FBA 18 Tout homme est-il initiable

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Frères Bien

N° 18

Aimés

15 janvier 2004 _________________________________________________________________________

Thèmes des réunions: « L’initiation » et « Tout homme est-il initiable ? »

En ce début d’année, nous vous invitons à partager le fruit de deux réunions qui se sont tenues le 18 décembre 2003 et le 15 janvier 2004. Le thème annoncé initialement était « la formation des apprentis » et l’accord s’est fait spontanément sur une première approche de ce qu’est l’initiation. La Franc-maçonnerie est avant tout une société initiatique. En quoi notre chemin d’initié diffère-t-il de celui de « l’honnête homme » ? Lorsque nous entrons dans le Temple, que ressentons-nous au plus profond de nous-mêmes ? Si nous avons conscience d’être les maillons d’une même chaîne, qui relie les initiés d’hier à tous ceux de demain, nous reconnaissons-nous dans les apports de tous ceux qui nous ont précédés et savons-nous surtout ce qu’il nous sera demandé de transmettre à ceux qui nous suivront ? Mesurons-nous encore le sens et la portée des paroles et des gestes de nos rituels, lentement intégrés, systématisés à un point tel qu’ils nous sont devenus aussi familiers que le fredonnement d’une ritournelle ? Qu’y a-t-il au-delà des savoir-faire et refaire sans cesse, au-delà de la transmission des paroles et des gestes, de la mise sur un chemin qui fut/est/sera le nôtre, sans que nous sachions trop nous-mêmes quel en sera le pas final ? Qu’en pensaient nos aîné et qu’en pensons-nous Nous vous invitons à faire quelques pas de conserve avec nous.

Qu’est-ce que l’initiation ?

nous-mêmes ?


Sans vouloir reprendre le thème du FBA n°9 sur l’initiation et notre évolution, je voudrais m’attacher à ce que pourrait représenter l’initiation. Littéralement, l’initiation est le passage du seuil ou la mise sur le chemin. C’est avant tout un processus personnel de transformation intérieure. Une initiation, même vécue dans les formes, n’est que virtuelle. Elle n’est que le premier pas sur le chemin que l’initié, ou plutôt que le futur initié, devra parcourir pour la rendre effective. L’initiation et les références à celle-ci sont très peu présentes dans notre société, ce qui n’est pas le cas dans les sociétés traditionnelles. Là, elle marque un passage, un changement de statut, la perte d’une identité pour accéder à une autre. L’initiation suppose que l’on accepte l’idée d’une évolution possible. Changement radical ou progressif, l’initiation s’adresse à la psyché, l’âme, autant qu’au psychisme. Elle participe des deux et tend à les réunir. Certaines écoles font de l’homme un Dieu déchu, emprisonné dans son Ego, qui l’empêche de s’identifier à sa nature véritable. Car Psyché est aussi un miroir parfois déformant. Le processus initiatique va amener cet homme de désir, aveuglé par ses passions, à se débarrasser de ses scories et lui permettre ainsi d’accéder à une vision claire des choses. L’initiation marquera le début de sa réintégration. Ce processus s’intéresse d’abord au corps et à nos illusions face à la matière. L’initiation s’applique à nous donner la maîtrise de nos énergies vitales et de leurs cycles. Elle nous met face à nos désirs et à notre course pour les assouvir. Elle s’attache aussi à notre mental, à nos principes de réalité, forces de conditionnement, éléments du passé qui nous empêchent de reconnaître notre véritable nature. L’initiation est le chemin de la connaissance que le futur initié vient chercher. " Tu ne trouveras chez nous que ce que tu y apportes ; nous t’aiderons à t’affiner, à t’améliorer, mais tout est en toi… Si tu ne ressens pas au plus profond de toi un écho à ce que nous avons voulu te montrer, alors pars, car cette connaissance est la gnose, regard décapant sur le monde et sur nous-même ". S’il est parfois difficile d'entrer dans une société initiatique, il est plus facile d’en partir lorsque l’on n'y trouve pas ce que l’on désirait au plus profond de nous; le face à face avec soi n’est pas toujours facile, même parfois déroutant quand on ne se connaît pas. C’est pourquoi dans la quasi-majorité des sociétés initiatiques, la base donnée aux impétrants lors de leur initiation c’est : Connais-toi toi-même.

Elle nous incite à nous libérer de l’illusion de nos conditionnements en stimulant la parcelle de Lumière qui est en nous et nous conduit à la liberté de conscience. Processus d’individualisation, elle confère à chacun le statut d’être unique et à part entière, mais toujours relié au tout : Amour. Etre initié, c’est d’abord mourir à soi-même, pour renaître sous une aube nouvelle, en un autre lieu souvent hors du temps et de l’espace. C’est un retrait consenti, un recul par rapport à ce qui constitue notre moi social, mais aussi une autre vision d’un autre possible. L’initié en trouvant en lui-même ses ressources, devient responsable, face au Monde et face à ses actes. Il ne pourra plus attribuer aux autres la source de ses difficultés. L’initiation entraîne souvent le doute, sur le choix, sur la voie ou sur le chemin qui s’ouvre, elle ne débouche donc pas forcément sur un mieux être mais plutôt vers une


grande clarté de l’être intérieur, du moi profond, parfois un peu au détriment de l’ego ce qui peut en gêner certains. L’initiation traditionnelle utilise les symboles pour parler à l’âme. Elle débute presque toujours partout par la mort symbolique de l’impétrant, pour le faire renaître ensuite à la vraie Lumière. Elle utilise souvent la symbolique des 4 éléments, reconstituant ainsi un être nouveau, purifié de ses scories. C’est le vécu d’une grande majorité si ce n’est de toutes les sociétés initiatiques. Cette nouvelle naissance s’accompagne parfois de l’attribution d’un nouveaux nom sacré, c’est elle qui confère également le statut de frère ou de sœur entre les membres d’un même groupe, car nés de la même chaîne initiatique. Elle peut également être regardée sous un aspect énergétique durant lequel l’énergie vitale est redirigée vers un nouveau chemin, sentier de l’arbre de vie de la Kabale ou nadis de la tradition orientale. C’est lorsque cette nouvelle voie devient habituelle que l’impétrant devient un véritable initié, et encore ne sommes-nous jamais complètement initiés, l’initiation n’etant que le processus primitif de l’ouverture et de la mise sur le chemin. Un élément qui apparaît de façon redondante dans l’histoire des sociétés initiatiques est celui de la filiation ou chaîne initiatique. Il n’est pas une de ces sociétés qui ne se réclame d’une filiation historique ou d’un grand ancêtre fondateur, comme les religions. L’objectivation de cette filiation, de cette charte, de cette patente semble être de nos jours le seul biais par lequel un groupe d’êtres puisse se faire reconnaître comme authentique puisque traditionnel. Pourtant, cette filiation réelle ou mythique des sociétés initiatiques et souvent ésotériques ne préjuge en rien de la qualité des travaux qui sont accomplis sous son couvert. Ceci est encore plus vrai dans notre société occidentale où ce sont les êtres qui façonnent le groupe plus que le mythe. Ce concept de chaîne initiatique s’appuie sur un certain nombre d’hypothèses : un événement primordial qui fonde les valeurs de la société, ces valeurs sont transmissibles, la qualité de la transmission dépend de la filiation directe. Cet établissement formel d’une filiation prouve la conformité du corpus doctrinal d’une société avec l’expérience d’origine, permettant une référence constante à un événement fondateur qui s’appuie simultanément sur l’histoire et sur le mythe. Cet ensemble de valeurs ou d’enseignements sont quasiment toujours morales ou spirituelles, propres à définir le corpus doctrinal s’élevant du mythe et de l’histoire. Si l’histoire peut nous apporter les preuves d’un événement, c’est le mythe par les valeurs qu’il véhicule qui fonde la tradition. Cette tradition est la transmission de la clef d’une initiation qui doit dès lors devenir effective par un apprentissage qui s’apparente à la tradition orale, pour être transmise à son tour, c’est à dire aboutir à une transformation, une évolution réelle de l’initié. Elle est la filiation directe, le rattachement symbolique, l’égrégore qui n’est efficient que si les individus concernés s’approprient le mythe fondateur. La chaîne symbolique qui relie les êtres par-delà le temps et l’espace et constitue l’égrégore, la personnalité collective de cette société initiatique, donne la possibilité permanente pour chacun d’accéder à une vision originale. Mais ceci suppose naturellement que chacun des maillons de la chaîne ait réalisé en son temps l’assimilation du mythe fondateur. La tradition ésotérique est une tradition qui porte sur un mode de pensée, un ensemble opératoire qui amène à considérer non pas chacune des traditions particulières mais le fond commun de toutes les traditions comme étant un élément constitutif, un archétype des potentialités d’évolution de l’être humain. Sa devise pourrait être celle de Gautama :


« Doute, ne crois en rien parce qu’on t’aura montré le témoignage écrit de quelque sage ancien. Ne crois en rien sous l’autorité des Maîtres ou des Prêtres, doute. Mais ce qui s’accordera à ton expérience et après une étude approfondie satisfera ta raison et tendra vers ton bien, cela tu pourras l’accepter et t’y conformer. »

Un poème peut représenter ce qu’est l’initiation, c’est Si de notre F.’. Kipling : ‘’ Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir Où perdre en un seul coup le gain de cent parties Dans un geste et sans un soupir Si tu peux être amant sans être fou d’amour Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre Et, te sentant haï sans haïr à ton tour Pourtant lutter et te défendre ; Si tu peux supporter d’entendre tes paroles Travesties par des gueux pour exciter les sots, Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles, Sans mentir toi-même d’un mot ; Si tu peux aimer tous tes amis en frères ; Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ; Si tu sais méditer, observer et connaître, Sans jamais devenir sceptique ou destructeur, Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître, Penser, sans n’être qu’un penseur ; Si tu peux être dur sans jamais être en rage, Si tu peux être brave et jamais imprudent, Si tu peux être bon, si tu peux être sage, Sans être moral et pédant ; Si tu peux rencontrer triomphe après défaites Et recevoir ces deux menteurs d’un même front, Si tu peux conserver ton courage et ta tête Quand tous les autres les perdront ; Alors les Rois, les Dieux, la Chance, la Victoire Seront à tout jamais tes esclaves soumis Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire, TU SERAS UN HOMME, MON FILS. L’initiation est porteuse de promesse, elle est une espérance. Dans sa plénitude elle prépare l’homme à assumer son devenir. D’où la nécessité de l’apprentissage et de l’épreuve. Elle convie chacun à aller vers lui-même, à se construire quelle que soit la société initiatique. L’homme libre est le produit du travail qu’il accomplit. Il doit donc vaincre ses passions et mourir à lui-même pour renaître à son état d’initié. Il faut que sa demande soit le signe d’une recherche et d’un engagement. Ce désir d’aller audelà de soi entraîne une autre vision de ses devoirs, de ses concepts avec l’humanité et lui-même.

Cette naissance à une nouvelle existence, c’est la remise en question de l’être, la clé de l’initiation.


On n’entre pas dans une société initiatique comme on entre en religion ; cet engagement ne constitue pas autre chose que la recherche d’une harmonie personnelle, d’une conscience de soi qui s’acquiert progressivement, déjà par l’acquisition et la pratique des rituels, mais également par un ensemble de travaux symboliques en particulier. Ils permettent de définir la place qu’occupe l’homme parmi les autres règnes terrestres ; minéral, végétal, animal, pour aboutir à en rechercher la justification au regard de l’Univers, c’est à dire de ce qui va "vers l’Uni". Par ailleurs, s’il est établi que de tout temps les initiés ont beaucoup apporté à l’Humanité, il convient de se rappeler que victimes de l’intolérance, au long des siècles, ils ont payé un très lourd tribut à sa construction. Que se soient les Francs-maçons, les Rosicruciens, les Martinistes, les Kabbalistes, les Philalèthes, les Philadelphes ou les Hermétistes, comme beaucoup d’autres, les sociétés dites secrètes sont toujours les conservatrices des vieilles, voire très vieilles Traditions Initiatiques. JFL __________________________________________________________

Initiation Vaudou

Quelque part un enfant, qui ne sait où il va, est saupoudré d'étoiles qui vont le relier à celles qui scintillent là-haut. A des milliers de kilomètres de là, un profane va fouler la planche à boules. On lui dit que le chemin sera plein d'embûches, alors qu'il parcourt déjà l'Univers à grands Pas.

Bribes d'Histoire..


C’est une réflexion sur un document de deux FF.’. du G.’. O.’. D.’. F.’. le F.’. Biasi et le F.’. Ronteix - ‘’Une riche et ancienne composante de la franc maçonnerie de tradition, la maçonnerie de rite égyptien, garant d’une véritable aristocratie initiatique’’ qui m’a fait réagir. J’aime beaucoup le rite égyptien de Memphis Misraïm mais j’ai trouvé un peu pompeux et même dogmatique une telle affirmation ; alors comme tout bon Franc Maçon j’ai douté et j’ai cherché. Le rite de Memphis Misraïm est avec le G.’. O.’. le plus ancien de France. Mais ce n’est pas le Rite par lui-même qui m’intéresse, mais plutôt la représentation initiatique que l’on peut ressortir de chacun des deux rites : Memphis et Misraïm. Pour cela il faut un peut d’histoire. D’abord Memphis : Rite égyptien par excellence, venant de cette cité de l’ancienne Egypte située à la pointe du delta du Nil. C’est là que fut créé le Rite faisant référence à la mythologie égyptienne et à sa représentation symbolique, par des initiés en contact avec cette antique civilisation. Car la plupart des membres de la mission d’Egypte qui accompagnèrent Bonaparte étaient Maçons de très anciens rites initiatiques : Philalètes, Frères Africains, Rite Hermétique, Philadelphes, rite Primitif, sans oublier le G.’. O.’. C’est la découverte au Caire d’une ancienne survivance gnostique et hermétique qui va conduire ces FF.’. de retour en France à renoncer à la filiation anglaise (n’oublions pas qu’ils étaient Bonapartistes et n’aimaient guerre l’Angleterre). Ainsi, sous la direction de Samuel Honis et de Marconis de Nègre, naît à Montauban, en 1815, un nouveau courant maçonnique ne devant rien à l’Angleterre : le Rite de Memphis. C’est au sein de ce rite que se regroupent les demi-soldes de l’ex-Grande Armée et les bonapartistes restés fidèle à l’Aigle. Mais le G.’. O.’. alors majoritairement monarchiste, obtient sa dissolution en 1920. Il réapparaît en 1826 sous l’égide de la même obédience : le G.’. O.’. Dissous encore en 1841, il entre dans la clandestinité et va créer de nombreuses Loges à l’étranger. Il ne réapparaîtra en France qu’en 1848, avec la République. Dissous de nouveau en 1850, réveillé en 1853, Memphis sera reconnu par le G.’. O.’. en 1862. Ayant gardé ses très nombreuses Loges à l’étranger il compte dans ses rangs de grandes figures telles que Louis Blanc et surtout Giuseppe Garibaldi, qui 19 ans plus tard sera l’artisan de l’unification de Memphis et de Misraïm. Le Rite de Misraïm : Venise, 1788, un groupe de Soniciens, protestants antitrinitaire, demandent une patente de constitution à Cagliostro, alors de passage à Trente. Ne souhaitant pas pratiquer le Rituel magico-kabbalistique de ce dernier, ils choisissent de travailler au Rite Templier. Cagliostro leur transmet donc la Lumière Maçonnique : les 3 premiers grades de la Maçonnerie anglaise et les grades supérieurs de la Maçonnerie allemande, très marquée par la tradition Templière. Le nom de Misraïm, en hébreu ancien : les égyptiens, est donc le seul rappel et lien avec ce Rite égyptien qui leur transmit la personnalité obédientielle. Ils vont rapidement essaimer à Milan, Gênes, Naples et le rite sera introduit en France par Michel Bédarride, qui avait reçu les pouvoirs magistraux du F.’. De Lassalle à Naples en 1810. Les 3 F.’. Bédarride développent le Rite de Misraïm avec succès en France sous la protection du R.E.A.A, dont le Comte Muraire, Souverain Grand Commandeur du R.E.A.A est un des membres. Rapidement, sous la Terreur blanche, c’est Misraïm qui transmet leur nécessaire Maîtrise aux Carbonari. Violemment anticlérical et anti-royaliste, le Rite groupe alors


une cinquantaine de Loges à travers le pays. La police de la Restauration obtient sa dissolution. Clandestin pendant 18 ans, restauré en 1838, dissous à nouveau en 1841, il sort de la clandestinité en 1848. Dès lors, il s’achemine vers la fusion en 1881 avec le Rite de Memphis sous l’impulsion de Giuseppe Garibaldi. Les carbonari italiens et les charbonniers français : Les origines d’une Franc-Maçonnerie forestière restent encore à ce jour assez mystérieuses. Dès l’origine des civilisations il a fallu abattre et fendre le bois, puis le brûler pour fabriquer le charbon. Ces travaux sont réalisés par les fendeurs et les charbonniers, des hommes vivant dans les forêts en marge des villes et de la société. Ils eurent une pratique initiatique pour la transmission de leur savoir-faire avec cérémonies, rituels et symboles. Il est à penser que les différents corps de métiers du bois suivirent une évolution comparable à la Franc-Maçonnerie de la pierre de l’opératif au spéculatif. Nous ne savons que peu de choses, sinon rien, des rites opératifs anciens qui étaient une tradition du geste et du verbe. Mais c’est en France que les premières pratiques d’un Rite Maçonnique Forestier apparurent en 1747 venant des forêts du Bourbonnais où des nobles, Francs-Maçons du Rite Primitif de Paris qui avaient été proscrits et avaient trouvé refuge auprès des ‘’ventes’’ des bûcherons et charbonniers qui les auraient initiés. Ce Rite Forestier n’avait aucun appui judéochrétien, il était surtout basé sur les rituels des fendeurs, bûcherons et des bons cousins charbonniers. A ma connaissance ces rites ne sont plus pratiqués aujourd’hui. La création du G.’.O.’.D.’.F.’. ne leur permit pas de se développer. Ce Rite crut trouver son expression dans l’anti-cléricalisme des carbonari et de la charbonnerie française dont on découvre encore des restes au Portugal en 1911. Certes les Bons Cousins Charbonniers cherchèrent à maintenir leurs traditions spéculatives jusqu’en 1835 en France et 1839 en Angleterre. Peu après la 2ème guerre mondiale, un essai de restauration de l’initiation forestière, agnostique et anti-cléricale a été entrepris à partir d’une tradition maçonnique dont les symboles étaient : l’arbre, la cognée, le coin et la hache. L’initiateur de cette renaissance fut celui qui allait créer plus tard la Grande Loge Indépendante et Souveraine des Rites Unis ( Humanitas) . Ce fut en 1993 le druide de la Gorsedd de Bretagne Gwenc’hlan Le Scouëzec qui prit la succession. En 1999, A.R.Königstein qui le remplace prône le retour d’un carbonarisme initiatique et insurrectionnel : la révolution permanente. Il propose le retour à une Charbonnerie opérant un transfert vers un paganisme, se détachant de la Maçonnerie classique, mais refusant le recours à la violence et au terrorisme. Je ne sais pas si des ‘’ventes’’ pratiquent encore ce rite car sa filiation avec le néodruidisme semble avoir fait capoter son avancée. Car de quelle filiation traditionnelle peut-on se réclamer lorsque la Langue sacrée des druides, le celte antique et le gaulois ont disparu, au plus tard au V ième ou VI ième siècle. Aucune véritable filiation ou initiation druidique, n’a pu être transmise depuis cette époque, puisque la langue sacrée étant définitivement perdue, toute la doctrine, tous les rituels se sont perdus avec elle. En outre le judéo-christianisme et l’église romaine du moment ont effacé tout ce qui pouvait ressembler à une religion.

Mais revenons à cette initiation que nous vivons tous, cette fidélité aux principes démocratiques. Conscients des limites du siècle des lumières, aujourd’hui, puisons


dans le fond hérité de la tradition pour passer du savoir rationnel, au sens strict du terme, à la Connaissance. C’est à une approche nouvelle et à une intégration vivante de la symbolique, et non plus seulement intellectuelle ou morale, c’est à une nouvelle éthique, une nouvelle vision renouvelé du Monde en ce début du XXI ième siècle, que sont conviés les hommes. Nous sommes-nous heurtés aux limites de notre immense désir de progrès ? Nous avons voulu dans ce désir de progrès, parvenir à la fraternité universelle, et ce, à travers les sciences, l’éducation pour tous, la lutte contre l’ignorance, l’émancipation des êtres et des peuples, la Paix et même pour certains l’abondance. Nous faisons aujourd’hui, malgré d’innombrables réalisations, le compte, à poids égal, de l’ignorance, de la pauvreté, de la tyrannie, de la guerre et de l’égoïsme partout persistant. Le « Combat pour la Vie » paraît l’avoir emporté sur le « Combat pour l’Amour ». La possession des biens n’a pas apaisé les appétits de l’âme et de l’esprit. Le temple de l’homme et celui de l’humanité doivent être relevés. Cet immense chantier, convie les hommes et femmes de bonne volonté, ceux qui ne peuvent se satisfaire de mots et pour qui les actes éclairés constituent une réelle contribution au bien de l’Humanité. Demain devra être encore plus uni pour contribuer à ce que l’homme parvienne à s’enrichir de ses différences ( pas vrai St Ex ?) Pour terminer, déjà, quelle qu’elle soit, l’initiation dans la quasi totalité des traditions est la mort à une vie profane pour une renaissance, purifiée, à un autre être symbolique devant faire disparaître ses imperfections pour progresser sur le chemin de la connaissance. L’initiation oriente vers et sur le chemin, elle en est le révélateur. A toi et toi seul de le parcourir. La Lumière est donnée, elle éclaire le chemin souvent semé d’embûches et de façon diffuse comme pour l’Hermite du Tarot ; c’est à toi d’avancer selon les différentes sensibilités des lieux où tu fus initié. Mais partout il te faudra vivifier la Tradition transmise, développer la valeur spirituelle de ta quête initiatique qui ne fait que commencer, trouver la voie de ta propre réalisation intérieure, ouverture à l’intelligence du cœur et au savoir ésotérique qui t’harmoniseront avec ton temps. Homme, tu as deux oreilles pour entendre le même son, deux yeux pour percevoir le même objet, deux mains pour exécuter le même acte et pourtant tu es autre ! Une ultime réflexion sur la déchirure constitutive de l’être humain : matière et pensée, action et méditation, équerre et compas pour se référer à un peu de symbolisme simple. Une approche symbolique qui est celle du temps de la méditation : je pense donc je suis ( ma propre capacité à réfléchir me constitue, me crée ) et celle de l’action, de l’engagement que j’ai pris de répandre à l’extérieur les vérités acquises à l’intérieur. Intéressante dualité entre le pouvoir d’organiser et celui du langage, où le langage organise la pensée et où le pouvoir d’organiser ne peut se faire qu’après verbalisation. « Au début était le verbe ». En fait ne savoir ni lire ni écrire n’est donc pas bien grave puisque nous savons épeler, lettres après lettres, syllabes après syllabes. Il se construit ainsi, après son initiation, un individu dans une collectivité qui va tenter d’esquisser son éventuelle réponse. Réponse souvent nourrie par un rituel, mise en condition psychologique, vide intérieur avant une nouvelle phase de réflexion ( doute et réfléchis), le symbole est l’approche de la conceptualisation de la sagesse, mais aussi l’apprentissage de l’équilibre instable entre matière et esprit ; l’équerre et le compas. C’est pourquoi il faut continuellement méditer sur le nécessaire symbolisme et l’engagement personnel, physique ; réfléchir à leur bonne proportion pour maintenir


et sauvegarder, la notion fondamentale de liberté absolue de conscience dans cet abîme de recherche que peut être notre spiritualité « ni Dieux ni Maîtres ». Une grande interrogation est de savoir si par delà le terme de spiritualité n’est pas mis en avant d’une façon pas toujours très claire un certain rapport avec le divin ? Mais reconnaissons que le souci de perfectionnement et d’amélioration de l’homme et de la société, qui conduit vers la connaissance, recherche incessante de la vérité, trouve sa raison d’être dans celle beaucoup plus matérialiste et incontournable qu’est la Raison. L’initiation est vraiment l’apprentissage de la coïncidence de notions fondamentales comme la liberté de pensée et la spiritualité. C’est l’alchimie individuelle dans le creuset de la collectivité. Et comment pourrait-on avoir une approche libre de la société si nous ne pouvions en garantir sa libre expression pour la seule chose qu’elle soit en charge d’organiser, la vie matérielle et l’égalité des hommes et des chances ! Et comment pourrait-on « améliorer à la fois l’homme et la société » si l’on ne travaillait ni sur soi-même, ni sur l’organisation globale de la société ? Alors que la vie, dite profane, exerce bien souvent la tyrannie de l’art des contraires, la démarche initiatique permet de cultiver l’art de la complémentarité. L’essentiel du travail symbolique conduit à examiner les dualités, à en discerner les enseignements et à essayer d’en tirer un sens profond, une troisième voie. Alors il est évident que tout est affaire d’équilibre par compréhension du déséquilibre nécessaire des choses. La symbolique de l’équerre et du compas montre bien que l’enseignement nous amène de la prééminence de la matière sur l’esprit à la victoire de l’esprit sur la matière. Mais comme le disait Maître Eckhart « qui s’arrête aux délices des symboles n’atteint jamais la vérité » Le symbolisme demeure un outil permettant l’élévation de l’esprit. Il ouvre une fenêtre vers une autre dimension de la réalité. Il est une manière d’exprimer l’indicible ou plutôt de l’approcher. Il est le langage de la mémoire des hommes. L’initiation a besoin de symbole, mais les symboles ne sont pas toute l’initiation ! En permettant d’avoir constamment à l’esprit toute l’évolution de l’humanité et de l’univers, l’initiation offre la sensation de pouvoir un jour tout connaître, comprendre et maîtriser. Les hommes ayant déjà expérimenté dans leur chair une somme presque illimitée de façons de vivre, leurs connaissances, accumulées à travers les époques et les civilisations, contiennent des solutions à la très grande majorité de nos problèmes. A nous, grâce à la traduction de ces connaissances de nos ancêtres qui ont vécu dans des lieux, temps et circonstances différents, de remplir le ‘’canevas’’ de nos propres vies. Cela nous permettra peut être d’imaginer plus facilement l’évolution de notre destin, de relativiser ses travers ou d’essayer de l’influencer ; en tous les cas d’essayer de devenir plus philosophes, réfléchis et humanistes envers les autres hommes. Même si nous ne savons ni lire, ni écrire nous savons épeler, bientôt parler et peut être un jour dessiner, alors nous pourrons nous projeter dans l’avenir, le seuil et le chemin qu’ont ouvert notre initiation : la Lumière de la Vérité. JFL

L'INITIATION


L'homme en recherche est assimilable à un saumon. Ce poisson puissant est anonyme lorsqu'il se confond dans l'immensité des océans. Mais la nature lui commande un jour de remonter le cours d'une rivière pour assurer la continuité de la Vie. Grégaire en mer, solitaire dans sa quête finale, comme nous, il doit affronter turbulences et épreuves, car l'exigence de cette tâche est rude, et le parcours difficile. Le cheminement et la finalité du saumon dans sa quête, sont assimilables au "sésame" de notre conscience à travers l'Initiation, tout autant que le parcours maçonnique qu'elle induit, fondé sur une vie d'efforts et de travail sur soi, pour tendre vers son idéal et sa vérité. La démarche de recherche peut être pratiquée par le profane à son plus grand pRofit spirituel. Mais dès lors que la porte s'ouvre vers la nouvelle voie, l'initiation transcende l'homme en lui donnant des moyens inédits de connaître et de comprendre. Au lieu de la pâle lueur qui guidait ses pas, il rencontre la vraie lumière qui chasse les ombres, éclaire la voie, souligne les obstacles pour mieux les esquiver, et met en valeur la beauté de l'effort et la richesse des épreuves. Le profane, tel le saumon qui remonte à sa source, va donner vie à l'initié, cet homme nouveau qui construira par son travail, sa sensibilité, sa volonté. L'initiation est la marque de confiance que témoignent les initiés au profane, en lui révélant certains secrets. Mais pour la vivre pleinement, le postulant doit adhérer de confiance à ce qui lui est proposé. Il s'ouvre ainsi la perspective de la découverte des différentes phases. Il ne s'agit pas d'un exercice de style tendant à ordonner des séquences de paroles et de gestuelles sans fondement profond, de caractère surnaturel ou magique. Contrairement aux pratiques douteuses de certaines pseudo-religions ou philosophies, l'initiation maçonnique n'est pas une déstructuration de l'esprit à laquelle se substitue un modelage dont le schéma correspond aux exigences temporelles d'un homme ou d'une minorité. Comparable au baptême religieux, à l'adoubement chevaleresque ou aux initiations des sociétés pré-modernes, l'initiation maçonnique n'est qu'une étape ascendante par laquelle le profane accède à des mystères qui sont autant des interrogations que des éléments dynamiques nécessaires à la poursuite du chemin. Elle est l'expression même du renoncement à l'ignorance, à la facilité, à l'oisiveté. Le passage au cabinet de réflexion est à ce propos une étape déterminante alliant la prévention par une mise en garde des esprits négatifs à la préparation du futur impétrant. Elle est un pacte conclu entre soi-même et sa conscience, devant ses frères, pour l'accomplissement d'un apprentissage perpétuel, guidé par le souci du bien de l'humanité.


Dans des sociétés où les valeurs morales se désagrègent, l'initiation est plus qu'un rempart, c'est une pierre angulaire sur laquelle se construit l'esprit. En témoigne le nombre croissant de postulants aux portes des obédiences. Mais gardons-nous de trouver un refuge douillet pour des pensées aériennes. N'imaginons pas trouver la quiétude d'un microcosme creux. L'initiation nous ouvre la connaissance dans l'effort que nous inspirent les voyages et les épreuves. Mais elle nous conduit plus encore au devoir de la parfaire, de la vivre et de la partager par une distillation active dans le monde profane où chaque frère doit apporter sa pierre à l'édifice. Car ce n'est pas une fin en soi et, faisant cette démarche, le postulant ne doit pas s'enfermer dans une tour d'ivoire pour sauvegarder sa paix intérieure. Si l'homme doit trouver son propre équilibre, ce doit être dans un but généreux et vivre au quotidien l'humanisme qui nous est cher, et dont nos frères du passé, quelles que fussent leurs origines, ont su perpétuer la tradition malgré les vicissitudes inhérentes à des sociétés en mouvement. Etre initié, c'est avoir un regard différent sur le monde après qu'il nous fut présenté dans un contexte particulier : privé de la vue. Dans ce contexte, nous vivons une expérience condensée de ce que peut être schématiquement la vie en société où l'homme en recherche apprend la voie de la sagesse et de la fraternité. Privé du premier d'entre eux, les autres sens sont exacerbés pour tenter de percevoir toujours plus et si possible, de comprendre. Mais le paradoxe de l'initiation est qu'à travers les épreuves, nous recevons beaucoup de messages dont la signification réelle ne transpirera que bien plus tard, alors même que notre impatience attendrait des réponses immédiates. A cela, peut-être deux raisons. La première, parce que tout apprentissage doit se faire graduellement, en assurant les connaissances acquises par une bonne compréhension de l'enseignement de la Loge, soit formalisé sous forme de planches, soit ouvert lors des réunions d'apprentis. La seconde tient à ce que certaines réalités sont si proches de nous que nous ne les voyons pas, et qu'à l'opposé d'autres sont si éloignées de nous que nous n'imaginons même pas leur existence. La nature nous en donne sans cesse des exemples. L'astronome qui utilisera un microscope électronique pour observer les circonvolutions des électrons autour de l'atome, et le biologiste, les yeux rivés sur un télescope pointé vers une galaxie, auront l'un et l'autre le sentiment d'un "déjà vu". Seule change l'échelle dimensionnelle Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pourrait-on dire avec un singulier raccourci… Et pourtant… La Nature nous démontre que le symbolisme n'existe pas seulement dans les cerveaux fertiles de Maçons, mais qu'il est fondé sur une réalité de la création, qu'ensuite les hommes ont tenté de comprendre.


L'atome et l'électron seront pour le nouvel initié sa conscience qu'il explorera. La galaxie sera la société dans laquelle il évolue. Visite l'intérieur de la terre, et en rectifiant tu découvriras la pierre cachée. Qu'est cette pierre cachée si ce n'est la révélation de nous-même, partiellement exprimée à la fin de l' initiation, lorsque dans le passé, l'initié se retournait et découvrait à travers le miroir l'homme dont il avait à se méfier le plus : lui-même ? Cette quête de l'absolu est longue et difficile, mais si elle constitue le but, le trajet qui y mène n'est pas seulement un outil utilisé puis reposé à la fin de l'ouvrage. Cette somme des expériences qui égrène la vie constitue l'élément dynamique de la perpétuelle initiation. L'aboutissement ne prend sa valeur qu'à travers la volonté et les efforts développés pour l'atteindre, comme nous l'ont montré les épreuves du rituel d'admission. Si l'objectif et les moyens sont distincts, ils sont indissociables dans la construction de l'homme. L'initiation n'est pas la ligne, mais le premier des points qui constitueront la ligne, mais pour que le schéma soit complet, n'oublions pas que nous avons vécu notre initiation les yeux bandés, afin de nous enseigner l'humilité, vertu cardinale qui seule, peut nous guider vers la Connaissance et la Sagesse, afin que les hommes vivent dans la Lumière et la Fraternité. DM Photo prise sur Mars

Il est des pierres de silence gisant si loin de moi la nuit que leur cri déchirant me parvient en ondes momifiées.

Yeux clos je sais qu'un autre monde attend l'heure de mon indifférence. Mais je sais qu'au-delà un fil ténu me relie au grand jeteur d'étoiles.


Avant l'initiation ? Que de questions sur ce nouvel impétrant ! D'abord, que cherchons-nous ? Une pierre brute, que nous aiderons à se dégrossir, à se débarrasser de ses impuretés et de ses aspérités ? Mais dans la carrière, il faut que le Maître la choisisse. Comment la choisir, pourquoi la choisir ? Choisir, c'est juger, devons-nous juger avant de connaître ? Alors, connaissons, mais comment connaître, que connaître et pourquoi connaître ? Est-il si important de déjà préjuger de la pierre qui s'adaptera à l'édifice ? Sommes-nous sûrs que les FF∴ou SS∴qui nous ont choisis avant notre prime entrée dans la Franc-maçonnerie, ont su qui ils ou elles faisaient entrer dans leur Temple ? Ne nous sommes-nous jamais trompés sur une pierre rien qu'à son apparence ? En contre partie, malgré notre application à chercher une pierre saine et intègre, sans faille qui éclaterait au premier coup de ciseau, n'avons-nous jamais été trompés par la consistance du matériau à étudier ? Toujours l'apparence … Nous ne sommes que des humains et nous sommes faillibles dans nos jugements, alors je doute tout le temps de mon approche de la pierre brute, et je ne suis souvent que questionnement. C'est souvent à elle de se dévoiler et de me monter toute sa potentialité et son devenir en gestation.

JFL


Tout homme est-il initiable ? Question fréquemment posée dans les Loges sans qu’il soit évident d’y apporter une réponse qui fasse l’unanimité. Chaque homme qui s’engage sur le chemin de la vie passe par un certain nombre de phases, et porte en lui un potentiel de pensées, de paroles et d’actes. Autant le développement de son corps physique est influencé par une programmation cellulaire, qu’il lui sera loisible d’orienter ou non par des exercices physiques et un régime alimentaire approprié, autant son développement psychique est conditionné par les influences de son environnement, et l’on conçoit aisément la délicatesse extrême que nécessite l’accompagnement de tout commencement. Perception intuitive chez l’enfant observateur du monde des adultes, de la notion de bien et de mal, puis face à face avec lui-même lorsqu’il prend conscience de la responsabilité de ses choix, et enfin obtention de son autonomie lorsqu’il est en mesure de découvrir son individualité spécifique, son indivisible dualité, ce qui le rend différent des autres et l’oblige, pour être accepté par eux, de reconnaître leur droit à la différence. La première question pourrait être: tout homme est-il responsable de ses choix ? La réponse affirmative est évidente, mais le serait-elle si la question posée était : Tout homme prend-il conscience de la responsabilité de ses choix ? La seconde question pourrait être : tout homme a-t-il droit à l’autonomie ? La réponse serait tout aussi évidente, mais le serait-elle si la question posée était : tout homme est-il capable d’assumer pleinement son autonomie ? La reconnaissance de sa propre individualité spécifique exclut en effet l’individualisme, et de tous temps les initiations, permettant à ceux qui les vivaient intensément d’approcher individuellement la Connaissance, tendaient par ailleurs à renforcer leurs liens au sein de leur communauté initiatique.


Mithra est une divinité qui est mentionnée dans des textes datant du XIVème siècle avant notre ère . C’est le dieu du contrat. Le mot mitra signifie en védique "ami" ou "contrat". Cette divinité règle le mouvement des astres, commande à la vie des hommes, à celle des rois et garantit l'ordre et l'organisation sociale.. Dieu de la lumière, Mithra veille sur les justes et la justice, sur le respect des alliances et des serments qui les consacrent. L’initiation mithriaque était réservée aux hommes et avait certains aspects spécifiques de sociétés secrètes. Le mithraïsme est une religion sans clergé et restera jusque vers le IVème siècle de notre ère, une religion de soldats assermentés. Mithra est sauveur de l'Univers et du monde divin (il va prendre place sur le char du Soleil et devient Sol invictus), L'une des raisons de son échec devant le christianisme tient à l'exclusion des femmes de ses mystères. Mithra ne survivra que dans le mazdéisme iranien et, jusqu'à nos jours, dans la doctrine religieuse des Parsis. L'initiation consistait en un certain nombre d'épreuves, dont peutêtre un ensevelissement rituel, symbole de la mort volontaire du néophyte à l'ignorance du monde et de sa renaissance à la vérité cosmologique. On aborde là une approche de l’ultime réel, pour reprendre une expression de P. Tillich, qui ne saurait être conceptualisé, et déborde le champ de la pensée rationnelle. De là l’esprit humain tente de cerner l’invisible, l’occulte, l’indicible, et d’en appréhender l’existence à partir de représentations symboliques sous formes d’animaux, de métaux, de planètes, qu’il sera censé pouvoir maîtriser parce que pouvant les nommer. La liturgie, le rituel est fondamentalement un Grand Œuvre (ergon) que l’on construit ensemble, et non un discours (logos) prononcé pour les autres. C’est l’objet de la communauté initiatique. Le Mazdéisme, appelé aussi Zoroastrisme (VIème siècle avant JC), est en résumé une nouvelle conception de la religion basée sur la tolérance, le respect d'autrui, l'encouragement au bien et la lutte contre le mal.


« L’homme qui développe les pensées, les paroles et les actions sages est saint selon la Loi du Bon Esprit » (Instructions tirées du

Livre des Gathâs).

Les trois commandements zoroastriens sont : bonne pensée, bonne parole, bon acte, mais dans le monde, il n'y a qu'une voie, c'est la voie de la droiture. La doctrine zoroastrienne est plus empreinte de morale que d’une pensée religieuse : •

L’égalité des hommes et des femmes a été soulignée à maintes reprises dans les 17 Gathas et réalisée dans l’histoire de la Perse antique par l’avènement au pouvoir de femmes telle que Pourandokht. Préserver la pureté de l’eau, de la terre, de l’air et du feu est un autre précepte des adeptes de cette doctrine. L’esclavage et la soumission de l’être humain, présents dans d’autres religions, sont complètement rejetés dans la doctrine de Zoroastre. Cette doctrine met l’accent sur l’importance de la récolte et rejette toute idée de paresse, de vivre au crochet d’autrui, de voler le bien d’autrui. Chacun doit vivre de ses efforts et pouvoir bénéficier de sa propre récolte. L’idolâtrie, l’adoration de la pierre ou tout autre lieu construit, sont prohibées dans la pensée de Zoroastre. La maison de Dieu n’est pas celle construite par l’homme mais le cœur et l’esprit de ce dernier. Aucune oppression ne peut être admise à l’égard des hommes, et si nécessaire, il faut se soulever pour l’éliminer. Aucun mal ne doit être commis à l’égard des animaux et leur sacrifice doit être considéré comme un crime des hommes à l’égard des animaux.


L’Egypte quant à elle, « a proposé l’initiation au roi et au fellah, au prêtre et au scribe, au sculpteur et au maçon . ..L’initiation, c’est le fait d’être admis aux Mystères, d’être mis sur la voie d’un commencement menant à la Connaissance…Le néophyte, comme l’enfant nouveau-né, reçoit la lumière indispensable à une évolution qui ne lui est jamais imposée mais seulement suggérée…. L’initiation est une naissance sacrée. » (René Lachaud) Mais la démarche de l’homme suppose une longue marche sur un chemin semé d’embûches. C’est une quête, celle d’un moi invisible, caché, que l’on cherche à débusquer derrière les taillis du doute, de l’ailleurs, d’un hors du temps et de l’espace, à la recherche des membres épars de l’Osiris que nous sommes. Il n’y a plus connaissance du savoir, il y a la connaissance du cœur, et celui qui a été initié a le devoir impératif de transmettre l’initiation à tous, et non pas à une simple élite. Encore faut-il que le profane frappe à la porte et soit demandeur de cette initiation. Encore faut-il qu’il sache attendre le moment juste où il sera prêt à entrer… car rien ne sert d’entrer si intérieurement on n’est pas encore prêt … Mais celui qui entre et qui est mis sur le chemin doit être accompagné, et ses compagnons se doivent d’entretenir en lui l’exigence intérieure d’une progression ininterrompue. Guerrier de l’intangible, chevalier de l’inconnu, serviteur de l’invisible, à l’esprit tranchant comme la lame de l’épée. Il ne s’agit plus de dominer les éléments, les animaux, les métaux, les planètes, mais de découvrir que tout cela n’était que le symbole de la pierre cachée en lui. Acquérir la maîtrise de soi-même, découvrir le Roi qui est en lui, tel est le but de l’initié. L’initiable seul s’initie.


Dans le Boudhisme, pour être admis comme disciple du Bouddha, la première qualité était la “vue juste” (premier pas sur le Noble Octuple Sentier) : l’acceptation de la loi du karma et du caractère insatisfaisant et illusoire du samsara, de l’omniprésence de “duhkkha”, que l’on traduit souvent, d’une façon assez réductrice, par souffrance. Sans cette vue juste, il est impossible de s’engager dans la voie.. Mais tout le monde n’était pas initiable. L’histoire du médecin Jivaka le prouve. Il suggéra au Bouddha de ne plus admettre dans l’ordre ceux qui souffraient de lèpre, eczéma, tuberculose ou épilepsie afin “d’empêcher ceux qui étaient atteints par ces maladies d’entrer dans la communauté pour s’y faire soigner gratuitement par Jivaka.” N’étaient pas non plus admis les eunuques, hermaphrodites, ceux à qui il manquait un membre, qui étaient défigurés, boiteux, bossus, nains, goitreux, avaient un membre crochu, les séniles, aveugles, sourds ou atteints d’éléphantiasis. Etaient aussi exclus de l’ordination les soldats en service actif pour le roi, les condamnés en fuite ou ceux recherchés par la police, ceux qui avaient été flagellés ou marqués au fer, les débiteurs et les esclaves, de même que les voleurs, bourreaux, trappeurs, gardiens de prison, etc. Les femmes mariées devaient avoir la permission de leur époux et les enfants de leurs parents. Il faut préciser qu’au début du XIXe siècle, la Grande Loge Unie d’Angleterre a décrété que les bouddhistes étaient initiables parce qu’ils “ont une conception impersonnelle et apophatique de l’absolu, et admettent de surcroît l’ordonnancement général du cosmos par la loi universelle (Dharma) qui régit les modalités de la délivrance, ce qui leur permet de devenir maçons.” Etre disciple du Bouddha répond par ailleurs à l’exigence des Constitutions d’Anderson d’être à fidèle une religion de son pays

Rappel de l’article I. :“Un maçon est obligé, en vertu de son titre,

d’obéir à la loi morale ; et, s’il entend bien l’art, il ne sera jamais un athée stupide ni un libertin sans religion.


Dans les anciens temps, les maçons étaient obligés, dans chaque pays, de professer la religion de leur patrie ou nation, quelle qu’elle fût ; mais aujourd’hui, laissant à eux-mêmes leurs opinions particulières, on trouve plus à propos de les obliger seulement à suivre la religion sur laquelle tous les hommes sont d’accord. Elle consiste à être bons, sincères et gens d’honneur, par quelque dénomination ou croyance particulière qu’on puisse être distingué d’où il s’ensuit que la maçonnerie est le centre de l’union et le moyen de concilier une sincère amitié parmi les personnes qui n’auraient jamais pu sans cela se rendre familières entre elles.” Les Constitutions d’Anderson précisent aussi que les maçons doivent être “hommes de bien et loyaux, nés libres, d’âge mûr et circonspects, ni serfs ni femmes...” De même, selon la tradition, les esclaves, les eunuques, et ceux affligés des trois B : boiteux, borgnes et bossus, étaient exclus de l’initiation, soit en tant que mineurs civils, soit parce que leur imperfection physique traduisait une dysharmonie spirituelle, cette triple exclusion relevant vraisemblablement de l’opératif, ceux qui en étaient atteints étant inaptes au métier. Les Rose-Croix, quant à eux, proposent une démarche à l’usage de ceux qui veulent devenir initiables à leur Fraternité .

« Celui qui n'a ni le goût (des) recherches arides, ni le temps de s'y consacrer, ni les moyens de faire la chasse aux livres rares, ou de visiter de lointaines bibliothèques peut se contenter de la marche suivante, plus simple, plus conforme à l'esprit occidental, et plus rapide peut-être, si on a le courage d'accepter les épreuves qu'elle comporte. Qu'il inscrive d'abord devant soi trois mots qui seront sa règle constante : Travailler - Prier - Persévérer. On se rapproche de la devise des alchimistes…orare, orare, orare et

laborare.


Entre autres conseils il est dit au néophyte : Pensez à la mort ; si elle vient, ne regrettez pas ce que vous n'avez pu atteindre ; si vous n'avez pas reçu la Lumière de ce côté-ci du voile, vous la recevrez de l'autre, ou au jour suivant. Sachez que tout se paie, le bien comme le mal ; mais que la Miséricorde arrête parfois la Justice. Personne n'est perdu pour toujours. C’est à la fois un message d’espoir et d’humilité Pourquoi recherches-tu l’initiation ? Penses-tu trouver dans la pénombre du temple un mystère qui ne serait révélable qu’aux seuls initiés ? Penses-tu que la Vérité te sera révélée au sommet de l’échelle ? Non. Il te faudra savoir redescendre les marches à la recherche de ce que tu n’as pas su déceler. Tu sortiras du Temple, il te faudra mourir une dernière fois, passer la porte dorée pour te retrouver face à toi-même dans le cabinet de réflexion, mais cette fois ci derrière le miroir… et tu souffleras à ton alter ego…VITRIOL. Peut-être comprendras-tu alors que tout homme est initiable et que l’initié a pour devoir d’aider les autres à s’initier, ce qui ne signifie nullement à les faire entrer dans le temple. GH La prochaine réunion se fera chez Elisabeth et Yves le 12 février. Un premier travail sur l'alchimie spirituelle sera mis en chantier et sera suivi d'une tenue. Que ceux qui désirent y participer viennent avec les décors de leur obédience. A bientôt Gérard


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