skippers Guide
La présentation des équipes 173 ans d’histoire Voyager à Barcelone pour la Coupe
Les AC75 sous toutes les coutures
HERMÈS H08, LE TEMPS, UN OBJET HERMÈS
La présentation des équipes 173 ans d’histoire Voyager à Barcelone pour la Coupe
Les AC75 sous toutes les coutures
HERMÈS H08, LE TEMPS, UN OBJET HERMÈS
Il était une fois un petit pays sans accès à la mer qui rêvait de s’inviter au banquet des grandes nations de la voile. À la surprise générale, il parvint non seulement à se hisser à leur niveau, mais également à diriger les festivités durant sept belles années. Ainsi naquit la passion suisse pour le plus vieux trophée sportif de l’ère moderne. À l’heure où le défi suisse est de retour, bien décidé à graver à nouveau ses nobles lettres sur la mythique Aiguière, Skippers vous propose d’embarquer une fois de plus à son bord pour vivre la légende. Du 22 août, date de la première régate préliminaire, au 27 octobre, date du dernier jour de réserve pour l’America’s Cup Match, Barcelone sera, à n’en pas douter, l’épicentre planétaire de la voile. Pour tout comprendre des enjeux, mieux connaître les forces en présence et accumuler quantité d’informations utiles, que vous souhaitiez suivre la manifestation sur place ou depuis chez vous, Skippers a relevé le défi d’éditer le guide que vous tenez entre vos mains. Nos journalistes spécialisés sont allés glaner multitude d’informations croustillantes qui, à coup sûr, éveilleront votre curiosité et étofferont votre savoir. À l’heure d’imprimer ce supplément, je profite de ces quelques lignes pour féliciter mon prédécesseur à la rédaction de Skippers, Pierre-Antoine Preti, dont nous célébrons le retour régulier dans nos colonnes. Nous lui devons en grande partie ce supplément et espérons que chacun saura en mesurer la qualité. Notre rédaction vous souhaite de vivre de magnifiques moments d’émotion partagée à l’occasion du retour de l’America’s Cup sur notre Vieux Continent.
Quentin Mayerat Rédacteur en chef
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À braver l’inconnu ? À nous aventurer au-delà de nos propres limites ? C’est l’état d’esprit à l’origine de la marque TUDOR, le même qui ha
bite les femmes et les hommes qui portent ces mon-tres. Sans eux, il n’y aurait ni histoires, ni légendes, ni victoires. C’est l’état d’esprit qui donne dépasser. Celui incar né par chaque montre
chaque jour à Bull Racing se TUDOR. pour oser.
Alinghi Red l’envie de -
contentent de suivre. D’autres sont nés
Ce vendredi 22 août 1851, les 15 équipages engagés dans la Coupe des 100 Souverains – ou Coupe des 100 Guinées – n’imaginent pas qu’en régatant autour de l’île de Wight ils écrivent une première page historique. De ce qui s’avérera, 173 ans plus tard et à la veille de la 37e édition, comme le plus ancien trophée sportif mondialement connu, l’America’s Cup. Le plus gros gouffre à millions, même à milliards de dollars de toute l’histoire de la voile.
Texte ) Jacques-Henri Addor
La reine Victoria adore l’île de Wight, au point qu’elle s’y fait construire le château de Osborne House. En 1851, pour créer un événement nautique en rapport avec la Grande Exposition universelle de Londres, elle demande au commodore du Royal Yacht Squadron d’organiser une course à la voile autour de l’île, la Coupe des 100 Guinées. Le trophée qui récompensera le vainqueur est une aiguière d’argent réalisée par l’orfèvre londonien Robert Garrard. Les Américains sont venus spécialement des États-Unis avec la goélette America , pour se mesurer aux rapides yachts anglais. Tout le monde pense que les marins britanniques seront les plus forts et qu’ils vont gagner. Mais ce n’est pas exactement ce qu’il se passe… La goélette America est la plus rapide et repart pour l’Amérique avec l’Aiguière d’argent. Selon les règles établies par le Royal Yacht Squadron, elle sera remise en jeu et reviendra au prochain yacht club vainqueur. L’équipage d’ America remet l’aiguière au New York Yacht Club, l’assortissant d’un acte de donation, le Deed of Gift, qui régit aujourd’hui encore les règles de l’épreuve –certes avec quelques modifications intervenues au fil du temps.
Le New York Yacht Club rebaptise la course du nom de la goélette victorieuse en 1857. Elle n’est toutefois pas réorganisée avant 1870, en raison de la Guerre de Sécession (1861 – 1865). Les Anglais
reviennent concourir en eaux américaines avec la goélette Cambria, 32,91 m de long, 188 tonnes et 830 m2 de toile, mais finissent 8es face aux 14 bateaux du New York Yacht Club. Le trophée leur échappe largement. Bien que victorieuse autour de l’île de Wight, America va connaître plusieurs propriétaires successifs et aussi une série de malheurs. Elle est cédée aux Confédérés (les Sudistes) pour forcer le blocus que leur imposent les troupes de l’Union (les Nordistes). Les soldats de l’Union sabordent le bateau en 1862, après la prise de Jacksonville. Renflouée et même armée de trois canons, l’America est utilisée pour soutenir ce même blocus que les Confédérés entendaient forcer. Finalement, la goélette sera détruite en 1942, dans l’effondrement du hangar où elle était remisée.
1re jauge
Après leur défaite en 1870, les Anglais reviennent auprès du New York Yacht Club et proposent de se mesurer en duels, plutôt qu’en régates à plusieurs bateaux. Les Américains acceptent pour autant qu’ils puissent décider du bateau avec lequel ils défendront la coupe. Et c’est ainsi qu’en 1876, lors de la 3e édition, l’America’s Cup prend le format qu’on lui connaît toujours aujourd’hui : un challenger défie un defender. Pour équilibrer les chances, le New York Yacht Club édicte une première jauge en 1885. Elle sera suivie d’une deuxième mouture en 1893, celle du Seawanhaka Yacht Club. Au tournant du siècle, la coupe se dispute encore entre de très grands bateaux, très lourds, très beaux et très toilés, mais qui, pour l’époque, exigent des budgets pharaoniques. Defender vainqueur en 1903, Reliance mesure 61,26 m de long, 7,92 m de large, déplace 189 tonnes, embarque 64 équipiers et porte jusqu’à 1’500 m2 de toile. Son challenger n’est autre que le Shamrock III de Sir Thomas Lipton, un cotre en acier nickelé plus petit, de 41 m de long et 166,6 tonnes de déplacement, mais presque tout aussi toilé, avec ses 1’315 m 2. Il est par ailleurs le premier challenger doté d’une barre à roue, comme les bateaux américains.
L’ère des J Class
TÉMOINS SURVIVANTS DE LA CLASSE J, LES SOMPTUEUX VELSHEDA ET SVEA.
Lipton perd son défi, mais gagne certainement en renommée et en publicité pour ses affaires de thés et d’épices. Il insiste aussi auprès du NYYC pour s’orienter vers des bateaux plus « raisonnables ». D’abord, c’est l’adoption de la jauge universelle en 1914. Pour l’appliquer, c’est la célèbre Class J qui prend le relais. La jauge universelle, imaginée et rédigée par l’architecte américain Nathanael Herreshoff en 1903, n’entre en application qu’en 1920, au sortir de la Première Guerre mondiale – qui, comme la Guerre de Sécession, a bloqué les régates de la coupe. Elle ne sera en vigueur que de 1930 à 1937, avec pour principale modification l’abandon du temps compensé au profit de duels en temps réel : le premier qui coupe la ligne d’arrivée a gagné. Au total, persévérant comme pas deux, Sir Thomas Lipton se sera engagé dans cinq défis qu’il perdra tous. Jeu de mot sur Lipton et ironie des dessinateurs de la presse américaine, le New York Times publie un « cartoon » de Lipton à la barre de son Shamrock, légendé : « Il y a loin de la coupe aux lèvres » – « There is many a slip between the cup and the lip. » En 1930, le site des régates est déplacé à Newport. La petite ville de Rhode Island va devenir la Mecque de l’America’s Cup. Elle porte encore tous les souvenirs de ces glorieuses années de la coupe, mais leur intensité a sérieusement baissé depuis que les Américains de la côte Est ne sont plus à ses commandes. Avec les Class J, l’America’s Cup reste encore dans des formats de grande taille et de déplacements imposants, qui coûtent chers. Du côté anglais, Velsheda mesure 39,40 m, Endeavour 39,47 m pour 143 tonnes et 721 m2 de toile. Du côté US, Enterprise 36,49 m pour 127,6 tonnes, Resolute 32,50 m pour 105,8 tonnes, Rainbow 39,95 m, 176 tonnes et 750 m2 de toile ; et Ranger, dernier Class J construit pour Harold Vanderbilt, est long de 41,15 m, 166 tonnes et porte 701 m2 de toile. L’instabilité politique de la fin des années 1930 met fin, momentanément, aux confrontations internationales dans le cadre de l’America’s Cup. Même les grandes fortunes et les magnats des affaires ont d’autres préoccupations.
AVEC LOUIS VUITTON, BRUNO TROUBLÉ, ICI AVEC MATTEO DE NORA ET TONY RAE, A CRÉÉ LES RÉGATES DE SÉLECTION ENTRE CHALLENGERS, LA COUPE LOUIS VUITTON.
L’internationalisation Il faut attendre 1958 pour voir reprendre les régates de la coupe lors de la 17e édition. Cette fois, elles se disputent à bord de 12 m JI, ou 12 Metre de Jauge Internationale, qui régneront jusqu’en 1987. Tenaces, seuls les Anglais s’intéressent à revenir dans le match jusqu’en 1962, lorsque les Australiens lancent leur premier défi à l’enseigne du Royal Sydney Yacht Squadron.
Gretel perd, mais gagne tout de même 1 course sur 5 face au Weatherly des Américains. Le NYYC est profondément vexé d’avoir perdu une manche pour la première fois depuis 1930, et change le règlement, interdisant dorénavant aux challengers d’utiliser quoi que ce soit d’américain, qu’il s’agisse de plans ou de technologie.
D’autres pays commencent à s’intéresser à la coupe. Outre l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la
Suède, l’Italie, la Grèce et surtout la France défient les Américains. Après avoir racheté Sovereign et Constellation, le baron Marcel Bich, homme d’affaires inventeur du stylo Bic et passionné de voile, fait construire un premier 12 m JI au chantier Egger à Saint-Aubin, Chancegger. Mais, comme le règlement de la coupe oblige les challengers à construire leur bateau dans leur pays, ainsi que les voiles et l’accastillage, le constructeur naval Hermann Egger doit déménager son chantier de l’autre côté de la frontière, à Pontarlier, où il construira France. Ce 12 m participe aux coupes de 1970, 1974, 1977 et 1980.
Le baron Bich fait appel à Louis Noverraz pour barrer ses bateaux. Il est ainsi le premier Suisse à participer à l’America’s Cup. Mais Bich est d’humeur très variable, parfois même colérique. Il congédie Noverraz, comme il le fera avec d’autres skippers tels que Pierre Delfour, l’entraîneur national Yves-Louis Pinaud et même Eric Tabarly. Bich, excédé, finira par barrer lui-même le France, amusant le monde de la voile. C’est Marc Pajot qui reprendra ensuite l’idée d’un défi tricolore.
Face au nombre croissant de défis, Bruno Troublé et Louis Vuitton imaginent et créent un système éliminatoire pour les challengers, la Coupe LouisVuitton. Le challenger qui remporte la finale rencontrera alors le defender.
Fin du règne américain
En 1983, à force d’insistance et de ténacité, les Kangourous australiens finissent par terrasser l’aigle américain, 4 à 3. Ben Lexcen, l’architecte d’Australia II, a mis au point une arme secrète, la quille à ailettes. Elle permet d’abaisser le centre de gravité du bateau et de le rendre ainsi plus performant. Les Aussies mettent ainsi fin à 132 ans de suprématie américaine. Mais Dennis Conner, le vaincu de cette édition, n’est pas homme à se laisser abattre. Avec Stars and Stripes 87, il repart à l’assaut et dispose de Kookaburra III de Kevin Parry, 4 victoires à 0. La coupe repart donc pour les États-Unis, mais cette fois au San Diego Yacht Club, en Californie. C’est là, en 1988, que se joue l’édition la plus délirante de la coupe – marquant par ailleurs la fin de l’ère des 12 m JI. Les Néo-Zélandais lancent un défi avec un immense monocoque de 37 m, KZ-1. À bord, entre 30 et 40 équipiers. L’équipe de Dennis Conner répond avec un catamaran de 18 m équipé d’un mât aile, Stars and Stripes. Les écarts entre les deux bateaux sont sans appel et, au terme de deux manches, le San Diego Yacht Club conserve la coupe.
En 1992 apparaissent pour la première fois les bateaux de la Class America’s Cup. 25 m de long, 24 tonnes, 325 m2 au près et 750 m2 au portant. Cette
année-là, America3 se défait des Italiens d’Il Moro di Venezia, 4 à 1. Le ping-pong entre les États-Unis et la Nouvelle-Zélande se poursuit en 1995, lorsque les Kiwis de Black Magic font du petit bois de Young America, 5 à 0. La coupe repart aux antipodes.
Ernesto Bertarelli, le petit nouveau
Un membre de la Société Nautique de Genève, Ernesto Bertarelli, est allé suivre les régates à Auckland et décide de constituer un syndicat challenger, le Team Alinghi. Malin, Bertarelli sait s’assurer l’expérience de marins
expérimentés et de bateaux au summum de la technologie. Avec le concours de l’EPFL pour les études de carène, le chantier naval Décision construit les Class America SUI-64 et SUI-75 , tandis que les champions néo-zélandais comme Russell Coutts et Brad Butterworth intègrent l’équipage.
À Auckland en 2003, Alinghi remporte la Coupe Louis-Vuitton 5 à 1 face aux Américains de BMW Oracle. Ils affrontent ensuite les NéoZélandais de NZL-82 , du Royal New Zealand Yacht Squadron, et remportent la 31e édition de l’America’s Cup 5 à 0. Les Kiwis de Dean Barker additionnent les malchances et les avaries. Démâtage, bris de tangon et quantité d’eau embarquée. L’équipe Alinghi, sous la houlette de la SNG porteuse du défi, devient ainsi la première équipe sans accès direct à la mer à faire revenir THE Cup en Europe, après 152 ans d’existence. Une prouesse pour une première participation à la coupe.
Pour assumer son rôle désormais de defender, Alinghi monte une base America’s Cup à Valence, comme il n’est pas possible d’organiser les prochaines rencontres sur le Léman. Le syndicat genevois fait construire deux nouveaux AC, SUI-91 et SUI-100. Sur les rives espagnoles, les Suisses se défont de Emirates Team New Zealand 5 à 2.
REMONTADA HISTORIQUE EN 2013 EN AC 72, DANS LA BAIE DE SAN FRANCISCO. LES AMÉRICAINS D’ORACLE FINISSENT PAR BATTRE LES NÉO-ZÉLANDAIS 9 À 8, APRÈS AVOIR ÉTÉ MENÉS 8 À 1.
L’avènement des multicoques
Survient un épisode juridique au terme duquel le prochain challenger est désigné sur le tapis vert, référence au règlement de la coupe, le Deed of Gift originel. Alinghi fait construire un catamaran gigantesque à Villeneuve, Alinghi 5, 34 m et 11 tonnes, qui, pour regagner la mer à Gênes, est héliporté au-dessus des Alpes par un puissant hélicoptère russe Sikorsky. L’opération est parfaitement réussie. En revanche, le retour en Russie pour cet appareil mythique, Mil MI-26T, se solde par un crash qui le détruit totalement. Le challenger sera BMW Oracle Racing, USA-17, un trimaran à aile rigide de 34 m et 17 tonnes. Comme le Sikorsky qui l’a transporté, Alinghi 5 se fait dézinguer en deux manches, 2 à 0. En 2013, pour la 34 e édition de la coupe, les bateaux retenus sont des AC72, catamarans à foils et à ailes rigides. Les challengers italiens et suédois sont tour à tour éliminés et c’est le Royal New Zealand Yacht Club qui affronte le defender américain d’Oracle Team USA. Les Kiwis semblent avoir partie gagnée et mènent les Américains 8 à 1, lorsque l’équipe d’Oracle Team USA remonte la pente et finit par l’emporter 9 à 8, après avoir changé de foils et d’une partie de l’équipage. Mais les AC 72 sont difficiles à maîtriser et, pour
la 35e édition en 2017, ce sont les AC50, catamarans volants plus petits, qui sont en lice aux Bermudes. Un peu ennuyeuse, cette édition ne restera pas dans les annales, remportée à nouveau par Emirates Team New Zealand face à Oracle Team USA, 7 à 1. Retour aux antipodes pour la 36e édition. Les bateaux retenus sont des AC75, monocoques équipés de foils. Impressionnants de puissance et de vitesse, ils sont potentiellement en mesure d’atteindre les 50 nœuds. Finaliste, l’équipe de Luna Rossa affronte Emirates Team New Zealand, mais perd sur le score de 7 à 3. Les Néo-Zélandais décident rapidement de ne plus organiser la coupe dans l’hémisphère Sud, et prévoient les prochaines confrontations à Barcelone.
Aux portes de la 37e édition de la Coupe Louis-Vuitton, l’histoire du plus vieux trophée sportif ne cesse de s’écrire.
Rêver en grand: ColleMassari raconte jusqu’où peuvent conduire les rêves et la volonté. Jour après jour, choix après choix.
À la fois patron de l’America’s Cup et du Defender, le légendaire Kiwi revient sur les conditions de la 37e édition.
Propos recueillis par Pierre-Antoine Preti
Le Defender Emirates Team New Zealand pourrait gagner la Cup trois fois d’affilée. C’est une perspective historique qui devrait vous réjouir, mais qui peut également mettre la pression...
Absolument ! C’est une position qui a ses qualités et ses défauts. Mais je le vois plus comme une force qu’un surcroît de stress. La pression fait partie intégrante d’une campagne de l’America’s Cup. Il y a tellement d’enjeux. La marge entre la défaite et la victoire est si fine que la motivation est le seul remède pour contrer la pression. En ce qui nous concerne, la perspective de réaliser une triple victoire, quelque chose qui ne s’est jamais fait auparavant, est une énorme source de motivation.
Lors des pré-régates, Emirates Team New Zealand disposait vraisemblablement du meilleur bateau et du meilleur équipage. Êtes-vous confiant dans la victoire de cette Louis Vuitton 37e America’s Cup ?
C’est toujours dangereux d’être complaisant avec soi-même. Cet excès de confiance a probablement nui à de nombreuses campagnes de l’America’s Cup, peut-être une des raisons pour laquelle elle n’a jamais été gagnée trois fois de suite. Ma principale confiance réside dans les membres de mon équipe, leur talent, leur culture et leur éthique de travail.
Quel regard portez-vous sur le retour d’Alinghi Red Bull Racing dans la compétition ?
C’est super de voir Alinghi Red Bull Racing de retour dans la compétition. C’est d’autant plus plaisant qu’ils forment désormais une équipe
« Nous sommes fiers de hisser le drapeau néozélandais à Barcelone »
vraiment suisse, bien plus suisse qu’ils ne l’ont jamais été. Cette réalité va progressivement renforcer la voile suisse à tous les niveaux. De surcroît, disposer du soutien de la puissante équipe média de Red Bull et de son équipe de Formule 1 est une excellente opportunité pour l’exposition de l’America’s Cup en général. En ce qui concerne la performance sur l’eau, attendons de voir. Ils ont une très bonne équipe... même si je crois qu’aujourd’hui toutes les équipes sont bonnes, donc c’est passionnant.
Pourquoi avoir choisi de quitter la Nouvelle-Zélande ?
Ce n’était pas vraiment un choix de notre part. Je parlerais plutôt d’une nécessité de survie économique. C’était indispensable si nous voulions être sur la ligne de départ pour défendre la Cup. En Nouvelle-Zélande, beaucoup de gens ont été bouleversés de voir l’Aiguière d’argent quitter le pays. Aujourd’hui, nous sommes fiers de hisser le drapeau néo-zélandais à Barcelone, une ville iconique au niveau mondial. Comme à Valence, en 2007, des milliers de Kiwis vont faire le voyage pour nous soutenir. C’est une tradition depuis 1987. Je suis persuadé que la qualité de l’événement va les époustoufler.
Êtes-vous satisfait de l’intégration de l’America’s Cup à Barcelone ?
Extrêmement satisfait ! La mairie, la Catalogne, le gouvernement central, les autorités du port et tous les partenaires commerciaux font preuve d’énormément de motivation et de volonté. Je pense que cette édition sera la meilleure America’s Cup jamais organisée. Sur le plan local, l’engouement rappelle l’importance que les Jeux olympiques de 1992 ont eu pour la ville de Barcelone. Nous voulons recréer cette magie et l’offrir à la population qui nous accueille ici.
Quels sont vos objectifs d’affluence sur le site de la Louis Vuitton 37e America’s Cup ?
Pour cette 37 e édition, nous souhaitons toucher 1,5 milliard de personnes. L’événement est diffusé sur le fuseau horaire européen. Le site est facile d’accès depuis le reste de l’Europe. Si l’une des quatre équipes européennes se qualifie pour l’America’s Cup Match, il y aura un afflux important de supporters à Barcelone. Ce printemps, nous avons reçu un rapport Nielsen sur l’audience des régates préliminaires de Vilanova et de Djeddah : 714 millions de personnes ont suivi les compétitions. Nous sommes déjà en bonne voie pour atteindre notre objectif global. En 2021, lors de la 36e America’s Cup, nous avons touché 950 millions de personnes au total. À ce moment-là, les frontières étaient verrouillées par le Covid. En dehors de la Nouvelle-Zélande, la diffusion se faisait au milieu de la nuit pour la majeure partie du monde.
Barcelone attire forcément du monde. Comment allez-vous marier visiteurs ordinaires et fans de voile ? Nous avons travaillé dur pour créer un village de course attractif. Il y a beaucoup d’animations prévues, des FanZones, des écrans géants sur le front de mer. Tous les visiteurs peuvent accéder directement à l’événement, et cela, totalement gratuitement.
Si on excepte le DOG Match de 2010, la dernière présence suisse date de 2007. À l’époque, les Class America étaient équipés de lourdes quilles de plomb. C’est désormais un autre sport. Quelles nouveautés la voile volante a-t-elle apportées à l’America’s Cup ? Il ne faut pas seulement considérer ce que la voile volante apporte à l’America’s Cup, mais bien ce qu’elle apporte à la voile en général.
« MA PRINCIPALE CONFIANCE RÉSIDE DANS LES MEMBRES DE MON ÉQUIPE, LEUR TALENT, LEUR CULTURE ET LEUR ÉTHIQUE DE TRAVAIL. »
« AUJOURD’HUI, NOUS SOMMES FIERS DE HISSER LE DRAPEAU NÉO-ZÉLANDAIS
À BARCELONE, UNE VILLE ICONIQUE AU NIVEAU MONDIAL. »
Depuis qu’Emirates Team New Zealand l’a introduit à l’America’s Cup, en 2013, le foiling a complètement transformé le sport. Aujourd’hui, tous les gosses qui apprennent la voile veulent aller vite et voler. Les talents du futur sont de plus en plus instinctifs. Les Puig Women’s America’s Cup et UniCredit Youth America’s Cup nous donneront un bon aperçu de cette nouvelle culture.
Comment expliquez-vous une présence aussi marquée des équipes de Formule 1 aux côtés des marins ? Qu’apportent les équipes automobiles au monde de la voile ?
La technologie. L’America’s Cup est un jeu technologique. Les équipes de Formule 1 sont parmi les organisations sportives les plus avancées. Ce sont aussi les mieux financées au monde. Il n’est donc pas surprenant qu’il y ait une rencontre fondamentale entre Alinghi et Red Bull, entre Ineos Britannia et Mercedes. Nous saurons à partir de la fin de l’été si cette rencontre est une bonne chose ou non…
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À l’America’s Cup, le vainqueur est le Defender (Emirates Team New Zealand).
Le Defender définit les règles de l’édition en cours avec le premier challenger, que l’on appelle le Challenger of Record (Ineos Team Britannia).
Tous les autres adversaires sont appelés « challengers ».
Texte ) Pierre-Antoine Preti
Pays : Nouvelle-Zélande
Statut : Defender
Yacht Club : Royal New Zealand Yacht Squadron
Directeur général : Grant Dalton
Architecte : Emirates Team New Zealand Design Works
Skipper : Peter Burling
Barreurs : Peter Burling et Nathan Outteridge
Régleurs : Andy Maloney et Blair Tuke
Les Kiwis défendront chèrement leur trophée
Depuis 1987, les Néo-Zélandais sont des artisans acharnés de l’America’s Cup. Si le rugby est sans conteste le sport numéro un dans le pays, la voile sportive suscite un formidable engouement national. Ce soutien indéfectible habite chaque marin kiwi jusqu’au bout des ongles. La victoire historique de la 29e Cup, en 1995 – sous la direction du regretté Sir Peter Blake –, amène le petit pays de l’hémisphère Sud en position de leader mondial. Ces 30 dernières années, il y a eu huit America’s Cup Match. La NouvelleZélande a participé à sept d’entre eux. Elle en a gagné quatre. À ce somptueux tableau de chasse s’ajoutent les victoires engrangées par les nombreux mercenaires, dont le plus célèbre est sans conteste Russell Coutts. Il remporte cinq fois l’America’s Cup en tant que skipper sous les bannières néo-zélandaise, suisse et américaine.
Meilleurs sur le pont et innovants en architecture nautique, les NéoZélandais excellent dans le type d’entrepreneuriat nautique proposé par l’America’s Cup : des campagnes de quatre ans axées principalement sur la vitesse des voiliers.
Aujourd’hui, Emirates Team New Zealand ne fait pas mentir la réputation des marins de l’hémisphère Sud. Vainqueur de l’édition précédente contre
Luna Rossa Challenge, le bateau noir est le leader de cette 37e édition. Il dispose aussi d’un coup d’avance en architecture de bateaux volants. À cela s’ajoute la valeur sportive de l’équipage emmené par Peter Burling et Nathan Outteridge. L’automne dernier, cette équipe a aisément remporté la régate préliminaire de Djeddah sur les petits AC40 monotypes. Ils sont, sur le papier, les meilleurs marins au monde.
Les performances néo-zélandaises font donc figure de benchmarking pour le reste de la flotte. Mais le traditionnel handicap de l’America’s Cup doit jouer en leur défaveur : le Defender est un roi shakespearien, car il ne peut participer à la Louis Vuitton Cup. Il doit se débrouiller pour progresser seul pendant que ses adversaires accumulent de l’expérience lors des éliminatoires des challengers.
Grant Dalton (PDG)
À 66 ans, Grant Dalton a d’abord écumé les océans du globe dans les années 1980, 1990 et 2000. Ses cinq participations à la Whitbread/ Volvo Ocean Race font de lui une légende de la circumnavigation en équipage. Son arrivée au poste de directeur général de Team New Zealand date de février 2003, date de la défaite de l’équipe nationale face au Défi suisse Alinghi. Il dirige l’équipe depuis cette époque et reprend l’Aiguière d’argent aux Américains lors de la 35e édition de 2017 et la conserve, en 2021, lors de la 36 e devant les Italiens de Luna Rossa. Il cumule la fonction de chef d’équipe avec celle d’organisateur de l’America’s Cup.
Peter Burling (skipper, barreur)
Le regard bleu acier de ce natif de Tauranga (NZL) ne trompe pas. Peter Burling est un être à sang-froid qui transperce ses adversaires rien qu’avec les yeux. Ce caractère de battant, c’est son palmarès qui en parle le mieux : de 2009 à 2020, le skipper monte quatorze fois sur les podiums de championnats mondiaux, dont neuf sur la plus haute marche. Ce spécialiste du 49er s’est également offert trois médailles olympiques, dont une en or. Quand il ne navigue pas avec son équipier Blair Tuke, il participe en solo aux mondiaux de Moth (une médaille d’or et une d’argent). En 2017, il devient le plus jeune barreur à gagner la Cup aux Bermudes. Promu skipper en 2021, il la défend victorieusement face aux Italiens. Le voilà conforté dans son double rôle de légende vivante et d’épouvantail vélique. Il est consacré deux fois « Marin de l’année » par la fédération internationale de voile (World Sailing – 2017 et 2015 avec Blair Tuke).
Blair Tuke (régleur)
Il n’y aurait pas de Peter Burling sans Blair Tuke et inversement. Les deux compères ont tout gagné ensemble et entendent bien continuer. Dans le duo, Burling barre et Tuke règle les voiles, ce qui leur ramène 28 victoires dans des régates majeures entre 2012 et 2016. Le régleur accumule 12 médailles dans différents mondiaux, dont 6 en or en 49er. Il est également de tous les voyages olympiques du duo : Rio 2016 (or), Tokyo 2020 (argent) et Londres 2012 (argent). Nommé marin de l’année en 2015, Tuke embrasse victorieusement l’America’s Cup en 2017 aux Bermudes. Un geste réitéré à Auckland en 2021. Sur le bateau noir, cet électricien de formation officie au contrôle des foils.
Nathan Outteridge (barreur)
Sur les podiums olympiques des 49er, quand la paire Burling/Tuke ne rafle pas la médaille d’or, elle revient à Nathan Outteridge. Le barreur australien a un palmarès olympique en quinconce avec ses coéquipiers kiwis, en 2012 à Londres (or) et en 2016 à Rio (argent). Ce sillage commun l’a tellement rapproché de ses adversaires que ce résident de Lake Macquarie est devenu deuxième barreur d’ETNZ. Également actif sur SailGP, il navigue au côté de l’équipe suisse dans le cadre de cette grande ligue de bateaux volants. Son entrée à l’America’s Cup date de 2012. Il rejoint le Challenger of Record suédois, Artemis Racing. Un engagement qu’il honore à nouveau en 2017, avant de s’incliner face aux Néo-Zélandais.
Pays : Grande-Bretagne
Statut : Challenger of Record
Yacht Club : Royal Yacht Squadron ltd
Propriétaire : Sir James « Jim » Ratcliffe, CEO d’Ineos
Skipper : Sir Ben Ainslie
Barreurs : Ben Ainslie, Giles Scott
Régleurs : Iain Jensen, Bleddyn Mon
Sir Ben Ainslie transporte l’espoir d’une nation dans la soute de Britannia : ramener The Old Mug à la maison. Depuis 1930 et Sir Lipton, aucun navire de sa Majesté n’avait disputé trois America’s Cup d’affilée. Créée en janvier 2012, sous l’impulsion de la société Ben Ainslie Racing, l’équipe anglaise est désormais Challenger of Record. Il appartient donc au Royal Yacht Squadron de négocier les conditions de cette 37e compétition. Une tâche d’autant plus chargée émotionnellement qu’il s’agit du club qui organisa le tour de l’île de Wight en 1851. Finaliste de la Prada Cup, les challengers séries de 2021, l’équipage britannique s’était incliné contre les Italiens de Luna Rossa. Ils entendent bien se qualifier pour le Match à l’issue de la Louis Vuitton Cup de l’édition 2024. Héros national pour ses exploits olympiques – il est le marin le plus titré au monde –, Ben Ainslie est un redoutable régatier.
Il subit cependant le désavantage de cumuler le rôle de PDG et celui de navigant. En début d’année, il a dû abandonner la barre du F50 anglais sur SailGP à Giles Scott, son second barreur, afin de se concentrer sur la Cup. Le défi est soutenu par le milliardaire anglais Jim Ratcliffe, magnat de la chimie et passionné de sport – notamment de foot (le Lausanne Sport lui appartient) – et de sports mécaniques. Sur le plan politique, Ratcliffe est un conservateur anglais, fervent défenseur du Brexit. Associé à l’équipe F1 Mercedes AMG depuis la 36e Cup, le team britannique accueille désormais James Allison au Design Team. Ce directeur de F1 a nourri les victoires de Michael Schumacher (Ferrari), Fernando Alonso (Renault) et Lewis Hamilton (Mercedes), jusqu’en 2020. Il n’y a donc pas que de l’espoir dans la flotte anglaise, mais aussi toutes les conditions pour une campagne de haut vol.
Sir James Arthur Ratcliffe (PDG)
D’origine familiale modeste, Jim Ratcliffe est né près de Manchester. Ingénieur chimiste de formation, il fonde le groupe de chimie Ineos en 1998. Il réside aujourd’hui à Monaco et possède une fortune estimée à plus de 20 milliards de livres. Passionné de sport, il engage son entreprise dans un certain nombre de projets sportifs, à commencer, en Suisse, par l’achat du FC Lausanne-Sport. Il est aussi à l’origine de la reprise en main de l’équipe cycliste Ineos Grenadier, le rachat du FC Nice et la prise en main de 25 % des parts de Manchester United. Il est anobli en 2018, année qui marque également son embarquement dans la 36e America’s Cup avec Ineos Grenadier, rebaptisé Ineos Britannia pour cette 37e édition.
Sir Ben Ainslie (skipper, barreur)
Charles Benedict Ainslie est l’une des légendes vivantes qui font l’aura de l’America’s Cup. Avec quatre médailles d’or aux JO et une médaille d’argent (Finn et Laser), « Ben » Ainslie est l’un des deux marins olympiques les plus titrés avec le Danois Paul Elvström. Il a également marqué l’histoire de l’America’s Cup en remportant la 34e édition comme tacticien sur le bateau américain Oracle Team USA. Cela fait de lui le deuxième Anglais, après Charlie Barr (1899, 1901 et 1903), à remporter l’America’s Cup sous pavillon américain. Ben Ainslie rêve désormais de ramener l’aiguière d’argent dans son pays natal.
Giles Scott (barreur)
Deuxième barreur du bateau anglais, Giles Scott a déjà trois campagnes de l’America’s Cup derrière lui et deux médailles d’or olympiques en Finn, à Rio (2016) et à Tokyo (2021). Pour cette quatrième participation, il est pressenti pour le poste de barreur. Poste qu’il occupe désormais sur le bateau anglais du SailGP, après un passage de témoin de Ben Ainslie. Avec une carrière olympique entre parenthèse, le barreur se donne tous les moyens de progression possibles, en vue de la victoire finale.
James Allison (ingénieur F1)
James Allison est l’atout « Formule 1 » de l’équipe anglaise. Né en 1968, l’ingénieur britannique a étudié à Cambridge avant de débuter sa carrière chez Benetton en 1991. Ses talents en aérodynamique et sa vision novatrice l’ont conduit à des postes clefs chez Ferrari et Renault, contribuant à plusieurs titres de champion du monde. Depuis 2013, il occupe le poste de directeur technique chez Mercedes-AMG Petronas F1 Team, partenaire automobile de l’équipe anglaise.
Freddie Carr (power group)
David « Freddie » Carr apporte sa redoutable expérience de la Cup au Challenger of Record britannique. Ce natif de l’île de Wight est un habitué de la compétition. Il vit sa sixième America’s Cup comme cycliste. Il dispose également d’une solide expérience en multicoque, avec cinq saisons en Extreme Sailing Series, dont une victoire au général avec Oman Sail.
Iain Jensen (régleur)
Il faut toujours un Australien dans un équipage anglo-saxon. Mais c’est surtout les qualités de régatier de Iain Jensen qui justifient sa présence sur le bateau britannique. Avec une médaille d’or olympique (Londres 2012) et une en argent (Rio 2016) en 49er, le régleur de voile a officié dans quatre campagnes de l’America’s Cup, dont deux sous pavillon anglais. Son regard technique est aussi apprécié par les concepteurs de voile.
Pays : Suisse
Statut : Challenger
Yacht Club : Société Nautique de Genève
Propriétaire : Ernesto Bertarelli
Architecte principal : Marcelino Botin
Skipper : Pierre-Yves Jorand
Barreurs : Arnaud Psarofaghis et Maxime Bachelin
Régleurs : Bryan Mettraux et Yves Detrey
Coaches : Pietro Sibello et Dean Barker
Un nouveau départ pour Alinghi Red Bull Racing
Au début du millénaire, il était une fois un petit nom, une plaisanterie d’enfant, qui résonnait fièrement dans la bouche des Helvètes : Alinghi. Le patronyme convoque des souvenirs : la surprenante victoire de 2003, sous la conduite de l’expérimenté Russell Coutts et de son « Kiwi Five » ; la défense victorieuse de 2007, sous la conduite de Brad Butterworth ; le drapeau solidement hissé sur les bases d’Auckland et de Valence sur un fond de cor des Alpes. Organisée par le Defender suisse, la 32e édition, avec ses douze concurrents, reste probablement parmi les plus belles de l’America’s Cup. Les habitants du petit pays sans mer évoquent encore avec fierté les embruns victorieux sous la coque des lourds Class America. Mais ça, c’était avant ! Entretemps, il y a eu le conflit juridique, la pantalonnade du Deed of Gift Match de 2010 et la déconfiture sur fond de maxi-multicoques. Aujourd’hui, les membres du Kiwi Five ont pris leur retraite. L’équipage doit se forger une expérience 100 % helvétique. Les bateaux volent. Il s’agit d’un autre sport. Tout est à refaire. Et c’est probablement là l’enjeu principal du Défi Suisse. Car il ne faut pas se voiler la face. Sur le papier, il n’est pas certain que le nouvel Alinghi Red Bull Racing réitère l’exploit de 2003. « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire », disait Corneille. En attendant, les Suisses se sont vite mis dans le coup. Première équipe à s’entraîner à Barcelone, ils se sont classés troisièmes à Djeddah. La suite va dépendre de la qualité de l’AC75. À l’heure où nous mettons sous presse, le design de l’architecte espagnol Marcelino Botin et de son équipe a été mis en œuvre à Ecublens et vogue désormais à Barcelone. La Suisse restant le pays de la technologie à haute valeur ajoutée, les meilleurs ingénieurs du pays ont été rassemblés autour de la bête composite. De son côté, l’écurie Red Bull amène sa science de la Formule 1 et anime la communication suisse avec ses athlètes bigarrés. À en juger par les allers et retours en Autriche, le partenariat conclut du vivant de Dietrich Mateschitz, le créateur de Red Bull décédé en octobre 2022, fonctionne bien. En ce qui concerne la cellule arrière du bateau, les marins d’Alinghi Red Bull Racing sont ce que la Suisse a produit de mieux ces dix dernières années : pendant les pré-régates, Arnaud Psarofaghis et Maxime Bachelin étaient à la barre, Bryan Mettraux et l’expérimenté Yves Detrey se partageaient les réglages. Une configuration qui peut encore bouger d’ici la fin de l’été. L’équipe B est de très bon niveau également. Tout ce petit monde est parti s’entraîner en Arabie saoudite cet hiver sur les AC40 pendant que le Power Group, lui, produit des watts sans discontinuer sur les simulateurs de la base barcelonaise.
Il reste à savoir ce que les meilleurs Suisses sont capables de faire face aux stars mondiales. Pour rappel, Ben Ainslie (Ineos Britannia), Peter Burling (Emirates Team New Zealand) et Tom Slingsby (NYYC American Magic) cumulent à eux trois six médailles d’or olympiques et deux d’argent, sans compter les dizaines de titres mondiaux dans toutes les catégories, de la voile volante aux dériveurs olympiques. Pour gagner, il faudra donc gommer le satané complexe d’infériorité helvète. Ça, c’est le job d’Ernesto Bertarelli. Le milliardaire suisse aime cultiver « l’esprit de famille » au sein de ses équipes. Il est entouré de sa garde rapprochée, Pierre-Yves Jorand (co-manager), Nils Frei (relations sponsors) et les membres de son équipe historique sont là. Les coachs Pietro Sibello (ITA) et Dean Barker (NZL) conseillent et font office de sparring-partners sur l’eau. Autre aide précieuse, l’ancien skipper Brad Butterworth apporte sa vista, son expérience et son humour à l’ensemble. Le cocon protecteur est bienvenu. Il doit impérativement sécuriser les athlètes avant de les lancer en orbite à la fin du mois d’août.
Ernesto Bertarelli (président)
Ernesto Bertarelli, né en 1965 à Rome, est un homme d’affaires suisse d’origine italienne. Issu d’une famille fortunée, il a hérité de l’empire biopharmaceutique Serono, qu’il a développé avant de le vendre. Philanthrope engagé, il consacre une part de sa fortune à des initiatives dans les domaines de la recherche médicale, de l’éducation et de la conservation marine. Navigateur passionné, Ernesto Bertarelli remporte sept fois le Bol d’Or du Léman et huit fois le championnat des D35. En mer, il inscrit quatre victoires sur le circuit international des Extreme Sailing Series (2008, 2014, 2016 et 2018) et gagne le GC32 Racing Tour en 2019 et 2021. Son histoire avec l’America’s Cup démarre avec la retentissante victoire de 2003, puis la défense victorieuse de 2007. « Alinghi » était un personnage imaginaire qui accompagnait Ernesto et sa sœur Dona au bord de la mer quand ils étaient enfants. Le patronyme plait alors au patriarche, Fabio Bertarelli, qui baptise ainsi le premier bateau familial.
Pierre-Yves Jorand (codirecteur sportif)
Sur le lac, en mer ou à terre, Pierre-Yves Jorand fait partie de l’ADN d’Alinghi. Depuis 1994, le codirecteur sportif a été de tous les coups aux côtés d’Ernesto Bertarelli. Maître voilier, il a régaté sur tous les multicoques lacustres : Le Rouge (ex Poséidon), le Jaune et l’imbattable Black. Dès 2004, il enchaîne les saisons en D35, avec un taux de réussite impressionnant. En mer, il participe à l’aventure des Maxi One Design, se lance dans l’America’s Cup au début des années 2000. Bon analyste, fin régatier, le brillant communicateur est souvent la voix de l’équipe face au grand public. La vitesse et la glisse ont toujours fait partie de la vie de cet ancien champion d’Europe en ski de vitesse (1988).
Marcelino Botin (architecte principal)
Fondateur et président de Botin Partners Naval Architecture, l’architecte espagnol Marcelino Botin est un spécialiste des quilles et des appendices. Ça tombe bien. C’est à peu près là que se situent les grands choix de la 37e édition de l’America’s Cup.
Les premiers contacts avec la Cup datent de 2004. Botin travaille sur le Class America néo-zélandais. En 2005, son TP52 gagne l’Audi Med Cup. Une série particulièrement inspirante pour le bureau Botin qui gagnera douze saisons consécutives, de 2008 à 2019. En 2008, son Volvo 70 Puma fait deuxième autour du monde. Idem en 2011, avec le Camper d’ETNZ. Il travaille pour Luna Rossa en 2013 et pour American Magic lors de la dernière Cup.
Arnaud Psarofaghis (barreur)
Avant-dernière génération d’une dynastie de marins lémaniques, Arnaud Psarofaghis (35 ans) a d’abord usé ses fonds de cirés sur les voiliers du chantier familial. Il s’est ensuite littéralement envolé sur les Moths à foils, avec deux titres de champion d’Europe (2008, 2009) et un podium de champion du monde (2009) à la clé. Sacré « Navigateur suisse de l’anné » à 26 ans (2014) c’est tout naturellement qu’il se dirige vers les meilleures équipes lacustres de son époque, Tilt, Realstone, puis Alinghi, avec qui il remporte trois championnats lémaniques (2017, 2018, 2019) en D35, deux championnats d’Extreme Sailing Séries (2016, 2018) et un titre de champion du monde de GC32 en 2019.
Maxime Bachelin (barreur)
Maxime Bachelin aurait-il pu imaginer se retrouver à la barre d’un AC75 à 26 ans ? Pas sûr ! C’est pourtant ce qui attend ce jeune homme extrêmement doué. Arrivé à la voile sur les traces de son frère Jérémy, régleur/grinder du Switzerland SailGP Team, Maxime s’inscrit dans le top 10 mondial en 420. Il se lance ensuite en 49er, avec une jolie 4e place au championnat d’Europe.
Bryan Mettraux (régleur)
Quand il y a un drapeau suisse sur une voile, la famille Mettraux n’est jamais très loin. Sur l’AC75 Alinghi Red Bull Racing, c’est Bryan qui règle. Ce digne citoyen de Versoix ne rechigne pas à travailler les bateaux en bois. Il a été formé comme constructeur naval au chantier naval de Philippe Durr. Champion du monde en GC32 en 2018 et 2019, il intègre Alinghi cette même année après un riche parcours lémanique, notamment au Centre d’Entraînement à la Régate, et une participation à la Red Bull Youth America’s Cup de San Francisco (2013) avec le team Tilt.
Yves Detrey (régleur)
Chez les Detrey, la voile n’est pas une option. Pour Yves, tout a commencé à l’âge de huit ans, au large de Clarens, sur le bateau familial. Fait rare, Yves a participé à l’America’s Cup avant même la création de l’équipe Alinghi, en 2000, avec le bateau suisse Fast 2000. Par la suite, il a été de toutes les aventures Alinghi. Quand il ne navigue pas, il vole, glisse, roule et pratique à peu près tous les sports capables d’assouvir ses immenses capacités physiques et mentales. Il règle les voiles et les foils en mer et ne lâche jamais l’objectif.
Les inséparables Kiwis, Peter Burling et Blair Tuke, ne forment pas un duo gagnant uniquement sur l’eau, mais aussi en dehors. Au fil de leur carrière, du 49er à l’America’s Cup en passant par The Ocean Race, ils ont parcouru le monde. Ces derniers ont ainsi pris conscience que l’océan et la vie qu’il abrite sont soumis à une pression énorme en raison de l’impact de l’homme.
Texte ) Pauline Katz
Les deux piliers du syndicat ETNZ ont fondé Live Ocean en 2019, une organisation caritative pour la conservation du milieu marin. Agir pour protéger les océans était quasiment une évidence pour Peter Burling et Blair Tuke. « La connexion entre la voile et l’océan est unique et puissante. C’est le partenariat parfait entre un sport et un objectif. En tant que marins évoluant sur la scène mondiale, nous sommes en mesure d’utiliser notre image pour amplifier le message d’une action positive en faveur des océans », explique Blair Tuke. Peter Burling ajoute : « Notre objectif principal en lançant Live Ocean était d’utiliser notre plateforme et nos voix pour sensibiliser davantage de personnes aux problèmes auxquels l’océan est confronté. Parallèlement, nous
DR voulions également établir des partenariats pour soutenir le travail extraordinaire déjà accompli par les scientifiques néo-zélandais. »
Projets multiples
L’organisation s’investit sur de nombreux projets que Peter Burling commente : « Depuis la création de la fondation, nous nous engageons pour la sauvegarde de l’albatros des Antipodes, une espèce d’oiseau marin sentinelle en danger d’extinction. Nous sommes également très enthousiastes du potentiel des travaux de recherche sur le rôle des forêts de varech dans la séquestration du carbone. Live Ocean a aussi récemment initié la conversion numérique d’un projet de science citoyenne en Nouvelle-Zélande, appelé Marine Metre2. Désormais, n’importe qui, y compris les écoliers, peut utiliser un smartphone pour créer un modèle numérique 3D du littoral, collectant ainsi de précieuses données. »
À noter que la maison horlogère suisse Omega soutient Live Ocean depuis ses débuts, un partenariat précieux selon Blair Tuke : « Omega nous accompagne depuis longtemps dans notre carrière sportive, et nous ne pourrions être plus heureux de leur soutien pour faire avancer le travail de Live Ocean également. Notre passion commune pour la protection et la restauration de l’environnement marin est ce qui rend notre partenariat solide… après tout, il n’y a qu’un seul océan, et il nous connecte tous. »
Plus d’infos sur liveocean.com
Comment en êtes-vous venus à imaginer le concept de la Louis Vuitton Cup née en 1983 ?
Bruno Troublé a apporté sa pierre à l’édifice monumental qu’est devenu l’America’s Cup. Après avoir barré le défi français en 1977 et en 1980 – réalisant par ailleurs la meilleure performance de l’histoire de la nation tricolore sur la compétition –, il a donné naissance à la Coupe Louis-Vuitton. Panthéonisé au Hall of Fame de l’America’s Cup depuis 2007, il continue par passion à développer des partenariats au service de la manifestation.
« Il n’est pas certain que les quarantenaires soient encore dans le coup ! »
C’est très simple. J’ai eu la chance de participer en 1977 et 1980 à la Coupe avec le baron Bich. Malheureusement, nous avions nos limites budgétaires et comme j’ai pris l’habitude de le dire : « La Coupe, c’est difficile quand on a de l’argent, mais c’est un calvaire lorsque l’on n’en a pas. » Cela pour une raison simple : si lors d’une régate, on termine 40e sur 60 participants, on peut toujours dire qu’il y en a 20 qui sont restés derrière. En match-race, lorsqu’on perd en duel, il est souvent plus difficile de maintenir l’énergie au sein de l’équipe et le manque de moyens joue un rôle déterminant. En 1983, Bich s’est retiré et j’ai pris la charge de mener le défi français. Faute de soutiens financiers suffisants, nous avons dû nous résoudre à prendre le même bateau qu’en 1980, les mêmes voiles, le même équipement. Jusqu’à cette époque, les Challengers organisaient eux-mêmes le processus de sélection pour participer au Match. Cela faisait peser un coût supplémentaire sur les équipes. Lorsque j’arrive autour de la table, les autres challengers m’annoncent que j’allais devoir payer l’équivalent de 500’000 euros. Je leur ai alors expliqué que je n’avais pas un rond pour payer ma part ! Il me fallait trouver un sponsor. Je connaissais un
peu le président de Vuitton. Je l’ai appelé pour en discuter et il m’a dit : « Je vous rappelle ce soir. » C’est ainsi que nous avons imaginé la Coupe Louis Vuitton. L’idée était de créer un circuit pour rendre l’America’s Cup plus visible avec des régates plus étalées dans le temps et plus d’équipes engagées. Les retombées furent mondiales et ont permis d’augmenter l’intérêt du public pour la Coupe. Il s’agit, aujourd’hui encore, de l’un des plus longs partenariats commerciaux au monde entre une marque et un événement sportif.
Certaines critiques ont été émises concernant le manque de régates préliminaires en AC40 pour cette édition. Quelle est votre opinion ? Je pense que le format est très bien tel qu’il est. Les régates préliminaires diluent le suspense. Si l’on sait à l’avance qui va gagner, suivre la
compétition devient moins intéressant. Je comprends l’envie des équipes de s’entraîner en régatant, mais l’intérêt du sport, c’est le suspense. Nous en saurons plus sur les forces en présence lors du lancement la Coupe Louis Vuitton en septembre.
En tant qu’observateur aguerri et expérimenté, vous risqueriez-vous à des pronostics pour la prochaine édition ?
Je n’en sais pas plus que les autres. Une question reste cependant ouverte concernant les Anglais. Il s’agit de la seule équipe à avoir construit un bateau vraiment différent de tous les autres. Si leur concept s’avère concluant, les différentiels de vitesse pourraient être importants. Sinon, je trouve que le jeu reste très ouvert. Je vois bien une finale opposant ETNZ aux Suisses ou aux Italiens. Je suis sidéré par la compétence des jeunes sur cette édition, comme c’est le cas avec Marco Gradoni, de Luna Rossa, qui remportait son troisième titre mondial d’Optimist en 2019 ! Ce n’est plus de la régate telle qu’on la connaissait. Le niveau de réactivité demandé nous fait rentrer dans l’univers du jeu vidéo. Il n’est pas certain que les quarantenaires soient encore dans le coup !
Bruno Troublé nous partage des anecdotes et des histoires inédites sur sa famille et des personnalités qu’il a rencontrées (Gardini, OwenJones, de Broca, Tapie, Deniau…). Il nous dévoile les coulisses des événements uniques créés avec son agence Jour J (Candidature de Paris aux JO, Voiles de la Liberté), sans oublier de partager sa passion pour la Coupe de l’America qu’il a suivie depuis 40 ans, en tant que skipper puis comme organisateur de la Louis Vuitton Cup.
Pays : Italie
Statut : Challenger
Yacht Club : Circolo della Vela Sicilia
Propriétaire : Patrizio Bertelli, CEO de Prada
Architecte principal : Horacio Nicolas Carabelli
Skipper : Max Sirena
Barreurs pressentis : Francesco Bruni, Jimmy Spithill, Marco Gradoni
Régleurs : Umberto Molineris
Coach : Philippe Presti
La fougue et l’élégance de l’Italie
Luna Rossa Prada Pirelli Team est un sérieux challenger de cette 37e édition. Pour sa sixième participation, l’équipe italienne ne se refuse rien. L’équipe du skipper Max Sirena a choisi de mettre en concurrence l’énorme expérience des barreurs Jimmy Spithill (AUS), Francesco Bruni (ITA) et l’explosivité des jeunes Marco Gradoni (ITA) et Ruggero Tita (ITA). Cette deuxième équipe a notamment fait parler d’elle en terminant en finale à Djeddah, lors des pré-régates en AC40. Difficile, dès lors, de savoir qui sera à la barre du bateau transalpin au moment où nous mettons sous presse. Lors de la 36e Cup, en 2021, les Italiens ont remporté la Prada Cup. Lors du Match final, ils ont réussi à gagner trois courses contre les NéoZélandais, soit le meilleur score dans l’histoire de l’America’s Cup pour une équipe perdante. C’est donc fort de cette expérience, avec des moyens à la hauteur de l’événement, que le bateau transalpin se lance à la conquête de l’Aiguière d’argent. Parmi ces moyens humains, citons une présence
helvète loin d’être anodine : celle de Jean-Claude Monnin. Responsable des simulateurs de l’équipe italienne, Jean-Claude est tombé dans l’America’s Cup avec ses logiciels de régate créés sur les bancs de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne. Pour sa septième participation – la première avec Luna Rossa –, le plus « numérique » des frères Monnin a déjà gagné la Cup quatre fois, dont deux avec Alinghi (2003, 2007) et deux avec ETNZ (2017, 2021).
Sous les couleurs du Circolo Della Vela Sicilia, l’équipe Luna Rossa Prada Pirelli Team met un point d’honneur à parer son équipe sportive avec l’élégance et le lifestyle chers à Patrizio Bertelli et à son épouse Miuccia Prada.
Patrizio Bertelli (PDG)
Âgé de 77 ans, Patrizio Bertelli est un animateur assidu de l’America’s Cup depuis 25 ans. Né en Toscane, il crée Sir Robert, une compagnie de produits de luxe en cuir, pendant ses études. Son mariage avec Miuccia Prada, petite-fille de Mario Prada, donne une nouvelle envergure à l’entreprise familiale dans les années 1980. À la tête d’une fortune estimée à 5 milliards de dollars, le couple crée la fondation Prada en 1993. En 1997, le couple Bertelli-Prada lance son premier challenge en vue de l’édition 2000 de l’America’s Cup. Il ne quittera plus le circuit depuis, avec le succès grandissant qu’on lui connaît.
Max Sirena (skipper)
Le premier contact des Suisses avec Massimiliano « Max » Sirena est plutôt douloureux. C’est lui qui était responsable de l’aile gigantesque du bateau américain BMW Oracle Racing, en 2010, lors du Deed of Gift Match de la 33e édition qui défit Alinghi. Natif de Rimini, le skipper du bateau italien depuis 2013 a participé à huit campagnes d’America’s Cup. C’est la sixième fois avec Luna Rossa. Outre les sports d’eau, le marin est également passionné de moto et de vélo.
Philippe Presti (coach)
S’il n’avait été marin, Philippe Presti aurait choisi l’enseignement. Pour sa septième America’s Cup – dont deux victorieuses (Oracle Team USA, 2010 et 2013) –, le coach français fait fonctionner son art de la pédagogie auprès de l’équipe sportive et du grand public. Bourlingueur, il a gagné de nombreuses médailles dans divers circuits internationaux tels que les classes Finn et Soling, ainsi que le circuit mondial de Match Racing, les RC44, les 12 Metre et les Maxi.
Jean-Claude Monnin (simulateur)
Voilà le couteau suisse de l’équipe italienne. Ce Zougois d’origine jurassienne a été repéré par Russell Coutts à l’âge de 24 ans, alors qu’il jouait avec l’un des premiers simulateurs de régates sur les bancs de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne. Deuxième d’une fratrie célèbre dans le monde de la voile lémanique et du match racing international (Éric et Marc), Jean-Claude a déjà gagné la Cup quatre fois, dont deux avec Alinghi (2003, 2007) et deux avec ETNZ (2017, 2021). Sa première campagne sous les couleurs italiennes marque sa septième participation à l’America’s Cup. Un véritable porte-bonheur.
Jimmy Spithill (barreur)
Jimmy Spithill est le barreur le plus expérimenté de l’America’s Cup. En 2010, lors du Deed of Gift Match opposant Alinghi à Oracle BMW Racing, c’est ce jeune Australien qui avait mené l’équipe de Larry Ellison à la victoire. Vainqueur de l’America’s Cup en 2010 et en 2013, avec la remontada historique de 8-1 à 8-9 face aux Kiwis, Spithill partage avec Denis Conner le record du plus grand nombre de victoires de manches (17) lors d’un Match de la Cup. Homme de tous les records, il est non seulement le plus jeune barreur de la Cup en 1999 (20 ans) mais il a également barré lors des sept dernières America’s Cup, dont quatre en finale (Oracle 2010, 2013, 2017, Luna Rossa 2021).
Marco Gradoni (barreur)
Voilà la nouvelle entrée de la cellule arrière italienne. Monté à bord de Luna Rossa en 2022, Marco Gradoni disputera sa première America’s Cup en 2024. Ce très jeune barreur comprend tout ce qui flotte dès qu’il le touche. L’automne dernier à Djeddah, lors des pré-régates en AC40, il a fait parler de lui en qualifiant son équipe pour la finale face à ETNZ. Trois fois champion du monde d’Optimist d’affilée (2017, 2018, 2019), Gradoni est nommé « Marin de l’année Rolex » à l’âge de 15 ans, en 2019. Il deviendra champion du monde de 470 mixte, avec Alessandra Dubbini, en 2021.
Pays : États-Unis
Statut : Challenger
Yacht Club : New York Yacht Club
Associés principaux : Hap Fauth et Doug DeVos
Architecte principal : Scott Ferguson
Skipper : Terry Hutchinson / Tom Slingsby
Barreurs : Tom Slingsby and Paul Goodison
Régleurs : Lucas Calabrese, Riley Gibbs, Michael Menninger
Head Coach : Tom Burnham
American Magic a donné rendez-vous à l’Histoire « American Magic » est la conjonction de deux noms de voiliers : « America » pour la goélette qui remporta « la coupe des 100 guinées » autour de l’île de Wight, en 1851, et « Magic » pour le nom du yacht qui défendit victorieusement l’America’s Cup pour la première fois, dans la baie de New-York, en 1870. C’est avec ces deux symboles historiques que Hap Fauth a lancé son Défi américain, en octobre 2017, à l’occasion de la 36e America’s Cup de 2021. Il était accompagné du coureur automobile retraité Roger Penske et du CEO de l’équipe Quantum Racing Doug DeVos. Mais, en demi-finale de sélection des challengers, le spectaculaire et destructeur chavirage du voilier Patriot l’élimine face aux Italiens. Pour cette 37e édition, l’équipe américaine s’est associée le concours de deux mercenaires de choix : avec l’Australien Tom Slingsby et l’Anglais Paul Goodison, les Américains s’offrent deux palmarès impressionnants, tant au niveau olympique qu’avec les bateaux volants de SailGP.
Après cinq campagnes d’America’s Cup, l’expérimenté Terry Hutchinson joue toujours les chefs d’orchestre stratégiques avec une nouvelle direction exécutive. Vainqueur lors de la pré-régate de Vilanova, dans des conditions un peu douteuses, l’équipe n’a cependant pas confirmé l’essai dans la brise de Djeddah. Il reste à voir le bateau que le Design Team dirigé par Scott Ferguson va réussir à construire, sachant que ce dernier architecte naval est un transfuge de l’équipe italienne Luna Rossa, qu’il a quittée à l’occasion de cette campagne. À Barcelone, l’équipe américaine souhaite assurément faire honneur à la légende et ramener l’Aiguière d’argent dans sa vitrine des salons feutrés du New York Yacht Club.
John J Hap Fauth (associé principal)
Fondateur en 2005 et principal animateur de l’équipe « Bella Mente Racing », Hap Fauth est un businessman américain actif dans différents secteurs, de l’agriculture à l’aéronautique. C’est également un skipper de maxi yacht. En octobre 2017, il fonde le Bella Mente Quantum Racing avec son compère Doug DeVos. L’ajout de l’ancien pilote automobile Roger Penske et la collaboration avec le New York Yacht Club constitue le cœur du premier Défi américain pour la 36e campagne de l’America’s Cup. Relancé pour la 37e campagne, American Magic continue sa quête de l’Aiguière d’argent avec les deux associés de base.
Doug DeVos (associé principal)
Membre distingué du New York Yacht Club, Doug DeVos est un businessman américain héritier de la compagnie familiale Amway, spécialisée dans les produits de beautés et de soins. Il est aussi l’actionnaire principal de la voilerie Quantum Sails, basée à Traverse City, dans le Michigan. Dans le monde de la voile, ce père de quatre enfants est également connu pour avoir fondé le Quantum Racing Team. Avec l’aide de Terry Hutchinson, DeVos a remporté quatre fois le championnat des TP52 (2018, 2016, 2014, 2013).
Terry Hutchinson
(skipper, President of sailing operations)
Nommé deux fois « Marin de l’année Rolex » (2008, 2014), Terry Hutchinson est un personnage clé de la stratégie de l’équipe américaine. Onze fois champion du monde en Corel 45, J24, TP52, Farr 40 et classes IMS, le marin a aussi gagné la Louis Vuitton Cup avec Emirates Team New Zealand en 2007. Il laisse cinq America’s Cup dans son sillage, sans aucune victoire pour l’instant. À 56 ans, il souhaite probablement terminer le job sous son propre drapeau national et avec une équipe qui en a définitivement les moyens.
Tom Slingsby (barreur)
Vainqueur de l’America’s Cup 2013, avec le Team Oracle USA, l’Australien Tom Slingsby est l’un des trois meilleurs barreurs de grands bateaux volants au monde. Au SailGP, il a remporté les saisons 1 et 2 avec l’équipe australienne. D’abord passionné de tennis, le jeune homme est fasciné par les marins olympiques lors des jeux de Sydney (2000). Il se lance alors en Laser et domine la série, avec cinq titres de champion du monde entre 2006 et 2012 ainsi qu’une médaille d’or aux JO de Londres (2012). Nommé meilleur marin de l’année en 2010, cet amateur de jiujitsu s’offre la Rolex Sydney Hobart Yacht Race en 2016 et son premier titre mondial en Moth en 2019.
Paul Goodison (barreur)
Paul Goodison est détenteur d’une médaille d’or en Laser lors des Jeux olympiques de Beijing (2008). Né en 1977 dans le South Yorkshire, le citoyen britannique gagne les mondiaux de Laser en 2009 devant un certain… Tom Slingsby. Autant dire qu’à défaut d’être citoyens américains, les deux barreurs d’American Magic se connaissent à la perfection. Goodison possède aujourd’hui trois titres de champion du monde de Moth en 2016, 2017 et 2018, ce qui fait de lui un spécialiste du vol. Quand il lui reste du temps, il est également champion du monde en Melges 20 et Melges 32. C’est sa deuxième campagne sous les couleurs américaines.
Scott Ferguson (coordinateur des architectes)
Scott Ferguson travaille dans l’industrie nautique depuis 1984. De retour sous la bannière américaine après un détour chez Luna Rossa lors de la 36e Cup, l’architecte en est à sa cinquième campagne d’America’s Cup, dont deux victorieuses, en 2013 et en 2010, avec Oracle BMW Racing. C’est lui qui avait dessiné la gigantesque aile américaine fatale à Alinghi lors du Deed of Gift Match. Navigateur à ses heures perdues, Ferguson signe également d’excellents résultats dans les championnats américains de Laser et de Moth.
Pays : France
Statut : Challenger
Yacht Club : Société Nautique de Saint-Tropez
Fondateur : Stephan Kandler, CEO de K-Challenge (avec Ortwin, son père)
Directeur général : Bruno Dubois
Architecte principal : Benjamin Muyl
Skipper : Quentin Delapierre
Barreurs : Quentin Delapierre et Kevin Peponnet
Régleurs : Jason Saunders et Matthieu Vandame
Coach : Franck Cammas
Les Français veulent créer la surprise
L’équipe Orient Express Racing Team est la dernière entrée dans la course à la 37e America’s Cup. Les Français disposent de deux atouts majeurs : un « deal » avec Emirates Team New Zealand qui devrait leur fournir leurs précieuses « datas », les données architecturales du bateau kiwi, et la qualité de leur équipe navigante. Formée à l’école de la course au large mais aussi de l’olympisme, en Nacra 17, l’équipe du skipper Quentin Delapierre a fait forte impression lors de la première pré-régate de Vilanova, en remportant la première manche avec seulement douze jours de navigation en AC40.
Créée par Ortwin (père) et Stephan Kandler (fils) en 2001 en vue de l’America’s Cup 2007 et des
suivantes, l’entité K-Challenge est dédiée à la quête de l’Aiguière d’argent. Elle fait suite à la société de mise à disposition de voiliers K-Yachting. Une huitième place à Valence couronne les débuts de cette « petite équipe ». Mais la progression française se perd dans les méandres juridiques du Deed of Gift Match de 2010.
De retour en force dans l’arène, K-Challenge s’est ajouté le concours de la firme automobile Alpine Motorsport, du directeur belge Bruno Dubois et, last but not least, des compétences de coaching du coureur au large, Franck Cammas, connu pour son exigence et son regard acéré sur les performances des équipes sportives.
Si l’équipe française fait pour l’instant figure de « rookie » dans le grand cirque de l’America’s Cup, il serait dangereux de la sous-estimer. Les « Frenchies » disposent désormais d’un cercle de compétences suffisant pour une surprise au classement final. À cela s’ajoute le poids financier du groupe Accor et ses marques Orient Express et All.com. Cette grande nation de la voile mérite amplement sa place dans le concert des prétendants à l’America’s Cup.
Stephan Kandler (fondateur et directeur général)
Le retour de Stephan Kandler dans le circuit fait plaisir. Né d’un père allemand, Ortwin, pionnier du programme Airbus dans les années 1960 et d’une mère française, Stephan se lance dans l’import-export de bateaux de course avec l’entreprise K-Yachting international. Expert en recherche de fonds, il reprend intégralement l’entreprise familiale au décès d’Ortwin, son père, le 31 décembre 2013. À l’âge de 54 ans, Stephan Kandler partage son temps entre l’America’s Cup et les vignobles de l’entreprise familiale.
Bruno Dubois (directeur général)
Talentueux marin, ce double national belge et canadien est tombé dans la voile quand il était petit. Il gagne la Mini Transat sur un Muscadet en 1983. Il écume ensuite les mers et les pontons de course au large de la Volvo Ocean race à l’America’s Cup, en passant par les Extreme 40, où il subit à 50 ans un dangereux chavirage. Doté d’une formation de maîtrevoilier, il prend la direction de North Sails France de 1991 à 2015. Il dirige ensuite plusieurs équipes sportives, d’Ellen MacArthur au Team Groupama France, en passant par l’équipe française au SailGP. À 65 ans, l’associé de K-Challenge dispose d’une précieuse connaissance des rouages du sport.
Franck Cammas (coach performance)
Des trimarans de 60 pieds ORMA au maxi multicoque, ce fut le coureur au large le plus coté de l’Hexagone entre 2010 et 2020. Il fut d’ailleurs élu marin de cette décennie avec le Team Groupama. Diplômé de math et de piano, ce citoyen d’Aix-en-Provence a presque tout gagné, de la Volvo Ocean Race 2011-2012 à la Route du Rhum, en passant par le Trophée Jules Verne en 2010. Lors de la 35e America’s Cup avec le Team Groupama France, en 2017, il se fracture gravement la jambe (fracture tibia-péroné) avant de gagner la Transat Jacques Vabre avec Charles Caudrelier. Le petit prince est de retour chez K-Challenge. Une bonne nouvelle pour la France.
Quentin Delapierre (skipper et pilote)
C’est à la cataschool de Larmor Baden que Quentin Delapierre découvre les joies de la glisse en mer. Originaire de Vannes, dans le Morbihan, diplômé en management du sport, ce fils de windsurfer apprend l’analyse des données au sein de l’équipe Sodebo Ultim, gagne deux fois le Tour de France à la voile avec son compère Kevin Peponnet et se lance dans l’olympisme en Nacra 17. Depuis 2021, il barre le France SailGP Team. Il a renoncé à sa participation aux JO de Paris afin de se donner toutes les chances de faire parler la poudre lors de cette 37e édition.
Kevin Peponnet (barreur)
Le neveu de Thierry Peponnet, double médaillé olympique en 470, n’a pas à rougir de sa propre carrière. C’est aussi en 470 que Kevin a fait ses classes sur les plans d’eau de son Pays basque natal. Champion de France et champion d’Europe junior, il rencontre Quentin Delapierre en J80 puis partage deux victoires avec lui sur le Tour de France à la voile avant d’inscrire son nom dans l’équipage du France SailGP Team. Diplômé de l’INSA, l’ingénieur en matériaux de formation met son savoir au service de l’équipe française.
Jason Saunders (régleur)
C’est le Kiwi qui vitamine l’équipe française. Jason Saunders est originaire de l’île du nord. Tout jeune, il régate au Tauranga Yacht Club en compagnie d’un certain Peter Burling. Il court la Red Bull Youth America’s Cup à San Francisco en 2013 et se lance dans une campagne olympique (Rio 2016) en Nacra 17. Marié à l’équipière française de Quentin Delapierre, Manon Audet, il s’intalle en France. Il navigue alors avec l’équipe suisse Team Tilt en GC32, puis écume le SailGP sur les bateaux néo-zélandais, américains et suisses. L’accession à l’America’s Cup sous bannière française est le fruit logique de toutes ces rencontres.
Une jauge très contrainte et un programme officiel de transparence. L’organisation a tenté de limiter les coûts de recherche, de développement et d’espionnage afin de permettre la participation à moindre frais.
Texte ) Pierre-Antoine Preti
Dans les grandes lignes, les bateaux de la 36e édition, disputée en 2021 à Auckland, sont les mêmes que pour la 37e. Mais la jauge des monocoques volants a passablement évolué. Les équipes ne peuvent construire qu’un seul grand bateau. Il n’y a pas de coup d’essai. Seuls les anciens bateaux peuvent encore être utilisés. C’est la raison pour laquelle Alinghi Red Bull Racing s’est procuré l’ancien bateau d’Emirates Team New Zealand, avec lequel l’équipe a pu s’entraîner l’hiver dernier.
Le cahier des charges du bateau est ambitieux : il doit voler à près de 50 nœuds dans des airs moyens de 12 nœuds, soit les conditions moyennes de la fin de l’été barcelonais. Pour répondre à cet objectif, les foils sont désormais plus larges afin de décoller plus tôt et voler plus vite. Le bateau
LE BATEAU DE LA 37e AMERICA’S CUP DOIT VOLER À PRÈS DE 50 NŒUDS DANS DES AIRS MOYENS DE 12 NŒUDS, SOIT LES CONDITIONS MOYENNES DE LA FIN DE L’ÉTÉ BARCELONAIS.
est plus léger et tous les systèmes électroniques indispensables au vol ont été upgradés.
La production d’énergie : un enjeu important
Le nombre d’équipiers a été réduit de 11 à 8, ce qui réduit considérablement les capacités de production du power group. Pour compenser, les cyclistes – inventés par Emirates Team New Zealand en 2017 – ont repris du service. La production d’énergie est un enjeu technique important. Il faut compenser la perte de toutes
les manières possibles. Les bateaux sont donc devenus des modèles de récupération d’énergie.
La jauge est très contrainte. Il y aura rarement eu aussi peu de marge de manœuvre dans l’architecture des bateaux de l’America’s Cup. Les équipes n’ont le droit qu’à une seule coque et une seule paire de foils pour leur grand bateau. Les bras sont fournis, les safrans et le mât sont également des pièces imposées. Idem pour les voiles. Pour les designs teams, il n’y a pratiquement pas de possibilité d’expérimentation sur le grand bateau. Le dessin de l’AC75 est un fusil à un coup.
Les AC40 innovent
L’innovation se fait sur d’autres plateformes : les petits AC40 vendus par l’organisation. Ces bateaux fournis clés en main ont été utilisés lors des pré-régates de l’automne dernier. Ils sont également utilisés lors de la Youth & Women America’s Cup en version monotype. Mais hors des compétitions, ces bateaux permettent de s’entraîner au match racing, à partir du moment où les équipes en possèdent deux. Ils servent aussi de banc d’essai en matière de recherche et de développement. Une fois modifiés, on les appelle des LEQ12.
Lors des régates finales, c’est l’AC75 de deuxième génération, avec ses programmes de vol maison, qui sera l’outil de victoire ou de défaite. C’est donc sur ce grand bateau que les architectes et les ingénieurs ont concentré l’essentiel des travaux.
Un bateau construit dans le pays d’origine
Le bateau doit être construit dans le pays d’origine du Défi. On estime qu’Alinghi Red Bull Racing a mis dix mois à construire le sien. Une trentaine de constructeurs de bateaux, supervisés par des ingénieurs, en collaboration permanente avec le design team basé à Barcelone, se sont mis à l’œuvre sur les hauts d’Ecublens, dans le canton de Vaud. Plusieurs dizaines de PME locales ont participé à sa construction, ainsi que le laboratoire de mise en œuvre de composites à haute performance de l’EPFL. Conçue à la manière d’une recette de cuisine, chaque pièce a été cuite entre trois et cinq fois dans les grands fours du chantier. La coque de BoatOne a été livrée au début du mois de mars à Barcelone. Elle a été baptisée et dévoilée au début du mois d’avril.
Le simulateur est roi
Mais ces engins restent très fragiles et extrêmement complexes à mettre en œuvre. Chaque mise à l’eau est une aventure en soi, avec des risques de casse et un très fort engagement en ressources humaines. Pour gagner du temps, toutes les équipes travaillent et s’entraînent sur des simulateurs. Les outils virtuels permettent de naviguer sans casse. Mieux que les mots, les gestes effectués sur un simulateur améliorent aussi le dialogue entre les marins et les designers. À l’aide de ces précieuses données récoltées dans le secret des bases, les structuristes mettent en place les derniers détails d’ergonomie. Les électroniciens peaufinent le programme final. Tous intègrent les données humaines. Le clapot barcelonais, qui s’avère relativement musclé et complexe à appréhender, fait également partie des éléments d’études.
Une prise en main rapide
L’autre donnée technologique importante réside dans le court délai de prise en main du bateau. Au-delà de sa vélocité, il faut également prendre en compte les aspects humains de formation dans un temps limité. Le meilleur bateau ne sera donc pas forcément le plus rapide en vitesse pure. D’ailleurs ce dernier élément n’a que peu d’importance à l’America’s Cup. On lui préfère désormais la vitesse au tour, qui inclut toutes les transitions. Aujourd’hui, le nouveau graal des designers est probablement la capacité à accélérer après une manœuvre, à relancer le bateau.
Il arrive que certaines équipes reçoivent des cadeaux technologiques. C’est le cas, cette année, des Français qui se sont inscrits in-extremis. Les Kiwis leur ont promis un paquet de données sur la dernière génération d’AC75. Une pratique disputée qui ne fait pas que des heureux au niveau des challengers. Le « design package » du Defender
est un cadeau de choix qui va largement profiter aux Français. Mais que l’on ne s’y trompe pas, ce cadeau n’est pas innocent. En observant son « sistership » français, le Defender pourra mesurer son évolution technologique sur l’eau pendant la Louis Vuitton Cup – les éliminatoires des challengers –, qui lui est traditionnellement interdite.
L’espionnage officiel de l’organisation Mais qu’est devenu l’espionnage, si fréquent lors des dernières éditions ? En contraignant la jauge et en obligeant les équipes à dévoiler leurs innovations technologiques, l’organisateur a largement réduit les frais d’observation des adversaires. Mieux, il a même officialisé un programme d’espionnage intitulé Joint Reconnaissance Programme (RECON). L’objectif est de limiter la course à l’espionnage qui multipliait les bateaux et les dangers sur le plan d’eau. À chaque sortie, les bateaux de la Cup sont suivis par un bateau officiel qui immortalise la session. Ces documents ainsi que le nombre de manœuvres, la vitesse, la durée et le parcours de l’entraînement sont publiés le soir même. Toutes les équipes reconnaissent suivre les évolutions de la concurrence via les fichiers RECON. La cerise sur le gâteau du RECON, c’est le chavirage. Il permet de photographier les dessous d’une coque et de mesurer précisément les surfaces de foils. À Barcelone comme ailleurs, les images des équipes RECON alimentent copieusement les discussions au sein de la communauté de l’America’s Cup.
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Cet automne, les six équipes de la Cup se sont mesurées sur les AC40. La régate préliminaire de Djeddah a tenu toutes ses promesses dans une brise soutenue. Celle de Vilanova fut un pétard mouillé. Team New Zealand a marqué sa supériorité à armes égales. Alinghi Red Bull Racing est régulier mais encore victime d’erreurs de jeunesse.
Texte ) Pierre-Antoine Preti
Les organisateurs de la 37e America’s Cup nous ont offert un cadeau inhabituel, l’automne dernier : de la monotypie. À part quelques rares exceptions, la régate à armes égales n’est pas dans les gènes de l’Aiguière d’argent. Les AC40, petits bolides volants fournis clés en main par l’organisateur, n’ont été utilisés par les équipes professionnelles que lors de ces deux premiers événements. Ils serviront ensuite à l’optimisation technique du grand bateau, aux entraînements, ainsi qu’aux Youth et Women America’s Cup. La dernière pré-régate se disputera sur les AC75 du 22 au 25 août.
En attendant, les événements de Djeddah et de Vilanova nous ont donné un aperçu des qualités sportives de chaque équipe au niveau de la tactique, de la stratégie et des procédures de départ. Le Defender Emirates Team New Zealand, en prise directe avec les Italiens de Luna Rossa en Arabie Saoudite et American Magic en Espagne, a clairement donné le ton.
Les Suisses en embuscade
En embuscade, à l’entrée du podium, Alinghi Red Bull Racing (ARBR) brille par sa régularité dans toutes les conditions. Mais le jeu du nouvel arrivant suisse est parfois encore entaché d’erreurs de jeunesse. Avec Arnaud Psarofaghis et Maxime Bachelin à la barre, Bryan Mettraux et Yves Detrey aux réglages, le « big four » suisse ne
peut plus rien se pardonner s’il veut hisser son niveau de jeu à celui des meilleurs. Selon le coach italien Pietro Sibello, les Suisses ont « beaucoup appris sur les départs et la communication à bord ».
Du 29 novembre au 2 décembre, l’événement de Djeddah s’est terminé par la victoire des Kiwis dans une jolie brise de nord-ouest (16-20 nœuds). Absents des débats, englués dans des problèmes techniques et tactiques, les Américains et les Français ont laissé la vedette au très jeune équipage italien de Luna Rossa. Impressionnant de constance, de vitesse et de sangfroid, le barreur Marco Gradoni (19 ans) n’aura commis qu’une erreur dans le Match final : un énorme planté à la sortie de la dernière porte laisse filer les Kiwis vers la ligne d’arrivée.
Un joli dispositif dans le déluge
Après plusieurs années sans régates, la 37 e America’s Cup a réellement commencé deux mois et demi plus tôt, dans la banlieue de Barcelone. Du 14 au 17 septembre, la petite bourgade de Vilanova devait être le lieu du
lancement en fanfare des pré-régates de la 37e America’s Cup. Au port, le dispositif est plutôt réussi : village dédié, écrans géants sur la plage et superyachts. Tous les ingrédients étaient là pour une fête réussie. On aurait dû vivre ici un avant-goût miniature de ce que sera Barcelone l’automne prochain.
Ce ne fut malheureusement qu’un pétard mouillé. La faute à la météo. Le vendredi, les infrastructures de l’America’s Cup sont noyées sous une pluie battante d’une rare intensité. Le passage de front froid perturbe les airs pendant tout le week-end. La limite des 8 nœuds de vent, qui permet aux AC40 de voler, n’est pas toujours au rendez-vous. Cinq mauvaises régates sont néanmoins lancées. Les bateaux chalutent leurs foils. Debout sur le pont, les équipiers tentent de corriger l’assiette dans une ambiance typiquement lacustre. Seuls ceux qui arrivent à décoller leurs coques avant les autres l’emportent.
Des Français surprenants
À ce jeu-là, c’est Orient Express qui gagne la première manche, à la surprise générale. Très en retard sur sa préparation, avec seulement « 12 jours d’entraînement », l’équipe de Quentin Delapierre surprend tout le monde par la qualité de sa navigation. Taillé pour l’olympisme, le barreur français a fait l’impasse sur Paris 2024. Il se concentre désormais exclusivement sur
À DJEDDAH, LE JEUNE ÉQUIPAGE ITALIEN DE MARCO GRADONI S’EST DÉFAIT SANS COMPLEXE DES AUTRES CHALLENGERS POUR DISPUTER LA FINALE FACE À ETNZ.
SailGP et l’America’s Cup. C’est un déchirement. « Ce n’était pas possible de tout faire », regrette-t-il avec une pointe d’amertume dans la voix.
Alinghi Red Bull Racing est dans le coup. En Espagne, l’équipe réussit bien ses départs, un prérequis indispensable avec les engins volants. « La cohésion de l’équipe est bonne », déclare Arnaud Psarofaghis. Dans la deuxième manche, l’AC40 suisse passe à un cheveu de la victoire. Il est le seul à voler au départ et prend un tour d’avance. Mais sur le dernier bord, ARBR amerrit au cours d’une manœuvre et abandonne la victoire à Team New Zealand. Les Kiwis font la démonstration de leur supériorité dans ces drôles de conditions.
Alinghi se fait couper les ailes
Le dimanche, le comité de course lance trois manches. Sur la dernière, Alinghi Red Bull Racing se fait couper les ailes par un problème électrique dans le système de foil. Seule l’organisation a le droit de réparer ce système jaugé. À défaut d’intervention rapide, les Suisses sont privés de départ. Silvio Arrivabene est hors de lui : « Je comprends que l’on soit pressé pour des raisons de retransmission télé, mais si on ne peut pas régater correctement, ce n’est pas juste », tonne le responsable du design team d’ARBR. Classé bien loin de sa compétence réelle, Alinghi Red Bull Racing est donc 5e au général. Sans l’injustice de la dernière manche, on les donnerait plutôt troisième. La finale entre les Kiwis et American Magic n’est pas digne d’intérêt. Les airs tombent dès le départ. Arrêtés légèrement devant les Néo-zélandais, les Américains sont désignés vainqueur après dix minutes d’attente. Le coup de canon sonne le glas d’un bien triste week-end de régate.
Au-delà des résultats, qui ne comptent pas pour la Cup, ces régates préliminaires ont surtout permis d’emmagasiner de précieuses informations. Andrea Emone est analyste des performances d’ARBR : « Une grande partie des informations récoltées nous est utile pour la construction et l’optimisation du grand bateau. » Quant à l’organisation, elle a testé un modèle d’événement plutôt intéressant, dont les règles et la retransmission sont très semblables à ceux du SailGP, l’autre grand circuit de bateau volant. Quant au légendaire Grant Dalton, patron de la 37e America’s Cup, il a suivi toutes les régates à bord des bateaux suiveurs de l’équipe sportive. Idem pour Ernesto Bertarelli, dûment accompagné de Brad Butterworth, l’ancien skipper d’Alinghi devenu conseiller, et de toute son équipe « historique ».
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Les Youth and Women’s Cups réunissent 12 équipes chacune, sur des formats courts, qui bénéficieront d’une belle exposition en marge de la 37e Coupe de l’América.
Texte ) Grégoire Surdez
Bien sûr, ce n’est pas encore la panacée. Et la place des femmes dans une compétition séculaire est encore très secondaire. Beaucoup trop aux yeux de très nombreuses navigatrices de talent. Le nombre de femmes qui seront à bord des AC75 est consternant. Un zéro absolu, absolument désarmant. « Pour cette édition, toutes les équipes ont considéré qu’en raison des spécificités du foiling et de ces bateaux, aucune navigatrice n’avait suffisamment d’expérience pour intégrer un équipage, souligne Coraline Jonet, en charge du programme Youth and Women au sein du Team Alinghi Red Bull Racing. On peut entendre cet argument. On peut aussi estimer que quelques candidates auraient pu avoir leur place à bord d’un AC75. »
Du progrès pour les femmes ?
La création de la Women’s Cup est donc un pas très important, historique même, qui a été initié par le Defender Emirates Team New Zealand. « C’est une grande et belle nouvelle pour toutes les femmes, estime Coraline Jonet. Je suis très fière d’être en charge de ce projet qui va sans doute ouvrir bien des portes pour les prochaines éditions. Cette Women’s Cup va bénéficier d’une superbe exposition puisqu’elle se terminera pendant le match pour la 37e America’s Cup. Je
trouve cette mise en lumière très intéressante et les équipes féminines pourront démontrer tout leur savoir-faire à un maximum de monde. »
Grant Dalton et ses équipes ont jeté leur dévolu sur les AC40 comme plateforme Youth and Women. « C’est un bateau exceptionnel comme il n’en existe aucun autre, continue Coraline Jonet. C’est un support spectaculaire qui permet à deux paires d’exprimer ses talents de navigation sans se soucier d’autre chose. L’énergie étant fournie par un système de batteries, pas besoin de devoir en produire en pédalant ou en moulinant. On va vraiment être sur de la régate pure à haute vitesse. »
LES RÉGATES SE DISPUTERONT EN FLOTTE ET RÉUNIRONT LES MEILLEURES NAVIGATRICES DE CHACUNE DES DOUZE ÉQUIPES ENGAGÉES.
Réserves de talents
Chez les femmes comme chez les jeunes, 12 équipes nations sont en lice. Les six équipes qui sont engagées sur la 37e America’s Cup avaient l’obligation de développer un programme dédié aux jeunes et aux femmes. La Suisse, la Nouvelle-Zélande, l’Angleterre, l’Italie, les États-Unis et la France ont chacun lancé un processus de sélection. Les rosters dévoilés ces dernières semaines ont permis de constater que les meilleures régatières de la planète voile seront toutes de l’aventure. Comme chez les hommes de la Cup, de très nombreuses médaillées olympiques ont été retenues.
L’Angleterre ne cache pas son ambition sur ces épreuves spécifiques. Hannah Mills, médaillée d’or à Rio en 470, retrouvera son binôme Saskia Clark. Elles seront les fers de lance d’une équipe redoutable. La Nouvelle-Zélande est emmenée par Jo Aleh, double médaillée (argent et or) aux Jeux en 470. L’Italie est bâtie autour d’une génération de foilers qui ont notamment brillé en 69F. La France, pays formateur s’il en est, aura également à cœur de briller avec des filles aussi talentueuses que Manon Audinet et Amélie Riou, ainsi que plusieurs médaillées olympiques et mondiales. Les États-Unis ont eux aussi réuni une belle brochette de talents dans le sillage de Francesca Clapcich, lauréate de la dernière Ocean Race avec 11th Hour Racing et une certaine Justine Mettraux.
La méthode Alinghi Red Bull Racing
La Suisse aura donc fort à faire pour démontrer tout son savoir-faire. « Le format de la compétition fait que nous serons dans une poule de six avec tous les autres pays de la Coupe, explique Coraline Jonet. L’objectif est de sortir de cette poule en terminant à l’une des trois premières places pour ensuite accéder aux demi-finales en flotte, où nous retrouverons les trois meilleures
équipes de l’autre poule, constituée de l’Espagne, des Pays-Bas, du Canada, de l’Allemagne, de la Suède et de l’Australie. Les deux premières de ces demi-finales s’affronteront alors le 13 octobre sur une seule manche. »
Ce format limpide sera le même pour les jeunes de la Youth America’s Cup. Là aussi, les teams engagés ont ratissé large pour sélectionner les meilleurs espoirs mondiaux du foiling. « Notre processus de sélection a duré plusieurs mois et nous avons reçu près de cent dossiers, rappelle Coraline Jonet. Après plusieurs étapes, nous avons peu à peu réduit le nombre de candidats. Ils ont été testés, sur leurs qualités de marin bien sûr, mais aussi sur d’autres critères comme la gestion du stress, la capacité à s’intégrer et à travailler en équipe, la marge de progression, et encore bien d’autres choses. »
Ce souci du détail de l’équipe Suisse Alinghi Red Bull n’est pas un cas isolé. Tous les teams managers ont conscience que la Women’s Cup aussi bien que la Youth représentent un formidable laboratoire pour développer les talents de demain. La Youth est un véritable tremplin comme en témoignent le très grand nombre de marins actuels qui se sont illustrés lors des deux premières édition de 2013 et 2017. « Chez Alinghi, nous sommes cinq à être passés par la Youth, souligne Bryan Mettraux, régleur sur l’AC75 BoatOne et qui était en lice à San Francisco. C’est indéniablement une opportunité assez incroyable de mettre un pied dans le plus grand événement voile du monde. Le rapprochement est encore plus évident sur cette édition puisque ce sont les équipes qui ont développé des programmes Youth and Women au sein même de leurs structures. »
Si ce n’est pas encore la panacée, un consensus se dégage au sein de toutes les équipes pour saluer l’effort des organisateurs de faire de ces deux événements annexes de vrais moments forts de la 37e America’s Cup.
Calendrier et participation
Unicredit Youth America’s Cup
Du 17 au 26 septembre (finale)
Puig Women America’s Cup
Du 5 au 13 octobre (finale)
Équipes engagées
Poule A (America’s Cup Teams): Emirates
Team New Zealand, Ineos Britannia, Alinghi Red Bull Racing, Luna Rossa Prada Pirelli, American Magic et Team Orient Express France.
Poule B (équipes invitées) : Espagne, PaysBas, Canada, Allemagne, Australie et Suède.
La sélection suisse : Andrea Aschieri (Youth), Nathalie Brugger (Women), Arno de Planta (Youth), Arnaud Grange (Youth), Morgan Lauber (Youth), Marie Mazuay (Youth & Women), Laurane Mettraux (Women), Joshua Richner (Youth), Jann Schüpbach (Youth), Maja Siegenthaler (Women), Alexandra Stalder (Youth & Women), Anja von Allmen (Youth & Women)
Suivre la course
En mer, sur terre, sur le Web ou la RTS, la 37e édition va se faire belle et festive. Du 22 août au 27 octobre 2024, les amateurs de voile sont attendus à Barcelone. Des bateaux charters sur l’eau, des écrans géants et un village d’accueil, tout est prêt pour alimenter la traditionnelle ferveur catalane.
Petit rappel pour ceux qui ont raté le début. Le Match de la 37e America’s Cup démarre le 12 octobre 2024. Mais les régates commencent vraiment à partir du 22 août. C’est à cette date que l’on assistera à la première rencontre entre les grands bateaux. La Louis Vuitton Cup – la sélection des Challengers – enchaîne du 29 août au 7 octobre. Simultanément, deux tournois parallèles vont se disputer en AC 40, les Youth et Women séries. Le plan d’eau va donc être animé pendant deux mois.
À Barcelone, le meilleur endroit pour y assister reste le Port Vell. Cette avancée immense sur la mer comportera l’avantage du point de vue mais aussi de la visite des bases. Elles y sont toutes installées depuis l’été dernier. La balade dure environ une heure et demande de bonnes baskets. Les bases sont dispersées d’un « moll » à l’autre.
Barcelone : une ville facile, populaire et iconique
Au cinquième étage du World Trade Center, l’organisatrice Leslie Ryan est sur tous les fronts. Son équipe a une vue imprenable sur les activités du port. Elle nous explique ce qui a motivé le choix de la capitale catalane : « En comparaison européenne, Barcelone s’est rapidement imposée. C’est une ville facile d’accès, populaire, iconique, avec une grande capacité d’hébergement pour toutes les bourses. Les régates seront visibles gratuitement à moins de 200 mètres de la plage. » Pour réaliser un événement digne de ce nom, Leslie Ryan navigue au centre d’un réseau politique local complexe. Elle doit contenter les challengers, bien sûr, mais aussi la ville de Barcelone, la très puissante direction de Port Vell et la région de Catalogne.
Un village de 27’000 mètres
Pour pallier la dispersion des bases, l’organisation a prévu un village d’accueil. Du 22 août au 27 octobre 2024, 27’000 mètres carrés de quais vont accueillir 10 à 15’000 personnes
ENTRE LE RACE VILLAGE ET LES PLAGES, IL EST POSSIBLE D’APPROCHER LES BASES DES CHALLENGERS…
au niveau du Moll de la Fusta. « L’idée est de s’adresser aux supporters des équipes, bien sûr, mais aussi d’intéresser les nombreux touristes qui visitent Barcelone à cette saison », précise Leslie Ryan. Départs et arrivées des marins, interviews publiques, diffusion des courses sur écrans géants. Si la météo le permet, la journée idéale devrait commencer à 12 h 00, pour le lunch et la sortie des marins, de 15 h 00 à 17 h 00, pour le suivi des régates, et le début de soirée pour le débriefing et l’apéro.
Un peu plus loin, la Plaça del Mar et le port olympique accueilleront des FanZones. Au port olympique, il sera même possible d’approcher les équipes des Youth et Women’s America’s Cup qui navigueront en AC40. Sur le front de mer, la digue sera élargie pour accueillir les fans. En plus du village, quatre écrans géants seront disposés sur les plages pour suivre les régates. Il sera également possible de suivre les courses en temps réel depuis les téléphones mobiles. L’organisation entend recruter « environ 2’500 bénévoles » au service de la manifestation.
Une base suisse bien placée
Dans le prolongement de la Rambla, juste à côté de l’Aquarium (un million et demi de visiteurs par an), la base suisse est plutôt bien placée. Une boutique y propose du merchandising aux supporters. Juste à côté, les
terrasses du centre commercial « Maremagnum » et la surélévation de la Plaça de l’Odissea permettent une vue imprenable sur les sorties et les entrées du bateau. Les veinards pourront peut-être y apercevoir des célébrités. Depuis sa création, l’équipe d’Alinghi Red Bull Racing fait régulièrement appel au puissant réservoir d’athlètes Red Bull pour créer l’événement. Pour savoir si les voiliers suisses sortent en mer le lendemain, il suffit de regarder l’enseigne lumineuse de la tour de l’Hotel W, sur le front de mer. Si elle est rouge, c’est qu’Alinghi Red Bull Racing sera de sortie. La coutume date de l’installation
des Suisses à Barcelone. Il faut dire que l’équipe d’Ernesto Bertarelli a réussi son intégration. Premiers arrivés sur le site, ils ont capitalisé sur l’absence d’équipe espagnole pour jouer les locaux de l’étape. Au printemps 2023, le quotidien catalan El Periodico leur prêtait même un petit air « d’équipe locale ». Le soutien des fans suisses s’ajoutera donc à la traditionnelle ferveur que les Catalans aiment accorder aux grands événements.
Sorties en mer
Le plan d’eau est situé entre l’Hotel W, justement, et le port olympique. La sortie en mer permettra d’appréhender l’impressionnante vitesse des AC40 et AC75. Flanquée de deux chaseboats de 700 chevaux, la sortie d’un voilier de l’America’s Cup s’apparente à une véritable armada. Il faut, pour observer cela, un bateau puissant, capable de monter à 40 nœuds sans se
• Suivre l’America’s Cup : americascup.com/how-to-watch
• Programme RECON qui propose de nombreux “insights” sur la préparation de l’ensemble des équipes : americascup.com/recon-news
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faire martyriser par le clapot barcelonais. Il faut aussi une connaissance des bateaux volants, qui peuvent virer et changer de cap très vite. Il serait évidemment stupide de provoquer le moindre accident. Pour suivre les régates sur l’eau, des autorisations et des places sont accordées par l’organisation. Et pour ceux qui ne possèdent pas de bateau, des services de charter sont à disposition sur le site de l’organisation. En ce qui concerne les entraînements, rappelons aux amateurs de tranquillité et de stabilité qu’ils peuvent espionner chaque sortie des concurrents depuis leur fauteuil avec le programme RECON.
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Agenda
PRELIMINARY REGATTA BARCELONA 22 au 25 août
LOUIS VUITTON CUP ROUND ROBINS 29 août au 8 septembre
LOUIS VUITTON CUP SEMI–FINAL 14 au 19 septembre
LOUIS VUITTON CUP FINAL 26 septembre au 7 octobre
LOUIS VUITTON 37TH AMERICA’S CUP MATCH 12 au 27 octobre
UNICREDIT YOUTH AMERICA’S CUP 17 au 26 septembre
PUIG WOMEN’S AMERICA’S CUP 5 au 13 octobre
Agréable tout au long de l’année, Barcelone est une destination idéale pour une escapade en couple, en famille ou entre amis. Le temps d’un week-end ou d’un séjour prolongé, laissez-vous séduire par son dynamisme, son cosmopolitisme et son originalité.
Texte ) Pierre-Antoine Preti Barcelone
Comment se déplacer ?
Barcelone se compose de quantité de quartiers, très différents les uns des autres. Si vous pouvez aisément visiter la ville à pied, le métro, très propre et sécurisé, vous permettra de circuler facilement à travers toute la cité.
Où loger ?
Avec ses 100 km2 et ses 1,6 million d’habitants, la ville de Barcelone est très vaste. Il est donc important de bien choisir son emplacement. Campings, auberges de jeunesse, appartements, hôtels, il y en a pour tous les goûts et tous les budgets. Une recommandation : choisissez un endroit proche d’une station de métro.
Envie de partir à l’assaut des différents sites emblématiques ?
Son architecture audacieuse, ses musées, ses cathédrales, ses salles d’exposition…. Comment choisir ? Petit tour de la capitale catalane.
Un bol d’air dans l’atypique parc Güell
Déambuler dans les Ramblas
Cette avenue réputée est souvent le premier site visité par les touristes. Du Port Vell au sud à la Plaça de Catalunya au nord, les Ramblas de Barcelone traversent le cœur de la ville sur un peu plus d’un kilomètre. Au gré de cette promenade animée, vous rencontrerez des hommes statues, des spectacles de rue ou des peintres portraitistes. Sans oublier le Musée de cire, le Musée de l’érotisme ou le monument à Christophe Colomb.
L’incontournable Sagrada Familia
Chef-d’œuvre d’Antoni Gaudi, la construction de la Sagrada Familia a commencé en 1882 et a ensuite été interrompue par la Première Guerre mondiale. À la mort de Gaudi, en 1926, seule la façade de la Nativité était terminée. Aujourd’hui, les travaux se poursuivent et devraient se terminer en 2026. N’hésitez pas, entrez et admirez sa démesure, ainsi que les jeux de lumière sur ses vitraux. Mais au préalable, pensez à réserver vos billets, car c’est un des monuments les plus visités de Barcelone.
Dirigez-vous ensuite vers le parc Güell, bijou d’art et d’architecture moderne. Dans un dédale de chemins, de fontaines et d’escaliers, découvrez les mosaïques multicolores qui en font l’une des œuvres les plus colorées de Gaudi. L’esplanade et ses bancs offrent une vue panoramique sur Barcelone. Depuis 1984, le parc Güell est classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
Se balader dans les ruelles du Quartier gothique
Le Barri Gòtic est un quartier médiéval proche des Ramblas. Découvrir son ambiance « village » en vous baladant à l’ombre des balcons en fer forgé et du linge qui sèche aux fenêtres. Au détour d’une rue, ne manquez pas la cathédrale Sainte-Croix et sa superbe vue sur la ville.
Sillonner la Ribera, le coin des artistes
Quartier entièrement dédié à la culture, vous y trouverez de nombreux musées et galeries d’art. Vous apprécierez sûrement sa tranquillité, son authenticité et son ambiance bohème. En y allant tôt le matin ou pendant la sieste, vous aurez même l’impression que le quartier vous appartient.
Pause tapas au mercat de la Boquería
Vous vous demandez où manger sur le pouce à Barcelone ?
Faites un tour à la Boquería. Marché couvert très fréquenté, vous y trouverez des jus de fruits frais et des spécialités catalanes.
Sur les hauteurs de Montjuïc
Prenez le téléphérique de Montjuïc, il vous emmènera directement sur l’une des plus hautes collines de Barcelone. Les Barcelonais aiment se retrouver dans son parc durant le week-end. Jardins botaniques et ancien fort militaire construit en forme d’étoile complètent cette visite.
Les plages de sable fin
Envie d’une halte au bord de la mer ? La Barceloneta est la plage la plus connue et la plus fréquentée, aussi bien par les locaux que par les touristes. Son atout principal est sa proximité avec le centre-ville. Depuis cette plage, vous pourrez admirer
Le Pex de Frank Gehry, énorme poisson de fer réalisé pour les JO de 1992, ainsi que la colonne de Christophe Colomb, construite pour l’exposition universelle de 1888. Elle marque l’endroit où Colomb débarqua en 1493 après sa découverte de l’Amérique. D’autres plages plus tranquilles comme Mar Bella, Bogatell ou encore Nova Icaria, valent également le détour.
À ne pas manquer, le Port Vell…
Longez la plage ou empruntez la passerelle flottante de La Rambla de Mar et arrivez sur le vieux port de Barcelone. Très vite, vous vous rendrez compte que Port Vell est bien plus qu’un port. C’est un espace de loisirs gigantesque qui rassemble centre commercial, théâtre, boutiques et restaurants. Si vous avez des enfants, ils auront sûrement envie que vous les emmeniez à l’aquarium. Vous pourrez y observer des centaines d’espèces différentes de poissons et arpenter le tunnel sous-marin.
America’s Cup Experience
Toujours à Port Vell, un superbe musée à l’effigie de l’America’s Cup a ouvert ses portes. Son exposition immersive met non seulement en valeur cette 37e édition, mais donne aussi accès à de nombreux documents d’archive faisant revivre l’incroyable histoire de la compétition. À ne pas manquer, la salle de projection, qui propose un documentaire inédit sur le grand écran le plus long d’Europe, ainsi que son simulateur qui vous donnera la sensation d’embarquer sur un AC75.
… et la base de l’équipe Alinghi Red Bull Racing
Entre le centre commercial Maremagnum et l’aquarium se trouvait autrefois un cinéma. Aujourd’hui, c’est la nouvelle base d’Alinghi Red Bull Racing qui a ouvert ses portes. Loin du simple hangar à bateaux, c’est un lieu de vie pour l’équipe. Entre élégance et design, le bâtiment bleu nuit compte trois étages. Au rez-de-chaussée, vous trouverez la boutique Alinghi Red Bull Racing abritant toute la collection de produits officiels.
La plus ancienne compétition sportive au monde est devenue une vitrine technologique où le design et la performance rivalisent avec le talent humain. Avec des ingénieurs issus de l’aéronautique et de la F1, et des athlètes de renom, cet événement incarne les valeurs des marques horlogères associées à la Louis Vuitton 37e America’s Cup, le summum de la régate et du luxe.
Omega, les couleurs de la loyauté
Texte ) Brice Lechevalier
Historiquement, Omega est la marque horlogère pionnière et la plus fidèle, engagée depuis 1995 en tant que sponsor des Néo-Zélandais (détenteurs du trophée en 2024), et pour la quatrième fois en tant que chronométreur officiel de l’America’s Cup (et des JO en parallèle !). Pour l’Emirates Team New Zealand, elle a conçu la Seamaster Planet Ocean Deep Black ETNZ Edition en céramique aux couleurs du Defender. Avec un diamètre de 45,5 mm, ce chronographe automatique, étanche à 600 m, convient particulièrement aux poignets costauds. Son ADN nautique se reflète également dans le compte à rebours de régate turquoise, de 10 min à 3 h, et sur l’aiguille des secondes, dont le contrepoids est sculpté en forme d’aiguière d’argent. Ses caractéristiques
techniques la placent en tête de flotte, grâce au calibre 9900 Co-Axial Master Chronometer largement éprouvé, avec réserve de marche de 60 h. Elle est livrée avec deux bracelets à boucle déployante, en caoutchouc turquoise et en Nato noir. Durant l’été, Omega présentera un autre modèle dédié à l’America’s Cup.
Panerai dédie une collection à Luna Rossa Partenaire de l’America’s Cup en 2017 et du défi italien depuis 2019, Panerai a capitalisé sur son expérience pour créer cinq modèles très sportifs dans la collection Submersible. Ses ingénieurs ont étudié les innovations obtenues dans les matériaux afin de réduire le frottement et d’augmenter la performance, combinant aciers spéciaux et titane recouverts de céramique. Sept années de R&D ont conduit à la conception du boîtier en Ti-Ceramitech breveté, plus léger et plus résistant, qui équipe la Submersible QuarantaQuattro Luna Rossa Ti-Ceramitech™. Cette montre de plongée automatique, étanche à 500 mètres et dotée d’une réserve de marche de 3 jours, propose une mesure de la durée d’immersion
SUBMERSIBLE QUARANTAQUATTRO LUNA ROSSA TI-CERAMITECH™ (44MM), CHF 14’800.-
SUBMERSIBLE LUNA ROSSA (42MM) ONLINE EDITION, CHF 10’100.-
grâce à sa lunette tournante unidirectionnelle en titane. Elle affiche également la date et une petite seconde avec fonction de stop-seconde.
La Submersible GMT Luna Rossa, étanche à 500 mètres, se caractérise par son aiguille GMT inspirée des voiles de Luna Rossa et son rehaut affichant les 24 heures du second fuseau. Son boîtier en titane satiné abrite le calibre automatique P900, offrant une réserve de marche de 3 jours. Sa lunette tournante unidirectionnelle en céramique bleue contraste élégamment avec le cadran. Deux bracelets, bi-matière et caoutchouc, sont inclus.
Modèle le plus accessible et en duo, la Submersible Luna Rossa prend les traits d’une montre de plongée automatique (étanche à 300 mètres avec 3 jours de réserve de marche) en acier, dotée d’une lunette unidirectionnelle en céramique. Elle est disponible avec un cadran blanc grainé mat ou bleu satiné soleil en série limitée de 300 pièces.
Dans une autre catégorie de prix, la Submersible Tourbillon GMT Luna Rossa Experience Edition, en Carbotech et étanche à 300 mètres, est proposée en 20 exemplaires. Les acquéreurs auront droit à une expérience exclusive dans les coulisses de la Coupe.
Tudor aux côtés d’Alinghi
Dernière arrivée sur la grande scène de l’America’s Cup, Tudor, également sponsor du Bol d’Or Mirabaud, a dévoilé l’an passé un tandem en l’honneur de ce premier partenariat nautique, les Pelagos Alinghi Red Bull Racing Edition. Ces deux montres automatiques aux mouvements de manufacture certifiés COSC disposent de 3 jours de réserve de marche et bénéficient d’un boîtier en composite de carbone noir mat (avec logo Alinghi au dos) étanche à 200 m, avec couronne vissée en titane. Très lisibles, harmonieuses et légères, elles arborent aussi le fameux bracelet en tissu Tudor, bleu en l’occurrence, renforcé pour les besoins marins. Le chronographe et la 3 aiguilles sont équipés d’une lunette bidirectionnelle crantée en titane, dont le disque en composite de carbone est astucieusement gradué de 60 min dans le sens antihoraire pour mieux suivre le compte à rebours de régate. En ce qui concerne le prix, très accessible, le duo Tudor a d’ores et déjà remporté cet aspect de la compétition !
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Impression : PCL Presses Centrales SA www.skippers.ch
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