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Nathalie Levy

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Natan Levy

Natan Levy

LEVY Nathalie

Courage au cœur et sac au dos, c’est le livre qui devient notre madeleine de Proust, nous rappelant combien nos ainés sont importants, combien nos liens avec eux, aussi indispensables que nécessaires, sont à préserver. Récemment publié, il inscrit de manière intemporelle le récit touchant et intime d’une femme, de sa relation fusionnelle avec sa grand-mère.

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PAR JOHANNA BERREBI

Nathalie Levy, journaliste (Ayant travaillé de nombreuses années chez BFM radio et BFM tv, aujourd’hui chez Europe 1) est l’auteure de cette « biographie

C’est lors d’un après-midi où le moral n’était pas au rendez-vous, l’hiver dernier que Nathalie qui quitte sa grandmère est retenue par la main de cette dernière. « redonner le sourire à sa petite-fille. Là, c’est l’éclair ! Cet éclair qui nous saisit quand on a cette révélation, quand le sac de nœuds se défait et qu’apparaît la solution. Après des semaines de recherches pour un titre qu’elle refuse « bateau », Nathalie trouve le titre qui saura symboliser son histoire. A ce moment précis, je me suis dit «

GOLDA : Nathalie, le livre relate à la fois votre histoire avec votre grandmère, le lien intergénérationnel qui se tisse au fil des ans entre vous et comment les rôles s’inversent : comment à présent vous prenez soin d’elle ? Nathalie Levy

: Ce livre c’est avant tout une genèse de notre histoire. Pour replacer dans le contexte : tant son veuvage à l’âge de 29 ans, que son parcours, lorsqu’elle est arrivée d’Algérie seule avec ses deux filles en 1962. Si au début elle s’est occupée de tout pour ses filles et petits-enfants, aujourd’hui les rôles s’inversent et on s’occupe d’elle. Ce, à tous les niveaux : on lui fait à manger, on lui lave les cheveux, on lui masse les jambes etc. C’est un vrai ballet mis en place depuis maintenant des années, et qui s’accroît au fil des ans avec toujours autant d’amour.

GOLDA : Que pense-t-elle de ce livre ? N.L

: Elle est comme moi, partagée. Partagée par la pudeur car c’est une véritable mise à nu, mais en même temps c’est un bain de jouvence, une bouffée d’oxygène. L’accueil reçu pour la sortie du livre nous a émues, c’est un livre réalisé à 4 mains qui nous lie encore plus : la concrétisation matérielle de ce lien entre nous deux.

GOLDA : A la fois mère, fille, petite fille : Quel est votre secret pour maintenir l’équilibre et jongler entre vos différents rôles ? N.L

: J’ai la chance de me situer géographiquement proche de chez ma grand-mère et donc d’aller la voir souvent. On a organisé un vrai programme avec ma mère et ma tante. C’est une question de logistique. Lorsque je ne peux être avec ma fille au moment de ses cours je m’organise pour, à ce moment-là, être avec ma grand-mère. J’ai un vrai échange intellectuel avec elle, mamie s’inquiète pour nous et se sent ellemême investit dans nos vies. Mais je maintiens cet équilibre notamment grâce à mon époux, à ma fille et à mon métier.

GOLDA : Votre grand-mère a grandi dans la génération de Golda Meir, citée comme la grand mère-d’Israël, et a assisté à la déclaration d’indépendance du pays : En parliez-vous à la maison ? Y a-t-il eu une tentation de venir en Israël ?

de 29 ans en France, veuve avec ses deux filles, ma grandmère n’a pu être entrainée par un mari à découvrir Israël. Elle avait déjà vécu le sentiment de déracinement en 1962, ce n’était pas dans ses objectifs de repartir. En revanche, elle a toujours été sensible et en alerte sur l’actualité d’Israël, les différents traités de paix. On a toujours eu

GOLDA : Vous-même avez travaillé pour Radio J et la radio Kol Israël à Jérusalem : quelle expérience en retenez-vous ? N.L

: Il y a une trentaine d’années j’y suis allée pour la bar-mitsva de mon frère à Jérusalem, donc j’ai en mémoire des moments riches en émotions. En 2001, je suis venue pour une mission ponctuelle de quelques mois, travailler en Israël à la radio Kol Israël (aujourd’hui Radio Kahn) avec

Daniele Tabor.

Daniele Kriegel et

C’était une aventure incroyable. J’ai habité à Tel-Aviv et travaillé à Jérusalem. J’aime en Israël sa diversité, sa richesse, sa jeunesse et cette avidité, cette énergie qui s’en dégage. Tel Aviv c’est un peu le Miami d’Israël. Et je reste très concernée par Israël, par ce qu’il s’y passe.

GOLDA : En tant que journaliste reconnue, comment expliquez-vous la désinformation qui règne en France au sujet d’Israël ? N.L

: Sans rentrer dans le sujet de manière prononcée, je pense que c’est en

partie lié à une grande méconnaissance,

N.L

: Etant arrivée à l’âge et dû à une absence de curiosité des journalistes.

GOLDA : Des projets professionnels pour la suite ? N.L

: Oui et non, j’ai des aspirations plus tournées vers l’humanitaire, le côté sociétal. Je ne veux plus faire

de l’information. Actuellement je développe un podcast sur ce qui a trait à l’intergéné-

C’est une véritable mise à nue, mais en même temps c’est un bain de jouvence, une bouffée d’oxygène.

rationnel. Même si c’est dur de se défaire des étiquettes qu’on nous colle.

GOLDA :

Connaissiez vous le magazine GOL-

N.L

: Sincèrement non,

DA auparavant ?

je ne suis pas venue en Israël depuis 2008 il me semble. Mais je

Il y a cette continuité qu’on perpétue, comme une transmission.

GOLDA : Pour terminer, une anecdote sur votre grand-mère qui vous fait sourire ? N.L

: Il y en a tant… Il y a la Mini (la voiture) : il a toujours été hors de ques-

tion de rouler autre qu’en Mini. Donc petite, elle me conduisait en Mini, puis quand vint mon tour, je pris la même voiture. Et aujourd’hui je conduis uniquement en mini. On a fait Paris-Normandie dans cette voiture, où beaucoup de souvenirs y sont liés. Il y a cette continuité qu’on perpétue, comme une transmission. Aussi, ce n’est pas volontaire mais nous ne nous parfumons qu’avec des flacons de la maison Guerlain. Ma grand-mère porte Shalimar, ma mère L’or Bleu et pour moi c’est Jicky. C’est comme si c’était notre empreinte à nous.

Si l’objectif premier de son livre est avant tout de coucher sur le papier les mémoires et moments partagés avec sa grand-mère, de manière indélébile, Nathalie Levy, s’aperçoit des chiffres alarmants du nombre d’ « aidants » en France. Ces personnes qui comme elles s’occupent quotidiennement de leurs proches, en y sacrifiant leurs temps personnels, par amour (c’est pour cela d’ailleurs qu’elle se qualifie d’ « aimante » et

non d’ « aidante

»). Ce sont plus de 10 millions d’individus en France qui en plus de leur travail et de leurs vies personnelles prennent à cœur les besoins de leurs proches. «

La crise que nous vivons actuellement a mis en relief ce que je dépeins dans mon livre, comme un écho supplémentaire pour mettre en lumière les seniors qui sont mis sur le banc de touche » nous confie la journaliste qui depuis des années partage bien plus que de l’information au cœur des foyers français. Ce livre est une résonance pour nombre de Français, qui comme Nathalie donnent de leur temps et de leur amour à leurs proches, malgré un rythme de vie effréné. C’est une prise de conscience collective, qui nous incite à ne pas abandonner nos ainés, et à ne pas oublier de leur prodiguer temps et amour, des valeurs fondamentales. Disponible sur Amazon. Prix : 17,90 euros (format broché) - 12,99 euros (format Kindle)

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