edito A l’heure où la technologie déferle sur le tennis, nous avons décidé de nous pencher sur ces produits qui vont le faire évoluer. Sans être exhaustifs, nous avons voulu nous concentrer sur trois thématiques précises : quantifier, progresser, communiquer. A chaque thème, un produit phare pour expérimenter et imaginer un tennis connecté, toujours en mouvement, dans son temps. Les données ne sont rien si elles ne passent pas à la moulinette de l’expertise d’un coach, d’un entraîneur, d’un expert ou, simplement, du joueur qui a décidé de qualifier avec précision sa pratique. PlaySight, Hightof, iSetWatch : voilà nos trois exemples, avec, pour objectif, d’ouvrir le débat, le champ des possibles, afin que le tennis profite du mouvement global qui est en train de se créer. Un mouvement insufflé par les marques, de Snauwaert, qui, dans les années 90, avait déjà conceptualisé une raquette avec radar intégré, à, plus près de nous, Artengo et son Personal Coach, ou, bien sûr, Babolat et la Play, dont la gamme ne cesse de s’élargir. Oui, le mouvement est enclenché. Il ne reste plus qu’à laisser le temps faire le reste et, qui sait, dans quelques années, peut-être sera-t-il commun de s’échanger ses vidéos de matchs, ses statistiques… Bref, d’être connecté, toujours et encore. Laurent Trupiano Directeur de la rédaction
sommaire Petits Potins • 4-9 Coupe Davis
24H avec Corentin Denolly,
numéro 1 junior • 18-19
Marraine de la Coupe Soisbault • 14
Dossier Tous connectés • 22-29 • L’avis des experts • PlaySight, la révolution est en marche • HighTof, la V2 est arrivée • iSetWatch, la montre connectée du tennis • Le journal de la Mouratoglou Academy
Entretien croisé
Cahier Tests chaussures • 30-38
avec le duo de choc du début de saison : Mannarino/Prodon • 16-17
Guest Star : Jacque Royer • 39
Nicolas Mahut : « La récompense ultime » • 10-11
Road to Roland Garros • 12 Marion Bartoli
GRandchelem Diffusion : 40 000 exemplaires dans 800 points en France Liste des points disponibles sur www.grandchelem.fr GrandChelem : magazine gratuit 100% tennis
Fondateur et Directeur de la Rédaction : Laurent Trupiano (laurent.trupiano@grandchelem.fr) Création artistique et mise en page : cblaise@goliatus.com Conseiller éditorial : RCV Rédacteurs : Loïc Revol, Clément Gielly, Pauline Dahlem Photos : SportVision, Chryslène Caillaud Site internet : http://www.welovetennnis.fr
Responsable Business Development : Philippe Trémolières (philippe.tremolieres@grandchelem.fr) GrandChelem est édité par la société Convergence Media appartenant au groupe The TENNIS FACTORY www.thetennisfactory.fr, 8 rue Joseph Cugnot, 38300 Bourgoin-Jallieu Rédaction : 04 27 44 26 30 Publicité : 06 60 26 37 76
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Sexy NEWS ! Ivanovic ronronne à Monterrey…
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Jonas Björkman toujours pas remis ! Voilà un renfort de poids du côté d’Andy Murray ! L’Écossais a annoncé, en marge du Masters 1000 d’Indian Wells, que Jonas Björkman allait épauler Amélie Mauresmo dans ses fonctions de coach. Les trois parties sont tombées d’accord sur le choix d’un tennis plus offensif pour Murray, longtemps cantonné à sa ligne de fond de court. L’arrivée de l’ancien Top 4 en simple et numéro un mondial en double est une grande nouvelle pour Andy, comme il l’a expliqué, sans détour, aux journalistes : « Beaucoup de Suédois se révèlent être de très bons entraîneurs. Ils ont une bonne mentalité, ils sont calmes et sont des travailleurs acharnés. »
En marge du tournoi de Monterrey, en février dernier, Ana Ivanovic a brillé lors de la traditionnelle players’ party. Une soirée qui a fait la part belle aux super-héro(ïne)s, en témoigne la tenue de la Serbe, déguisée en Catwoman… De quoi renforcer son image de sex-symbol du tennis féminin ! Côté sportif, Ivanovic aura ronronné au Mexique jusqu’en demi-finales, avant de se faire griffer par Caroline Garcia. Un événement qui s’est reproduit quelques jours plus tard, à Indian Wells, lors du troisième tour du tournoi californien. La prochaine fois, Ana, enfile plutôt le costume de Wonder Woman !
Le journal de la ntc Welovetennis.fr et GrandChelem sont partenaires de la plus grande épreuve de tennis amateur du monde. Dans chaque numéro, nous vous proposerons de faire un point sur cette compétition unique, plébiscitée année après année par les compétiteurs français.
Circuit de tennis de la ville de Nîmes Gard : le succès déjà au rendez-vous ! « On est au-dessus de nos prévisions, notamment en ce qui concerne les groupes. Le Tennis Club de Paris vient de me confirmer un team de 20 joueurs et on a une touche avec des Australiens. Bref, le téléphone n’arrête pas de de sonner (rires) ! » explique Michel Ramillon, co-directeur du circuit de tennis de la ville de Nîmes Gard. Comme quoi, il n’y pas de fatalité et le tennis fait encore recette. « Je réfléchis déjà à 2016, car, si les courbes restent sur cette tendance, il faudra franchir un cap et, certainement, mettre en place une structure éphémère d’hébergement. » Il est rassurant de voir que l’enthousiasme et le professionnalisme font bouger les lignes. « Pour cette troisième édition, je sens qu’il y a encore plus d’envie de la part de nos partenaires et de tous les acteurs. C’est vraiment réconfortant. »
Le circuit de tennis de la ville de Nîmes Gard, c’est sept clubs de Nîmes-Métropole et 13 tournois en deux mois, du 29 juin au 27 août 2015. Plus de renseignements : mramillon@gmail.com Le mot de Christophe Lesage, le directeur : « Chaque fois que l’on repart pour une nouvelle édition, on ressent comme une petite appréhension. Comme je l’ai dit dans le numéro précédent de GrandChelem, le tennis ne se porte pas aussi bien que je le voudrais. Heureusement, la National Tennis Cup n’a pas de soucis. L’arrivée de nouveaux partenaires et le très bon retour des clubs confirment que l’épreuve est devenue incontournable, un rituel, qu’elle continue à se développer. Forts de ce constat, nous allons apporter encore davantage de services et de convivialité. Ce n’est pas une seconde jeunesse, mais presque. En tout cas, c’est encourageant de constater que nous sommes toujours plus soutenus. Cela récompense aussi le travail accompli depuis plus de 20 ans. J’en profite, d’ailleurs, pour remercier tous ceux qui, dans mon staff, ont toujours su relever le challenge. » L’info : Comme le révèle Christophe Lesage, la National Tennis Cup a un nouveau partenaire de choix : « Nous avons décidé d’unir nos forces avec Setteo, qui devient, désormais, notre plate-forme pour les inscriptions, mais aussi pour faire vivre la communauté de la National Tennis Cup. Ce nouveau service permettra à l’ensemble des participants de communiquer et de partager leur passion. L’arrivée de Setteo à nos côtés est un vrai plus ; la National Tennis Cup aura donc son réseau social ! »
110 clubs, dans toute la France, vont accueillir les phases qualificatives de la National Tennis Cup 2015.
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Le team Lionel Roux aussi de la partie « On voulait aller vers le soleil et, très vite, la solution du circuit de tennis de la ville de Nîmes nous a semblé la plus performante », explique Lionel Roux. Chaque année, on le sait, l’entraîneur de l’équipe de France de Coupe Davis organise des stages de perfectionnement au TC Ecully, dans le Rhône. En 2015, ils auront lieu du 6 au 24 juillet et la semaine du 24 août. Mais, cette saison, l’équipe des coachs, composé également de Sylvain Mathias et Michael Papino, a décidé d’aller un peu plus loin, avec l’organisation de cette tournée : « L’idée, c’est de proposer une approche pro aux jeunes qui vont venir, de les mettre dans les meilleures conditions. Une tournée, c’est toujours un moment assez spécial », confie Lionel. Le team sera composé de douze joueurs et il reste, à ce jour, quelques places pour vivre comme un pro le temps d’un été, sous le soleil nîmois. Avis aux amateurs !
Inscriptions et renseignements sur : www.lyonservicegagnant.com
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agenda Retrouvez tous les rendez-vous importants d’avril à mai 2015
ATP 6 au 12 avril 2015 • Casablanca (ATP 250) • Houston (ATP 250)
Sud Radio et GrandChelem/Welovetennis.fr, un accord historique ! La rédaction de Sud Radio et celle de GrandChelem/Welovetennis.fr ont décidé d’unir leurs forces pour que le tennis soit régulièrement présent sur les ondes. Durant toute l’année, notre rédaction interviendra à l’antenne, notamment sur les tournois où nous serons présents. Chaque jeudi, un journal du tennis sera diffusé pour faire un point précis sur l’actualité de la petite balle jaune. Cet accord débutera au tournoi de Monte-Carlo, où Sud Radio possède une fréquence. Pendant Roland Garros, c’est un rendez-vous quotidien qui sera mis en place avec des invités et des experts proches de notre rédaction. Après la presse et l’internet, voilà que GrandChelem/ Welovetennis.fr arrive sur les ondes. L’aventure continue !
12 au 19 avril 2015 • Monte-Carlo (Masters 1000) 20 au 26 avril 2015 • Barcelone (ATP 500) • Bucarest (ATP 250) 27 avril au 3 mai 2015 • Munich (ATP 250) • Estoril (ATP 250) • Istanbul (ATP 250) 3 au 10 mai 2015 • Madrid (Masters 1000) 10 au 17 mai 2015 • Rome (Masters 1000) 17 au 23 mai 2015 • Nice (ATP 250) • Genève (ATP 250)
L’ensemble des fréquences de Sud Radio sont disponibles sur www.sudradio.fr. Sur Paris et en région parisienne, la fréquence est 99.9. Le journal du tennis sera mis en ligne en podcast sur www.welovetennis.fr.
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WTA 6 au 12 avril 2015 • Charleston (WTA Premier) • Katowice (WTA International) 13 au 19 avril 2015 • Bogota (WTA International) 20 au 26 avril 2015 • Stuttgart (WTA Premier) 27 avril au 2 mai 2015 • Marrakech (WTA International) • Prague (WTA International) 2 au 9 mai 2015 • Madrid (WTA Premier) 11 au 17 mai 2015 • Rome (WTA Premier) 17 au 23 mai 2015 • Strasbourg (WTA International) • Nuremberg (WTA International)
Fed Cup 18 et 19 avril 2015 Demi-finales : • République Tchèque – France (Ostrava) • Russie – Allemagne (Sotchi)
Grand Chelem 24 mai au 7 juin 2015 • Roland-Garros
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Garcia, la patronne, c’est bientôt elle ! C’est la Française en forme. Après un Open d’Australie plein de promesses sur le plan du jeu, la Lyonnaise a vécu un week-end de Fed Cup libérateur. Deux finales en deux semaines au Mexique, à Acapulco et Monterrey, deux succès consécutifs face à la sixième joueuse mondiale, Ana Ivanovic, voilà Caro, 25ème, qui fond sur Alizé Cornet, 24ème, au classement WTA. Si la place de numéro un française pourrait très vite se dessiner, c’est plus haut qu’elle doit viser. En tout cas, Ivanovic elle-même en est convaincue : « Si elle continue à jouer ainsi, je pense qu’elle sera bientôt dans le top 10. » Pourvu que ça dure !
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TENNIS BOX
Offrez un entraînement de professionnel avec des coachs de haut niveau ! Team coachs : Lionel Roux Frédéric Fontang Ronan Lafaix Olivier Delaitre
Team player : Thierry Ascione Camille Pin Rodolphe Gilbert Julien Boutter
reportage photo
Bacsinszky, le tube de l’hiver Voilà une joueuse qui n’a pas fini de faire parler d’elle. Il y a encore un an, Timea Bacsinszky pointait au 285ème rang mondial. Désormais, elle est 23ème au classement WTA, a remporté deux titres en 2015 (Acapulco et Monterrey), enchaîné 15 victoires de suite et s’est hissée en quarts de finale d’Indian Wells. Pourtant, la Suissesse revient de loin. Très loin. La Vaudoise a été victime, comme c’est malheureusement parfois le cas, d’un père ultraprésent… Dans un récent entretien accordé à nos confrères de L’Équipe, Timea n’a pas mâché ses mots. « Mon père ne s’occupait jamais de moi, sauf sur le terrain de tennis. S’occuper de son enfant, ce n’est pas lui lancer une balle. Je n’ai pas eu de père. Je ne le vois plus, je ne lui parle plus et ce sera comme ça jusqu’à la fin. Je n’ai aucun manque, j’ai eu une enfance volée. Une adolescence volée aussi. » Depuis 2015, la joueuse de 25 ans a débuté une deuxième carrière, presque une deuxième vie. Et on espère la voir sourire sur les courts encore longtemps.
La Martinique et le Country Club de Schoelcher ont réussi leur pari ! La deuxième édition de l’Open Corsair International, au Country Club de Schoelcher, restera gravée dans toutes les mémoires. Outre le niveau incroyable de la finale hommes, remportée par le franco-camerounais Tom Jomby, cette édition confirme tout le potentiel d’un tournoi pas comme les autres, où la convivialité est au centre des préoccupations. Retour en images sur un évènement martiniquais, liant haut niveau et ancrage local, devenu incontournable sur le plan national et international.
Wayne Odesnik, par ici la sortie C’est ce qu’on appelle une sanction exemplaire ! Pris dans les mailles du filet de la lutte antidopage, Wayne Odesnik a appris qu’il serait suspendu pas moins de 15 ans, pour un contrôle positif à plusieurs types de stéroïdes, fin 2014. Autant dire que c’est la fin de carrière pour cet Américain de 29 ans. Odesnik n’en était pas à son premier coup d’essai, puisqu’il avait déjà dû faire face à une suspension d’un an entre 2010 et 2011. Une nouvelle qui a, semble-t-il, ravi Andy Murray, pas tendre avec le tricheur… Alors, oui, comme le dit l’Écossais, « bon débarras », Wayne Odesnik !
Avec dix courts, le Country Club de Schoelcher est le plus grand club de la Martinique. Pour l’occasion, c’est le court 1 qui avait été désigné comme court central.
Un tournoi sans un staff ultra-professionnel, cela ne fonctionnerait pas : Lucien Salomon, directeur du Country Club, Florence Kelsch, responsable communication et marketing du tournoi, et Samuel Vivarès, directeur régional de Corsair (de gauche à droite).
Pour un tournoi de ce standing, il était logique d’avoir une équipe de ramasseurs de haut-niveau.
Temps fort de l’Open : échanges entre les internationaux et les jeunes de l’école de tennis.
Logés comme des rois à l’hôtel de la Batelière, au bord de l’eau, les participants ont pu se préparer dans des conditions optimales.
Tous les invités étaient, bien sûr, conviés à découvrir les plages de la Martinique.
Ils ont été nombreux à recevoir des prix. Tout à gauche, le finaliste malheureux, Louis Quennessen.
Le président de la Ligue Régionale de Tennis de la Martinique, Germain Soumbo, en compagnie des finalistes du tableau des +35 ans.
Impressionnant durant toute la semaine, Tom Jomby (94ème joueur français) a fait parler sa puissance pour l’emporter.
Elie Rousset : « Un soutien incroyable »
Lionel Roux a été mis à l’épreuve, ce vendredi 13 février dernier : deux Tennis Box dans la même journée, avec deux clients venus de l’est, d’Alsace, plus exactement. C’est dans le cadre idyllique du Tennis Club de Lyon (NDLR : merci à Jérôme Vanier) qu’ont eu lieu ces Tennis Box avec, comme d’habitude, des passionnés toujours aussi satisfaits. Ce fut le cas de Jonathan Schott (classé 15), qui s’était réveillé tôt pour taper avec Lio’ : « Cela s’est très bien passé. Lionel a été très précis dans ses conseils et cela a été une super séance. Je le referai sans hésiter ! Cela m’a permis aussi de prendre conscience de certains détails dans lesquels je dois progresser. »
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Condamné par l’ATP à une amende de 5000 dollars, dont 3000 avec sursis, et six mois de suspension, dont trois avec sursis, pour avoir partagé le prizemoney du joueur malade qu’il remplaçait comme lucky-loser, dans un tournoi Challenger au Maroc, en juin 2014, Elie Rousset clame sa bonne foi. Selon lui, cette pratique est courante. S’il n’avait pas accepté le deal du joueur remplacé, ce dernier aurait tout simplement joué son premier tour, avant d’abandonner après deux jeux, pour toucher ses gains. Une chose est sûre, cette décision a mis en émoi le monde du tennis français et suscité un superbe élan de solidarité autour d’Elie. Tu t’attendais à recevoir autant de soutien quand tu as donné les détails de l’affaire ? Je savais que mes proches allaient me soutenir, mais, autant de personnes, non, je ne pensais pas. La petite histoire a circulé très vite via les réseaux sociaux et j’ai reçu énormément de messages. Au final, c’est presque un mal pour un bien ! Un mal pour un bien ? Je n’irais pas jusque-là. Je suis quand même suspendu et, malgré tous les messages positifs que je reçois, je ne pourrai pas empêcher certains de jaser. Mais c’est sûr que ça m’aide un peu à oublier la sanction. La cagnotte qui a été créée te permet aussi d’avoir un souci de moins… Oui, ça m’enlève une épine du pied, c’est clair. Au-delà de la somme récoltée, c’est la rapidité avec laquelle la cagnotte s’est mise en place qui me touche. Plusieurs joueurs avaient évoqué l’idée simultanément ; en 24 heures, plus de 100 personnes y avaient participé et la somme était atteinte. Une fois de plus, Internet a permis d’accélérer les choses. Maintenant, il va falloir se reposer, car cela a entraîné beaucoup d’émotions… Effectivement, je vais me reposer un peu chez des amis ou avec ma famille. Mais j’ai déjà envie de rejouer et tous ces messages de soutien y sont pour quelque chose. Je sais que ça va me démanger et que je vais très vite reprendre l’entraînement. Avant de rejouer, peut-être, dans des tournois français. De toute façon, je vais aussi disputer les matchs par équipes avec mon club, au mois de mai.
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Nicolas Mahut :
« La récompense ultime » A Francfort, lors de la victoire des Bleus face à l’Allemagne, Nicolas Mahut a vécu un rêve de gosse en étrennant sa première sélection en équipe de France. Retour sur un moment très spécial dans une carrière loin d’être terminée. Interview réalisée par Clément Gielly
Nicolas, quel est le sentiment dominant après cette sélection en équipe de France ? Tu l’as attendue longtemps, celle-là… C’est drôle, parce que je commençais vraiment à prendre de la distance par rapport à la Coupe Davis. Par le passé, je m’étais emballé tout seul et le fait de ne pas être appelé avait pu m’affecter. Au final, c’est au moment où je me suis fait une raison que c’est arrivé. C’est vrai que j’ai eu des résultats probants en double, dernièrement. D’ailleurs, Mika Llodra m’a beaucoup apporté pendant deux ans, il m’a vraiment permis de passer un cap. Si l’on ajoute ma finale en Australie, cette année, on se dit que ma sélection était plus légitime que par le passé. Le sentiment qui prédomine, aujourd’hui, c’est de la fierté. La fierté d’avoir non seulement été sélectionné et retenu, mais aussi d’avoir été présent avec Julien et d’avoir remporté ce point. À 33 ans, tu as atteint une certaine maturité. Cela t’a aidé à mieux gérer le stress et la pression liés à cette grande première chez les Bleus ? J’arrive à un stade de ma carrière où je me connais mieux, c’est clair. Avoir disputé ces finales de Grand Chelem en double, des moments importants, de gros matchs, ça m’a grandement aidé. Ce sont des émotions qui sont enregistrées dans ma tête. Et puis, tout au long de cette semaine de Coupe Davis, le staff a été très présent. On ne se rend pas compte de tout quand on est à l’extérieur, mais, dans cette équipe, chaque personne a un rôle à jouer et le remplit parfaitement pour qu’on soit dans les meilleures conditions. Ça m’a sauté aux yeux ! Les gars sont entièrement dévoués, des kinés aux docs, en passant par Lionel (Roux, l’entraîneur), qui était en contact permanent avec mes coachs (Thierry Ascione et Nicolas Escudé) pour avoir le maximum d’informations.
Le sentiment qui prédomine, aujourd’hui, c’est de la fierté. Tu a semblé vivre un rêve éveillé ! C’est un peu ça ! Le vendredi, la Marseillaise était vraiment chargée d’émotion. Pour moi, c’est le symbole ultime qui représente notre fierté et notre identité nationale. J’y porte beaucoup d’attention, c’était très fort.
Dans l’ensemble, tu connais un bon début de saison. Cela augure de belles perspectives, surtout en double… Oui, c’est vrai, mais j’insiste : j’ai aussi envie de revenir en simple ! Je me suis qualifié à Rotterdam, où je perds contre Murray ; j’ai été qualifié à Marseille également… À côté de ça, en double, j’ai l’impression d’avoir franchi un palier, d’être plus solide, plus performant. On fait finale à Melbourne avec Pierre-Hugues (Herbert), puis il s’est malheureusement blessé et on a dû abandonner en quarts, à Marseille. L’enchaînement MelbourneCoupe Davis, avec ce match maîtrisé le samedi, c’est une force supplémentaire pour cette saison.
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Cette controverse liée à la finale, ça a été un facteur de motivation supplémentaire pour ce weekend face à l’Allemagne ? Certainement ! J’ai trouvé Gaël (Monfils) super impliqué et très concentré, avec beaucoup d’envie et la fierté de représenter la France. Je crois qu’on n’oublie pas une finale de Coupe Davis perdue, on l’a toujours dans la tête. Pour Jo, comme pour Richard, je sais que ça a été difficile. C’était bien qu’on gagne ici, à Francfort, pour leur montrer qu’on est capable d’assurer malgré leur blessure. Cette Coupe Davis, on va essayer de la gagner tous ensemble, avec un groupe élargi. Les gars vont revenir meilleurs après cette défaite en finale. Le staff aussi, d’ailleurs, puisqu’ils se sont tous remis en question : sur ce qu’ils avaient raté dans la préparation, les choses qui leur avaient échappé. Je suis convaincu que ce groupe-là arrivera à gagner la Coupe Davis.
Absent des courts après une opération au coude, Mickaël Llodra a accepté de devenir notre consultant de luxe jusqu’à son retour sur le circuit, en double.
En parlant de l’Open d’Australie, Pierre-Hugues t’en veut pour le missile que tu lui as collé dans la tempe, en finale (rires) ? Si tu lui poses la question, il avouera qu’il n’était pas bien placé (rires) ! Plus sérieusement, je suis assez triste qu’il se soit blessé à Marseille. Ça va le ralentir. Mais j’ai énormément confiance en lui. Je sais quel joueur il deviendra en double et, je l’espère aussi, en simple. Et je sais qu’il portera, un jour, ce survêtement France. Pierre-Hugues est meurtri, parce qu’il est blessé, mais il reviendra encore plus fort. On a beaucoup d’avenir tous les deux. On parlait de maturité, tout à l’heure. Avec l’âge, tu dois sûrement avoir une nouvelle approche des matchs et du travail foncier ? Je me sens encore super frais. Le fait d’avoir été longuement blessé à 31 ans m’a permis de repartir sur un gros travail effectué avec Xavier Moreau et Jean-Michel Lévêque. Aujourd’hui, physiquement, je ne me suis jamais senti aussi fort. A 33 ans, c’est un comble (rires) ! Comme le bon vin finalement… Oui (rires) ! Mais c’est aussi une façon d’être un peu plus détaché par rapport aux événements. Avec ce détachement, je deviens plus performant et j’appréhende mieux le circuit. Bon, malgré tout, les 33 ans, ils sont bien réels, donc il faut aménager la préparation et être un peu plus attentif au programme. C’est sur ce point-là que je n’ai parfois pas été assez à l’écoute de mes entraîneurs l’an passé et ça m’a coûté cher. Du côté des courts, la terre battue approche… Bien que ce ne soit pas ta surface favorite, tu as pas mal de points à prendre. Objectif Top 100 avant Roland Garros ? Le Top 100 en simple est un véritable objectif, c’est certain. Même si la terre battue n’est pas ma surface de prédilection, je sais que je peux y faire quelques bonnes performances. Je vais d’ailleurs aller à Monte-Carlo, où j’avais passé un tour l’année dernière. Si je joue intelligemment mon jeu d’attaque et que je suis bien préparé, je peux en surprendre plus d’un et gagner quelques matchs ! En attendant d’aller faire un tour sur ton gazon chéri… Et oui (rires) ! Dans une conception de programme, c’est important, c’est déjà demain. Le gazon, c’est la surface où je peux être le plus performant, où j’ai gagné des titres. Peut-être ne devrais-je pas trop jouer de tournois sur terre en amont, pour bien profiter des plages de récupération, afin d’être en mesure d’enchaîner l’ocre, puis les cinq semaines de gazon… Ça se terminera à Newport ou au deuxième tour de la Coupe Davis. Dans tous les cas, la programmation doit être intelligente et il faudra être très précis !
Et maintenant, l’Angleterre !
Représenter son pays, finalement, c’est le plus beau des combats dans un sport individuel… C’est l’objectif et la récompense ultime. J’ai toujours rêvé de jouer la Coupe Davis quand j’étais petit. Je rêvais de la gagner, plus que de remporter un Grand Chelem. J’ai grandi avec les images de la finale de 1991, j’ai vu les émotions que ça avait procurées aux gens, aux joueurs. 1996 aussi… Ce sont des images indélébiles ! Selon moi, c’est ce qu’il y a de plus fort pour un joueur de tennis. D’autant qu’en France, la Coupe Davis fait partie du patrimoine sportif. Le grand public regarde deux compétitions : Roland Garros et la Coupe Davis. Dès que c’est l’équipe de France, on y attache beaucoup d’importance. Cette victoire sur l’Allemagne, c’est aussi un message fort envoyé à tous les détracteurs du groupe France… Si tu veux reparler de la finale, pas de soucis. Pour moi, la France n’était pas favorite. On a quand même affronté Federer et Wawrinka, ce n’est pas rien ! Pour parler des critiques, nous, les joueurs, on n’a pas de problème avec ça. On les accepte, mais surtout quand elles sont constructives. On les prend bien si elles nous permettent d’être meilleurs derrière et il faut accepter quand les gens nous disent qu’on n’a pas été bons. Durant cette finale, j’ai surtout l’impression qu’il y a eu un Federer exceptionnel et un Wawrinka, quatrième mondial, qui sortait d’une demi-finale de Masters. En gros, les gars sont tombés contre plus fort qu’eux. Alors, oui, on peut remettre en question le choix de la surface, le fait que Jo était diminué… Mais le point de départ reste le même : les adversaires étaient meilleurs.
La chronique de Michaël Llodra
Mika, tu étais présent à Francfort. Quelle analyse fais-tu de cette rencontre ? Tout d’abord, les Bleus ont rempli leur contrat. Il n’y a rien à dire. Après, même si je sais que cette équipe d’Allemagne n’est pas très aimée, j’ai été surpris par le manque d’ambiance. Même dans le premier match, où c’était pourtant chaud sur le court, il ne s’est rien passé dans les tribunes. C’est étonnant. De notre côté, on a retenu le comportement de Nicolas Mahut, visiblement très ému de représenter son pays… Il l’était, c’est clair. C’est bien de voir arriver de nouveaux joueurs dans le groupe, cela met de la fraîcheur. Ils ne connaissent pas la compétition, ils ont les yeux grands ouverts. Cela m’a rappelé des souvenirs. C’est-à-dire ? C’était en 2000, à Rennes, pour un match de barrage face à l’Autriche. J’avais été appelé pour être sparring-partner. Je m’en souviens, j’étais hyper chaud, prêt à rentrer sur le court. C’était un sentiment incroyable de porter le survêtement de l’équipe de France. La France va jouer l’Angleterre sur gazon. Cela doit t’inspirer, non ? Évidemment, cela me motive encore davantage dans ma rééducation. Je suis à fond ! Le gazon, c’est ma surface de prédilection. Je vais tout faire pour me donner une chance. Justement, tu en es où ? Je viens de reprendre la raquette et je fais des échanges avec balles molles, mais sans servir. Et tout va bien pour le moment, je n’ai aucune douleur. C’est très positif. L’avantage de ne pas avoir joué pendant longtemps, c’est que j’ai pu me refaire une caisse, physiquement. L’objectif est toujours de revenir pour le double, à Roland Garros.
Après un premier tour réussi à Francfort, prochaine étape pour le clan tricolore : un déplacement de l’autre côté de la Manche les 17, 18 et 19 juillet prochains. Un quart de finale de Coupe Davis qui se déroulera vraisemblablement sur gazon, les joueurs britanniques ayant grandement milité pour que la fédération du Royaume-Uni opte pour cette surface. C’est donc un terrain de jeu plutôt rare en Coupe Davis qui accueillera ce duel fratricide entre voisins européens. Illustration frappante, côté français : durant les 25 dernières années, les Bleus n’ont disputé que quatre rencontres sur herbe ! Le bilan demeure cependant équilibré, avec deux victoires pour autant de défaites. Le dernier succès tricolore sur gazon remonte à 2001, avec une finale mémorable remportée du côté de Melbourne. Une long hiatus qui ne dérange pas le team France, comme nous le confiait Lionel Roux, en marge du premier tour : « Si ça se passe sur gazon, il y aura eu quatre semaines de préparation sur cette surface. On aura le temps de s’adapter et une vision un peu plus claire de la stratégie à adopter. » En revanche, outre-Manche, on a clairement l’habitude d’évoluer dans de telles conditions. Les Britanniques seront ainsi dans les meilleures dispositions avant d’affronter la France avec, pour objectif, une première demi-finale en Coupe Davis depuis 1981.
Posez vos questions à Michaël Llodra sur
mika@grandchelem.fr
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La saison sur terre battue va démarrer. Voici deux temps forts, qui devraient faire l’actualité avant le grand rendez-vous de Roland Garros. Textes de Laurent Trupiano
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1 Monte-Carlo, le grand départ ?
Dimanche 12 avril, le Masters 1000 de Monte-Carlo donnera le coup d’envoi de la saison européenne sur terre battue. L’organisation du tournoi monégasque a d’ores-et-déjà annoncé que Kei Nishikori, Andy Murray et Gaël Monfils seraient absents. Si certaines mauvaises langues répéteront, une fois de plus, qu’il s’agit d’un des Masters 1000 les plus boudés par les tout meilleurs joueurs, le tournoi de la Principauté version 2015 pourra compter sur la participation de huit membres du Top 10. Malgré ce beau plateau, une tradition du côté du Rocher, tous les regards seront tournés vers Rafael Nadal, dont les performances inquiètent. Éliminé en quarts de finale à Indian Wells, par Milos Raonic, au troisième tour à Miami, face à Fernando Verdasco, laborieux lors de sa tournée sud-américaine sur terre battue, Rafa préoccupe ses fans et la planète tennis toute entière. Habituellement étincelant à Monte-Carlo (huit victoires en onze participations), l’Espagnol s’y présente, cette année, sans confiance et plein de doutes. Pire, il semble bien que ses points forts, l’opiniâtreté et la pugnacité, ne soient plus au rendez-vous. L’œil du tigre a laissé place à un regard presque vide, souvent teinté d’une forme de désespoir. Depuis son arrivée au sommet du tennis mondial, c’est le plus mauvais début de saison de l’Espagnol, qui a pourtant dans le viseur un exploit monstrueux pour lequel il doit se préparer : remporter son dixième Roland Garros. Il en est loin, pour le moment, d’autant que son plus grand rival, Novak Djokovic, n’a montré aucun signe de faiblesse durant la saison sur dur. Un échec prématuré au bord de la Méditerranée sonnerait comme un aveu d’impuissance pour Rafa, toujours en reconquête d’une certaine forme de motivation.
2 Istanbul, une étape d’importance ?
L’histoire est en marche. Le circuit ATP va faire escale pour la deuxième fois seulement sur le sol turc, après une courte apparition en 1975. Et pas n’importe où, puisqu’un ATP 250 se déroulera du 27 avril au 3 mai à Istanbul, ville magnifique, devenue l’une des destinations touristiques les plus prisées d’Europe depuis une dizaine d’années. C’est peut-être cela, mais aussi un gros chèque, qui a décidé Roger Federer à faire escale sur les rives du Bosphore. Il y sera en bonne compagnie, puisque Grigor Dimitrov devrait également être présent. A l’officialisation de la venue du plus grand joueur de tous les temps, la billetterie a été
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prise d’assaut. Voilà donc la Turquie prête à s’enflammer pour le tennis ! D’ailleurs, elle avait déjà prouvé cet attachement en organisant le Masters féminin entre 2011 et 2013, au Sinan Erdem Dome, une arena de 16 000 places, bien connue des amoureux de basket-ball. Avant le Masters, Istanbul accueillait déjà un tournoi WTA de 2005 à 2010. D’abord placée juste avant Roland Garros, l’épreuve avait été décalée en juillet, en 2009, sur dur. Et a repris en 2014, avec une victoire de Caroline Wozniacki.
“Le tennis
mondial au féminin ! “
Qu’un tournoi ATP s’y déroule n’est, finalement, qu’une suite logique. Les organisateurs ont d’ailleurs vu les choses en grand avec la construction du complexe Koza Wos, considéré comme le plus grand centre de tennis du monde avec pas moins de 60 courts. Le site est doté d’un central plutôt esthétique, avec un toit rétractable et une capacité d’accueil optimale, répondant aux exigences du sport moderne. Avec l’idole Roger Federer pour ce premier rendez-vous, Istanbul… c’est déjà Byzance !
Genève-Nice, duel de dates ? Il est toujours difficile d’organiser un tournoi la semaine précédent un Grand Chelem. C’est pourtant le pari que l’Open de Nice relève avec un certain succès depuis maintenant cinq ans. L’an dernier, le vainqueur, Ernests Gulbis, avait confirmé qu’il est possible d’enchaîner les deux événements, puisque, deux semaines après son titre sur la Côte d’Azur, il atteignait les demi-finales du côté de la porte d’Auteuil. Cela a peut-être donné des idées à nos voisins helvètes… Ainsi, le très prestigieux club des Eaux-Vives de Genève a décidé de revenir à ses premières amours en organisant à nouveau un ATP 250, du 17 au 23 mai. Les organisateurs ont récupéré la date de Düsseldorf, les Allemands souhaitant se désengager. C’est Stanislas Wawrinka qui sera l’ambassadeur du tournoi. On rappelle que le TC des Eaux-Vives avait déjà organisé un tournoi du circuit, entre 1980 et 1991. La dernière édition avait été remportée par l’Autrichien Thomas Muster. Mais, au palmarès, figurent également Björn Borg, Henri Leconte et Mats Wilander, rien que ça !
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Coupe Soisbault 2015 :
marion bartoli, une marraine prestigieuse Afin de marquer le coup et de faire rayonner les 50 ans de la compétition au-delà des frontières de la Manche, la Coupe Soisbault se cherchait une marraine de renom, une fille dont le parcours a marqué les esprits. Avec Marion Bartoli, le pari est réussi. Interview.
Marion, pourquoi avoir accepté cette proposition ? Je suis très sollicitée pour des manifestations liées au tennis et je ne peux pas répondre à toutes les demandes. Quand j’ai appris que les organisateurs désiraient que je sois l’ambassadrice de la Coupe Soisbault, une épreuve que je connais bien même si je n’ai jamais eu la chance d’y participer, j’ai tout de suite plongé ! Cela tombe bien, Granville, où se déroule la coupe, est en bord de mer… C’est un critère qui a compté dans mon choix, bien entendu (rires). Plus sérieusement, je me suis renseignée sur la ville et j’ai été charmée. Je voyage encore à travers le monde et je peux vous assurer que je sais repérer les lieux accueillants. De plus, le programme qui a été concocté pour cette Coupe Soisbault, avec ce grand dîner de gala, m’a facilement séduite. Tu ne vas pas chômer lors de ta venue… C’est logique ! Je vais d’ailleurs me préparer pour être en forme, car je sais qu’il y aura beaucoup d’actions : une Coupe Soisbault des entreprises, un court éphémère en ville, une exposition sur Annie Soisbault… Justement, que t’inspire son parcours ? Plus que sur son parcours, j’ai envie d’insister sur le rôle primordial que joue ce type de compétitions dans le tennis de haut-niveau. Quand on désire être une championne, on se fixe des objectifs, des points de passage. C’est important. En revanche, l’idée de représenter ton pays, ça, tu sais ce que cela veut dire… Évidemment. D’ailleurs, toutes les rencontres de Fed Cup auxquelles j’ai participé restent des souvenirs extraordinaires, gravés dans ma mémoire. Et puis, si le tennis est un sport individuel, quand on soulève le trophée de Wimbledon, c’est une réussite pour son pays. Granville, c’est aussi le musée Christian Dior. Toi qui adores la mode, tu dois être comblée ! Tennis et mode se marient souvent de façon très réussie. Mais c’est sûr que c’était un argument supplémentaire pour que j’accepte d’être la marraine de l’événement, même si j’avais déjà eu un vrai coup de cœur pour la ville, le club et ce front de mer. Je sais aussi qu’il y aura du beau monde sous le chapiteau, dans les jardins Dior. On a l’impression que tu ne cesses de courir, depuis ta retraite… Je fourmille de projets, c’est vrai. C’est pourquoi, faire une petite pause début août, rencontrer des espoirs, les fans, le public, ça va vraiment me faire du bien. J’ai hâte d’y être !
Marion Bartoli, un palmarès en or : • En Grand Chelem : 1 titre à Wimbledon en 2013, une finale en 2007, demi-finaliste à Roland Garros, quart de finaliste de l’Open d’Australie (2009) et l’US Open (2012). • Sur le circuit : 7 titres. Meilleur classement WTA : 7ème le 30 Janvier 2012. • Fed Cup : finaliste en 2004.
Un court dans la ville : A l’image des grands tournois internationaux, l’organisation de la Coupe Soisbault a décidé de mettre en place sur le cours Jonville, en plein centre de Granville, un court de tennis éphémère où le public pourra taper la balle avec Marion Bartoli. Ce grand set joué en après-midi sera concomitant avec l’ouverture exceptionnelle de la Médiathèque où se tiendra l’exposition présentée en hommage à Annie Soisbault.
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Pour suivre l’actualité de Marion Bartoli dans la mode, il suffit d’aller sur : marionbartolidesign.com Par ailleurs, Marion lance sa première collection de bijoux avec l’enseigne Maty. Ses créations seront disponibles en France, mais aussi à l’international.
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Mannarino-Prodon, l’alchimie d’un duo improbable Tout juste retraité du circuit, Eric Prodon a débuté sa carrière de coach auprès d’Adrian Mannarino avec un succès presque immédiat, le gaucher tricolore atteignant le meilleur classement de sa carrière. Comment cette étonnante association s’est-elle mise en place ? Éléments de réponse avec cette interview croisée de deux baroudeurs du circuit. Interview réalisée par Loïc Revol
nous avions souvent été considérés, tous les deux, comme des joueurs talentueux, mais un peu branleurs. Ce qui n’était pas du tout le cas. Mais c’est toujours l’image qu’on a voulu nous coller. On prouve un peu le contraire aujourd’hui. On bosse bien, on bosse très dur, même. De mon côté, ce n’est pas nouveau, je vous rassure. Quant à Eric, lui aussi, quand il jouait, c’était un gros bosseur. Mais beaucoup pensent le contraire. E.P. : Effectivement, les gens ne voient que ton visage, mais pas ce qu’il y a derrière. La réalité, c’est qu’aujourd’hui, il faut être super bien entouré pour faire une bonne carrière. Ce qui n’a jamais été mon cas. J’ai été tout seul pendant presque toute ma carrière, de 23 à 33 ans. Par choix, premièrement, et puis parce que je n’avais pas les moyens de me prendre le coach dont je rêvais. Il y avait quelques personnes avec qui je m’entendais super bien, mais je n’avais pas les moyens financiers. Du coup, « branleur talentueux », c’est ce qui est apparu toute ma carrière : ce mec-là aurait pu être dans les 50 et faire une carrière de dingue, mais il ne l’a pas faite. Voilà ce qui en ressort. Je suis d’accord, mais, le problème, c’est que les gens oublient qu’il faut de l’argent pour se payer un entraîneur, ce que je n’avais pas. A une époque, j’ai pu m’entraîner à la Fédération et cela s’est super bien passé. Mais j’avais besoin d’autre chose. Je pense que chaque joueur doit se connaître et savoir quel entraîneur est bon pour lui. Adrian, c’est un peu pareil : « Mannarino, vraiment talentueux, peut aller dans le Top 30, mais bon, il se contente du minimum. » Moi, j’étais en-dehors de la Fédération, mais je bossais comme un dingue et on pensait que je ne faisais rien. Lui, c’est pareil. Tout le monde pensait qu’il faisait le minimum. Or, pour le voir travailler avec moi comme il le fait aujourd’hui, vu la charge de boulot que je lui impose, je me dis qu’il a dû énormément bosser avant. Le titre nous a fait rire. C’était plutôt un compliment. J’avais du talent, j’aurais pu faire mieux ; c’est comme ça, je ne peux pas revenir en arrière. La vie continue. J’ai rempli certains de mes objectifs, j’ai réussi à me faire plaisir dans ma carrière. Maintenant, Adrian, j’essaie justement de lui apporter ce que je n’ai pas eu, ce soutien. Être cette personne avec qui il s’entend très bien, avec qui il partage une même vision du jeu et qui peut lui fixer un nouvel objectif à chaque fois. Je ne terminerai jamais d’avoir des objectifs avec lui.
« Vous avez commencé à travailler ensemble à partir de Roland Garros, l’année dernière. Comment ça s’est passé ? Adrian Mannarino (A.M.) : J’ai décidé de quitter la Fédération en mars 2014. J’ai, ensuite, passé quelque temps seul sur les tournois. À ce moment-là, Eric s’entraînait seul, également, pour préparer Roland Garros. Il nous est arrivé plusieurs fois de faire des séances d’entraînement ensemble. Il essayait de m’aiguiller, de me donner de petits conseils… Eric Prodon (E.P.) : J’étais surtout en fin de carrière, je savais que ça allait se terminer pour moi. J’en profitais pour lui donner un coup de main.
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qui va à 100% dans le même sens que toi, c’est vachement plus facile. On passait énormément de temps ensemble en-dehors des courts et tout se passait très bien. C’est aussi très important pour se sentir bien sur le terrain. Enfin, les résultats ont été bons tout de suite. Évidemment, on ne sait pas ce qu’il serait advenu si j’avais enchaîné les défaites aux premiers tours. C’est un tout. E.P. : Comme il l’a dit, il était seul depuis quelque temps. Il se cherchait un peu. Il y a un feeling qui était plutôt bon entre nous. On se côtoyait en tant que joueurs de tennis sur les tournois. En-dehors, pas tant que ça, parce que, moi, j’étais quelqu’un de très indépendant. J’évitais de passer trop de temps avec les joueurs, je les voyais déjà toute
On a souvent été considérés, tous les deux, comme des joueurs talentueux, mais un peu branleurs A.M. : On était toujours en contact. Après sa défaite aux qualifications de Roland Garros, il m’a proposé de me filer un coup de main. Sur un Grand Chelem, c’est important d’être encadré. Et puis, je trouvais qu’il me donnait de bons tuyaux, surtout sur terre battue, qui n’est pas ma surface préférée. À la fin du tournoi, il m’a demandé s’il pouvait m’accompagner durant la tournée sur gazon. Ça me faisait vraiment plaisir, j’ai tout de suite accepté. Ça s’est fait tout seul, finalement. Lui, ça l’intéressait d’avoir une première expérience en tant qu’entraîneur et, moi, j’avais besoin de quelqu’un pour m’aider. Le feeling était très bon. E.P. : Au début de la collaboration, de Roland Garros à Wimbledon, jusqu’à l’US Open, tout se passait très bien. Je venais juste de terminer ma carrière, j’étais encore dans une mentalité de joueur de tennis. Adrian appréciait beaucoup d’avoir un ami-joueur plus qu’un entraîneur-entraîneur. Adrian, tu disais que le feeling était tout de suite bien passé. Qu’est-ce qui a permis que ce soit réciproque ? A.M. : On avait une vision similaire du tennis et de mon jeu. Travailler avec quelqu’un
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la journée. On avait une vision de son jeu qui était claire. Encore une fois, je suis arrivé à un moment où il était seul. Il avait très peu gagné en six mois et devait être 95ème mondial quand on a commencé à travailler ensemble, avec 500 points à défendre. Ça ne pouvait pas être pire (rires) ! Comme il se cherchait, j’ai pu lui offrir ce réconfort, cette confiance. Ça s’est fait naturellement. J’ai apporté ma petite touche, on est partis en Amérique du Sud, alors qu’il n’avait pas l’habitude de le faire. Ça lui a quand même sauvé son été et son tableau à l’US Open. De quoi se remettre dans une spirale positive. On a alors réussi à tenir le cap, en gérant bien l’effort sur la durée. Malgré tout, la force d’une relation, c’est de savoir discuter et de remettre les pendules à l’heure quand il le faut. Le joueur doit être très à l’écoute et comprendre que c’est pour son bien. Même s’il a du caractère, comme moi, Adrian a su faire la part des choses. J’ai retrouvé un article de nos confrères de L’Équipe, datant de juillet 2014, qui titrait, sur votre association : « Un duo de branleurs talentueux ». Qu’est-ce que ça signifie ? A.M. : Le titre n’était pas vraiment révélateur de ce que j’avais dit. J’expliquais juste que
fonctionnement, l’attitude d’Adrian en-dehors du terrain. Malgré sa finale à Auckland, j’avais trouvé qu’il était un peu moins à l’écoute. On a eu une grosse discussion, on a fait le point, beaucoup parlé, remis les choses à plat. Une discussion difficile, mais qui nous a permis de trouver une solution pour repartir sur de bonnes bases. Au final, on a vraiment bien bossé entre Memphis et Delray Beach. Maintenant qu’Adrian est dans le Top 40, quels sont les objectifs ? Être tête de série en Grand Chelem ? E.P. : Voilà, être dans les 30, tête de série en Grand Chelem. Ce sont déjà deux objectifs. Je pense qu’il apprécierait aussi une sélection en Coupe Davis (sourire)… Justement, par rapport à ce premier tour, avec les forfaits de Tsonga et Gasquet, tu as été en contact avec le capitaine, Arnaud Clément ? A.M. : Pour cette rencontre face à l’Allemagne, non, je n’ai eu aucun appel de sa part. Il faut dire que je ne me considère pas du tout comme joueur de double, aujourd’hui. Si j’ambitionne de jouer la Coupe Davis, ce serait en simple. Et les deux joueurs sélectionnés étaient clairement plus forts que moi. E.P. : Disons que, dans l’esprit des choses, on a une équipe de France relativement forte avec Gasquet, Tsonga, Monfils, Simon. Avec ces quatre mecs devant, Adrian n’a pas encore sa place dans cette équipe. Ils ont été dans les 10. Ils l’appelleront quand il sera prêt. Adrian, tu as connu une progression assez étonnante, lente, mais sûre, puisque tu atteins ton meilleur classement à 26 ans… A.M. : C’est une carrière qui a un peu trop tardé à prendre son envol. J’ai eu la chance d’entrer dans les 100 assez jeune, vers 21 ans. Malheureusement, à ce moment-là, j’ai eu une longue blessure au genou qui m’a handicapé sept ou huit mois. J’ai mis au moins un an avant de bien rejouer au tennis. Même chose, par la suite : je suis bien
Je ne veux pas ressasser le passé. Je surfe sur une belle dynamique, je vais avoir 27 ans au mois de juin et il me reste encore du temps
Eric, est-ce que ton expérience sur le circuit secondaire, où tu as remporté beaucoup de titres, t’a permis d’aider Adrian à repartir après Roland Garros ? Il a gagné cinq tournois entre juillet et novembre… E.P. : Moi, je suis allé jouer au tennis là où j’avais vraiment envie de le faire, que ce soit sur le circuit ATP, Challenger ou Future. Je suis allé dans des endroits où je savais que j’allais prendre du plaisir, sachant qu’une victoire reste une victoire. Quand tu gagnes un tournoi, c’est que tu l’as mérité et que tu étais prêt. Adrian avait déjà remporté des Challengers, il avait déjà fait des huitièmes en Grand Chelem. Je suis arrivé, je l’ai reboosté, je lui ai redonné confiance. Je l’ai soutenu, car il n’était pas bien. Tous les jours, j’essayais de l’aider à transformer en positif tout ce qu’il pouvait dire de négatif. Mon expérience en Challengers ou en Futures aide un peu, c’est vrai. Quand on en parle, il prend ce qu’il a à prendre. Mais c’est plus par rapport aux joueurs qu’il affronte. Il y en a beaucoup que j’ai joués, ce qui nous permet d’en discuter et de mieux les cerner. Tu expliquais qu’il a fallu remettre les pendules à l’heure, à un moment donné. Quand est-ce que c’est arrivé ? E.P. : Pas dans les six premiers mois, car il était sur une pente ascendante et gagnait beaucoup. Il n’y a pas vraiment eu d’engueulades profondes, il s’agissait plus d’ajustements tactiques. Après coup, je lui donnais mon avis sur ce qu’il aurait dû faire… Il a commencé à passer un cap, il était 44 en fin d’année, alors qu’on s’était fixé la 60ème place comme objectif, sachant qu’il était 100ème au départ et qu’il avait 500 points à défendre. Au final, c’est allé plus vite qu’on ne le pensait. Et c’est là qu’il a fallu mettre les choses au clair, car tout se précipitait un peu dans sa tête. Je lui ai dit : on va attaquer une autre catégorie de tournois, qu’il connaissait déjà, bien sûr, et si on veut vraiment approcher du Top 30, il va falloir faire des finales ! Pour ça, je lui ai expliqué que j’allais être très dur avec lui à l’entraînement et qu’il allait vraiment en chier. Et il en a bavé (rires) ! À notre arrivée, en Australie, je lui ai rappelé qu’avec le travail qu’il avait fait, il n’y avait pas de raison que ça ne paie pas. Il fait une demie à Nouméa (défaite face à Steve Darcis), puis une finale à Auckland, ce qui était de bon augure. Après, contre Feliciano Lopez, à Melbourne, il fait son match. Il se passe ce qu’il s’est passé (NDLR : Mannarino obtient une balle de match, avant d’être contraint à l’abandon pour des douleurs abdominales et une déshydratation), mais c’était une bonne tournée australienne qui a montré qu’il avait le niveau pour s’approcher du Top 30. D’ailleurs, il sort de cette tournée à la 36ème place mondiale. Mais on a quand même eu une petite discussion après cette période. C’est-à-dire ? A.M. : C’est compliqué, ce sont des choses qui restent entre nous. E.P. : Oui, c’est un peu personnel. Mais, en gros, c’était au sujet de notre mode de
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remonté, jusque dans les 50, mais je me suis alors blessé au poignet et à la hanche. En somme, même si je ne veux pas que ça me serve d’excuse, j’ai connu une succession de blessures qui ont un peu joué en ma défaveur. Mais j’ai aussi eu du mal à surfer sur mon bon résultat à Wimbledon (NDLR : huitièmes de finale en 2013). J’estime avoir raté le coche à ce moment-là. Mais bon… Je ne veux pas ressasser le passé. Je surfe sur une belle dynamique, je vais avoir 27 ans au mois de juin et il me reste encore du temps. Je suis un passionné, j’adore le jeu, c’est peut-être pour ça que je m’emporte parfois sur le court. Je prends les choses à cœur. A l’heure actuelle, même si c’est un peu pompeux, je vis mon rêve. J’espère que ça va continuer !
Eric Prodon, le champion du monde du circuit secondaire Avec 24 titres en Challengers et en Futures, Eric Prodon, qui a atteint son meilleur classement en 2011 (83ème), a eu un parcours plutôt atypique, puisqu’il a plus joué sur le circuit secondaire que sur celui plus connu des ATP 250, 500 et 1000. Déjà interrogé par la Rédaction de GrandChelem en avril 2011, Eric affichait un positivisme rafraîchissant : « J’ai gagné des Futures, j’ai gagné des Challengers, j’ai passé des tours en Grand Prix, j’ai joué en Grand Chelem… Ce ne sont que des supers souvenirs ! En fait, chaque victoire est un super souvenir, il n’y en a pas un qui se détache.
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Corentin Denolly 24h avec le numéro 1 français junior...
Chez GrandChelem/Welovetennis.fr, on est sensible aux parcours atypiques, où la passion reste au centre du projet. Le hasard a fait que nous avons croisé la route de Corentin Denolly très tôt, alors qu’il n’avait que 12 ans. A l’époque, le gamin, toujours correct sur le court, encaissait la dure réalité de la vitesse de balle des adultes. Depuis ces rencontres par équipe du dimanche, dans le froid de l’Isère, Corentin Denolly a continué, avec son coach de toujours, Arnaud Durand, à croire en son étoile : devenir joueur professionnel. Ballotté, parfois relégué derrière l’élite du moment, il n’a jamais rien lâché, tout en menant de front ses études et ses entraînements dans ce club qui l’a vu naître : Pont-Évêque. Si, dans un premier temps, son refus d’intégrer les pôles France a surpris, aujourd’hui, son mode de fonctionnement a fait ses preuves, avec des résultats, l’été dernier, qui en font le meilleur junior tricolore. Parce qu’on croit en lui, en son entourage et en ses qualités tennistiques, nous avons décidé de faire un bout de chemin avec Corentin tout au long de cette année 2015. La première étape de cette aventure nous mène, mi-février, à Pont-Évêque, pour une journée type dans la vie du 14ème mondial au classement ITF. Une immersion assez spéciale et émouvante, qui nous a permis de découvrir jusqu’à la chambre de cette graine de champion, berceau des rêves les plus fous, mais, surtout, réceptacle de ses trophées multiples. Reportage. Reportage réalisé par Philippe Tremolières et Laurent Trupiano
Le préparateur mental : bernard thomas
« Par le passé, j’intervenais à la demande, lorsque Corentin en sentait le besoin. Maintenant que cela s’accélère, la concurrence est différente et mes interventions vont être plus régulières. C’est Corentin qui le réclame. Il est très mature et, quand on travaille sur le mental, il faut que cela vienne du joueur, qu’il ait envie de communiquer, de progresser. Il y a tout cela chez lui, c’est pour ça que le challenge est intéressant. Je n’ai pas pour habitude de forcer les choses. Mon expérience et, surtout, mon envie est de m’intégrer dans des projets où l’être humain est au centre des préoccupations. Ici, avec la famille, le père, la mère, la sœur, tout est sain. C’est le cas aussi avec Arnaud, qui comprend toujours très bien mes interventions. C’est un vrai confort de travail. En ce moment, on essaie de faire en sorte que Corentin trouve les ressources pour se lâcher un peu plus. On met en place des bases qui vont lui servir toute sa carrière. C’est vraiment passionnant. Par le passé, j’ai vécu de belles aventures, notamment avec le skieur Pierre-Emmanuel Dalcin (NDLR : une victoire en Coupe du Monde, en descente) ou l’équipe de rugby de Bourgoin. Je crois aux rencontres et celle-ci, avec le team de Corentin, a été belle. Quand on travaille dans ces conditions, être préparateur mental devient un luxe ! »
Le coach : Arnaud Durand
« Pour les sparring-partners, on organise un planning et on va à la Ligue régulièrement. Parfois, sur certaines séquences, je me mets en face. Aujourd’hui, on a trouvé un bon équilibre, mais, si des joueurs de haut-niveau de la région veulent taper la balle avec Corentin, je serai à leur écoute. On sait que c’est sa dernière année protégée, puisqu’il quittera bientôt les Juniors, à l’ITF, pour entrer dans le monde des « adultes ». En même temps, on a déjà fait ce choix et anticipé, car son programme intègre des Futures, plus que des étapes juniors, même si les gros tournois de cette catégorie restent de vrais objectifs. Et, encore plus, les tournois du Grand Chelem, avec Roland Garros en ligne de mire. Lors d’une journée comme celle-ci, alors qu’il va partir en tournoi, on essaie surtout de trouver de bonnes sensations. Évidemment, ne jouer que deux heures dans la journée, on peut estimer que ça fait court, mais je préfère une séance intense et bien précise dans ces conditions. C’est notre façon de travailler. Avant, il menait de front les études et le tennis, donc il n’avait pas de temps pour lui. Désormais, s’il veut en faire un peu plus, il le peut. »
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La maman : Marielle Denolly
« Corentin sait qu’il peut compter sur notre soutien, celui de son père, de sa sœur et de moi-même. On a mis en place un fonctionnement et une structure pour qu’il soit bien entouré et qu’il se sente supporté. Tout au long de ces années, on a aussi appris à prendre du recul, à relativiser. Au fur-et-à mesure, on a aussi découvert le monde de la compétition. Mais ce n’est pas pour autant qu’on est toujours avec Corentin en déplacement, bien au contraire. On veut qu’il soit autonome. De toute façon, c’est un garçon qui a toujours su ce qu’il voulait. Cette idée de devenir champion, il nous l’a expliquée à six ans. Et, depuis, on est tous avec lui dans ce projet un peu dingue. Cela peut paraître surprenant que Corentin reste dans son club de Pont-Évêque, mais c’est son choix. S’il nous avait dit qu’il voulait partir dans un autre club, on l’aurait fait. Mais il tient à ses racines, un peu comme Nadal (sourire). »
L’emploi du temps de Corentin, ce 24 février 2015 : 9h15-10h : réunion avec son coach, sa mère et son préparateur mental pour établir le programme jusqu’à Roland Garros. 10h-12h : entraînement avec Alexis Gerra du Tennis Club de Chassieu, classé 0. Mise en place d’exercices, puis jeu libre sous forme de points. 12h-13h : repas avec son coach et l’équipe de GrandChelem/Welovetennis.fr.
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Cette idée de devenir champion, il nous l’a expliquée à six ans. Et, depuis, on est tous avec lui dans ce projet un peu dingue.
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14h-15h : rendez-vous chez l’orthodontiste. 15h30-17h : exercices physiques et entretien musculaire dans la salle de Vienne, avec son coach. 17h-17h15 : débriefing de la journée avec son coach.
L’avis du sparring
Durant cette journée, Philippe Trémolières, membre de l’équipe de GrandChelem/ Welovetennis.fr, a été le sparring-partner de Corentin. Ses impressions : « J’ai déjà joué avec des numérotés, comme on dit. Mais, là, ce qui m’a surpris, c’est son relâchement, sa précision et sa régularité. Évidemment, il s’agissait d’un entraînement et on a joué dans l’axe, mais sa balle est vraiment lourde. D’ailleurs, je lui ai proposé de faire quelques échanges, mais j’aurais mieux fait de me taire (rires) ! Sincèrement, quand je l’ai vu s’élancer sur son coup droit pour frapper en diagonale, j’ai vraiment pris peur. J’ai rarement vu un coup de cette violence et de cette puissance. Ça allait très très vite. »
Le mot de Corentin Denolly « Je me sens très bien ici, c’est mon club de toujours. Bien sûr, j’y suis de moins en moins avec ma vie sur le circuit. Mais ça me fait du bien de revenir, c’est calme. Et, quand je repars, j’ai la pêche. Je sais que cette saison sera un peu spéciale. J’ai déjà découvert l’Open d’Australie. C’était vraiment énorme, même si je m’en veux, car le match du premier tour me file entre les doigts. Si je commence déjà à jouer sur le circuit Future, je vais tout faire pour briller dans un tournoi du Grand Chelem en Juniors. C’est un véritable objectif. »
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Tecnifibre fait appel à 500 coachs pour le lancement de la nouvelle TFight Tecnifibre organise le 1er lancement collaboratif d’une raquette de tennis à l’échelle mondiale, en associant le terrain au digital. Le « TFight Ultimate Test » est donc un dispositif inédit et innovant pour la sortie de la nouvelle gamme TFight Dynacore.
« Nous avons choisi une approche collaborative et avons opté pour une voie alternative en sollicitant 500 de nos coachs à l’international, pour être acteurs de ce lancement et tester la nouvelle raquette TFight 300 » explique Laurent Blary, responsable marketing produit. Les coachs sélectionnés pour ce «TFight Ultimate Test », ont reçu un «kit produit» composé d’un prototype de la raquette TFight (un cadre noir mat, sans aucun artifice) et d’un sac à dos Tecnifibre. L’objectif du dispositif est de faire tester le nouveau modèle de la TFight par des spécialistes afin de récolter un feedback complet selon des critères prédéfinis (puissance, maniabilité, stabilité, son, contrôle, spin, adaptabilité selon le profil du joueur, performance selon la séquence de jeu…). Ces données vont alors être analysées pour en faire profiter le grand public via un espace dédié sur le site de Tecnifibre, www.tecnifibre-ultimatetest.com.
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L’idée c’est aussi de pouvoir utiliser ces données dans une démarche de qualité et de progression
»
Sur cet espace seront compilées les différentes données et les avis des coachs qui auront participé à l’opération (un compteur indiquera le nombre de retours en temps réel). Une vingtaine d’entre eux pourra également partager photos et vidéos avec les internautes curieux d’en savoir plus sur le produit. L’idée c’est aussi de pouvoir utiliser ces données dans une démarche de qualité et de progression pour le développement des prochaines gammes de produits de la marque et ainsi confirmer qu’avec les nouvelles technologies il est possible de mettre en place des programmes de collaboration qui favorisent le retour d’expérience lié au terrain et impliquent de façon concrète l’ensemble des ambassadeurs de la marque. Le Mot d’Anthony Lasbleis Lecompte (coach Tecnifibre) l’union sportive le Poinçonnet Cela fait 3 ans que je suis chez Tecnifibre. En tant que coach nous sommes le relais sur le terrain pour apporter entre autre notre point de vue sur les différents modèles de la marque. Nous travaillons en étroite collaboration avec les équipes de promotion, j’apprécie cette proximité. Ce lancement est intéressant car on se sent encore plus impliqué dans le développement de la marque. De mon point de vue, la nouvelle TFight 300 est une belle évolution de la marque sur la série TFight en proposant des tamis 630 à partir de 300gr. Plus de maniabilité que la série précédente et de sensation par rapport au centrage de la balle. Je la recommanderais à un joueur ayant une bonne technique, un bon relâchement, avec une vitesse de bras naturelle pour passer très vite la tête de raquette à la frappe. Le petit plus cosmétique, la plaque ATP-Tecnifibre dans le cœur de la raquette, très classe !
Jérémy Chardy : « L’idée c’était d’acquérir plus de contrôle tout en gardant de la puissance, j’ai donc testé plusieurs modèles, et au fur-et-à-mesure je me suis senti de mieux en mieux avec la TFight305. C’est toujours délicat de changer de cadre surtout quand cela fait près de huit ans que l’on est chez le même équipementier, mais là j’avoue que je n’ai pas eu de véritable appréhension. Le dialogue a été permanent avec le team de Tecnifibre pour la mise au point de ma TFight, et aujourd’hui je dois dire que je suis entièrement satisfait, je ne regrette pas ce choix. ll y a même des phases de jeu, notamment en retour, où j’ai des nouvelles sensations. Au final, ce cadre m’apporte beaucoup de confiance en mon jeu basé sur des coups puissants de fond de court. »
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Dossier réalisé par la rédaction
A l’Open d’Australie, Rafael Nadal a joué avec la raquette Aero Play et, si l’événement est passé un peu inaperçu, puisque la firme lyonnaise a lancé ce concept il y a maintenant un an avec la Pure Drive Play, le mouvement semble en marche. D’ailleurs, les autres firmes ont rapidement suivi. Wilson a signé un accord avec Sony, dont le produit avait été développé au côté de Yonex. La raquette devient donc intelligente, enregistrant des données essentielles, se transformant en « data center » pour faire progresser son tennis. Mais il n’y a pas que la raquette qui évolue. D’autres accessoires font leur apparition dans l’environnement du joueur. A chaque fois, l’objectif est le même : favoriser la pratique, le confort, être plus précis et quitter l’analyse empirique basée sur des impressions pour quantifier, qualifier ces sensations. Montres connectées, chaussures à semelles réglables en termes de température, polos intelligents… Et, pourquoi pas, demain, cordage communiquant ? L’évolution de la technologie permet tous les délires, grâce à la démocratisation de l’usage électronique. Comme l’expliquent nos spécialistes, cette évolution est aussi liée à l’explosion des smartphones, agissant, plus que jamais, comme des terminaux, des hubs, des réceptacles de données en tout genre. Vous le verrez, tous les exemples sélectionnés pour vous présenter cette petite révolution ont mis le smartphone au centre de leur concept.
Mobilité, rapidité, enregistrement aisé… Le tennis, sport de statistiques, voire de mathématiques, devrait peu à peu changer de visage, de la formation à l’optimisation de la performance. Et, même si le haut-niveau semble encore réfractaire, ce n’est pas un hasard si SAP, multinationale d’informatique et de gestion de bases de données, a développé, pour la WTA, une application qui doit permettre au coach d’analyser l’ensemble des performances de son athlète, mais aussi celles de son futur adversaire. Heureusement, les puristes ne doivent pas s’alarmer, car le pouvoir reste dans les mains de notre savoir-faire. Si récolter des données est devenu un jeu d’enfants, les analyser et en tirer des enseignements judicieux fait toujours appel à des compétences humaines. Voici donc, dans ce dossier, un aperçu de ce qui se fait de mieux. Et de ce qui, demain, verra le jour.
Guillaume Girardin : « Une balle de tennis connectée, ce sera bientôt possible »
Expert en technologie embarquée au sein du cabinet Yole, Guillaume Girardin a bien voulu anticiper ce que pourrait être le futur d’un tennis ultra-connecté. Jean-Bernard Fabre
De la techno, rien que de la techno !
l’avis des experts
Jean-Bernard Fabre : « Mesurer sa performance est devenu essentiel pour progresser »
Directeur d’ESP Consulting, société qui accompagne des fabricants dans l’innovation, Jean-Bernard Fabre dresse le bilan technologique de la planète tennis. Une planète qu’il connaît bien pour avoir permis, notamment, à la raquette Lacoste LT12 de voir le jour, même si ce cadre tranche avec les tendances du moment. Qu’est-ce qui explique cette explosion des objets connectés dans le sport et, plus particulièrement, le tennis ? En fait, il faut prendre conscience que le marché de la puce électronique a considérablement évolué avec l’explosion des smartphones. La mesure des données est devenue plus accessible économiquement. C’est logique que le sport en profite, mais c’est aussi le cas dans le secteur de l’armement, le domaine médical ou, même, la vie de tous les jours. Pour ce qui est du tennis, plus précisément, toutes les études confirment que c’est une discipline où le matériel prend une part très importante dans la performance. La raquette et le cordage sont essentiels pour être performant. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si les joueurs de tennis professionnels règlent toutes les variables au gramme près. Partant de là, la raquette connectée de Babolat, c’est une prouesse ou juste une simple application de l’évolution de la technologie embarquée ? Si c’était aussi simple, d’autres marques auraient déjà sorti des modèles similaires. Donc il s’agit vraiment d’un petit exploit. Par exemple, les puces ont un certain poids et consomment de l’énergie. Ainsi, on doit les alimenter à l’aide de batteries rendant ces dispositifs plus lourds. Et, pour mesurer l’ensemble des variables sans modifier les habitudes du joueur, il faut absolument respecter les critères de conception de la raquette traditionnelle, son équilibre, son poids, tout en y implémentant la technologie. C’est un des points importants, prouvant le savoir-faire de la marque lyonnaise. On a la raquette connectée, le tee-shirt connecté… A quand le cordage et la chaussure de tennis connectés ? Sur ce sujet, j’ai envie de vous répondre… « secret défense » (rires) ! Nous travaillons actuellement sur ce type de développements. Qu’est-ce qui peut freiner toutes ces évolutions ? Les technologies embarquées dépendent de variables qui sont indépendantes du sport pratiqué. Prenez le tee-shirt connecté : tout l’art consiste à savoir fabriquer un produit qui pourra rester toujours aussi performant alors que le champion transpire ou que le teeshirt passera à la machine à laver. Par ailleurs, recueillir des données, c’est bien ; savoir les interpréter, c’est un autre problème ! Quelques fois, ce sont ces contraintes-ci qui peuvent bloquer une innovation fondamentale. Mesurer la performance, d’accord, mais qu’en est-il des évolutions du matériel en lui-même et de ses spécificités ? Il y a encore des progrès à attendre ? Oui, cela va se jouer sur les matériaux utilisés et leur impact sur l’homme. Aujourd’hui, la tendance est de se concentrer sur la structure-même des atomes ; c’est la nanotechnologie. Cela peut avoir de réelles applications dans le tennis, sur la structure d’une raquette, par exemple, j’en suis persuadé.
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On sent quand même que ces objets connectés ont un peu de mal à s’installer dans les mœurs, même s’ils font souvent beaucoup de buzz… C’est logique et compréhensible. D’ailleurs, de la part de Babolat, c’est assez audacieux d’avoir lancé une telle révolution. Quand on veut changer des habitudes très ancrées dans les mœurs, il faut y aller progressivement. Regardez comment les constructeurs s’y sont pris pour qu’on accepte de laisser sa voiture se garer toute seule. Dans un premier temps, ils nous ont appris à avoir un radar de recul, alors même qu’ils pouvaient déjà implémenter le « park assist » sur leurs modèles. Progressivement, on s’est approprié l’idée et, désormais, le « park assist » est même un atout. Cette stratégie confirme qu’une rupture technologique entraîne toujours une forme d’appréhension, voire de peur. C’est pour cela qu’il faut pouvoir éduquer lentement le futur utilisateur.
Aujourd’hui, le tennis, comme d’autres disciplines, est envahi par la technologie embarquée. Peut-on parler de prouesses technologiques ou s’agit-il simplement de mises en application d’outils déjà existants ? C’est vrai qu’il s’agit principalement d’outils et de composants déjà éprouvés dans d’autres domaines. C’est une révolution démarrée il y a bien longtemps, mais dont l’impact, s’est vraiment fait sentir à partir de 2007, avec la vague des smartphones, intégrant de plus en plus de capteurs – accéléromètres, gyroscopes, baromètres… Aujourd’hui, nous nous dirigeons vers une seconde révolution : l’arrivée de l’IoT, l’« Internet of Things ». Tous les objets qui nous entourent auront la capacité d’analyser et de communiquer avec notre environnement. Le sport n’échappera pas à cette règle. La raquette fournira des données, les vêtements fourniront des données, les chaussures fourniront des données, etc. On nous a expliqué que l’avenir de la raquette de tennis résidait plus dans la nanotechnologie que dans la technologie embarquée. Tu confirmes ? Ce sont deux approches différentes, l’une à court terme, l’autre à plus long terme. Mais, au final, les deux révolutionneront ce sport. L’approche nanotechnologique, dite « bottomup », cherche à modifier les propriétés des matériaux à l’échelle nanométrique pour gagner en légèreté, en rigidité, en puissance : fibre de carbone, renforts en nanotubes de carbone… De l’autre côté, on parle d’une approche « top-down ». On miniaturise des technologies existantes et on est capable, grâce à des micro-systèmes électromécaniques (capteurs MEMS), de greffer, sur de très petites surfaces, des systèmes qui mesurent des paramètres physiques ou extérieurs. Il devient alors possible de mesurer les performances d’un individu, le « quantified-self », et de participer à leur amélioration par un suivi de tous les instants. Les performances et le « form factor » de ces MEMS permettent de rassembler des données inaccessibles jusque-là : accélération, angle de frappe, répétabilité du geste, vitesse de déplacement, rotation de la balle… Au final, ces deux approches évolueront en parallèle. Aujourd’hui, il existe une raquette, un court, un tee-shirt connectés… On peut imaginer que tous ces éléments soient, un jour, connectés entre eux ? A terme, oui. C’est pour cela qu’on dit que le marché est émergent, toujours en construction, car tous ces éléments se développent, pour le moment, de leur côté. Lorsque ces technologies seront matures et interdépendantes, le spectateur, via son smartphone, et le téléspectateur, via sa télévision, auront accès à toutes les données en temps réel. On devrait même pouvoir connaître la puissance réelle d’un joueur, ainsi que sa mobilité sur la durée. Et, au final, anticiper de façon très précise le sort d’une rencontre, tout du moins sa probabilité. D’autres grands secteurs sont touchés par cette connectique aiguë. Quelle serait l’innovation technologique la plus improbable dans le tennis ? Pourquoi pas une caméra dans la balle de tennis ? Attention au mal de mer (rires). Je dis cela en plaisantant, mais il est tout à fait possible d’avoir une balle comprenant plusieurs capteurs – accéléromètre, gyroscope… Adidas a récemment sorti un ballon de football connecté permettant d’analyser les trajectoires. Ce ballon coûte $250. On en trouve aussi au basket. Je te laisse imaginer la tête des gens quand ils exploseront une balle de tennis à 100 €(rires) ! Mais, dans le futur, ces technologies seront abordables. Et il deviendra parfaitement normal de recevoir des informations, voire même de s’immerger, via un capteur optique, à l’intérieur de la balle… avec stabilisateur !
LT12 de Lacoste, un pied de nez à la technologie ? « Quand Lacoste nous a présenté son cahier des charges pour la conception d’une raquette faite à 70% de bois, mais avec des propriétés identiques aux modèles d’aujourd’hui, on s’est dit que c’était un gros défi (rires) ! Au fur-et-à mesure de nos tests, de nos études, on s’est aperçus que le bois et certaines essences bien choisies pouvaient avoir des qualités insoupçonnées. Tout le travail a été de trouver le bon dosage, les bonnes structures de fabrication. Au final, la LT12 présente des résultats plutôt bluffants pour une raquette en bois de 300 grammes ! »
Jean-Bernard Fabre
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PlaySight,
le mot de djoko…
la révolution est en marche Grâce à un système de caméras autour du court et d’un logiciel d’analyse révolutionnaire, PlaySight offre ce dont a toujours rêvé un joueur qui veut progresser. Interview d’Assaf Arbel, directeur commercial de cette marque créée en Israël.
Comment est né PlaySight ? Le co-fondateur et PDG, Chen M. Shachar, avait déjà réalisé des simulateurs pour que les pilotes d’avion aient un système d’entraînement performant. Lorsqu’il a vu jouer sa fille au tennis, il a tout de suite perçu un problème au niveau de la position de son coude. Mais son coach n’arrivait pas à lui faire comprendre cela. Ça a fait tilt. Il a alors cherché à créer un système pour le tennis en s’appuyant sur son expérience dans l’aviation. Au fur-et-à mesure du développement, il a pris conscience qu’il existait un réel besoin pour les joueurs de tennis. Et s’est très vite rendu compte que rien n’avait été inventé dans ce sport depuis longtemps, en termes de technologie. De plus, son intuition a été validée quand il a découvert une étude du Massachusetts Institute of Technology (MIT), qui classait le tennis avantdernier dans l’utilisation de l’analyse via des outils technologiques. Comment s’est passée la mise en place de ce système dont vous parlez ? Les trois fondateurs avaient, tous, déjà travaillé ensemble, ce qui a été un avantage non négligeable. Il a fallu énormément échanger avec les coachs, les parents, les enfants, mais aussi les clubs. Et bien identifier tous les besoins pour développer un produit complet, qui s’adresse à tous les types de joueurs. Progressivement, on est passé au terrain. Une étape importante a été l’installation d’un court PlaySight au Queens Club, en Angleterre, et à la Fédération Française de Tennis… On a commencé à comprendre et être en mesure d’anticiper les envies des joueurs. On a d’abord mis une caméra à chaque coin du court, puis deux autres, juste derrière chaque joueur. Cela fait donc six caméras. Mais on peut en mettre jusqu’à 10, en rajoutant quatre caméras latérales, comme c’est le cas à Roland Garros. Vous pouvez nous expliquer comment cela fonctionne, concrètement ? Tout est analysé en trois secondes, ça va vraiment très vite, et plusieurs modes sont disponibles. Les lignes du court sont reconnues par notre système, tout est enregistré, tout est synchronisé. Vous pouvez connaître le nombre de coups (coups droits, revers, services, volées…) que vous faites, les mètres parcourus, les calories brûlées et beaucoup d’autres statistiques. De quoi vous permettre d’analyser votre jeu. Il y a aussi un mode en 3D et un mode débriefing très intéressant, que ce soit sur le court, dans le club house ou via notre site internet. Vous pouvez enfin vous comparer avec les autres joueurs en ligne, c’est un réseau social mondial pour tous les joueurs de tennis. Et puis, nous travaillons actuellement sur une application iOS révolutionnaire, qui permettra à votre téléphone d’être une caméra supplémentaire, la 11ème du dispositif. C’est quelque chose qui peut s’adresser à n’importe quel type de clients ou c’est assez spécialisé ? Je dirais que cela concerne un public assez large. Il y a le premier cercle : les fédérations, bien sûr, les académies, les universités, les clubs et les particuliers qui désirent avoir un court PlaySight chez eux. Mais, dans le deuxième cercle, les autres clients pourraient être également les chaînes de télévision, le web et les sites de paris en ligne.
facilement identifiables par le coach et l’élève. La fusion des données et des vidéos rendent les informations vraiment très lisibles. Il suffit de s’enregistrer dans notre base grâce à son adresse mail, rien de plus ! La reconnaissance de son profil est très facile et l’interface, pédagogique. Choisissez ce que vous voulez travailler sur la console centrale. Une fois votre session terminée, il vous suffit de la fermer et vous recevez tout ce que vous souhaitez directement sur votre boîte mail. Tout est connecté simultanément sur une seule interface, c’est donc très simple d’utilisation. Et c’est fiable à 100% ? Dieu seul l’est (rires) ! On est entre 95% et 98% de fiabilité, selon les différents paramètres, ce qui est très bien. Le système est intuitif, automatique, indoor et outdoor sans aucun problème. Je le répète : notre objectif est de le rendre accessible à tous. C’est abordable financièrement et il n’y a pas de coûts cachés. Enfin, ce système vient d’être approuvé par la Fédération Internationale de Tennis.
Jusqu’à 10 caméras quadrillent le court et permettent de récolter toutes les données.
« Cela révolutionne le sport d’une certaine manière. Je connais bien les fondateurs, Playsight est né de leur passion pour le tennis. Beaucoup de joueurs vont pouvoir utiliser cette technologie à l’avenir. Le vrai plus est qu’il n’y a besoin de personne car le système est assez intelligent pour fonctionner tout seul. Pour l’instant cela concerne seulement l’entraînement, mais ce n’est qu’une question de temps avant que cette technologie soit disponible lors de matchs sur le circuit. Soyons patients ! »
Les détracteurs diront que PlaySight ne va pas dans le sens de l’humain, des coachs… Mais c’est exactement le contraire ! Notre système est une révolution. Nous changeons beaucoup de choses, il faut donc que les gens s’adaptent. Et les coachs doivent être les ambassadeurs de ce changement. Ils nous ont, d’ailleurs, grandement aidés à développer ce système. Plutôt qu’un outil de substitution, c’est une aide fantastique qui est mise à leur disposition et qu’ils pourront utiliser afin que leurs élèves soient encore plus performants. Dans notre système, il y a un mode où le coach peut, par exemple, enregistrer sa voix sur des exercices. L’élève n’a plus qu’à suivre les consignes et peut travailler en autonomie. Mieux, le soir, chez lui, il pourra même se revoir en train de faire les exercices et, ainsi, progresser continuellement. Et cela pourrait être adapté à d’autres sports ? Le cœur de notre business, c’est le tennis. De nombreux paramètres sont, d’ailleurs, spécifiques à ce sport. Pour répondre à votre question, le modèle est toujours le même : la vidéo instantanée, le streaming, l’analyse des données, les exercices du coach avec sa voix. On retrouve tout cela immédiatement dans son compte, tout est consultable à n’importe quel moment de la journée. Il est donc certain que notre système a vocation à se généraliser dans d’autres sports. C’est déjà le cas pour le squash, à San Francisco, par exemple.
Faites un debriefing complet et immédiat avec votre coach au sein de votre club.
Vous nous avez parlé d’un court à la Fédération Française de Tennis. D’autres installations sont prévues ? Récemment, nous avons installé notre système dans l’académie de Stefan Edberg. Mais, effectivement, la FFT est très importante pour nous, puisqu’elle nous a offert des retours très exhaustifs concernant notre machine. Nous travaillons en étroite collaboration, ce sont des gens très ouverts et intéressés par ce que nous faisons. Nous les en remercions et espérons, évidemment, continuer à installer notre système en France, un marché très important. Djokovic est un investisseur majeur de PlaySight. Comment est-il impliqué dans le projet ? Il nous supporte dans tout ce que nous faisons, il ne fait pas simplement qu’en parler. Avant d’être un investisseur, c’est surtout un ambassadeur formidable pour nous. A Indian Wells, par exemple, nous avions deux courts PlaySight en libre accès pour les joueurs pros. Nombre d’entre eux sont venus. Hingis, Berdych, Nishikori, Gasquet… On peut penser que Novak y est pour beaucoup ! Il a, d’ailleurs, remporté le tournoi contre Federer, qui, lui, n’est pas venu (rires) !
Cette console centrale intelligente permet, grâce aux caméras, la centralisation et l’analyse de vos données. Tout simplement révolutionnaire !
Accédez à une analyse précise de votre performance en 3D.
Consultez votre tableau de bord et toutes vos données personnelles en ligne.
www.playsight.com
Après une inscription gratuite en ligne, les possibilités sont nombreuses.
Mais c’est facile à utiliser ? Oui, très facile, même pour ceux qui sont allergiques à la technologie. Tout notre système est accessible en temps réel et automatisé. Les données récoltées sont
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La V2 de la machine HIGHTOF est sortie
V2, le grand test ! C’est à la Ligue des Yvelines, le mardi 3 mars, que notre équipe a testé la V2 de la machine Hightof. Une équipe complétée par des membres du staff Tecnifibre, dont le siège social est situé tout près. Programme Federer, rotation à la Nadal… La V2 a fait souffrir nos testeurs, qui ont tous été bluffés par la précision de cette machine infernale. Témoignage. Thomas Simonini, chargé de communication web chez Tecnifibre, joueur classé 5/6 : « J’ai été impressionné par la qualité des balles proposées par la machine, tant au niveau des effets qu’au niveau de la longueur. C’est un vrai plus, car elle offre aux joueurs une multitude de contextes et peut transformer une situation d’attaque en situation de défense en un instant. La qualité du slice est également très impressionnante. Je serai, d’ailleurs, curieux de voir la machine face à Roger Federer en slice. En échangeant des balles avec un partenaire, par la suite, nous avons eu l’impression d’être plus toniques et réactifs, d’effectuer nos frappes dans de meilleures conditions. L’effet Hightof, certainement (rires) ! »
Dotée d’un nouvel écran de contrôle tactile et de nombreuses options, la machine HIGHTOF MÂAT offre des perspectives inédites et ouvre un peu plus le champ des possibilités. Déjà très performante à sa naissance en 2011, la HIGHTOF MÂAT est aujourd’hui plus facile à utiliser. Pour bien comprendre ces évolutions, nous sommes allés à la rencontre de son concepteur, Abdou Haitof.
Abdou, on avait essayé ta machine il y a quatre ans. Quel bilan tires-tu du lancement de la première version ? Le premier Mac n’a pas tout explosé quand il est sorti (rires). Il faut laisser du temps. Tous les spécialistes savent qu’il n’y a pas d’équivalent sur le marché et que l’HIGHTOF offrait déjà, à son lancement, des particularités uniques. Comme pour toute innovation, il y a ceux qui ont adhéré tout de suite, ceux qui ont attendu avant de la plébisciter et ceux qui patientent encore. Ce qui me réjouit et me rassure, c’est qu’il y a des machines partout : dans les Ligues, des académies, des centres de haut-niveau, de très petits comme de très grands clubs, chez des particuliers… A ce titre, la machine remplit les missions qui lui étaient destinées : elle favorise la pratique, toutes les pratiques, et rend les choses plus simples. C’est un plus, un vrai compagnon d’entraînement, quel que soit le niveau qu’on possède ou qu’on veut atteindre. Et puis, on a forcément pensé au haut-niveau, à l’ultra-performance ; c’est aussi cela qui m’a motivé à plancher sur la V2, l’HIGHTOF MÂAT. Cette innovation est tricolore, mais j’ai bien l’impression qu’elle s’est implantée de manière plus efficace à l’étranger. Comment expliques-tu ce phénomène ? Chaque pays a ses particularités. En Belgique, par exemple, j’ai reçu un accueil extraordinaire. Cela a été le cas, également, dans les pays scandinaves. La technologie comme support d’enseignement est plus facile à mettre en place dans certaines régions. En France, nous avons l’une des meilleures formations de tennis au monde. Mais, pour faire progresser les habitudes, il faut du temps. Les choses sont en train d’évoluer. Enfin, avec l’HIGHTOF MÂAT, nous ferons des Etats-Unis l’une de nos priorités. Avec cette V2, on a le sentiment qu’il y a eu pas mal de changements. Les utilisateurs vous ont fait des retours dont vous avez tenu compte ? Avec notre parc développé aux quatre coins de l’Europe, on a forcément eu des questions. Ceux qui maîtrisent bien l’HIGHTOF nous ont aussi fait remonter des idées d’évolution. Des coachs connus, comme Sam Sumyk, ou moins connus ont également exprimé leur sentiment. Je me suis attaché, quand c’était possible, à venir à leur rencontre. Sur un produit aussi innovant, le retour de l’utilisateur est essentiel. C’est en partie grâce à lui si la nouvelle version a vu le jour, car j’ai aussi ressenti le désir de rendre son utilisation plus facile et moins fastidieuse. L’écran tactile de contrôle participe largement à cette idée. On est dans une programmation plus instinctive. Les écrans tactiles ont envahi notre quotidien, on les apprivoise facilement !
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Quelles sont les modifications dont tu es le plus fier ? Le fait d’avoir rendu le panneau de configuration plus ergonomique. Après, incontestablement, la machine HIGHTOF MÂAT possède une spécificité mondiale unique : elle est la seule qui est paramétrable pour jouer en diagonale. C’est une vraie prouesse technologique. De plus, les machines se parlent entre elles, donc si vous en avez plusieurs sur les trois côtés d’un court, à gauche, au centre et à droite, elles pourront successivement ou aléatoirement vous envoyer une balle. En face, le joueur aura la sensation d’affronter un vrai joueur. On a beaucoup travaillé pour obtenir ce résultat. On est donc bien loin de la machine qu’on place au centre du terrain ou dont on ajuste le canon dans la bonne direction.
Nos testeurs ont encore été bluffés par la qualité de la balle envoyée par la machine, à plat, en slice, en lift… Ta machine est la seule à reproduire aussi fidèlement de telles sensations ? Il existe un marché du lance-balles, mais l’HIGHTOF, avec cette version et les options qui l’accompagnent, va beaucoup plus loin. Oui, cette machine n’a pas d’égale. Tous les joueurs, amateurs ou professionnels, qui avaient testé la version initiale, avaient été bluffés par ce qu’elle proposait. Pour ce qui est de la qualité de la balle et des effets, l’HIGHTOF est unique au monde. C’est sa qualité première. Avec un lift qui peut atteindre les 4500 tours/minute, on peut facilement se donner l’impression d’affronter un certain joueur reconnu dans ce domaine…
La possibilité de brancher un radar sur la machine est aussi une sacrée innovation. Comment cette idée est venue ? Pour moi, c’est un prolongement naturel. J’avais cette idée en tête depuis le début. La notion de vitesse est importante dans le tennis moderne. On doit cette tendance aux types de jeux très physiques des élites, mais aussi aux matériaux utilisés dans les raquettes. Mon idée était donc de proposer un radar facile et pratique à transporter, connecté, qu’on puisse utiliser seul ou avec l’HIGHTOF, calculant les vitesses et la précision de toutes les frappes et les enregistrant pour pouvoir comparer, quantifier. Avec l’HIGHTOF MÂAT et le radar, on a un véritable labo ambulant !
Le fait qu’on puisse la programmer à distance et en temps réel avec un simple smartphone, c’est un point très positif par rapport à la précédente version ? C’est évident ! C’est plus simple pour le coach, l’éducateur. Avec son téléphone, il peut rester à côté du joueur tout en faisant sa programmation, à distance. Et peut aussi intervenir en direct sur une séquence, en modifiant la vitesse de la balle, la zone où il désire qu’elle atterrisse. Cela rend l’utilisation encore plus facile et ludique. Aujourd’hui, ce type d’utilisation est assez répandue pour tous les produits technologiques. Il fallait que l’HIGHTOF soit dans ces standards.
Plus généralement, cela confirme que la révolution du tennis de demain viendra avec la technologie ? Je dirais que, dans le tennis plus qu’ailleurs, ces données deviennent primordiales pour progresser. Tous ces outils de mesure et de précision permettent d’améliorer son apprentissage et de favoriser les progrès. Prenez la machine HIGHTOF MÂAT : avec son radar, elle peut enregistrer la vitesse de vos coups dans n’importe quelle situation. Comme la balle de la machine peut être toujours de la même qualité, vous allez facilement travailler votre technique, votre précision, votre explosivité… Vos résultats ne sont plus liés à des sensations, mais à une réalité de terrain et à des chiffres. Alors, évidemment, la technologie ne donne pas de solutions… L’intervention de l’homme est encore plus décisive, puisqu’elle peut être d’autant plus pointue, plus précise et moins empirique que par le passé. Imaginons, demain, un joueur avec une raquette, un bracelet ou encore un tee-shirt connecté, ainsi qu’une machine HIGHTOF avec son radar : il aura toutes les données fiables possibles pour analyser son jeu.
D’ailleurs, tu as tout de suite imaginé une idée qui me semble assez révolutionnaire, puisqu’on pourrait envisager qu’un spectateur guide les coups de ta machine à distance face à un champion… C’est tout à fait possible. Et c’est une idée d’animation assez incroyable pour un tournoi, une Ligue… Le champion face à la machine HIGHTOF, le tout programmé par un fan, dans les tribunes. Difficile de trouver plus fun. On travaille déjà sur ce concept pour le proposer à des compétitions. Je vous laisse imaginer un Federer face à l’HIGHTOF MÂAT à Bâle, avec un supporter qui tenterait de faire déjouer son joueur préféré… Ce serait énorme. Pour cela, il faudrait que la machine joue aussi bien que Roger Federer ! En coup droit, en revers, en lift, en chip et en vitesse, elle n’est pas mal, je vous assure (rires) ! La machine a même un gros avantage, par rapport à Roger : elle est capable d’enchaîner deux matchs en trois sets gagnants dans la même journée… www.hightof.com
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le journal de mouratoglou tennis academy
L’iSetWatch : une montre
connectée au service du joueur
Bastien Fazincani :
« La première technologie, c’est d’abord tes idées, ta créativité, ton œil »
Bastien Fazincani est responsable du pôle féminin à la Mouratoglou Tennis Academy. Petit point, avec lui, sur le rapport entre un coach et la technologie, alors que l’académie devrait bientôt être à la pointe dans ce domaine. Avant d’être le co-inventeur de l’iSetWatch, Didier Jousserand est un joueur averti. C’est en jouant avec David Maman, son associé, qu’ils ont eu l’idée de créer la première montre qui compte les points et récolte des statistiques. Une véritable innovation « made in France ». D’où vous est venue cette idée de créer l’iSetWatch ? En fait, nous sommes partis de trois constats. Le premier, c’est que le comptage des points, au tennis, est très compliqué et pas du tout intuitif. Il existe différents formats de match. Dans les compétitions amateurs, il y a des sets de quatre, cinq ou six jeux, avec avantage, sans avantage… Le tout change selon les catégories d’âges. Le deuxième, c’est que les parents sont de plus en plus actifs. Ils inscrivent leurs enfants à des tournois et aimeraient pouvoir les suivre plus facilement, plutôt que d’avoir quelqu’un au bord du court qui envoie des SMS pour donner le score. Enfin, le troisième, c’est que le débrief des coachs avec leur élève est très léger s’ils n’ont pas pu être présents au bord du court. « J’ai perdu, le mec était plus fort… » Il n’y a jamais d’analyse très précise, du type : « Combien de fois as-tu gagné ton service ? Combien de fois l’as-tu perdu ? » Partant de ces réflexions, on a voulu inventer un objet qui puisse, à la fois, aider les joueurs à compter le score, permettre aux parents de suivre l’évolution du match en live et proposer des outils statistiques. Cette fameuse montre, l’iSetWatch, que fait-elle concrètement ? Au-delà de ses fonctionnalités classiques de montre – heure, alarme… –, elle possède quelques particularités : elle est rétro-éclairée, afin de rester lisible quelles que soient les conditions de jeu ; et, surtout, elle propose un compteur de points, avec un terrain de tennis figuré sur l’écran. Je suis en bas et mon adversaire est en haut. Il me suffit d’appuyer en bas à chaque fois que je marque un point ou en haut, quand c’est l’adversaire.
ça va permettre d’améliorer la pratique C’est donc à moi, joueur, de gérer le comptage sur ma montre ? Oui, effectivement. La question qui suit généralement cette réflexion, c’est : est-ce dérangeant ? La réponse est « non ». Le tennis est un sport où il y a beaucoup de temps entre deux points. On a fait tester la montre à des joueurs, des non-classés, comme des numérotés français, afin d’avoir un panel extra-large. Il en est ressorti que le joueur pense à sa montre les deux ou trois premiers points, se demande s’il a bien appuyé… Avant d’être pleinement habitué. Dans l’ensemble, les retours ont été ultra-positifs. D’autant que la montre permet de figer sa concentration. Le fait d’avoir un point de repère et de regarder le score, c’est clairement motivant. Quel est l’intérêt qu’elle soit connectée à un smartphone ? Le smartphone remonte l’information à un « cloud ». On peut accéder à celui-ci n’importe où dans le monde. Il suffit juste de télécharger l’application iSetWatch. Donc, le gamin joue un tournoi, connecte sa montre au téléphone, tient le score à jour… Et son père, au bureau, peut voir, en temps réel, l’évolution du match. Autre point intéressant : sur l’application, on peut suivre autant de matchs qu’on veut, à partir du moment où l’on connaît le nom des joueurs. Quand un coach a dix joueurs sur dix tournois différents, il peut suivre en live les matchs de ses dix joueurs. Enfin, la montre étant connectée en Bluetooth, l’application peut récupérer toutes les informations. On entre dans l’analyse avec l’historique des matchs, par mois, par an, les services joués, etc. On recueille les données statistiques, que l’entraîneur et le joueur peuvent analyser. Le but ultime étant d’aider à progresser dans son sport. Plus jeune, je me rappelle qu’un de mes profs de tennis me disait parfois : « Tiens, on va faire du tennis statistique. » Il prenait son carnet et notait… Cette époque est révolue ? Je vais vous raconter une anecdote à ce sujet. On a eu de la chance, car, au salon de Las Vegas, en janvier, où l’on a présenté le produit, on a rencontré l’entraîneur d’Andre Agassi, Daren Cahill, et le préparateur physique Gil Reyes, qui a créé des machines spécifiques pour la préparation physique au tennis. Ce dernier nous a reçus chez lui. Après qu’on lui a présenté notre montre, il nous a amenés dans sa bibliothèque, nous montrant des dizaines de carnets de notes, prises pendant les matchs d’Agassi. En riant, il nous a dit : « Avec votre montre, je n’ai plus besoin de le faire… » On était comme des fous !
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www.isetwatch.com La montre est disponible sur amazon.fr, boulanger.fr, et fnac.com et bientôt d’autres revendeurs.
Bastien, en tant que coach, que penses-tu des objets connectés et, plus globalement, de l’idée de récolter un maximum de données statistiques ? Je trouve la question presque surprenante. Comment pourrait-on ne pas être intéressé par la récolte de statistiques ? Dans notre domaine, les chiffres nous donnent une vision de la vérité lorsque les joueurs parlent perpétuellement de sensations. Certes, le feeling du joueur est primordial, mais prenons un cas typique : un joueur qui s’obstine à attaquer du fond du court, parce qu’il est persuadé que c’est son jeu, mais qui, finalement, fait plus de fautes que de points. On a beau lui dire et lui redire qu’il n’est pas efficace, car pas assez régulier dans ses attaques, il n’entendra que son instinct d’attaquant. Par contre, lui apporter des preuves, avec le pourcentage d’attaques jouées et de balles bonnes ou fautes, de points gagnés ou perdus, nous permettra d’attirer son attention. Si le joueur et le coach peuvent partir du même constat implacable, ils trouveront ensuite les moyens pour changer les choses beaucoup plus facilement. La technologie t’a déjà aidé dans ton rôle de coach ? A une époque où je suivais une joueuse qui était parmi les meilleures juniors au monde, je me suis aidé d’une application sur tablette tactile. Je pouvais rentrer chaque statistique du match, point par point. A la fin d’un tournoi ou d’une période donnée, j’avais sous les yeux le nombre de fautes ou de points gagnés avec tel ou tel coup, de balles de break converties ou ratées, etc. C’était comme à la télé, quoi ! Ça m’aidait énormément pour mon débriefing et la composition des entraînements suivants. Sinon, j’utilise la vidéo quasi-quotidiennement à l’entraînement ou en tournoi. Néanmoins, je reste convaincu que, la première technologie, c’est d’abord tes idées, ta créativité, ton œil. Je fonctionne encore beaucoup avec de simples notes sur papier. Ça va vite, c’est dans l’instant et, à la relecture, j’y trouve d’autres inspirations qu’au moment où je les ai écrites. Dans ce cas, ce qui est important, ce sont les notes, pas le support. Si on te donnait carte blanche pour développer un outil technologique dans le tennis, tu penserais à quoi ? Un terrain connecté ! Un court de tennis commandé par une tablette, avec laquelle tu pourrais faire disparaître des lignes, en dessiner d’autres, faire apparaître des zones de façon permanente pendant un match d’entraînement ou ponctuellement, lorsque la balle les touche, sur une séquence au panier ou en gammes, avoir le point d’impact de chaque balle que tu as frappée… J’imagine qu’en combinant les technologies du Hawk-Eye et d’une Babolat Play, associées à un plancher à leds tactiles, on doit pouvoir s’en approcher ! D’ailleurs, l’académie sera très prochainement dotée de la technologie PlaySight sur six courts. Comment comptez-vous utiliser cet outil ? C’est le rêve de tout entraîneur, des courts filmés 24h/24. Pouvoir visionner immédiatement l’exercice, la séquence de jeu ou le point que deux joueurs viennent de finir. Grâce à la borne de contrôle située à côté de la chaise d’arbitre, on revient à chaud sur l’action, les bons choix ou les mauvais, pourquoi, comment, quand… Avec la vidéo, les joueurs prennent conscience bien plus vite de ce qu’il s’est passé, car ils ont une vue d’ensemble. Aujourd’hui, la difficulté, c’est d’avoir sa caméra allumée au bon moment. Avec PlaySight, le problème est réglé. Et avec, en plus, six angles de prises de vues différents pour chaque court équipé !
Beaucoup de coachs préfèrent se fier à leur instinct plutôt qu’à la technologie, quand d’autres ne jurent que par elle, oubliant, parfois, l’importance du facteur humain. Quel est ton positionnement sur le sujet ? Au milieu ! Les deux extrêmes, 100% pour ou 100% contre, auront forcément leurs limites à un moment donné. L’instinct du coach, c’est la base de tout, c’est de là que naissent ses idées. La technologie ne remet pas ça en question, elle est plutôt là pour aider, assister. La bonne utilisation, au bon moment, et tout le monde s’y retrouve. En ce moment, par exemple, j’ai un chronomètre dans la main à chaque match que je regarde. Pour chacune de mes joueuses, j’établis des statistiques de temps. Je note la durée de leur point pour en faire une moyenne, le temps dont elles disposent entre deux frappes, le temps entre leur service et leur premier coup, le temps qu’elles mettent à se replacer au bon endroit, entre une attaque et leur première volée, le temps qu’elles prennent entre les points… Tout ça me donne un profil très personnalisé : leur temps de jeu moyen, dans quelle filière de temps sont-elles performantes et dans quelle filière de temps perdent-elles le contrôle. Alors, avec un simple chrono, je me situe où dans la technologie (rires) ?
Posez vos questions à Bastien Fazincani en lui envoyant un mail : bastien.fazincani@grandchelem.fr GrandChelem I
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cahier spĂŠcial
tests chaussures
2015, un très bon cru !
1• Ces tests ont été effectués sous la direction de l’équipe des coachs de l’académie Mouratoglou. Un grand merci à Régis Lavergne et Olivier Thomas, qui ont su modifier leur programme d’entraînement pour cette journée spéciale.
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2• La traditionnelle photo de groupe. L’occasion, pour nous, de remercier tous les testeurs pour la qualité de leurs retours et leur totale disponibilité. 3• Pour permettre à nos testeurs de ne pas trop souffrir physiquement et de garder leur tonicité, nous avons associé à ces tests 2015 la marque Overstim’s, dont les produits énergétiques et, notamment, le « Coup de fouet », ont eu beaucoup de succès.
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4• Les meilleurs testeurs ont été récompensés pour leur assiduité avec un pack Overstim’s, comprenant un échantillon complet de la gamme, ainsi qu’une gourde aux couleurs de la marque, qui sera bien utile alors que la saison de tournois a déjà démarré.
C’est devenu une tradition, presque un rituel. Quand le printemps pointe le bout de son nez, toute l’équipe de GrandChelem/Welovetennis.fr file à Sophia-Antipolis pour réaliser ses tests chaussures.
5• Régis Lavergne et Olivier Tauma, très efficaces lors de ce test, en plein coaching pour motiver Quentin Coulaud, notre super testeur.
Cette année, la situation était plutôt inédite, puisque l’académie ISP, suite à sa fusion avec l’académie Mouratoglou, est en plein chantier. La nouvelle structure, dont la première pierre a été posée le vendredi 10 avril 2015 sera terminée en juin 2016, alors que les 34 nouveaux courts de tennis seront déjà prêts en juin 2015. Toutes ces transformations n’ont cependant rien changé à l’ambiance toujours aussi conviviale de ce pôle de performance. Et, comme d’habitude, les joueurs ont joué le jeu, en testant avec précision les modèles que nous avions sélectionnés pour ces tests 2015.
6• Ici, un testeur est mis en situation de placementreplacement pour qualifier et quantifier le dynamisme des chaussures.
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Dossier réalisé par Clément Gielly, Loic Revol, Philippe Tremolières, et Laurent Trupiano
Merci à nos partenaires pour ce test :
7• Testées sur une surface très abrasive, comme le goudron, lors de jeux de ballon par équipes, les chaussures de tennis sont mises à rude épreuve. Rien à voir avec les courts bien lisses en terre battue ! 8• Il fallait quand même désigner un « Super Testeur ». Après une longue concertation, c’est Quentin Coulaud qui a obtenu ce prix. Ce joueur au bras gauche de feu, aujourd’hui classé 0, est à l’académie depuis un an. Son objectif est de tout faire pour devenir joueur professionnel.
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9• Droite-gauche, frappes en bout de course… rien n’a été épargné aux académiciens. Ici, c’est Paul Porcher (2/6) qui est en plein test de la New Balance MC 996.
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10• Durant leurs entraînements physiques, les académiciens ont pu tester les chaussures dans des conditions extrêmes, sur des déplacements latéraux, des courses, des sprints. Il s’agissait de ne pas être en condition de jeu afin d’avoir un ressenti maximal.
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les chaussures Cette année, nous avons privilégié une gamme courte, centrée sur les modèles haut de gamme de chaque marque. Les chaussures ont été testées sur terre battue et dur, en conditions de jeu, mais aussi lors d’exercices spécifiques dans le cadre des entraînements physiques des académiciens. L’objectif ? Vous proposer une vue d’ensemble précise et claire, afin de vous aider à faire votre choix. Pour ces tests, beaucoup de marques présentaient un modèle complètement repensé, ce qui a permis de dégager de vraies tendances en termes d’innovation, de fabrication et de look.
Adidas Barricade 2015 Repensée, amaigrie, la Barricade 2015 est aussi plus souple, donc plus accueillante, qu’auparavant. Elle garde encore ses spécificités, avec cette semelle et son talon très proéminent. Si notre podologue confirme que c’est une chaussure solide et ferme, elle remet en cause le choix d’avoir une tige qui part légèrement vers l’avant. D’après elle, cela pourrait poser des soucis au niveau du tendon d’Achille.
Le prix
125e
Le poids
430g
COUP de cœur de la podologue !
New Balance MC 996 V2 La V2 de la 996 est plus performante que la V1, plus aboutie aussi. Les testeurs ont aimé sa souplesse et ses sensations de vitesse, de dynamisme. Sa semelle proche du sol a également été appréciée. A noter la qualité du maintien de la cheville, qui en fait une chaussure sécurisante. La podologue a remarqué les matériaux, jugés résistants et, surtout, respirants. La New Balance propose donc un rapport qualité/prix vraiment intéressant. Enfin, le vert fluo a été plébiscité !
La note
14,1/20
L’avis des joueurs :
L’avis de la podologue :
maintien dynamisme confort adherence design
materiaux matelassage reglages languette semelage
Le prix
110e
Le poids
439g
La note
15,4/20
L’avis des joueurs :
L’avis de la podologue :
maintien dynamisme confort adherence design
materiaux matelassage reglages languette semelage
pour les mordus de terre battue ! New Balance MINIMUS 60 Asics GEL RESOLUTION 6 Asics a encore frappé fort avec ce modèle tout confort, un vrai chausson. Notre podologue n’a pas vu de défauts et insiste sur les caractéristiques complémentaires de la chaussure : tout en étant robuste et ultra-stable, elle ne manque pas de souplesse. En outre, la semelle s’est montrée très résistante au fameux test de la ponceuse. L’Asics est, presque logiquement, la numéro un de notre test, d’autant que son look a été jugé « terrific ».
Le prix
135e
Le poids
425g
La note
L’avis des joueurs :
L’avis de la podologue :
maintien dynamisme confort adherence design
materiaux matelassage reglages languette semelage
Nike ZOOM CAGE 2 Construite d’un seul bloc, la Cage propose un très bon confort et beaucoup de souplesse, grâce à l’utilisation du caoutchouc dans la fabrication. Cette qualité peut, néanmoins, devenir un défaut sur la durée, affaiblissant le maintien de la cheville. Notre podologue la conseille donc à des joueurs plutôt légers et dynamiques.
Lotto STRATOSPHERE SPEED Lotto apporte à la Speed beaucoup d’innovations dans la structure et les matériaux utilisés, par rapport à la Raptor. Nos testeurs ont apprécié ce confort enveloppant près du pied, qui offre un certain dynamisme. Légère, respirante et réactive, selon la podologue, la Lotto propose aussi une languette douillette et bien rembourrée. Sur son look, là, les avis semblaient plus partagés.
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Le prix
120e
Le poids
434g
La chaussure la plus légère du marché est un cas à part, car elle a été pensée uniquement pour un jeu sur terre battue et ne peut, ainsi, pas rentrer dans les critères de notre test. Cependant, les joueurs ont très vite adopté sa semelle au ras du sol et son côté chausson, son confort et sa légèreté inégalée… voire inégalable ! A conseiller pour la terre, rien que pour la terre.
16,6/20
COUP de cœur Tennis WareHouse Europe
Le prix
115e
Le poids
405g
Yonex SHT PRO 2015
La note
14,9/20
L’avis des joueurs :
L’avis de la podologue :
maintien dynamisme confort adherence design
materiaux matelassage reglages languette semelage
La marque japonaise propose un modèle rigide, où le maintien est omniprésent. Certains de nos testeurs l’ont jugé trop peu réactif et la podologue lui reproche d’être un peu large sur l’avant du pied. Au final, la Yonex reste une chaussure de bonne facture. A noter : certains collages manquaient de précision sur nos paires.
Babolat PROPULSE BPM
La note
14,7/20
L’avis des joueurs :
L’avis de la podologue :
maintien dynamisme confort adherence design
materiaux matelassage reglages languette semelage
Succédant à la Propulse 4, connue pour sa solidité, la Propulse 5 RPM a séduit. Elle a subi un régime efficace en terme de poids (-12%) et gagné en agilité, sans perdre de sa robustesse. Le confort intérieur est aussi au rendezvous grâce à une bonne qualité des matériaux et de belles finitions. Notre podologue a apprécié, notamment, la structure globale de la chaussure, qui permet une stabilité optimale.
Le prix
130e
Le poids
395g
Le prix
129e
Le poids
395g
La note
14,7/20
L’avis des joueurs :
L’avis de la podologue :
maintien dynamisme confort adherence design
materiaux matelassage reglages languette semelage
COUP de cœur de la rédac’ !
La note
15,7/20
L’avis des joueurs :
L’avis de la podologue :
maintien dynamisme confort adherence design
materiaux matelassage reglages languette semelage
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Head REVOLT PRO
Le prix
La Revolt est l’une des chaussures les plus lourdes de notre test. La cheville est plus que protégée, très bien enveloppée et le confort est bon. Nos testeurs ont, cependant, noté une pliure sur l’avant du pied qui peut être gênante. La podologue a également remarqué que le confort n’était pas identique entre le talon et l’avant de la chaussure. La Revolt, dont la solidité n’est pas remise en cause, mériterait donc plus de souplesse et de réactivité.
La Rush Pro 2.0 a été revisitée, par rapport à sa grande sœur. Elle gagne en confort, avec un très bon maintien de l’arrière du pied. Notre podologue regrette, cependant, un manque d’osmose entre la chaussure et l’avant-pied. Cela pourrait créer un pli, à force, phénomène également observé sur la Head Revolt. Par ailleurs, nos testeurs ont évoqué à plusieurs reprises une chaussure trop ferme.
Le prix
135e
Le poids
385g
Le poids
448g
La note
14/20
L’avis des joueurs :
L’avis de la podologue :
maintien dynamisme confort adherence design
materiaux matelassage reglages languette semelage
La note
14/20
L’avis des joueurs :
L’avis de la podologue :
maintien dynamisme confort adherence design
materiaux matelassage reglages languette semelage
Camille Boudry, notre podologue Cette année, nous avons décidé de changer de podologue. Camille Boudry est basée à Lyon ; elle a un véritable passé de runneuse de haut-niveau avec une septième place aux championnats de France juniors d’athlétisme sur 1500 mètres et de belles références en cross. Pour GrandChelem, elle a testé l’ensemble des chaussures proposées… et ne les a pas ménagées !
Camille, est-ce que cette grande première s’est bien passée ? J’appréhendais un peu (rires), mais j’y ai pris beaucoup de plaisir. Comme je dispose de tout le matériel nécessaire, je savais que je pouvais mener à bien cette mission. J’ai pris le temps de bien réaliser ces tests, en les étalant sur plusieurs demi-journées. Que retiens-tu, dans l’ensemble ? Qu’il n’y a pas de chaussures dangereuses, mais qu’il existe des écarts dans la qualité de fabrication et dans les choix techniques. On le voit, par exemple, pour les chaussons intérieurs, qui sont maintenant utilisés par certaines marques ; ou, encore, pour la structure-même de la chaussure. Tu as eu un coup de cœur ? Oui, pour la New Balance ! Outre ses qualités techniques, je trouve son look incroyable. Est-ce que tu es surprise qu’Asics soit encore en tête de nos tests ? Je ne connaissais pas les notes de vos testeurs et je ne suis pas allée lire les archives de GrandChelem. En revanche, je connais bien Asics, puisque je cours très régulièrement. Je n’ai donc pas été surprise autant que vous pouvez le penser. Quand on sait faire de très, très bonnes chaussures de running, on a forcément le savoir-faire pour en conceptualiser dans le tennis. Oui, mais il y a aussi des marques spécifiques au tennis qui proposent des modèles performants, non ? J’allais y venir, oui. De ce côté-là, Babolat présente de vraies spécificités. J’ai bien aimé l’idée du scratch pour serrer son pied, c’est un plus. J’ai aussi découvert d’autres marques que je connaissais mal. On sent qu’il y a de la recherche, et la volonté de proposer des innovations. Même si ce n’est pas toujours totalement réussi.
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Les 5 tests de notre podologue • Matelassage et languette Vérification à la main des coutures intérieures, de la qualité des matériaux, si le matelassage est bien rembourré. Je fais aussi attention à bien vérifier la languette. • Essorage Torsions latérales de la chaussure, un peu comme lorsqu’on essore une serviette. Avec cette manipulation, on peut évaluer la solidité de la chaussure, mais aussi l’efficacité de son système de torsion. • Cambrion Pièce essentielle, qui relie semelle avant et talon, le cambrion ne doit pas permettre à la chaussure de se plier en son milieu, mais à l’avant, car un joueur de tennis se déplace avec une impulsion sur la pointe des pieds. Le test consiste donc à plier la chaussure en exerçant une pression sur le talon et la pointe pour voir à quel niveau se trouve la pliure.
LES JOUEURS PRO DU TEAM BABOLAT PEUVENT JOUER AVEC UN MODELE PERSONNALISE OU DIFFERENT DE L’EQUIPEMENT PRESENTE. * SAUF AU JAPON. ** 25 AVRIL 2014.
Wilson RUSH PRO 2.0
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FRA) URQUIER ( B e ir o g é r G * ATP #177
• Semelage Je vérifie la qualité du marquage de la semelle, son dessin, si celui-ci paraît logique et adapté aux surfaces de jeu. Je regarde où sont placées les zones d’accroche.
NOUVELLE
• Usure de la semelle Je ponce les semelles pour évaluer leur dureté et, donc, leur taux d’usure. Je le fais sur les côtés, en bout de pied et, bien entendu, au niveau de la voûte plantaire.
PROPULSE BPM
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GuEST STAR
Monsieur
Jacques Royer Pour ce numéro spécial tests chaussures, il était logique de donner la parole à un expert. Jacques Royer, le Président du Groupe Royer, qui distribue, notamment, la marque New Balance, est revenu, pour GrandChelem, sur l’histoire de la basket et de son évolution vers la mode. Interview réalisée par Loïc Revol
Comment est née votre passion pour la chaussure ? C’est simple, j’ai un arrière-grand-parent cordonnier, des grands-parents ouvriers en chaussures, des parents commerçants en chaussures (rires)… Après avoir été professeur en économie pendant quatre ans, j’ai décidé de développer l’entreprise. Je suis rentré en 1975. Votre environnement familial vous a donc influencé… Je suis né à Fougères, en Bretagne, dans un pays de chaussures. J’ai connu ça très tôt et, petit, on a forcément un peu envie de faire comme son père. Et puis, j’ai toujours pratiqué beaucoup de sports différents ; j’ai ainsi toujours été très proche des chaussures de sport. On a relancé Converse, qui allait très mal, en 2000. On a très bien développé New Balance, depuis 2010. Je pense qu’on connaît le milieu. Aujourd’hui, quel est le cœur de métier du Groupe Royer ? On a des marques en distribution, comme Converse ou New Balance, mais aussi des marques que l’on développe avec nos propres stylistes, nos techniciens, comme la marque Kickers dont on est propriétaires. Nous couvrons tous les métiers, du développement à la distribution du produit chaussure dans tous les réseaux. Ce sont tous ces métiers très variés qui nous permettent de vendre 25 millions de paires de chaussures par an. Avez-vous eu Spring Court, qui était un mythe de la chaussure de tennis ? On a fait un test avec Spring Court à un moment donné. Notre partenariat n’a pas connu le succès attendu et a été abandonné. Il y a une vraie tendance autour. Avec New Balance, on n’aborde pas le tennis sous l’aspect mode, mais plus sous l’aspect performance. New Balance possède une vraie légitimité dans tous les sports de performance et peut s’investir dans le tennis avec toutes ses capacités de développement. D’ailleurs, la marque va s’attaquer à d’autres catégories de sports techniques, comme le football. Il y a une volonté de changer, d’évoluer. New Balance, c’est l’hyper spécialiste du running dans le monde, mais qui a l’ambition d’être un leader mondial global. C’est la chaussure de tennis qui a initié la mode de la basket ? Je ne pense pas, non. Nous, on a développé Converse, qui a été créé il y a 87 ans. Le sport n’a pas commencé avec le tennis, il s’est très tôt développé aux Etats-Unis. Mais c’est vrai que j’ai connu des marques de tennis toile assez rapidement en France. Aigle, par exemple. Palladium faisait des chaussures de toile aussi.
Le saviez-vous ? Une des marques emblématiques du Groupe Royer est Kickers que l’on connaît bien pour ses semelles avec les fameux points rouges et verts. En revanche, l’origine de ces points est moins connue mais tout aussi logique. En fait, l’idée était simple : point rouge pour le pied droit, point vert pour le pied gauche. En 2017, la marque fêtera ses 45 ans.
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Quel regard portez-vous sur l’évolution de la chaussure de tennis depuis une trentaine d’années ? Vous me demandez ça à cause de mon âge (rires) ? Il y a une technicité dans les semelles, dans les tiges. Avant, il y avait des semelles en caoutchouc avec des tiges en cuir. Maintenant, on a de nouveaux matériaux qui améliorent la performance, mais aussi la sécurité des joueurs, l’adaptabilité sur des surfaces variées. Je suis en admiration devant les recherches qui sont faites. Quelle a été la stratégie pour que New Balance, nouvel entrant, puisse s’installer sur le marché du tennis ? D’abord c’est une vraie volonté de la marque. Puis en s’appuyant sur notre savoir faire running et grâce à Milos Raonic, notre ambassadeur, nous avons été très bien accueillis par les magasins spécialisés. Aujourd’hui c’est une vraie fierté de constater que nos produits sont présents dans 95% de ces magasins qui respirent le tennis, et qu’ils sont plébiscités pour leur technicité. Vous dites qu’il y a eu beaucoup de changements et d’améliorations dans la chaussure de tennis. Qu’est-ce qui a le plus évolué ? L’esthétique, sans aucun doute, en plus de certains matériaux. Quand vous vous souvenez de Borg, tout en blanc, et que vous voyez, aujourd’hui, les chaussures noir et vert qu’on propose à Raonic… On est très près de la mode. Si, demain, la couleur tendance est un bleu fluo, le tennis le retrouvera quelque part. La mode est très proche du sport et les stylistes du sport sont très proches de la mode. Désormais, toutes les générations portent des chaussures de sport, de running ou autre, de sept mois à toute sa vie (rires). Avec votre œil d’expert et de passionné, comment expliquez-vous cette tendance ? De plus en plus de personnes veulent porter des chaussures de sport pour des usages urbains, le week-end, dans la semaine… Je pense que c’est un confort. Personnellement, je trouve difficile de dénicher une paire de chaussures plus confortable que les runnings de New Balance. Il y a un vrai confort qu’on ne retrouve nulle part ailleurs – et votre âge n’a pas d’importance. La technicité des chaussures de sport est ré-accaparée par les utilisateurs pour des usages quotidiens.
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*CHANGER LE JEU
CHANGE THE GAME
MILOS RAONIC
New Balance 996v2