Binoche&Giquello-Rodin Iribe

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MARDI 16 FÉVRIER 2016




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AUGUSTE RODIN PAUL IRIBE


EXPERTS

RODIN Cabinet Brame et Lorenceau Experts CNE peintures, dessins, sculptures du XIXe et XXe siècles 68 boulevard Malesherbes, 75008 Paris tél. + -33 (0)1 45 22 16 89 - contact@gbl.fr - www.gbl.fr

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Amélie Marcilhac Membre du Syndicat Français des Experts Professionnels tél. +33 (0)1 43 26 00 47 – info@marcilhacexpert.com


BRONZES D’AUGUSTE RODIN MEUBLES

MARDI

DE

PAUL IRIBE

16 FÉVRIER 2016

PARIS DROUOT

-

SALLE 9

- 18H00

EXPOSITIONS PUBLIQUES Hôtel Drouot - salle 9 samedi 13 février et lundi 15 février de 11h à 18h et mardi 16 février de 11h à 17h Téléphone pendant l’exposition +33 (0)1 48 00 20 09

5, rue La Boétie - 75008 Paris - tél. +33 (0)1 47 70 48 90 - fax. +33 (0)1 47 42 87 55 o.caule@betg.fr - www.binocheetgiquello.com Jean-Claude Binoche - Alexandre Giquello - Commissaires-priseurs judiciaires s.v.v. agrément n°2002 389 - Commissaire-priseur habilité pour la vente : Alexandre Giquello


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CINQ BRONZES DE RODIN

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Jean de Ruaz

Émanant de la collection du galeriste Jean de Ruaz, cet ensemble exceptionnel d’œuvres d’Auguste Rodin est le témoignage d’un amoureux des arts qui a contribué à la promotion des artistes de son temps avec force et passion. Fils de l’un des architectes en chef du Musée du Luxembourg à la fin des années vingt à Paris, il a depuis son plus jeune âge été plongé dans l’univers artistique parisien. Sa galerie, située au 31 avenue de Friedland, dans ce qui était au début du XXe siècle le cœur du marché de l’art en France et en Europe, abrita de nombreuses expositions d’artistes reconnus : Armand Guillaumin, Albert Lebourg, Eugène Boudin, ou encore Pierre Eugène Montézin… En mai 1946 il rend hommage à l’œuvre d’Auguste Rodin en lui consacrant une exposition majeure rassemblant les plus beaux bronzes de l’artiste. 8


Mai 1946, Le Baiser exposé à la Galerie Jean de Ruaz, Paris

Mai 1946, Exposition Rodin, Galerie Jean de Ruaz, Paris

Décembre 1957, Le Baiser exposé à la Galerie Jean de Ruaz, Paris 9


LE BON GÉNIE

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1 Le Bon Génie ou Jeune fille confiant son secret à Isis Petit modèle Bronze à patine noire nuancée de vert Conçu vers 1899 Épreuve probablement fondue entre 1935 et 1944 Signé “A.Rodin” sur le rocher à droite, marque de fondeur “A. Rudier / Fondeur. Paris” sur le rocher à gauche et avec le cachet intérieur 22,7 x 11 x 15,2 cm 30 000 / 40 000 €

Provenance - Musée Rodin, Paris - Eugène Rudier, Le Vésinet (acquis du précédent) - Galerie Jean de Ruaz, Paris - Par descendance Bibliographie - Georges Grappe, Catalogue du musée Rodin, Paris 1944, n° 310, p.105 (une autre épreuve illustrée) - Antoinette Le Normand-Romain, Catalogue des œuvres conservées au Musée Rodin, RMN ed., Paris, 2007, vol.2 p.468-469 (une autre épreuve illustrée). Exposition - Mai 1946, Paris, Galerie Jean de Ruaz, Exposition Auguste Rodin, n° 23 Cette œuvre est authentifiée par le Comité Rodin et sera incluse dans la future publication du Catalogue Critique de l’Œuvre Sculpté d’Auguste Rodin, actuellement en préparation par la Galerie Brame & Lorenceau sous la direction de Jérôme Le Blay, n° 2014-4449B

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Cette composition intime et délicate de deux figures en confidence a été intitulée de façon définitive par Rodin lui-même. Auparavant, ce modèle portait plusieurs noms dont le plus connu est Jeune fille confiant son secret à Isis. Le Bon Génie fait ainsi référence au groupe intitulé Les Mauvais Génies et en devient son pendant. Dans la veine des sculptures de Carpeaux, ce petit bronze nous montre un « génie » qui se penche avec bienveillance pour écouter les confidences d’une adolescente. Depuis les Campagnes d’Egypte les artistes s’éprennent des sujets mythologiques égyptiens. Les mystères de la déesse nourricière séduisent les artistes et les poètes qui fantasment sur l'image de la déesse voilée, symbole des lois cachées de la Nature. Rodin la représente telle une sphinge, le voile qui découle de la tête jusqu’aux reins s’amasse lourdement sur le secret de sa fécondité, sa double poitrine. Ce groupe incarne le besoin de confidence que peut éprouver une jeune fille envers une femme plus âgée, qui par son attitude ancrée au sol apparaît comme un refuge.

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L’ÉTERNELLE IDOLE

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2 L’éternelle Idole Moyen modèle Bronze à patine noire nuancée de vert Modèle conçu en 1889, Cette épreuve fondue en 1927 Signé “A.Rodin” sur le coté droit de la base, marque de fondeur “Alexis Rudier / Fondeur.Paris” à l’arrière de la base et avec le cachet intérieur 29,5 x 14,1 x 24,5 cm 60 000 / 80 000 €

Provenance - Musée Rodin, Paris - Eugène Rudier, Le Vésinet (acquis du précédent, 1942) - Collection particulière, Bruxelles - Galerie Jean de Ruaz (acquis avant 1946) - Par descendance Bibliographie - Georges Grappe, Catalogue du musée Rodin, Paris 1929, n° 235,p. 94 (une autre épreuve illustrée). - Georges Grappe, Catalogue du musée Rodin, Paris 1944, n° 240,p. 83 (une autre épreuve illustrée). - Antoinette Le Normand-Romain, Catalogue des œuvres conservées au Musée Rodin, RMN ed., Paris, 2007, vol.1 p328-329 (une autre épreuve illustrée). Œuvre approchante - Un exemplaire de ce modèle est conservé dans les collections publiques de la Christchurch Art Gallery, Nouvelle Zélande. Cette œuvre est authentifiée par le Comité Rodin et sera incluse dans la future publication du Catalogue Critique de l’Œuvre Sculpté d’Auguste Rodin, actuellement en préparation par la Galerie Brame & Lorenceau sous la direction de Jérôme Le Blay, n° 2014-4448B

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Comme d’autres compositions de Rodin, les deux figures de ce groupe proviennent de La Porte de l’Enfer. Assemblé vers 1889, l’ensemble constitue une nouvelle œuvre qui connut très vite le succès. Auguste Rodin choisit d'y représenter la domination de la femme sur l'homme qui, agenouillé devant elle dans une attitude d'adoration, paraît rendre un hommage presque religieux à une divinité quasi indifférente. Notons que le premier titre de l'œuvre, l'Hostie, indique clairement cette notion de dévotion. Peut-on voir dans cette adoration amoureuse le reflet des sentiments d’Auguste pour Camille ? Leur liaison atteignait à cette période son point culminant et, à la vue de cette œuvre, on ne peut que la mettre en relation avec un des chefd’œuvres de Camille Claudel : Sakountala. Si chez Claudel les personnages sont unis par un lien étroit d’abandon et d’affection, ils semblent comme séparés par un abîme chez Rodin. Un agrandissement de cette composition fut taillé dans le marbre et commandé en 1893 par le peintre Eugène Carrière. Ce dernier n’acceptera de s’en séparer qu’une seule fois, lors de la Rétrospective Rodin de 1900 (première grande rétrospective de l’artiste à Paris, en marge de l’Exposition universelle) dont il avait par ailleurs dessiné l’affiche.

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Camille Claudel, Sakountala, dessin au fusain du plâtre exposé en 1888.


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LA JEUNE MÈRE

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3 La Jeune Mère Bronze à patine brune noire nuancée de vert Conçu en 1885, Épreuve fondue entre 1931 et 1945 Signé “A.Rodin” dans un cartouche à l’arrière du rocher, marque de fondeur “Alexis Rudier / Fondeur Paris” à l’arrière de la base avec un reste très effacé de numérotation “…EPREUVE” sur le coté droit et avec un cachet intérieur. 39 x 36,5 x 26,8 cm 80 000 / 100 000 €

Provenance - Musée Rodin, Paris - Eugène Rudier, Le Vésinet - Galerie Jean de Ruaz, Paris (acquis du précédent) - Par descendance Bibliographie - Georges Grappe, Catalogue du musée Rodin, Paris 1929, n° 91, p.50 (une autre épreuve illustrée) - Georges Grappe, Catalogue du musée Rodin, Paris 1944, n° 130,p. 48 (une autre épreuve illustrée) - Robert Descharnes et J.F Chabrun, Auguste Rodin, Edita Lausanne Vilo Paris, Genève, 1967, p. 124 (une autre épreuve illustrée) - Antoinette Le Normand-Romain, Catalogue des œuvres conservées au Musée Rodin, RMN ed., Paris, 2007, vol.2 p.469 à 471 (une autre épreuve illustrée). Œuvres approchantes - Plusieurs épreuves de ce modèle sont conservées dans des collections publiques dont le musée Rodin, Paris (fonte Georges Rudier) ; le muséo Soumaya, Mexico (fonte Alexis Rudier); l’University of Michigan Museum of Art, Ann Harbor et le musée Francisque Mandet, Riom (fonte Alexis Rudier). Cette œuvre est authentifiée par le Comité Rodin et sera incluse dans la future publication du Catalogue Critique de l’Œuvre Sculpté d’Auguste Rodin, actuellement en préparation par la Galerie Brame & Lorenceau sous la direction de Jérôme Le Blay, n° 2014-4450B

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Conçue en 1885, la Jeune Mère capture un instant de douceur et de complicité entre une mère et son enfant. Rodin a réalisé trois petits groupes sur le thème de la tendresse maternelle. Les deux premiers sont identiques : la Jeune Mère à la grotte étant la version en haut relief de la Jeune mère en ronde-bosse, tandis que l’Amour qui passe nous montre une représentation différente des deux premières où l’enfant est transformé en putto. La première mention de cette sculpture date de 1886 dans le cadre d’une exposition chez Durand-Ruel où les œuvres présentées étaient destinées à une loterie dont le produit devait servir à financer le Monument à Claude Lorrain. Rodin a ici atteint une pleine maîtrise dans la représentation des corps. Dans cette œuvre charmante et délicate caractérisée par une grande spontanéité dans l’expression des sentiments, il apparaît comme l’héritier de Jean Baptiste Carpeaux.

Auguste Rodin, L'amour qui passe, bronze, modèle conçu en 1885, collection privée

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LE BAISER

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4 Le Baiser Moyen modèle dit “taille de la porte” avec base simplifiée Bronze à patine brune nuancée Conçu en 1885, épreuve en bronze réalisée en 1927 Signé “A.Rodin” sur le rocher à droite, marque de fondeur “Alexis Rudier / Fondeur. Paris” à l’arrière de la base et avec le cachet intérieur 85,2 x 52,4 x 54,5 cm 1 500 000 / 2 000 000 €

Provenance - Musée Rodin, Paris - Eugène Rudier, Le Vésinet (acquis du précédent, 1942) - M. de Ruaz (acquis du précédent) - Galerie Jean de Ruaz, Paris - Par descendance Expositions - Mai 1946, Paris, Galerie Jean de Ruaz, Exposition Auguste Rodin, n°8 du catalogue. - Décembre 1957, Paris, Galerie Jean de Ruaz, Exposition Paysages de France (1838-1957) et sculptures de Rodin. - 30 avril - 8 septembre 1963, New York, Museum of Modern Art, Auguste Rodin, illustré dans le catalogue p. 63 Bibliographie - Antoinette Le Normand-Romain, Le Baiser de Rodin, Paris, RMN ed., 1995 p. 20, 42, 69 Œuvre approchante - Le plâtre de ce modèle est conservé dans les collections du Milwaukee Art Center. Cette œuvre est authentifiée par le Comité Rodin et sera incluse dans la future publication du Catalogue Critique de l’Œuvre Sculpté d’Auguste Rodin, actuellement en préparation par la Galerie Brame & Lorenceau sous la direction de Jérôme Le Blay, n° 2014-4464B

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Numéro de stock temporaire apposé sur l'œuvre lors de l'exposition de 1963 au MoMa à New York


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C’est pour la Porte de l’Enfer que Rodin conçut ce couple enlacé qui figurait d’abord sous la forme d’un bas-relief au centre du ventail gauche de la Porte. Emprunté à L’Enfer de Dante, le sujet représente Paolo Malatesta et Francesca da Rimini échangeant leur premier baiser, coupable, puisque Francesca était mariée au vieux frère de Paolo. Ils s’éprirent l’un de l’autre en lisant des romans d’amour courtois et, alors qu’ils échangeaient un premier baiser, ils furent surpris par le mari de Francesca qui les poignarda. Rodin a donc choisi de représenter l’étreinte amoureuse des deux amants, avant leur condamnation à l’Enfer. Ce groupe fut retiré de la Porte de l’Enfer, car évoquant un état de pur bonheur, il s’harmonisait mal avec l’ensemble tourmenté de la composition. C’est en 1887 que ces « amoureux » furent montrés pour la première fois au public et que les critiques baptisèrent ce modèle Le Baiser ; ce titre supplanta vite celui initial de Paolo et Francesca. Il connut un succès immédiat et une épreuve en marbre fut commandée par l’Etat au début de 1888 pour l’Exposition Universelle de 1889. Le succès de cette œuvre est dû à sa qualité bien-sûr, mais aussi en grande partie à cette odeur de soufre qu’il traînait derrière lui : à l’Exposition Universelle de 1893, il dut en effet être enfermé dans une salle spéciale pour ne pas effaroucher le regard des puritains. Le modèle présenté est intitulé « à la base simplifiée » car il doit être distingué des autres modèles du fait d’un rocher travaillé en volumes plus géométriques et une main droite de l’homme touchant à peine la cuisse de la figure féminine. Le Baiser est sans doute l’œuvre la plus emblématique d’Auguste Rodin, mais c’est surtout l’une des sculptures les plus reconnaissables de l’histoire de l’art. Cette épreuve en bronze réalisée en 1927 par le fondeur Alexis Rudier est peut-être celle qui se rapproche le plus, de part sa taille, du modèle original conçu pour orner la Porte de l’Enfer. 36


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Eugène Druet, Le Baiser (en marbre) dans l’atelier du dépôt de marbres, vers 1898, Paris, musée Rodin

Rodin dans son atelier accoudé au Baiser, fin 1888 - début 1889, Paris, Musée Rodin 38


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L’ÉTERNEL PRINTEMPS

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5 L’Éternel Printemps, Premier état Taille originale, variante type A Bronze à patine brune nuancée de vert Modèle conçu vers 1884, Épreuve probablement fondue entre 1935 et 1945 Signé et numéroté “A. Rodin 2/3” sur le coté droit du rocher, marque de fondeur “Alexis Rudier / Fondeur. Paris” à l’arrière du rocher et avec le cachet intérieur “A.Rodin” 64 x 63,8 x 37,8 cm 300 000 / 400 000 €

Provenance - Musée Rodin, Paris - Collection privée, France - Galerie Jean de Ruaz (avant 1946) - Par descendance Bibliographie - Georges Grappe, Catalogue du musée Rodin, Paris 1929, n° 87, p.49 (une autre épreuve illustrée) - Georges Grappe, Catalogue du musée Rodin, Paris 1944, n° 113, p. 42 (une autre épreuve illustrée) - Antoinette Le Normand-Romain, Catalogue des œuvres conservées au Musée Rodin, RMN ed., Paris, 2007, vol.1 p.331 à 337 (une autre épreuve illustrée). Cette œuvre est authentifiée par le Comité Rodin et sera incluse dans la future publication du Catalogue Critique de l’Œuvre Sculpté d’Auguste Rodin, actuellement en préparation par la Galerie Brame & Lorenceau sous la direction de Jérôme Le Blay, n° 2014-4452B

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Souvent empreinte de grandeur tragique, l'Œuvre sculpté de Rodin compte cependant quelques créations qui relèvent davantage du registre sentimental comme en témoignent les compositions du Baiser et L'Eternel Printemps. Célébrant l'Amour et le Printemps dans un lyrisme flamboyant, cette œuvre conçue en 1884 n’est certainement pas étrangère à la relation passionnelle que vit alors Rodin avec l’artiste Camille Claudel. Ce couple enlacé fut originellement interprété comme étant la représentation de Cupidon et Psyché (comme en témoignent les petites ailes sur le dos de la figure masculine) ou encore celle de Zéphyr et la Terre. La figure féminine, des plus sensuelles, est une reprise d'une sculpture élaborée par Rodin en 1882, le Torse d’Adèle, inspiré d'Adèle Abruzzesi, un des modèles favoris de Rodin, que l’on retrouve à gauche du tympan de La Porte de l’Enfer. La composition de ce couple en harmonie ne sera pas retenue pour la version finale de la Porte, tout comme le Baiser, considérant que ces compositions d’extases romantiques dissonnaient trop avec son univers tragique. Dès sa première exposition au Salon de 1898, L'Éternel Printemps connut un grand succès dont attestent les nombreuses éditions en bronze ainsi que les six exemplaires en marbre existants sur ce sujet.

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Détail du tympan de La Porte de l’Enfer avec le Torse d’Adèle

Charles Bodmer, l’Éternel Printemps (en terre), dans l’atelier, 1884 ?, Paris, Musée Rodin 46


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QUATRE MEUBLES DE PAUL IRIBE

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PAUL IRIBE (1883-1935)

Paul Iribe, maitre incontesté du mobilier dans les années dix, est ce que l’on peut appeler un électron libre, ni réellement ensemblier ni assidu des Salons, il est hors du circuit classique, évoluant dans un monde changeant dont il définit lui-même les contours. Ce jeune basque, touche à tout, commence à travailler en 1901, alors qu’il est à peine âgé de 17 ans, comme illustrateur pour les journaux avec des dessins satiriques qui révèleront très vite son talent et lui permettront de devenir une figure première de la caricature de l’époque. En 1906 il lance son propre journal satirique Le Témoin, grâce au soutien financier de Dagny Bjornson-Langen avec pour emblème un personnage masculin en habit de soirée et son porte-cigarette dont la tête ne figure qu’un œil grand ouvert. C’est au travers de ses talents de caricaturiste que va se construire la renommée de Paul Iribe. Renommée qui lui ouvrira les portes du monde, lui permettant ainsi de rencontrer Paul Poiret qui, dès l’année 1908, lui demande de réaliser un album illustré de ses créations. Paul Iribe se prête au jeu, et l’album Les robes de Paul Poiret racontées par Paul Iribe publié en octobre 1908 sera un grand succès pour son commanditaire et l’illustrateur ; mettant en scène toutes ces femmes dans des intérieurs qu’il conçoit, s’appuyant nonchalamment sur un canapé, endormies près d’une table de nuit ou assises dans un fauteuil à accotoirs à enroulement. Si Paul Poiret est l’un de ses premiers commanditaires, d’autres personnalités du gotha parisien feront également des commandes importantes à Paul Iribe tel Robert Linzeler, grand orfèvre de la place parisienne qui va collaborer avec lui dès 1910 pour réaliser des bijoux et des pièces d’orfèvrerie. Iribe va créer pour lui des meubles fonctionnels aux détails délicats comme la superbe table de milieu en ébène du Gabon de 1914 (lot 6) ou le meuble à casiers entièrement gainé de cuir gaufré où s’imaginent aisément disposées les collections délicates de son propriétaire (lot 8).

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L’univers de la mode sera une source intarissable d’inspiration pour Iribe, comme le suggèrent les commandes qu’il réalise pour Jacques Doucet dès 1912 pour l’aménagement de l’avenue du Bois. Il s’agit de meubles d’un style plus boudoir comme le fauteuil entièrement sculpté de guirlandes de fleurs (illustration 4), qui rappelle fortement celui que nous présentons en bois doré avec ses hauts accotoirs à enroulement (lot 9) si caractéristiques des œuvres de Iribe et qui a pris vie dès 1908 dans une planche des Robes de Paul Poiret racontées par Paul Iribe. Le guéridon en ébène entièrement sculpté d’une guirlande de fleurs (lot 7) est également apparu dans cet album et prendra vie quelques années plus tard au gré des commandes de l’artiste, telles celle de Madame Roger, amie proche de Coco Chanel ou de Dagny Bjornson-Langen, sa partenaire dans l’aventure du Témoin. Amélie Marcilhac, décembre 2015

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TABLE DE MILIEU

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6 TABLE DE MILIEU, 1914 en palissandre, poirier noirci et ébène du Gabon à plateau rectangulaire en ressaut légèrement débordant sur piétement d'angle à jambes droites de section carrée entièrement rainurées réunies par une entretoise en partie basse à plateau rectangulaire. Partie haute du piètement ornementée d’olives allongées. Estampillée et datée 1914. Haut. 80 cm - plateau : 123,5 x 62 cm 40 000 / 50 000 €

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Provenance Vraisemblablement ancienne collection de Monsieur Robert Linzeler. Linzeler était un grand orfèvre de la place parisienne qui dès 1910 réalisa quelques bijoux et rares pièces d’orfèvrerie d’après des dessins de Paul Iribe.


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GUÉRIDON

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7 GUÉRIDON, 1914 en ébène du Gabon à plateau circulaire intégrant une dalle de marbre noir de Belgique en léger ressaut ornementé d’une ceinture détachée formant guirlande entièrement sculptée de fleurs et feuillages. Piètement à trois jambes circulaires fuselées. Estampillé et daté 1914. Haut. 71 cm - diam. 45 cm 30 000 / 40 000 €

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Provenance Vraisemblablement ancienne collection de Madame Roger, collectionneuse proche de Gabrielle Chanel. Resté depuis dans la famille. Historique Un guéridon de modèle similaire faisait partie de la collection de Madame Dagny Björnson, épouse de l’éditeur allemand Albert Langen qui publiait la revue satyrique Simplicissimus, et co-fondatrice de la revue Le Témoin. Bibliographie Raymond Bachollet, Daniel Bordet, Anne-Claude Lelieur, Paul Iribe, Editions Denoël, Paris, 1982, dessin du guéridon réalisé par l’artiste pour une illustration dans Les robes de Poiret, publié en 1908 et reproduit p. 86 sous le n°123.


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Les robes de Paul Poiret racontÊes par Paul Iribe, 1908, pl. n°9

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MEUBLE D’APPUI

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8 MEUBLE D'APPUI, 1914 à corps quadrangulaire, en poirier noirci et ébène du Gabon sur bâti de chêne, gainé sur les trois faces de cuir repoussé à décor de fleurs rouges sur fond noir et feuilles orangées entièrement rehaussé de dorure, ouvrant en façade par six tiroirs à prise de tirage en pastille de cuir noir à décor d’une rose rehaussée de dorure (usures). Intérieur en bois de rose entièrement amovible à dos de façade gainé de daim prune accueillant probablement les bijoux du commanditaire. Piètement d'angle à colonnette en façade rainurée en partie basse et chapiteaux en partie haute rehaussés de dorure sur cylindre à corps évasé. Entablement supérieur en marbre noir de Belgique en découpe légèrement débordant. Estampillé et daté 1914. Haut. 126,5 cm - long. 68,5 cm - prof. 38,5 cm 50 000 / 60 000 €

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Provenance Vraisemblablement ancienne collection de Monsieur Robert Linzeler. Linzeler était un grand orfèvre de la place parisienne qui dès 1910 réalisa quelques bijoux et rares pièces d’orfèvrerie d’après des dessins de Paul Iribe.


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FAUTEUIL NAUTILE

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9 FAUTEUIL NAUTILE, CIRCA 1914 en bois doré sculpté à dossier gondole orné de feuillages et hauts accotoirs pleins légèrement enveloppants à volutes cernées d’un rang de perles entièrement recouvert de velours rasé gris (refait à neuf). Piètement à quatre jambes galbées rainurées surlignées de roses et feuillages en façade. Signé. Haut 120 cm - long 74 cm - prof 60 cm 100 000 / 120 000 €

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Provenance Vraisemblablement ancienne collection de Madame Roger, collectionneuse proche de Gabrielle Chanel. Resté depuis dans la famille. Bibliographie Raymond Bachollet, Daniel Bordet, Anne-Claude Lelieur, Paul Iribe, Editions Denoël, Paris, 1982, dessin du fauteuil réalisé par l’artiste pour une illustration dans le journal satirique Le Rire, n°455 paru le 21 octobre 1910 reproduit p. 132 sous le numéro 234.


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Jeanne Dirys par Paul Iribe, Comナ電ia illustrテゥ, nツー11, 1er mars 1911

Paul Iribe, illustration pour Le rire, nツー455, 21 octobre 1910 74


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1- Motif décoratif d’un porche basque, du village de Lacarry, berceau de la famille Iribe. 2- Volute sculptée d’une bergère. 3- Bergère à haut dossier. 4- Bergère en ébène sculpté de l’ancienne collection Jacques Doucet (Musée des Arts décoratifs de Paris. Raymond Bachollet, Daniel Bordet, Anne-Claude Lelieur. Paul Iribe. Préface d’Edmonde Charles-Roux. Paris, Denoël, 1982.


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CONDITIONS DE VENTE La vente se fera au comptant en euros. Les acquéreurs paieront en sus des enchères par lot, les frais et taxes suivants : 26% TTC. Les enchères suivent l’ordre des numéros du catalogue. La Société de Vente et les Experts se réservent la faculté, dans l’intérêt de la vente, de réunir ou de diviser les numéros du catalogue. Les dimensions et poids des œuvres sont donnés à titre indicatif. l’état des pièces est mentionné au catalogue à titre strictement indicatif ; une exposition ayant permis un examen préalable des pièces décrites au catalogue, il ne sera admis aucune réclamation concernant l’état de cellesci une fois l’adjudication prononcée et l’objet remis. Les estimations sont fournies à titre purement indicatif et elles ne peuvent être considérées comme impliquant la certitude que le bien sera vendu au prix estimé ou même à l’intérieur de la fourchette d’estimations. Les estimations ne sauraient constituer une quelconque garantie. Le démontage des œuvres étant parfois difficile, l’examen des miniatures a été effectué à l’œil. ORDRES D’ACHATS Tout enchérisseur qui souhaite faire une offre d’achat par écrit ou enchérir par téléphone peut utiliser le formulaire prévu à cet effet en fin de catalogue. Ce dernier doit parvenir à l’étude binoche et giquello dûment complété et accompagné des coordonnées bancaires de l’enchérisseur. Les enchères par téléphone sont un service gracieux rendu aux clients qui ne peuvent se déplacer. En aucun cas binoche et giquello et ses employés ne pourront être tenus responsables en cas d’erreur éventuelle ou de problème de liaison téléphone. Lorsque deux ordres d’achat sont identiques, la priorité revient au premier ordre reçu. En cas d’adjudication, le prix à payer sera le prix marteau ainsi que les frais, aux taux en vigueur au moment de la vente. ADJUDICATAIRE Sous réserve de la décision de la personne dirigeant la vente pour binoche et giquello, l’adjudicataire sera le plus offrant et dernier enchérisseur pourvu que l’enchère soit égale ou supérieure au prix de réserve. Dans l’hypothèse où un prix de réserve aurait été stipulé par le vendeur, l’étude binoche et giquello se réserve le droit de porter des enchères pour le compte du vendeur jusqu’au dernier palier d’enchère avant celle-ci, soit en portant des enchères successives, soit en portant des enchères en réponse à d’autres enchérisseurs. En revanche le vendeur ne sera pas admis à porter lui-même des enchères directement ou par mandataire. Le coup de marteau matérialisera la fin des enchères et le prononcé du mot « adjugé » ou tout autre équivalent entraînera la formation du contrat de vente entre le vendeur et le dernier enchérisseur retenu. En cas de contestation au moment de l’adjudication, c’est-à-dire s’il est établi que deux ou plusieurs enchérisseurs ont simultanément porté une enchère équivalente, soit à haute voix, soit par signe, et réclament en même temps cet objet après le prononcé du mot « adjugé », le dit objet sera immédiatement remis en vente au prix proposé par les enchérisseurs et tout le public sera admis à enchérir à nouveau.

PAIEMENT L’adjudicataire a l’obligation de payer comptant et de remettre ses nom et adresse. En cas de paiement par chèque non certifié, la délivrance des objets pourra être différée jusqu’à l’encaissement de celui-ci. Les acquéreurs ne pourront prendre livraison de leurs achats qu’après un règlement bancaire. Les chèques tirés sur une banque étrangère ne seront autorisés qu’après accord préalable de la Société de Vente. Pour cela il est conseillé aux acheteurs d’obtenir, avant la vente, une lettre accréditive de leur banque pour une valeur avoisinant leur intention d’achat, qu’ils transmettront à la Société de Ventes. Paiement en espèces conformément au décret n°2010-662 du 16 juin 2010 pris pour l'application de l'article L.112-6 du code monétaire et financier, relatif à l'interdiction du paiement en espèces de certaines créances. Dès l’adjudication prononcée, les objets sont sous l’entière responsabilité de l’adjudicataire. Il est conseillé aux adjudicataires de procéder à un enlèvement de leurs lots dans les meilleurs délais afin d’éviter les frais de manutention et de gardiennage qui sont à leur charge. Le magasinage de l’Hôtel des ventes n’engage pas la responsabilité de notre société de ventes volontaires à quelque titre que ce soit. Les adjudicataires pourront obtenir tous les renseignements concernant la livraison et l’expédition de leurs acquisitions à la fin de la vente, qui sera à leur charge. Pour tout envoi, un forfait minimum de 20 euros sera demandé. Pour chaque lot vendu, des frais de stockage de 2 euros minimum par jour pourront être facturés à l’acheteur à compter du 60e jour après la vente. En cas d’exportation hors de l’UE, le remboursement de la TVA ne pourra s’effectuer que si le bien est exporté dans un délai de 3 mois suivant la vente. Le remboursement sera fait au nom de l’acheteur. (cf : 7e Directive TVA applicable au 01.01.1995). Les bordereaux acquéreurs sont payables à réception. A défaut de règlement sous 30 jours, la société binoche et giquello pourra exiger de plein droit et sans relance préalable, le versement d’une indemnité de 40 euros pour frais de recouvrement (Art L 441-3 et Art L 441-6 du Code du Commerce). PRÉEMPTION L’état français dispose d’un droit de préemption sur les œuvres d’art ou les documents privés mis en vente publique. L’exercice de ce droit intervient immédiatement après le coup de marteau, le représentant de l’Etat manifestant alors la volonté de ce dernier de se substituer au dernier enchérisseur, et devant confirmer la préemption dans les 15 jours. La société binoche et giquello n’assume aucune responsabilité des conditions de la préemption par l’Etat français. A DÉFAUT DE PAIEMENT Conformément aux dispositions de l’article L. 321-14 du Code de Commerce, à défaut de paiement par l’adjudicataire, après mise en demeure restée infructueuse, le bien sera remis en vente à la demande du vendeur sur folle enchère de l’adjudicataire défaillant ; si le vendeur ne formule pas sa demande dans un délai d’un mois à compter de l’adjudication, il nous donne tout mandat pour agir en son nom et pour son compte à l’effet, à notre choix, soit de poursuivre l’acheteur en annulation de la vente, soit de le poursuivre en exécution et paiement de ladite vente, en lui demandant en sus et dans les deux hypothèses tous dommages et intérêts, frais et autres sommes qui nous paraitraient souhaitables.

Photographies : Vincent Girier-Dufournier Réalisation : Montpensier - Imprimé en belgique par Geers Offset


IMPORTANTES SCULPTURES PRÉCOLOMBIENNES DE L’ANCIENNE COLLECTION VANDEN AVENNE Vente à Drouot Richelieu - Paris - 23 mars 2016

URNE ANTHROPOMORPHE Zapotèque, Mexique, 550-950 après J.-C. Céramique H. 20 cm – L. 14 cm Provenance : Edward H. Merrin Gallery, New York, 1980’s Publication : Chefs-d’œuvre inédits de l’art précolombien, Boulogne, Arts 135, 1985, fig. 138

MEZCALA EXPERTISES Jacques Blazy T +33 (0)6 07 12 46 39 - mezcala.expertises@gmail.com

Quentin Blazy quentin.mezcala@gmail.com




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