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Ă€ quoi pensent les marathoniens ?
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GERESO Édition et INTERFACE Productions
Texte : Pierre Mathiote - Photographies : Jean-Marc Mouchet
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Le monde est compétition partout autour de nous.
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Mais ici ce n’est plus de position sociale qu’il s’agit. Le sport de masse est le prétexte d’une communion universelle. Venue seule, à deux ou par dizaines, d’un même cercle, jeunes filles ou mères de famille, filles mères ou vieilles filles, on ne sait qui est qui, qui fait quoi. Quoi qu’il arrive, d’une voiture transformée pour l’occasion en vestiaire improvisé, sortent un bermuda, un short moulant de cycliste, une culotte à l’ancienne, qui offrent quelque piste aux spectateurs. Seuls les maillots, qu’ils soient estampillés aux couleurs d’un club ou imprimés de
déclarations ou de publicités, conditionnent ceux ou celles qui les portent. Des pom-pom girls dansent pour chauffer les participants qui courent déjà sur place au rythme de la musique. Une fois n’est pas coutume, le pied est ici à l’honneur. Car dans un marathon, le pédestuel l’emporte sur le manuel, les mains ne jouant ici qu’un rôle de balancier, même si, comme l’estime Marcel Maréchal : « Les pieds sont moins savants que les mains ».
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Le moment tant espéré, tant redouté, est arrivé.
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Les concurrents prennent de moins en moins de place. L’odeur des pommades antiéchauffement et autres effluves se rapprochent, se mélangent. Le départ est imminent. Ici, un homme se baisse pour ajuster ses chaussettes. Là, un autre « assure » ses boucles de chaussures en les passant sous les lacets. Plus loin, un concurrent, le cheveux scalpé par la mode, se recueille, séparant un instant le corps de l’esprit avant de se retrouver. Derniers étirements des muscles et des tendons pour le marathonien et la marathonienne lambda. Toutes égales à chacun et chacun à tous. Sur le papier, s’entend. Derniers commentaires bruyants qui sont le reflet d’une angoisse qui a besoin de s’extérioriser. Les concurrents qui n’ont pas la distance dans les jambes se sentent tout chose. Leur peur se lit dans les doigts noués. Dans les poignées de mains retenues. Dans les signes de croix. Pour les plus expérimentés, les tableaux de marche sont attachés, qui sur un dossard, qui sur un poignet, qui sur un sparadrap collé sur le plat d’une main. Lequel de ces coureurs franchira le premier la ligne d’arrivée ?
Départ.
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C’est l’heure
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C’est l’heure de vérité. Les cœurs battent. Les premiers rangs ont du mal à contenir le gros du peloton qui pousse, pousse.Vite, qu’on en finisse avec ce départ! Nombre de participants n’ont fait qu’ouvrir la porte du marathon en courant des semis. Parmi la foule, une femme s’apprête à courir son premier marathon et un homme son centième. Le dernier datant d’une semaine. Il donne sa vie à la course de grand fond comme on donne son corps à la science. Un corps qui a faim de kilomètres, qui réclame sa dose, jour après jour. On dit de lui qu’il fait appel à cette épreuve pour explorer son organisme. Si vous lui opposez que le marathon est une discipline où le chaos menace sans cesse les organismes, par nature infidèles, il vous répondra qu’« un corps, pour exister réellement comme corps, doit faire un effort sur luimême pour se délimiter par rapport à l’espace qu’il occupe ». À quoi je réponds que si le corps est un investissement, il est aussi un patrimoine qu’il faut préserver. Est champion celui qui est capable de bien gérer ce patrimoine. Les ordres du starter se répandent sur le peloton. Un grand silence se fait. Palpable. Visible.
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de
vérité. ➪
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Les ordres du starter se répandent sur le peloton. Un grand silence se fait. Palpable. Visible.
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Six !
Vite,
qu’on en finisse avec ce départ ! Haut-parleurs et spectateurs décomptent: six!… cinq !… Les mots courent sur le papier. Ils partagent le temps alors que la photo ci-dessous l’arrête. Quatre !… trois !… Les coureurs sont sur la brèche. Épaule contre épaule. Sur un même pied d’égalité, en somme. Deux !… un !… zéro ! Le ruban est coupé.
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cinq !
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quatre !
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deux !
trois !
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des talons. Les pieds ne discutent pas, ils exécutent. Ils déploient des foulées d’un mètre vingt, un mètre trente, tandis que derrière on piétine encore sur place, empêché. Pour les premiers, projetés en ligne droite vers le même objectif, il reste à remplir « l’espace vide où se déploie le temps ». Reste à faire vivre son souffle jusqu’au terme de la course.
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Une secousse agite la foule concourante. L’épreuve s’ouvre aux mouvements. Les premières lignes du peloton s’élancent au pas de charge comme un seul homme. Il n’y a plus soudain qu’un cri libérateur, un élan multiplié qui se rue au coude à coude vers l’entonnoir. Deux filets de spectateurs canalisent la foire d’empoigne. Le sol résonne du roulement
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Devant, c’est la cavalcade. Les meneurs sont déjà dans leur jardin. Ils occupent le terrain, oubliant ce qui les meut. C’est qu’ils ne sont pas là pour s’amuser ! La cadence devient infernale. Chacun veut mettre son voisin au pas. Chacun veut être le guide. Imposer sa démarche.
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On peut parler ici d’ une écriture corporelle.
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« Les expressions du corps comblent ainsi les manques du langage, dépassent les limites assignées par les mots, formulent les non-dits ».
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Un coureur prend la tête du rapide pour mieux étrangler ses poursuivants. Il fait le beau. Le port altier, il court de façon déliée tel un monarque traversant une haie de courtisans, entraînant derrière lui tout un aréopage.
Ici le corps est roi et le marathon participe à sa mise en scène. Son objectif est simple : courir le plus vite et le moins longtemps. Et si possible sans ciller. Les victoires rapides font partie du sport d’aujourd’hui.
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Après cinq cents mètres de course, notre homme est toujours en pleine représentation. Il tient la pose depuis le départ dans un esprit de conquête. À l’arrière, les participants se délestent de leur protection superflue. Tee-shirts et autres sacs plastiques qui ont servi de coupevent volent par-dessus le peloton. Un participant, privé de ses bras, se fait aider par un concurrent qui court derrière lui, une main appuyée dans le dos afin d’équilibrer le pas. Des paroles sans corps poussent celle dont la voix intérieure arrive jusqu’à nous. Il convient de nous attarder sur cette femme aux proportions harmonieuses et de belle allure. Elle ne parle pas en son nom mais au nom de tous les marathoniens et de toutes les marathoniennes. Rencontre.
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J ’ai l ’impr ession de fair e partie du ’ ne élite ! dit sa voix intérieure. Tu parles, les meilleurs n ’ont pas leur short et leur maillot pliés sur une chaise tr ois jours avant le départ. ➪
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Chacun a ses trucs pour préparer sa tête à recevoir les assauts de son organisme. Tant il est vrai que dans ces situations
« l’esprit devance toujours les actes ».
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Le peloton ne reverra plus les premiers dont l’objectif est précisément de ne pas se perdre de vue. Notre marathonienne laisse passer le gros de la marée pour éviter de se faire broyer.
Heur eusement qu ’ on n ’ a que deux jambes !
Elle est celle qui se confond avec ceux qui n’ont pas d’importance. Elle est ce numéro qui fait le nombre. Cet anneau à cette chaîne humaine. Elle est celle qui court dans une direction précise après avoir longtemps brûlé le pavé sans parcours défini. Courir consistait moins à satisfaire un désir qu’à combler un besoin.
J’ai couru toute la nuit… Page 18
Une semaine que je dors mal… Une semaine que je ne pense plus qu ’ à ça…
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Avec la souplesse d’un serpent, le défilé bigarré s’écoule le long des avenues noires de monde. Les haut-parleurs annoncent qu’aux avant-postes un des favoris est venu mettre de l’ordre dans le peloton…
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Mon cœur bat déjà vite et fort… ...et que tous les tempéraments peuvent trouver leur compte dans un marathon. Affirmatif.
Dans quoi je me suis engagée ?… La régularité n’est pas, elle se fait. Et, comme tout ce qui se fait, elle s’effectue contre des forces antagonistes.
Je dois avouer que personne ne m ’a obligé e à êtr e là… Je dois me laisser dépasser, ne pas me laisser entraîner par ce fleuve…
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Elle double des concurrents au pas, venus plus pour passer la matinée que pour en découdre.
Dans quelques minutes je serai seule ; seule avec les mots… Une réflexion inspirée par son goût prononcé pour l’indépendance.
Ingrate, tu oublies la pr ovision de baisers que Philippe t ’a of ferte pour la r oute.
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Dans ce ballet poursuivants-poursuivis, des ententes spontanées – qui n’iraient pas de soi dans la vie courante – sont conclues tacitement. Tous avancent avec l’espoir qu’en se relayant ils iront jusqu’au bout. Une terre que chacun rêve d’atteindre.
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Tu écoutes les autr es pour situer ta condition physique ! Tu cher ches à te rassur er, ma vieille. Tu sais que ton corps est prêt à s ’inventer n’importe quelle douleur pour ne pas courir ce foutu marathon !
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Trêve de bêtise, t ’es plus à l ’entraînement ; t a’ s quarante-deux kilomètr es et cent quatr e-vingt-quinze mètr es à gér er. Un « Everest à l h’ orizontale !… ». Décontracte-toi… Voilà, comme ça… Puisque j ’ai au moins quatre heures devant moi, je vais en profiter pour mettr e de l ’or dr e dans ma r elation avec Philippe. C ’est le moment de faire le point, de distrair e cette douleur qui me titille les adducteurs. En tout cas, cette fois il ne pourra pas dire que je le regarde vivre.
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Le premier litige avec ses muscles est négocié à l’amiable lorsqu’une voix aiguë de femme s’adresse à elle : – T’es d’où ? – De Nantes... Et toi ? Le souffle rythmait les mots. – De Saint-Nazaire... Tu vises combien ? – Je sais pas… Entre quatre et cinq heures. – C’est ton premier marathon ? – Ça se voit tant que ça ? – T’as du mal à parler en courant. Quelques foulées plus tard, elle ajoute : – J’espère que t’as pensé à protéger tes mamelons ? – Novice mais pas naïve. – Sinon j’te dis pas l’irritation des tétons avec le frottement du maillot… Plus loin, la même : – C’est mon troisième marathon... Celuilà est un peu particulier: c’est mon anniversaire aujourd’hui… J’me fais plaisir en quelque sorte. – Original comme cadeau... En tout cas bon anniversaire. – Merci. On court ensemble ? – Non, file devant… – Bon ben, bonne route ! – Ciao ! Son caractère indépendant est synonyme d’individualisme.
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Je cr ois que je l ’ai vexé e. J’aurais peut-êtr e dû accepter sa compagnie. Page 25
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Tandis qu’en tête on se dispute l’autorité, à l’arrière, le peloton s’organise. Ici, les discussions ne dépassent pas le niveau d’une réunion au café. Là, on se dit des choses qu’on ne dirait pas à sa femme ou à son mari. Courent aussi les commérages et des histoires plus ou moins drôles. Mais la parole n’est qu’un moyen de tromper sa pensée. Notre marathonienne a fait son nid au milieu d’un groupe de bavards venus des quatre coins de l’hexagone. Il lui suffit de changer de coureurs pour changer de sujet ; une façon comme une autre de visiter la France.
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Les boute-en-train avec qui elle partageait ses kilomètres lui ont faussé compagnie. Les premières clairières voient le jour. Le peloton, ajouré, fait de l’accordéon… On se perd… Se retrouve… Flux et reflux… Dans cette marée jamais étale, le courant entretient la progression. Comment trouver son bonheur dans cet acte répétitif ? Réponse : «La nature elle-même est répétitive, elle produit des objets et des êtres par séries ».
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Notre marathonienne revisitait des projets personnels lorsqu’elle sent un regard dans son dos. Comme le souffle insupportable d’un mufle de bête. – Salut. Un homme, dont le corps évoque la sécheresse, arrive à sa hauteur.
Encor e un qui se r egar de courir. Qu ’est-ce que je fais, je lui parle ou pas ? Le silence est une objection, disait je ne sais plus qui. Nietzsche. À ses côtés, le type n’a pas « bougé ». Elle le regarde du coin de l’œil.
Je préfèr erais encor e pr omener mon chien que de me balader avec lui.
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Elle accélère pour se sortir de son haleine. Mais le type revient à la charge. – On prend un verre après la course ?
Un cour eur de jupons, de mieux en mieux. Elle se dérobe aux explications et rejette cinq mètres en arrière ce corps étranger. Quelques secondes plus tard, le type revient à la charge : – On prend un verre après la course ? Elle préfère se taire pour ne pas regretter ses paroles. Puis elle décide de lui répondre. – Attendez de voir dans quel état je serai sur la ligne. – Le premier arrivé attend l’autre. – On n’a qu’à faire comme ça. Elle reste ainsi dans les limites assignées par son niveau. – Ce fut un plaisir de courir après vous, conclut le type.
J ’arriverai quand j ’arriverai, na !
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S ’il croit que je vais culpabiliser.
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Sympa, finalement, ce type. T’as tr op de préjugés, ma grande. Je suis bien. Le vent me car esse le visage. Inspir e sur trois foulé es : schmm schmm schmm ; expir e sur tr ois : pftt, pftt, pftt… S’économiser. Ne pas se mettre de pression inutile. Vivre à ce rythme. Elle pensait se concentrer sur cette intention, mais c’était oublier le caractère mobile de la pensée.
Paraît que seulement cinq à six pour cent de femmes cour ent les marathons. Pas étonnant, quand je pense qu ’on a été autorisé es à courir le 800 mètr es en 1960, le 3 000 en 1974 et le marathon en 1984 !
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Son esprit vagabonde ainsi des mètres durant. D’autres idées traversent sa tête sans s’y arrêter. Comme si l’esprit expérimentait une variation de sujets née du rapport entre les choses vues. Courir est indissociable de la pensée. Et réciproquement. Courir, c’est s’entendre dire.
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Courir est indissociable de la pensée.
Et réciproquement. ➪
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Cette promesse se répète de rue en rue jusqu’à la banderole des cinq kilomètr es.
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Devant, les jambes ne faiblissent toujours pas. L’un des favoris a même accéléré pour marquer les limites d’un périmètre à l’intérieur duquel nul n’a le droit de pénétrer. Loin derrière, notre marathonienne court de façon appliquée, sans débordement superflu pour mieux canaliser son énergie. Pied droit et pied gauche s’entendent comme les deux mains.
Chaussur es, chaussettes, tout est en place. Je crois que j ’ai trouvé ma foulée. Elle installe son rythme tandis qu’un chien aboie au passage des coureurs. Des enfants, les mains tendues, guettent les petites tapes amicales des participants. ➪
Qu ’ils sont mignons ! On a l ’impression de partir en voyage.
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Cette promesse se répète de rue en rue jusqu’à la banderole des cinq kilomètres.
Et de cinq. Surtout ne pas louper la pr emièr e escale. Page 33
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Ravitaillement après 5 km
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Un marathon n’est pas linéaire ; il est cloisonné par des ravitaillements qui sont autant de sas obligés. Je ne connais pas un autre sport qui fasse autant appel aux cinq sens que le marathon. Eau glucosée, oranges, fruits secs et autres combustibles sont proposés en libre-service. Rien à voir avec certains marathons où les ravitaillements tiennent lieu d’attraction foraine. Les bras se tendent en batterie vers la table. La main retrouve ses droits. Ce n’est pas pour elle-même que notre marathonienne se désaltère mais pour anticiper les besoins de son organisme. Pour prévenir d’éventuelles défaillances. Elle emmagasine des forces à la hâte, puis elle est très vite happée par la course. Ses pelures d’orange atterrissent pour moitié dans une poubelle, pour moitié à côté. Elle n’a qu’une idée en tête : retrouver une bonne assise.
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Enfin un gr oupe qui semble à mon niveau. Je vais le suivr e. Le suivr e et prier. Paraît que quand on prie le temps passe plus vite.
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