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Face aux mutations dues à la mondialisation, l’Afrique doit développer ses compétences
SOMMAIRE
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Pour de nouvelles options d’investissements et de création d’emplois
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L’ÉDITORIAL DE GERBA MALAM
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RENDEZ-VOUS D’AFFAIRES
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ENQUÊTE : CENTRES COMMERCIAUX EN AFRIQUE, ÇA POUSSE AFRIQUE DU SUD : WALMART VEUT LEVER LE DÉFI AFRICAIN BÉNIN : HYPERMARCHÉ EREVAN, UNE OUVERTURE SUR LE MONDE MAROC : MOROCCO MALL, MAGAsINAGE HAUT DE GAMME
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MARCHÉS AFRICAINS AGRICULTURE : RENAISSANCE POUR LA NOIX DE CAJOU
africaine
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ASSURANCES : LES OPÉRATEURS SONT ENCORE À QUAI BOIS : NOUVEAUX ENJEUX,NOUVEAUX DÉFIS
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DOSSIER RESSOURCES HUMAINES : EMPLOI ET FORMATION EN AFRIQUE FORMATION : LE Credo DE LA PROFESSIONNALISATION LES MEILLEURS BUSINESS SCHOOLS D’AFRIQUE LE CANADA SUR LE MARCHÉ ÉDUCATIF AFRICAIN EMPLOI : QUI EMBAUCHE ? COOPÉRATION : LES HEC DE MONTRÉAL, FORMATION CLÉS
EN MAIN
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DIGNES DE MENTION
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MONDIALISATION DÉLOCALISATION DES SERVICES : L’AFRIQUE A LA COTE
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MARCHÉS NORD-AMÉRICAINS IMMIGRANTS INVESTISSEURS : LE PARCOURS DU COMBATTANT
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DÉVELOPPEMENT LA BAD AU FORUM ÉCONOMIQUE MONDIAL SUR L’AFRIQUE puissances émergentes LA russie : CAP SUR L’afrique
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DOIT-ON INVESTIR DANS LES DICTATURES ? QU’EST-CE QU’UNE DICTATURE ? INVESTIR DANS LES DICTATURES ? QUI INVESTIT DANS LES DICTATURES ? LES DICTATURES CONTRE-ATTAQUENT
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AFFAIRES MOBILE BANKING EN AFRIQUE : LA PROSPÉRITÉ AU BOUT DU FIL
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FLASH INFOS
Complicité ou réalisme ? Toute l’ambiguïté des rapports entre démocraties et dictatures AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37
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LUTTE CONTRE LA CORRUPTION
L’ÉDITORIAL DE GERBA MALAM
LE CHÂTIMENT OU L’ARRANGEMENT À L’AMIABLE?
S
elon le rapport 2010 de la Banque mondiale, la corruption coûte chaque année à l’Afrique au moins 150 milliards de dollars, soit autour de 25% de son PIB. Rien d’étonnant que de nombreux gouvernements aient déclaré la guerre à ce fléau qui gangrène les économies et mine tous les efforts de développement. Finie l’impunité! Anciens présidents, ministres, directeurs généraux sont de plus en plus poursuivis, arrêtés, jugés et condamnés à de lourdes peines, allant parfois de 20 à 50 ans de prison. Si ces condamnations sont, il faut le reconnaître, exemplaires, elles ne règlent pas le fond du problème, à savoir le recouvrement de grosses sommes d’argent détournées. Face à cette situation, ne faudrait-il pas plutôt adopter une autre démarche consistant à négocier avec les inculpés pour qu’ils remboursent les fonds détournés contre leur liberté? C’est la voie choisie par les nouvelles autorités égyptiennes qui ont décidé de libérer l’épouse de l’ex-président égyptien Hosni Moubarak, Suzanne, après qu’elle eut remis à l’État tous ses avoirs dans les banques en Égypte, à savoir 24 millions de livres égyptiennes (4 millions $). Cette décision égyptienne est cependant loin de faire l’unanimité. Le débat reste donc ouvert : la prison ou l’arrangement à l’amiable? Quel est le bon choix? Ces deux positions sont-elles irréconciliables?
dent, la voie du pragmatisme est privilégiée, de nombreux pays préférant un arrangement avec les fraudeurs du fisc. Au Canada, par exemple, le Programme des divulgations volontaires permet aux contribuables de « corriger toute information incomplète ou erronée ou de fournir des renseignements qu’ils n’avaient pas déclarés à l’Agence du revenu du Canada, sans être passibles de pénalités ou de poursuites ». En d’autres termes, le contribuable fautif fait son mea culpa, paie les impôts exigibles, plus les intérêts. En contrepartie, il n’est pas sujet à des pénalités ou poursuites pour les montants divulgués. Aux États-Unis, l’amnistie fiscale offre les mêmes avantages aux contribuables. De plus, on leur permet de faire une « offer in compromise » qui consiste pour le contribuable à régler ses comptes pour un montant inférieur au montant total qu’il doit. En Suisse enfin, comme dans d’autres pays européens (la France, l’Italie, etc.), les fraudeurs du fisc qui se dénoncent spontanément ne paient pas d’amende et ne sont pas poursuivis pénalement. Ils doivent en revanche rembourser les impôts ainsi que les intérêts moratoires pour une période de dix ans maximum.
AUCUNE SOLUTION N’EST SIMPLE. D’UN CÔTÉ, LA MORALE EST SAUVE, MAIS IL Y A UN MANQUE TOTAL DE RÉALISME. DE L’AUTRE, LES GAINS SONT CONSIDÉRABLES, MAIS DES VALEURS SONT SACRIFIÉES. Examinons d’abord les arguments des partisans de la prison. Pour eux, il n’y a rien de plus immoral que de libérer tous les escrocs de ce monde parce qu’ils ont retourné leur butin. Ce serait un encouragement à la fraude. C’est un peu comme si on leur disait : « Volez, si vous ne vous faites pas prendre, c’est tant mieux. Et si jamais, vous êtes pris, vous ne risquez pas grandchose, vous n’aurez qu’à rembourser l’argent volé.» Il faut que ce soit clair : les auteurs de détournements de fonds publics ont une dette envers la société qu’ils doivent payer en purgeant une peine d’emprisonnement. Ce n’est que justice. De plus, leur condamnation a un effet dissuasif dans la mesure où l’on envoie un signal fort à tous qu’il n’y aucune impunité pour un crime commis, fût-il économique. En revanche, les tenants de « l’entente » soutiennent qu’il faut faire preuve de bon sens. Ils font remarquer qu’il ne sert à rien de mettre les gens en prison si on ne recouvre pas les millions de dollars détournés. Le plus important est de retrouver cet argent perdu et de le remettre dans les caisses de l’État. De plus, les coupables sont financièrement punis puisqu’en plus de rembourser les montants volés, ils doivent payer des amendes et des intérêts. Avec ces recettes fiscales inattendues, l’État peut financer plusieurs projets sociaux. Par ailleurs, c’est un fardeau financier que de loger et nourrir les condamnés. L’entente permet donc à l’État de faire des économies. Dans cette bataille qui oppose la morale et le pragmatisme, il n’est pas facile de trancher. On constate cependant qu’en Occi-
Cette approche a donné jusqu’ici des résultats impressionnants. Ainsi, au Canada, 6015 contribuables ont divulgué, en sept mois, en 2009, des revenus cachés à l’impôt d’une valeur de 1,63 milliard $, soit plus du double de ce qui est habituellement déclaré en une année complète. La même année, aux États-Unis, environ 14 700 contribuables ont utilisé le programme de divulgation volontaire de l’Internal Revenue Service (IRS), révélant des comptes offshore dans plus de 100 banques dans 70 pays. Les services fiscaux se sont frotté les mains, estimant que ce sont des milliards de dollars qui revenaient au Trésor américain. En Italie, l’amnistie fiscale a rapporté 5,6 milliards d’euros de recettes à l’État en 2010, alors qu’un total de quelque 104,5 milliards d’euros de fonds déposés à l’étranger a été déclaré. Au vu d’une telle moisson, on serait naturellement tenté de dire que le pragmatisme est plus payant que la morale ou l’éthique. Mais au nom de l’argent, a-t-on le droit de faire une grave entorse à des valeurs aussi importantes que la justice? Après tout, le fait d’avouer sa faute et de rembourser n’efface pas l’infraction. Dans tous les cas, aucune solution n’est simple. En effet, d’un côté, la morale est sauve, mais il y a un manque total de réalisme. De l’autre, les gains sont considérables, mais des valeurs sont sacrifiées. Dans ces conditions, un châtiment symbolique (remise importante de peine, condamnation avec sursis…) contre le remboursement de fonds détournés ne serait-il pas un compromis pouvant réconcilier les uns et les autres?
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rd
FORUM AFRICA 2011
Du 6 au 7 juillet 2011 Naïrobi, Kenya
Du 5 au 7 septembre 2011 Montréal, Canada
Cette Expo-Conférence sur la production télévisuelle et cinématographique en Afrique aura pour thème cette année « Établir une industrie des médias électroniques de classe mondiale en Afrique ». Il s’agira, lors de cette troisième édition, de permettre aux professionnels et industriels du secteur, de bénéficier de nouvelles connaissances et d’acquérir un nouveau savoir-faire afin de mieux prospérer. Les principaux intervenants à cet événement seront des managers et des producteurs exerçant au sein de grands groupes audiovisuels africains et internationaux comme CNN, la BBC, NBC, la Voix de l’Amérique, China Broadcasting, la Deutsche Welle, Al Jazeera, Radio Japan, Radio Moscow, Radio France International ou encore Radio Netherlands.
Il s’agit de la 5e édition de ce Forum biennal organisé par Afrique Expansion Magazine, en collaboration avec l’African Business RoundTable (ABR) et le Conseil Canadien pour l’Afrique (CCAfrique). L’objectif principal de cette rencontre, qui réunira près de 500 décideurs publics et privés, est d’offrir des outils et approches novatrices pour accroître l’investissement privé en Afrique. Le « développement durable » et les « investissements privés en Afrique » seront les thèmes majeurs de ce rendez-vous qui sera de nouveau la plate-forme privilégiée pour des échanges entre gens d’affaires nord-américains et africains. Infos : www.forumafricanada.com
Infos : www.aitecafrica.com
AFRIWATER 2011
8 US-AFRICA BUSINESS SUMMIT th
Du 13 au 15 septembre 2011 Johannesburg, Afrique du Sud
Du 5 au 7 octobre 2011 Washington, USA
Ce salon international présente des produits, services, technologies et solutions en matière de gestion de l’eau et d’assainissement. C’est aussi le rendez-vous pour les représentants du secteur public et privé en quête de nouvelles solutions dans le cadre du développement durable. C’est enfin un forum où les principaux fournisseurs d’équipements hydrauliques se rencontrent pour échanger sur les défis à relever par leur industrie.
Organisé tous les deux ans par le Corporate Council on Africa, dont les membres représentent 85% des investissements privés en Afrique, le US-Africa Business Summit est le principal événement concernant les liens d’affaires entre les États-Unis et le continent africain. L’édition de cette année aura pour thème les principaux secteurs porteurs d’affaires. Il y sera particulièrement question d’infrastructures, d’énergie, du développement des ressources naturelles, de l’agriculture, de santé et de sécurité. Il est à noter que cet événement, qui a déjà attiré plus de 2000 délégués, se tiendra dans le cadre prestigieux du Washington Marriott Wardman Park Hotel.
Infos : www.afriwater.co.za
Infos : www.africacncl.org
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RENDEZ-VOUS D’AFFAIRES
3 BROADCAST & FILM AFRICA 2011
C
arrefours multifonctionnels à caractère urbain, les centres commerciaux sont nés de la croissance des villes et de l’étalement des populations. Partis du concept de galeries marchandes du 19e siècle, ils sont devenus la façade moderne de la transformation du style de vie. Et le pouvoir d’achat aidant, les centres commerciaux témoignent depuis les années 60 d’une concentration des besoins de consommation pour la classe moyenne.
ENQUÊTE
Léopold Nséké
Depuis, l’idée a fait du chemin et le continent africain, aux prises avec une urbanisation galopante, se trouve naturellement confronté à cette nouvelle donnée. Sauf que cela pousse à se poser un certain nombre de questions en termes d’impact. Ce choix contribue-t-il au développement économique et à la création d’emplois ? La logique commerciale du ravitaillement de ces centres se fera-t-elle au
détriment de la production locale ? Et les populations ne voient-elles pas leurs habitudes de consommation bousculées ? Des questions dont nous esquisserons des réponses à travers trois projets du nord, de l’ouest et du sud de l’Afrique. Trois implantations complètement différentes qui démontrent la variété des options d’investissements. AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37
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revoir ses ambitions à la baisse en novembre 2010, pour se contenter d’une part majoritaire. Néanmoins, c’est sa plus grosse acquisition depuis une décennie. Créé en 1990, Massmart possède aujourd’hui sur l’ensemble du continent africain, neuf enseignes de gros et de détail et près de 290 magasins dispersés dans une quinzaine de pays. Le choix du groupe sud-africain qui a par ailleurs enregistré un chiffre d’affaires de 6,83 milliards $ en 2010, pour faire son entrée en Afrique, est donc stratégique pour Walmart qui souhaite profiter de son expérience et de ses infrastructures. La firme américaine qui a fait des consommateurs à revenu modeste sa
AFRIQUE DU SUD
VEUT RELEVER LE DÉFI AFRICAIN Le géant américain Walmart, numéro un de la grande distribution aux États-Unis avec 3500 magasins, vient de lancer son offensive sur l’Afrique en acquérant une participation majoritaire (51%) du capital du groupe sudafricain, Massmart, le troisième plus gros distributeur de biens de consommation du continent.
A
près l’Amérique, l’Asie et l’Europe, Walmart, la multinationale originaire de l’Arkansas, États-Unis, s’attaque désormais au marché africain avec l’acquisition au prix de 17 milliards de rands, soit 2,36 milliards $, de 51% de Massmart, un poids lourd du secteur. L’entreprise qui a affiché un bénéfice net de 3,32 milliards de dollars au premier trimestre de 2010, avait annoncé au départ, son intention d’acheter la totalité de ce numéro trois de la distribution de biens de consommation en Afrique avant de 10 AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37
spécialité, espère prendre pied sur le continent africain et tirer profit de la croissance continue de son marché en pleine expansion, notamment depuis l’émergence d’une certaine classe moyenne. Elle prévoit de maintenir la cotation de Massmart à Johannesburg, décision cruciale pour obtenir l’aval des autorités sud-africaines de régulation. Rappelons que de par son statut de troisième entreprise coté de distribution en Afrique du Sud en termes de capitalisation boursière, Massmart est l’un des groupes sud-africains qui présentent la stratégie de développement la plus agressive. Le titre Massmart a ainsi gagné durant les
deux premiers trimestres de 2010, plus de 50%, ce qui correspond à une hausse de plus de 36% de l’indice du secteur sudafricain et une progression d’un peu plus de 2% sur l’indice de référence.
La menace syndicale Cependant, s’implanter sur le sol africain ne semble pas être une affaire si aisée pour le géant américain connu pour ses positions très anti-syndicales. En effet, son arrivée dans le pays arc-en-ciel ne fait pas l’unanimité auprès de tout le monde, à commencer par les actionnaires du groupe, les syndicats et les pouvoirs publics. Ainsi, il n’est pas garanti que sa
Vitraulle Mboungou politique de « Always low prices » faisant référence aux bas prix et s’adressant aux consommateurs les plus modestes, fonctionne en Afrique du Sud et sur l’ensemble du continent où cette catégorie est particulièrement très présente et plus modeste encore que la clientèle américaine ou occidentale en général. Cela d’autant plus que les méthodes qui ont fait son succès depuis plusieurs décennies, sont aujourd’hui sources de critiques car pour beaucoup, qui dit bas prix, dit minimisation maximale des coûts aussi bien sur les produits que sur la main-d’œuvre. En effet, Walmart est souvent critiqué pour ses pratiques en matière d’emploi, notamment les très bas salaires de ses employés. Ce qui lui vaut sa très mauvaise réputation auprès des syndicats américains et étrangers. En mai 2007, l’ONG américaine Human Rights Watch a ainsi publié un rapport sur la répression des droits des salariés et du syndicalisme dans cette entreprise créée en 1962 et dans lequel elle montre comment les directeurs y sont formés pour combattre toute implantation syndicale ou toute action revendicative y compris légale. Les mesures antisyndicales
de ce groupe ont également été la source de plusieurs conflits de travail au Canada, notamment au Québec et en Europe dans des pays comme l’Allemagne où selon plusieurs analystes, elles ont causé sa perte (les consommateurs ont boudé ses magasins).
Un investissement risqué? Le géant américain pourrait donc connaître s’il ne change pas sa politique anti- syndicale, des difficultés en Afrique du Sud connu pour sa main-d’œuvre excessivement syndiquée. Ainsi, lors de la réunion des actionnaires de Massmart où la vente a été approuvée, une manifestation a été organisée par le COSATU (Congress of South African Trade Unions, ou Congrès des syndicats sud-africains), préoccupé par la transaction entre ces deux grands de la distribution. « Malgré l’arrivée de la démocratie en 1994, l’Afrique du Sud demeure l’une des sociétés les plus inéquitables au monde. L’acquisition de 51 % de Massmart par Walmart vient réduire encore plus la propriété locale de l’un des plus importants détaillants au pays », s’est ainsi justifié Tyotyo James, le premier vice-président de cette organisa-
tion. « Walmart est arrivé chez nous en se prétendant favorable aux syndicats. Mais nous connaissons bien, d’après l’expérience de nos amis et collègues d’autres pays, et en particulier des États-Unis d’Amérique, les attaques incessantes de Walmart contre les travailleurs et les syndicats », a par ailleurs, ajouté l’un des confrères de Monsieur James. De même, le Saccawu (Syndicat sud-africain du commerce, de la restauration et des travailleurs unis), la principale fédération syndicale sudafricaine, considérant le groupe comme « notoirement anti-syndical » et étant un « affront aux droits des travailleurs partout où elle opérait », avait fait savoir en novembre dernier qu’il envisageait l’option de la grève si le rachat s’effectuait. Très inquiets de la mauvaise réputation de cette société souvent en procès pour ses méthodes à l’encontre de ses employés, les syndicats sud-africains ont donc lancé début décembre une coalition anti-Walmart pour que son implantation ne « détruise pas l’économie locale et n’ait pas d’effet négatifs sur les droits des travailleurs ». Ainsi, face à cette menace syndicale et dans un souci d’apaisement, Walmart s’est engagé à ne pas toucher
COMMERCIAUX EN AFRIQUE
aux acquis sociaux en place en respectant les relations préexistantes avec les syndicats et les lois sud-africaines du travail. Il n’y a pas que les syndicats sud-africains qui doutent de la réussite de Walmart en Afrique du Sud et plus généralement en Afrique. En effet, certains spécialistes, à l’image du Wall Street journal, pensent que l’investissement de la firme américaine est risqué et trop cher pour cette zone qu’il juge « politiquement instable ». Pour beaucoup d’Américains, l’Afrique du Sud est synonyme de forte criminalité, de chômage et de main-d’œuvre très syndiquée. Mais pour Walmart qui souhaite poursuivre sa politique d’investissement dans les pays émergents, notamment depuis l’essoufflement de son chiffre d’affaires aux États-Unis, cet investissement en Afrique du Sud constitue une nouvelle tentative de prendre pied à l’international. Ainsi, avec ce premier coup d’envoi sur le continent africain, le géant américain dont les bénéfices ont beaucoup augmenté dernièrement grâce à de fortes ventes au Mexique, en Chine et au Brésil (bénéfice net de 3,32 milliards $ au premier trimestre 2010), entend donc aller chercher la croissance où elle se trouve. AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37 11
ENQUÊTE
POUSSÉE DES CENTRES
BÉNIN
HYPERMARCHÉ EREVA UNE OUVERTURE SUR LE MONDE
Près de 6 milliards de FCFA auront été nécessaires à la construction de ce qui est désormais considéré comme le plus grand centre commercial d’Afrique de l’Ouest avec ses 12 000 m2 de surface. Fruit de la coopération Arméno-Béninoise, ce complexe est l’œuvre de l’homme d’affaires Marcel Tchifteyan, PDG du groupe Tchifteyan. Béninois d’adoption et Arménien d’origine, il roule sa bosse dans le pays depuis plus de 50 ans.
L’
L. N.
enseigne Erevan, du nom de la capitale de l’Arménie, est plantée en plein cœur de Cotonou et propose aux consommateurs une large gamme de produits allant du textile aux aliments en passant par la quincaillerie. Pour boucler son profil avant-gardiste, un centre multimédia de premier plan y est intégré. Un hypermarché, une vingtaine de boutiques, une banque, un snack-bar, une aire de jeux pour les enfants et 200 places de parking sécurisé, voilà le portrait de cet ambitieux projet. L’implantation de ce complexe dans les mœurs béninoises devait se justifier sur le plan politique, car la présence du président Yayi Boni et de quelques membres de son gouvernement venait confirmer l’appui à une politique de développement destinée à étoffer le tissu économique béninois.
Un coup de pouce aux producteurs locaux Au-delà des indicateurs macro-économiques, les consommateurs retrouvent dans les
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différents rayons, l’essentiel de la production locale et même de la restauration. Sur ce dernier point, les plats traditionnels y côtoient les classiques de la gastronomie internationale. Une mixité qui semble anecdotique mais qui permet judicieusement aux nombreux expatriés, surtout européens, de se familiariser avec les saveurs du pays. Et pour qui connaît la société africaine contemporaine en général et celle du Bénin en particulier, la poussée de l’urbanisation et la ruée vers les villes n’ont absolument pas coupé les citoyens de leurs racines. Il est donc courant de constater au sein des foyers le maintien d’habitudes culinaires séculaires. C’est du reste dans ce même ordre d’idées que le principal investisseur du projet, Marcel Tchifteyan, révèle qu’il travaille avec plus d’une trentaine de producteurs locaux pour la fourniture de marchandises
encore plus Cotonou –et le Bénin- sur le monde. De plus, il faut se convaincre que cela assure le maintien d’une forme de commerce local viable pour ne pas enterrer les affaires « à la béninoise ». Là-dessus, la quasi-totalité des opérateurs sont formels. Il n’y a pas d’inquiétudes à se faire, parce que les Béninois sont en général bien connus pour leur dynamisme en affaires. Cet investissement, pour plusieurs, ne vient que renforcer la poussée du secteur secondaire et activer des réseaux primaires de l’arrière-pays, très actifs dans le secteur agroalimentaire. Huiles de palme et de graine de coton, bière, sucre et textile (coton) constituant les principaux produits manufacturés. Au niveau de l’emploi, on n’a pas eu besoin d’aller chercher très loin les compétences car la direction du complexe assure que 99% des employés du Supermarché Erevan sont Béninois. Ces derniers exercent
Plus d’une trentaine de producteurs locaux approvisionnent l’hypermarché Erevan, ce qui permet de viabiliser les PME très actives dans l’agroalimentaire, les brasseries et le textile. « Made In Bénin » à l’hypermarché Erevan. Un choix qui permet de viabiliser les petites et moyennes entreprises locales très actives dans l’agro-alimentaire, les brasseries et le textile. Cette option est également régionale et continentale puisque des produits ouest-africains ou encore sud-africains comme les vins, se disputent les étals aux produits classiques européens de grande consommation. Ces derniers ne sont peut-être pas à la portée du Béninois moyen, et semblent s’adresser à une certaine classe d’expatriés, mais le but de l’opération est aussi de se placer dans une perspective internationale. En ce sens, Erevan contribue à ouvrir
à tous les niveaux, des techniciens dits de surface aux cadres d’entreprise. Cette forte proportion autochtone donne évidemment des arguments de vente à ceux qui trouvent pertinente la mise sur pied de projet de cette dimension. L’émulation des nouvelles formes de commerce et le développement de l’industrie sont des chevaux de bataille de la nouvelle dynamique économique africaine. Il va donc sans dire que des initiatives immobilières de ce genre permettent de voir grand et de susciter de nouvelles ambitions. Parce qu’avec les moyens financiers, la vision est un trait qui fait très souvent défaut à plusieurs investisseurs sur le continent.
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ENQUÊTE
AN
POUSSÉE DES CENTRES COMMERCIAUX EN AFRIQUE
MAROC
Morocco’ Mall Magasin
L. N.
Au cœur du Maroc, un projet d’envergure mondiale ouvrira ses portes avant la fin de l’année. Le Morocco Mall de Casablanca est un complexe commercial grand dans sa conception et dans sa réalisation. Ce sont en tout 200 000 m2 d’enseignes commerciales qui seront réparties sur trois niveaux pour accueillir une clientèle en très fort développement à laquelle on a réservé jusqu’à 5000 places de parking.
14 AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37
L
es initiateurs de ce centre commercial, les groupes Askal (premier employeur privé marocain très présent dans le Golfe et au Moyen-Orient) et Nesk Investment (porteur de franchises internationales) ont réussi à réunir les 250 millions $ nécessaires à sa réalisation. Ce Mall, qui préfigure le Casablanca de demain, est prévu en bordure de mer et répartira son occupation de 60% de boutiques et magasins, 10% de restaurants et 5% d’espaces de loisirs. Le Mall est implanté à Casablanca, la ville la plus peuplée du Maroc qui attire jusqu’à 40% de la population active du pays. Berceau du textile moderne marocain, on y produit 38% des vêtements made in Morocco et on y croise une clientèle au pouvoir d’achat plus élevé que la moyenne nationale marocaine. Cette « attraction » devrait générer annuellement près de 14 millions de visiteurs avec les consommateurs de luxe des autres régions du Maroc, des expatriés et une bonne frange du million de touristes qui affluent chaque année dans la « Ville blanche ».
nage haut de gamme Un concept novateur Pour l’économie marocaine, il s’agit indéniablement d’un produit d’appel majeur et un point d’Attraction unique qui met le royaume Chérifien à l’avantgarde de la consommation de moyenne et haut de gamme. Par ailleurs, en conférence de presse le 14 février dernier, jour de la Saint-Valentin –ce qui n’est pas un hasard puisque 60% de la clientèle visée est féminine-, le Groupe Aksal a annoncé la mise sur pied de la Aksal Academy dédiée à la formation du personnel du Mall. Grâce au partenariat public-privé initié à cette occasion avec l’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences du Maroc, 5 000 emplois directs seront créés dont 1 200 dédiés aux métiers de la vente. Côté marchandise, même si la quasitotalité des produits haut de gamme seront d’origine, on prévoit une sous-traitance de la moyenne gamme aux manufacturiers locaux.
L’option prise par les générateurs du Morocco Mall s’inscrit donc dans une phase de développement différente des autres projets de la même envergure dans la région. Alors que dans ce même Maghreb, on table sur une consommation de masse dans les centres commerciaux, ce choix vient bousculer quelques habitudes. En même temps, il n’y a pas de grande surprise puisque le Maroc a fait du haut de gamme un angle d’attraction. C’est ainsi que le tourisme dispose d’établissements de premier plan qui accueillent la clientèle la plus huppée des milieux des affaires, de la politique et du show-business. Si les citoyens du monde y trouvent leur compte, il en sera de même pour une frange de consommateurs locaux qui n’auront plus à se déplacer nécessairement en Europe ou en Amérique du Nord faire du shopping. Ce qui permet au royaume de permettre l’injection de sommes substantielles dans le réseau économique local. On rétorquera peut-
être que les Galeries Lafayette, Christian Dior et autres La Senza appartiennent à des intérêts étrangers, il n’en demeure pas moins qu’au plan fiscal, les rentrées sont non négligeables. Cela dit, le Morocco Mall est déjà un succès commercial avec la signature de grands groupes qui ont pris le risque de s’y implanter en connaissance de cause. La liste publiée par le Mall est assez impressionnante avec la présence de Groupes et griffes prestigieuses comme PPR, LVMH, Christian Dior, La Senza ou encore La Vie en Rose. D’ailleurs, Paul Delaoutre, Directeur général des Galeries Lafayette et président de BHV affirmait à cet effet que « l’ouverture d’un magasin Galeries Lafayette en dehors de la France est un véritable événement. Nous sommes souvent sollicités pour le faire, mais nous sommes également sélectifs ». Ce témoignage à lui seul impose le respect et justifie encore plus la position de ce Mall comme premier de destination en Afrique. 5 AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37 15
ENQUÊTE
POUSSÉE DES CENTRES COMMERCIAUX EN AFRIQUE
MARCHÉS AFRICAINS
AGRICULTURE
Renaissance POUR la noix de cajou
africaine U L. N.
ne description des spécialistes nous enseigne que l’anacarde est le fruit de l’anacardier, un arbre fruitier d’une dizaine de mètres de hauteur, originaire du Brésil, introduit depuis très longtemps en Afrique et aujourd’hui largement répandu puisque c’est sur ce continent qu’il y occupe la plus grande surface. L’anacarde est constitué de la noix de cajou, très recherchée, surmontée d’un faux-fruit, la pomme de cajou. La noix de cajou est utilisée comme friandise de cocktail ou dans l’industrie alimentaire pour la fabrication de chocolat, de nougat, de biscuits ou encore de crèmes glacées. La pomme de cajou, juteuse et sucrée, est neuf fois plus riche en vitamines C que l’orange. Sa pulpe se prête à la fabrication de jus de fruits, d’alcool, de confitures ou de pâtes de fruits. Enfin, le baume de cajou (ou CNSL Cashew Nut Shell Liquid) que l’on extrait de la coque entourant l’amande, est une sorte d’huile astringente et corrosive très recherchée par les industriels pour ses propriétés uniques pour la fabrication de freins, d’embrayages, de caoutchoucs et d’isolants.
Le défi de la transformation locale Sur le plan alimentaire, le marché de la noix de cajou est d’autant plus important
Pendant que toutes les attentions se portent sur les minerais et les hydrocarbures, l’Afrique tourne le dos à d’autres options qui pourraient facilement combler un manque à gagner dans ses revenus de production et d’exportation. La noix de cajou fait partie de ces ressources prisées sur les marchés internationaux et dont on ne tient pas toujours compte lors de l’élaboration de diversification de l’agriculture et des perspectives de développement. qu’elle est la 3e « noix » la plus consommée dans le monde après l’amande et la noix de noyer. De 70% dans les années 70, l’Afrique est tombée à 30% de la production mondiale dans les années 2000 en raison de la percée d’autres régions dont l’Inde et le Viêt-Nam, actuels leaders du secteur. La suprématie de l’Inde est écrasante à ce sujet car elle en est le premier producteur, le premier transformateur et le premier exportateur mondial. Et l’Afrique y « envoie » à l’état brut l’essentiel des 90% (350 000 tonnes) de sa production annuelle destinée à l’exportation. Décortiquées, les noix repartent ensuite vers les États-Unis, premiers importateurs au monde, et en Europe. Il en résulte un manque à gagner considérable pour les pays africains dans ce processus. Car en exportant toute cette quantité de noix vers l’Inde qui en assure la transformation, elle perd le contrôle de la mise en marché du produit final, convoité par les milieux nantis. Ce qui implique une perte annuelle sèche estimée à 50 millions $. Le principal enjeu pour les pays producteurs africains est désormais d’implanter des unités locales de transformation afin de permettre aux industriels locaux de maîtriser leur coût de production, les prix sur le marché international et le volume de commandes de leurs clients. Tout ne semble cependant pas perdu car une quinzaine de pays producteurs
africains, réunis au sein de l’Alliance africaine des producteurs de noix de cajou, ont lancé de nouvelles pistes pour le développement de la filière. On compte, dans les différentes actions, la mise sur pied de véritables plans d’affaires et surtout des changements techniques et technologiques en vue d’améliorer l’efficacité et la productivité des entreprises. L’exemple du Bénin, 5e producteur mondial, est intéressant à cet égard. Depuis le début des années 2000, Porto-Novo a multiplié les initiatives dans la filière cajou et les résultats, quoiqu’insuffisants, sont encourageants. Une moyenne de 15 à 20 milliards FCFA de revenus d’exportation sont inscrits dans la colonne des revenus de l’économie nationale. Devraient se rajouter d’autres variables, comme la considération bio qui représente une valeur ajoutée non négligeable sur le marché international. Car, face au déferlement de la production asiatique, les pays africains ont tout intérêt à prendre d’autres orientations et mieux organiser leurs filières. C’est sans doute le chemin qui mènera vers une vraie renaissance de la noix de cajou africaine.
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ASSURANCES
LES OPÉRATEURS SONT ENCORE À
QUAI
Badjang ba Nken
Après avoir atteint des pics d’amélioration autour de 10% au cours des cinq dernières années, les assurances en Afrique ne représentent au dernier pointage qu’environ 1,2% du marché mondial. Une performance qui pourrait être améliorée.
L
e rapport de la Fédération des Sociétés d’Assurances de Droit National Africaines (FANAF), dont le siège est à Dakar au Sénégal, rendu public en février 2011, démontre qu’en 2009, le marché mondial des assurances a atteint 4 066 milliards $US L’Afrique, toujours selon cette source, représente 1,2% de parts (marchés vie et non-vie). La plus grande part revenant à l’Europe (39,6%), juste devant l’Amérique (33,2%) et l’Asie (24,3%). Les variations sur la période 2005-2009 démontrent par ailleurs qu’à l’image du marché mondial, le volume des cotisations émises en Afrique (42,7 milliards $ en 2005 ; 49,3 milliards en 2009) stagne quelque peu. Ces faits et chiffres semblent démontrer une chose : le marché des assurances en Afrique est loin d’être florissant. Aussi bien au plan continental qu’à l’intérieur des pays, le taux de pénétration des assurances reste très faible, avec des chiffres parfois dérisoires. À titre d’exemple, en Algérie, il est de 0,59%, au Maroc de 2,7%, en Tunisie 2,01% et en Égypte 0,79%, alors qu’en France, il est de 9,58%. Dans cette mêlée, l’Afrique du Sud sort du lot, avec un taux de pénétration de 14,38% le meilleur d’Afrique. 18 AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37
Une activité marginale Cet état des lieux démontre une activité à plusieurs vitesses selon les pays, avec cependant une constante : l’assurance en Afrique reste une activité marginale dans les économies, même si, comme le certifient certains experts, les professionnels du secteur ne veulent pas le reconnaître. Il n’en demeure pas moins qu’au Cameroun, en Côte d’Ivoire ou au Mali, par exemple, les opportunités qu’offre le marché sont plutôt bonnes. Seulement, sur le terrain, elles tardent à se concrétiser à cause d’une sous-exploitation des opportunités. Conséquence, le marché reste très étroit. En illustration, dans le dernier pays suscité, le marché des assurances, selon les rapports des experts, représente 3% du secteur en Afrique. En Côte d’Ivoire, en termes de revenus pécuniaires, il est rapporté qu’en 2000, le marché représentait pas moins de 100 milliards de FCFA. Alors qu’en Afrique du Sud, qui représente environ 90% des primes collectées sur le marché continental, les dix premières compagnies en activité sur le continent affichent des performances louables. Les deux premières, Sanlam et Old Mutual, parvenant même
Le renforcement du contrôle, le développement de l’assurance sur les personnes et le soutien au financement du secteur sont des préalables au développement des compagnies d’assurance sur le continent. à atteindre la barre de 10 milliards $ collectés.
Des faiblesses bien connues Les professionnels du secteur, notamment ceux des pays en dehors de l’Afrique du Sud et du Nord, ont visiblement du grain à moudre, pour niveler les écarts constatés. À cet égard, il convient de noter qu’au classement 2010 des 50 premières compagnies du continent, seulement quinze issues de ces pays sont représentées, et
MARCHÉS AFRICAINS
Les dix premières compagnies en 2010 Rang 2010 Société 1 Sanlam 2 Old Mutual Life Assurance Co. 3 Liberty Group 4 Santam 5 Metrpolitan Life 6 Life Healthcare Group 7 Mutual and Federal Insurance 8 Discovery Health 9 Zurich Insurance Co.South Africa 10 Wafa Assurance
Pays Afrique du Sud Afrique du Sud Afrique du Sud Afrique du Sud Afrique du Sud Afrique du Sud Afrique du Sud Afrique du Sud Afrique du Sud Maroc
Total des primes 8 179 664 3 113 129 2 965 770 1 738 369 1 380 557 1 069 078 926 753 699 177 574 972 539 347
Chiffres en milliers $.
pas aux meilleures places. Cette sousreprésentation, selon certaines analyses, s’explique par la faiblesse du pouvoir d’achat des populations de ces pays, mais aussi par leur mauvaise connaissance des produits d’assurance. La faiblesse des professionnels à collecter les assurances obligatoires, comme l’automobile, les mentalités de fonctionnaires et le peu d’efforts consentis pour promouvoir et vendre l’assurance-vie, qui est pourtant la branche la plus rentable de cette activité, ne sont pas innocents dans cet état des faits. Pour que cette activité soit conséquente, il faudra que le secteur aille au-delà de certaines faiblesses. Sa relative jeunesse, caractérisée par un cadre réglementaire qui gagnerait à être renforcé, est un des obstacles à surmonter. Il est par exemple à signaler qu’il y a tout juste plus d’une décennie, le secteur des assurances en Afrique fonctionnait sous un régime hérité du code des assurances français datant de 1938. Ce n’est qu’en 1995 que, dans la Zone franc par exemple, les pays membres de la Conférence interafricaine des marchés de l’assurance (CIMA), créée trois ans plus tôt, ont décidé d’appliquer un code plus adapté aux réalités, cultures
et moyens de terrain de leur environnement. Dans cette zone, les observateurs notent une amélioration de la qualité des produits et services. Pourtant, selon certains, il faudra encore dépasser certaines difficultés liées premièrement au manque de professionnalisme et à la faiblesse de financements de nombreux opérateurs qui, une fois insolvables, ne parviennent plus à respecter leurs cahiers de charge et de fait se font retirer leur agrément. Deuxièmement, il y a l’étroitesse du marché, responsable de la forte concurrence et de la présence de nombreux acteurs qui proposent les mêmes produits. Il s’avère clair que le renforcement du contrôle, le développement de l’assurance sur les personnes et le soutien au financement du secteur, tel que présenté par certains officiels, sont des préalables au développement des compagnies sur le continent.
La nouvelle stratégie des fusions Pour certaines compagnies parmi les plus en vue en Afrique, il sera simplement question de renforcer les acquis. Pour les sud-africaines Sanlam, Old Mutual, ou
Liberty Group, l’année 2009, contrairement aux tendances globales, a été meilleure que 2008. Et certains indicateurs, comme certaines actions récentes, laissent penser que leurs performances iront s’améliorant. Il est par exemple à signaler la fusion de Metropolitan et Momentum, qui devrait favoriser la naissance d’un des tout premiers groupes d’assurances sud-africain et, pourquoi pas continental. Sanlam, quant à lui, s’est implanté en Ouganda, après avoir signé en 2009 un accord avec la banque anglaise Standard Chatered, afin de diffuser ses produits à travers ce réseau bancaire dans une demi-dizaine de pays d’Afrique subsaharienne. En 2010, le numéro un africain a signé avec une banque nigériane, First Bank of Nigeria, un accord similaire. Des actes de ce genre, notamment en Côte d’Ivoire et dans d’autres pays d’Afrique, sont une piste de plus en plus explorée, dans la volonté d’extension et même de financement des compagnies. Au Maroc, au Nigeria, en Ouganda, comme en Algérie ou au Cameroun, ces actes d’agressivité sur le marché peuvent être perçus comme les premiers frémissements d’un envol qui certainement devra avoir lieu. AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37 19
Alors qu’un vent de reprise souffle sur la filière bois, de nouvelles exigences de gouvernance et d’exploitation responsable s’imposent. Concilier les questions de développement et de préservation de l’environnement est le nouveau défi des pays producteurs d’Afrique.
A
près avoir trinqué au cours de la dernière crise financière mondiale, la filière bois en Afrique semble avoir trouvé les racines d’un nouvel essor. Quelques chiffres relevés en 2010 en Afrique centrale, plus précisément dans les pays du bassin du Congo, un des trois principaux ensembles boisés de la planète – notamment deuxième après l’Amazonie – avec
environ 204 millions d’hectares, en témoignent. Il est par exemple relevé que la production de grumes dans cette sousrégion est remontée à près de huit millions de m3, après une dégringolade de neuf à six millions en 2007 et 2009, au plus profond de la crise financière. Des années au cours desquelles la filière, qui au sein de la Commission des forêts d’Afrique centrale (COMIFAC) joue un rôle majeur dans les économies, a considérablement ralenti les efforts de développement des dix pays couverts par cet espace forestier: Angola, Burundi, Cameroun, Congo Brazzaville, Gabon, Guinée équatoriale, République démocratique du Congo, République centrafricaine, Rwanda, São Tomé et Principe.
Une timide reprise Du coup, si l’on considère que la filière bois, avant la crise, participait jusqu’à 6 % au PIB de certains pays comme le Cameroun, et pouvait se retrouver deuxième pourvoyeur d’emplois après l’État, comme en République centrafricaine, les chiffres de la reprise sont loin de rétablir l’équilibre perdu. Pour rattraper le gap, il faudra alors niveler les pics de -37% des exportations de grumes, -26%
B. b. N.
des sciages et -30% des sciages rabotés enregistrés en République démocratique du Congo, et récupérer 3 500 emplois perdus et 1 000 autres mis en chômage technique au Cameroun. Ce qui est loin d’être le cas dans les pays susmentionnés, comme dans tous les autres de la sousrégion, qui n’ont pas été plus épargnés par la conjoncture mondiale. Il est dès lors évident que la reprise observée de la filière bois n’est pas encore de nature à hisser l’Afrique centrale au sommet de la production mondiale de bois tropicaux. Elle reste d’ailleurs toujours troisième, avec tout juste 3% des parts de marché. Une situation qui ne révèle pour autant pas le véritable potentiel des pays concernés. Il est avéré que dans cette filière, le secteur formel ne représente qu’environ 50% des activités. Le reste se déroulant dans le maquis. Il est par exemple rapporté qu’à côté du Groupe Rougier, leader du secteur dans le bassin du Congo, une dizaine d’opérateurs internationaux réalisent entre 40 et 50% de la production en Afrique centrale. D’autres opérateurs de moins grande importance interviennent dans la filière, avec beaucoup moins de professionnalisme. Et puis, il y a la nuée d’exploitants clandestins, essentiellement des locaux, qui agissent en marge de toute réglementation, et dont l’impact et l’activité sont difficilement chiffrables. Tout comme l’est l’exploitation à des fins
BOIS NOUVEAUX DÉFIS
NOUVEAUX ENJEUX,
20 AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37
MARCHÉS AFRICAINS
«
Les défis les plus pressants à relever pour les prochaines années en Afrique centrale notamment, tournent autour de deux points :
LA GESTION DES FORÊTS ET LA FILIÈRE BOIS. » domestiques, qui concerne aussi bien les pays d’Afrique centrale que les autres d’Afrique australe et occidentale.
L’implication des communautés locales
Divergence d’intérêts
Il s’est avéré depuis des années que le monopole d’antan de l’État sur le secteur forestier ne pouvait plus assurer une gestion durable de ces écosystèmes. Dès lors, les États de la sous-région Afrique centrale ont progressivement introduit une approche démocratique et participative de ces activités. L’introduction d’ONG ou de communautés locales dans le processus fait partie de cette stratégie. La démarche elle-même évolue à différentes vitesses selon les pays. Au Cameroun par exemple, la reconnaissance des droits des populations riveraines s’est concrétisée par la création de premières forêts communautaires et communales. La gestion de ces espaces incombant aux principaux bénéficiaires, les chances pour qu’ils s’y affairent avec plus de responsabilités sont grandes. Seulement, cette démarche bute sur la faiblesse financière de ces populations, qui généralement doivent confier leur bien à un opérateur économique plus riche, mais aussi moins probe. Cette initiative louable, bien que perfectible, n’est pas l’apanage du seul Cameroun. Tout comme la promotion des produits non ligneux, la création et la vulgarisation des pépinières en vue du reboisement des espaces forestiers, ou la création d’aires protégées, de plus en plus nombreuses. Qu’ils soient privés, nationaux ou transfrontaliers, ces espaces sont de plus en plus nombreux à travers
Ces derniers faits, justement exacerbés par la crise, contraignent pouvoirs publics, opérateurs formels et organisations internationales – il y en a une trentaine qui opère dans la zone COMIFAC– à un nouvel axe de réflexion: quelle adéquation entre les besoins de développement des populations et les pays producteurs de bois, et les exigences actuelles d’exploitation et de gestion durable des écosystèmes forestiers, au moment où les changements climatiques imposent des attitudes plus responsables dans les activités au sein de cette filière ? Il est question de trouver une adéquation entre les intérêts économiques des États producteurs et les exigences de gouvernance forestière qu’impose la situation environnementale en dégradation dans le monde. Tâche difficile, car selon les estimations des experts en 2008, l’Afrique perd chaque année quatre millions d’hectares de forêt, soit une régression plus de deux fois supérieure à celle connue en Amazonie. Une situation qui a des répercussions non seulement sur l’équilibre écologique du monde, mais aussi sur les économies des pays producteurs, pour certaines très dépendantes de la filière bois. L’intérêt des gouvernements et des différentes organisations de protection de la nature s’en trouve largement justifié.
l’Afrique. Certains organismes internationaux en dénombrent plusieurs centaines, spécialisés non seulement dans la conservation des écosystèmes forestiers, mais aussi des espèces fauniques. En Afrique centrale, une dizaine d’aires protégées sont transfrontalières. Ces forêts modèles dont la conception est importée du Canada et déjà expérimentée dans certains pays de la sousrégion, sont des exemples d’une coopération qu’il faudra tout de même renforcer. Un impératif, si l’on en croit certains experts qui estiment que les défis les plus pressants à relever pour les prochaines années en Afrique notamment centrale, tournent autour de deux points : la gestion des forêts et la filière bois. Pour ce qui est de la gestion des forêts, il faudrait aider les États à acquérir les capacités à mettre en œuvre les politiques forestières efficaces et efficientes ; étendre la gestion durable des forêts à toutes les superficies de forêts de production ; assurer le suivi de la mise en œuvre des plans d’aménagement en renforçant les capacités des institutions de contrôle forestier ; réviser les plans d’aménagement, notamment en insistant sur la sensibilisation des opérateurs sur les enjeux, les bénéfices et les contraintes de l’aménagement durable. Concernant la filière bois, le premier enjeu serait de diversifier les produits transformés en poussant plus loin la transformation industrielle et en promouvant la consommation locale et continentale. Et, bien entendu, il devra être question de mieux promouvoir les bois tropicaux, mais aussi la gestion durable dont ils sont issus. AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37 21
L
e concept « d’employabilité » lancé par les professionnels des ressources humaines est plus que d’actualité en Afrique. Au-delà des multiples richesses naturelles, les travailleurs peinent de plus en plus à se faire une place sur le continent.
La faute à un monde industriel en pleine mutation qui incline à de nouvelles priorités de développement pour la majorité des pays. Le continent africain dans son ensemble n’y échappe pas. Comment s’opère cette transformation sur un territoire perpétuellement en chantier et comment les différents responsables s’y prennent pour créer un véritable pôle de compétences ? À une période où les priorités s’accumulent ou se succèdent, des choix doivent être faits.
AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37 23
RESSOURCES HUMAINES EMPLOI ET FORMATION EN AFRIQUE
D
epuis les lendemains de l’indépendance, les pouvoirs publics camerounais, probablement soucieux de former des cadres pour l’administration, ont mis l’accent sur l’enseignement général qui devait déboucher sur des emplois salariés. De nombreux lycées et collèges d’enseignement général et même l’université ont été construits pour répondre à ce besoin. Les élèves les plus doués étaient systématiquement orientés vers ce type d’enseigne-
Le tournant a lieu en 1989 quand le gouvernement camerounais commande une étude au cabinet canadien Tecsult. Ce cabinet préconise, entre autres solutions, la création d’un ministère chargé des problèmes de l’emploi et de la formation professionnelle. Par ailleurs, de nombreux établissements d’enseignement technique, collèges et lycées, ont été créés jusque dans des localités de petite importance. Des centres de formation professionnelle aux
FORMATION
Au niveau de l’enseignement supérieur, la plupart des universités parlent de plus en plus de « professionnaliser » les enseignements. Cela se caractérise par la création de masters professionnels dans divers domaines tels que l’urbanisme, les arts, le tourisme et la communication, les sciences halieutiques, les beaux arts, les arts du spectacle, etc. Dans la multitude des établissements d’enseignement supérieur privés, un accent Marc Omboui
Credo DE LA PROFESSIONNALISATION LE
Comme dans la plupart des pays africains, le système éducatif camerounais a longtemps privilégié l’enseignement général au détriment de l’enseignement technique et professionnel. Et même si la grande majorité des élèves opte encore aujourd’hui pour l’enseignement général, un transfert d’intérêt est en train de s’opérer progressivement vers des formations plus professionnalisantes.
ment. Les collèges et les lycées techniques étaient rares, généralement mal équipés et souffrant d’un déficit d’enseignants qualifiés. Ici, les garçons se formaient à la mécanique, à la menuiserie et à la maçonnerie, pendant que les filles étaient formées à la couture et à la dactylographie. Des disciplines qui étaient déconsidérées par la population parce qu’elles préparaient à des emplois dits subalternes.
Le chômage des diplômés Au fil des années, pendant que la fonction publique devenait de plus en plus obèse, le chômage des diplômés constituait un sujet de grande préoccupation pour les pouvoirs publics autant que pour les populations elles-mêmes : bacheliers, licenciés, et même des titulaires de diplômes encore plus élevés étaient réduits au chômage ou, au mieux, à de petits métiers sans aucun rapport avec le diplôme dont ils sont titulaires, alors que des niches d’emplois existent par ailleurs. 24 AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37
métiers devraient bientôt remplacer les rudimentaires sections artisanales rurales. On parle même de la création de centre d’excellence avec le soutien de la coopération coréenne. L’enseignement technique a ainsi commencé à se décomplexer pour devenir la voie du salut. Et même si la grande majorité des jeunes mise encore sur un emploi dans la fonction publique, un certain nombre parmi eux commence à comprendre qu’ils peuvent s’auto-employer et même devenir des employeurs.
Une professionnalisation à outrance Aujourd’hui, alors que l’enseignement technique et professionnel coûte dix à vingt fois plus cher que l’enseignement général, des parents consentent à payer, convaincus qu’ils sont que cela pourrait aboutir à un emploi pour leur progéniture.
particulier est mis sur les brevets de technicien supérieur dans divers domaines tels que la comptabilité, les assurances, la banque, la PAO, le marketing, la communication, etc. Les métiers liés aux technologies de l’information et de la communication tiennent la vedette. Un institut universitaire de formation dans le domaine de l’informatique a ainsi vu le jour à Yaoundé et draine quantité de jeunes gens. Ce succès est dû au fait que le métier d’informaticien est considéré comme valorisant en même temps qu’il offre encore de nombreux débouchés. Des centres de formation plus modestes forment à divers métiers liés à l’infographie, la gestion, la maintenance informatique et l’électronique. Même si les emplois ne sont pas dans ces domaines garantis à 100%, les jeunes sont convaincus qu’ils y ont plus de chances d’accéder à un emploi décent. Pour le gouvernement camerounais comme pour une part de plus en plus croissante de la population, la lutte contre le chômage passe par là.
LES MEILLEURS
RESSOURCES HUMAINES EMPLOI ET FORMATION EN AFRIQUE
BUSINESS SCHOOLS D’AFRIQUE
I
Parfait N. Siki
L’Afrique du Sud est en tête, mais le Maghreb a le plus grand nombre de représentants dans le « top ten » .
l n’existe pas de classement consensuel des business schools en Afrique. Un journal, un site internet... Chacun classe ces écoles de formation en affaires selon des critères de performance et de qualité. Directeur délégué à HEC Cameroun, Augustin Tanoh pense qu’on devrait notamment tenir compte de la « qualité de la formation et du corps professoral, de la rigueur du recrutement, de l’insertion des étudiants dans la vie active, du pourcentage d’admis en classe supérieure ». Afrique Expansion Magzine a compulsé un corpus de classement dont il tire sa propre évaluation. La Wits Business School (WBS), basée à Johannesburg (Afrique du Sud), arrive en tête. Fondée en 1968, la WBS, aussi connue sous le nom de Graduate school for business administration, naît sous l’aile de l’université de Wits. S’appuyant sur un sondage, le Sunday Times Markinor classe WBS numéro un des écoles de commerce en Afrique du Sud depuis quatre années. Le Financial Mail a élu son MBA meilleur MBA d’Afrique du Sud six années d’affilée (2000-2005). Dotée d’un somptueux campus, la WBS dispose de 21 résidences pouvant contenir jusqu’à 4 000 étudiants. Plusieurs produits de cette école sont au jourd’hui de grands dirigeants dans de
grandes entreprises sud-africaines et des multinationales. Deuxième business school africain le plus en vue, l’École Supérieure Algérienne des Affaires (ASAA). Elle délivre des diplômes d’État algériens et français de Master (LMD), des MBA et des formations professionnelles. Elle bénéficie de l’appui pédagogique de quatre écoles de grande notoriété internationale (HEC, ESCP Europe, Euromed Management et l’ESA de l’Université de Lille 2). La Mediterranean School of Business (MSB), construite aux Berges du Lac (Tunis), intervient en troisième position. C’est une université tunisienne privée fondée en 2002 par des entreprises, des business leaders, des professionnels et des universitaires. Elle est présentée comme le premier business school de la South Mediterranean University en Tunisie. Le premier business school marocain arrive à la quatrième place. Al Akhawayn University (en arabe, l’université des deux frères se référant au roi Fahd de l’Arabie Saoudite et au roi Hassan II du Maroc) est une université publique autonome mixte créée par un décret royal en 1993 et inaugurée deux ans plus tard par Hassan II, le roi du Maroc. Avec environ 1700 étudiants
à plein temps, résidant et étudiant au sein d’un campus situé dans la ville d’Ifrane au Moyen Atlas, Al Akhawayn offre un certain nombre d’options de programmes Bachelor et Master en sciences humaines et sociales, sciences et ingénierie, et en administration des entreprises. Au Maroc, le leadership de Al Akhawayn est contesté par l’ISCAE (Institut Supérieur de Commerce et d’Administration des Entreprises). C’est une école de commerce et de gestion marocaine en postprépas, parfois placée en tête du classement des business schools marocaine et en 2e position en Afrique. Fondée en 1971 et installée au sud de Casablanca avec des locaux à Rabat, c’est notre cinquième place. À la sixième place arrive le Management Developement International-Business School d’Alger. Crée en 1996, MDI-Business School est le premier établissement privé d’enseignement supérieur de gestion en Algérie. L’Institut supérieur de management (ISM) de Dakar, créé en 1992 par Mamadou Diaw, est classé premier business school du Sénégal. Cette institution est considérée comme pionnière dans la formation en management en Afrique subsaharienne (hors Afrique du Sud). Il est septième de notre classement. Une deuxième institution sénégalaise intervient à la huitième place de notre classement. L’Institut Africain du Management (IAM) a été fondé en 1996 et se positionne aujourd’hui comme la deuxième école de gestion du Sénégal et l’une des plus prestigieuses en Afrique. Pour clore notre revue du top ten des business schools africains, on peut citer l’Institut des Hautes Etudes de Management (HEM), une institution privée marocaine, créée en 1988, et l’École Supérieure du Commerce et des Affaires (ESCA), classée deuxième ����� busine ss school marocain par Ed-Universal 2010.
AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37 25
DOSSIER
CLASSEMENT
Visite du Président Biya et son épouse à l’usine de montage de motoculteurs d’Ebolowa
LE CANADA L. N.
SUR LE MARCHÉ
ÉDUCATIF AFRICAIN Des frères des églises chrétiennes aux instituteurs de nouvelles technologies, les ressources canadiennes ont beaucoup contribué à l’éducation et l’instruction de générations d’Africains. De nombreux exemples sont là pour témoigner de leur importance.
L
es années 50 marquent le véritable coup d’envoi des missions d’instruction en terre africaine. Dans la foulée des colonisateurs européens, surtout français et belges, les Canadiens français, comme on les appelait à l’époque, seront investis par les bonnes grâces du Vatican à venir contribuer à l’effort éducatif d’une jeunesse en pleine rupture idéologique. Cette démarche sera suivie plus tard de l’implication du gouvernement canadien qui consacre, depuis, un budget au développement des filières de la formation et de l’apprentissage. La formation de cette main-d’œuvre qualifiée est d’autant plus importante et nécessaire qu’elle permet de passer plus rapidement à une maîtrise du développement. L’enseignement et la mise sur pied de programmes spécifiques de formation professionnelle et technique sont très prisés et le bilinguisme du canada est un atout non négligeable. Ce qui fait qu’au rayon des organismes, nous nous étions déjà fait l’écho de l’Association des collèges communautaires du Canada (ACCC) qui regroupe plus d’une centaine d’établissements, instituts de technologie et de formation professionnelle, cégeps et collèges universitaires.
L’importance de la formation professionnelle Ce collectif a déjà piloté le Programme de partenariat des collèges canadiens qui visait à encourager les établissements canadiens à renforcer la capacité des établissements d’enseignement et de formation des pays en développement pour répondre à leurs priorités en matière de croissance durable. Ce projet, réalisé entre 2001 et 2007 avec le financement de l’Agence canadienne de développement international (ACDI), avait permis de concrétiser plus de 120 projets touchant divers domaines. Dans le même ordre d’idées, un nouveau programme dit Citoyens du monde a été mis en place et permettra d’organiser des activités éducatives en temps réel entre le Canada et des pays de la Caraïbe et d’Afrique. Les élèves et les enseignants impliqués auront l’occasion d’étudier la réduction de la pauvreté et d’autres sujets liés au développement, ce qui leur permettra d’avoir une idée des problèmes mondiaux et permettra d’accroître la participation des jeunes Canadiens au développement international. Cette initiative étalée sur deux ans, est l’un des nouveaux éléments du programme modernisé de partenariats de l’ACDI, et est évaluée à 2,4 millions $. Par ailleurs, l’Association des universités et collèges du Canada (AUCC) et
ses 95 universités membres ont mené à terme plus de 2 000 projets de développement international au cours des 30 dernières années, dont une bonne partie en Afrique. À cet effet, l’accent a été mis sur l’amélioration des ressources humaines d’autres pays pour les aider à relever leur niveau de vie. Ce sont en tout plus de 150 programmes de bourses d’études, de recherche et de stages qui sont menés au nom de gouvernements, de fondations et d’entreprises du secteur privé. Comme on le constate, le volet public est plutôt bien enveloppé même si plusieurs regrettent les années fastes de la coopération canadienne durant laquelle les finissants d’écoles professionnelles venaient compléter leur formation en Amérique du nord. Sur le plan privé enfin, les entreprises canadiennes sont désormais en première ligne de l’instruction et de la formation. Ce qui est une plus-value pour les pays africains l’est aussi pour les groupes canadiens qui, en « formatant » en quelque sorte ces futurs ouvriers ou cadres, s’assurent également d’être un relais pour l’industrie canadienne. Ainsi naissent les marchés induits, dans la vague des réseaux éducatifs. On retrouve donc régulièrement des ressources canadiennes dans les nouvelles technologies, le génie civil et industriel ou la gestion. Des secteurs clés pour le développement. AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37 27
DOSSIER
RESSOURCES HUMAINES EMPLOI ET FORMATION EN AFRIQUE
P
endant de longues années, l’agriculture et les activités agropastorales sont apparues comme les plus grands pourvoyeurs d’emplois en Afrique. En effet, dans nombre de pays, plus de la moitié de la population vit en campagne où elle pratique une agriculture extensive, l’élevage, la pêche et les activités piscicoles. En plus des producteurs proprement dits, une foule d’intervenants exercent dans le transport, la commercialisation et la distribution. Par ailleurs, les grandes entreprises agro-industrielles qui se sont développées depuis quelques années comptent elles aussi parmi les plus gros employeurs. Au Cameroun par exemple, la Cameroon Development Corporation (CDC), un vaste complexe agro-industriel, apparaît après l’État comme le plus grand employeur. Des milliers de manœuvres y travaillent dans ses exploitations agricoles; il en est de même de ses usines qui transforment les denrées issues des plantations. 28 AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37
M. O.
Bien que les statistiques ne soient pas toujours disponibles, le marché de l’emploi en Afrique comporte des secteurs qui, traditionnellement, sont considérés comme d’importants pourvoyeurs d’emplois. Il en est ainsi de l’agriculture. Certains autres, notamment les technologies de l’information et de la communication, sont en émergence et pourraient, s’ils ne le font déjà, offrir à plus ou moins brève échéance, d’importantes opportunités d’emplois dans un environnement où la scolarisation a réalisé d’énormes progrès. Il y a par ailleurs le personnel d’encadrement, les administratifs, les commerciaux, etc. auxquels il faut ajouter les nombreux emplois indirects générés par ces activités. À côté de l’agriculture, il y a le textile. Les spécialistes affirment que le coton a « un effet multiplicateur important, avec environ une dizaine d’étapes allant de la culture (...) en passant par sa récolte, la filature, la teinture des fils, le tissage, la teinture du pagne tissé, la bonneterie, la confection, le lavage des produits et la vente ».
Des filières porteuses Ces différentes filières font du secteur textile le plus grand pourvoyeur d’emplois en Afrique de l’Ouest après l’agriculture. Les statistiques fournies à cet effet sont des plus édifiantes. Le coton utilise environ 65 à 70% des artisans au Mali, 50% au Burkina Faso, entre 30 et 40% au Ghana. Dans un pays comme le Burkina Faso, par exemple, on recense 400 000 exploitations agricoles familiales qui produisent du coton – 300 000 artisans textiles.
Au total, trois millions de personnes (sur 14 millions) vivent directement ou indirectement des activités économiques liées au coton. L’État dans la plupart des pays demeure le plus grand pourvoyeur d’emplois. En effet, pour remplir ses missions régaliennes, il recrute un nombre important de personnels de divers profils qui exercent dans l’administration générale, et divers secteurs de la vie publique. Les emplois salariés de l’État, par leur stabilité, attirent toujours plus de jeunes gens désireux d’y faire carrière. Mais, avec le temps, le secteur public tend à être saturé. Et du fait de moyens limités dont disposent la plupart des États, les recrutements ont tendance à se raréfier, d’où le recours au secteur informel. Le secteur informel permet ainsi de suppléer au manque de structures publiques et privées capables de recruter la main-d’œuvre disponible. Si, il y a quelques années, on y retrouvait que des analphabètes, la situation a considérablement évolué : les diplômés de l’enseignement supérieur en quête d’emplois et même les licenciés des entreprises ont envahi ce secteur (petit commerce, transport par moto, etc.). Ce secteur a tellement pris de l’importance que les autorités publiques envisagent dans certains cas de le « formaliser » afin d’en tirer un maximum de profit notamment par le biais de la fiscalité.
Les TIC : voie du futur Certains autres secteurs connaissent des progrès remarquables depuis quelques années. Il en est ainsi du tertiaire, où les télécommunications ont damé le pion aux assurances et aux banques. D’après Yves Castanou, directeur général de l’Agence de régulation des postes et des communications électroniques (Arpce) du Congo Brazzaville, dans ce pays, les technologies de
Certains autres secteurs connaissent des progrès remarquables depuis quelques années. Il en est ainsi du tertiaire, où les télécommunications ont damé le pion aux assurances et aux banques.
l’information et de la communication (Tic) seront le premier secteur pourvoyeur d’emplois dans la décennie 2010-2020, compte tenu des énormes potentialités qui s’offrent dans ce secteur aux jeunes diplômés. Et le Congo est loin d’être seul dans cette situation. En effet, dans la plupart des pays, le développement de la téléphonie mobile et de l’internet, favorisé par la libéralisation du secteur des télécommunications, a permis à un nombre significatif de jeunes gens de se trouver un emploi décent et bien rémunéré. Informaticiens, ingénieurs des télécommunications, commerciaux et publicitaires trouvent facilement du travail d’autant qu’un peu partout, on compte quatre voire plus d’opérateurs de téléphonie mobile et d’internet. À une échelle plus réduite, les Business Centers, qui intègrent des activités de téléphonie, l’internet et la PAO, ont
connu un véritable boom, offrant par la même occasion d’innombrables opportunités d’emplois. Un autre secteur qui connaît des progrès et qui mériterait d’être mieux exploré pour fournir un maximum d’emplois, c’est le tourisme. Le besoin en personnels qualifiés qui pourraient travailler dans les circuits touristiques, l’hôtellerie et la restauration, se fait sentir, dans un secteur en pleine expansion. Par ailleurs, l’émergence du tourisme pourrait à son tour favoriser le développement de l’artisanat, et donc plus d’opportunités d’emplois. AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37 29
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DOSSIER
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COOPÉRATION
LES HEC DE MONTRÉAL FORMATION CLÉS EN MAIN
Florent Bonnard
Si l’établissement montréalais n’a, pour le moment, conclu aucun accord de jumelage avec des universités africaines, le nombre d’étudiants nés en Afrique inscrits dans ses différents programmes ne cesse d’augmenter. Depuis 5 ans, ils sont plus de 1 800 à avoir suivi des cours et développé leurs connaissances au sein de l’école. Leur présence permet inévitablement de renforcer les échanges entre les deux continents.
F
ondée en 1907, HEC Montréal est aujourd’hui une école de commerce et de gestion reconnue dans le monde pour la qualité de son enseignement. Du premier au troisième cycle, l’école forme des professionnels de la finance, du management ou du marketing aux
compétences appréciées des recruteurs, au Canada comme ailleurs. Selon André Tchokogué, originaire du Cameroun et responsable pédagogique du DESS en gestion de la chaîne logistique, ce qui fait la valeur des jeunes diplômés de l’école, c’est qu’ils sont opérationnels immédiatement. Pour lui, « l’Afrique a besoin de gestionnaires initiés aux cas pratiques. La formation nord-américaine, contrairement à l’européenne qui repose davantage sur le savoir académique, est plus appropriée aux besoins du continent. » HEC Montréal, c’est plus de 12 000 étudiants par an dont environ un tiers d’étudiants étrangers. Au total, l’Afrique représente 36% de cette population venue faire ses études à Montréal et obtenir un diplôme prestigieux. Mais si le but pour chaque étudiant est d’élever son niveau de connaissance et de compétence 30 AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37
pour décrocher un travail, l’intérêt pour HEC Montréal d’attirer des étudiants étrangers et en particulier africains est également important. Pour Federico Pasin, directeur des activités internationales, « leur présence est une vraie richesse pour l’école. On veut que les jeunes gestionnaires de demain aient une ouverture sur le
monde, donc les échanges de point de vue et les relations qui se créent en classe offrent de nouvelles perspectives à tous les élèves. »
Attirer les étudiants africains A l’heure actuelle, seul le continent africain ne possède pas d’université partenaire avec HEC Montréal. Si des pourparlers sont en cours avec certaines institutions d’Afrique du Sud, l’école montréalaise se concentre pour le moment à développer des projets individuels. La direction n’hésite pas, par l’intermédiaire de bourses, à soutenir des professeurs, parfois originaires d’Afrique, désireux d’entreprendre des recherches conjointes avec un confrère à Madagascar ou au Cameroun. « L’objectif à court terme est de partager des méthodes de travail, de confronter des
modes de pensée et d’échanger les savoirs. La relation doit être gagnante-gagnante», précise Federico Pasin. En l’absence de relations institutionnelles concrètes, l’école de management de Montréal qui bénéficie d’une bonne réputation dans les pays francophones poursuit ses efforts de séduction grâce à son bureau de représentation situé à Paris. Ses missions sont simples : élargissement de la visibilité de l’école, recrutement de candidats et renforcement des relations avec les entreprises. C’est dans ce sens qu’à la fin de l’année 2010, sa directrice Yvette Cogne était à Dakar pour attirer des étudiants sénégalais. Accompagnée par Jean-François Ouellet, le directeur du programme de gestion, elle a insisté sur le potentiel des étudiants africains qui
pourraient tirer profit des enseignements dispensés dans leur institution. Côté statistiques, le Certificat en 1er cycle est de loin le programme où il y a le plus d’étudiants originaires d’Afrique. Suivent les programmes du 2e cycle, le Diplôme d’études supérieures spécialisées, le cycle de Doctorat et le Master ès Science de Gestion. En toute fin de liste, on retrouve un petit groupe dans le programme de Baccalauréat Administration des Affaires.
ORIGINES DES 1863 ÉTUDIANTS INSCRITS À HEC CES 5 DERNIÈRES ANNÉES. Maroc : 684 Algérie : 374 Tunisie : 151 Côte d’Ivoire : 120 R.D. Congo : 41
Cameroun : 112 Sénégal : 76 Bénin : 43 Guinée : 31
OBAMA BOOSTE LE
TOURISME En juillet 2009, moins d’un an après son arrivée à la tête des États-Unis, Barack Obama a choisi pour sa première visite en Afrique subsaharienne, le Ghana où il a tenu à faire escale à Cape Coast Castle, site inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco pour son passé esclavagiste. Construit au XVIIe siècle, à environ 160 km à l’ouest de la capitale Accra, Cape Coast Castle était le plus important comptoir d’esclaves parmi les soixante forts, la plupart en ruines, qui jalonnaient les 300 km de la côte ghanéenne. Depuis la visite du président américain, le pays connaît une hausse constante du nombre de visiteurs étrangers. Le nombre moyen de touristes annuels est ainsi passé de 587 000 il y a deux ans à 748 000 aujourd’hui. Le ministère ghanéen du Tourisme espère continuer à surfer sur « l’effet Obama » avec comme objectif d’atteindre le million de touristes. Le tourisme représente 6% du produit intérieur brut du Ghana. Source : AFP
AFRIQ U E C E N T R AL E INTÉGRATION RÉGIONALE EN MARCHE
AFRIQUE
LE TÉLÉPHONE MOBILE AU SERVICE DE L’AGRICULTURE AFRICAINE L’usage de la téléphonie mobile connaît un succès croissant en Afrique, notamment grâce aux nouveaux services proposés par les différents opérateurs. L’un des derniers services en date permet aux exploitants du continent y compris les plus modestes d’obtenir via SMS, des informations sur les produits agricoles, en particulier sur les prix et les volumes des produits agricoles les plus échangés. Des informations qui sont quelquefois traduites en langues locales avant d’être diffusées. Deux grandes initiatives ont vu le jour en Afrique de l’Est, au Kenya avec le SMS Sokini, un projet initié par la bourse kenyane des produits agricoles en partenariat avec l’opérateur de téléphonie mobile Safaricom et en Ouganda où le réseau des femmes de l’Ouganda a commencé à envoyer dès 2005 à 400 exploitants des SMS donnant les prix du marché. L’objectif de ces initiatives est d’assurer un flux rapide et plutôt bon marché d’informations sur l’agriculture et la pêche. C’est une véritable révolution pour l’Afrique où l’usage de ce service se généralise sur l’ensemble du continent où il y a encore quelques années, ce type d’informations était difficile à obtenir et très coûteuse compte tenu de l’état des infrastructures de télécommunications et de transport. Source : Afrique Avenir
AFRIQUE
LE POTENTIEL MONDIAL LE PLUS IMPORTA N T E N É N E R G I E S O L A I R E
Un vaste programme de rénovation et de construction d’infrastructures routières et ferroviaires a récemment été lancé en Afrique centrale par les six États membres de la CEMAC. Ce Projet Régional de Facilitation du Transport et du Transit, financé à hauteur de 201 millions $ par l’Association internationale pour le développement, a pour objectif de faciliter le commerce régional entre les pays membres de la CEMAC et améliorer leur accès aux marchés mondiaux. Il vise, entre autres, le renforcement de l’union douanière dans la sous-région. Ce projet prévoit également la remise en état de certaines sections des corridors routiers reliant Ndjamena et Bangui à Douala, et l’amélioration des liaisons ferroviaires (ce qui permettra d’instaurer un cadre institutionnel pérenne pour le secteur ferroviaire). Enfin, il financera des activités d’assistance technique et d’informatisation destinées à améliorer le fonctionnement du port de Douala pour accélérer la procédure de dédouanement.
Selon certaines études, l’Afrique possèderait le potentiel mondial en énergie solaire le plus important, même s’il n’a pas été encore chiffré. Les études montrent en effet que l’énergie solaire en Afrique possède un potentiel quantitatif qui lui permettrait de couvrir la plus grande partie des besoins énergétiques. Ce potentiel solaire est en voie d’être exploité par les Européens qui souhaitent implanter la plus grande centrale solaire du monde dans le désert du Sahara. Elle produirait 15% de l’énergie consommée en Europe. Le recours aux énergies renouvelables permettra à l’Afrique de se délivrer du joug du combustible thermique et donc, de vendre des crédits - carbone. Mais les mécanismes d’accès au marché carbone ne sont pas faciles. En 2011, le nombre de projets africains en cours ou en préparation a légèrement augmenté et atteint d’ores et déjà plus de 120 sur le marché du carbone, et ce, dans des secteurs allant de l’énergie renouvelable à l’aménagement des forêts.
Source : Afrique Avenir
Source : Afrique Avenir
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DIGNES DE MENTION
GHANA
DÉLOCALISATION DES SERVICES
L’AFRIQUE A LA COTE Le marché de la délocalisation des services, également appelée offshoring, connaît depuis le début de cette dernière décennie, une accélération de sa croissance. Selon la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) dans son rapport 2009 sur l’économie de l’information, cet essor des services délocalisés ne fait que commencer. Même si elle ne représente que 1% de ce marché mondial, l’Afrique tend à devenir un nouvel Eden.
M
aintenance et assistance technique des outils informatiques, saisie de données comptables, Back office pour de grandes compagnies d’assurances, prise de rendez-vous médicaux, vente par téléphone : la délocalisation de services a de plus en plus la cote sur le continent africain. Estimé à près de 20 milliards $ en 2005 par IDC, groupe mondial de conseil et d’étude sur les marchés des technologies de l’information, le marché de la délocalisation des services a atteint 103,5 milliards $ en 2009, avec une progression annuelle de 10 à 15%. L’Afrique n’occupe que 1% de ce marché largement dominé par les pays d’Asie tels que l’Inde, la Chine, la Malaisie, la Thaïlande, et l’Indonésie, d’Europe centrale comme la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et l’Estonie et dans une moindre mesure, d’Amérique latine. Cependant, selon l’édition 2009 du rapport Global Services Location Index publié en avril 2010, sept pays africains (l’Égypte, le Ghana, la Tunisie, le Maroc, le Sénégal, l’Afrique du Sud et l’île Maurice) figurent parmi les 50 meilleures destinations offshore au niveau mondial alors qu’en 2004, seul l’Afrique du Sud était présente sur cette liste.
Des conditions fiscales très attractives Après la hausse des salaires dans les destinations traditionnelles d’offshore comme l’Europe centrale, beaucoup d’entreprises européennes à la recherche de pays à bas coûts, se sont dirigées vers le continent africain. Pour les entreprises françaises par 32 AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37
Vitraulle Mboungou exemple, désireuses de réduire leurs coûts, les pays d’Afrique représentent une solution pratique à leurs besoins d’externalisation, question de langue et de proximité. Elles n’hésitent plus ainsi à recourir à des sous-traitants locaux. Devenue une alternative intéressante, l’Afrique a donc largement profité de la perte de vitesse des pays tels que la Hongrie ou la Pologne qui ont vu leurs avantages compétitifs se réduire ces dernières années. La montée en flèche de l’Afrique s’explique également selon les experts par l’amélioration des infrastructures de télécommunications et de l’Internet dans certains pays et par une offre abondante en ce qui concerne les zones consacrées à l’offshore, en plus des conditions fiscales et d’accès foncier très attractives. Le continent s’est également distingué par la qualité et la disponibilité de sa main-d’œuvre. Ainsi, l’Égypte, la Tunisie, le Maroc, le Ghana et le Sénégal dépassent largement sur ce point des pays comme la Hongrie, la Slovaquie et l’Estonie. Il s’agit véritablement, pour ces pays africains, d’un atout de taille qui devrait leur permettre, selon les experts, de redessiner la carte mondiale de l’offshoring durant les prochaines années. Pour ceux-ci, la forte présence de cadres hautement qualifiés deviendra un critère prépondérant à l’avenir, notamment pour les firmes d’ingénierie pour qui le coût n’est plus le problème. Ces sociétés cherchent désormais à s’implanter dans des pays où elles ont la garantie de trouver des ingénieurs de qualité et en bon nombre.
Le Maghreb tient le haut du pavé Les pays du Maghreb, notamment l’Égypte, le Maroc et la Tunisie tiennent
le haut du pavé dans ce secteur, à la fois sur l’offshore informatique, l’externalisation de services et les centres d’appels. Ainsi, à Casablanca, capitale économique du royaume marocain, le parc de Casanearshore, avec ses 53 hectares et des coûts 30 à 50% inférieurs à l’Europe et Rabat Technopolis (une superficie globale de 300 hectares à terme) ou encore le parc technologique des télécommunications El Ghazala en Tunisie considéré comme l’un des plus développés du continent avec ses 65 hectares, font le plein. Ces grands parcs d’offshoring comptent parmi leurs clients des filiales des grands groupes comme Capgemini, Unilog, BNP Paribas, Axa, etc. Les centres d’appels, les entreprises de télé-services, de télémarketing, de télé-saisie, etc. se développent rapidement dans ces pays, offrant ainsi de nouvelles perspectives au monde des affaires. Le Maroc, le Sénégal et la Tunisie seraient, selon certaines études comparatives, les pays les plus performants en matière de centres d’appels. Mais seul le Maroc sort réellement du lot en se positionnant comme le pays le plus attirant du continent africain, grâce notamment à ses 140 centres qui génèrent un chiffre d’affaires estimé à 3 milliards de dirhams soit environ 2,8 milliards $ et quelque 30 000 emplois dont 18 000 de téléopérateurs. Le call center de Dell à Casanearshore, par exemple, emploie 1800 Marocains qui travaillent dans les locaux flambant neufs. Ainsi, depuis Casablanca, ces employés gèrent, pour le fabricant américain d’ordinateurs, la vente et le service après-vente de toute l’Europe du Sud. Le nombre de télé-salariés
Les pays du Maghreb, notamment l’Égypte, le Maroc et la Tunisie tiennent le haut du pavé dans ce secteur, à la fois sur l’offshore informatique, l’externalisation de services et les centres d’appels.
Le Sénégal, leader en Afrique subsaharienne Le Sénégal s’est développé ces dernières années plus que tout autre pays d’Afrique subsaharienne dans le domaine des télécommunications. Disposant d’un réseau téléphonique très dense relié à l’Europe par 2200 km de fibre optique depuis 2001, il veut se positionner comme le leader de la sous-région en matière d’offshoring. Le pays qui attire de plus en plus de centres d’appels français notamment (malgré les deux heures de décalage horaire), se montre très offensif. Ses téléopérateurs calquent, par exemple, leurs journées sur celles des Français afin de mieux répondre à la demande française. Le coût de la main-d’œuvre au Sénégal est par ailleurs moins élevé que dans le Maghreb. Le salaire moyen d’un téléopérateur sénégalais est, selon une étude de l’Agence sénégalaise de promotion des investissements et grands travaux, de 308 euros par mois (435 $) contre 433 euros (612 $) pour un Tunisien et près de 458 euros (647 $) pour un Marocain. C’est ainsi que ce pays a fait un bond de 13 places en 2010 dans le classement établi annuellement des pays les plus attractifs dans le domaine des délocalisations des services informatiques (26e rang en 2009). Avec un taux de chômage de 40%, le Sénégal dispose également d’une main-d’œuvre nettement plus abondante que ses concurrents maghrébins (15% en Tunisie et 20% au Maroc). Enfin, grâce à la délocalisation des services, le pays de la Téranga a créé plus de 10 000 emplois directs pour un chiffre d’affaires de 25 milliards de FCFA. Il tire ainsi son épingle du jeu grâce au développement de ce secteur en France qui privilégie les pays francophones et la proximité avec l’Europe. AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37 33
MONDIALISATION
marocains a été multiplié par dix ces quatre dernières années. Pas étonnant donc que ce pays figure en pole position sur le continent africain, devant l’Égypte, la Tunisie et l’Ile Maurice. De même, en Tunisie, ces centres d’appels (130 à la fin de 2007) qui ne cessent pousser comme des petits pains, sont considérés parmi les plus importants pôles d’emploi. Et pour ce qui est de l’externalisation de services, le pays avec sa main-d’œuvre qualifiée, commence à être reconnu dans le développement de logiciels et autres solutions informatiques. Le parc El Ghazala accueille des entreprises comme Alcatel, Ericson, Bilog et Huawei Technologies.
MARCHÉS NORD-AMÉRICAINS
C’est bien connu, le Canada est un pays d’immigration. Le pays ouvre ses portes aux citoyens ordinaires comme résidents permanents selon leur niveau d’éducation, leur expérience de travail et leur connaissance du français ou de l’anglais. Mais il existe également le programme d’immigration des gens d’affaires pour les entrepreneurs et les investisseurs qui veulent contribuer au développement économique de leur futur pays d’accueil. Un parcours quelquefois ardu.
L
e Canada souhaite attirer de nombreux immigrants, ambitieux économiquement, afin de favoriser et d’accompagner le développement d’une économie forte et prospère. Le Programme d’immigration des entrepreneurs a pour objectif d’attirer des gens d’affaires expérimentés qui deviendront propriétaires ou gérants actifs d’une entreprise canadienne afin de contribuer à la création d’emplois. Au-delà des critères d’admissibilité communs à l’ensemble des immigrants, les futurs entrepreneurs canadiens
1,7 milliard $ dans l’économie canadienne. Il s’agit là d’une manne financière importante que le pays espère faire fructifier. Les agents gouvernementaux poursuivent donc leurs efforts de séduction à l’étranger en insistant notamment sur les possibilités de débouchés malgré une lourdeur administrative apparente. Jean-Philippe Cat par exemple, un entrepreneur français spécialisé dans la traduction, avoue ne pas avoir rencontré de grandes difficultés lors de son installation à Montréal il y a deux ans. Si les démarches administratives liées à l’immigration sont parfois un peu fastidieuses, les relations d’affaires et la création de son entreprise ont été en revanche assez rapides. « Le business est plus simple ici, précise le dirigeant d’Asiatis. Grâce aux réunions de réseautage et aux différentes aides des chambres de commerce spécialisées, l’intégration dans le tissu économique local a été aisé. » Néanmoins, d’autres entrepreneurs choisissent eux la voie de l’immigration classique. Plutôt que de s’embêter à établir une somme de documents précisant leurs qualités de gens d’affaires, ils préfèrent immigrer plus simplement et engager les démarches liées à leur business une fois installés. C’est le cas pour Pierre et Gaëlle Faye, qui ont quitté la France avec leurs enfants avec un statut de résidents permanents et qui ont Florent Bonnard ouvert, après quelques mois sur le sol doivent d’abord montrer qu’ils possèdent de l’ex- canadien, un magasin à Québec. « Les services périence en affaires, autrement dit qu’ils ont déjà de l’ambassade canadienne en France nous ont géré une entreprise et contrôlé un pourcentage conseillé de choisir l’immigration traditionnelle. des capitaux propres de celle-ci pendant au moins Les démarches administratives sont, dans tous les deux ans. Ensuite, ils doivent détenir un avoir net cas de figure, longues et sélectives », conclut le d’au moins 300 000 $CAN obtenus légalement. couple d’entrepreneurs. Le ministère chargé d’attirer cette catégorie Même si chaque expérience est unique, le de migrant, Citoyenneté et Immigration Canada modeste contingent d’investisseurs africains qui (CIC), fait la distinction entre les investisseurs se trouvent en terre canadienne, présente à peu et les entrepreneurs. Concernant les investis- près le même profil et a suivi les mêmes voies. seurs, ceux-ci devront prouver détenir un avoir Toutefois, les succès en bout de course dépendent net minimal de 1 600 000 $CAN obtenu légale- à la fois des secteurs d’investissement et de l’adapment et qu’ils sont prêts à faire un placement de tation au milieu canadien. C’est pour cela que le 800 000 $CAN que le CIC s’engage à rembour- rendement peut être plus immédiat dans le milieu ser, sans intérêt, environ cinq ans et deux mois financier et moins rapide dans le petit commerce. après la date du paiement. Une fois dans le circuit, les prétentions affichées Selon le ministère, entre les années 2004- lors de son immigration restent les seules armes 2008, le Canada a accueilli plus de 4 300 nou- avec les cordons de la bourse à délier ou à serrer veaux immigrants d’affaires qui ont investi plus de selon l’humeur de l’économie.
IMMIGRANTS INVESTISSEURS
LE PARCOURS DU
COMBATTANT
34 AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37
World Economic Forum on Africa 20011 / Eric Miller
Développement
BAD
LA AU FORUM ÉCONOMIQUE MONDIAL SUR L’AFRIQUE Pour ce 21e rendez-vous tenu du 4 au 6 mai derniers, une nuée de décideurs politiques et financiers ont convergé vers le Cap, en Afrique du Sud. Une occasion dont a profité le Groupe de la Banque africaine de développement pour parler particulièrement d’intégration régionale et de croissance inclusive.
C
omme premier point de contribution, il s’est agi pour la BAD de répondre d’abord à la question de savoir comment les changements rapides qui se déroulent au MoyenOrient et en Afrique du Nord remodèlent les programmes politiques sur le continent africain. Cette nouvelle donne a toute son importance, puisqu’elle reconfigure plusieurs schémas dont celui des rapports économiques et financiers entre les États et les bailleurs de fonds. S’en est suivi le problème de l’intégration régionale que le président de la BAD, Donald Kaberuka, a abordé en expliquant que « maintenant, le Monde comprend que l’on ne peut pas exporter le développement en Afrique, il faut travailler avec les institutions de l’Afrique elle-même, si l’on veut apporter un soutien positif au continent ». Un point de vue livré avec le constat que « trop de barrières tarifaires et de contrôles aux frontières entravent le commerce et la croissance en Afrique, et ont une incidence négative sur l’ensemble du continent ». Ce qui fait que « le commerce intra-africain reste faible, avec un taux de 10%, comparativement à 40% pour l’Amérique du Nord et 60% pour l’Europe occidentale ». Il faut donc trouver le moyen de changer les politiques et les investissements dans les modules transfrontaliers pour contribuer à accélérer la mise en place d’infrastructures régionales plus importantes.
L’Afrique peut décoller Concernant la croissance économique du continent, en raison des progrès importants réalisés dans de nombreux pays ou groupes de pays africains, les gens commencent à envisager que l’économie de l’Afrique peut décoller comme la Chine il y a 30 ans, et l’Inde il y a 20 ans. La question a donc été de savoir quelles mesures concrètes les dirigeants peuvent prendre pour transformer cette vision en réalité. Un sujet parallèle au débat sur « Le rôle de l’Afrique dans la nouvelle donne», où il a été noté que les pays en développement représentent aujourd’hui la moitié de la croissance mondiale, et que six sur les 10 économies les plus dynamiques sont en Afrique sub-saharienne. Toutefois, les avantages d’une telle croissance n’étant pas partagés par tous, la Banque africaine de développement a apporté sa contribution pour permettre de créer un modèle de croissance économique plus inclusif. Modèle qui devra intégrer les femmes africaines, car plusieurs rapports démontrent que «la réduction des écarts de genre s’avère être en relation directe avec la croissance et la compétitivité ». Ce 21e Forum sur l’Afrique a également permis d’évoquer le tourisme encore à la traîne et une croissante verte du secteur. En effet, malgré son attrait
pour les voyageurs, le continent ne reçoit que 3,4% du tourisme mondial et 5,2% des arrivées de touristes. Croissance verte signifie nécessairement développement vert et la vulnérabilité de l’Afrique, notamment aux effets du changement climatique, fait de cet enjeu une priorité pour le continent. Même si l’Afrique émet très peu de gaz à effet de serre, elle doit néanmoins s’engager dès maintenant dans des actions d’adaptation et de mitigation qui exigent l’accessibilité à des ressources financières d’importance. Des estimations récentes indiquent que, pour inscrire le continent dans une voie compatible avec le développement durable, des engagements annuels de quelque 22 à 31 milliards $US sont nécessaires d’ici 2015. L’accès du continent africain à des sommes dédiées à ses propres besoins est donc une nécessité. C’est pourquoi nombre de dirigeants africains préconisent l’établissement d’un Fonds vert pour l’Afrique qui serait hébergé par la Banque africaine de développement. Ce fonds permettrait une meilleure appropriation des projets d’adaptation et de mitigation par les pays africains, une meilleure intégration des projets aux réalités du continent et favoriserait le développement d’une économie à faible émission de carbone faisant du continent un partenaire engagé dans le combat mondial contre le changement climatique. AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37 35
PUISSANCES ÉMERGENTES
LA RUSSIE CAP SUR L’AFRIQUE
Après avoir délaissé l’Afrique à la fin de la guerre froide, la Russie entend y retrouver aujourd’hui sa place. L’offensive lancée par le pays de Medvedev vise clairement les matières premières de ce continent, notamment le pétrole. En fait, cette puissance émergente a besoin de l’Afrique pour asseoir son influence planétaire sur le stratégique marché de l’énergie.
S’
étendant sur 17 millions de km2 et onze fuseaux horaires, accueillant les JO d’hiver 2014 et la Coupe du monde de football 2018, comptant désormais, d’après Finans Magazine, 114 milliardaires en euros – un record pour ce pays – l’héritière de l’URSS, fascine! En effet, la Fédération de Russie a dépassé les difficultés des années 1990 ou à tout le moins, elle n’est plus moribonde. C’est même tout le contraire. Elle fait partie des BRICS, a restauré sa stature internationale et, grâce à son potentiel énergétique, elle sera un des pôles du Nouveau Monde.
L’émergence de ce pays-continent Au sortir de la dislocation de l’URSS, les années 1990 furent turbulentes et difficiles pour les Russes. Le mur de Berlin était tombé, la superpuissance 36 AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37
soviétique avait décliné et l’État russe s’était affaibli. Pour Jacques Sapir, économiste et spécialiste de la Russie, la remise sur rails de l’économie russe a commencé avant Vladimir Vladimirovitch Poutine. Selon lui, le Premier Ministre Evguennyi Primakov a joué un rôle déterminant : « Vladimir Poutine a incontestablement hérité d’une base assainie en grande partie grâce à l’action d’Evguennyi Primakov ». Mais c’est véritablement l’arrivée du Président Poutine (1999-2008), le concepteur de la «verticale du pouvoir», qui coïncide avec le retour au premier plan du pays le plus vaste au monde. Différentes raisons expliquent l’émergence du pays de la Douma. D’abord, la dévaluation du Rouble en août 1998, qui a été économiquement très bénéfique, car elle a entraîné une amélioration de la compétitivité des entreprises russes. Il y a eu ensuite le retour de la discipline budgétaire. Ce
Serge Tchaha
qu’il faut noter à ce niveau, c’est que la chute de l’URSS a entraîné un affaiblissement de l’État. La collecte des impôts ne se faisait pas convenablement et l’État lui-même n’honorait pas ses engagements vis-à-vis des entreprises. Dans un Bulletin du FMI daté de 2003, John Odling-Smee, directeur du Département Europe de l’institution de Bretton Woods, indiquait ceci : « Il faut se souvenir que dans les années 90, la Russie, comme tous les pays de la CEI, avait un État très faible, si bien que de puissants groupes de pression étaient en mesure d’échapper à l’impôt, et pouvaient s’abstenir de régler les salaires de leurs employés et même leurs factures en général si cela leur chantait. Un État plus fort aurait pu recouvrer l’impôt et faire rendre gorge aux mauvais payeurs. Mais en réalité rares sont ceux qui ont été punis pour ne pas avoir payé leurs impôts. L’État contribuait aussi à cette indiscipline budgétaire en ne payant pas lui-même
Le retour sur le continent africain Il est loin, le temps de la guerre froide où l’on comptait quelque 40 000 conseillers soviétiques sur le continent africain. En effet, la fin de la lutte idéologique et sans doute les difficultés évoquées plus haut ont conduit la Russie à « abandonner » l’Afrique. Ce n’est qu’en 2006 que l’on enregistre la visite d’un Président de la Fédération de Russie sur le continent africain. Il s’agit de Vladimir Poutine qui fit alors un voyage au Maroc et en Afrique du Sud. Une visite plus ambitieuse fut menée par l’actuel Chef du Kremlin,
Dimitri Medvedev. Celui-ci entama en juin 2009 une tournée africaine qui le conduisit en Égypte, au Nigeria, en Namibie et en Angola. Fait intéressant à observer, Medvedev était accompagné par un bataillon de 400 hommes d’affaires russes. Cela illustre bien l’importance du volet économico-commercial qui entoure cette nouvelle relation. Les échanges commerciaux entre l’Afrique et la Russie étaient évalués en 2009 à 7 milliards $. L’on estime par ailleurs que les investissements faits par la Russie à l’étranger sont, en Afrique, marginaux. Ce ne sont que 2% qui sont affectés à cette partie du globe. En comparaison, la Chine, elle, investirait une proportion de 10% sur le continent noir. La Russie est présente
Dans un monde où l’énergie sera de plus en plus en demande et coûtera plus cher qu’aujourd’hui, la Russie veut déployer une diplomatie qui la rende incontournable et l’élève au rang de Superpuissance énergétique dans plusieurs pays africains (Nigeria, Guinée Équatoriale, Gabon, Angola, Namibie, Afrique du Sud, Ghana, Côte d’Ivoire, etc.) et dans divers secteurs d’activités : extraction de diamants, d’or, de pétrole, de gaz, de manganèse, de bauxite et construction de chemins de fer, par le biais des entreprises telles que Nornikel, Lukoil, Evraz, Gazprom, Alrosa, Russian Railways.
Une Superpuissance énergétique Cependant, pour bien comprendre la relation que tente d’établir Moscou avec les capitales africaines, il faut avoir connaissance et conscience de l’immense potentiel énergétique que possède le pays de Pouchkine. Mais surtout, il faut savoir, comme le mentionnait, Аlekperov, président de l’entreprise pétrolière «LUKOIL» – la plus grande payeuse de taxes à l’État russe : 21,5 milliards US $ en 2009 – lors du forum d’affaires Russie-Afrique de 2010, que la Russie est une grande puissance énergétique et qu’elle entend le rester. En clair, dans un monde où le nombre d’émergents va s’accroître, où l’énergie sera donc de plus en plus en demande et coûtera plus cher qu’aujourd’hui, la Russie veut déployer une diplomatie qui la rende incontournable et l’élève au rang de superpuissance énergétique. Contrairement aux autres pays donc – voir l’encadré – elle n’a pas d’immenses problèmes d’approvisionnement, mais elle considère que l’Afrique peut l’aider à asseoir son influence planétaire sur le stratégique marché de l’énergie. D’ailleurs, sa volonté de faire du Forum des Pays Exportateurs de Gaz (FPEG) une sorte d’OPEP du Gaz illustre bien l’ambition de ce pays. Parmi les onze membres de cette organisation, l’on recense 5 pays africains, à savoir : l’Algérie, l’Égypte, la Guinée Équatoriale, la Libye et le Nigéria. Ces pays africains ont ainsi une occasion à la fois d’offrir une précieuse collaboration à la Russie tout en défendant leurs intérêts. Même s’il faut reconnaître que cette idée d’OPEP du gaz est jugée inopportune, voire impossible à réaliser par certains analystes.
La Russie : SUPERPUISSANCE ÉNERGÉTIQUE 1er producteur de gaz au monde : 47 578 milliards de m3 (74 années de production) 2e producteur de pétrole au monde : 70 milliards de barils réserves prouvées (17 ans de production) 2e plus importante réserve de charbons (173 milliards de tonnes) 10% des réserves établies d’uranium de la planète 30% d’électricité de la Fédération de Russie devrait d’ici 2030 être produit à partir de l’énergie nucléaire. (Source : Sénat français)
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DÉVELOPPEMENT
factures, salaires et retraite lorsqu’il était à court d’argent. Résultat : un système complexe de troc où les factures impayées de l’État compensaient les impôts impayés, ce qui minait encore plus l’édifice budgétaire.» Le retour donc à la discipline budgétaire a permis un paiement plus régulier des salaires et des pensions aux Russes. Une des conséquences immédiates de cette situation nouvelle a été l’augmentation de la consommation. Une autre raison à l’origine de cette émergence aura été le remboursement anticipé de la dette. Procédant à des remboursements anticipés, la Russie est parvenue à réduire considérablement sa dette extérieure, passée de 150% du PIB en 1998 à 9% du PIB en 2006. Enfin, la hausse des prix des hydrocarbures. Deux chiffres pour l’illustrer : en 1999, le baril de pétrole coûtait 14$ et a atteint 140$ à l’été 2008. Pour ce pays qui est le deuxième pays producteur de pétrole au monde, c’était une manne considérable. D’après un rapport daté de juin 2008 du Sénat français : « Selon les calculs de la Banque mondiale pour 2000, l’extraction et le raffinage des hydrocarbures représentent un quart du PIB de la Russie. Outre son intérêt économique, la production d’énergie apporte une contribution majeure aux finances publiques russes, puisque les seuls hydrocarbures fournissent 50% des recettes du budget fédéral ». Le même rapport souligne deux autres chiffres éloquents : l’État russe contrôle 30% de la production de pétrole et 80% de la production de gaz. L’on peut ainsi mesurer combien ce secteur est jugé stratégique par le Kremlin.
DOSSIER
À un moment où le Monde est de nouveau secoué par des révoltes populaires, la question des rapports entre affaires et politique est violemment revenue en surface. Une interrogation légitime parce que plusieurs des régimes mis en cause bénéficiaient d’accointances avec les milieux d’affaires internationaux et parce que bon nombre de pays occidentaux, pourfendeurs des totalitarismes et tenants de la morale dans la politique, fricotaient pourtant avec ces pouvoirs honnis. Un débat féroce agite donc les cercles de réflexion et de décision. Faut-il investir dans les dictatures ou non ?
Mais qu’est-ce qu’une dictature en fin de compte ? En faisant affaire avec ces pays ne répondant pas aux canons -occidentaux- de la démocratie et des libertés civiles, leur donne-t-on une espèce de caution ? Ceux qui investissent dans ces dictatures, ne font-ils pas preuve de complicité ? Ne pas y investir, ne serait-il pas le symbole d’une certaine naïveté puisque d’autres le font sans véritablement en subir les contrecoups ? Et évidemment, face à ce dilemme, les supposées dictatures s’adonnent avec plaisir à certaines formes de chantage. Comment s’y prennent-elles ? Tour d’horizon. AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37 39
AFP/Getty Images
QU’EST-CE QU’UNE
DICTATURE ?
Léopold Nséké Si chez les Nord-coréens, on parle d’un pays pratiquement coupé du monde avec à sa tête un paranoïaque obsessionnel, les Libyens, aux prises depuis peu avec une insurrection armée, sont entre les mains d’un autocrate autoproclamé guide et entouré d’un bataillon de fidèles, voire d’adorateurs qui lui ont permis jusqu’ici de confisquer le pouvoir à son seul bénéfice. Quant au Zimbabwe, il a subi les affres d’un « libérateur » convaincu de détenir seul la clé du progrès de son pays, mais qui a dû accepter de partager, à contre-cœur, le pouvoir avec une opposition parlementaire majoritaire. Ces trois exemples concrets nous font voir que les dictatures ne se ressemblent pas. D’ailleurs, en poussant plus loin, une analyse affinée nous permettrait de les classer en dictatures « light » ou « hard », selon qu’ils exercent leur pouvoir absolu de manière subtile ou violente. Ce qui est loin de représenter la dictatura romaine d’origine qui parlait de donner provisoirement et exceptionnellement tous les pouvoirs à un magistrat en cas de troubles graves dans la république. On est plutôt passé d’un contexte provisoire de l’exercice du pouvoir à sa confiscation permanente. Ce qui est tout le contraire de la démocratie moderne qui suppose donc le pluralisme politique, un respect des droits et libertés de la personne et le socle de la Constitution comme pierre angulaire de fonctionnement de l’État. Les institutions, dans ce cas, sont les instruments de gouvernance avec un fonctionnement régi par des principes d’équité et de justice envers les citoyens qu’elles servent. 40 AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37
Ce qui fait qu’aujourd’hui, il est entendu dans les chancelleries occidentales qu’une dictature d’État est un régime qui, pluralisme politique ou pas, ne tolère guère la contradiction et limite au strict minimum les libertés fondamentales des citoyens. À leur tête se retrouvent généralement des « hommes forts » ou des « hommes de paille» garants d’un certain ordre constitutionnel rigide qui ne connaît que la force comme instrument coercitif, le pouvoir absolu et non le droit. Ce que le dictionnaire politique Hatier ramasse dans une phrase élégante : « La dictature est un régime arbitraire et coercitif, incompatible avec la liberté politique, le gouvernement constitutionnel et le principe de l’égalité devant la loi. » De fait, les dictatures se déclinent en plusieurs classes mais conservent le même caractère au niveau du pouvoir et de l’exercice de ce pouvoir. L’Organisme Freedom House qui fait la promotion de la démocratie indique dans son dernier rapport paru en début d’année, que 87 pays seulement - soit deux de moins qu’en 2009 - sur les 194 que compte le monde peuvent être désignés comme étant véritablement « libres ». Soixante autres sont dits « partiellement libres » et 47 sont estimés « non libres ». Il faut toutefois apporter des nuances car, en regardant par exemple le bilan de l’Afrique, on peut se surprendre de voir la République centrafricaine -partiellement libre- obtenir une meilleure note que certains de ses voisins -pas du tout libre-. Dans l’ensemble, le portrait proposé donne une belle brochette de pays qui font entorse aux principes fondamentaux du respect des libertés individuelles. La liberté dans le monde est ainsi mesurée par Freedom House en fonction du niveau de protection qui est accordé aux droits politiques et aux libertés publiques. Elle a régressé pour la cinquième année consécutive en 2010. Une tendance qui représente la plus longue période continue de déclin enregistrée par cette ONG depuis la publication de son premier rapport il y a près de quarante ans. À l’heure actuelle, 43% seulement de la population mondiale vivent dans des pays considérés comme « libres ».
Reuters / James Akena
De la nature des dictatures
Yuweri Musuveni dirige l’Ouganda depuis 1986 AP Photo / Fernando Llano
Qu’ont en commun Kim Jong-ll, Mouammar Kadhafi et Robert Mugabe ? Ces trois présidents dirigent d’une main de fer des États dont la ligne de conduite est plutôt totalitaire. La personnalisation du pouvoir, l’absence de liberté d’expression et l’absolue opacité de gestion de la chose publique leur sont communes.
Kim jong-il, “leader suprême” de la Corée du Nord depuis 1994
Hugo Chavez mène la révolution bolivarienne au Venezuela depuis 1998 Dominique Faget / AFP / Getty Images
DOSSIER
AFFAIRES : INVESTIR DANS LES DICTATURES ?
Bachar el-Assad ne tolère aucune contestation en Syrie depuis 2000
Stephane de Sakutin / AFP / Getty Images
DICTATURES LE DILEMME MORAL
Lier les affaires à la nature d’un gouvernement est un exercice de haute voltige auquel se sont astreintes de nombreuses multinationales. Investir dans un pays qui brime ses citoyens et les prive de tout espace de liberté est-il moral ? Deux visions s’affrontent ici : en sanctionnant ces pays, on accroît assurément la détresse de populations déjà démunies et en collaborant, on crée de la richesse. Mais au profit de qui ?
S
ur le plan de la morale, la réponse est évidemment non. Parce qu’au départ, les principes énoncés au nom de la liberté et de la démocratie sont allègrement bafoués par ces pays, et parce que cela accroît le cynisme des citoyens envers la politique. Et ensuite, parce qu’au niveau de l’éthique, la maxime prescriptive qui devrait sous-tendre toute action diplomatique est celle de respecter les conventions librement signées au sein des organisations internationales et les droits et devoirs qui en découlent. Cela dit, il ne faut pas oublier que ces pays, plus ou moins totalitaires, constituent des partenaires idéologiques en matière de géopolitique et stratégiques au niveau économique. L’idéalisme prend donc régulièrement le champ à la faveur de la « realpolitik » qui est un accommodement raisonnable, un compromis des « fondamentalistes » de la morale face à leurs principes.
Entre deux maux, choisir le moindre Sauf que voilà, deux réponses contradictoires mais tout aussi populaires l’une que l’autre se font régulièrement écho. Couper entièrement les ponts avec les dictatures au nom des Droits de l’Homme ou laisser passer les intérêts avant la morale, parce que « les affaires sont les affaires ».
Dans le premier cas, il est actuellement suicidaire d’écarter la notion de morale dans les rapports avec les dictatures pour plusieurs raisons dont celle-ci. Il y a actuellement une forte tendance à la moralisation des relations internationales et les Occidentaux, dans leur grande majorité, doivent prendre en compte leurs opinions nationales de plus en plus mobilisées. On l’a vu au Canada avec le tollé qui a accompagné l’annonce de la construction d’une prison par le groupe SNC-Lavalin en Libye. Dans le second cas, rompre toute relation avec les dictatures serait suicidaire d’un point de vue humain, car cela renforcerait leur isolement et permettrait de mieux assujettir leurs peuples en toute impunité. Parfois, les leviers diplomatiques peuvent être un vecteur de lutte contre les extrêmes, car un pays isolé devient rapidement un pays stigmatisé et acculé, à la portée de « nationalistes » fanatiques. Sur le plan privé, les entreprises apparaissent de leur côté comme des vecteurs de changement car elles contribuent, malgré tout, au développement du pays et permettent dans certains cas la création locale d’un savoir-faire et l’accroissement de la richesse. Ce qui a un impact sur l’emploi et une certaine qualité de vie. Stratégiquement enfin, les relations économiques peuvent servir d’un certain chantage financier. On le voit avec la débandade de plusieurs autocrates ces dernières années. Habitués à avoir la main
L. N. sur une certaine manne financière, ils ont été très vulnérables aux embargos qui ont entraîné leur chute. On constate donc que le véritable problème de l’investissement dans les dictatures se situe dans l’interdépendance de la morale et du réalisme. En un mot, être réaliste dans un univers minimalement moral. Difficile compromis que le philosophe français Jean-Baptiste Vilmer étayait en ces termes : « La ligne de démarcation est floue, il est possible que la coopération à la fois soulage la population et renforce la dictature – c’est d’ailleurs ce qui se passe dans la plupart des cas – et tout dépend alors d’un calcul imprécis des conséquences probables, et de la temporalité dont on parle puisqu’une présence ou un lien qui soulage à court terme peut avoir l’effet pervers de renforcer l’oppression à long terme. » Il se trouve enfin que les données ont grandement changé sur la planète. L’éthique des affaires, que plusieurs ont appelée au cœur d’une nouvelle feuille de route de l’économie mondiale, pourra-t-elle réellement prendre pied ? On en doute un peu puisque les nouveaux riches ne sont pas là où on croit les trouver. Aujourd’hui, d’immenses capitaux partent et viennent de pays comme la Chine et la Russie, des nations pas vraiment démocratiques selon les « canons » en vigueur. C’est aussi là une confirmation que c’est encore le profit qui bat la mesure et est le principe de base des affaires. AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37 41
DOSSIER
INVESTIR DANS LES
AFFAIRES : INVESTIR DANS LES DICTATURES ?
©DR
LES DICTATURES
?
Hosni Moubarak, 29 ans à la tête de l’Égypte ©DR
INVESTIT DANS
Certains pays du Sud comme la Libye ou le Soudan sont considérés par une large majorité des pays du Nord comme étant des dictatures très oppressives envers leur peuple. Ce qui n’empêche pourtant pas leurs entreprises d’investir dans ces pays souvent très riches en matières premières. ©DR
L
Ben Ali, 23 ans de pouvoir sans partage en Tunisie
Belhassen Trabelsi l’homme à tout faire de la nébuleuse du chef
Le clan Ben Ali a acquis 40% du groupe suisse en 2006
Fethi Belaid / AFP / Getty Images
es récentes révolutions dans les pays arabes ont permis de mettre en lumière les relations plus qu’ambiguës entre les multinationales occidentales et certains États reconnus comme étant des dictatures. Nombreuses sont en effet les firmes des pays occidentaux qui investissent dans des pays où les régimes sont loin d’être des modèles de démocratie. Pour beaucoup, ces entreprises garantissent, grâce ces capitaux, le maintien au pouvoir de ces dictateurs en permettant de financer leurs systèmes répressifs. Ainsi, selon certains experts, la richesse que la famille du colonel Kadhafi a réussi à amasser au fil des années avec l’aide des entreprises étrangè-
Vitraulle Mboungou
©DR
De la complicité
Kadhafi, à la tête de la Libye depuis 41 ans Mahmud Turkia / AFP / Getty Images
DOSSIER
QUI
AFFAIRES : INVESTIR DANS LES DICTATURES ?
Saïf Al-Islam Kadhafi, un des fils de Mouammar Kadhafi
Installé en Libye depuis 25 ans et engagé dans 3 grands projets
res leur a permis de durcir son contrôle sur le pays et le peuple libyen. Très souvent, les firmes occidentales qui s’installent dans ces pays, signent des clauses contractuelles qui entraînent un « partenariat » avec une entreprise locale ou nationale qui appartient généralement à un membre de la famille du président. 42 AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37
On a pu le constater en Tunisie avec le clan Ben Ali dont les 23 années de pouvoir ont été marquées par les détournements et spoliations de nombreuses entreprises y compris étrangères, dans des secteurs clés de l’économie nationale. De l’industrie des télécommunications, de l’automobile, de l’immobilier, du tourisme, de la pêche, des banques, en passant par les médias, la grande distribution, la famille de l’ancien président avait la mainmise sur tous les pans de l’économie du pays. Comme l’ont affirmé de nombreux spécialistes après la chute de ce dernier suite à la révolution de Jasmin, il était difficile pour une entreprise étrangère de s’implanter en Tunisie sans passer des accords de partenariat avec le pouvoir. C’est spécialement le cas de 1250 filiales d’entreprises françaises présentes dans ce pays, dont les nombreux partenariats conclus avec l’ancien régime et leur tolérance à leur égard pourraient aujourd’hui leur jouer des tours. En échange d’un certain favoritisme dans les appels d’offres, beaucoup de ces entreprises ont décidé de fermer les yeux sur le manque de démocratie dans le pays.
Gamal, un des fils de Moubarak, était pressenti comme successeur de son père Présent en Égypte depuis 30 ans a signé en 2007 un contrat de 19 millions d’euros
De même, plusieurs grandes entreprises françaises comme Danone (numéro un des produits frais laitiers), BNP PARIBAS, LaFarge (premier cimentier mondial) et Alstom, sont très présentes sur le marché égyptien où le président Hosni Moubarack a été renversé récemment, après 18 jours de révolution. Les entreprises européennes ne sont pas les seules à investir dans les pays dirigés par des tyrans. Le Canada, par exemple, compte près de 70 firmes faisant des affaires avec la Libye dont SNC-Lavalin. Installé dans le pays depuis 25 ans, le géant de l’ingénierie et de la construction y était engagé avant le début du conflit militaire actuel dans trois projets majeurs avec d’énormes sommes en jeu (près d’un milliard $, soit près de 7% de ses revenus en 2010). Il avait en charge l’expansion de l’aéroport de Benghazi, deuxième plus importante ville du pays après la capitale Tripoli, la construction d’une prison à Tripoli et de Great Man Made River, un immense pipeline traversant le désert libyen sur lequel l’entreprise travaille depuis d’une vingtaine d’années. Très présentes dans le secteur des ressources naturelles, notamment les mines, les multinationales canadiennes se sentent contraintes d’aller dans les pays peu fréquentables comme la Libye par peur de rester des poids plume de ce secteur de matières premières principalement dominé par les grands groupes américains. À l’instar du groupe français Total qui justifiait sur son site Internet, sa présence dans certains régimes dictatoriaux comme la Birmanie en affirmant : « Si nous décidions de partir, nous serions immédiatement remplacés par d’autres compagnies qui n’appliqueront peut-être pas des normes d’éthique et sociales équivalentes aux nôtres ». Nombreuses donc sont les entreprises occidentales qui partagent ce point de vue en prônant le pragmatisme.
LES DICTATURES
CONTRE-ATTAQUENT
Il existe, un peu partout dans le monde, de nombreux régimes tyranniques qui bafouent les droits de l’homme et les libertés individuelles les plus élémentaires. Des régimes que la communauté internationale qui a pris l’habitude au fil des ans de s’ingérer dans la gouvernance de certains pays, condamne sans cesse. Mais paradoxalement, cette même communauté internationale ferme les yeux pour d’autres régimes tout aussi tyranniques, sinon plus. Qu’est-ce qui peut bien donc justifier cette forme de favoritisme?
Reuters / Remo Casilli
Kadhafi et le 1er ministre italien Berlusconi
de Mouammar Kadhafi. Au début des années 2000, après trois décennies d’isolement pour cause d’accusations de terrorisme, ce pays s’ouvrait au monde en renonçant entre autres au « terrorisme » et à son programme nucléaire. Ce qui a permis au raïs libyen d’avoir ses entrées dans les plus grands palais présidentiels occidentaux, en plus de la levée officielle des sanctions internationales à l’encontre de son pays. Ce dernier, très riche en pétrole, devenait subitement l’eldorado pour de nombreuses sociétés occidentales qui, alléchées par les promesses de contrats juteux, s’y bousculaient. Ainsi, au sommet du G8 à l’Aquila en Italie en 2008, le colonel
Kadhafi était invité par les dirigeants des huit plus grandes puissances pour parler du commerce mondial. C’en était fini de Kadhafi le despote qui opprime et persécute son peuple. De même, le Rwanda en doublant en 9 ans (2001-2010) la taille de son économie, est devenu très attractif pour les investisseurs étrangers. Ainsi, selon la Banque mondiale, entre 2005 et 2009, les flux d’investissements étrangers directs vers ce pays ont presque été multipliés par 15, passant de 8 à 118,7 millions $. Cette attractivité lui permet aussi d’obtenir d’assez bonnes notes dans la plupart des évaluations de la gouver-
Nicolas Sarkozy avec son ancien ami Ben Ali
nance (champion mondial des réformes selon le classement Doing Business 2009). Mais, face au développement et à la croissance fulgurante de l’économie rwandaise, beaucoup occultent aujourd’hui les multiples violations des droits civils et politiques dans ce pays où le président Paul Kagame a été réélu avec 93,8% des voix en 2010 lors d’une élection où les membres de partis d’opposition ont fait l’objet d’actes répétés d’intimidation et de harcèlement, notamment des arrestations. Parmi les dictatures qui ont recours au chantage économique pour faire incliner les puissances économiques, on peut également citer la Chine qui, en raison
de l’accumulation énorme de ses devises, est devenu le premier créancier au monde particulièrement aux États-Unis où elle détenait en 2010, selon les chiffres officiels du département du Trésor américain, 10% de la dette publique, soit 755,4 milliards de bons du Trésor. Les Américains ont ainsi compris qu’ils avaient tout intérêt à ménager ce pays. Par ailleurs, pour s’imposer auprès de la communauté internationale, certains régimes totalitaires se servent de leur droit de veto au Conseil de sécurité des Nations Unies où pour qu’une résolution soit votée, il faut que la majorité qualifiée (neuf votes sur quinze) comprenne « le ©DR
C
ertaines dictatures bénéficient de la clémence de la communauté internationale, « garante » de la bonne marche de la démocratie aux quatre coins du monde tandis que d’autres doivent subir « les foudres » de cette même communauté internationale qui applique ainsi une politique de deux poids deux mesures. À cela une raison : en prenant un certain nombre de mesures notamment économiques, les dictatures « bien aimées » ont développé des recettes qui leur permettent de se faire aimer de la communauté internationale. C’est le cas par exemple de la Libye
Reuters / Jacky Naegelen
V. M.
Kadhafi saluant Barack Obama
vote de ses cinq membres permanents (États-Unis, Chine, Russie, RoyaumeUni et France). Si l’un des cinq s’abstient, la résolution est rejetée. Ainsi, la Syrie à l’image de certains pays arabes, fait face depuis quelques semaines à un vent de révolte populaire. Mais contrairement à des pays comme la Libye, ce régime tenu d’une main de fer par le président Bachar el-Assad qui n’hésite pas à tirer à l’arme lourde sur les manifestants, n’a rien à craindre des Nations Unies qui ne prendront aucune mesure répressive contre lui car la Russie, un de ses principaux partenaires commerciaux, s’y opposerait sans aucun doute. AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37 43
DOSSIER
AFFAIRES : INVESTIR DANS LES DICTATURES ?
Né en Afrique australe dans les années 2000, le Mobile Banking ou encore le M-Banking, M-Payement (les services bancaires et plus précisément le paiement par téléphone) connaît aujourd’hui un succès phénoménal sur le continent, notamment dans la partie subsaharienne.
D V. M.
epuis son lancement en Afrique du Sud en 2000, le phénomène de M-Payement s’est étendu sur l’ensemble du continent et les offres le concernant ne cessent de se multiplier. Il profite de l’explosion de l’usage du mobile et du faible taux de bancarisation en Afrique pour se hisser au sommet dans ce secteur. En effet, selon un rapport des Nations Unies, le nombre officiel d’utilisateurs de téléphones mobiles sur le continent n’a cessé d’augmenter durant ces dernières années passant d’un million en 1996 à 350 millions à la fin de 2009. Une proportion qui devrait continuer à augmenter d’ici 2013 jusqu’à atteindre presque le double dans ce continent où le « cash » est, pour la majorité des habitants, le moyen de paiement le plus utilisé. Ainsi, moins de 20% des ménages africains possèdent, selon la Banque mondiale, un compte bancaire ou ont accès aux services bancaires. Un taux qui descend jusqu’en dessous de 5% dans certains pays. En cause, un secteur financier formel, qui ne s’est pas beaucoup démocratisé depuis les indépendances dans les années 60 et des services bancaires trop coûteux pour la majorité de la population africaine. L’ouverture de compte bancaire est souvent réservée à une population privilégiée bénéficiant d’une adresse résidentielle fixe et d’un revenu mensuel régulier.
Une ère nouvelle Le Mobile Banking permet donc aux nombreux Africains au revenu modeste de régler, via un simple SMS (message texte), 44 AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37
leurs achats, leurs factures ou opérer un virement sans se déplacer et ni avoir besoin d’un compte en banque, les transactions étant débitées sur la facture de l’opérateur. Il a même été envisagé d’élargir le périmètre de ces services de paiement mobile aux entreprises avec les échanges de flux financiers, paiement de taxes et impôts, etc., pour ainsi concurrencer les offres des banques. Avec la généralisation du téléphone mobile et la mise en place de ce nouveau système très novateur, c’est donc le début d’une nouvelle ère significative sur le continent. Certains parlent même de véritable révolution. Rien qu’en Afrique du Sud, selon la First National Bank, près de 3 millions de personnes auraient utilisé quotidiennement en 2008 leur mobile pour accéder à des services bancaires, engendrant plusieurs centaines de millions de rands. L’Afrique est ainsi le continent au monde où le M-Paiement rencontre le plus grand succès, ce qui lui donne une longueur d’avance sur les pays développés en termes d’innovation, allant ainsi à l’encontre de nombreuses idées reçues. Rien de surprenant donc que les plus grands opérateurs de téléphonie mobile africains investissent ce terrain à fort potentiel et très porteur. Wizzit, une banque mobile sud-africaine, a été la première sur le continent à lancer en 2000 ce concept de banque à moindre coût uniquement accessible depuis les téléphones mobiles. Par la suite, d’autres opérateurs, également attirés par ce créneau, s’y sont engouffrés. Ainsi, MTN (Mobile Telephone Networks), une autre compagnie sud-africaine et un des leaders de la téléphonie mobile en Afrique, est présente dans plusieurs pays africains dont la Côte d’Ivoire avec son service « MTN Mobile Money » qu’il envisage d’étendre à
MOB
BANK EN AFR
LA PROSPÉRITÉ A
KING RIQUE
AU BOUT DU FIL
Le M-Payement, une aubaine pour les entreprises Ce système est non seulement une aubaine pour les particuliers mais également pour les entreprises, car comme l’a montré une étude publiée en 2006 par le Centre pour le Commerce en Afrique de l’Ouest de l’USAID (United States Agency for International Development), il y a chaque année pour environ 10 milliards $ de transactions en liquide et ce pour seulement quatre des pays ouest-africains :le Ghana, le Mali, le Nigeria et le Sénégal. Même des entreprises ayant déjà des comptes bancaires, règlent souvent leurs transactions en liquide, car le transfert d’argent peut être coûteux non seulement en argent et en temps. Le Mobile Banking leur permet donc de faire leur travail de manière plus efficace tout en les protégeant des vols et des pertes qui peuvent arriver lors des transports de grosses sommes en liquides. Ces entreprises peuvent aussi profiter des services de MTN qui s’est associé au Centre pour le Com-
merce en Afrique de l’Ouest de l’USAID afin de permettre aux commerçants ouestafricains de faire des transferts d’argent transfrontaliers multidevises avec leurs téléphones mobiles. Un système, qui selon les deux parties, aura un impact extraordinaire sur le commerce et les exportations dans la région et qui va considérablement changer la manière dont se font les échanges monétaires en Afrique de l’Ouest. Le porte-monnaie mobile est donc promis à un bel avenir en Afrique. Les seuls perdants sont les établissements financiers, car certains de ces opérateurs de téléphonie mobile sont devenus des concurrents redoutables avec ces solutions « orientées mobile » où ils contrôlent toute la chaîne de valeur, de la création et gestion du compte au paiement. Le secteur banquier prend donc cette menace de Mobile Banking très au sérieux, car beaucoup s’inquiètent de voir un marché considérable, composé notamment de consommateurs non bancarisés mais économiquement valorisables, leur passer sous le nez. Ainsi, dans les pays francophones, les établissements financiers craignent que le régulateur accorde des agréments bancaires donnant la liberté aux opérateurs d’agir seuls. Face à cette offensive des opérateurs téléphoniques, ce secteur a commencé peu à peu à s’organiser pour défendre ses intérêts.
La riposte des établissements banquiers En réaction aux projets des opérateurs, certaines banques ont décidé de proposer leur propre solution. C’est le cas notamment de la Société Générale qui compte près de 2,6 millions de clients en Afrique. Elle a lancé au Sénégal où elle est numéro un, un nouveau service de paiement par téléphone mobile appelé Yoban’tel. Conçu comme un moyen de paiement universel, il est ouvert à tous, et particulièrement à ceux qui n’ont pas de compte en banque. Tandis que les autres établissements bancaires ont choisi de travailler en partenariat avec les opérateurs de téléphonie qui se chargent du transport des données et de la distribution de l’offre pendant qu’eux s’occupent de la création et de la gestion du compte. On peut ainsi citer les exemples d’Orange, de Maroc Télécom, de MTN qui se sont respectivement associés à BNP Paribas, Attijariwafa Bank, Ecobank et à la Société Générale de banques en Côte d’Ivoire. La prise de pouvoir des opérateurs sur les services financiers par téléphone mobile demeure donc une menace relative. AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37 45
AFFAIRES
BILE
terme dans d’autres pays, notamment ceux d’Afrique de l’Ouest et Centrale. D’autres ténors du secteur comme le groupe français Orange très présent en Afrique, avec son système « Orange money », le britannique Vodafone, le kényan Safaricom et le koweitien Zain, proposent des services similaires. Ce dernier s’est lancé dans le Mobile Banking dès 2002 en Zambie, en partenariat avec le groupe financier sudafricain FirstRand International Limited. Le succès a été immédiat; 2% du PIB de la Zambie auraient même transité par ce mode de paiement en 2006. Depuis l’arrivée du Mobile Banking sur le marché africain, pas un mois ne se passe sans l’annonce d’un nouveau lancement d’un de ses services. Cependant, Safaricom, l’opérateur kényan, filiale du britannique Vodafone, constitue l’une des plus belles « success story » africaines de ces dernières années dans le domaine. Il a mis en place, avec la collaboration d’institutions financières, une plate-forme de M-Payement baptisée M-Pesa qui permet, en plus des services de transfert d’argent et de paiements classiques, d’assurer la distribution et le remboursement de prêts accordés par une institution de micro finance. En trois ans, son offre a conquis plus de 10 millions d’utilisateurs et servi à transférer près de 7 milliards $. Ainsi, 30% des transactions dans le pays passe par le mobile. Rien qu’en 2009, le service a enregistré 670 millions de transactions et a représenté 9% des revenus du groupe.
FLASH INFOS
MIGRATION : UNE RESSOURCE VITALE POUR L’ AFRIQUE Les quelque 30 millions d’Africains installés aujourd’hui à l’étranger constituent une ressource vitale pour le continent selon un nouveau rapport publié par la Banque africaine de développement en partenariat avec la Banque mondiale. Ce rapport présente les données tirées d’une nouvelle série d’enquêtes qui laissent penser que migrations et envois de fonds se traduisent par une baisse des niveaux de pauvreté dans les communautés ou pays d’origine. Ces envois effectués par les expatriés, aboutissent à un surcroît d’investissements en matière de santé, d’éducation et de logement. Par ailleurs, ces diasporas sont également sources de capitaux, d’échanges commerciaux ou de savoir, et de transferts de technologies. Mais selon les deux institutions, les responsables africains doivent encore faire plus pour tirer tous les avantages économiques de ce phénomène de migration. « Les pays africains doivent renforcer les liens entre diasporas et pays d’origine, protéger les migrants et accroître la concurrence sur les marchés des envois de fonds. Sinon, le potentiel qu’offrent les migrations pour l’Afrique restera en grande partie inexploité », prévient Dilip Ratha, économiste principal à la Banque mondiale et principal auteur du rapport. Source : La BAD
MONDE ARABE : LES ORGANISMES INTERNATIONAUX FINANCENT L’APRÈS RÉVOLUTION Les 187 États membres du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale viennent de demander aux deux institutions de Washington de venir en aide aux pays arabes qui souffrent aujourd’hui des retombées économiques des révoltes populaires. Elles ont été chargées d’une évaluation économique afin de mettre sur pied un plan d’action commun avec les cinq institutions internationales d’aide au développement pour la région Afrique du Nord, Proche et Moyen-Orient. Selon les projections, les pays arabes importateurs de pétrole devraient afficher en 2011 une croissance autour de 2%, très insuffisante par rapport à leur croissance démographique, dans un contexte de prix de l’énergie et de l’alimentation élevés. Source : Afrique Avenir
46 AFRIQUE EXPANSION Magazine N˚ 37
ZIMBABWE : LES MINES ÉTRAN-
GÈRES DEVRONT CÉDER LA MAJORITÉ DES CAPITAUX NATIONAUX Toutes les entreprises étrangères possédant des mines au Zimbabwe devront très prochainement (moins de six mois) céder la majorité de leurs parts, selon les nouvelles réglementations. Les nouvelles règles étendent à toutes les sociétés le champ d’application d’une « loi d’indigénisation » publiée en 2010, qui obligeait déjà les compagnies minières étrangères évaluées à 500 000 dollars, de vendre au moins 51% de leur capital à des Zimbabwéens. Le nouveau seuil est désormais fixé à un dollar. Les compagnies minières concernées doivent avoir bouclé leurs plans « d’indigénisation » avant le 9 mai 2011, et toutes les transactions finalisées avant le 25 septembre, précise le texte de loi publié dans le journal officiel du pays. L’adoption de cette loi initiée par le président Robert Mugabe, a créé des tensions au sein du gouvernement d’unité nationale qui dirige le pays, le Premier ministre Morgan Tsvangirai qui est aussi son principal opposant estimant qu’elle décourage les investissements. Source : AFP
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RECONSTRUCTION : LA CÔTE
D’IVOIRE VA RECEVOIR 400 MILLIONS D’EUROS DE PARIS Après 4 mois de crise et l’arrestation du président sortant Laurent Gbagbo (par les forces du chef de l’État reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara, avec le soutien de l’ONU et de l’armée française), la Côte d’Ivoire a reçu un soutien financier de 400 millions d’euros de la France, pour répondre notamment aux besoins urgents des populations et de la ville d’Abidjan. La ministre française des Finances, Christine Lagarde, a rencontré son homologue ivoirien Charles Koffi Diby lors d’une réunion de la zone franc à N’Djamena. Cette aide financière sert entre autres, à relancer l’activité économique ivoirienne et à permettre l’apurement des arriérés vis-à-vis des institutions internationales. La BCEAO avait fermé en janvier ses agences en Côte d’Ivoire à la suite de la réquisition de celles-ci par le gouvernement Gbagbo. Cela signifiait dans les faits une rupture totale entre la banque centrale, basée à Dakar, et le camp du président sortant. Source : AFP
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