Grand Chelem 48

Page 1


edito Les yeux dans les yeux

LES JOUEURS PRO DU TEAM BABOLAT PEUVENT JOUER AVEC UN MODELE PERSONNALISE OU DIFFERENT DE L’EQUIPEMENT PRESENTE. * LE MEILLEUR DU SPIN, TOUJOURS MEILLEUR. ** SAUF AU JAPON.

Le déchirement n’a rien de bon et l’empressement non plus. Lors de sa finale face à Roger Federer, à aucun moment Novak Djokovic n’a perdu le fil de son match. Jusque dans les instants les plus difficiles, il a su garder sa ligne de conduite, ses schémas, ses idées. On peut y voir de l’entêtement, certes, mais cela l’a conduit au titre, le dixième d’une carrière loin d’être terminée. Nous, les passionnés, avons pris énormément de plaisir durant cette quinzaine américaine, où les surprises ont accompagné quelques petits exploits bleu-blanc-rouge. On aurait donc bien voulu être épargnés d’une énième crise autour des Bleus et ce d’autant plus que notre équipe ne reprendra le chemin des courts qu’en Mars 2016. Autant le changement a du bon quand les responsabilités sont clairement définies, autant quand elles sont partagées, il vaut mieux s’offrir un conseil de famille, plutôt qu’un divorce. C’est plus constructif et surtout cela a l’avantage de pouvoir se regarder dans les yeux le jour j. C’est visiblement ce qui a été décidé presque à la dernière minute, tant mieux. Laurent Trupiano Directeur de la rédaction

sommaire US OPEN 2015 • 4-8 Petits Potins • 10-12 Paddle : le plus grand club français sort de terre • 11 Engie open de limoges • 13 13ème Engie open de biarritz • 14-15 Tflash dynacore de tecnifibre • 16-17 coupe soisbault 2015 • 18-19

EN PARTENARIAT AVEC

Dossier : 15/2, la bonne équation ? • 20-28 • Interview Bernard Pestre : « On ne monte pas 15/2 en deux ans » • Pour, contre, ni pour ni contre • Entretien Yannick Ferret : « On va être plus sélectifs » • La chronique de Bastien Fazincani « Mes entraîneurs m’ont toujours fasciné » nouvelle aero babolat : gaël moureaux s’exprime • 30

TENNIS WAREHOUSE EUROPE FB.COM/BABOLAT

@BABOLAT

BABOLAT – RAQUETTES, CHAUSSURES **, BAGAGERIE ET ACCESSOIRES OFFICIELS DU TOURNOI DE WIMBLEDON

WWW.TENNISWAREHOUSE-EUROPE.COM +33 (0) 9 70 73 03 56 LIVRAISON GRATUITE DÈS 50€ D’ACHAT

BABOLAT – RAQUETTES, CORDAGE, BALLES, BAGAGERIE ET ACCESSOIRES OFFICIELS DE ROLAND-GARROS

GRandchelem Diffusion : 40 000 exemplaires dans 800 points en France Liste des points disponibles sur www.grandchelem.fr GrandChelem : magazine gratuit 100% tennis

Fondateur et Directeur de la Rédaction : Laurent Trupiano (laurent.trupiano@grandchelem.fr) Création artistique et mise en page : cblaise@goliatus.com Conseiller éditorial : RCV Rédacteurs : Loïc Revol, Clément Gielly, Pauline Dahlem, Sacha Dubois Photos : SportVision, Chryslène Caillaud Site internet : http://www.welovetennnis.fr

Responsable Business Development : Philippe Trémolières (philippe.tremolieres@grandchelem.fr) GrandChelem est édité par la société Convergence Media appartenant au groupe The TENNIS FACTORY www.thetennisfactory.fr, 3 Impasse Dubois - 69004 LYON Rédaction : 04 27 44 26 30 Publicité : 06 60 26 37 76

Tous les numéros de GrandChelem et de ClubHouse sont à lire gratuitement en format numérique sur

www.grandchelem.fr

GrandChelem I

www.welovetennis.fr I

3


La vie est un sport magnifique

us open 2015

Une certaine idée de la solidarité… Au-delà du statu quo concernant l’avenir d’Arnaud Clément, décidé par le bureau fédéral ce lundi 14 septembre, il est utile de revenir au terrain, avec la victoire de Nicolas Mahut et de Pierre-Hugues Herbert à l’US Open. Non pour remettre en cause les choix d’Arnaud, mais simplement pour évoquer ce qui fait la force d’une équipe, qu’elle soit composée de deux joueurs ou plus. Texte de Sacha Dubois

FÉLICITATIONS AU DUO VAINQUEUR. Lacoste félicite Pierre-Hugues Herbert et Nicolas Mahut pour leur victoire à l’US Open.

Sur le central Arthur Ashe, Nicolas et Pierre-Hugues ont démontré, une fois de plus, que, s’entendre sur un court, c’est aussi s’écouter dans la vie, partager des moments. « On a d’abord appris à se connaître, puis à se faire confiance. » Voilà ce qu’a répondu tout naturellement Nicolas Mahut lorsqu’on lui a demandé, en conférence de presse, comment cette paire de double toute jeune était arrivée si vite à ce niveau de performance. Au final, il semble que la recette soit simple, comme définie par quelques principes de base. Celui d’accepter les critiques, d’où qu’elles viennent, et, surtout, de toujours se remettre en cause. « On a cherché à comprendre ce qui n’avait pas fonctionné en Australie. On a beaucoup échangé et cela nous a permis d’aborder cette finale en étant plus détendus, plus positifs », commente encore Pierre-Hugues Herbert. Comprendre que l’on n’est pas invincible, voire supérieur. Être conscient que, dans une épreuve au long cours, surtout par équipe, il y a toujours un moment, même bref, où l’on a besoin de l’autre, où il faut tendre la main, donner ou saisir un regard. Savoir reconnaître ses torts pour mieux envisager l’avenir. Voilà la petite leçon que nous ont donnée Pierre-Hugues Herbert et Nicolas Mahut. D’ailleurs, quand Nico est interrogé sur les raisons de la non-sélection d’Herbert face à la Grande-Bretagne, il reste droit dans ses bottes et évite de chercher des excuses. « La personne qui avait tous les éléments en main était Arnaud (Clément). Il a décidé qu’à ce moment-là, la meilleure équipe possible devait être Jo et moi. Depuis, j’ai fait mon autocritique. Je n’ai pas été bon sur ce match, on n’a pas été bons ensemble avec Jo. C’est à nous, joueurs, qu’il faut en vouloir. Ce sont les joueurs qui n’ont pas été performants. On n’a pas su relever le défi. »

4

I GrandChelem I

www.welovetennis.fr

Voila encore un discours clair, précis, honnête, humble, qui ne désigne aucun bouc émissaire. Car, lorsqu’on fait partie d’une équipe, on gagne et on perd ensemble. Cette idée, mieux, cette ligne de conduite semble avoir été oubliée un moment par certains de nos champions bleu-blanc-rouge qui ont mené une campagne en coulisses pour déstabiliser leur capitaine. Et, pourtant, quoi que l’on dise, le bilan d’Arnaud Clément est loin d’être catastrophique, sauf si l’on continue à se bercer de l’illusion, ou plutôt du mirage, que notre bande des quatre a la trempe des Mousquetaires. Or, il n’y a plus de Mousquetaires. Il existe juste des egos, souvent démesurés, qui ont du mal à entendre des mots qui heurtent ou la légitimité d’une certaine concurrence. Et il n’est pas étonnant que cette petite « rébellion» ait eu lieu alors qu’Arnaud Clément avait (enfin) décidé d’être plus ferme. Ainsi, après s’être précipitée, et l’on ne sait pas pourquoi, la Fédération Française de Tennis a décidé de se donner du temps. Plutôt bon signe, car éjecter Arnaud Clément par la petite porte, alors qu’il a toujours tout donné pour le team France, aurait été un signal dévastateur pour une grande majorité des joueurs, notamment ceux qui lui ont accordé leur soutien – et ils sont nombreux. A l’heure où l’on écrit ces lignes, il est clair que les négociations vont continuer et que l’option Yannick Noah reste d’actualité. Mais cette énième affaire Coupe Davis a ouvert une brèche. Elle aura permis à certaines langues de se délier. Comme l’affirme Julien Benneteau en pleine tempête, quelques heures après une Marseillaise héroïque offerte par Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert : « Une équipe de France ne se résume pas à deux joueurs. »

Yannick Noah, la solution ? On ne peut décemment remettre en cause les qualités de meneur d’hommes de Yannick Noah. Cependant, il ne faut pas occulter la distance que Yannick a pris avec le tennis et l’écart de génération qui existe entre lui et les joueurs. Tous ou presque sont nés après son fameux titre à Roland Garros, en 1983. Enfin, son attelage annoncé avec Cédric Pioline paraît surprenant, les deux hommes n’ayant jamais été les meilleurs amis du monde par le passé. Reste que sa tâche serait encore plus complexe, tant l’épisode US Open 2015 semble avoir créé une cassure. D’ailleurs, Guy Forget lui-même, pourtant proche de Noah, est resté très réservé quant au retour aux affaires de son grand-frère. Pour le coup, difficile de remettre en cause l’avis d’un homme qui a mené la bande des quatre pendant un petit moment, avec des hauts, mais aussi quelques bas…


us open 2015

us open 2015

Djokovic : le mutant En décrochant son dixième titre du Grand Chelem, Novak Djokovic change de dimension. À 28 ans, le Serbe n’est plus qu’à quatre unités de Pete Sampras et Rafael Nadal. Lancé à grande vitesse, le numéro un mondial peut voir loin, très loin… Textes de Loïc revol envoyé spécial à New York et Clément Gielly

Banaliser l’exceptionnel. Nous avons tellement été habitués au caviar et aux records qui tombent les uns après les autres, que nous avons parfois du mal à apprécier à leur juste valeur les performances actuelles de Novak Djokovic. Au point que les exploits de Nole sont devenus difficiles à classer dans l’imaginaire collectif. Pourtant, ce que réalise le Serbe est hors-norme. Son succès à New-York, le dixième de ses titres majeurs, lui permet d’entrer dans le cercle très fermé des vainqueurs de Grand Chelem à deux chiffres, bouclant ainsi une saison 2015 grand cru. Avec un deuxième Petit Chelem après 2011 (dans l’ère Open, seul Roger Federer l’a réalisé à plusieurs reprises en 2004, 2006 et 2007) et un Grand Chelem des finales que Federer était le dernier à avoir accompli en 2009, sa domination sur le monde de la petite balle jaune est sans partage. Djokovic n’a laissé que des miettes à ses concurrents : douze tournois, onze finales consécutives (série en cours), sept trophées. À 28 ans, le Djoker semble n’avoir plus de limites et rattrape de façon irrépressible Björn Borg et Rod Laver, onze fois vainqueurs dans les Majeurs. Ce n’est qu’une question de temps. Mais le protégé de Boris Becker voit plus loin, comme les 14 trophées de Rafael Nadal et Pete Sampras. Au même âge, il est en retard sur les temps de passage de Roger Federer (15) et Rafael Nadal (14). Certes. Mais, aujourd’hui, son hégémonie est absolue, son règne total. Depuis 2011, l’année de sa prise de pouvoir, il a remporté neuf titres du Grand Chelem sur vingt possibles et disputé quinze finales. Personne ne fait mieux. À ce rythme-là, Nole effacera rapidement les stats de l’Espagnol et de l’Américain du revers de la main, aucun joueur ne pouvant lutter physiquement contre lui. Rafa n’est plus que l’ombre de lui-même et Federer, avec ses 34 printemps, ne constitue plus une menace à long terme dans des matchs en cinq sets. Bousculé par un public new-yorkais odieux et indigne de sa performance, le Serbe a témoigné de toute sa force mentale. Si Connors ou Nadal étaient des monstres, Nole est le stade ultime. Cette rage lui apporte un supplément d’âme sans précédent. Son emprise ne fait que commencer. 2016 pourrait bien être l’année de l’avènement d’une légende…

Su r

or kais… le pu blic n ew-y

« Je ne peux pas critiquer le public, ici, à New-York, où l’interaction avec les spectateurs et le show font vraiment partie du tournoi. C’est normal qu’un champion comme Federer ait ce genre de soutien. C’est le cas partout dans le monde. Il le mérite par son com et en-dehors du cour portement sur t. À moi de faire en sorte de le mériter au ssi. »

Federer, l’équation insoluble ? Il faut être réaliste. Et Federer avec nous : un 18ème sacre en Grand Chelem reste quelque chose d’illusoire pour le Suisse. Encore une fois, du côté de New-York, toutes les conditions étaient réunies pour voir le Maestro s’adjuger un nouvel US Open. Un physique qui tient la route, un service kické faisant des merveilles, une nouvelle arme en retour, le SABR (lire encadré)… Seulement, voilà, Federer a craqué. Et pas qu’une fois… Contre le mutant Djokovic en finale, il s’est procuré la bagatelle de 23 balles de break… Mais n’en a converti que quatre ! Des regrets, il peut en avoir à la pelle. À 34 ans, le Bâlois joue l’un des tout meilleurs tennis de sa carrière. Mais, malgré un jeu en constante évolution, marqué par des prises de position résolument offensives, Roger Federer reste comme impuissant dans les tournois majeurs. Il s’écroule dans le money-time, chose à laquelle il ne nous avait pas habitué.

Le SABR, nouvelle arme de Federer Dans une perpétuelle envie d’innover, voire d’inventer, Roger Federer tente de nouvelles choses. Continuellement. C’est en pleine tournée américaine et, plus précisément, lors d’un entraînement avec Benoît Paire à Cincinnati, que le Suisse a dévoilé sa nouvelle arme : le SABR, acronyme de « Sneak Attack By Roger ». Celui que l’on surnomme « peRFect » s’amuse à retourner les deuxièmes services adverses en prenant la balle très tôt, souvent en demi-volée. Un nouveau coup qui a notamment fait ses preuves à l’US Open et que Federer risque bien de conserver dans sa palette !

6

I GrandChelem I

www.welovetennis.fr

Serena Williams, ou la théorie du jour sans L’histoire du tennis est émaillée de rendez-vous manqués, où le champion, ultra-favori, semble tétanisé par l’enjeu et passe à côté de sa rencontre. C’est probablement ce qu’a vécu Serena Williams en demi-finale de l’US Open. Non, l’Américaine n’était pas invincible. Et c’est… presque rassurant. Textes de Laurent Trupiano

Lente, sans vie, sans puissance, face à une Roberta Vinci épatante : Serena Williams est tombée en demi-finale de l’US Open, se privant ainsi d’un Grand Chelem historique et d’un 22ème titre majeur. Une situation qui semblait improbable, même si, comme le précisait justement Patrick Mouratoglou, son coach, avant la rencontre, « il ne faut jamais sous-estimer son adversaire ». D’ailleurs, l’Américaine n’est pas tombée dans ce travers. L’explication de sa défaillance est ailleurs et c’est Marion Bartoli qui a su le mieux poser des mots sur ce qui s’est passé : « Serena a subi le poids de toute cette pression – et tout est arrivé en même temps. Tout à coup, son corps et sa tête ne répondaient plus. Ce fut comme un trou noir. J’ai déjà vécu cette sensation, c’est horrible. On se bat, on essaie de s’en sortir et cela fonctionne parfois. Mais, généralement, il est déjà trop tard. » Un avis partagé par Patrick Mouratoglou : « C’est un jour sans. Cela peut arriver dans ces tournois du Grand Chelem qui durent deux semaines. Elle n’est pas la seule à avoir vécu ça. Évidemment, vu le contexte, c’est malheureux… Mais c’est le tennis. Cela confirme que rien n’est joué d’avance et j’y vois du positif. On n’a toujours pas gagné ce 22ème titre, alors on va se remettre au travail. On a un bel objectif à atteindre. » Serena, elle, est restée cinq minutes en salle de presse, refusant d’évoquer les conséquences de cette défaite. Meurtrie, elle a rendu hommage à son adversaire du jour. Mais pensait, sûrement, déjà à l’Open d’Australie. Car, on le sait, Serena ne renonce jamais…

Lui aussi était tétanisé Tous les passionnés se souviennent de la rencontre épique entre Guillermo Coria et Gaston Gaudio en finale de Roland Garros, en 2004. Coria domine cette rencontre de la tête et des épaules et mène rapidement deux manches à zéro. Il fait le break dans le troisième set et puis… La catastrophe. Alors qu’il doit conclure, il tombe dans ce fameux trou noir. L’Argentin a beau tenter de survivre, le reste de la rencontre est un véritable calvaire qui le voit s’incliner au cinquième set, 8-6, après avoir eu deux balles de match. Jamais il ne se remettra de ce cyclone, tombant dans une « dépression » tennistique.

My Little Italy Le circuit féminin nous propose souvent des scenarii complètement improbables. La victoire de Flavia Pennetta en finale, face à sa compatriote Roberta Vinci, en est un inédit. Ce qu’il restera de cette finale italienne surprise entre Roberta Vinci et Flavia Pennetta, c’est d’abord ces merveilleux sourires à l’issue d’un duel entre amies. Mais aussi le jeu proposé, loin du stéréotype bim-bam-boum, où seule la puissance compte. On ne vous étonnera pas si l’on vous explique qu’on a apprécié le revers slicé de Roberta, qui faisait résonance avec le numéro 47 de GrandChelem. Surtout, le sacre de Flavia nous a forcément rappelé celui de Marion Bartoli à Wimbledon, en 2013. Une consécration ultime, presque un jubilé pour clore une carrière parsemée de superbes coups d’éclat. Il faut aussi rendre hommage à nos amis transalpins, dont la génération, révélée par le titre de Schiavone à Roland Garros, en 2010, confirme que l’Italie est une grande nation de tennis, où l’idée d’un certain style de jeu presque à l’ancienne perdure avec efficacité. En annonçant qu’elle allait se retirer à la fin de la saison, Flavia Pennetta a mis un peu plus en lumière cette épopée italienne de ces dernières années. Une épopée collective, où les performances en Grand Chelem ont été régulières et impressionnantes avec Francesca Schiavone, Sara Errani, Roberta Vinci et Flavia Pennetta, que ce soit en simple ou en double. Pas étonnant que la Squadra ait remporté la Fed Cup à trois reprises en six ans.

GrandChelem I

www.welovetennis.fr I

7


us open 2015

Tsonga, Gasquet, même combat ? Jo-Wilfried Tsonga et Richard Gasquet, quart-de-finalistes de l’US Open, battus respectivement par Marin Cilic (4-6 4-6 6-3 7-6(3) 4-6) et Roger Federer (6-3 6-3 6-1), ont pu mesurer le chemin qu’ils doivent encore parcourir pour devenir de vrais « golden boys » sur la planète tennis. Textes de Laurent Trupiano

Tsonga, un changement qui fait débat…

Celui qui prend le temps de visionner la finale de Tsonga à l’Open d’Australie, en 2008, aura cette étrange impression d’observer un autre joueur. Un joueur provoquant la foule, porté vers l’avant et dont le fil conducteur paraît simple : agresser et faire mal. Face à Cilic, comme lors des tours précédents où la concurrence semblait plutôt anodine, le Français a proposé sa nouvelle version, celle du calme et d’un jeu de fond de court où il espère passer en force. Mais, dans cette zone, Jo fait moins peur et reste loin des meilleurs. Surtout, il ne réussit pas à conserver un niveau assez constant. Changer sa nature, cela peut avoir du bon lors de certaines séquences. Mais, sur le long terme, cela démontre de vraies limites, c’est une certitude. Certes, il faut positiver, se dire qu’un quart-de-finale constitue une grande performance, surtout au vu de sa saison sur ciment. Mieux, ce résultat replace Tsonga dans une bonne dynamique à l’attaque d’une fin de saison où il a souvent prouvé son efficacité et peut s’offrir des coups d’éclat ponctuels. Reste que si Jo veut soulever, un jour, le Graal, il devra en passer par une petite remise en question.

Gasquet, des progrès perceptibles

Le constat n’est pas vraiment identique pour Richard Gasquet. Très efficace face à Tomas Berdych, Richie a également écopé d’un tableau plus difficile que Jo. Face à un Roger Federer des grands soirs, il n’a pas pesé bien lourd. Cependant, le Biterrois présente un nouveau visage, que ce soit dans l’attitude générale ou en coup droit. Cette défaite cinglante ne doit pas le décourager, alors qu’il peut encore croire aux Masters de Londres. Il lui faudrait terminer la saison en trombe pour confirmer une année plutôt réussie, où il nous a quelques fois épatés par sa capacité à tenir physiquement, son point faible jusqu’à maintenant. Évidemment, pour lui aussi, le succès au plus haut niveau passera encore par des progrès. Mais également par un tableau plus favorable qui lui permettra d’arriver un peu plus frais au moment d’en découdre avec les ténors.

n a h u W bre o t A c T o W u3

Du

WTA Pékin

La progression qui affole

135ème mondial au début de l’année, Benoît Paire était 32ème le lundi 14 septembre.

Le chiffre qui tue

Avant d’éliminer David Ferrer au troisième tour de l’US Open, Chardy restait sur 12 défaites de suite face aux membres du Top 10. Sa dernière victoire remontait à mai 2014 et un deuxième tour au Masters 1000 de Rome, où le Tricolore avait sorti Roger Federer. Déclic ?

8

I GrandChelem I

www.welovetennis.fr

Du 4 au 11 octo

bre

Mladenovic et Garcia : destins croisés ?

Du

WTA Finals Sin Du 25 octobre

gapour

au 1er novembr e

Tournois en direct et exclusivité sur

Crédits Photos © Icon Sport

Seulement, voilà… Cocorico ! Un second joueur bleu-blanc-rouge a rayonné durant la quinzaine new-yorkaise. Entré de plain-pied du côté de Flushing Meadows, Jérémy Chardy s’est lâché. Un gros coup droit, une volonté d’aller de l’avant et, surtout, une confiance qui ne lui fait plus défaut. À la sortie du court, peu après son succès au troisième tour contre David Ferrer, le Palois était aux anges : « Je me sens bien physiquement et dans mon tennis. Quand je rentre sur le court, la confiance est là. Même si je perds un set, je ne panique pas. Je peux me concentrer sur mon jeu. » Une confiance pas encore suffisante pour dominer Cilic en huitièmes-de-finale, mais une chose est sûre : Jérémy progresse et devrait confirmer tout cela dans les tournois à venir, où il sera un véritable outsider.

re p b O o t c P o AT 2 au 4

re a b m e t 28 sep

Paire et Chardy : vraiment lancés ? 31 août, 20h30, la nouvelle tombe : Benoît Paire vient d’éliminer Kei Nishikori, finaliste sortant, au premier tour de l’US Open. C’est l’effervescence, tant on n’attendait pas l’Avignonnais à un tel niveau. Ce dernier a une explication toute trouvée : « Je suis plus calme, je prends les choses différemment. C’est le nouveau Benoît ! » Un jeu pétillant et une année 2015 déjà réussie : Paire a surpris son monde du côté de la Grosse Pomme.

ie s i a l a M e d en

hawaii COMMUNICATION - 01 30 05 31 51

On ne s’éternisera pas sur la blessure invoquée par Tsonga pour expliquer une partie de son match face à Cilic, en demi-finale, car elle ne peut résumer à elle seule les carences du jeu du Français face à un Croate accrocheur, mais sans génie. Si Jo présente, aujourd’hui, un palmarès unique en Grand Chelem, ce qui le place au panthéon du tennis tricolore, pas sûr qu’il marque l’histoire de son sport en l’absence d’un titre majeur. Pour y parvenir, il faudrait que le corps tienne, mais aussi que son jeu et, notamment, son revers soient au niveau des meilleurs.

Brillante quart-de-finaliste – même si l’on peut regretter cette vilaine double faute à 4-3 dans le troisième set de son match face à Roberta Vinci –, Kristina Mladenovic sort de cet US Open avec des certitudes quant à son jeu, son physique et son avenir. Ses performances à New-York lui permettent d’être la nouvelle numéro un française. La voici au 28ème rang mondial, juste devant Alizé Cornet. En bref : on a hâte de voir la suite de la saison de cette Pink Lady au grand cœur. Dans le même temps, inutile de dire que notre frustration est totale face à la défaite au premier tour de Caroline Garcia, la quatrième en autant de tournois du Grand Chelem. Certes, Petkovic, en face, n’est pas la première venue, mais la Tricolore a encore une fois démontré ses lacunes mentales, alors qu’elle a toutes les armes et le talent pour parvenir à jouer les premiers rôles sur le circuit féminin. Espérons-lui un déclic rapide en Grand Chelem, car le temps passe vite et l’on juge une carrière sur les épreuves qui ont fait l’histoire de ce sport.

la chaine 100% tennis

Disponible sur

(canal 163)

(canal 77)

(canal 90)

mcstennis.fr


petits potins

agenda Retrouvez tous les rendez-vous importants de septembre à novembre 2015

Sexy NEWS ! Rafa, Caro… il faut choisir !

WTA

Du 8 au 13 septembre 2015 • Dalian (125K series) Du 14 au 20 septembre 2015 • Québec (International) • Tokyo (International) Du 21 au 27 septembre 2015 • Guangzhou (International) • Séoul (International) • Tokyo (Premier) Du 27 septembre au 3 octobre 2015 • Wuhan (Premier) • Tachkent (International) Du 3 au 11 octobre 2015 • Pékin (Premier) Du 12 au 18 octobre 2015 • Linz (International) • Hong-Kong (International) • Tianjin (International) Du 19 au 25 octobre 2015 • Luxembourg (International) • Moscou (Premier) Du 25 octobre au 1 novembre 2015 • Masters de Singapour Du 2 au 8 novembre 2015 • Masters bis de Zhuhai Du 9 au 15 novembre 2015 • Hua Hin (125K series) • Limoges (125K series) Du 16 au 22 novembre 2015 • Taipei (125k series) Du 23 au 29 novembre 2015 • Carlsbad (125k series)

Coupe Davis

Du 18 au 20 septembre 2015 : 1/2 finales • Grande Bretagne – Australie • Argentine – Belgique Du 27 au 29 novembre 2015 : finale

Fed Cup

14 et 15 novembre 2015 : finale République Tchèque – Russie (O2 Arena, Prague)

10

I GrandChelem I

www.welovetennis.fr

Le padel a vécu un été torride ! Dans notre numéro 46, Melchior Dejouany, le directeur de Kaktus Padel, se projetait sur la première année de développement du padel en France. L’été n’a pas contredit ses prévisions, avec la naissance du plus grand club français au Parc Club de l’Arbois, entre Aix-en-Provence et Marseille. Logique de lui donner à nouveau la parole, à l’heure où Kaktus Padel s’est fixé, comme objectif, de devenir la référence chez les constructeurs de courts.

ATP

Du 21 au 27 septembre 2015 • Metz (ATP 250) • Saint-Pétersbourg (ATP 250) Du 28 septembre au 4 octobre 2015 • Kuala Lumpur (ATP 250) • Shenzhen (ATP 250) Du 5 au 11 octobre 2015 • Pékin (ATP 500) • Tokyo (ATP 500) Du 11 au 18 octobre 2015 • Masters 1000 de Shanghai Du 19 au 25 octobre 2015 • Stockholm (ATP 250) • Moscou (ATP 250) • Vienne (ATP 500) Du 26 au 1 novembre 2015 • Valence (ATP 250) • Bâle (ATP 500) Du 2 au 8 novembre 2015 • Masters 1000 de Paris-Bercy Du 15 au 22 novembre 2015 • Masters de Londres

grandchelem france

Ces dernières semaines, la bataille a fait rage du côté de l’US Open. Sur les courts, mais aussi dans les médias avec une lutte pour celui qui fera le plus de buzz. Rafael Nadal et Caroline Wozniacki se sont renvoyés la balle, faisant encore grimper la température de cette fin d’été. Tout d’abord, c’est l’Espagnol qui s’est illustré dans un spot publicitaire pour la marque de vêtements Tommy Hilfiger, dont il est l’égérie. Ambiance de vestiaires, guitare électrique et strip-tease suggestif… Tout y est ! Jusqu’à la déception, lorsque Rafa met un terme à cet effeuillage, fixant l’objectif d’un œil malicieux. Mais la campagne de communication est allée plus loin, puisque la firme américaine a installé un court éphémère à New-York. Le Taureau de Manacor – en costume, s’il vous plaît –, y a échangé quelques balles avec des mannequins de la marque. Néanmoins, Caroline Wozniacki, elle aussi, sait créer le buzz et l’entretenir. L’ex-numéro un mondiale n’en est pas à son coup d’essai, régulièrement habituée à illuminer les rubriques mode des magazines sportifs. D’ailleurs, pour le compte de Rhapsody, un mensuel édité à destination des passagers de United Airlines, la jolie Danoise a multiplié les prises de vue. Regard de braise et poses lascives… Rien n’est laissé au hasard pour faire saliver le lecteur ! Une série de clichés qui a accompagné son shooting pour le New-York Post, tout aussi scintillant. Grrr…

3 322 inscrits : record battu !

On a appris que le plus grand club de padel en France était en train de voir le jour et que vous en étiez les heureux constructeurs… Cela doit être une belle satisfaction ! Plus qu’une satisfaction, c’est un honneur d’avoir été choisis pour accompagner ce projet innovant. Le Parc Club de l’Arbois, situé sur la commune de Cabriès, à proximité de la zone commerciale de Plan de Campagne, entre Aix-en-Provence et Marseille, était une institution du tennis. Pour donner une nouvelle vie à ce club mythique, les promoteurs du projet, avec l’appui de la Mairie de Cabriès, ont choisi le padel comme complément du tennis. D’autant qu’avec 14 courts, le pari est osé… La société WinWin Padel a développé une nouvelle approche du sport, que je trouve révolutionnaire. Le cahier des charges de la rénovation du Club de l’Arbois est à l’image du projet. Le club, dans sa nouvelle configuration, compte 14 terrains de padel, dont trois panoramiques compétitions, trois couverts et deux individuels, ainsi que cinq courts de tennis. Pour Kaktus Padel, cela a été un vrai défi, un challenge, mais notre expertise et notre expérience nous ont permis de répondre au cahier des charges en neuf semaines seulement, un délai particulièrement court.

Le Circuit de la Ville de Nîmes Gard est devenu, en l’espace de trois ans, la référence pour ceux qui désirent réaliser une tournée d’été efficace, performante et conviviale, grâce à toute l’équipe de Michel Ramillon et de Pascal Courtois. Pour bien comprendre le phénomène, il faut aller sur place. C’est ce que nous avons fait à la mi-juillet, et force nous fut de constater que, du côté des Hauts de Nîmes, on ne s’ennuyait pas : des joueurs partout, du soleil, des jeunes avec la banane… et parfois familiers des lieux. « J’étais déjà là l’an dernier », nous explique Benoît Faucher, venu de Hong-Kong. « L’organisation est impeccable, c’est sérieux sans se prendre au sérieux et l’on sait qu’on va pouvoir matcher dans de bonnes conditions, c’est essentiel ! » Un discours qui fait forcément le bonheur de Michel Ramillon : « Fidéliser les joueurs est un axe fondamental pour ce type de tournées. Avec un nouveau record de 3 322 inscriptions, on commence à être bien rodés. On a déjà fait le bilan de cette édition et on sait ce qu’il faut améliorer pour être encore plus performants, que ce soit au niveau du planning ou de la qualité d’accueil. L’idée d’un player’s lounge est dans les tuyaux, comme celle d’un superviseur qui serait le seul interlocuteur pour les convocations, les programmations… On a aussi validé le fait qu’il y aura désormais 15 tournois au lieu de 13, dont un tournoi Open pour espérer attirer plus de joueurs négatifs. » Vous l’avez compris, on ne se tourne pas les pouces du côté de Nîmes ! « Cette aventure est incroyable… Comme quoi, le tennis est bien vivant, il suffit de trouver la bonne formule ! » conclut, en souriant, l’autre pilier de cette réussite, Pascal Courtois.

C’est colossal, un club de 14 courts ! C’est à la hauteur de l’ambition de la société WinWin Padel. Je ne peux pas dévoiler les détails du concept WinWin ; le grand public sera édifié début octobre. Mais je suis convaincu que ce projet extraordinaire fera parler de lui dans les semaines à venir. Le Club de l’Arbois est un club pilote, d’une certaine manière. J’invite vos lecteurs à consulter son site internet : www.winwin-padel.com. Ce projet, combiné à la création d’autres équipements un peu partout sur le territoire, donne l’impression que l’expansion du padel est enfin devenue une réalité… Comme je vous l’avais indiqué précédemment, 2015 était l’année de la découverte ou redécouverte du padel. Tout semble indiquer que 2016 sera l’année de l’émergence de ce sport en France, grâce à tous les constructeurs et la Fédération Française de Tennis. Justement, la FFT en a pris conscience, avec la création du label PQT (Plan Qualité Tennis), qui va permettre de faire le tri… La FFT a été très réactive. Aujourd’hui, trois sociétés, dont Kaktus Padel, ont obtenu ce label. Le PQT est un gage de qualité et d’engagement des constructeurs : cela nous semble très important pour éviter les opportunistes.

Cela veut aussi dire que le marché se structure… Précisément. Les années de fort développement du padel en Espagne ont vu l’émergence de constructeurs éphémères. Même si ces derniers ont disparu avec le temps, beaucoup de clients en ont souffert. C’est très important pour tous les acteurs du padel de partir sur des bases saines. Cela vous donne de belles perspectives ! Si mes informations sont exactes, une soixantaine de terrains de padel devraient avoir été construits d’ici fin 2015. Kaktus Padel a déjà installé vingt terrains et en prévoit dix supplémentaires d’ici la fin de l’année. Mais ce n’est pas un concours ; notre objectif principal est de proposer des produits et des services de qualité. Les constructeurs ont un rôle important à jouer dans le développement du padel en France et dans le reste de l’Europe. C’est ce que nous faisons, par exemple, en accompagnant les organisateurs de la National Padel Cup, dont la deuxième édition aura lieu au Cap d’Agde fin octobre. Certains disent que les courts de padel se construisent majoritairement sur des courts de tennis abandonnés. C’est vrai ? La FFT chiffre à environ 32 000 le nombre de courts de tennis en France. Quelques-uns sont effectivement à l’abandon et il nous semble logique d’utiliser ces espaces pour des reconversions en terrains de padel, en particulier dans une période de lancement de ce sport. Cette information est donc juste, à mon sens. Mais je pense que les choses changeront avec le développement de ce sport qui, je le répète, n’a pas vocation à supplanter le tennis, mais à le compléter. Kaktus Padel mise sur le service et la formation… La construction de terrains de padel est notre cœur de métier. Mais notre ambition reste d’offrir des produits et services de haute qualité. Comme nous l’avons fait au Club de l’Arbois, nous mettons au service de nos clients notre expérience dès la conception du projet, tant sur le plan technique que sur le plan commercial. Nous proposons aussi une assistance pour la formation des enseignants et le choix des équipementiers. Enfin, nous sommes à l’écoute de nos clients pour une amélioration constante.

Pour en savoir plus : www.kaktuspadel.com Tél. : 06.09.03.73.13 GrandChelem I

www.welovetennis.fr I

11


petits potins

La chronique de Michaël Llodra « Clément a toujours été là pour le Team France »

Sud Radio/Welovetennis.fr :

Engie Open de Limoges,

le Journal du Tennis change d’horaire, mais pas d’esprit !

toujours plus haut !

Depuis le mois de mai, chaque jeudi, nous décryptons l’actualité du tennis pendant près d’une demi-heure avec nos amis de Sud Radio. Pour cette rentrée, le format reste inchangé. En revanche, la petite balle jaune intervient désormais de 19h30 à 20h, dans le cadre de l’émission Sud Radio Sport. Après une quinzaine américaine mouvementée avec notre reporter sur place, la fin de saison sera encore animée avec l’Open BNP Paribas et, surtout, le Masters de Londres, où nous serons également présents.

Il faut du courage et beaucoup d’idées pour passer d’un tournoi ITF 50 000$ à un WTA 125 000$. Cela tombe bien, l’organisation de l’Engie Open de Limoges ne manque ni de l’un, ni des autres. Deux mois avant la deuxième édition, qui se déroulera du 9 au 15 novembre 2015, nous avons fait un point avec le directeur de l’épreuve, Pascal Biojout. Résumé en quatre principes de la réussite d’un tournoi féminin.

L’ensemble des fréquences de Sud Radio sont disponibles sur www.sudradio.fr. Sur Paris et en région parisienne, la fréquence est 99.9.

Le journal du tennis sera mis en ligne en podcast sur www.welovetennis.fr.

GRandchelem

As-tu eu le temps de suivre l’US Open de près ? Oui, sauf les matchs en pleine nuit. Roger Federer m’a impressionné, notamment au service. Malheureusement pour lui, face aux très gros, il n’arrive plus à prendre le dessus. Contre Novak, il a eu des occasions, mais il ne les a pas converties et cela s’est payé cash.

Le journal de la ntc Ne jamais s’affoler

Tu as été membre de l’équipe de France et on te sait proche d’Arnaud Clément. Comment vis-tu cette situation ? S’il y a quelqu’un qui a toujours été là pour l’équipe de France, c’est bien Arnaud Clément. Cela me rend triste de voir comment il a été traité durant cet US OPEN. Il semble maintenant que la situation se soit calmée, c’est une chose, mais encore faut-il y mettre la manière. Je trouve que tout n’a pas été fait dans les règles de l’art. Puisqu’on parle de jeu, tu en es où ? Au même point, mais je sais que je vais devoir bientôt prendre une décision. Je dois encore passer quelques examens pour être certain que ce soit la bonne. Tu t’es rapproché du club de la Villa Primrose, dont Sergio Tacchini est partenaire. On imagine que tu as le temps de monter un projet (rire) ! Vous avez du flair, je vais effectivement lancer les premiers stages de compétition « Michaël Llodra ». On organise cela pendant les vacances de la Toussaint. C’est la première pierre d’un projet plus important autour de la formation. J’ai hâte d’y être et je suis fier que Sergio Tacchini me soutienne dans cette initiative. Toutes les informations concernant ces stages sont sur www.stages-michael-llodra.com. Tu peux aussi confirmer ta présence sur la National Tennis Cup, fin octobre, au Cap d’Agde ? Oui, c’est vrai, ce n’est pas une rumeur. D’ailleurs, on m’a expliqué que c’était la plus grande compétition amateur au monde. Je vais donc pouvoir tester la qualité de ma première balle (rires).

Posez vos questions à Michaël Llodra sur

« Au début, nous pensions que la contrainte principale serait de finaliser un budget multiplié par trois. Mais, très vite, on s’est aperçu que les exigences du cahier des charges imposé par la WTA constituaient un challenge au moins aussi dur à relever. Au final, il a fallu s’adapter et composer. On y est parvenus, notamment grâce à une équipe d’organisation et de bénévoles très motivée et mobilisée. »

Former un plateau de qualité Le mot du directeur, Christophe Lesage : « Les phases qualificatives se terminent avec un très bon bilan et un nombre de participants en hausse. C’est un très bon signe et cela récompense un formidable travail des clubs organisateurs et de leurs bénévoles. Maintenant, nous sommes déjà concentrés sur l’organisation de la phase finale au Cap d’Agde, qui nous accueillera pour la 28ème année dans son magnifique Centre International de Tennis, avec sa nouvelle équipe. C’est dans un peu plus d’un mois… Autant dire que le compte à rebours a réellement commencé. Nos classiques, comme le tournoi de poker parrainé par Winamax ou la Race New Balance, seront toujours là. Enfin, la première National Padel Cup est lancée, avec cinq courts de padel sur place. En effet, du dimanche au mardi, nous allons organiser un tournoi qualificatif. Les lauréats viendront grossir les rangs des joueurs qui auront obtenu leur billet dans les 20 étapes que l’on a mises en place en France. Bref, tout est prêt pour une grande fête avec, bien sûr, le tennis comme colonne vertébrale, puisque c’est l’ADN de cette compétition unique au monde. » L’info : Rien n’est plus enrichissant que de côtoyer des joueurs professionnels. Pour cette édition 2015, la NTC a décidé de marquer le coup avec, à nouveau, la présence de Mansour Bahrami, qui avait rencontré un franc succès la saison passée. Michaël Llodra et Nicolas Mahut seront, eux aussi, présents sur les courts pour le grand tournoi de double parrainé par Jaguar. On rappelle que Mika et Nico avaient atteint, en 2013, la finale du tournoi de Roland Garros, battus 6-4 4-6 7-6 par les monstres de la discipline, les frères Bryan. Ce sera aussi l’occasion de célébrer avec Nicolas son récent titre à l’US Open.

Le chiffre : 2000 joueurs et joueuses seront sur les courts pour tenter de devenir le/la meilleur(e) tricolore de son classement.

« Avec 17 joueuses du Top 100 et la présence des meilleures Françaises comme Caroline Garcia et Kristina Mladenovic (Alizé Cornet, blessée, nous a quand même rendu visite), on savait que le public répondrait présent. Mieux, la présence de Francesca Schiavone, toujours aussi motivée, a complété un tableau de grande qualité. Pour cette deuxième édition, nous avons la même ambition, même s’il est toujours très difficile de lutter avec d’autres continents au niveau financier. »

Savoir prendre des conseils

« Même si nous sommes rodés, je me suis attaché à échanger avec mes collègues. Je pense à Denis Naegelen, directeur des Internationaux de Strasbourg. Mais aussi à Didier Gérard, directeur de l’Open d’Orléans, car, même s’il ne s’agit pas d’un tournoi féminin, je nous trouvais des similitudes avec le format de son événement et la taille de sa ville. Cela s’est avéré très constructif et j’en profite pour les remercier. »

Créer une atmosphère

« On a su transformer le Palais des sports de Limoges en un beau Central. On a également fait des efforts dans la décoration, dans les espaces de réception. Même si le spectacle est sur le court, l’écrin est important. Là encore, il a fallu faire preuve de créativité pour que ce haut-lieu du basket puisse avoir une identité tennistique forte. »

Et pour 2015 ?

« L’objectif est de confirmer le succès de la première édition et de l’amplifier. En somme, attirer un plus grand nombre de spectateurs ; on en avait eu 11 350 en 2014. Cela passe, en premier lieu, par le maintien d’un plateau sportif de qualité. J’insiste sur l’importance des joueuses françaises, dont la présence plaît au public et donne du crédit à ceux qui investissent pour qu’un tournoi de tennis féminin comme celui-ci puisse être organisé de manière durable en France. Néanmoins, je le répète, la disparité économique dans le tennis féminin entre les continents est, aujourd’hui, telle qu’elle ne nous rend pas la tâche facile. Mais on ne va pas baisser les bras et les efforts consentis pour accueillir les joueuses dans de très bonnes conditions lors de la première édition vont porter leurs fruits, c’est évident. »

mika@grandchelem.fr GRandchelem

AGENDA PRATIQUE 12

I GrandChelem I

www.welovetennis.fr

Samedi 7 et dimanche 8 novembre : qualifications au Couzeix Country Club Du lundi 9 au dimanche 15 novembre : tableau principal au Palais des sports de Limoges Mardi 10 novembre : Player’s Party Mercredi 11 novembre : opération spéciale des écoles de tennis Samedi 14 novembre : l’Engie Open de Limoges soutient la Journée Mondiale du Diabète Dimanche 15 novembre : finales en simple et en double à partir de 15h30

Trois questions à Philippe Autier, directeur général de la Ligue du Limousin Peut-on dire que la première édition de l’Open de Limoges ait été une réussite ? Oui, je le pense sincèrement. D’abord, parce que l’ensemble des passionnés ont adhéré au projet et sont venus en nombre. Par le passé, on avait eu la chance de recevoir la Fed Cup et la Coupe Davis et on avait déjà senti un véritable engouement. En plus, pour cette première, on a pu bénéficier d’un plateau incroyable, avec les présences de Mladenovic, Garcia, Schiavone… et Dodin, qui, depuis, a fait un peu de chemin (rires) ! En quoi la Ligue a-t-elle joué un rôle fondamental dans cette organisation ? Parce qu’en tant que co-organisateurs, nous avons la responsabilité de tous les bénévoles, leur recrutement, leur formation – et cela vaut pour les hôtesses, les chauffeurs, les ramasseurs… D’ailleurs, beaucoup de candidats ont voulu participer à cette fête du tennis. Pour une Ligue, c’est très important d’avoir un rendezvous de ce niveau. Cela fédère nos licenciés et les passionnés. Et, comme notre collaboration avec Sport Plus Conseil, la société qui gère la globalité du tournoi, est bien rodée, c’est un plaisir de mettre tout cela en place, même si cela demande une grande générosité. Le Palais des sports de Beaublanc est un monument du basket. Y voir du tennis, ce n’est pas un sacrilège (rires) ? Bien au contraire ! Cela crée de la variété, c’est positif et attrayant. Beaublanc n’est pas qu’une citadelle du basket et le Limousin est une terre de tous les sports. Ce tournoi le confirme et, par sa dimension internationale, contribue fortement à accroître l’attractivité de notre région au-delà des frontières hexagonales. C’est essentiel !

GrandChelem I

www.welovetennis.fr I

13


grandchelem france

grandchelem france

Nathalie Dechy : « Le tournoi de Biarritz a un formidable potentiel » La co-directrice du Engie Open de Biarritz, Nathalie Dechy, est revenue pour GrandChelem sur cette 13ème édition, montée en deux mois. Fière d’avoir relevé ce challenge avec son équipe de choc, elle ne compte pas s’arrêter là. Interview.

Alors, soulagée ou triste que ce soit fini ? Entre la décision de foncer et la remise des prix, je n’ai pas vraiment eu le temps d’avoir des états d’âme (rire). Je suis très fière de ce qu’on a pu mettre en place, même si, avec Mayline Andrieux (NDLR : co-directrice du tournoi), on sait qu’on peut encore progresser. Tout est allé très vite. On aura plus de temps pour la 14ème édition, même si l’on va se mettre au travail dès demain, car, comme dit le dicton : il faut battre le fer pendant qu’il est chaud. On sait que ce tournoi aurait pu disparaître avec le décès de Patrice Dominguez (ex-directeur, décédé en avril 2015). Ce doit être une grande satisfaction d’avoir réussi cette aventure ! Évidemment. Et c’est aussi un bel hommage à Patrice. D’ailleurs, toute la famille du tennis s’est mobilisée pour que l’Open de Biarritz reste dans le calendrier. Je pense forcément à Denis Naegelen (NDLR : président de l’agence Quarterback), sans qui rien n’aurait été possible, mais aussi à la Fédération Française de Tennis, qui nous a soutenus dans notre démarche. Enfin, notre partenaire-titre, Engie, et la Ville, bien sûr, avec tous les acteurs locaux qui sont venus durant la semaine du tournoi. A l’origine, le tournoi se déroulait en juillet, mais il est désormais en plein US Open. C’est un choix plutôt étrange, non ? Là-dessus, on n’a rien pu changer. Mais ce n’est pas une mauvaise idée qu’il se tienne en septembre, loin de là. Ce n’est plus la période des vacances, c’est plus calme et, surtout, les partenaires peuvent inviter leurs clients, car tout le monde a repris le travail. De ce point de vue, c’est particulièrement positif. On réfléchit quand même à le décaler légèrement, car c’est vrai que c’est dur pour les filles qui arrivent tout juste des Etats-Unis. Vous pensez à Océane Dodin ? C’est un bon exemple. Elle a effectivement perdu au second tour, même si elle a donné tout ce qu’elle avait, puisqu’elle a eu des crampes en fin de match. Le constat, c’est qu’il faut un peu plus de temps pour digérer le voyage, mais aussi le changement de surface. D’un point de vue sportif, vous êtes une co-directrice heureuse ? Le tennis pratiqué était d’un très bon niveau. Je regrette simplement que les Françaises n’aient pas réussi à aller plus loin : Pauline Parmentier, par exemple, battue d’entrée, ou Stéphanie Foretz qui, après sa performance au deuxième tour, a calé en quarts contre la future finaliste, Romina Oprandi. C’est dommage, car je la sentais en forme !

13ème engie open de biarritz

Résumé en neuf clichés d’une semaine haute en couleurs avec en guest star la légende Björn Borg

Stéphanie Foretz, Sylvain Wiltord, Pauline Parmentier et Constance Sybille assistent à la soirée de gala du tournoi.

Après son exploit à l’US Open, la Française Océane Dodin n’a pas réussi à faire parler sa puissance à Biarritz et s’incline au deuxième tour face à Cindy Burger (5-7 7-5 6-4).

Finaliste en 2013, la Brésilienne Teliana Pereira, tête de série numéro deux, s’incline en demi-finale face à Romina Oprandi (6-3 6-2).

L’association Fête le Mur, en partenariat avec ENGIE, a permis aux enfants de la région Aquitaine d’échanger quelques balles avec Nathalie Dechy, ex-numéro 11 mondiale et co-directrice du tournoi.

Björn Borg, onze fois titré en Grand Chelem, assiste à la finale du tournoi en compagnie de Denis Naegelen, président de l’agence Quarterback.

Forte affluence au Biarritz Olympique Tennis pour la finale du tournoi le dimanche 13 septembre.

Laura Siegemund en larmes après sa victoire. Elle vient de gagner son premier tournoi ITF 100 000 $.

Remise des prix du 13ème Engie Open de Biarritz en présence des principaux partenaires du tournoi.

Laura Siegemund soulève pour la première fois le trophée Amestoy, symbole de combativité, d’intelligence et de féminité.

Avec Mayline Andrieux, on vous sent ambitieuses. Cela veut dire que vous avez une idée derrière la tête pour les années futures ? Nous avons été, toutes deux, des sportives de haut-niveau, donc, oui, cela fait tache d’huile (rires) : on veut toujours mieux faire, progresser, grandir. Mais il ne faut pas aller trop vite. On a trop peu d’expérience sur ce tournoi et sa région pour faire des annonces. En revanche, on pense qu’il y a un formidable potentiel à Biarritz, dans une région qui respire le sport. A nous de mieux comprendre comment elle fonctionne, quel est le tissu économique local… Il faut être créatives et apporter des solutions de partenariats séduisantes. Bref, un vrai chantier, mais on est ultra motivées ! Pour y parvenir, il faut être sur place, non ? Oui, c’est plus simple (rire) ! Et ça tombe bien, puisque je me suis installée récemment ici. C’est aussi pour cette raison que j’ai pris cette responsabilité. Dernier point : il est toujours difficile de motiver les spectateurs. De ce côté-là, la semaine s’est bien passée ? Oui, les matchs programmés à partir de 17h30, dans la semaine, ont très bien fonctionné. Le week-end a également rencontré un total succès. Reste, bien entendu, le cœur des journées, où c’était un peu trop calme. Mais c’est le jeu quand on organise un événement sportif de ce type. On sait qu’il y a deux paramètres qu’on ne maîtrise pas : le temps et les performances des joueuses. C’est aussi ce qui rend le défi plus grand, plus grisant. C’est à nous de tout faire pour que la fête soit totale si tous ces paramètres sont réunis.

Siegemund couronnée C’est l’Allemande Laura Siegemund (100ème à la WTA), qui a remporté le 13ème Engie Open de Biarritz, en dominant Romina Oprandi en finale (115ème à la WTA), 7-5 6-3. Cette finale a rencontré un franc succès, puisque les tribunes étaient pleines. A noter, également, une belle initiative de la part des organisateurs, puisque l’ensemble des rencontres ont été diffusées en streaming

14

I GrandChelem I

www.welovetennis.fr

sur internet à partir des quarts-de-finale.

GrandChelem I

www.welovetennis.fr I

15


tecnifibre TFlash Dynacore : une gamme qui n’a pas fini de faire parler d’elle Pour le lancement des nouvelles raquettes TFlash, Tecnifibre a décidé de donner la parole à ses ambassadeurs, mais aussi aux joueurs de tennis passionnés. Avec le TFlash ultimate test, Tecnifibre confirme sa volonté d’impliquer ses ambassadeurs pour qu’ils soient de vrais acteurs de la marque. Plus de 400 ambassadeurs internationaux vont donc recevoir des prototypes de la TFlash 285 (un cadre mat noir). Leur mission sera de les faire tester par leurs élèves. Les retours des joueurs, impressions et photos, seront agrégés dans une rubrique dédiée sur le site internet de la marque, afin de permettre au grand public de pouvoir consulter ces feedbacks. Pour récompenser les meilleurs testeurs, de nombreux lots seront distribués, mais le Graal sera de pouvoir partir aux Barclays ATP World Tour Finals en novembre accompagné de son coach. Le verdict sera rendu en fonction, notamment, de la qualité des selfies qui seront réalisés avec sa TFlash 285. En impliquant son réseau d’ambassadeurs et, surtout, le client final, Tecnifibre innove et contribue à installer une vraie proximité avec le consommateur. Pour y parvenir, la marque s’appuie sur le lancement de sa nouvelle gamme TFlash, mais aussi sur les réseaux sociaux et le digital. Allier la modernité au terrain, voilà une ligne directrice qui fait, aujourd’hui, le succès de la marque tricolore. La nouvelle TFlash et son vert flashy très réussi devrait y contribuer, d’autant que ce type de cadre reste l’un des piliers de la gamme Tecnifibre.

Réactions sur la nouvelle gamme : Alexandre Aloues, responsable du magasin Balle de Match à Rouen « C’est une très bonne gamme dans son ensemble, qui défie toute concurrence dans le rapport qualité/prix. Elle évolue encore cette année avec une raquette puissante, toujours plus orientée vers la précision. La déclinaison des quatre raquettes est très bien répartie sur le plan du poids et il est donc facile de se situer, pour le client. La 285 est très tolérante et séduit beaucoup les compétiteurs de tout âge, en recherche de puissance avec un « plus » de confort, tandis que la 265 confirme sa bonne réputation. C’est devenu un produit référent pour les jeunes compétiteurs, pour ceux qui veulent en découdre. La gamme T-FLASH permet aussi à un directeur de magasin d’avoir une proposition de prix différente pour des raquettes du secteur performance. Enfin, le design est épuré et reflète la performance et la modernité des cadres. La petite touche, cette année, c’est le vert fluo… Cela apporte une fraîcheur et un côté printanier, mais cela souligne aussi le côté dynamique de la gamme !

Evan Furness, joueur Junior du team Tecnifibre « Cette raquette apporte de la puissance à mon jeu ! J’ai de très bonnes sensations, une vraie qualité de frappe et j’arrive à maîtriser mes coups, tout en restant agressif sur le court. La nouvelle TFlash 315 m’aide aussi à obtenir encore plus de vitesse de balle. Comme je suis un puncheur, j’ai besoin d’être porté vers l’avant et de déborder rapidement mon adversaire. La TFlash est donc une arme essentielle pour mettre mon jeu en place. Enfin, je trouve la cosmétique super fun ! J’adore ce vert flashy, cela donne de la poigne à ma raquette, comme si elle était en feu pour mieux exploser sur le court. Cela me conditionne pour avoir encore plus d’énergie ! »

GrandChelem I

www.welovetennis.fr I

17


grandchelem france

grandchelem france

Coupe Soisbault 2015 :

Un cinquantenaire de toute beauté ! C’est déjà le temps des souvenirs pour le cinquantenaire de la Coupe Soisbault, fêté à Granville en grande pompe, début août. Un anniversaire plus que réussi, sous un soleil radieux, avec un public ayant répondu en masse à l’appel lancé par Marion Bartoli, marraine disponible et enjouée.

L’image est belle. Nous sommes le samedi 1er août et le tennis a envahi le centre de Granville. Un petit court a été mis en place par le service des sports de la Mairie et Marion Bartoli, devant une foule impressionnante, régale les fans, mais aussi le président de la Fédération Française de Tennis, Jean Gachassin, venu en guest-star : « C’est normal que je sois présent pour cette épreuve. Quand j’ai vu le programme proposé, j’ai compris qu’il y avait beaucoup d’ambition et une véritable envie de promouvoir le tennis. C’est toujours réconfortant de voir que ce sport draine du monde, de l’enthousiasme. Évidemment, avec Marion aux commandes, les organisateurs n’ont pas pris de risques (rires) ! »

«

La Soisbault est désormais un rendez-vous qui compte

»

Une Marion impeccable, souriante et disponible, malgré un programme très dense : « J’ai pris beaucoup de plaisir à venir ici, dans la Manche. Bien sûr, la visite du Musée Dior m’a touchée plus particulièrement, tout comme celle des ateliers de la maison Grandis, maintenant que je me lance dans la mode. Mais j’ai aussi compris tout le sens de l’inauguration du court central Annie Soisbault. Il y avait beaucoup d’émotion, vraiment. » En effet, cette inauguration fut le moment fort d’un week-end festif, avant que la compétition sportive ne débute, comme l’explique Roger Davy, le directeur de l’organisation : « Tout est parti de là, de notre envie d’honorer la mémoire d’Annie Soisbault. Bien épaulés par les bénévoles, la Mairie et nos partenaires institutionnels et privés, nous avons pu construire une édition incroyable, que je qualifie même d’exceptionnelle. Voir l’amie proche d’Annie Soisbault couper le ruban du court central fut un aboutissement pour nous, car, on le sait, Annie reste dans nos cœurs. » Les Granvillais l’ont bien compris, puisqu’ils se sont pressés en nombre durant les trois jours de la compétition. « Je ne suis pas si surpris que cela », confie Roger Davy. « La Soisbault est désormais un rendez-vous qui compte. Et puis, toutes les conditions étaient réunies avec un temps radieux, un niveau de tennis formidable, de fréquents rebondissements et une équipe de Russie impressionnante… C’est ainsi qu’on obtient un superbe moment ! » Aux anges après le dîner de clôture, le directeur a pu féliciter toute son équipe avec un grand sourire. Un sourire qui ne montrait qu’une envie : que le temps passe vite pour remettre ça en 2017 !

18

I GrandChelem I

www.welovetennis.fr

Pas de temps mort… et du tennis de très haut niveau ! Neuf clichés pour une semaine chargée d’émotion et un vibrant hommage à Annie Soisbault.

Marion Bartoli, la marraine de l’épreuve, a profité de son passage à Granville pour visiter les ateliers Grandis, qui travaillent pour des grandes marques de mode.

Confectionnée par Cyril, une exposition de raquettes légendaires des plus grandes championnes du tennis féminin a été organisée à la galerie Chaon. A cette occasion, Marion Bartoli a offert l’un de ses cadres, qui a gagné Wimbledon en 2013.

Madame le Maire de Granville, Dominique Baudry, a évidemment demandé à Marion Bartoli de signer le livre d’or de la ville, lors d’une cérémonie officielle où était présente la Fédération Française de Tennis.

Sous la direction du Musée de Roland Garros, une exposition sur Annie Soisbault, à la Médiathèque de la ville, a été inaugurée par l’une des ses plus proches amies : Camille Coppinger, ici en compagnie du directeur de l’épreuve, Roger Davy.

Le court central du TC Granville est devenu officiellement le court Annie Soisbault. C’est le président de la Fédération Française de Tennis, Jean Gachassin, qui a coupé le ruban.

La Coupe Soisbault est avant tout une épreuve sportive, où les meilleures nations européennes chez les moins de 18 ans sont présentes.

Le club a été transformé en un petit Roland Garros, tout en gardant son charme. Il arrivait même qu’il soit parfois animé dans le ciel avec quelques uns de ces parapentes, toujours très présents à Granville.

Par sa grâce et la qualité de sa frappe, Anna Kalinskaya est devenue la star de cette cinquantième édition. Son charme a d’ailleurs séduit notre photographe Rafael Ciaccia avec ce cliché plutôt réussi.

La traditionnelle photo « finish » avec l’ensemble des bénévoles, les joueuses, le staff… et un bel envol de casquettes !

Des Russes au talent brut

Alors qu’elles avaient attendu le bout de la nuit et un double décisif pour s’imposer au premier tour face à la Slovaquie, les Russes sont montées en puissance pour, finalement, l’emporter assez facilement en finale, mercredi, face à la Biélorussie (3-0). On s’attendait pourtant à une lutte acharnée pour le trophée. Mais la surprise est venue de la jeune Biélorusse Véro Lapko, grande favorite, qui, rattrapée par l’émotion, rendit une copie assez décevante. En face, Anna Blinkova en a profité sans forcer son talent, permettant ainsi à sa nation de soulever une nouvelle fois le trophée, la cinquième en moins de dix ans. La Russie succède donc à la Serbie au palmarès, avec des jeunes filles dont il faudra retenir les noms : Anna Kalinskaya, Anna Blinkova et Aleksandra Pospelova. On pourrait entendre parler d’elles dans un avenir proche sur le circuit WTA…

Un petit air de Roland Garros

C’est la première année que des loges ont été mises en place autour du court central. Des loges d’autant plus belles que le court était aux couleurs de la Porte d’Auteuil et qu’un certain nombre de partenaires officiels, comme Peugeot, Mary Automobiles et Babolat, ont joué le jeu, donnant l’impression d’être du côté de Boulogne, à la fin du printemps. Notons aussi la qualité exceptionnelle de la terre battue, très bien préparée par les services techniques de la ville. GrandChelem peut en témoigner… Puisque, malgré une formelle interdiction, l’équipe n’a pu s’empêcher de faire un petit double, histoire de tester l’ocre granvillais, la veille de l’entrée en lice des championnes.

Un trophée pour l’organisation Toute l’équipe de Roger Davy a reçu une distinction de la part de Tennis Europe pour la qualité de l’organisation de cette cinquantième édition. Une récompense légitime, comme nous l’a confié Jacques Dupré, président de Tennis Europe : « Chaque fois que je viens à Granville, c’est un enchantement. Mais je dois dire que cette édition a dépassé toutes mes attentes ! Quel bel hommage pour Annie Soisbault et le tennis féminin ! Un régal. Il nous a donc semblé normal d’envoyer aux organisateurs un signal fort, avec cette récompense. C’est plus que mérité. Il faut encourager ces initiatives, car on a bien conscience de toutes les difficultés économiques et logistiques à résoudre pour parvenir à proposer un événement de cette qualité. »

GrandChelem I

www.welovetennis.fr I

19


DOSSIER : 15/2, la bonne équation ?

DOSSIER : 15/2, la bonne équation ?

15/2

Bernard

Pestre : « On ne monte pas 15/2 en deux ans »

Bernard Pestre, le directeur adjoint de la Fédération Française de Tennis, en charge de la formation et qui a conduit la réforme, a répondu aux questions de GrandChelem sans langue de bois. Cette mise au point permet de comprendre ce qui a motivé les changements.

LA BONNE éQUATION ?

Pouvez-vous nous expliquer la genèse de cette décision qui a surpris beaucoup d’enseignants ? On a fait le constat qu’il y avait une réelle diminution du nombre de candidats aux tests de sélection. Cette baisse était d’environ 15%. Dans le même temps, on a aussi constaté qu’il y avait des zones blanches sur le territoire, des régions où il n’y avait pas d’enseignants, chose qui posait un problème pour le développement de la pratique. Naturellement, nous avons cherché à comprendre. Et nous avons ainsi mis en place des groupes de travail avec la Direction Technique Nationale, le Ministère de la Jeunesse et des Sports, les dirigeants élus de la FFT et l’ensemble de nos cadres techniques dans les Ligues. Quelles ont été vos conclusions ? Qu’il fallait permettre de postuler à un plus grand nombre de personnes. Logiquement, le plus efficace était de baisser les exigences de classement. Après avoir regardé les chiffres, nous sommes tombés d’accord sur le niveau 15/2. Avez-vous subi une pression de la part du ministère pour arriver à cette décision ? Non, et c’est très important de le dire. C’est une décision de la Fédération et, d’ailleurs, c’est nous qui avions proposé au ministère de réfléchir à cette possibilité, pas l’inverse. C’est donc un choix stratégique de notre part.

GrandChelem se penche trop rarement sur des sujets de la pratique du tennis au quotidien. Alors, quand nous avons appris qu’une réforme prévoyait de faire baisser à 15/2 le classement requis pour devenir professeur de tennis, nous nous sommes dit qu’il y avait, là, matière à débattre. L’occasion de donner la parole à ces enseignants qui restent parmi les meilleurs témoins de la santé de notre discipline préférée. Nous avons donc mené notre enquête auprès de tout type d’enseignants, des anciens joueurs de haut-niveau, des responsables de petits clubs… Notre volonté : prendre le pouls et comprendre les enjeux de cette réforme. Certains sont pour, d’autres contre, mais une chose est sûre : ces changements mettent un coup de projecteur sur une profession qui fait vivre le tennis chaque jour sur tous les courts du territoire. C’est peut-être là l’essentiel ! Dossier réalisé par la rédaction

Attention à l’afflux ! Le système de classement est pyramidal : plus le classement est élevé, moins il y a de personnes éligibles. Les chiffres de 2014 permettent de se projeter et de comprendre les conséquences de la réforme à 15/2. Joueurs classés en seconde série : Homme : 9659, dont 3151 à 15

Femmes : 3824, dont 1187 à 15

Joueurs classés en troisième série : Hommes : 72 079, dont 15/1 : 3545 ; et 15/2 : 8174

Femmes : 20 845, dont 15/1 : 1535 ; et 15/2 : 2068

Cette décision en a étonné plus d’un. Tous les enseignants que nous avons interrogés nous ont confié qu’il y avait, dans un passé récent, une volonté fédérale de hausser les critères de classement. Ils évoquaient le cap de 4/6… Là, c’est une vraie rumeur, car je peux vous assurer qu’il n’en n’a jamais été question. Que répondez-vous à ceux qui affirment qu’atteindre le niveau 15/2 est, somme toute, assez facile ? Le niveau technique global a évolué. Être classé 15/2, ce n’est pas n’importe quoi, on sait jouer au tennis, même si le système, qui dépénalise la défaite, favorise la montée au classement par rapport à ce qui se faisait il y a vingt ans. Les enseignants ne disent pas qu’un 15/2 ne sait pas jouer au tennis, mais qu’on peut monter 15/2 en deux ans si on a certaines capacités. Ils estiment que cela fait court pour avoir le privilège de se présenter aux tests de sélection… Les joueurs qui grimpent à 15/2 en deux ans de tennis ne sont pas légion. Je comprends qu’on soit attaché au classement 15, le début de la seconde série, mais le changement n’est pas un sacrilège et il faut vivre avec son temps. Les pratiques et les besoins évoluent et ce n’est pas en ne changeant rien qu’on va pouvoir faire bouger les choses, créer une émulation, voire une concurrence. Le métier a évolué ? Exactement. L’enseignant n’a plus le même rôle. Certains clubs ne sont pas forcément dans une situation économique florissante et l’une des missions de l’enseignant, dans certains cas, c’est aussi d’être un développeur d’activité, un animateur. Mais alors pourquoi ne pas avoir créé un autre diplôme lié à cette activité ? Cela existe dans d’autres disciplines… C’était une possibilité que nous avons écartée, car nous ne voulions pas créer de Brevet Professionnel. On préfère intégrer cette dimension dans les fonctions du DE (Diplômé d’Etat). C’est un choix politique et stratégique. Cela laisse supposer que l’enseignant n’est plus uniquement un technicien… Oui, mais dans sa formation, la dimension technique est toujours présente, tout comme celle de chef de projet. Je tiens aussi à rappeler que la France est le seul pays où, pour enseigner le tennis, on doit obligatoirement être diplômé. C’est primordial. D’ailleurs, depuis un certain temps, on ne peut plus se présenter à l’examen en candidat libre. Il faut obligatoirement suivre une formation de 1200 heures minimum, avec 700 heures de cours et 500 heures en club. Comprenez qu’il ne s’agit pas de dévaloriser cette profession, bien au contraire. Nous voulons juste la rendre plus accessible, sachant que le classement n’est qu’un prérequis. Les sélections sont là pour faire le tri. Vous devez être conscient que cela va grogner ? On est là pour répondre aux interrogations. J’en veux pour preuve un certain nombre de CTR (Conseillers Techniques Régionaux) qui s’étaient opposés à cette réforme et qui, depuis les premiers tests de sélection, sont revenus vers nous et ont changé d’avis.

En clair, nous avons donc 13 483 personnes éligibles avec le prérequis à 15. Contre 13 483 + 15 322, soit 29 165 potentiels candidats avec le prérequis à 15/2. On constate, d’ailleurs, que l’écart est énorme entre 15/1 et 15/2 et bien moins important entre 15 et 15/1.

20

I GrandChelem I

www.welovetennis.fr

Un métier qui a changé Il est loin le temps où le « maître de tennis » arrivait dans son club, adulé par une cohorte de fidèles, de fans, mais aussi d’élèves qui attendaient avec impatience ses premiers conseils sur le court. Véritable pilier du club, le professeur était respecté, un peu trop selon certains. Puis, la large démocratisation du tennis a changé la donne. Il a fallu répondre à une demande et suivre le mouvement insufflé par la multiplication des clubs. Aujourd’hui, alors que ce sport peine à se renouveler, il subit de plein fouet une forme de récession. Le premier à en subir les conséquences ? Ce même professeur, dont l’image de marque a été écornée. « Je n’ai rien contre le loisir, mais je pense qu’il faut préserver un prestige et le classement en fait partie, comme le niveau de tennis. La première question que pose un jeune qui est accroc à ce sport, c’est : quel a été ton classement ? ta meilleure performance ? » explique Christophe Cazuc, qui a monté une structure d’entraînement de haut-niveau à Saint Malo, en Bretagne. Un discours repris par Hélène Gondrand, DE à Sainte-Foy-Lès-Lyon, dans le Rhône : « Quand je dis que j’ai été négative, je vois bien ce qui se passe dans les yeux de mes élèves. Donc oui, le métier a changé, on nous demande désormais d’être dans le management, mais il ne faut pas oublier que, pour un certain public, le professeur de tennis reste une personne qui a pratiqué le tennis à haut-niveau. »

Professeur ou joueur, il faut choisir… Beaucoup de témoins ont évoqué une situation particulière, qui reste d’actualité : certains dirigeants recrutent un DE pour son niveau de jeu et, donc, son classement, afin que celui-ci vienne gonfler les rangs de son équipe première. Une situation connue qui ne favorise pas l’expertise, comme l’assure Olivier Letort : « Professeur et joueur, ce sont deux métiers différents. Il faudrait que ce soit compris par tout le monde afin d’éviter des situations ambiguës. Être dans cette démarche devrait presque impliquer de signer deux contrats différents. Car l’enseignement prend souvent du temps et il est difficile de rester au niveau de tennis souhaité. »

Que vous ont-il dit ? Que cela permettait de mettre en place des tests d’entrée plus sélectifs, qu’ils rencontraient plus de profils différents quant à l’approche du métier, des motivations variées… C’est donc la solution idéale, ce passage à 15/2 ? Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. On fera le point dans quelques années et, s’il le faut, on pourra rectifier le tir.

GrandChelem I

www.welovetennis.fr I

21


DOSSIER : 15/2, la bonne équation ?

DOSSIER : 15/2, la bonne équation ?

Plutôt pour !

Plutôt contre !

Olivier Letort

2015 : profils des stagiaires DEJEPS

Christophe Cazuc

Formateur – Meilleur classement : 2/6 « Ma première réaction ? Je me suis dit que c’était un retour aux sources (rires), car, historiquement, le cap était à 15/2. Pour moi, de toute façon, le classement n’a pas tant d’importance. Être enseignant, c’est une vocation. Je pense sincèrement que le classement 15 est une barrière pour beaucoup de personnes qui ont le goût de transmettre un savoir, qui ont plaisir à être sur le terrain entourées de gamins. Dans ce sens, c’est une belle réforme. On sait tous, par exemple, que les femmes passent mieux avec les enfants. Le niveau 15/2 permettra à plus de filles d’être candidates. Quand un gamin entre à l’école, je demande à l’instituteur de lui apprendre à lire, à écrire, à compter. Pour le tennis, c’est la même chose. Cela privilégie la pédagogie, sans surévaluer l’aspect technique. Enfin, je suis certain que plus de personnes vont tenter la formation pour faire de ce métier un complément de leur profession. Et, là aussi, cela correspond à une demande actuelle, tant dans la flexibilité que dans le nombre d’heures à faire pour certains clubs. Selon moi, l’essentiel, au final, c’est le contenu de la formation et c’est là-dessus qu’il faut se battre. Rendre la formation obligatoire, ça a été une avancée. Néanmoins, je trouve très négative la tendance qui consiste à obliger l’enseignant à devenir un administratif. L’enseignant doit être dans sa salle de classe. Et, sa salle de classe, c’est le court de tennis. »

Structure privée – Meilleur classement : 2/6 DE depuis 1992 « C’est un retour en arrière dans tous les sens du terme. Je pèse mes mots. Car, il y a vingt ans, un 15/2 était beaucoup plus complet qu’aujourd’hui. Si on a fait le constat que le métier n’attirait plus grand monde, il fallait peut-être se demander pourquoi. S’est-on posé la question de la valorisation des enseignants ? Ont-ils régulièrement leur mot à dire dans les grandes orientations de la Fédération ? Je conçois qu’on puisse être un fou de tennis et pas en mesure d’atteindre le niveau 15. Mais… c’est comme ça. D’autant qu’il existe le système de VAE (NDLR : Validation des Acquis de l’Expérience) ; on aurait dû le rendre plus souple. Là, on fait du remplissage. Quand on touche à l’enseignement, on touche au socle de la discipline. On a beau me dire qu’il faut donner du plaisir, le tennis est avant tout un sport technique. Ce n’est pas du padel. Demander à un enseignant d’être polyvalent, c’est bien, mais il ne faut pas que cela nuise à ses compétences. Moi, je veux défendre ma profession. Parce qu’on a parfois l’impression que la complexité de notre métier est méconnue. Un bon enseignant, c’est aussi quelqu’un qui est bien encadré, ce qui nous amène aux limites de certaines structures associatives. Ce débat, on devra clairement le mener un jour, comme celui de notre mode de gouvernance. »

Pascal Courtois

Académie des Hauts de Nîmes (30) – Meilleur classement : 4/6 DE depuis 1982 « C’est clairement un abaissement du niveau des compétences. Un 15/2 reste limité en termes de démonstration. Or, le tennis est aussi un sport de mimétisme. J’en veux pour preuve les joueurs qui ont adopté la technique de Rafael Nadal ces dernières années. L’autre point qui me dérange, c’est qu’on peut être 15/2 en trois ans sans forcer. L’idée d’être seconde série vous engageait obligatoirement dans un programme de compétition. Pour tous les métiers du monde, on a des formations validées sur minimum cinq ans, des périodes d’apprentissage assez longues, sauf pour le tennis. C’est aberrant. Enfin, cela donne encore plus de pouvoir au président. Le marché est déjà tendu dans certaines régions, cela ne va pas favoriser le niveau des salaires, ni les rapports avec la hiérarchie. »

Gregory Le Scour

TC Grigny (69) – Meilleur classement : 15 DE depuis 2005 « Je ne vois pas une grande différence entre un 15, un 15/1 et un 15/2. En ouvrant à 15/2, j’ai le sentiment que cela va créer plus de concurrence et, donc, à terme, plus de vocations. Il y a plein d’exemples médiatiques de coachs qui n’avaient pas un grand niveau de tennis. Je pense, notamment, au père de Marion Bartoli. Pour moi, le classement reste un faux problème, on ne peut pas se cacher derrière ça. Je recrute beaucoup de jeunes joueurs comme AMT pour animer mon club et je me réjouis de savoir que les plus motivés auront peut-être la possibilité de se présenter aux sélections plus facilement. Enfin, cela va créer une dynamique durant les tests de sélection, ce qui n’a pas toujours été le cas. C’est une bonne réforme, même s’il faudra faire un vrai bilan plus tard. »

Reda Laoufi

TC de Tullins (38) – Meilleur classement : 4/6 DE depuis 2003 « Cela risque d’amener plus de concurrence, donc plus de personnes susceptibles de devenir profs de tennis dans un métier qui n’est pas toujours très rémunérateur. Ce n’est pas une question de niveau, car le 15/2 peut être un excellent enseignant. Pour moi, la question est ailleurs. Aujourd’hui, on souffre d’un turn-over important et d’un marché qui est saturé. Le nombre de licenciés stagne, voire diminue chez les femmes ou les moins de huit ans. Alors, je pourrais comprendre l’idée d’élargir le recrutement si le marché était en pleine expansion et que les nouveaux licenciés se pressaient aux portes, mais, là, ce n’est pas vraiment le cas. »

Johan Tambute

TC Nogent-sur-Marne (94) – Meilleur classement : 1/6 DE depuis 2006 « Sur le coup, j’ai trouvé que cette réforme constituait un abaissement du niveau d’exigence. Le classement 15 restait un point de repère. Mais, après avoir pris du recul, j’ai accepté l’idée qu’enseigner dans un club, ce n’est pas forcément être fort au tennis. Comme, en plus, la demande a changé, il faut aussi que l’offre s’adapte. Néanmoins, je serai très attentif aux futurs diplômés. Par ailleurs, il existe de vraies différences entre les régions. En Île-deFrance, nous n’avons pas les mêmes problématiques que dans le Sud ou dans le Limousin. Car la réforme vise, en partie, à résoudre des soucis de zones blanches. Amener des profils différents à l’enseignement, donner leur chance à des personnes très motivées, cela va faire bouger les mentalités. C’est positif, car on souffre parfois de notre immobilisme. »

Pierrick Vollerin

TC Saint-Egrève (38) – Meilleur classement : 15/1 DE depuis juin 2014 « Lorsque j’ai eu l’ambition de passer le DE, je n’étais pas classé 15. J’ai fait une licence STAPS et je l’ai passé avec une VAE (Validation des Acquis de l’Expérience). J’ai trouvé cela efficace. J’ai constitué un dossier, afin d’entrer en formation et, pendant un an, j’ai préparé toutes les UC (NDRL : Unités de Compétence). Et j’y suis parvenu ! D’ailleurs, honnêtement, j’ai effectué ma formation avec des deuxièmes séries qui n’étaient vraiment pas motivés. Je pense donc que la réforme peut créer des vocations. Évidemment, il faut de la passion et de l’envie. Les entraîneurs qui possèdent le même parcours que moi compensent peutêtre leur déficit par plus d’enthousiasme, plus de motivation pour l’enseignement. De toute façon, je ne veux pas que l’on me juge sur mon classement. La crédibilité, je la gagne sur le terrain et dans la vie du club, au quotidien. »

22

I GrandChelem I

www.welovetennis.fr

évolution du nombre de licenciés et d’enseignants en activité dans les clubs depuis 1970

1 200 000

5000

Nombre de licenciés

4000

1 000 000

3000

800 000 600 000 400 000

meilleur classement 1/6 - 0 négatif : 14 % 15 : 41 %

3/6 - 2/6 : 12 % 5/6 - 4/6 : 33 %

dont : 13,9 % de femmes 80 % de bacheliers moyenne d’âge : 2014 : 26 ans 2015 : 25 ans

6000

1 600 000 1 400 000

(Diplôme d’État de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et du Sport)

Nombre d’enseignants

2000 1000

200 000 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2014

Olivier Delaitre

Entraîneur privé – Meilleur classement : 33ème joueur mondial DE depuis 2000 « On tire vers le bas. On cherche la quantité, plutôt que la qualité. Étoiles, couleurs… on veut éviter l’idée que c’est le meilleur qui va l’emporter, celui qui fait le plus d’efforts. En gros, on rêve d’un tennis de masse qui n’existe plus. J’aurais mis le classement nettement plus haut que 15, alors, 15/2, ça me fait sourire. Je skie 15/2 tous les hivers et, pourtant, je n’ai pas la prétention d’enseigner le ski. Il faut être un peu cohérent. Le problème, c’est que l’école de tennis n’est qu’une garderie, non un centre de perfectionnement. On est dans du clientélisme et l’on demande à l’enseignant de savoir tout faire. D’ailleurs, j’ai aussi l’impression qu’on ne cherche plus à former des cadres pour le hautniveau, qu’on ne favorise plus cette filière, alors que c’est l’essence-même du tennis, c’est dans son ADN. Au tennis, on doit avoir un niveau minimum pour prendre du plaisir et jouer régulièrement. L’enseignant est là pour apporter ce bagage, il n’est pas là pour organiser une soirée crêpes. »

GrandChelem I

www.welovetennis.fr I

23


DOSSIER : 15/2, la bonne équation ?

TOURNOIS PRÉ-QUALIFICATIFS DU 17/10/2015 AU 3/01/2016

Ni pour, ni contre Hélène Gondrand

TC Sainte-Foy-Lès-Lyon (69) – Meilleur classement : -2/6 DE depuis 2001 « Ma première réaction fut de me dire que cette réforme était avant tout le résultat d’une évolution des clubs. Car il existe, aujourd’hui, un vrai souci d’encadrement et le métier d’enseignant a changé depuis quelques années. Reste que ce classement de 15/2 m’interroge si l’on est dans un cadre de compétition, car, il ne faut pas se leurrer, le classement restera toujours un important critère de compétences. Le danger, c’est qu’on puisse trop rapidement avoir accès aux tests de sélection, parce que, monter 15/2, ce n’est pas un challenge sportivement monstrueux. »

Guillaume Claveloux

TC Charly (69) - Meilleur classement : 15 DE depuis 2006 « J’ai eu du mal à monter 15, mais je me suis donné les moyens de mon ambition, car c’était un passage obligé. Descendre à 15/2, ça ne me satisfait pas, vu les efforts que j’ai consentis. Ces efforts m’ont forgé, ils m’ont permis de devenir l’enseignant que je suis avec un bagage technique plus important, une perception de la compétition qui est tout à fait différente, une idée de la programmation, de l’entraînement physique et mental. Alors, certes, ce n’est qu’une partie de notre métier, mais elle est aussi importante que les autres. A 15/2, j’ai bien l’impression qu’on oublie tout cela. 15, selon moi, c’est le classement minimum où l’on apprend l’autonomie. Évidemment, je peux comprendre qu’on veuille élargir l’accès. Mais, dans ce cas-là, il faut mettre des options, des spécialités pour qu’on puisse identifier différents types de DE. Cela aiderait tout le monde, les présidents, les joueurs, les enseignants. »

Slimane Taghzouit

TC de Coublevie Voiron (38) – Meilleur classement : -2/6 DE depuis 2011 « Ma première réaction a été celle d’un ancien -2/6 (rires). Puis, je me suis dit qu’il y avait sûrement des besoins, même si, personnellement, je ne pense pas que cela valorise notre métier. Ce qui me gêne, au-delà du classement, c’est l’idée que je me fais du temps qu’un joueur pourra consacrer à son sport avant de se présenter à la sélection. Ce temps sera raccourci, car, monter 15 en trois ans, c’est plus difficile que monter 15/2. D’ailleurs, si on analyse les chiffres, on comprend vite où se situe le palier. Comme d’autres collègues, je trouve que ce diplôme devrait changer dans sa forme et donner lieu à une vraie spécialisation. Cela permettrait de mieux se former et cela faciliterait aussi le recrutement. »

Christelle Ferret

TC du Cannet (06) – Meilleur classement : 5/6 DE depuis 2004 « Première réaction : 15/2, c’est super léger ! Déjà que, chez les filles, il y a un a priori, cela ne va pas arranger les choses. Sans trahir l’idée générale, je dirais que, pour nous, les filles, plus le classement est haut, plus cela légitime notre métier par rapport aux hommes. On nous demande plus et, là, à 15/2, j’ai peur qu’il y ait des couacs. Évidemment, c’est aux centres de formation de faire leur travail et d’éviter ce type de problèmes. Quoi qu’il en soit, c’est encore le niveau des compétences et l’envie du candidat qui feront la différence. En revanche, il ne faudrait pas favoriser exclusivement les profils de joueurs pas très bien classés sous prétexte que le prérequis a baissé. En gros, attention à ce qu’il n’y ait pas un DE à deux vitesses : l’un pour les cours collectifs et les animations ; l’autre pour les entraînements. C’est ce qu’on peut craindre. »

www.lespetitsas.com

info@lespetitsas.com

Didier Lanne

Entraîneur privé – Meilleur classement : 1/6 DES en parcours Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) depuis 2012 « Au départ, je n’ai vu ni le côté positif, ni le côté négatif. Je me suis donc efforcé de me renseigner. Une fois que j’ai su que c’était pour densifier certaines régions désertées, je me suis dit qu’il ne fallait pas être obtus. Cela dit, il faut reconnaître que les tests de sélection étaient déjà, jusqu’ici, presque une formalité. Le fait d’avoir plus de candidats obligera le jury à faire des choix. La vraie différence entre un 15 et un 15/2 est surtout liée au domaine de la compétition. Reste qu’il faut aussi évoquer un sujet qui fâche : l’enseignant de tennis n’est plus ce professeur bien payé qui donnait des cours individuels. C’est un métier difficile, où les compétences font peur. De ce point de vue, cette réforme ne va pas arranger la situation. On le sait tous, la crise du bénévolat amène à ce qu’on attribue à l’enseignant des responsabilités qu’il n’avait pas auparavant. Je n’ai rien contre, mais cela ne doit pas dénaturer notre mission principale. Sur ce sujet, je comprends qu’on puisse ouvrir à 15/2 pour avoir des personnes passionnées qui ont été barrées par le classement 15. Mais, selon moi, avec les AMT, on avait les moyens de mener à bien toutes ces missions sans faire bouger obligatoirement le classement d’entrée. »

Arnaud Darennes

Structure privée – Meilleur classement : 2/6 DE depuis 2006 « J’ai un parcours un peu atypique, puisque j’ai enseigné, par exemple, au Club Med et qu’aujourd’hui, je me lance dans un projet privé. Je m’éloigne donc des problématiques fédérales. Néanmoins, ma conviction, c’est que, 15/2, ça ne fait pas rêver. Que les clubs et les enseignants doivent se réinventer, oui, mais sans perdre leurs plus-values, leurs forces, leurs connaissances techniques. Il est possible d’avoir un bon classement et d’être un très bon enseignant. Alors, clairement, c’est plutôt vers cela qu’il faut tendre, car c’est le cadre idéal. »

24

I GrandChelem I

www.welovetennis.fr

PARTENAIRE FONDATEUR

Les tournois sont ouverts aux lles et garçons ayant 13 ans, 12 ans et 11 ans révolus à la date du tournoi. Classements : de N/C au plus haut classement de cette catégorie d ’âge. Montant d ’inscription : 15 € par joueur(se) à adresser au Centre organisateur choisi.

Thibaut Louis-Gavet

TC Mandrinois (38) – Meilleur classement : 3/6 DE depuis 2004 « Être 15/2, si tu cours bien, que tu es un peu malin tactiquement, c’est assez facile. Mais, pour moi, le souci vient plutôt des sélections. Par exemple, à Grenoble, cette année, ils en ont pris 36 et n’en ont refusé que trois. C’est énorme ! Il doit y avoir un écrémage, un vrai. Alors, avec cette réforme, si la sélection est bien faite, je dis : pourquoi pas. Mais, si elle est mal faite, la porte est ouverte à tout le monde, à des personnes qui s’en moquent et la profession risque d’être dénaturée. Je reste donc circonspect. D’autant que je suis un peu étonné de ce changement, vu qu’on évoquait l’idée d’un DE à 4/6 il y a quelques années. »

06600 10150 11100 12850 13400 16000 17100 18000 26500 28110 30240 31130 32000 33400 37100 39200 40100 42570 46000 51520 54840 56300

ANTIBES PONT SAINTE MARIE NARBONNE ONET LE CHÂTEAU AUBAGNE ANGOULEME SAINTES BOURGES BOURG LES VALENCE LUCE LE GRAU DU ROI BALMA AUCH TALENCE TOURS SAINT CLAUDE DAX SAINT HEAND CAHORS SAINT MARTIN SUR PRE VELAINE EN HAYE PONTIVY

T.C ANTIBES TENNIS CLUB DE TROYES AS. NARBONNAISE DE TENNIS STADE RUTHENOIS TENNIS TENNIS CLUB D ’AUBAGNE TC PETIT FRESQUET TENNIS CLUB de SAINTES T.C. M. de BOURGES T.C. de BOURG LES VALENCE AMICALE DE LUCE TENNIS TENNIS CLUB GRAU DU ROI COM.DEP.TENNIS HAUTE GARONNE COM. DEP. TENNIS GERS U.S TALENCE CLUB TENNIS TENNIS CLUB.DE TOURS TENNIS SAN CLAUDIEN US DAX TENNIS TC SAINT HEANDAIS (17420423) TENNIS CLUB DE CAHORS T.C. SAINT MARTIN SUR PRE TC NANCY FORET DE HAYE TENNIS CLUB PONTIVY

04 93 65 80 95 03 25 81 08 20 04 68 42 06 09 05 65 68 75 61 04 42 04 16 67 05 45 92 45 43 05 46 93 77 44 02 48 50 06 42 04 75 56 00 69 02 37 35 82 70 04 66 51 87 41 05 62 57 74 10 05 62 05 28 50 05 56 37 76 82 02 47 54 47 85 06 82 58 02 39 05 58 74 41 33 04 77 30 97 57 05 65 30 11 92 03 26 64 47 71 03 83 23 28 87 02 97 27 92 25

59004 60200 61140 63170 64121 64210 65000 67300 69490 76130 77300 78370 82000 83210 87000 90800 92340 92700 93140 94120 95800

LILLE CEDEX COMPIEGNE BAGNOLES DE L ’ORNE AUBIERE SERRES-CASTET BIDART TARBES SCHILTIGHEIM PONTCHARRA / TURDINE MONT ST AIGNAN FONTAINEBLEAU PLAISIR MONTAUBAN SOLLIES PONT LIMOGES BAVILLIERS BOURG LA REINE COLOMBES BONDY FONTENAY SOUS BOIS CERGY

TENNIS CLUB LILLOIS LILLE METROPOLE TENNIS COMPIEGNE POMPADOUR TENNIS CLUB BAGNOLAIS COMITE DE TENNIS DU PUY DE DOME TC LUY DE BEARN T.C BIDART COM.DEP. TENNIS T.C. SCHILTIGHEIM T. C. De PONTCHARRA A.S.ROUEN SPORTIVE UNIVERSITE CLUB T.C. DE FONTAINEBLEAU TENNIS CLUB de PLAISIR ASSOC. TENNIS MONTAUBAN TENNIS CLUB.SOLLIES PONT LIMOGES TENNIS CLUB GARDEN ASMB TENNIS T.C BOURG LA REINE TENNIS CLUB AMIOT A.S BONDY TENNIS U.S FONTENAY LIGUE DE TENNIS DU VAL D ’OISE

03 20 38 47 00 03 44 40 08 07 02 33 37 98 53 04 73 27 31 31 05 59 33 22 12 05 59 54 98 08 05 62 51 98 89 03 88 62 37 15 06 76 64 62 01 02 35 76 04 51 01 64 22 93 08 01 30 55 16 29 05 63 03 30 38 04 94 28 71 76 05 55 34 24 08 03 84 21 27 05 01 45 36 67 57 01 42 42 22 55 01 48 48 82 24 06 72 39 15 91 01 34 33 95 00

TARBES - 34e PETITS AS LE MONDIAL LACOSTE DES 14 ANS ET MOINS. DU 21 AU 31 JANVIER 2016


DOSSIER : 15/2, la bonne équation ?

Yannick Ferret :

« On va être plus sélectifs, c’est une évidence » Pour être complet, il fallait donner la parole à un formateur. C’est le cas de Yannick Ferret, directeur adjoint du Nice Lawn TC, mais aussi chargé de mettre en place les formations des futurs DE dans sa région. Il revient, pour nous, sur le système existant, les améliorations à lui apporter, ainsi que les sélections qui vont prendre en compte la réforme à 15/2. L’argument choc de la réforme, c’est : plus de candidats, donc une sélection plus forte avant d’entrer en formation. Vous partagez cet avis ? Bien évidemment et on l’a déjà observé lors de notre session de rentrée. Il y a plus de candidats et cela donne des responsabilités supplémentaires au jury qui prend ses décisions. Est-ce que cela va vous obliger à changer vos critères ? Les changer, non, ils restent toujours les mêmes et sont dictés par les règles de la Fédération. On peut, cependant, les adapter à sa région, son public. Chez nous, par exemple, je sais que l’épreuve de démonstration est importante. C’est, justement, l’un des axes de réflexion des DE, qui estiment qu’à 15/2, on n’est pas toujours bien armé dans ce domaine… C’est une idée reçue et j’ai beaucoup de contre-exemples à ce sujet. Peut-être, mais on sent une réelle inquiétude… Il y a une forme de crispation de la part des mes collègues, alors qu’il n’y a pas vraiment de quoi s’inquiéter. Le classement, c’est juste un prérequis, rien de plus. D’ailleurs, je sais qu’il y a déjà des centres de formation qui, par principe, vont rester sur la logique du classement minimum à 15. C’est leur choix, je n’ai pas à le critiquer, ils sont maîtres de leurs critères de sélection. Ce ne sera pas le cas chez vous ? Non, car on a participé en amont à cette réforme. On en a vite compris les objectifs. Néanmoins, la Côte d’Azur n’est pas vraiment l’une de ces zones blanches, où les enseignants manquent. C’est plutôt le contraire, puisqu’on est même dans la région qui compte le plus de DE en profession libérale. Ce n’est pas anecdotique.

Une profession peu solidaire ? Alors que la cohésion d’une profession peut lui permettre d’être un contre-pouvoir, les DE semblent isolés et aucun regroupement, ni association, voire syndicat ne peut se targuer de représenter le plus grand nombre, comme l’explique Slimane Taghzouit, du TC Coublevie-Voiron, dans l’Isère : « Je ne milite pas pour la création d’un syndicat, car le mot ne veut rien dire, mais je trouve dommage qu’il n’y ait pas plus d’échanges entre nous. Cela existe au niveau local, mais ce n’est pas suffisant pour avoir un discours bien construit et suivre de près l’évolution de notre métier qui est en perpétuel mouvement. Ce serait certainement utile pour être force de proposition sans subir constamment les événements. » Un argument auquel répond assez facilement Yannick Ferret, directeur adjoint du Nice Lawn TC : « Ici, sur la Côte-d’Azur, il y a beaucoup de DE qui sont de vrais indépendants. Les fédérer, c’est du domaine de l’impossible. Le professeur de tennis est déjà très pris par ses missions dans son club et manque généralement de temps. Cela explique aussi notre faible propension à nous regrouper, par exemple autour d’une association nationale, même si l’idée est séduisante. »

26

I GrandChelem I

www.welovetennis.fr

Pouvez-vous nous en dire plus sur cette fameuse sélection, son contenu, sa durée ? Lors de la session, il y a quatre épreuves. Celle de démonstration, sur une heure, où l’on demande au joueur de nous prouver qu’il possède une vraie qualité de balle, qu’il maîtrise l’ensemble des coups du tennis. Je me souviens d’un candidat qui nous avait répondu : « La volée ? Mais je m’en moque, je ne monte jamais au filet ! » Je vous laisse imaginer la suite. Il y a également un écrit, puis un entretien oral. Enfin, le candidat doit mettre en place une séance sur le court sur un thème choisi. C’est une façon de vérifier ses aptitudes en termes de pédagogie. Et cela débouche sur une note ? Non, c’est terminé tout ça (rires), on travaille plutôt sur des compétences. A la fin de la sélection, on peut établir un profil, avec ce qui nous semble acquis, ce qui va l’être… On a une vision d’ensemble. Dans la foulée, c’est à nous de prendre la décision. Certains disent que cette réforme vise surtout à remplir les centres de formation ? On peut toujours avancer ce type d’arguments. Moi, je constate juste que cela crée une nouvelle dynamique et favorise des nouveaux profils. Notre rôle, en tant que formateurs, n’en est que plus important, plus décisif. Bernard Pestre a évoqué un métier qui change, avec un DE qui doit aussi être un animateur. Qu’en penses-tu ? Il ne faut pas tout mélanger, mais c’est une réalité. Cependant, au lieu d’englober ce rôle dans le diplôme de DE, j’aurais vraiment préféré qu’on fasse comme dans d’autres disciplines et qu’on ait le courage de créer un Brevet Professionnel spécifique à cette fonction. Pourquoi ? Cela aurait permis de préserver l’image de l’enseignant de tennis, tout en créant encore des vocations. J’ai été le premier à faire des formations pour les AMT (Assistants Moniteurs de Tennis) dans ma région. Je sais qu’il y a des passionnés, des personnes qui vivent le tennis à fond. Pour autant, est-ce que la seule solution, pour ces gens-là, doit être de devenir DE ? Je ne pense pas. Vous êtes inquiet pour la profession ? Pas du tout, bien au contraire. Le marché du travail va faire sa sélection et un professeur qui a la vocation et l’envie sera toujours recherché.


le journal de mouratoglou tennis academy

Bastien Fazincani :

*

« Mes entraîneurs m’ont toujours fasciné » Avant d’être un coach de l’académie Mouratoglou, Bastien Fazincani est passé par la case «DE de club». Il nous explique le comment et le pourquoi de sa réorientation vers la formation de joueurs de haut-niveau mais prend également la parole sur le débat du prérequis baissé à 15/2.

Toi qui voyages beaucoup, estimes-tu qu’il existe un label de la formation à la Française, une qualité d’enseignement qui sort du lot ? Je suis partagé. D’un côté, je remarque qu’à l’étranger le coach français bénéficie plutôt d’une bonne image, gage de qualité, de technicité et d’approche mentale réfléchie. Mais je parle de coaching. Pour l’activité d’enseignement proprement dite, c’est une autre histoire. Est-ce qu’on peut vraiment parler de label ? Cela mérite réflexion. Aujourd’hui, tu es au sein de l’Académie Mouratoglou. Tu penses qu’il y aura, un jour, un 15/2 diplômé qui enseignera à tes côtés ? Mais qui vous dit que ce n’est pas déjà le cas ? Dans notre académie, on travaille avec nos coachs de la même façon que l’on travaille avec nos joueurs. On essaie de tirer profit de leurs meilleures qualités, de leurs atouts en les mettant à une place où ils vont apporter ce qu’un autre ne pourrait pas, ou moins bien. L’académie, c’est beaucoup de très haut niveau, mais pas seulement. Du coup, la question se pose : est-ce qu’un ancien très bon joueur sera forcément la meilleure personne pour entraîner de jeunes enfants ou des adultes, par exemple ?

«

Ce que tu as appris en club te sert encore au quotidien ? On imagine que le cadre d’une académie modifie quelques curseurs… Euh… Est-ce que mes anciens formateurs du Brevet d’Etat lisent ton magazine ? Je dirais oui et non. Indirectement, tout ce que je pense aujourd’hui est lié à tout ce que j’ai pu vivre en club ou ailleurs. Mais, il y a 10 ans, je n’étais pas un coach, j’étais un enseignant débutant, donc je faisais énormément d’erreurs, même si je ne m’en rendais pas compte. Aujourd’hui, dans une structure comme celle de Patrick Mouratoglou, je ne dis pas qu’on ne fait plus d’erreurs, mais on sait très vite les rattraper pour que cela n’ait aucun impact sur la progression du joueur. Encore une fois, c’est l’expérience. Qu’est-ce qui t’a poussé à devenir enseignant ? Ce sont des événements personnels qui m’ont naturellement amené à prendre

Si tu n’es pas passionné et dédié à ton boulot de coach, tu perds vite tes objectifs de vue

»

Certains enseignants se plaignent de cette réforme, car elle ne valoriserait pas ceux qui sont dans la perspective du haut-niveau. Selon toi, il faudrait créer des spécialisations ? Moi, la spécialisation, je pense que c’est à chacun de se l’approprier. Quand j’ai commencé en club, j’étais au mini-tennis à 8h tous les mercredis, je finissais mes soirées avec les cours adultes jusqu’à 22h30 et, le week-end, je réglais les problèmes d’adhérents mécontents… Bref, la vie associative. C’est ta motivation, tes objectifs et les moyens que tu vas décider de te donner qui te feront devenir un « spécialiste » ici ou là. Passer un diplôme, ce n’est pas le plus dur. Emmagasiner de l’expérience pour obtenir des résultats qui prouveront tes qualités et tes compétences dans le domaine que tu choisiras, ça, c’est un travail de longue haleine. Est-ce que le système de formation actuel donne leur chance à ceux qui aspirent au haut-niveau autant qu’elle la donne aux futurs enseignants de clubs associatifs ? Ça, c’est une bonne question. Et, peut-être, le fond du débat.

cette direction, plutôt vécue, très tôt, comme une vocation. Aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais éprouvé ce désir de devenir professionnel, comme la plupart des enfants. Même en rêve, jamais je ne me suis vraiment vu « joueur ». Par contre, mes entraîneurs m’ont toujours fasciné. La manière dont ils parlaient, se comportaient, s’habillaient ! Je voulais être comme eux. Gamin, je voulais déjà jouer leur rôle, pas le mien. Si tu avais un conseil, un seul, à donner à un enseignant qui veut devenir coach chez vous… D’abord, qu’il s’en croit capable ! Si ce n’est pas le cas, nous n’y croirons pas non plus. Ensuite, qu’il soit ouvert d’esprit et prêt à travailler dur, très dur. On bosse énormément. Si tu n’es pas passionné et dédié à ton boulot de coach, tu perds vite tes objectifs de vue et, donc, l’envie d’avancer. Mais, honnêtement, le jeu en vaut la chandelle !

Posez vos questions à Bastien Fazincani en lui envoyant un mail : bastien.fazincani@grandchelem.fr

28

I GrandChelem I

www.welovetennis.fr

*TOUJOURS PLUS RAPIDE

Je crois savoir que tu as ton DE depuis un petit bout de temps… Tu te rappelles de la façon dont tu l’as passé, ton classement de l’époque, comment tu te sentais ? Bien sûr ! Je suis titulaire d’un BE1 (NDLR : Brevet d’État d’Éducateur Sportif 1er degré, soit l’ancien DE), que j’ai obtenu en 2005. Cette année-là, j’étais classé 2/6 et je faisais ma meilleure saison en gagnant jusqu’à -15. Voilà pour les meilleurs souvenirs (rire) ! Je me rappelle que les temps de formation étaient plutôt complets et intéressants, même si cela parlait, bien entendu, de l’enseignement en club, alors que, moi, j’aspirais déjà à des projets me rapprochant un peu plus du hautniveau. Néanmoins, j’ai toujours pensé que tout était bon à prendre, car les étapes n’allaient pas se gravir en quelques mois, ni même quelques années. J’étais déjà prêt à être patient, je savais que je devrais faire mes armes dans un club, peut-être même en devenir le directeur sportif pour aborder le management, me créer de l’expérience, avoir des résultats. Dans ce boulot, on ne te donne rien par hasard.


Gaël Moureaux : L’Aero nouvelle génération est arrivée. Ce cadre, devenu mythique avec Rafael Nadal, a été profondément modifié et repensé par le département Recherche et Développement de Babolat. Rencontre avec le chef de produit, Gaël Moureaux. Quand on a un best-seller comme l’Aero, y toucher, c’est prendre des risques ? En tant que marque spécialisée dans les sports de raquettes, Babolat travaille étroitement avec les joueurs pour comprendre l’évolution du jeu et développer des équipements qui correspondent réellement à leurs besoins : chacune des innovations de Babolat est basée sur l’observation du jeu et des joueurs sur le terrain. L’Aero est un pilier de notre gamme et, quand on a commencé notre programme, en 2013, pour imaginer son futur, on s’est d’abord basés sur un certain nombre de données et des constats très clairs, qui nous ont offert une vraie ligne directrice dans son développement. Pouvez-vous nous en dire plus ? Avec le programme Play, on récolte quotidiennement des informations. De plus, on s’est aussi appliqués à interroger les joueurs de notre team, nos coachs, tous nos espoirs, les pratiquants. De tous ces entretiens, on en a conclu que le tennis moderne exige des joueurs plus d’agressivité, qu’ils trouvent plus d’angle, que leurs coups soient plus puissants tout en gardant la balle dans le court : le spin est devenu incontournable dans le jeu. Les joueurs Aero cherchaient encore davantage de lift. Il fallait donc que l’on aille dans cette direction et que l’on trouve les clefs pour répondre à cette demande. C’est comme cela que vous avez décidé de changer le plan de cordage, par exemple… Là, vous allez trop vite en besogne (rires). D’abord, on a analysé la gestuelle et il est apparu que, pour avoir un lift optimal, il fallait plus de vitesse de bras. Comme pour une voiture de sport, on a donc amélioré fortement l’aérodynamisme du cadre. C’était déjà son point fort, mais on est allés encore plus loin. On a d’ailleurs travaillé en soufflerie à Magny-Cours (photo à gauche), qui a été le berceau de la Formule 1. Ces tests nous ont beaucoup servis. Cela vous a permis de concevoir, notamment, les premiers prototypes ? Oui, mais, surtout, cela nous a donné la voie à suivre. D’emblée, on s’est rendu compte que la raquette devait être plus « monobloc », qu’il fallait en gommer les aspérités, tout ce qui dépassait et qui pouvait représenter un frein à la pénétration de la raquette dans l’air. C’est aussi pour cela que la nouvelle Aero est un vrai changement par rapport à la précédente. Une fois qu’on a un prototype, on peut le mettre entre les mains de Rafael Nadal ? Les joueurs professionnels, comme les pilotes de F1, sont à la recherche de tout ce qui peut améliorer leurs performances. Cela se joue sur des détails. Alors, bien sûr, Rafael nous a aidés. Ses retours ont été précieux, on l’a même vu jouer avec un proto. C’était à Monte-Carlo. Pourquoi l’a-t-il abandonné ? Il ne l’a pas abandonné et je peux vous assurer qu’il jouera avec la nouvelle Aero. En revanche, on ne maîtrise pas le calendrier. Il faut un temps d’adaptation, cela ne se fait pas en deux jours. Par exemple, Caroline Garcia a eu une période, en juillet, avant la tournée US, où elle a pu tester le nouveau modèle avec un vrai programme. Derrière, elle a joué avec à l’US Open. On a beaucoup parlé d’aérodynamisme, mais qu’en est-il du spin (lift) ? Un lift optimal repose sur deux éléments essentiels : l’aérodynamisme, donc, mais également la liberté de mouvement des cordes. Ainsi, on a changé le plan de cordage pour permettre aux cordes d’avoir plus de mouvement. Là aussi, tous les tests réalisés avec ces changements ont été concluants. En plus de ce gain en vitesse et en lift, les joueurs ont expliqué qu’ils avaient la sensation de trouver plus facilement de la longueur de balle. Or, dans le tennis moderne, à tous les niveaux, jouer long, c’est souvent poser des problèmes à son adversaire. On vous sent très sûr de vous ! Ce n’est pas le mot, mais je sais qu’on a respecté le cahier des charges qu’on s’était fixé et que cette nouvelle Aero n’est pas une juste deuxième version de l’ancienne. C’est véritablement un nouveau modèle qui garde l’ADN d’origine, mais apporte de nouvelles performances. Question look, là aussi, c’est une vraie rupture… Avec cette nouvelle version, l’Aero entre dans une nouvelle ère : on est allés encore plus loin que la précédente version avec un nouveau cadre et de nouvelles technologies. Le design, lui-même, devait incarner cette rupture. C’est pourquoi nous voulions avoir la raquette la plus pure possible. Pour renforcer la structure monobloc, on s’est appuyés uniquement sur deux couleurs extrêmement fortes : le jaune, qui incarne, à la fois, l’ADN de l’Aero et la créativité ; et le noir, pour la technicité, le tout dans un design soigné et épuré.

30

I GrandChelem I

www.welovetennis.fr

LES JOUEURS PRO DU TEAM BABOLAT PEUVENT JOUER AVEC UN MODELE PERSONNALISE OU DIFFERENT DE L’EQUIPEMENT PRESENTE. *LE MEILLEUR DU SPIN, TOUJOURS MEILLEUR. ** SAUF AU JAPON.

« Il s’agit vraiment d’une nouvelle raquette ! »

) Rafa Nadal (SPA AY PL ro at Pure Ae Raquette Babol rdage RPM Blast Co

FB.COM/BABOLAT

@BABOLAT

BABOLAT – RAQUETTES, CHAUSSURES **, BAGAGERIE ET ACCESSOIRES OFFICIELS DU TOURNOI DE WIMBLEDON

BABOLAT – RAQUETTES, CORDAGE, BALLES, BAGAGERIE ET ACCESSOIRES OFFICIELS DE ROLAND-GARROS



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.