient été Maçons acceptés date de la fin du XVème siècle et n'a pas été contredite par les Old Charges) ___________________________________________________________________________
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" Qu'est-ce qu'un Maçon ? C'est un homme né libre et de bonnes mœurs, également ami du riche et du pauvre s'ils sont vertueux. " _____________________________________________________________________ D" Comment travaillez-vous sous la direction des maîtres ? RAvec ardeur, joie et liberté." _____________________________________________________________________ " Les prêtres de l'antique Egypte, dans certaines processions, portaient une Arche sainte, d'où sortait un Acacia. Et sur les flancs de cette Arche, on pouvait lire cette inscription: "Osiris s'élance de nouveau". C'était donc là la représentation de l'éternelle vie, symbolisée par la graine, mourant en terre pour mieux renaître, et portant en elle toute la gloire et toute la puissance de l'Arbre futur…… Ainsi la Lumière triomphe finalement des ténèbres, la Vie triomphe de la mort, la Connaissance triomphe de l'ignorance et la Liberté de l'oppression." _____________________________________________________________________ " …Purifié par la mort de ses passions inférieures, transfiguré par la lumière de l'initiation complète, il est devenu le militant de la rénovation humaine par la véritable vertu. Il ne redoute plus la mort, qui inquiète les autres hommes, et dont la crainte les arrête souvent. Délivré ainsi de toute terreur, il possède toute la Liberté. Hiram est pour lui un modèle auquel il s'identifie." _____________________________________________________________________ " (la branche d'acacia) symbolise aussi le renouvellement perpétuel des êtres organisés, la Vie tirant ses éléments de la Mort même, la Conscience qui s'unit à la Science, la rénovation sociale par la Liberté succédant à l'Oppression." _____________________________________________________________________ " La connaissance est un bien héréditaire que chaque génération de Franc-Maçon augmente et qu'elle transmet à celle qui la suit. Ainsi en a-t-il été dans les temps passés, ainsi en sera-t-il dans les temps à venir. C'est pour cela que vous devez à ces Frères aînés dévouement, confiance, déférence, sans jamais pourtant aliéner votre liberté de jugement." _____________________________________________________________________ " L' Orient de cette Loge représente le Saint des Saints du premier temple de Jérusalem et les plus Secrets Mystères de la Franc-Maçonnerie dont vous êtes séparés par une barrière pour le moment infranchissable. Mais vous avez la clef, et quelque jour il vous sera permis d'ouvrir et de passer. Les passions, les préjugés et l'erreur placent de nombreux obstacles entre l'Homme et la Vérité; mais il n'est point de difficultés que l'énergie, la persévérance et d'honnêtes intentions ne puissent surmonter." _____________________________________________________________________ D" A quoi doit d'abord travailler le M S ?" R" A combattre en lui-même tout trace de ces trois défauts (l'ignorance, le fanatisme et l'ambition) qui diminuent sa valeur personnelle, à les combattre aussi chez les Hommes qu'il fréquente." _____________________________________________________________________
TS "Que représente la captivité que vous avez subie à Babylone ?" Ch "Au point de vue spirituel et intellectuel, cette captivité représente la tyrannie des dogmes. Au point de vue moral, elle représente la perte de liberté résultant des abus, de la licence, du dérèglement et de l'anarchie." _____________________________________________________________________ DR-
A quoi travaillez-vous ? A la reconstruction du Temple.
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Que voulez-vous dire ? A la reconstruction de la Vérité primitive, de la Liberté rationnelle des droits de la libre Conscience et de la libre Pensée.
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Où le reconstruisez-vous ? Dans le cœur des Hommes et parmi les nations.
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Où allez-vous ? De Babylone à Jérusalem.
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Qu'est-ce que cela signifie ? Des ténèbres de l'Erreur aux clartés de la Vérité, des déserts de l'Ignorance et de l'esclavage intellectuel aux prairies de la Science et de la Liberté intellectuelle.
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" La légende dit que les Juifs (après une captivité de 70 années à Babylone, Cyrus leur accorda de retourner à Jérusalem), pendant le voyage, se heurtèrent à leurs anciens ennemis, sur un pont qui traversait l'Euphrate.". (Cf. le pont sur le cintre duquel sont tracées les trois lettres L.D.P., ce qui signifie : Liberté de passage). " La tradition enseigne que l'épée est l'arme de la liberté. Celle-ci ce conquiert et se défend. On sait qu'autrefois, le privilège de porter l'épée était réservé aux aristocrates et aux membres de certaines corporations "franches", c'est-à-dire à tous ceux qui disposaient librement de leur personne…. Si le mot (liberté), au plan philosophique et isolé de l'acte, est abstrait, au plan de l'Enseignement traditionnel, par contre, il est tout à fait concret. "Liberté de passer" implique que l'acte de passer est consubstantiel à la liberté elle-même. Passer, cela veut dire traverser; Dans la Bible, (Ezra), Cyrus donne aux israélites, en même temps que la liberté, le droit "d'aller au-delà du fleuve". L'étymologie même de "Hébreu" (IVRI en hébreu) renvoie à la racine : EÏN, BEITH, RESH qui signifie : passer. Ainsi, "hébreu" signifie "celui qui a traversé" (le fleuve, le désert, les épreuves). La légende biblique ne nous intéresse pas en tant que légende nationale. Elle nous concerne parce qu'elle nous parle des hommes qui "traversent". L' Enseignement ésotérique est sous le signe d'Hermès. Ce dieu est, à l'origine (et son étymologie le montre): celui qui pose des bornes. En grec, Hermeïon: la borne. Il est donc celui qui différencie l'espace, crée des territoires, établit des frontières et, en
même temps, celui qui aide à les traverser. L' Enseignement ésotérique enseigne que tout interdit doit être transgressé. Les portes ont été créées pour être ouvertes. Ainsi s'établit une histoire dynamique et ainsi les épreuves peuvent être vécues. Celui qui passe librement et qui, de ce fait, traverse les ponts, franchit les obstacles, voyage à travers l'espace et le temps, réunit ce qui est épars et, de ce fait, accomplit l'œuvre. "Liberté de passage" est, par conséquent, une autre formulation de "réunir ce qui est épars" et "aller plus loin". Il est intéressant de confronter le discours "ésotérique" sur la liberté, tel que nous venons de le résumer ci-dessus, avec l'histoire de l'idée de liberté dans la pensée philosophique en occident…. La démarche philosophique s'appuie sur la notion de "liberté de choix". Sommes-nous libres de choisir entre A et B ? A cette question, il a été proposé deux réponses contradictoires. La première répond non: Non, l'homme ne peut choisir car il est déterminé et son choix résulte de causes qu'il ne maîtrise pas. Cette réponse est celle des déterministes. La seconde est oui. Oui, l'homme peut choisir car il dispose de son "libre-arbitre". Historiquement, la seconde réponse est antérieure à la première. Le déterminisme s'est construit à partir d'une critique du libre-arbitre. Il convient donc de prendre ce problème dans une perspective historique. Les partisans du "oui" fondent leur réponse sur trois arguments: 123-
Dieu a donné aux hommes la liberté de choisir entre le bien et le mal. L'homme est libre, car, s'il ne l'était pas, il ne pourrait être tenu pour responsable de ses actes. L'homme a le sentiment d'être libre. Cette expérience intime est la preuve qu'il est bien libre.
La critique de ces trois arguments s'articule autour des idées suivantes: 12-
3-
Pour ce qui concerne le premier, il faut admettre l'existence de Dieu et, en outre, il faut admettre que nous connaissions les projets de Dieu. Cet argument par l'absurde n'est pas philosophique, mais utilitaire. Il est posé de manière à justifier le droit de punir. Toute société hiérarchisée ne peut subsister que si elle se reconnaît ce droit. Or le philosophe n'a pas pour mission d'aider l'ordre établi. Sa mission est de rechercher la vérité. Cet argument a été démoli par Spinoza et par Leibnitz. Spinoza dit:
" Nous nous croyons libres parce que nous connaissons nos désirs, mais nous ne sommes pas conscients de leur motivations." Leibnitz dit également que nous ignorons les causes de nos désirs. Ainsi, dans le contexte philosophique, le déterminisme paraît plus réaliste et plus rationnel. La psychologie nous apprend, en effet, que les choix sont limités et "conditionnés" par l'éducation, le milieu ambiant, des influences de toute nature, des pulsions irrationnelles, la mémoire de l'espèce etc…
C'est donc en analysant les causes du choix que nous augmentons notre liberté. L'usage de la liberté commence par la prise de conscience de ses limites, voire par la prise de conscience qu'elle est un rêve…un projet. Un projet, c'est-à-dire une construction: la construction du Temple Intérieur, c'est-àdire la création d'une personnalité "structurée". Construction renvoie en effet à "structure" et le symbole du Temple à reconstruire signifie qu'il y a eu: 1- construction première 2- destruction à cause des épreuves, à cause de la contestation de soi-même, et à cause également d'une phase régressive "historiquement" nécessaire. La légende nous fait vivre l'histoire de l'homme qui se crée…après avoir critiqué l'image qu'il a reçue de lui-même. La démarche philosophique "pure", si elle refuse d'intégrer le symbolisme et sa part d'irrationalité, aboutit à une impasse. A la question première: l'homme est-il libre de choisir entre A et B ? La réponse ne peut être ni positive ni négative. L'homme peut apprendre à choisir au moyen de la connaissance des causes de ses choix. C'est la méthode initiatique: Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'Univers et les dieux. Et pour apprendre à choisir, il faut, en fin de compte, faire "comme si" cet apprentissage conduisait au but. Il faut se laisser aller à rêver. La liberté est un projet. Elle correspond à un désir profond. Elle est l'Etude. Elle est le rêve qui devient monde par la magie du jeu." Daniel BERESNIAK (De la Quête spirituelle à l'œuvre au Rouge) ___________________________________________________________________________
" Trois pas d'apprenti, puis deux de plus pour le compagnon, puis deux enfin pour le maître, avant de rassembler les deux pieds. Passer du deux au un. Passer du plan au volume en enjambant un mort, en traçant un Z inversé. Z, qui en ancien grec signifiait :"Il est vivant". Jean Pierre Bayard, évoquant un enterrement de compagnon, le compare à des rites funéraires anciens, et dit: "Souvent le compagnon étendu sur le cercueil, face contre, donnait pour la dernière fois les mots et le chiffre de passage, cet étonnant L.D.P., traduit par Liberté de Passage, que l'on retrouve dans le rite Maçonnique…" "Libère tes deux pas, Sage…", passe dans la dimension supérieure pour revenir à l'unité. "
G.H __________________________________________________________________________
La liberté La Liberté : ce ne sont pas les libertés, même si elles découlent toutes d'elle. La Liberté : c'est le respect de la dignité de l'homme. La dignité : expression du respect dû à tout être humain, simplement en raison de ce qu'il est. Et puisque ce principe de dignité est inhérent à tous les membres de la famille humaine, ils ont des droits égaux. L'affirmation que l'homme a des droits uniquement parce qu'il est un être humain a surgi peu à peu au cours des siècles comme une évidence. Les peuples prenant conscience de ce qu'ils sont, des malheurs et de l'oppression dont ils voulaient se dégager, ont apporté chacun leur pierre à l'édifice. Et ce, souvent lors de violentes secousses mettant en cause les pouvoirs qui ne leur concédaient que peu, voire aucun droit, pour mieux leur imposer des devoirs. La vie d'un homme, sa liberté ont si peu d'importance dès qu'elles cessent d'être des valeurs infinies. Malraux disait : " La Liberté appartient à ceux qui l'ont conquise. Vivre libre le sens même de la Liberté ". L'action des citoyens et la lutte des peuples sont toujours aussi nécessaires pour assurer la préservation de la Liberté. La Liberté se gagne, elle n'est jamais donnée. Mais une fois gagnée, il est un devoir de tout homme et de tout citoyen de la conserver. La Liberté c'est la Révolution permanente. " Soyons réalistes, exigeons l'impossible ", disait Che Guevara . Un monde sans rêve et sans utopie n'est-il pas un monde voué à l'impuissance ? Le propre de l'homme est, et doit rester, celui du dépassement de soi, et en aucun cas nous ne devons accepter cette vie hantée par la mort qu'est la survie économique. La Liberté d'être ce que nous sommes ne nous suffit pas ; nous voulons encore celle d'être ce que nous ne sommes pas. La Liberté n'existe que là où l'intelligence et le courage parviennent à mordre sur la fatalité. Le révolutionnaire est cet homme de liberté qui lutte au côté des dépossédés contre les possédants, au côté des " sans " contre les " avec ", au côté des méprisés contre les méprisants. Desnos disait en parlant des communards : " Qui sont ces hommes, c'est la racaille , et bien j'en suis !". En découvrant la révolution de la Terre, Galilée va bouleverser les croyances, modifier les esprits. Sa découverte est une autre révolution qui va ébranler les pouvoirs autant politiques que religieux. Remuer l'Histoire, diminuer les puissants en leur retirant la prééminence de la pensée n'est jamais apprécié quand règne l'obscurantisme. On sait ce qu'il advint de Galilée qui, pour garder la vie, préféra se renier. Aujourd'hui le chef de l'église catholique romaine demande pardon pour les erreurs commises par ses prédécesseurs. Demain, plus tard, beaucoup plus tard, d'autres peut-être, reconnaîtront aussi qu'ils se sont trompés. La révolution est rarement efficace ou opérationnelle dans les moments qui la suivent. Le temps est nécessaire pour que l'on découvre le bien-fondé de celle-ci. Que n'a-t-on pas dit sur la Révolution de 1789 ! C'est vrai que les révolutions comportent des risques, c'est évident. Elles sont souvent la cause de malheurs, de violences et de morts. Et pourtant cette Révolution, aujourd'hui tant décriée, n'est-elle pas la mère de notre République ? N'est-elle pas à l'origine de la démocratie en France et peut-être dans le Monde ? N'est-elle pas le premier pas vers le respect de l'homme et sa liberté ? « Homme libre si seulement tu comprenais ta grande liberté ! Moi je préfère ton pain noir Liberté !» (Victor Hugo)
Quant à François Arouet, dit Voltaire, ce riche bourgeois au caractère acariâtre, cet écrivain de renom, ce philosophe des Lumières, avait-il besoin de se révolter contre le sort réservé à Callas, Sirven et au Chevalier de la Barre, tous trois victimes de l'intolérance la plus noire ? Emile Zola aussi pouvait se taire lors de l'affaire Dreyfus. Que lui importait le sort de ce petit officier sans grande envergure et au demeurant fort peu sympathique ? Aux yeux de ses ennemis, il n'avait qu'un tort mais de taille : celui d'être juif ! Et Zola prit sa plume et il accusa. Il accusa la lâcheté des hommes, l'intolérance, l'obscurantisme et la bêtise humaine. C'est vrai, nous pouvons tous nous taire, de Galilée à Zola, de Guevara à Saint Just, de Lénine à Voltaire ! Nous pouvons tous nous contenter de gémir, de geindre, nous pouvons nous limiter aux constats et faire de beaux discours. La violence, les injustices, les crimes, les mensonges, l'incivisme, l'intolérance, ne nous concernent pas toujours. La Terre tourne et elle continuera de tourner pour longtemps après nous. En 1968, ceux de ma génération l'ont connue cette révolution, sur les barricades parisiennes ou au fond des provinces. Aujourd'hui, trente ans après, peut-on nier l'impact de cette révolte ? Donner la parole à l'ouvrier dans son usine, à l'employé dans son administration, à l'étudiant dans son université, n'est-ce pas cela aussi la révolution ? Le révolutionnaire n'a pas toujours le couteau entre les dents, il peut avoir le stylo à la main ou la parole à la bouche. Il n'attaque pas, il protège la Liberté qui se lève dans la nuit. Il ne réclame pas obligatoirement une nouvelle société, il veut simplement préserver les acquis de ceux qui sont morts pour la Liberté et les droits de l'homme à vivre une vie libre de toute entrave spirituelle. Se révolter, ce n'est pas obligatoirement inventer quelque chose de nouveau : ce peut être retrouver simplement ce que d'autres ont déjà construit. Et le Maçdans tout cela ? Est-il ou doit-il être un révolutionnaire ? Il révolutionne déjà sa vie et son esprit le jour où il décide de quitter son état profane pour devenir un initié. A la fin des travaux en loge, il promet de répandre les vérités qu'il a acquises. Il prend cet engagement pour lui et pour tous ses FF. Il ne peut se contenter du ronron intellectuel de certaines réunions où chacun entend refaire le Monde, il doit être un militant, un militant pour la Liberté. Ses idées doivent être révolutionnaires pour pouvoir espérer participer à l'évolution de la société. Il n'a pas le droit de se taire devant les injustices, les violences et les crimes. Même s'il ne détient aucune vérité, il est en recherche. Il ne doit pas être neutre, il doit s'investir, proclamer nos valeurs que sont la Liberté, l' Egalité, la Fraternité, les pratiquer, les mettre en oeuvre ! Quelle plus belle tâche existe-t-il pour un humaniste ? Comme le disait Rouget de l'lsle : "Liberté, Liberté chérie combat avec tes défenseurs ! ! !"
LIBERTE (Billet d'humeur) Alors que la France se drape dans sa dignité de « dame patronnesse » des Droits de l'Homme, elle donne à travers les médias ou ses élus, de préférence à ceux qui ne demandent rien, moult conseils pour faire réconcilier les peuples égarés d'avec la République. Que n'avons-nous entendu sur nos voisins transalpins fort complaisants avec la Ligue Lombarde, sur les Autrichiens soutenant un nazillon bon teint, ou sur les Belges qui ne s'opposent pas à l'émergence d'une fange politique. A tous ces européens et à d'autres, nous avons asséné des conseils, voire des réprimandes quant à leur manque de lucidité, d'analyse, d'anticipation. Depuis longtemps déjà nous sommes quasiment massés sur nos frontières pour leur crier ce qui est juste et condamner sans beaucoup de nuance leurs dérapages, pour leur dire ce qu'est la Liberté et ce pourquoi ils risquent de la perdre. Sommes-nous las de la Liberté au point de la laisser se consumer comme une simple braise ? Notre civisme est-il à ce point déliquescent qu'un acte majeur comme peut l'être une élection - et a fortiori celle du Président de la République - soit traitée avec légèreté pour ne pas dire avec désinvolture ? Sommes-nous aveugles au point de ne pas voir chez nous ce que nous reprochons à d'autres ? Nous avons pu constater dans la presse ou dans notre entourage le jeu pervers de nombre d'électeurs au « qui perd gagne » rivalisant de ridicule et d'inconscience avec celui de la «provoc», complétant le schéma de plus en plus courant de l'abandon de sa citoyenneté par lassitude quand ce n'est pas par rejet… La Liberté est-elle une vertu de Société à ce point usée qu'on la traite avec les mêmes excès, les mêmes outrances que ce qui fait les nouvelles tendances pour faire « branché ». Après le lointain "interdit d'interdire" il a fallu pousser toujours plus loin les limites pour trouver les frissons, le fun, en dehors des normes, de l'interdit (sport, pub, sexe.... ). Faut-il, pour être dans l'air du temps, élever (si l'on peut dire !) la Liberté au niveau de ces courants, de ces tendances, qu'on peut intégrer á titre individuel, mais qui sont et doivent demeurer des épiphénomènes au regard de la dimension intemporelle et universelle de la Liberté. Les Hommes des Lumières ont été une source de nos valeurs d'aujourd'hui, ayant soit pour origine, soit pour but la plus déterminante d'entre elles la Liberté, par leur travail de structuration, d'ordonnancement, de codification. L' Humanité a pris conscience de sa valeur intrinsèque. De combats en Révolutions, le positionnement de l'homme dans la Société s'est notablement amélioré et, s'il persiste encore des zones d'ombre nécessitant efforts et persévérance, observons le chemin parcouru. Portons un regard sur les sacrifices de nos devanciers pour nous léguer le plus grand des patrimoines. Paradoxe de ces temps de matérialisme exacerbé, il s'agit uniquement d'une idée : Liberté. Mais dans ce XXIème siècle qui n'est pas encore devenu spirituel, le raisonnement se fait plus par contraste que par analyse. Les événements en cours (élections) nous montrent la désaffection des Français pour la défense de l'expression de leurs choix. N'y a-t-il pas accoutumance à une évolution, ou plutôt à une mouvance « soft idéologique » qui nous a éloignés des fondements de la République. Face à des situations inédites, contre nature, qui n'auront pas été maîtrisées en amont, ce qui aurait dû être préventif se transforme en épidermique, en réactif. Même si la prise de conscience tardive est préférable à une neutralité complice, la Liberté individuelle ou collective en souffre toujours peu ou prou. Aujourd'hui, il est encore temps de s'interroger sur le désintérêt de nos concitoyens pour la chose publique, sur la désaffection
des symboles de la République (drapeau tricolore, Marseillaise..... ) en laissant le champ libre à leur récupération par des courants extrémistes. Il serait probablement illusoire de laisser aux seuls hommes politiques le soin de traiter ce sujet. Cela ne relèverait-il pas des compétences de la Maçonnerie de participer, dans le monde profane, à la restauration des symboles de la République, à la diffusion des informations favorisant la compréhension de nos institutions et par là, faire prendre conscience à chaque citoyen, et au-delà, à tous les non nationaux, quels sont les droits mais aussi les devoirs de chacun envers la République, envers la Nation. Il ne saurait y avoir de Liberté sans mémoire. Peut-être pourrions-nous oeuvrer à sa restauration par des moyens qui restent à définir (Education Nationale, expos, conférences, parutions, loi sur le vote, ...) avec pour souci de toucher celles et ceux qui pour différentes raisons se sentent hors de la responsabilité collective de la Société, sans négliger les convertis pour les amener à persévérer. Certes, il s'agit probablement d'une utopie, mais nos devanciers en ont témoigné de plus grandes encore (Droits de l'Homme, Liberté / Egalité / Fraternité, abolition de l'esclavage....). Platon a-t-il une descendance ? D.M ________________________________________________________________________________ ZERO (suite) Je n'ai pas choisi la facilité en choisissant de vous parler du Zéro. Je ne m'attendais pas à trouver de nombreux articles traitant de ce sujet dans la littérature maçonnique, mais, de là à ne rien trouver ! Pourquoi le Zéro ? Parce que peut-être que si l'on admet qu'un nombre exprime plus qu'une valeur quantitative, le zéro, non seulement bien que ne représentant aucune quantité, exprime peut-être encore plus que tout autre chiffre une valeur qualitative (…tolérance zéro, être un zéro…). Peut-on d'ailleurs dire du zéro que c'est un nombre ? Le zéro n'a pas de valeur par lui-même, il tient la place de valeurs absentes dans les nombres. Ainsi, placé à droite d'un nombre, il multipliera celui-ci par dix, et à l'inverse, s'il est situé à sa gauche, il divisera ce même nombre par dix. Je serais tenté d'en conclure que le zéro est un signe d'une modestie ! Après tout, quand on n'est qu'un zéro ! Je sais que le zéro n'a pas toujours existé et qu'il aurait été inventé dans l'Inde ancienne: représenté par un cercle, il signifie à la fois le non-être et l'éternité. Pour Pythagore, le zéro est la forme parfaite contenant la totalité et à partir de laquelle tout a été créé. Comment après de telles considérations peut-on admettre encore que le zéro tienne si peu de place dans notre rituel maçonnique ? Certes, le compas est un outil qui tient une place prépondérante dans l'ensemble des outils qui sont mis à notre disposition, et d'ailleurs, comme le zéro, suivant sa position sous l'équerre, entrecroisé avec l'équerre ou encore sur l'équerre, la valeur symbolique de l'association équerre / compas sera différente. Le compas, je l'ai bien compris, ne sert pas qu'à faire des ronds !
Dans un tableau célèbre : la création du monde, de William Blake, un vieillard se penche pour mesure le globe terrestre avec un compas, traçant un cercle au-dessus de l'abîme. Mais tout cela nous éloigne du zéro. Revenons à la figure géométrique représentant le zéro : le cercle. Il semble que sa représentation soit universelle; on ne peut en dire autant des autres chiffres et interrogeons-nous sur cette figure géométrique. Le cercle est une ligne sans fin où il n'y a point de partie qu'on puisse appeler commencement ou fin. C'est un mouvement circulaire infini. Dans sa représentation elle-même, le zéro est déjà source de réflexion métaphysique. Mais ce qui me fascine le plus dans la symbolique du zéro, c'est tout ce qu'il représente. Il est à la fois la somme et le point de départ des contraires : +2-2=0, de même on peut écrire que 0++3-3. Le zéro est aux confins de deux univers opposés. Dans un article de Science et Vie, publié en février 99 et intitulé " comment la matière devient réelle ", l'auteur nous montre qu'un atome, dans la mécanique quantique, peut être pris en flagrant délit de superposition quantique : on l'a observé simultanément dans deux endroits distincts ! Tout cela me semble extrêmement compliqué, me fait douter de la réalité des choses et me conduit à me demander si le zéro n'est pas finalement la seule réalité à partir de laquelle mon imaginaire a construit tout l'univers. Zéro serait-il Dieu ? Ou Dieu serait-il issu du Zéro avec pour inverse le Diable ? Comme vous pouvez vous en rendre compte, réfléchir sur le chiffre zéro me conduit très loin, peut-être même trop loin, accordant au zéro une valeur qu'il n'a pas. Mais mon propos avait peut-être pour but, non pas de faire l'apologie du zéro, mais tout simplement de vous faire part de façon certainement très maladroite de ma quête, non pas sur le sens même de l'existence, mais tout simplement sur la nature de la réalité de l'excitant.
G.F.
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NDLR: la coquille n'est pas de notre fait ! On la laisse, car elle nous plaît !
________________________________________________________________________________ Prochaine réunion le jeudi 30 mai à 20 heures chez Gérard. Thème: " le bâton "